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Le donjon de Loches incarne à
lui seul toute la puissance militaire et stratégique de la
cité médiévale. Il a été construit
à partir de l'an 1013 par Foulques Nerra, comte d'Anjou,
pour s'assurer un point d'appui solide dans ses luttes incessantes
contre les comtes de Blois. Il est ensuite devenu un enjeu entre
les rois Plantagenêts d'Angleterre et les rois Capétiens
de France. Au XIIe siècle, Henri II Plantagenêt décide
la construction d'un puissant rempart de près de deux kilomètres
de long - rempart qui circonscrit la superbe cité médiévale
actuelle. On y trouve le donjon lui-même, le Logis
Royal, la collégiale
Saint-Ours et la maison abritant le musée
Lansyer.
Le donjon passe de main en main. En 1193, Jean sans Terre le livre
à Philippe Auguste. L'année suivante, Richard Cur
de Lion y met le siège et reprend son bien. En 1205, Philippe
Auguste s'en empare après un siège d'un an. Dès
lors, le donjon de Loches ne quittera plus la couronne de France.
Au milieu du XVe siècle, Louis XI décide de transformer
cette citadelle militaire en prison d'État. En 1801, le donjon
devient prison départementale. En 1926, la prison est fermée.
Le donjon de Foulques Nerra fait trente-six mètres de haut.
Sa visite est associée à celle des autres tours :
la tour Louis XI et le martelet. Construites au XVe siècle,
elles abritent des cachots restés célèbres
de par la personnalité des prisonniers.
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Le donjon et ses 36 mètres de haut
vu de l'ouest |
Le pavillon d'entrée avec le donjon (à droite)
À l'époque médiévale, ce pavillon
est l'entrée principale de la forteresse. |
Le donjon de Foulques Nerra et un mur de la forteresse |
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La tour Louis XI construite au XVe siècle |
Le cachot dit «du cardinal Balue» |
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La terrasse à feu au sommet de la tour Louis XI |
La salle de la question où officiaient les «tourmenteurs» |
Le cachot
dit «du cardinal de Balue». Jean Balue
(1421-1491) est l'homme de confiance de Louis XI... jusqu'à
ce que le roi le soupçconne de trahison au profit de
la maison de Bourgogne et le fasse enfermer. Peut-être
à Loches, à Plessis-lès-Tours ou à
Onzain ou un peu des trois. À Loches, il aurait, dit-on,
passé trois ans dans une cage de fer. Louis XI lui
rendra la liberté en 1480. Installé à
Rome, Balue deviendra légat du pape. Le cachot est
une grande pièce cylindrique, couverte d'une coupole.
En fait il doit s'agit plutôt d'un cellier ou d'un moulin
à grain.
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La terrasse
de la tour Louis XI. On y a une superbe vue sur
tout le plateau sud et sur la barbacane. On peut y voir trois
veuglaires (ou bombardes) de la fin du XIVe siècle.
Le plus gros d'entre eux pèse 128 kilos pour une longueur
de 95 cm. Le calibre des boulets de pierre qu'il expédiait
est de 20 cm.
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La salle de la maquette
Maquette récente du château de Loches tel qu'il devait
se présenter à l'époque médiévale. |
Maquette du château de Loches |
La salle des graffiti et sa cheminée |
La salle des graffiti. Série de personnages sculptés
dans un mur |
La salle des graffiti
Bonshommes au contour esquissé dans la pierre |
La salle
des graffiti. Au cours des siècles, des
dizaines (peut-être des centaines) de prisonniers y
ont été détenus. Les graffiti portent
témoignage de leur désespoir, de leur croyance
ou de leurs passions.
À DROITE, Personnage avec un chapeau et tenant un sabre
dans chaque main ---»»»
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Prosper
Mérimée, inspecteur général des
Monuments historiques, passe à Loches en juillet 1841.
Il écrit à son ami Ludovic Vitet, président
de la Commission.
«Vous connaissez le Donjon de Loches, énorme
masse carrée plus grosse et plus haute que le Donjon
de Beaugency. Mr Moreau inspecteur des Prisons a manifesté
dernièrement l'intention d'y pratiquer des cellules
pour les prisonniers. Ce serait un meurtre et une niaiserie.
Si ce projet devenait sérieux, ce serait bien le cas
de déchaîner Didron.»
Source : «La naissance
des Monuments historiques, la correspondance de Prosper Mérimée
avec Ludovic Vitet (1840-1848)», Éditions
du Comité des travaux historiques et scientifiques,
Ministère de l'Éducation nationale.
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Une salle dans le martelet
Le martelet est une tour construite au XVe siècle.
De 27 mètres de haut, elle comprend quatre niveaux aménagés
en cachot. |
Le cachot de Ludovic Sforza dans le martelet |
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Ludovic
Sforza. Après avoir été
soutenu par Charles VIII, le duc de Milan, Ludovic Sforza,
se voit opposé à son successeur, Louis
XII, qui veut récupérer le Milanais qu'il
dit détenir de sa grand-mère, une Visconti.
Défait sur le champ de bataille, le duc sera
capturé à Novarre en 1500. Il sera emprisonné
à Lyon, puis à Loches. Emprisonné
dans le martelet de 1504 à 1508, il eut droit
néanmoins à certains égards : lit,
escabeau, pinceaux de couleurs, il pouvait se promener
dans la cour et - d'après les sources - même
se rendre en ville. Ludovic Sforza meurt à Loches
en 1508 peu après sa libération. Sa cellule
est reconstituée (photo ci-dessus). On voit encore
ses beaux dessins sur le mur.
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Dessins de Ludovic Sforza sur un mur de son cachot |
La
cage. La dernière cage de fer est
détruite à Loches le 14 juillet 1791.
En 1995, le Conseil Général d'Indre-et-Loire
décide de reconstruire l'une de ces célèbres
cages de fer - qui ont tant fait pour la sinistre réputation
de Louis XI. On suivit pour cela des documents des XVe,
XVIe et XVIIe siècles. La cage est en bois et
en fer. Les artisans ont utilisé les méthodes
du XVe siècle en usant non pas des centimètres,
mais des pieds et des pouces(!) Tous les détails
y ont été ajoutés : passe-plat,
latrines, système de fermeture.
Avec deux mètres de haut et deux mètres
en longueur, on pouvait s'y tenir debout et allongé.
Certains témoignages les décrivent même
comme confortables(!)
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Le souterrain au cur du tuffeau de Touraine (sous le martelet)
De cette galerie furent extraites les pierres de tuffeau du
donjon. |
Le
tuffeau de Touraine. C'est au tuffeau que
l'on doit la blancheur et la magnificence des châteaux
de la région. C'est une pierre calcaire tendre,
poreuse, mais qui durcit à l'air. Sa couleur
s'étale du blanc au jaunâtre, en passant
par le crème. On la trouve dans les vallées
de la Loire, de l'Indre et de la Creuze.
Au XIe siècle, le comte Foulques Nerra l'utilise
pour la construction de ses châteaux (Loches,
Langeais, Montbazon, Montrichard, Montrésor).
Une partie du château de Blois est également
bâtie en tuffeau. Au XXe siècle, de nouveaux
matériaux apparaissent. Son extraction se fait
plus rare. Néanmoins, on réutilisa le
tuffeau en 1994 et 1995 pour les travaux de restauration
du donjon de Loches.
La Touraine n'a pas l'exclusivité de la pierre
de couleur blanche. La pierre de Caen offre aussi un
bel aspect très clair. Au Xe siècle, Guillaume
le Conquérant fera construire la tour de Londres
en faisant venir de la pierre de Caen depuis sa Normandie
natale. Les Anglais, quant à eux, ne disposent
pas de pierres à la teinte aussi claire. Leurs
palais et leurs châteaux sont de couleur ocre
ou carrément marron foncé, ce qui rend
les bâtiments assez tristes. En se promenant entre
les murs extérieurs du château royal de
Hampton Court près de Londres, il faut reconnaître
qu'on a parfois l'impression d'être dans une prison.
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Les trois niveaux de la tour et les traces des cheminées |
Le rez-de-chaussée de la tour servait de réserve et
de cellier.
On voit l'ancien puits à droite au deuxième plan. |
Le donjon.
Attribué à Foulques Nerra, le donjon de Loches
est considéré comme l'un des plus imposants
de l'époque romane. Haut de 36 mètres, il est
élevé sur un plan quadrangulaire. Il ne reste
plus que l'ossature de pierre. Les parties boisées
(toit et planchers) ont disparu. Cependant on peut encore
apercevoir trois cheminées superposées (photo
de gauche), des traces de portes, un restant de chapelle.
Pour monter au sommet (appelé «niveau défensif»),
il faut grimper cent soixante marches et trois paliers. Mais
la vue sur la ville, la forêt domaniale et l'Inde en
vaut vraiment la peine.
Des panneaux expliquent toute l'organisation du donjon. Le
rez-de-chaussée servait de réserve pour les
aliments et les armes (on y trouve un puits). Au premier étage,
une grande salle servait de pièce d'apparat et de réception
(sur la photo elle est au niveau de la première cheminée).
Le comte y recevait l'hommage de ses vassaux. L'espace privatif
(appelé «Appartements») se situait au deuxième
étage. Il était divisé en petites pièces
à l'aide de cloisons mobiles. Henri II Plantagenêt
et Richard Cur de Lion ont vêtu à cet étage.
Enfin, le troisième étage est appelé
«niveau défensif». Lors d'un siège,
c'est depuis ce niveau que la forteresse est défendue.
Une porte s'ouvre sur les hourds, sorte de balcons en bois
qui ceinturaient le donjon à l'extérieur (voir
la photo de la maquette du donjon plus
haut). Les hourds étaient munis de trappes
utilisées pour envoyer des projectiles en chute verticale.
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La salle de réception au premier étage |
La salle de réception et la réserve vus des «appartements» |
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Les différents étages vus du niveau défensif
«««--- À GAUCHE
Un vestige de la chapelle. Le comte Foulques Nerra était un
homme très pieux. |
Pour monter au niveau défensif
il faut gravir cent soixante marches... |
Le niveau défensif. On y voit encore des traces de cheminées |
Beaulieu-lès-Loches et la collégiale
de la Trinité depuis le sommet du donjon |
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Vues du jardin médiéval au pied du donjon (ci-dessus
et à droite)
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Documentation : «Loches, Secrets de pierres»
d'Odile Ménard (ISBN 2-9523838-0-4) + brochure de visite +
Panneaux exposés dans le donjon |
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