Accueil
 Histoire navale
 Céramique
 Bibliographie
 Les Grands Thèmes
  PATRIMOINE
  Châteaux, palais,
    Églises, monuments
Est Ouest Sud-Ouest Nord IdF Sud-Est Centre-OuestCentre-Est
RÉGIONS


 Contact
Page créée en sept. 2025
??
La Vierge à l'oiseau, détail

Au XIIIe siècle, la population de Riom s'accroît. Il faut un nouveau lieu de culte à la ville basse qui s'étend. Ce sera Notre-Dame du Marthuret, édifiée sur l'initiative du clergé séculier et avec, en 1251, l'approbation du pape Innocent IV. Nous sommes au cœur du «beau XIIIe siècle», une période d'accroissement démographique et d'enrichissement économique.
En 1263, avec Alphonse de Poitiers, le site d'implantation infra muros est décidé : la nouvelle église sera érigée dans un quartier de pauvres et de classes moyennes (où l'on compte les tanneurs). Le nom de Marthuret apparaît dans une bulle du pape Nicolas IV en 1291.
Un incendie frappe l'édifice au début du XIVe siècle. Il faut le rebâtir. Le pape Clément V accorde des indulgences à ceux qui contribueront à cette reconstruction. Le style choisi sera un gothique rayonnant propre à la région auvergnate, qualifié parfois de gothique méridional. L'église est à nef unique, bordée de chaque côté par une suite de chapelles peu profondes. Le chœur est pentagonal. Au XVIIe siècle, il sera lui aussi bordé de petites chapelles.
Au XVe siècle, le duc Charles de Bourbon, comte de Clermont, puis duc du Bourbonnais, donne son accord pour gagner un peu d'espace sur la rue principale qui borde l'église à l'ouest. La façade est alors retouchée et embellie.
Au XVIe siècle, la confrérie des tanneurs fait bâtir une chapelle de style Renaissance au sud (chapelle Saint-Jacques) ; la tour au nord-ouest est partiellement reconstruite après un tremblement de terre survenu dans les années 1470.
Le XIXe siècle va notablement modifier l'église et l'agrandir : petites chapelles latérales nord et sud transformées en étroits bas-côtés après percement des murs ; quatre vastes chapelles ajoutées au sud ; chœur prolongé de trois absidioles avec déambulatoire ; façade enrichie et restructurée en style flamboyant.
L'église Notre-Dame du Marthuret n'a pas l'intérêt historique et archéologique de Saint-Amable, pourtant on y trouve de belles œuvres d'art comme la Vierge à l'oiseau, des statues de saints du XVIIe siècle ou de grandes toiles du XIXe siècle. Enfin, les amateurs de vitraux anciens pourront y admirer deux verrières datées l'une du XVe siècle (baie n°3), l'autre du XVIe (baie n°4).

Saint Jean dans le vitrail de la baie 4

La nef et le chœur de Notre-Dame du Marthuret vus depuis l'entrée.
ASPECT EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME DU MARTHURET

La façade réaménagée au XIXe siècle donne dans la rue du Commerce.

Le chevet est tenu par d'épais contreforts.
Depuis le XIXe siècle, il est prolongé de trois chapelles rayonnantes sans fenêtre.

L'église Notre-Dame du Marthuret et la ville de Riom.
Ici, la tour nord et son dôme du XVIIe siècle.

Le portail central et son remplage flamboyant.
L'essentiel de cette structure vient du XIXe siècle.
La statue du trumeau est une copie de la Vierge à l'Oiseau.

Architecture extérieure (2/2).
---»» L'élévation sud de la façade a été enrichie d'une tour, identique à celle du nord, mais sans dôme.
Sur la rue, les tours ont été percées d'ouvertures en arc brisé où ont pris place des fenêtres tréflées. Ce «trèfle», si souvent précisé dans les présentations de l'église, est si discret qu'on le distingue à peine depuis la rue...
Enfin, deux portes de style flamboyant ont été rajoutées au nord et au sud, celle du nord étant murée.
Bref, en comparant les dessins avant et après les travaux du XIXe siècle, on peut dire que la façade a été vandalisée. Seule la rose flamboyante au-dessus du portail central n'a pas été touchée.
Curieusement, dans son Histoire du vandalisme (dont la première édition date de 1958), l'historien Louis Réau ne parle pas de Notre-Dame du Marthuret, pas plus qu'il ne parle de la ville Riom. De toute façon, l'église Notre-Dame ne semble pas intéresser grand-monde. Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques depuis 1834, passe à Riom en 1837. Dans ses Notes d'un voyage en Auvergne, iI s'étend longuement sur l'église Saint-Amable et la Sainte-Chapelle, mais ne dit rien de Notre-Dame.

Architecture extérieure.
La façade, qui donne dans l'actuelle rue du Commerce est la seule partie vraiment intéressante de l'église.
Quant au chevet et à ses chapelles du XIXe siècle, leur élévation est réalisée en andésite sombre, une pierre volcanique riche en minéraux ferromagnésiens. Sur la façade et les côtés, la couleur de l'élévation est plus claire.
Le XIXe siècle a totalement transformé la façade du XVe siècle. Il faut s'imaginer une façade sans tour sud, sans garde-corps reliant les tours, un portail central avec un tympan nu, simplement surmonté d'une rose à remplage flamboyant.
Le XIXe siècle a rajouté l'archivolte et son remplage, lui aussi flamboyant. Il l'a surmontée d'un gable (qui cache le bas de la rose) et a prolongé par des pinacles les deux contreforts qui entourent le portail.
---»» Suite 2/2 plus bas.


Sur la tour nord, une discrète fenêtre «tréflée»
loge dans une baie en arc brisé.

Porte de style flamboyant rajoutée
au XIXe siècle sur le côté sud de la façade.
ASPECT INTÉRIEUR DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME DU MARTHURET

Élévation nord de la nef.
C'est au XIXe siècle que les murs qui séparaient les chapelles ont été percés d'ouvertures en arc brisé.
On remarque que la cinquième travée, celle qui jouxte le chœur, possède un arc en plein cintre.

Plan de l'église Notre-Dame du Marthuret.
Passez la souris sur l'image pour voir
le plan d'avant le XIXe siècle.

Le chemin de croix de l'église est contemporain.
Ici, la station I : Jésus est condamné.

Groupe sculpté polychrome de sainte Anne et Marie, détail.
XVIIe siècle.

Architecture intérieure.
Le plan du XIIIe siècle est celui d'une nef unique de 40 m de long sur 8,50 m de large, à cinq travées. Cette nef est bordée au nord et au sud d'une suite de chapelles peu profondes et de profil inégal, séparées par des murs de refend. Le style architectural est celui du gothique rayonnant, terme parfois remplacé dans les présentations de l'église par le gothique méridional.
Le plan ci-contre montre une légère déviation rentrante dans le mur gouttereau nord. Pour Anne Courtillé (Auvergne, Bourbonnais, Velay gothiques, Picard, 2002), cela est sans doute dû «à l'implantation délicate du grand édifice dans un maillage d'habitations et d'échoppes antérieures».
Le manque de symétrie se distingue d'ailleurs aussi dans le chœur pentagonal (qui à l'origine n'avait pas d'absidioles). À l'ouest, la travée-porche remonte au XVe siècle.
Le XIXe siècle va rajouter les trois absidioles du chœur, le grand espace du côté sud avec ses quatre chapelles, et percer tous les murs de refend qui séparaient les anciennes chapelles. De la sorte, on aboutit, au nord et au sud, à un étroit bas-côté scandé d'ouvertures en arc brisé où le visiteur a l'impression d'être englouti dans les vieilles pierres. Même chose dans le chœur avec, cette fois, la création d'un étroit déambulatoire.
Conséquence : les murs de refend ont laissé la place à d'épaisses piles rectangulaires ornées, côté nef, d'un faisceau de trois minces colonnettes qui monte jusqu'à la retombée des voûtes ogivales. Un trio de petits chapiteaux à feuillages, haut perché, peine à casser l'effet d'élancement.
Les repères archéologiques montrent que la nef a été construite avant le chœur ; de plus, la cinquième travée est plus large que les autres et son arc est en plein cintre. Ces éléments poussent Anne Courtillé à s'interroger sur le rôle passé de cette travée. A-t-elle abrité, au tout début de la vie de l'édifice, un chœur primitif fermé par un chevet plat ? La construction de la nef s'est-elle déroulée d'ouest en est de façon régulière, avec une cinquième travée qui serait une liaison architecturale entre la nef et le chœur ? Ou bien le chantier a-t-il commencé par cette travée - de manière hésitante - pour se poursuivre ensuite vers l'ouest et aboutir à la façade ? Il est difficile de répondre à ces questions et toutes les possibilités restent ouvertes.

À son entrée dans la nef, un aspect étonne le visiteur : l'absence de fenêtres au premier niveau. La photo ci-dessus montre en effet un vitrail dans la cinquième travée (baie n°3), mais rien ailleurs. En fait, une seconde petite baie (n°5) existe dans la première chapelle au nord-ouest, près de la tour. Elle accueille une rose blottie dans un remplage flamboyant. Le visiteur constate encore que les hautes fenêtres, larges et nombreuses, suffisent pour éclairer l'édifice. Cependant, à l'origine, il y avait bel et bien des fenêtres au premier niveau.
Anne Courtillé écrit ainsi que «le parement extérieur montre encore au nord des traces de petites baies en plein cintre ou d'un quadrilobe». La baie n°3 actuelle, qui abrite un large vitrail à deux lancettes, vient d'un percement plus tardif. On ne sait pas quand ces ouvertures primitives ont été bouchées.
En revanche, au sud, le mur gouttereau a été éventré au XIXe siècle pour ouvrir la nef sur quatre nouvelles chapelles. On ne sait si ce mur était percé d'ouvertures ou, du moins, s'il en avait gardé des traces.

CLÉS DE VOÛTE DE LA NEF
La clé de voûte ci-dessus à droite présente les armoiries de Jean, duc de Berry
et d'Auvergne de 1360 à 1416. Les fleurs de lys montrent son appartenance
à la famille royale. Jean de Berry était le frère du roi Charles V.

Le gothique méridional (1/2).
L'architecture de l'église Notre-Dame du Marthuret est souvent classée en gothique méridional. C'est partiellement exact car l'intérieur se rattache en partie au gothique rayonnant.
Dans son Mémento pratique d'archéologie française paru en 1930, Vincent Flipo, alors professeur à l'École spéciale d'architecture, donne quelques clés pour définir le gothique méridional. Il part d'un constat : «Le Midi de la France, écrit-il, n'a jamais adopté franchement les principes gothiques et s'est contenté d'une formule pauvre et bâtarde, étroitement liée aux traditions romanes si fortes dans la région.»
---»» Suite 2/2 ci-dessous.


Saint Jean-Baptiste.
Statue polychrome du XVIIe siècle.

Trio de chapiteaux sur les piliers de la nef.
Une simple couronne de feuillages
est insérée entre deux bagues.

Saint Paul.
Statue polychrome du XVIIe siècle.

Le gothique méridional (2/2).
---»» À ce rejet il décèle plusieurs causes : le manque de ressources financières pour les constructions religieuses par suite du développement des hérésies ; la présence très influente d'ordres religieux comme les Dominicains ou les Franciscains qui font de la pauvreté des sanctuaires l'une de leurs règles ; les guerres religieuses (plus fréquentes qu'au Nord) obligeant bien souvent les bâtisseurs à fortifier leurs églises.
Conséquence : le plan des édifices est toujours simple ; la nef est unique, large et sans transept ; le chœur se termine par une abside ronde ou polygonale ; la présence d'un déambulatoire est exceptionnelle ; les chapelles latérales sont, malgré tout, fréquentes.
Au niveau extérieur, les contreforts très épais sont la règle (pour des raisons défensives) au détriment des arcs-boutants, très rares. Les chapelles latérales se logent bien souvent entre les contreforts.
Quant aux façades, Vincent Flipo constate qu'elles sont pauvres ; beaucoup sont fortifiées par des tours et des mâchicoulis ; les clochers sont nombreux, placés sur la façade occidentale ou sur le flanc de l'église.
Après cette énumération, on comprend que l'architecture de Notre-Dame du Marthuret puisse être assimilée au gothique méridional. En déambulant dans l'édifice, le visiteur pourra en constater l'aspect défensif, parfois un peu lourdaud. Les travaux du XIXe siècle ont-ils respecté ce choix initial ? Peut-être pas : les chapelles du déambulatoire, bâties à cette époque, montrent des traces de baies obstruées.
En revanche, la façade occidentale, autrefois très modestement ornée et donc fidèle au gothique méridional et à son aspect défensif, a été, comme le souligne Anne Courtillé «transformée en un flamboyant voyant finalement assez inapproprié» (Auvergne, Bourbonnais, Velay gothique, Picard, 2002).


Saint Pierre brandissant la clé du Paradis, détail.
Statue polychrome du XVIIe siècle.

Les fenêtres hautes de l'élévation ne bénéficient d'aucun encadrement spécial.
De chaque pile, trois colonnettes s'élèvent jusqu'à la retombée des voûtes.
Leurs petits chapiteaux à feuillages se remarquent à peine depuis le bas de la nef.

Ce passage étroit sous des arcades en arc brisé
a été construit au XIXe siècle en même
temps que les chapelles au sud.

Baie 3, détail : les trois chérubins du tympan
sont du XIXe siècle
(Atelier Émile Thibaud).

Baie 3 : vitrail de l'Annonciation (1/2).
La scène principale est datée de la période 1450-1460. L'ange, un genou à terre, transmet le message divin à Marie qui est accompagnée de la colombe du Saint-Esprit.
La facture de ce vitrail, «extrêmement proche de celle des vitraux de la Sainte-Chapelle de Riom, permet de l'attribuer de façon certaine à l'atelier de Bourges (...)», écrit le Corpus Vitrearum. On remarque, derrière la Vierge, un vase contenant six lys. Trois sont avec une fleur épanouie, trois avec une fleur fermée.
La vitrerie de la Sainte-Chapelle a été réalisée aux frais de Charles Ier, duc de Berry, et fils de Jean. La présence de ces lys porte à croire qu'il en est de même de ce vitrail.
Les dais d'architecture gothique et les chérubins du tympan sont des ajouts d'Émile Thibaud au XIXe siècle.
Vus de près, les deux visages sont gangrénés par une grisaille parasite. Passez la souris sur le visage en gros plan de la Vierge pour voir un visage «nettoyé».
---»» Suite 2/2 à droite plus bas.


Saint Jean l'Évangéliste.
(Reconnaisssable au calice qu'il tient à la main.)
Statue polychrome du XVIIe siècle.

Baie 3 : Vitrail de l'Annonciation (vers 1450-1460)
Les deux dais d'architecture gothique et le soufflet sommital
ont été créés par Émile Thibaud au XIXe siècle.
La restauration de 1999-2000 a supprimé la plupart des
plombs de casse de la scène du XVe siècle.

Baie 3, détail : la Vierge de l'Annonciation et sa grisaille parasite.
Passez la souris sur le vitrail pour voir un visage «nettoyé» par l'informatique.

Baie 3 : vitrail de l'Annonciation (2/2).
---»» Le vitrail n'est pas à son emplacement d'origine : des filets verticaux le complètent sur les côtés, et la taille des personnages est trop importante au regard de la baie et de son emplacement.
En 1999-2000, le vitrail a été restauré par une collaboration entre l'atelier d'Emmanuel Barrois (de Brioude) et celui Frédéric Pivet (de Valdivienne dans la Vienne). Le Corpus informe que les restaurateurs en ont retiré la plupart des plombs de casse, ce qui a dû modifier considérablement l'aspect général de cette Annonciation.


Élévation sud de la nef.
La chapelle Saint-Jacques se trouve à droite. On reconnaît la Vierge à l'oiseau à l'entrée.
LA CHAPELLE SAINT-JACQUES DANS LE CÔTÉ SUD

La Vierge à l'oiseau.
Fin du XIVe siècle - XVe siècle.

La Vierge à l'oiseau (1/2).
Le thème de la sculpture est tiré d'un évangile apocryphe, les Récits de Thomas l'Israélite : l'Enfant-Jésus s'amusait à modeler des oiseaux avec de la terre, puis à souffler dessus pour leur donner vie. L'un d'entre eux, réveillé trop vite, lui a piqué le doigt. Ce qui correspond à l'expression un peu déroutante de l'Enfant.
De quelle époque date cette sculpture ? Pour Paul Gauchery, auteur de l'étude sur l'église Notre-Dame du Marthuret pour le Congrès archéologique de France tenu à Moulins et Nevers, en 1913, il faut la rattacher au XVe siècle. Elle serait due à un artiste de l'école du Berry. Paul Gauchery rappelle qu'au XIXe siècle, bien des érudits se sont penchés sur le mystère de son origine. La notice de présentation de l'église parle, quant à elle, de la fin du XIVe siècle.
Paul Gauchery ajoute une information intéressante : un examen chimique et microscopique a révélé que le matériau n'est pas de la roche d'Auvergne. C'est un «beau calcaire jurassique que l'on trouve à Aprement (Nièvre), écrit-il, et surtout à Charly (Cher), où la pierre, d'un grain très fin, durcit à l'air.».
---»» Suite 2/2 ci-dessous.


Baie 4, détail : saint Jean l'Évangéliste.
Tête refaite au XIXe siècle.

Voûte en étoile de la chapelle Saint-Jacques.

La chapelle Saint-Jacques.
Cette chapelle du XVIe siècle, bâtie hors œuvre sur le côté sud par la confrérie des tanneurs, présente trois curiosités remarquables : une voûte en étoile, une splendide statue médiévale et un vitrail de 1538.
Sa vue d'ensemble, sans intérêt, n'est pas donnée dans cette page. On en voit néanmoins une partie dans la grande photo ci-dessus, à droite.
Les nervures de sa voûte en étoile retombent sur des culots ornés d'une coquille Saint-Jacques. La clé de voûte centrale représente l'apôtre Jacques le Majeur avec son bâton de pèlerin (photo ci-contre à droite).
Les deux principales œuvres d'art s'imposent aux yeux du visiteur : d'abord la statue de la Vierge à l'oiseau dont l'origine, la date et l'auteur sont incertains ; ensuite le vitrail de la baie 4 (ci-dessous) qui éclaire la chapelle. Daté de 1538 et partagé en trois lancettes, il présente une Vierge à l'Enfant entre saint Jacques et saint Jean l'Évangéliste. Voir les détails plus bas.


Baie 4 : 3 lancettes à personnages.
De gauche à droite : saint Jacques le Majeur, la Vierge, saint Jean l'Évangéliste.
Atelier du peintre verrier de Bourges Jean Lécuyer, 1538.

Vitrail de la baie 4 (daté de 1538).
C'est l'un des deux vitraux Renaissance de l'église. Il est à trois lancettes et présente trois grandes figures : saint Jacques le Majeur, la Vierge et saint Jean l'Évangéliste. La date de 1538 est portée dans le dais qui abrite la Vierge.
Le Corpus Vitrearum écrit : «Par son style et par sa technique d'exécution très particulière, en raison aussi du monogramme I.L. relevé dans la lancette droite sur le calice de saint Jean l'Évangéliste, cette œuvre a été attribuée au peintre verrier d'orgine parisienne actif à Bourges des années 1520 à sa mort en 1556, Jean Lécuyer.» Le Corpus ajoute qu'il doit s'agir ici d'une production «bon marché».
Notons que la tête de saint Jean (à gauche) a été refaite. En revanche, celle de saint Jacques (à droite) est d'origine. Le nom du personnage figure dans le couronnement qui le surmonte.
Le soubassement est constitué de trois panneaux présentant les bustes de saint Antoine, sainte Marguerite et sainte Françoise, tous créés par Émile Thibaud au XIXe siècle (avant 1842).
Le tympan contient trois ajours intéressants. Les deux ajours inférieurs sont d'Émile Thibaud (Éducation de la Vierge et saint Madeleine pénitente). L'ajour supérieur appartient à la verrière originale. On y voit le Père céleste bénissant (ci-dessous), mais le Corpus précise que la tête a été cassée, que le verre est sale et qu'on y décèle quelques restaurations.
Le vitrail a été restauré en 1916 par l'atelier Félix Gaudin.


Saint Jacques le Majeur et son bâton de pèlerin
orne la clé centrale de la voûte ogivale
de la chapelle Saint-Jacques.

La Vierge à l'oiseau, détail.

Baie 4, détail : saint Jacques le Majeur.
Jean Lécuyer, 1538.

La Vierge à l'oiseau, détail.

La Vierge à l'oiseau (2/2).
---»» C'est avec cette pierre, précise-t-il, qu'ont été réalisées les sculptures de la cathédrale de Bourges et, dans la même ville, du palais du duc Jean, du palais Jacques Cœur et de l'hôtel Lallemant.
Pendant la Révolution, la statue est cachée par la corporation des bouchers. Au XIXe siècle, elle est badigeonnée en gris et prend place au trumeau du portail de la façade. En 1932, on en fait une copie (qui la remplace sur le trumeau), tandis que l'original est installé dans la chapelle Saint-Jacques.
En 1991, une restauration a permis de retrouver, cachée sous le badigeon, une magnifique polychromie qui met en valeur une qualité d'exécution exceptionnelle.
Aucun texte ne prouve que cette statue se trouvait, avant la Révolution, à l'église Notre-Dame. Le panneau d'information disposé dans la nef évoque la possibilité de la Sainte-Chapelle, construite par Jean de Berry dans son palais de Riom, ou encore du château de Nonette (sud du Puy-de-Dôme) autre propriété du duc, démantelée au XVIIe siècle.
Dans le Dictionnaire des églises de France (Robert Laffont, 1966), le chanoine Bernard Craplet se dit très irrité par le heurt entre la beauté plastique de l'œuvre et l'énigme de son origine.
Il fait néanmoins une description dithyrambique de cette Vierge : «Jamais sculpteur du Moyen Âge, écrit-il, n'a su représenter avec autant de bonheur la joie émerveillée et craintive à la fois d'un tout petit enfant et encore moins le demi-sourire à fond de tristesse de la Vierge. Elle regarde intensément son Fils, pensant déjà qu'elle le perdra un jour. L'ombre de la croix se profile dans le lointain... Tout ceci suggéré sans que bouge presque un muscle du visage.»
Si le chanoine veut admirer une Vierge à «la joie émerveillée» tenant son enfant dans ses bras, la Vierge au raisin de la basilique Saint-Urbain à Troyes exaucera tous ses vœux.


Baie 4, détail : l'Éducation de la Vierge.
Atelier Émile Thibaud, XIXe siècle.

Baie 4, détail : le Père céleste au tympan,
Verrière d'origine datée de 1538.

Baie 4, détail du soubassement : saint Antoine.
Atelier Émile Thibaud, XIXe siècle.
LES CHAPELLES DU CÔTÉ SUD

Au sud, l'autel de la Vierge noire termine le grand espace divisé en trois chapelles.
La quatrième chapelle, dédiée au Sacré-Cœur, se trouve derrière l'autel de la Vierge noire.
On remarque que la lumière vient de la voûte.

La Vierge noire.
Cette œuvre est la statue-reliquaire de Notre-Dame du Marthuret (une petite loge est ménagée dans son dos pour y abriter des reliques). Elle est en noyer massif polychrome et daterait du XIVe siècle. Ce n'est pas une Vierge hiératique, c'est-à-dire répondant à des règles fixées par la tradition religieuse, même si elle est assise en majesté. L'enfant, au visage presque adulte, semble, quant à lui, prendre la posture d'une personne assise dans un fauteuil. La brochure de présentation éditée par la paroisse voit dans l'attitude et le regard de la Vierge beaucoup de tendresse. Elle fait remarquer aussi la souplesse et l'élégance de sa robe.
L'œuvre a été restaurée au XIXe siècle. À cette occasion, les visages ont été repeints en noir.


La Vierge noire.
XIVe siècle ?

«Descente de croix»
Alexis Valbrun (1803-1852). Huile sur toile.
Présentée au Salon en 1839, l'œuvre a été critiquée pour son expressionnisme jugé excessif.
Achetée par l'État en 1840, la toile a été offerte à l'église Notre-Dame du Marthuret.

Baie 5 : rose du XIXe siècle
dans un remplage flamboyant du XIVe.
Première chapelle au nord.

«Adoration des Mages»
Guy François (1578-1650).

«Ecce Homo»
Henri Joseph de Forestier, 1819. Huile sur toile.

Chapelles du côté sud et leurs grandes toiles du XIXe siècle.

Les vitraux de l'église.
Une certaine opacité entoure les premiers siècles de construction de l'église. Les historiens ont tenté d'utiliser les vitraux comme points de repère.
Ainsi les fragments encore en place dans la vitrerie de l'abside (tympans des baies 100 à 103) sont peut-être les témoins de la construction au début du XIVe siècle. En effet, en 1291, le pape Nicolas IV promulgue une bulle accordant des indulgences à ceux qui visiteront l'église. Et, en 1308 surtout, Clément V accorde à son tour des indulgences à ceux qui contribueront par leurs dons à la réédification de l'édifice.
Ensuite, le vitrail de la baie 3 , très semblable à ceux de la Sainte-Chapelle de Riom, fournit un autre jalon : l'époque de Charles Ier, duc de Berry.
La datation de la chapelle Saint-Jacques est facilitée par la présence d'un vitrail daté de 1538.
En 1793, les révolutionnaires remplacent par du verre blanc les parties ornées d'armoiries et de fleurs de lys.
Après la Révolution, l'ensemble de la vitrerie a besoin d'être restauré et complété. En 1836, la fabrique de l'église fait une proposition qui paraît aujourd'hui bien étrange : déplacer les vitraux de la Sainte-Chapelle de Riom, à cette époque non restaurés et inaccessibles au public, à Notre-Dame du Marthuret. Ainsi, appuie le chapitre, tout le monde pourrait les voir. Quant au transport, il pourrait se faire aisément sans aucune casse.
En 1840, ce projet est enterré : la taille des vitraux de la Sainte-Chapelle excède celle des baies de l'église ; et l'État, propriétaire de la Sainte-Chapelle, ne veut pas se dessaisir de son bien au bénéfice de la ville, propriétaire de l'église. De plus, il devrait payer le verre blanc et son installation dans la chapelle... La fabrique se contenta de faire restaurer les vitraux et sollicita l'atelier Émile Thibaud à Clermont-Ferrand.


«Entrée triomphale du Christ à Jérusalem»
Charles Müller (1815-1892). Huile sur toile.
Ce grand tableau a été présenté au Salon en 1844 et a suscité l'admiration des visiteurs. Il est arrivé à Riom en 1845.

«La Vierge donnant le Rosaire à saint Dominique»
Auteur inconnu. Huile sur toile, XVIIe siècle.

«Le Christ devant Pilate»
Auteur inconnu, 2e moitié du XVIe siècle (?). Peinture sur bois.
D'après un dessin de Martin de Vos de 1581.
LE CHŒUR ET LE DÉAMBULATOIRE

Le chœur est séparé de la nef par un arc triomphal.
Il est éclairé par trois grandes baies que l'atelier Émile Thibaud a pourvu de vitraux au XIXe siècle (baies 101-100-102).
Les tympans des ces vitraux ont conservé leurs éléments anciens (vers 1400).

Clé de voûte du chœur : le Père céleste.

Baie 101 : lancettes d'Émile Thibaud :
saint Jean l'Évangéliste, Éducation de la Vierge
et saint Joseph avec l'enfant (1843).
Tympan autour de 1400.

Baie 100 : l'Assomption.
Atelier Émile Thibaud, 1843
Le tympan est daté aux alentours de 1400.

Baie 100.
Cette verrière a été commandée par le curé de l'église, l'abbé Chabrier. Le dessin serait inspiré d'un vitrail attribué à Arnoult de Nimègue et daté de 1513, visible à l'église Notre-Dame à Saint-Lô.

Tympan daté vers 1400 :
Dans le trèfle supérieur, un ange, sur un fond damassé rouge, tient un phylactère dont l'inscription est effacée.
Au-dessous, deux anges, qui ont le dos tourné, tiennent chacun un encensoir. Le fond est, cette fois, un damas bleu. On remarque la présence de lys et de rosettes de fleurs.


Le chœur et l'étroit déambulatoire.
Le déambulatoire a été créé au XIXe siècle en perçant les murs
qui séparaient les chapelles rayonnantes peu profondes du XIVe.

Baie 102, détail du tympan : anges dans les ajours (datés vers 1400).

Baie 102, le tympan (vers 1400).
Dans la rangée inférieure (ci-dessus), le trèfle de gauche possède en son centre un ange portant deux des instruments de la Passion : la lance et le fouet. Dans les quatre lobes : des anges ailés sur fond damassé bleu.
Au centre du trèfle de droite, on distingue une sainte (aspect très endommagé). Elle aussi est accompagnée, dans les lobes, par des anges ailés. Le peintre verrier de l'année 1400 a utilisé les mêmes cartons pour le dessin de ses anges.
Selon le Corpus Vitrearum, l'état du tympan de la baie 102 est moind dégradé que celui de la baie 100 donné plus haut.


L'orgue de tribune est dû au facteur Joseph Callinet. Il date de 1838.
Après quelques interventions malheureuses au XXe siècle, il a retrouvé son éclat lors de la restauration de 1990.

Le buffet de l'orgue reçoit une ornementation
en bois de type flamboyant.

Un roi de Juda dans l'Arbre de Jessé.
XIXe siècle.

Le chœur de l'église Notre-Dame.
Le chœur, construit après la nef, vraisemblablement vers la fin du XIVe siècle, est en forme de pentagone dont seuls les trois côtés orientaux sont ouverts à la lumière par de grandes baies.
Ce chœur est séparé de la nef par un grand arc triomphal, matérialisé par deux fortes piles très saillantes (photo ci-dessus) qui se rejoignent en arc brisé. Ces piles sont profilées selon une suite de tores et de gorges.
Ce qui est actuellement le déambulatoire n'existait pas au XVe siècle. Ce n'est qu'au XVIIe qu'ont été ajoutées des chapelles rayonnantes très peu profondes, transformées au XIXe en déambulatoire par percement des murs primitifs.
Dans le chœur, l'élévation jusqu'à la clé de voûte sommitale se fait par des piles au profil prismatique sans chapiteau. Si on y associe le type de remplage des baies, on reconnaît là des marques du gothique flamboyant.
Le XIXe siècle a élargi ce chœur en lui ajoutant trois absidioles dont les murs (photo ci-dessus) paraissent bien défraîchis et sans ornementation autre que la statue et le dais qui surmontent l'autel. Voir la chapelle Saint-Antoine de Padoue plus bas. Les cinq chapelles peu profondes sont devenues déambulatoire.
Le Père céleste de la clé de voûte (donnée à gauche) rappelle, de manière plutôt brutale, celui de la Sainte-Chapelle. Dans son ouvrage Auvergne, Bourbonnais, Velay gothiques (Picard, 2002), Anne Courtillé fait une description peu flatteuse de cette sculpture : le Créateur se tient à l'étroit dans son hexalobe, avec des mains grossièrement façonnées ; les doigts sont épais et le drapé du vêtement ne présente que quelques plis obliques.


Baie 100, détail : les anges du tympan (vers 1400).

Les vitraux du chœur.
Ces trois grands vitraux de cinq mètres de haut attirent l'attention du visiteur depuis l'entrée. Leur taille est maximale car ils occupent tout l'espace du second niveau de l'élévation.
Le point le plus intéressant est que les ajours de leurs remplages accueillent des vitraux datés aux alentours de 1400.
En effet, en 1843, le peintre verrier clermontois Émile Thibaud, chargé de créer les grands personnages sous dais gothiques pour les trois lancettes de chaque verrière, a soigneusement conservé les ajours des tympans. On y voit des anges logés dans des trèfles, parfois accompagnés de décors floraux.
Le Corpus Vitrearum précise que ces parties anciennes sont très dégradées et les verres corrodés. Quant à la grisaille, elle est effacée.


Baie 102 : saint Pierre, saint Paul et saint Jean-Baptiste.
Atelier Émile Thibaud, 1843.
Les ajours du tympan sont datés aux alentours de 1400.

Arbre de Jessé du XIXe siècle.
Atelier inconnu.

Baie 101, détail : saint Jean l'Évangéliste, Éducation de la Vierge et saint Joseph avec l'Enfant.
Atelier Émile Thibaud, 1843.

Chapelle rayonnante Saint-Antoine de Padoue
dans une absidiole du chœur.
XIXe siècle.

L'Arbre de Jessé, détail de la partie basse.
XIXe siècle.

La nef de Notre-Dame du Marthuret vue depuis le chœur.

Documentation : «Auvergne, Bourbonnais, Velay gothiques» d'Anne Courtillé, Éditions Picard, 2002
+ Congrès archéologique de France tenu à Moulins et Nevers en 1913, article de Paul Gauchery
+ «Dictionnaire des églises de France», Éditions Robert Laffont, 1966
+ «Les vitraux d'Auvergne et du Limousin», Corpus Vitrearum, Presses Universitaires de Rennes, 2011
+ «Mémento pratique d'archéologie française» de Vincent Flipo, éditions Firmin-Didot, 1930
+ brochure sur l'église éditée par la paroisse
+ panneaux d'information disposés dans la nef de l'église.
PATRIMOINE CARTE PATRIMOINE LISTE Retourner en HAUT DE PAGE