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Page créée en fév. 2025
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La princesse d'Orange-Nassau par Tischbein, détail

Le musée des Beaux-Arts de Bordeaux est le plus ancien musée d'Aquitaine. Comme pour d'autres musées de France, sa création date de l'arrêté Chaptal du 1er septembre 1801. Le peintre Pierre Lacour (1745-1814) en fut le premier conservateur. Les œuvres habilitées à intégrer le musée et qui n'avaient pas été saisies par les révolutionnaires étaient rares : huit toiles et deux sculptures. Quarante-quatre toiles issues de deux envois de l'État en 1803 et 1805 vinrent les enrichir. Les premiers chefs-d'œuvre étaient là. On notera la Vierge et l'Enfant Jésus de Pierre de Cortone ; Tarquin et Lucrèce du Titien ; le Martyre de saint Georges de Rubens.
Le musée ouvrit en 1810 dans un hôtel des allées Tourny. Survint le premier don important, celui d'un orfèvre parisien, François-Lucie Doucet. C'est à lui qu'on doit les deux Johann Zoffany. La Restauration enrichit le musée. Louis XVIII envoya l'Embarquement de la duchesse d'Angoulême à Pauillac du baron Gros. À cette époque, le musée est surtout destiné aux copistes ; le public n'y est admis que le dimanche.
La surface d'exposition se révélant exiguë, le musée déménagea en 1820 dans l'aile nord du Palais Rohan. En 1829, l'achat de la collection du marquis de Lacaze ajouta deux cent soixante-trois tableaux à la centaine déjà présente. À partir de 1851, avec la création de la Société des Amis des Arts et du Salon annuel qu'elle organisait, le musée put acquérir des œuvres importantes comme la Grèce sur les ruines de Missolonghi d'Eugène Delacroix ou le Bain de Diane de Camille Corot. En 1861, le legs de 37 toiles d'un ancien maire de Bordeaux posa à nouveau le problème de l'espace disponible.
En 1862, un incendie détruisit de nombreuses archives, mais n'endommagea pas les toiles. En 1870, ce fut pis : dans un nouvel incendie, une partie du fonds ancien fut perdue, dont des œuvres de Giordano, du Guerchin, de Jacob Bunel ou de l'atelier de Rubens. Il s'avérait urgent de déménager.
L'architecte municipal Charles Burguet (1821-1879) présenta son projet : deux ailes reliées par une galerie prolongeraient le Palais Rohan de part et d'autre du jardin. La ville retint les deux ailes, mais rejeta la galerie pour ne pas couper la perspective sur le Palais, devenu l'Hôtel de ville en 1837. Le musée s'y trouve toujours.
L'architecte resta fidèle au style Louis XVI du Palais érigé entre 1771 et 1784 pour servir d'archevêché. L'intérieur fut aménagé dans un style pompeux, selon le goût de l'époque. En 1933, le tableau Rolla d'Henri Gervex, qui avait fait scandale en 1878, rejoignit le fond.
Après 1945, les collections furent réorganisées. Une partie s'en alla au musée d'Aquitaine et au musée des Arts décoratifs. Le fond s'enrichit de créations contemporaines grâce à de nombreux dons.
En 1950, le faste pompeux cher à la IIIe République fut supprimé et fit place à un aménagement moderne, proche de celui que l'on voit actuellement.
Dans le grand Sud-ouest, le musée des Beaux-Arts de Bordeaux est un établissement de référence pour l'art européen du XVIe au XXe siècle. Le visiteur y découvrira quelques chefs-d'œuvre majeurs de la peinture.
Dans cette page, tous les commentaires des tableaux proviennent peu ou prou du Guide des Collections du musée.

Vierge à l'Enfant par Pierre de Cortone, détail

Une salle des tableaux du XVIIIe siècle.
ASPECT EXTÉRIEUR DU MUSÉE

Le jardin et l'aile nord du musée des Beaux-Arts. Sur la droite, le Palais Rohan.
Les deux ailes construites vers la fin du XIX siècle n'ont que de très rares fenêtres.
Les salles sont éclairées par les verrières du toit.

La façade occidentale du Palais Rohan érigé de 1771 à 1784.
Le Palais abrite l'Hôtel de Ville depuis 1937.
Le jardin est entouré, au nord et au sud, des deux ailes du musée.

L'entrée du musée dans l'aile sud.

Aspect extérieur et intérieur.
Les deux ailes du musée ont un beau cachet Louis XVI. Bien que bâties à la fin du XIXe siècle, elles font honneur à la façade occidentale du Palais Rohan construit entre 1771 et 1784.
Aménagées dans le style pompeux typique de la IIIe République, les salles du musée furent considérablement simplifiées en 1950. La photo du haut de page en donne une idée : de grandes parois lisses de différentes couleurs s'élèvent contre les murs des salles, si bien que le visiteur se retrouve dans un monde totalement uniforme et un peu fade.
C'est la tendance actuelle : les œuvres d'art seront d'autant plus en évidence que l'architecture intérieure sera masquée. Conséquence : en déambulant dans le musée, on ne sait plus si l'on se trouve dans un château fort, un château Renaissance, un hôtel particulier ou un bâtiment de béton...
Le seul cachet qui subsiste est celui de la grande salle de l'entrée d'où sourd une belle atmosphère néoclassique. Il en va ainsi quand le musée est aménagé dans un bâtiment de la fin du XIXe siècle spécialement conçu pour servir de lieu d'exposition. C'est le cas du musée des Beaux-Arts de Rouen où le jardin des sculptures offre, là aussi, la seule architecture néoclassique visible.


La grande salle de l'entrée du musée avec ses tableaux et ses statues logées dans des niches.

«Mercure»
Maximilien BOURGEOIS (1839-1901)
Marbre poli, caducée en bronze, 1877.

«Portrait équestre du duc d'Orléans»
Alfred DEDREUX (1810-1860)
Huile sur toile.

«Une découverte»
Jules BLANCHARD (1832-1916)
Marbre, 1886.


«La Source»
Jean-Marie MENGUE (1855-1949)
Marbre, 1892.


«Le Duc d'Angoulême»
François-Joseph KINSON (1771-1829)
Huile sur toile.

«Le Duc d'Angoulême».
Louis-Antoine d'Artois (1775-1844) est le fils du futur Charles X. En 1830, avec l'avènement de la Monarchie de Juillet, la branche des Orléans monte sur le trône de France. Le duc d'Angoulême sera alors regardé comme l'héritier légitime de la branche bourbonne qui le reconnaîtra comme roi sous le nom de Louis XIX. En 1799, il épouse sa cousine Marie-Thérèse de France, fille de Louis XVI. Voir plus bas.


Aubert de Tourny (1695-1760)
Buste réalisé par Dominique MAGGESI (1801-1892)
Marbre, 1852.

Louis-Urbain Aubert de Tourny (1695-1760).
Intendant de Bordeaux de 1743 à 1757, de Tourny a transformé et embelli la ville : aménagement des quais bordés par une suite de façades de style classique ; création d'une large promenade «verte» (les allées de Tourny). Il réorganisa le tracé urbain, améliora l’hygiène et modernisa la ville. Enfin, la Place Royale lui doit son existence. De Tourny a un peu fait à Bordeaux ce qu'Hausmann fera à Paris un siècle plus tard.


La grande salle de l'entrée.

«L'Écho de la flûte»
Jean-Louis Adolphe EUDE (1818-1889)
Marbre, 1870.
LES COLLECTIONS PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE

«Vierge de pitié entourée de saints»
Hans CLOT
(actif au milieu du XVe siècle)
Huile sur bois, 1469.

«Vierge de pitié entourée de saints».
La piéta est entourée, de gauche à droite, de sainte Barbe et sa tour, saint Simon Stock, saint Sébastien et ses flèches, saint André et sa croix et de sainte Catherine d'Alexandrie qui tient la roue de son supplice.
En haut à droite, le carré dans le ciel est la marque d'une composition ancienne cachée derrière la toile.


«L'Enterrement de saint Grégoire»
Anonyme flamand
Huile sur bois, XVe siècle.

«Annonciation»
Anonyme flamand
Huile sur bois, XVIe siècle.

«Annonciation», détail.
Anonyme flamand
Huile sur bois, XVIe siècle.

«Annonciation» (1/2) .
Les peintres flamands ont l'habitude de représenter l'Annonciation en intérieur alors que les peintres italiens la représentent plutôt dans un jardin. Ici, l'archange Gabriel est accompagné d'une myriade d'anges.
---»» Suite 2/2 plus bas à gauche.


«Annonciation», détail.
Anonyme flamand
Huile sur bois, XVIe siècle.
Les broderies rappellent les vêtements expagnols du XVIe siècle.

«Annonciation» (2/2) .
---»» On a rapproché cette peinture de l'école de Van Eyck, mais les broderies des vêtements se rattachent aux peintures espagnoles de l'époque. Il est probable que l'artise flamand inconnu a travaillé en Espagne.

Voir le commentaire proposé sur la femme adultère dans les Grands Thèmes. ---»»»


«Les quatre Docteurs de l'Église»
Abraham VAN DIEPENBEECK (1596-1675)
Huile sur bois.

«Le Christ et la femme adultère»
SALVIATI LE JEUNE (1520-1570)
Huile sur toile.

«Vierge à l'Enfant sur le trône entre saint Jérôme et saint Augustin»
Pietro VANNUCCI dit LE PÉRUGIN (vers 1446-1523)
Tempera et huile sur toile, 1500-1510.

«Vierge à l'Enfant sur le trône entre saint Jérôme et saint Augustin».
Cette œuvre du Pérugin, qui fut le maître de Raphaël, a été réalisée en grande partie par l'atelier du maître. Le Pérugin a peint les têtes des quatre personnages principaux.
Dans cette scène très classique de la Vierge sur son trône, les personnages occupent tout l'espace, notamment saint Jérôme qui lit la Vulgate qu'il a rédigée et saint Augustin (présentant son ouvrage la Cité de Dieu ?). La toile se distingue dans l'œuvre du Pérugin par l'Enfant debout bénissant. L'arrière-plan est ici très réduit.
Le musée des Beaux-Arts de Caen expose une autre œuvre du Pérugin, le Mariage de la Vierge, qui fait, elle, une grande place à l'arrière-plan.


«Vierge à l'Enfant sur le trône entre saint Jérôme et saint Augustin», détail.
Pietro VANNUCCI dit LE PÉRUGIN (vers 1446-1523)
Tempera et huile sur toile, 1500-1510.

«Sainte Famille avec le petit saint Jean-Baptiste et saint François d'Assise»
Atelier de GIORGIO VASARI (1511-1574)
Huile sur toile.

«Vierge à l'Enfant avec des saints»
Maître de l'Incrédulité de saint Thomas (vers 1480-1528)
Huile sur toile.

«Portrait d'un homme tenant un gant»
Alessandro OLIVERIO (1500-1544)
Huile sur toile, vers 1520-1544.

«Portrait d'un homme tenant un gant».
C'est la seule toile d'Oliverio en France.
Il est intéressant de noter que la construction de ce portrait est celle de la génération précédente. Des artistes comme Titen, Bellini ou Giorgione ont abandonné ce style depuis les années 1510 «pour des poses plus naturalistes et une approche plus psychologique du modèle», lit-on dans le Guide des Collections du musée.


«Portrait du banquier Anton Fugger»
Hans MALER dit de Schwaz (1480-1526,1529)
1525 Huile sur bois, 1525.

«Portrait du banquier Anton Fugger».
Dans la partie basse de la toile, on lit : «Mon portrait à 31 ans et 10 mois», ce qui permet de dater l'œuvre de 1525. C'est l'année où Anton Fugger prit la direction des affaires familiales. Les Fugger ont laissé dans l'Histoire l'image d'une famille richissime. Son activité reposait essentiellement sur l'exploitation des mines de sel, de cuivre et surtout d'argent de la ville de Schwaz où Hans Maler s'installa.


«Sainte Famille avec sainte Dorothée»
Paolo Caliari dit VÉRONÈSE (1528-1588
Huile sur toile, ancienne. collection de Louis XIV.

«Vierge adorant l'Enfant»
Ortolano FERRARESE (Giovanni Battista BENVENUTI) (avant 1488-1526)
Huile sur bois, 1510-1520.

«««--- «Sainte Famille avec le petit st Jean-Baptiste et st François d'Assise».
Ce tableau frappe par l'exiguïté du cadrage où se serrent les quatre têtes entourant la Vierge. Pratiquement aucun espace n'est perdu, supprimant tout arrière-plan. Il n'y a pas de place non plus pour des mouvements maniéristes qui caractérisent les œuvres de Vasari.
Ce resserrement dans une toile de 79x104 cm était-il exigé par le commanditaire ?
On remarquera néanmoins la minutie du dessin et la palette acidulée des couleurs.


Une salle des tableaux du XVIe et du XVIIe siècle.

«Ajax»
Pietro DELLA VECCHIA (1603-1678)
Huile sur toile.

«Le Christ au Calvaire»
Anonyme flamand
Huile sur bois, XVIIe siècle.
L'artiste a pris une grande liberté dans la hauteur des croix.

«Tarquin et Lucrèce» ou «Le Viol de Lucrèce»
Tiziano VECELLIO dit TITIEN (vers 1489-1576)
Huile sur toile, 1570-1571.

«Madeleine pénitente»
Atelier de Tiziano VECELLIO dit TITIEN (vers 1489-1576)
Huile sur toile, 1540.

«Paysage de montagne»
Josse II MOMPER (1564-1635)
Huile sur bois.

«Paysage de montagne», détail.
Josse II MOMPER (1564-1635)
Huile sur bois.

«La Danse de noces»
Jan BRUEGHEL L'ANCIEN dit BRUEGHEL DE VELOURS (1568-1625)
Huile sur cuivre, 1600.

«La Danse de noces».
Brughel l'Ancien copie ici une peinture de son père Pieter l'Ancien (1525-1568) exposée à la Galerie des Offices à Florence. Les Brughel sont les peintres du monde paysan.
Ce thème populaire de fête au village a été plagié pendant plus de vingt ans dans près de cent variantes.


«Le Martyre de saint Georges»
Pierre Paul RUBENS (1577-1640)
Huile sur bois, 1615.

«Le Miracle de saint Just»
Pierre Paul RUBENS (1577-1640)
Huile sur toile, vers 1633.

«Le Martyre de saint Georges».
Cette toile de 195x 159 cm était la partie centrale d'un triptyque commandé en 1615 par la confrérie des arbalétriers de la ville de Lierre, au sud-est d'Anvers.. Ceux-ci y disposaient d'une chapelle dans l'église Saint-Grommaire.
Le peintre, s'inspirant de La Légende dorée de Jacques de Voragine, illustre la décapitation de saint Georges. La Légende ne donne aucun détail particulier. Les personnages et les armures du tableau sont entièrement des vues d'artiste.
Quand il peint cette toile, Rubens est au service du duc de Mantoue. Il profite de son séjour transalpin pour dessiner ce qu'il découvre des œuvres de l'Antiquité et de la Renaissance. «Ainsi, le torse du saint est-il une libre interprétation du fameux Torse du Belvédère, écrit Guillaume Ambroise dans le Guide des Collections du musée, de même que le dos musculeux du bourreau renvoie au célèbre Hercule Farnèse
La toile fait la part belle aux couleurs plutôt qu'au dessin. Rubens est le premier des «rubinistes» ou «coloristes», ces peintres qui ont choisi, à l'opposé de Nicolas Poussin et de son école, de privilégier le coloris sur le dessin.

«Le Miracle de saint Just».
Cette toile de 191x134cm, d'une crudité rare, a été commandée en 1629 pour l'église des Annonciades à Anvers.
L'histoire, tirée du Martyrologium romanum, se passe aux environs de Beauvais, au IIIe siècle. Saint Just vient d'être décapité. Il donne sa tête à son père et à son oncle pour qu'ils la rapportent à sa mère. L'histoire mentionne qu'il a refusé de dénoncer comme chrétiens son père et son oncle.
Dans le Guide des Collections du musée, Guillaume Ambroise signale que la toile a suscité une vive admiration, notamment chez Delacroix, qui copiera l'œuvre.
On remarque que Rubens se révèle ici autant rubiniste que poussiniste : la vigueur du trait y est davantage marquée que dans la toile du Martyre de saint Georges à gauche. Était-ce une demande du commanditaire ?


«Les Quatre Évangélistes»
Attribué à Artus WOLFAERTS (1581-1641)
Huile sur toile.

«Les Quatre Évangélistes».
Cette toile présente une disposition étrange : les Évangélistes sont alignés au deuxième plan, tandis que leurs attributs (homme, aigle, lion et taureau) ont l'air d'être positionnés pour meubler les vides ! Bref, la toile ne donne pas l'impression d'être issue d'une étude d'ensemble.
L'attribut de saint Luc (le taureau) s'impose bizarrement au premier plan à droite, un peu comme une pièce rapportée. Le lion de Marc se terre à gauche contre le bord de la toile, au point d'être invisible. Marc, qui tient d'ailleurs la plume, cache le fauve en grande partie. Les ailes de l'homme de Matthieu et celles de l'aigle de Jean se partagent l'arrière-plan.
Guillaume Ambroise ajoute néanmoins dans le Guide des Collections du musée : «Le réalisme extrêmement poussé des physionomies, issu de la tradition flamande, confère à cette toile une ambiance caravagesque qui a justifié son ancienne attribution à Valentin de Boulogne.»


«Un chanteur s'accompagnant au Luth»
Hendrick TER BRUGGHEN (1588-1629)
Huile sur toile, 1624.

«Un chanteur s'accompagnant au Luth».
Dans ce beau caravagesque, le musicien, peint à mi-corps, se présente à moitié de dos comme si l'unique but de l'artiste était d'exposer le tissu ample et bouffonnant de sa manche. Selon Guillaume Ambroise (Guide des Collections du musée), «ces figures de fantaisies pourraient aussi exprimer une critique moralisatrice des plaisirs éphémères de la musique.»


«David tenant la tête de Goliath»
Aubin VOUET (1595-1641)
Huile sur toile.

«David tenant la tête de Goliath».
Aubin Vouet est moins connu que son frère aîné Simon. Il séjourna à Rome entre 1619 et 1621, puis fut nommé, en France, peintre ordinaire du roi à partir de 1625.
La toile n'a pas l'air sans défaut technique : le dessin du coude gauche est étonnant. On dirait que l'avant-bras est trop court.


«Saint Sébastien soigné par sainte Irène»
Attribué au Maître à la Chandelle
Huile sur toile, Italie, XVIIe siècle.

«Saint Sébastien soigné par Irène».
Cet épisode est absent de La Légende dorée de Jacques de Voragine. C'est un ajout médiéval. Dans La Légende, Sébastien, percé de flèches sur l'ordre de Dioclétien, est laissé pour mort, mais réapparaît quelques jours plus tard pour reprocher aux deux empereurs (Dioclétien et Galère) le mal qu'ils font aux chrétiens. Alors les empereurs ordonnent de le frapper de verges jusqu'à la mort..
Ce tableau, aux jeux de lumière soigneusement étudiés, pourrait être du Caravage lui-même. Son attribution est incertaine. En 1960, un historien d'art l'attribua à un mystérieux Maître à la chandelle, procédure classique quand on ignore l'auteur d'une toile remarquable, ce qui est le cas d'un certain nombre de caravagesques actuellement exposés dans les musées ou les églises.
En 1964, on l'attribua à Trophime Bigot (1579-1650), peintre arlésien, qui s'était fait une spécialité dans l'art du Caravage. Finalement les critiques préfèrent l'incertitude et le réattribuèrent au Maître à la chandelle.


«La Peinture couronnée par la Renommée»
Sebastiano MAZZONI (1611-1678)
Huile sur toile, vers 1640.

«La Déposition de croix»
Pieter VAN MOL (1599-1650)
Huile sur bois.

«Saint Sébastien soigné par sainte Irène», détail.
Attribué au Maître à la Chandelle
Huile sur toile, Italie XVIIe siècle.

Le jeu de la lumière sur ces deux beaux visages féminins est admirable.

«Nativité ou Adoration des anges»
Gérard SEGHERS (1591-1651)
Huile sur toile.

«Laocoon et ses fils mordus par les serpents»
Pieter Claesz SOUTMAN (1593-1601 - 1657)
Huile sur toile.

«Laocoon et ses fils mordus par les serpents» (1/2).
La scène est tirée de l'Énéide de Virgile. Laocoon, prêtre de Poséidon, tente d'avertir les Troyens du piège que pourrait constituer le cheval de bois laissé sur la plage par les Grecs. C'est lui qui lance la célèbre phrase : Timeo Danaos et dona ferentes (je crains les Grecs, même lorsqu’ils offrent des cadeaux). Pour prouver ses dires, il jette sa lance sur le cheval, ce qui provoque un son creux. Mais personne n'y fait attention.
---»» Suite 2/2 ci-contre.



«Laocoon et ses fils mordus par les serpents», détail.
Pieter Claesz SOUTMAN (1593-1601 - 1657)
Huile sur toile.

«Laocoon et ses fils mordus par les serpents» (2/2).
---»» La déesse Minerve, qui veut la chute de Troie, fait alors sortir de la mer deux énormes serpents qui attaquent Laocoon et ses deux fils. Une fois les trois hommes morts étouffés, les monstres rampent jusqu'au temple de Minerve et se réfugient sous le bouclier de sa statue.
Pour les Troyens terrifiés, le message des dieux est clair : ils doivent accepter le don des Grecs. Ils font donc entrer le cheval dans la ville et scellent ainsi leur destin.
Soutman fut élève de Rubens, puis, vers 1619, maître à Anvers. Comme il ne se rendit jamais à Rome, il n'a pu voir le bronze antique que sur une gravure ou un dessin. Son personnage de Laocoon est inversé par rapport à l'original.
Dans le gros plan ci-dessus, on pourra admirer l'expressivité du visage du prêtre qui en appelle aux dieux.


Une salle des tableaux du XVIIe siècle.

«Portrait de Marie de Medicis»
Anton VAN DYCK (1599-1641)
Huile sur toile, 1631
Ancienne collection de Mazarin et de Louis XIV.

«Portrait de Marie de Medicis».
Lors de la Journée des Dupes, le 10 novembre 1630, Louis XIII donna raison à Richelieu contre sa mère, la reine Marie de Medicis. Cette dernière dut fuir le royaume et partit en Flandre. Elle séjourna à Anvers du 4 septembre au 16 octobre 1631.
C'est là qu'elle rencontra Van Dyck, au faîte de sa gloire artistique, et qu'elle posa pour lui.
Marie est représentée au seuil d'une grotte, tenant deux œillets à la main, un petit chien à ses pieds et la couronne royale posée en contrebas. Ce chien symbolise la fidélité de la reine à son fils.
Dans ce tableau, on peut penser que la partie la plus intéressante n'est pas celle du premier plan, mais du second : les monuments d'Anvers se dressent vers le ciel tandis qu'un bateau passe sur l'Escaut que d'autres, à l'arrière, longent les quais. Dans un portrait de 225 cm de haut, Anton Van Dyck s'est livré à une peinture toute en finesse de l'architecture et de la mer sur une hauteur ne dépassant pas 60 cm !
En général, les livres d'art ne montrent pas ce genre de détails pourtant somptueux. D'où la nécessité de se rendre dans les musées pour regarder les toiles de près.


«Portrait de Marie de Medicis», détail.
Anton VAN DYCK (1599-1641)
Sur une toile de 225 cm de haut, cet arrière-plan s'étire
sur une hauteur der 60 cm environ.

«Le Martyre de saint Laurent»
Johan BOECKHORST (1604-1668)
Huile sur toile, avant 1659.

«Le Martyre de saint Laurent».
Pour son supplice, saint Laurent fut allongé sur une grille de fer chauffée au rouge : l'empereur Decius avait exigé qu'il rendît le trésor de l'Église que lui avait confié le fils de l'empereur Philippe, assassiné par Decius ; selon le vœu du fils, Laurent avait tout distribué aux pauvres !
Le peintre Boeckhorst fut formé à Anvers dans les ateliers de Jordaens et de Van Dyck. Reçu maître vers 1633-1634, il collabora avec Rubens. Après la mort de ce dernier en 1640, il devint le principal peintre anversois.



«««--- «Portrait de Marie de Medicis», détail.
Anton VAN DYCK (1599-1641).


«Vierge à l'Enfant»
Pierre DE CORTONE (1596-1669)
Huile sur toile , vers 1641.
Ancienne collection de Louis XV.

«La Déploration du Christ»
Jan VAN DEN HOECKE (1611-1651), huile sur toile.

«La Déploration du Christ».
Jan Van Den Hoecke était un collaborateur de Rubens. Il fut nommé peintre de cour à Vienne par l'archiduc Léopold-Guillaume.
Cette composition, souligne Guillaume Ambroise dans le Guide des Collections du musée, «offre une remarquable illustration de l'art de la Contre-Réforme dans les Pays-Bas du sud.»
Sur un arrière-plan très sombre, fidèle à la mode caravagesque, on remarquera «l'expressionnisme poignant des visages» [Amboise], notamment celui de la Vierge donnée en gros plan ci-dessous. Le corps abandonné et inexpressif du Christ mort lui fait contraste.

«««--- «Vierge à l'Enfant».
Nul doute que cette toile séduit. Devant un paysage floral nocturne, la Vierge, représentée en gitane, porte sur ses genoux l'Enfant dans une posture instable. Ce dernier tient dans la main une petite branche d'églantine, peut-être un symbole de sa Passion future.
Pour Marc Favreau (Guide des Collections du musée) la toile, de par son côté intimiste et classique, rappelle les Madones de Raphaël. Remarquons néanmoins que le visage de la «gitane» n'en a pas la douceur.


«Port méditerranéen, vue d'une porte monumentale»
Jacobus STORCK (1641-après 1693)
Huile sur toile, 1693.
Jacobus Storck est le neveu du peintre de marines Abraham Storck (1644-1708).

«L'Éducation de la Vierge»
École Française, XVIIe siècle.
(Marie n'a plus de tête.)

«La Déploration du Christ», détail : la Vierge
Jan VAN DEN HOECKE (1611-1651)
Huile sur toile.

«Port méditerranéen, vue d'une porte monumentale», détail.
Jacobus STORCK (1641-après 1693)
Huile sur toile, 1693.

«Port méditerranéen, vue d'un palais» ---»»»
Jacobus STORCK (1641-après 1693)
Huile sur toile, 1693.


«Paysage fluvial, la Pellekussenpoort»
Jan Josefsz VAN GOYEN (1596-1656)
Huile sur bois, 1656.

«La Vision de sainte Catherine de Sienne»
Noël COYPEL (1628-1707)
Huile sur toile.

«Bethsabée au bain»
Pieter Fransz DE GREBBER (vers 1600 - 1652-53)
Huile sur toile.

«Vénus et Énée»
Samuel MASSE (1672-1753
Huile sur toile, vers 1745.

«Un Château au bord de l'eau»
Jan Josefsz VAN GOYEN (1596-1656)
Huile sur bois, 1647.

«La Résurrection»
Carlo Francesco NUVOLONE (vers 1608-vers 1661)
Huile sur toile.

«Vénus et Vulcain»
Samuel MASSE (1672-1753)
Huile sur toile, vers 1745.

«Saint Antoine de Padoue adorant l'Enfant Jésus», partie centrale de la toile.
Bartolome Esteban MURILLO (1618-1682)
Huile sur toile, 1675.

«Embarquement des galériens dans le port de Gênes»
Alessandro MAGNASCO (1667-1749)
Huile sur toile.

«Arrivée et interrogatoire des galériens dans la prison de Gênes»
Alessandro MAGNASCO (1667-1749)
Huile sur toile.

 
«Arrivée et interrogatoire des galériens dans la prison de Gênes», détail.
Alessandro MAGNASCO (1667-1749)

«««--- «Arrivée et interrogatoire des galériens dans la prison de Gênes», détail.
Alessandro MAGNASCO (1667-1749)

Les Galériens.
Ces deux toiles de 116x143 cm sont des incontournables du musée. Leur thème, assez rarement traité dans l'art, leur style et leur technique picturale les classent à part.
On y voit des forçats enchaînés, fouettés, voire suppliciés, condamnés à de lourds travaux, des hommes regardés à l'époque comme la lie de la société et qui n'intéressaient guère les commanditaires de tableaux.
Selon Marc Favreau, dans le Guide des Collections du musée, le génois Magnasco s'est inspiré des Misères de la guerre, ensemble d'eaux-fortes éditées par Jacques Callot en 1633. C'est là qu'il puisa la scène du supplicié à la corde (donnée à gauche).
À cette époque, la Lombardie, qui jouxte la Ligurie dont Gênes est la capitale, était un foyer de réflexion sur la justice lombarde, une réflexion à laquelle le peintre était sensible.
Ses concitoyens ne goûtant pas vraiment son style, Magnasco quitta Gênes pour Milan où il peignit de 1711 à 1735 pour de grandes familles de la ville et pour le gouverneur, le comte de Colloredo.
Finalement, il revint à Gênes où il créa des toiles aux gigantesques espaces architecturaux.


«Embarquement des galériens dans le port de Gênes», détail.
Alessandro MAGNASCO (1667-1749)

«Auguste se fait prêter serment de fidélité par des princes barbares»
Jean-Baptiste VAN LOO (1684-1745)
Huile sur toile.

«Nature morte aux morceaux de viande» ---»»»
Cette toile de Chardin est datée de 1730. C'est une époque où l'artiste inventa un nouveau type de peinture : les natures mortes assemblées dans les intérieurs de cuisine. L'artiste réunissait chaudron et pichet (comme ci-contre), poêles, ustensiles ; y joignait des légumes, des fruits, de la viande et disposait le tout sur une table, souvent enrichie d'un morceau de tissu. Le «métier» consistait alors à jouer sur les rendus d'ombres et de lumières.
Denis Diderot, critique acerbe des expositions de l'époque, eut beaucoup d'admiration pour lui et le surnomma le grand magicien à l'occasion du Salon de 1765.


«L'Amour jaloux de la Fidélité»
Antonio BELLUCCI (1654-1726)
Huile sur toile

«Auguste se fait prêter serment de fidélité par des princes barbares».
Cette toile de 259x422 cm illustre un passage de la Vie d'Auguste relaté par Suétone dans la Vie des douze Césars. En prêtant fidélité à l'empereur sur le forum devant la statue de Mars, les rois barbares devaient aussi laisser leurs femmes en otages. Globalement, la politique de sagesse d'Auguste (qui souvent rendit les femmes à leurs époux) suscita des alliances avec des peuples comme les Scythes ou les «Indiens» pour reprendre les termes des historiens romains.
Ce tableau se voulait le pendant de celui du peintre Dandré-Bardon (1700-1783) accroché dans la salle d'audience de la Cour des Comptes de Provence. Ce dernier, daté de 1729, illustrait Auguste punissant les concussionnaires, une sorte de rappel de la bienveillance de Louis XV.
Séjournant à Aix en 1735, Van Loo s'inspira visiblement de la composition de son confrère de l'Académie, mais y mit une touche baroque.
Selon Marc Favreau (Guide des collections du musée), Auguste se faisant prêter serment est une allusion claire à la politique de Louis XV et à l'instabilité parlementaire sous le ministère du cardinal Fleury.
Dans ses dernières années, la santé de Van Loo se dégrada. À sa mort, sa toile resta inachevée.


«Nature morte aux morceaux de viande»
Jean-Baptiste Siméon CHARDIN (1699-1779)
Huile sur toile, 1730.

«Vénus et Adonis»
Johann ZOFFANY (1733-1810)
Huile sur toile, 1760.

Les deux toiles de Zoffany sont issues du premier don important au musée, celui de François-Lucie Doucet,
orfèvre parisien et ami du conservateur de l'époque, Pierre Lacour.

«Vénus à sa toilette»
Charles Joseph NATOIRE (1700-1777)
Huile sur toile, 1742.

Cette toile de 130x150 cm devait orner un dessus-de-porte à l'hôtel de Roquelaure à Paris.

«Vénus sur les eaux»
Johann ZOFFANY (1733-1810)
Huile sur toile, 1760.

Les toiles de Johann Zoffany.
Les toiles de ce peintre allemand sont rares. On en compte trois en France : deux à Bordeaux et une au Louvre. Celles de Bordeaux (données ci-dessus) sont des pendants de 125x172 cm. On y voit des personnages en frise, c'est-à-dire disposés sur le même plan à côté de Vénus, dans une conception très classique.
Il est possible que le triton porte les traits du peintre, rapporte Marc Favreau dans le Guide des Collections du musée.


«L'Ascension»
Carlo Francesco NUVOLONE (vers 1608-vers 1661)
Huile sur toile.

«Nature morte à la Vielle»
Henri Horace Roland DE LA PORTE (1724-1793)
Huile sur toile, vers 1760.

«Jeune fille effrayée par l'orage»
Jean-Baptiste GREUZE (1725-1805)
Huile sur bois.
Le peintre a commis une incohérence : le vent balaie les cheveux de la jeune femme
vers la gauche, et son écharpe ainsi que les feuilles de l'arbre vers la droite !

«Portrait de Richard Robinson, archevêque d'Armagh»
Sir Joshua REYNOLDS (1723-1792)
Huile sur toile, 1771-1775.

Portrait de Richard Robinson».
Joshua Reynolds, célèbre peintre anglais spécialiste de la tradition van dyckienne du portrait devant un paysage, avait déjà réalisé, en 1758 et 1763, deux portraits en buste de Richard Robinson, primat de l'Église anglicane d'Irlande.
Ce portrait de 1771, plus ambitieux, fut exposé à la Royal Academy en 1775 et reçu avec chaleur, Horace Walpole le qualifiant même d'«admirable».


«Les Lèvres d'Isaïe purifiées par le feu»
Benjamin WEST (1738-1820)
1782 Huile sur toile.
Cette toile est une esquisse pour un
tableau d'autel jamais réalisé.

«Gabrielle Émilie Le Tonnelier de Breteuil,
marquise du Châtelet»
Marianne LOIR (vers 1715-1781)
Huile sur toile.

«Portrait de Sir William Chambers»
Sir Joshua REYNOLDS (1723-1792)
Huile sur toile, 1750-1760.

«L'Adoration des bergers»
Philibert Benoït DE LARUE (1718-1780)
Huile sur toile, 1745.

«Héro et Léandre»
Jean-Joseph TAILLASSON (1745-1809)
Huile sur toile, 1798.

«Frédérique Louis Wilhelmine, princesse d'Orange-Nassau»
Détail
Johann Friedrich August TISCHBEIN (1750-1812)
Huile sur toile, 1788.

«Apparition de la Vierge à saint Antoine de Padoue»
Francesco Salvator FONTEBASSO (1709-1769)
Huile sur toile.

«««--- «Ulysse et Néoptolème enlevant à Philoctète
les flèches d'Hercule»
Jean-Joseph TAILLASSON (1745-1809)
Huile sur toile, 1784.


«Frédérique Louis Wilhelmine, princesse d'Orange-Nassau»
Johann Friedrich August TISCHBEIN (1750-1812)
Huile sur toile, 1788.
Voir le gros plan plus bas.

«Héro et Léandre».
Jean-Joseph Taillasson (1745-1809) était un habitué du Salon. Cette toile présentée en 1798 étale l'étendue de sa palette néo-classique.
Le mythe antique d'origine grecque raconte que Léandre avait l'habitude de traverser l'Hellespont pour retrouver Héro, prêtresse d'Aphrodite. Il se guidait grâce à une torche au sommet d'une tour. Un jour, la torche s'éteignit et Léandre se noya. Désespérée à la vue de son corps échoué sur la plage, Héro se jeta du haut de la tour.


«Tête d'expression»
Jean-Joseph TAILLASSON (1745-1809)
Huile sur toile, vers 1785.

«Vache défendant son veau contre un loup»
Isodore BONHEUR (1827-1901)
Bronze, vers 1858.

«Vue d'une partie du port et des quais de Bordeaux»
Pierre LACOUR père (1745-1814)
Huile sur toile, 1804-1806.

«Vue d'une partie du port et des quais de Bordeaux».
Cette grande toile de 207x340 cm, réalisée sous le Premier Empire, s'inscrit dans la lignée des peintures des Ports de France que Joseph Vernet (1714-1789) exécuta à la demande de Louis XV.
Pierre Lacour, qui est aussi conservateur du musée, peint le port de Bordeaux en optant pour le même point de vue que celui de Vernet. On voit ainsi l'hôtel Fenwick (où loge le consulat américain), prolongé par les façades des Chartrons et de Bacalan. Pierre Lacour, toutefois, met davantage l'accent sur l'activité des matelots, des ouvriers et des portefaix : déchargement de vin et de pierre, réparation des coques des gabarres, etc.
Le peintre n'hésite pas à inclure sa propre famille dans le décor (gros plan ci-contre). Il est en compagnie de sa fille Madeleine, vêtue de blanc, qui lui tient le bras. Son fils Pierre (non présent sur le gros plan) regarde les portefaix un peu plus loin, tandis que son ami, l'architecte Guy-Louis Combes, est en grande conversation avec sa fille Lysidice qui tient une ombrelle.
La toile de Lacour date des années 1804-1806. À cette époque, la France impériale et l'Angleterre sont en guerre. En 1803, la Royal Navy a imposé un blocus naval des côtes françaises et de celles de ses alliés afin d'empêcher le commerce maritime et de paralyser l’économie française. Dans le Guide des collections du musée, Marc Favreau en souligne la conséquence : l'activité du port est réduite par rapport à celle qu'a dépeinte Joseph Vernet à l'époque des Lumières.


«Vue d'une partie du port et des quais de Bordeaux», détail.

«Vue d'une partie du port et des quais de Bordeaux», détail.
Pierre LACOUR père (1745-1814)

«Vue d'une partie du port et des quais de Bordeaux», détail.
Pierre LACOUR père (1745-1814).

«Vue d'une partie du port et des quais de Bordeaux», détail.
Pierre LACOUR père (1745-1814).

«Le Tombeau d'Élysée»
Jean-Joseph TAILLASSON (1745-1809)
Huile sur toile, 1744.

«Énée racontant à Didon les malheurs de Troie»
Pierre Narcisse GUÉRIN (1774-1833)
Huile sur toile, 1819.

«Phèdre et Hippolyte»
Pierre Narcisse GUÉRIN (1774-1833)
Huile sur toile, 1815.

«Phèdre et Hippolyte».
Cette toile datée de 1815 est une copie (sans aucune variante et au format réduit) de l'original exposé au musée du Louvre. La taille de l'original est de 257x335 cm ; la copie est de 134x174 cm. La scène est inspirée de la tragédie de Racine.
Phèdre voue un amour caché à son beau-fils Hippolyte. Jouant de duplicité, elle amène son époux, Thésée, qui est aussi le père d'Hippolyte, à croire l'inverse et à croire aussi que le jeune homme a même tenté d'abuser d'elle. Furieux, Thésée demande alors à Neptune de punir son indigne fils. Hippolyte est tué sur la plage par un monstre sorti des eaux. L'apprenant, Phèdre, consciente de sa faute, s'empoisonne.
La scène peinte est une vue d'artiste, elle n'existe pas dans la pièce.


«Mahomet II et Irène»
Pierre Nolasque BERGERET (1782-1863)
Huile sur toile, 1817.

«Embarquement de la duchesse d'Angoulême à Pauillac»
Baron Antoine-Jean GROS (1771-1835)
Huile sur toile, 1818.

«Embarquement de la duchesse d'Angoulême à Pauillac».
Au retour des Bourbons, le peintre David partit en exil en 1816. Gros, qui travaillait dans son atelier, en prit alors la direction. Son soutien à la monarchie lui valut deux commandes officielles : Le Départ de Louis XVIII des Tuileries (1817) et L'Embarquement de la duchesse d'Angoulême (1818).
Marie-Thérèse de France était la fille aînée de Louis XVI. Bien qu'emprisonnée au Temple, elle survit à la Révolution et épouse son cousin germain, le duc d'Angoulême en 1799. Influente sous la Restauration, elle fuit la France en 1815 au retour de Napoléon. La toile la présente quittant Pauillac pour l'Angleterre en laissant à tous ceux qui soutiennent sa cause, le panache blanc de son chapeau, promesse de son retour.
Si le coloris de la toile, qui rappelait la griffe de Rubens, fut loué par la critique, la présence, sur la gauche, des deux matelots en partie dénudés fut blâmée.


«Embarquement de la duchesse d'Angoulême à Pauillac», partie centrale.
Baron Antoine-Jean GROS (1771-1835)
Huile sur toile, 1818.

«Phèdre et Hippolyte», détail.
Pierre Narcisse GUÉRIN (1774-1833)
Huile sur toile, 1815.

«La Prudence»
Michel-Martin DROLLING (1786-1851)
Huile sur toile, 1823.

«Ophélie» ---»»»
Jules-Élie DELAUNAY (1828-1891)
Huile sur bois, 1882.
Dans Hamlet de Shakespeare, Ophélie se donne la mort en se noyant.


«La Grèce sur les ruines de Missolonghi»
Eugène DELACROIX (1798-1863)
Huile sur toile, 1826.

«La Grèce sur les ruines de Missolonghi».
Cette toile de 213x142 cm compte parmi les œuvres phares du musée. En 1821 commence la guerre d'indépendance de la Grèce contre l'empire turc. L'intelligentsia européenne s'enthousiasme pour cette quête de liberté, notamment Chateaubriand et le poète anglais Byron. La mort du poète à Missolonghi en 1824 et la chute de la ville en 1826 bouleversent les consciences. Delacroix peint alors, au profit de la cause hellénique, une allégorie de la Grèce en costume traditionnel sur les ruines de la ville. Dans le bas du tableau, le bras d'un mort sort des décombres, tandis qu'un janissaire victorieux brandit sa lance à l'arrière-plan.
Fidèle à la vague romantique de cette époque, la poitrine dénudée de la jeune femme ajoute un accent érotique au sein des ruines et de la mort.
La critique n'apprécia pas beaucoup la composition qui reçut néanmoins les louanges de Victor Hugo.


«Énée racontant à Didon les malheurs de Troie», détail.
Pierre Narcisse GUÉRIN (1774-1833)
Huile sur toile, 1819.

«La Mort de Sapho»
Albert-Ernest CARRIER-BELLEUSE (1824-1887)
Terre cuite, 1863.

«La Mort de Sapho».
Selon la légende, Sapho est morte en se jetant dans la mer. Au-dessus d'elle, Cupidon pleure de désespoir.


«Saint Louis visitant les pestiférés dans les plaines de Carthage»
Guillaume GUILLON LETHIÈRE (1760-1832)
Huile sur toile, 1822.

«Cavalier de la garde du sultan du Maroc»
Eugène DELACROIX (1798-1863)
Huile sur toile, 1845.

«Les Bords de l'Oise»
Charles-François DAUBIGNY (1817-1878)
Huile sur toile, 1859.

«La Nature mystérieuse et voilée se découvre devant la Science» ---»»»
Louis-Ernest BARRIAS (1841-1905)
Plâtre, 1893.
La version en marbre se trouve au musée d'Orsay.


«Trait de dévouement du capitaine Desse, de Bordeaux, envers le Colombus, navire hollandais»
Théodore GUDIN (1802-1880)
Huile sur toile, 1829.

«Trait de dévouement du capitaine Desse».
C'est un événement à la gloire des marins bordelais. En 1822, au large de l'Afrique du Sud, le navire La Julia, parti de Bordeaux et commandé par le capitaine Pierre Desse, sauve les marins du Colombus, un navire hollandais fracassé par une violente tempête. L'opération dura cinq jours et sauva quatre-vingt-douze personnes vouées à une mort certaine.
Avant les temps modernes, les gens «de la terre ferme» ignoraient tout de la violence des flots lors des tempêtes, même si certaines accablaient les rivages. Au XVIIIe siècle, Joseph Vernet réalisa quelques toiles de la mer en furie, détruisant les navires sous les yeux désespérés des naufragés. Exposés dans les Salons, ces tableaux suscitaient effroi et émotion chez les visiteurs qui ne connaissaient rien de la mer. Les tempêtes peintes par Vernet impressionnèrent beaucoup Denis Diderot qui en conçut une forte admiration pour l'artiste.


«Une Bacchante»
William BOUGUEREAU (1825-1905)
Huile sur toile, 1852.

«Trait de dévouement du capitaine Desse», détail.

«Le Bain de Diane»
Camille COROT (1796-1875)
Huile sur toile, 1855.

D'une taille de 312x222 cm, c'est la plus grande toile réalisée par Corot.

«Bordeaux, le Voilier blanc, Effet du soir»
Eugène BOUDIN (1824-1898)
Huile sur toile, 1874.

«L'Amour fuyant la misère»
Henri-Théophile BOUILLON (1864-1934)
Bronze à patine noire, 1892.

«La Toilette de Vénus»
Paul BAUDRY (1828-1886)
Huile sur toile, 1858.

«La Toilette de Vénus».
Cette toile pourrait être une merveilleuse illustration de ces deux célèbres vers de Corneille dans Polyeucte (Acte I, scène 1) :
Vous me connaissez mal, la même ardeur me brûle,
Et le désir s'accroît quand l'effet se recule.

«««--- «Le Bain de Diane», détail.
Camille COROT (1796-1875)
Huile sur toile, 1855.

«Les Éclaireurs gaulois»
Évariste LUMINAIS (1821-1896)
Huile sur toile.

Une des salles des tableaux et des sculptures du XIXe siècle.

«Le Pape et l'Inquisiteur»
Jean-Paul LAURENS (1838-1921)
Huile sur toile, 1882.

«Marée basse à Étaples»
Eugène BOUDIN (1824-1898)
Huile sur toile, 1886.

«««--- La toile représente le pape Sixte IV (1471-1484) et le grand inquisiteur Torquemada.


«Bacchus et l'Amour ivres»
Jean-Léon GÉRÔME (1824-1904)
Huile sur toile, 1850.

Enfilade des sculptures le long des salles.

«Le Serment de Brutus»
Édouard CABANE (1857-1942)
Huile sur toile, 1884.

«Le Serment de Brutus».
Selon la légende, Lucius Junius Brutus est le fondateur de la République romaine. Dans la toile, il prête serment de chasser les Tarquins, qui seront les derniers rois de Rome. La note du musée signale que ce tableau a concouru pour le prix de Rome de 1884, mais qu'il n'a pas été primé.


«Maisons à Cagnes»
Pierre-Auguste RENOIR (1841-1919)
Huile sur toile.

«Vue du jardin de la villa»
Pierre-Auguste RENOIR (1841-1919)
Huile sur toile.

Une des salles des peintures du XVIIIe siècle.

«L'incendie du steamer Austria»
Eugène ISABEY (1803-1886)
Huile sur toile, 1859.

«Les Quais de Bordeaux»
Alfred Smith CASSAT (1854-1936)
Huile sur toile, 1892.

«Mozart expirant»
Rinaldo CARNIELO (1853-1910)
Marbre, 1877.

«Mozart expirant».
Cette œuvre s'inscrit dans la tradition funéraire italienne. Des artistes (français, ceux-là) ont ciselé un Molière mourant (1882) et un Berlioz mourant (1892).

«L'incendie du steamer Austria».
Cette toile de 242x430 cm relate un drame survenu en 1858 en plein Atlantique. L'Austria était un clipper effectuant le transport de passagers entre l'Europe et l'Amérique. Il partit de Hamboug pour New York avec 538 passages et hommes d'équipage.
Au cours de la traversée, les autorités du navire décidèrent de fumiger l’entrepont avec de la vapeur de goudron. Une opération très périlleuse. Pour obtenir l'évaporation, un marin se servit d'une chaîne rougie au feu. Alors qu'il tenait l'une des extrémités dans sa main, l’autre, brûlante, lui échappa. Le fer rouge tomba sur le pont et mit immédiatement le feu au goudron qu'on y avait versé.
L'équipage se révéla impuissant à étendre l'incendie qui ravageau tout le bateau. Les passagers seront livrés à eux-mêmes. Malgré les secours rapides apportés par un trois-mâts de Terre-Neuve, le drame fit 433 victimes.


Enfilade des salles exposant les tableaux du XVIIIe siècle.

«Rosa Bonheur dans son atelier»
Georges ACHILLE-FOULD (1865-1951)
Huile sur toile, 1893.

«La Foulaison du blé en Camargue»
Rosa BONHEUR (1822-1899)
Huile sur toile, 1864-1899.

«La Foulaison du blé en Camargue».
C'est le dernier tableau peint par l'artiste dans son atelier du château de By, près de Fontainebleau. On voit ce château dans la toile d'Achille-Fould ci-contre. «La Foulaison du blé en Camargue» ne sera jamais achevé.


«Paris en 1889, vue prise depuis la terrasse de Meudon»
Louis TAUZIN (1842-1915)
Huile sur toile, 1889.

«Rolla»
Henri GERVEX (1852-1929)
Huile sur toile, 1878.

Le scandale de «Rolla» d'Henri Gervex (1878).
Jacques Rolla est le personnage d'un poème d'Alfred de Musset paru en 1833. Subitement ruiné, il décide de se suicider après une dernière nuit d'amour avec sa maîtresse Marie, une adolescente de quinze ans.
En 1878, si le nu était accepté par les académiciens qui sélectionnaient les tableaux pour le Salon, c'est le sens second, trop apparent, de l'œuvre qui fut jugé inacceptable : la dépravation, l'immoralité d'un homme poussé à la mort par une vie de débauche.
Le corps de la jeune femme répondait aux exigences de l'art du nu : la beauté de la peau ; l'absence de pilosité ; l'inertie du sommeil. Mais l'entassement des vêtements à côté du lit suggérait l'inacceptable : la prostitution mise à profit par un débauché à une époque où les ligues de moralité s'élevaient contre l'hédonisme hérité du Second Empire. Il ne fallait pas peindre le vice caché de la bourgeoisie !
Dans son ouvrage Les Grands Scandales de la peinture, Gérard Denizeau donne une seconde cause du scandale : Henri Gervex ferait ici allusion à sa liaison, connue du Tout-Paris, avec la courtisane Valtesse de la Bigne. Cette jeune personne collectionnait les amants (banquiers, artistes fortunés). Elle était aussi modèle de Manet et inspiratrice de Zola, notamment pour son roman Nana. On acceptait de voir Valtesse fréquenter les beaux hôtels particuliers de la capitale, mais pas question de l'exhiber au Salon !
Exclue par les académiciens défenseurs de la morale, «Rolla» fut exposée trois mois chez le galeriste Bague... et reçut «un défilé incessant de visiteurs», comme Gervex le rappela lui-même dans un entretien en 1924.
Notons que c'est une dénommée Ellen Andrée, blonde de son état, qui posa pour le peintre. Mais, avec un corps allongé dans une position si lascive, elle refusa de montrer son visage. C'est une autre jeune femme, brune cette fois, qui posa.
Dimension de la toile : 175x220 cm.


«Rolla», détail
Henri GERVEX (1852-1929)

   «Rolla se retourna pour regarder Marie.
   Elle se trouvait lasse, et s'était rendormie.
   Ainsi tous deux fuyaient les cruautés du sort,
   L'enfant dans le sommeil, et l'homme dans la mort !

   (Rolla, Alfred de Musset)

«Quand Rolla sur les toits vit le soleil paraître,
Il alla s'appuyer au bord de la fenêtre.»

(Rolla, Alfred de Musset)
ŒUVRES CONTEMPORAINES

Une salle des œuvres du XXe siècle.

«Bacchante»
André LHOTE (1885-1962)
Huile sur toile, 1912.

«Psychogramme»
Raoul HAUSMANN (1886-1971)
Huile sur toile, 1917.

«Les Bas noirs»
Pierre BONNARD (1867-1947)
Huile sur toile, 1899.

«Nu couché»
Raoul DUFY (1877-1953)
Huile sur toile, 1909-1910.

L'«art» contemporain.
L'«art» contemporain subit de vives critiques. On ne peut s'empêcher de penser que ces peintres, qui ont sans doute un réel talent, se contentent du médiocre. Depuis l'apparition de la photographie il est vrai, il ne sert pas à grand-chose de peindre ce qu'une photo peut reproduire. Il faut donc faire preuve d'imagination et s'écarter du réel. Il n'empêche. Où est le Beau là-dedans ? Les dessins d'êtres humains sont loin d'être à l'honneur de leurs auteurs. Même chose souvent pour les sculptures.
Si l'on définit un bourgeois comme un esclave du qu'en-dira-t-on de sa classe sociale, alors l'art contemporain est un art bourgeois : dans un musée, il faut dire qu'une toile est belle pour que les bourgeois qui entendent soient satisfaits et donnent leur estime à leur compère de classe. On crée ainsi un monde d'hypocrisie et de peur où les gens véhiculent le mensonge. Et qu'importe la valeur des œuvres...
Seule compensation : quand une toile se rattache à certaines écoles comme l'impressionnisme ou le cubisme, on peut déceler une recherche dans les formes ou les couleurs, une certaine application dans les traits. Ces points, qui sont à l'évidence travaillés, peuvent susciter quelque intérêt.
Ceux qui se définissent comme «artistes contemporains» doivent se défier de l'application à eux-mêmes d'un pastiche de ce que disait Cicéron à propos des augures : «deux artistes contemporains ne peuvent se regarder sans rire».


«L'Église Notre-Dame à Bordeaux»
Oskar KOKOSCHKA (1886-1980)
Huile sur toile, 1925.

De 1923 à 1933, le peintre entreprend un long périple (Europe,
Asie Mineure, Afrique du Sud). Il s'arrête à Bordeaux en 1925.

Documentation : «Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, Guide des collections XVIe-XXe siècle», éditions Le Festin, Bordeaux, 2010
+ «Les Grands Scandales de la Peinture» de Gérard Denizeau, Larousse, 2020.
+ notices de présentation des toiles affichées dans le musée.
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