Accueil
 Histoire navale
 Céramique
 Bibliographie
 Les Grands Thèmes
  PATRIMOINE
  Châteaux, palais,
    Églises, monuments
Est Ouest Sud-Ouest Nord IdF Sud-Est Centre-OuestCentre-Est
RÉGIONS


 Contact
Page créée en jan.. 2025
??
Le roi Salomon, statue colonne dans l'arrière-chœur

Il y a peu de références qui traitent du passé de l'église Saint-Martin. En 1968, dans le Dictionnaire des églises de France, Georges Poisson, conservateur au musée de l'Île-de-France, situe la construction de l'église au XIIIe siècle, avec remaniement postérieur. En 2000, le Patrimoine des Communes des Yvelines donne le XIIe siècle, avec une importante restauration au XIXe. Auparavant, en 1989, Jacques et Monique Laÿ, après une étude fouillée, donnaient dans leur livre Louveciennes mon village une première datation au XIe siècle...
Bref, l'église Saint-Martin remonte au Moyen Âge ; elle est romane avec un clocher néo-roman de la fin du XIXe siècle. Les parties les plus anciennes (XIe ou XIIe siècle) sont le chœur avec ses quatre piles massives et le chevet. Au cours des âges, la nef a subi des modifications ou des aménagements qui ont toujours respecté l'aspect roman.
Jusqu'à la Révolution, la vie de l'église s'écoule sans heurt. Au XVIIe siècle, la paroisse profite des dons des riches seigneurs qui s'installent au village de Louveciennes ou dans les environs proches. Au XVIIIe, la comtesse du Barry, qui possède un château au village et qui va y vivre vingt-quatre ans, se montre très généreuse : les accessoires du culte sont en partie renouvelés, voire complétés.
Lors de la Révolution, l'église est d'abord transformée en Temple de la Raison, puis, devant le peu de succès du Temple, en grenier à foin. Son état se dégrade ; le bas-côté nord finit par s'effondrer. Sous l'Empire et jusqu'en 1818, des restaurations hâtives sont entreprises. À la chute de l'Empire, Louveciennes est envahie par l'ennemi. La soldatesque pille les maisons et dérobe le mobilier de l'église, notamment une coupe et un ciboire. Élisabeth Vigée Le Brun, habitante de Louveciennes, paiera de sa poche le remplacement de ces deux objets sacrés.
Des modifications importantes vont s'étaler le long du XIXe siècle : la nef est raccourcie ; une nouvelle façade est érigée à l'ouest. Enfin, vers la fin du siècle, les murs latéraux et les voûtes sont restaurés.
L'église est classée monument historique en 1889.
Avec leurs médaillons à petites saynètes, les vitraux du XIXe siècle sont des pastiches du vitrail du XIIIe que l'on peut voir dans une verrière (baie 1) de l'arrière-chœur.
Les amateurs de vieilles pierres trouveront dans Saint-Martin de nombreuses marques romanes, dont des chapiteaux et des consoles. Le chevet comprend deux piscines, dont l'une est géminée. Enfin, dès son entrée, le visiteur ne peut qu'être frappé par les imposants piliers du XIIe siècle qui délimitent le chœur et soutiennent le clocher.

Vitrail de la vie de saint Martin, XIIIe siècle, détail

Vue d'ensemble de l'église Saint-Martin depuis l'entrée.
L'aspect massif des piliers du chœur est une composante essentielle de l'église.
LE CIMETIÈRE DES ARCHES À LOUVECIENNES

Huit arches de l'aqueduc traversent le cimetière des Arches.

Le cimetière des Arches et l'aqueduc (1/2).
Les amateurs d'art ne peuvent pas passer à Louveciennes sans aller voir la tombe d'Élisabeth Vigée Le Brun au cimetière des Arches. Tous ceux qui admirent l'œuvre de cette artiste connaissent la touchante épitaphe «Ici enfin je repose» gravée sur la pierre.
Élisabeth Vigée Le Brun découvre Louveciennes en 1786, à 31 ans, à l'occasion de son premier portrait de madame du Barry. Elle y reviendra jusqu'en septembre 1789. Elle fuit la France révolutionnaire le 6 octobre suivant. Son exil durera douze ans.
Radiée de la liste des émigrés, elle passe à Paris cette même année, mais repart en Angleterre et en Suisse. Elle rentre définitivement en France en 1809 et achète une maison de campagne à Louveciennes. Hormis lors de la présence des soldats pillards en 1814 et 1815, sa vie va s'écouler paisiblement entre son appartement parisien et son village de prédilection (visites de ses amis, peintures, promenades, jardinage, etc.).
En 1821, elle offrira à son village la seule toile religieuse qu'elle ait peinte : sainte Geneviève gardant ses moutons. Le peintre donna à la sainte les traits de sa fille Julie, morte deux ans plus tôt.
En 1841, sa santé se détériore. Élisabeth Vigée Le Brun s'éteint à 86 ans le 30 mars 1842 à son domicile parisien.
Elle est enterrée dans l'ancien cimetière paroissial de Louveciennes. En 1880, le cimetière est transféré sur un terrain près de l'aqueduc et deviendra le cimetière des Arches.
---»» Suite 2/2 plus bas.


Tombe d'Élisabeth Vigée Le Brun au cimetière des Arches.

Épitaphe de la tombe d'Élisabeth Vigée Le Brun : «Ici enfin je repose».

Gravure de la partie haute de la tombe d'Élisabeth Vigée Le Brun : une palette de peinture sur un socle.
Le gravé central, éclairé par le soleil, est entouré d'une couronne à feuillage.

Le cimetière des Arches et l'aqueduc (2/2).
---»» Le cimetière des Arches longe une belle réalisation architecturale de la fin du XVIIe siècle : l'aqueduc qui permettait de faire passer l'eau depuis Marly jusqu'au château de Versailles.
Le système global de l'acheminement de l'eau était assez simple : une machine pompait l'eau de la Seine et la faisait remonter de plus de 170 mètres dans un bassin situé sur la colline de Louveciennes, appelée Tour du Levant. Ensuite, elle s'écoulait le long de l'aqueduc selon une faible pente jusqu'à son extrémité sud-ouest, appelée Tour du Couchant. Cependant, on était loin d'être arrivés à Versailles !
Or le roi Louis XIV ne veut pas voir gâcher la perspective de la grande allée qui conduit au château de Marly (aujourd'hui route de Versailles). Donc l'eau, au moyen d'un siphon, s'écoulera depuis la Tour du Couchant dans des conduites souterraines qui longeront le chemin des carrosses.
C'est à Jules Hardouin-Mansart que le roi confie le dessin de cet ouvrage construit de 1682 à 1684 avec de la pierre extraite des carrières de Saint-Leu près de Creil. L'aqueduc possède 36 arches ; sa longueur est de 643 mètres.
Les propriétaires expulsés furent indemnisés. Notons un fait divers : l'aqueduc, prenant place sur les hauteurs de Louveciennes, vint à couper le vent d'un moulin ! C'était la mort assurée pour la petite entreprise de la veuve du meunier qui officiait là. Le roi eut pitié de ses larmes. En 1688, il paya le déplacement du moulin dans un endroit plus éventé aux environs de Marly.
En 1870-71, la Tour du Levant servit de poste d'observation aux Prussiens. Le roi Guillaume Ier et Bismarck la gravirent pendant les combats près du Mont Valérien. Lors du siège de Paris, une pièce d'artillerie y fut même installée.
En 1866, l'aqueduc est mis hors service, remplacé par des conduites souterraines. Il est classé au titre des monuments historiques en 1953.
Source : Louveciennes mon village de Jacques et Monique Laÿ, 1989.


Le cimetière des Arches, vue partielle.
La tombe d'Élisabeth Vigée Le Brun est au centre de l'image.
ASPECT EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

La façade occidentale de l'église Saint-Martin (XIXe siècle).

Ensemble néogothique de la porte occidentale (fin du XIXe siècle).

Deux têtes sculptées à la base de l'archivolte.
XIXe siècle.

L'église Saint-Martin vue depuis le chevet.
Le clocher néo-roman de la fin du XIXe siècle est soutenu par
quatre piles massives qui délimitent le chœur.
Au XIXe siècle, l'architecte a orné la porte avec les bas-reliefs d'un chevalier médiéval en armure et de sa dame.

L'église vue depuis le côté nord.

Architecture extérieure (2/2).
---»» Le clocher, bien assis sur quatre piliers massifs qui, à l'intérieur de l'édifice, délimitent le chœur, n'est pas le premier non plus. Une gravure du XVIIe siècle montre un clocher élancé. Mais, à la fin du XVIIIe, un autre clocher avait pris sa place. Il avait la forme d'une lanterne avec «huit potelets en bois supportant une coupole par l'intermédiaire d'un entablement percé d'orifices circulaires», écrivent Jacques et Monique Laÿ. Au début du XIXe, éprouvé par les tempêtes, il avait fait son temps. En 1833, un nouveau clocher, qui était en fait un rafistolage du précédent, lui succéda. Beaucoup le trouvèrent laid. Victorien Sardou, qui habitait Marly, le décrivit comme un «hideux pigeonnier».
On pensa dès lors à le remplacer. En 1868, l'architecte diocésain, conscient que les quatre piliers massifs qui le soutenaient bouchaient la vue des fidèles, proposa un clocher au-dessus de la façade ouest et un amincissement des piliers. Ce projet coûteux fut rejeté.
Il fallait pourtant un nouveau clocher. À force d'appels et de souscriptions, la mairie parvint à réunir assez de fonds pour lancer la construction, dans les années 1890, d'un clocher en harmonie avec l'ensemble roman. C'est le clocher actuel.

Bas-reliefs de têtes humaines sur le chevet du XIIe siècle.

Architecture extérieure.
Comme la photo ci-dessus le montre et comme le signalent Jacques et Monique Laÿ dans leur ouvrage Louveciennes mon village, on a peut-être, dans les temps reculés, créé un terre-plein pour donner un peu de surplomb à l'édifice sacré. On voit clairement que l'endroit est en pente descendante (ce qui est le cas aussi derrière l'église).
Si la façade moderne, assez fade, a été décriée au XIXe siècle, l'église n'en garde pas moins un chevet plat très ancien (XIe siècle) de style roman, renforcé de quatre contreforts à ressauts. L'observateur attentif pourra même y trouver deux petites têtes humaines romanes sculptées dans l'arcature qui surplombe les trois baies axiales.
Ce chevet n'est pas le premier en date. Dans la succession des édifices qui ont vraisemblablement été érigés sur ce terre-plein, Jacques et Monique Laÿ rappellent qu'il y a eu auparavant un ancien chevet qui comportait une abside semi-circulaire. Les fouilles ont montré l'existence de trois saillies sur sa périphérie, probablement des contreforts. Cette abside était donc de type carolingien. Elle serait située à l'heure actuelle au sein de l'arrière-chœur.
---»» Suite 2/2 à gauche.


Dans les temps médiévaux, il est possible qu'on ait créé un terre-plein
pour asseoir le caractère sacré de l'édifice car le terrain est en pente descendante.

La façade orientale de l'église est la plus ancienne (XIe ou XIIe siècle).
Sa consolidation est obtenue par quatre contreforts à ressauts.
«««--- Arcature romane sur le chevet (XIe ou XIIe siècle).
Les deux têtes humaines sont indiquées par des flèches.
LA NEF DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

Vue de la nef depuis le coin sud-ouest.
Les quatre piliers massifs qui délimitent le chœur (et supportent le clocher) coupent l'église en deux.

Architecture intérieure.
Cette architecture n'est pas banale. Il est rare de voir l'espace intérieur d'une église à ce point découpé en zones presque indépendantes, séparées par des piliers larges et massifs, en l'occurrence ceux qui délimitent le chœur.
L'église étant «orientée», la nef est à l'ouest. Cette nef et ses bas-côtés ont été restaurés (voire refaits), toujours dans le style roman, sans que l'on sache exactement à quel siècle.
Un point peu banal est à souligner dans la nef : il y a, au sud, deux arcades avec un pilier médian et, au nord, trois arcades et deux piliers. Ce que la photo ci-dessus montre clairement.
Dans la nef, l'élévation sud reçoit une belle suite d'arcades romanes alors que l'élévation nord reste nue.
Les chapiteaux à feuillage, assez simples, sont eux aussi de style roman. Jacques et Monique Laÿ les rattachent au début du XIIe siècle en rappelant que «au commencement du XIIe siècle on constate chez les artistes une volonté affirmée de rompre avec les traditions monastiques». Ces traditions se concrétisaient par une imitation des sculptures romaines ou byzantines au décor riche.
Les bas-côtés sont voûtés d'ogives de part et d'autre du chœur. Dans la nef, cependant, ils reçoivent une charpente en berceau. Les amorcements d'ogives (photo ci-dessous) montrent qu'il ne devait pas en être ainsi dans les plans prévus.
Voir la description du chœur et de l'arrière-chœur plus bas.
L'ensemble de l'église dégage un indiscutable aspect roman. Pourtant les historiens restent dans l'indécision pour fixer des dates de restaurations ou de réaménagements.

Chapiteaux romans des piliers de la nef.

Amorcements d'ogives dans le bas-côté sud.
On observe les mêmes amorcements dans le bas-côté nord.

Plaque de «fondation» sur le mur occidental.

«««--- Les amorcements d'ogives.
La photo ci-contre montre des amorcements d'ogives, autrement dit des débuts de retombées d'ogives : un architecte avait prévu, au nord et au sud, de bâtir des collatéraux voûtés d'ogives. À la place, on ne voit qu'une charpente en berceau.
Que s'est-il passé dans l'église pour que les plans, ou du moins une partie, aient avorté ? Un manque de fonds ? Et vers quelle époque ? Les archives sont muettes à ce sujet.


Plan de l'église Saint-Martin.
La voûte de la nef n'est portée que par trois piliers.
Les quatre piles massives qui délimitent le chœur
et soutiennent le clocher sont du XIIe siècle.

Chemin de croix, station XV : Jésus est ressuscité.

«««--- Plaque de fondation (1/2).
Deux plaques de «fondation» sont exposées sur le mur ouest de l'église. Elles relatent chacune une donation faite avant le décès du donateur au profit d'une œuvre de piété ou de bienfaisance. En échange, le bénéficiaire devait la plupart du temps faire dire des messes.
Dans la plaque ci-contre, Gervais Targer, décédé le 8 novembre 1504, donne à perpétuité aux marguilliers de l'église Saint-Martin une rente annuelle de vingt-quatre sols parisi.
En échange, ceux-ci doivent faire célébrer, le 8 novembre de chaque année, trois messes basses (au Saint-Esprit, à Notre-Dame et aux Trépassés) pour le salut de Gervais Targer et de son épouse Ysabeau.
---»» Suite 2/2 plus bas.


Vue de la nef depuis le coin nord-ouest.
Au premier plan (c'est-à-dire au nord), deux piles soutiennent la voûte en berceau du vaisseau central.
À l'arrière-plan (c'est-à-dire au sud), une seule pile soutient cette voûte
L'élévation sud est ornée d'une arcature de style roman, alors que l'élévation nord est nue.

«Le Pressoir mystique»
Tableau anonyme estimé de la première moitié du XVIIe siècle.

Le pressoir mystique.
Ce thème iconographique apparaît au XIVe siècle, se développe au XVe et disparaît peu à peu au XVIIIe.
Jésus, écrasé par le poids de la croix, foule des grappes de raisin. Le sang qui coule de ses blessures se mêle au vin. C'est l'illustration que la vie, ou du moins un aliment de vie, naît du sacrifice du Christ.
Lors de la Réforme, catholiques et protestants s'accorderont sur la puissance de cette image. Les premiers y verront le rôle fondamental de l'Église dans le salut de l'humanité ; les seconds, l'immédiateté de la Rédemption des hommes par le Christ. Source : panneau d'information dans l'église.
On pourra se reporter à un autre style de pressoir mystique : celui du vitrail de Léonard Gontier, daté du début du XVIIe siècle, à la cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul de Troyes. Le Christ y est allongé et reçoit le vin qui coule d'un cep de vigne où ont pris place les apôtres.

Plaque de fondation (2/2).
---»» À l'issue de ces messes, ils donneront quinze deniers à cinq pauvres souffreteux (trois deniers à chacun) «EN REMEMBRANCE DES CINQ PLAIES MORTELLES QUE NOTRE REDEMPTEUR SOUFFRIT POUR NOUS LE JOUR DE SA PASSION (...)»
La plupart du temps, ces donations en échange de messes étaient couchées sur parchemin. Toutes les archives des paroisses en contiennent. Leur nombre et leur spécificité conduisaient parfois les marguilliers des fabriques à un vrai casse-tête !
Jacques et Monique Laÿ, dans Louveciennes mon village, indiquent que, à la fin du XIXe siècle, la fabrique de Saint-Martin se voyait obligée de faire dire cent douze messes basses par an, «presque autant de messes chantées et deux services pour lesquels il faut au moins deux chantres... de quoi s'arracher les cheveux !»
Avec le temps, toutes ces obligations sont tombées dans l'oubli.


Statue de saint Antoine de Padoue
XIXe siècle ?

Le bas-côté nord, voûté d'ogives, débouche
sur la chapelle Sainte-Geneviève.
LE CHŒUR DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

Vue du chœur depuis l'entrée.
Le mobilier (autel de messe et ambon) est contemporain.
Seul le vitrail ornant la lancette de gauche, au-dessus de l'arcature du fond, est ancien.

Allégorie de la Cène sur le soubassement de l'autel de messe.

Chapiteaux néo-romans du XIXe siècle dans le pilier sud-ouest.

Le pilier sud-est du chœur est orné de deux consoles du XIIe siècle en face du bas-côté.

Le chœur de l'église Saint-Martin.
Le chœur est un endroit «enclavé». Situé entre les quatre piliers massifs qui soutiennent le clocher, il semble réfugié dans un cocon. Les piles, partie la plus ancienne de l'édifice avec le chevet, remontent au XIIe siècle. Certaines ont été refaites au XIXe.
Elles sont ornées de sculptures à feuillages, de têtes humaines ou de masques. Ces sculptures sont estimées du XIIe siècle et relèvent de l'art roman. Au XIXe siècle, des chapiteaux néo-romans ont été ajoutés sur la pile sud-ouest.
Que la vue du chœur soit obstruée par les piles massives contrariait visiblement certains fidèles. Ainsi, en 1868, quand on voulut changer le clocher qui datait de 1833, l'architecte diocésain suggéra carrément de le supprimer, d'en construire un nouveau au-dessus de l'entrée et... d'amincir les quatre piliers. Les fidèles pourraient enfin voir le chœur.
La Commission des Beaux Arts rejeta totalement cette idée coûteuse. Ce qu'avec le recul on ne peut qu'approuver : à elles seules les piles massives sont un morceau d'Histoire.


Le chœur est enchâssé dans quatre piliers massifs du XIIe siècle.
Dans la partie droite, le pilier sud-ouest est orné de deux chapiteaux néo-romans du XIXe siècle.

Console avec tête humaine du XIIe siècle
sur le pilier sud-est.

Chapiteau néo-roman du XIXe siècle
sur le pilier sud-ouest.
Christ en croix, détail.
Pile sud-est du chœur.

Console avec tête humaine du XIIe siècle
sur le pilier nord-est.

L'aigle et le taureau du tétramorphe
sur l'ambon contemporain.

Le dieu gaulois Ogmi est repris dans ce chapiteau
néo-roman du XIXe siècle.
     
Consoles romanes ornant le pilier sud-est du chœur.
L'ARRIÈRE-CHŒUR DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

L'arrière-chœur et ses vitraux du XIXe siècle.
À gauche, la chapelle Sainte-Geneviève reçoit l'ancien maître-autel de l'église situé jadis contre le chevet, là où l'on voit la crèche de Noël.
Au second niveau, au nord et au sud, on peut voir un ancien triforium.

Statue de sainte Marthe.
XVIIe siècle.
Chapelle Sainte-Geneviève.

L'arrière-choeur.
On peut considérer ce vaste espace comme la réunion des extrémités des bas-côtés nord et sud (avec chacun son autel latéral) et de la partie orientale du chœur. Pour l'esthétique architecturale et la facilité de la présentation, on peut aussi le qualifier d'«arrière-chœur».
La partie centrale du chevet est creusée d'une grande niche qui était anciennement obstruée par le maître-autel. Celui-ci est actuellement l'autel Sainte-Geneviève (à gauche sur la photo ci-dessus).
Le visiteur portera utilement son regard vers les deux piscines creusées dans la pierre du chevet, vraisemblablement vers les XIe-XIIe siècles.
Les deux statues-colonnes du roi Salomon et de la reine de Saba sont des moulages en plâtre de sculptures originales initialement dans le portail de l'église Notre-Dame à Corbeil. Ces sculptures sont maintenant au Louvre.


Voûte de l'arrière-chœur avec l'arcature néo-romane et la rose du XIXe siècle.

Les vitraux.
Le XIXe siècle a vu le remplacement des verres blancs (qui dataient vraisemblablement du XVIIe) par des verrières figurées.
Une seule verrière est ancienne : celle qui orne la baie de gauche (baie 1) au sein des trois baies axiales. Ces trois baies illustrent la vie de saint Martin.
Cette verrière ancienne pourrait remonter à l'année 1200, en tout cas être datée du XIIIe siècle. Son panneau du bas illustre la rencontre fameuse entre Martin à cheval et le mendiant.
Au XIXe siècle, les ateliers sollicités pour créer les verrières ont respecté le style médiéval de cette baie.
Parmi ces ateliers, on note : celui de Didron Aîné, auteur en 1856 de la rose axiale, donnée ci-dessous ; celui de Bonnot qui a réalisé les vitraux de la vie de saint Fiacre et de la vie saint Laurent.
Les deux baies axiales modernes (qui complètent la baie médiévale) sont indiquées par le Patrimoine des Communes des Yvelines (Flohic éditions) comme sortant de l'atelier Paul Moutier à Saint-Germain-en-Laye. L'ouvrage Louveciennes mon village indique, quant à lui, que sa composition est due à «l'atelier Chatel et Fialex, élèves à la manufacture royale de Sèvres.» Il faut préciser : François Fialex (1818-1886) quitte la manufacture de Sèvres en 1840 pour créer son atelier à Mayet, près du Mans. René Chatel est son cartonnier.


La clé de voûte de la partie centrale de l'arrière-chœur est ornée d'une tête humaine qui regarde le chœur.

Rose du chevet : Jésus en majesté est accompagné d'anges en prière.
Atelier Didron Aîné, 1856.

Autel de la Vierge dans la partie sud de l'arrière-chœur.

Baie 1 : Vie de Saint Martin.
Vitrail du XIIIe siècle, restauré au XIXe.

Baie 1 : la vie de saint Martin.
Daté des XIIe-XIIIe siècles, c'est le seul vitrail ancien de l'église.
Lecture de bas en haut.

Médaillon 4:
«Martin descendu de sa chaire
prend le pas sur les frères prêcheurs», lit-on dans Louveciennes mon village à la description de ce vitrail.
Ce ne peut être qu'une allégorie : Martin vivait au IVe siècle et l'ordre des frères prêcheurs (les Dominicains) a été créé au XIIIe siècle.


Médaillon 3 :
Martin se tient derrière saint Hilaire, évêque de Poitiers dont il est devenu le disciple. Ce dernier bénit le monastère de Ligugé. C'est là que Martin se retirera.








Médaillon 2 :
Martin guérit un lépreux par un baiser.





Médaillon 1 :
Martin, sur un cheval blanc, coupe
la moitié de son manteau et la donne à un mendiant.
(Épisode fondateur du mythe de saint Martin.)

Les vendangeurs ---»»»
François Fialex & René Chatel
ont été formés à la Manufacture de Sèvres. Fialex a créé un atelier de verrerie à Mayet, près du Mans. Chatel sera son cartonnier.
On leur doit quelques-uns des vitraux de l'église Saint-Romain à Sèvres.


Vitrail de la vie de saint Martin, détail : Martin coupe son manteau
Panneau du XIIIe siècle restauré au XIXe.

Vitrail central du chevet, détail : Les vendangeurs.
Composition de l'atelier de François Fialex au XIXe siècle.

L'arrière-chœur avec le bas-côté nord (à droite sur la photo) et l'entrée du chœur
Les deux grandes statues-colonnes, le roi Salomon et la reine de Saba, sont des moulages en plâtre.

Statue moderne de la Vierge à l'Enfant, détail.
Autel de la Vierge.

Vitrail de la Vie de Marie :
Naissance, Annonciation, Apothéose.
Vitrail posé en 1900, atelier inconnu.

Statue du roi Salomon, détail.

«««--- Vie de Saint Martin
Atelier François Fialex au Mans.
Fin du XIXe siècle.


Vitrail de la vie de saint Martin, détail :
Martin évêque guérit un lépreux
XIIIe siècle.

Vitrail du XIXe siècle : Vie de saint Vincent.

Vitrail de vie de saint Vincent (XIXe siècle).
Panneau du bas : Dacien, envoyé par l'empereur Dioclétien, est en charge de la région de Valence. Il somme Valère, évêque de la ville, et son élève Laurent de sacrifier aux idoles. Laurent refuse d'un geste ferme ; Valère, prudent, se cache derrière lui.
Panneau médian : Valère a été exilé ; Vincent est harcelé par Dacien pour abjurer, supplices à l'appui ; deux anges soutiennent Vincent.
Panneau supérieur : le corps de Vincent supplicié est laissé dans la forêt ; un aigle veille sur lui pour que les bêtes sauvages ne le dévorent pas.

«««--- Vitrail de la vie de saint Martin (XIXe siècle).
Ce vitrail, situé dans l'axe central, a été offert par la confrérie des vignerons. Il a été composé par l'atelier de François Fialex situé au Mans. Le cartonnier est René Chatel.
Demi-médaillon du bas : allégorie des vendanges.
Demi-médaillons verticaux du bas : Auxence, évêque arien de Milan, chasse Martin : Martin ressuscite un mort.
Médaillon plein du bas : Martin explique aux adeptes de l'ancienne religion qu'ils sont dans l'erreur.
Demi-médaillon vertical du haut à gauche : des gens demandent à Martin d'être instruits des secrets de l'Évangile ; celui-ci les repousse car leur esprit est fermé à son contenu.
Demi-médaillon vertical du haut à droite : un arbre sacré païen est abattu par ordre de Martin ; les paysans, furieux, exigent qu'il reste dessous, mais l'arbre tombe de l'autre côté ; les paysans s'enfuient, effrayés.
Médaillon plein du haut : Martin est sacré évêque de Tours en 371.

LES PISCINES DU CHEVET

Piscines géminées dans la chapelle Sainte-Geneviève.
Quel était donc le rôle exact de chacune de ces deux cuvettes ? Mystère.

Les piscines du chevet.
La piscine est une petite cuvette creusée dans la pierre près d'un autel. Après avoir touché les espèces sacramentelles, le prêtre doit se laver les mains. L'eau usagée est jetée dans un lieu sacré. Le prêtre peut alors se retourner vers les fidèles.
L'église Saint-Martin compte une piscine double dans la chapelle Sainte-Geneviève (partie nord du chevet) et une autre à la droite de la niche axiale (photo ci-dessous), une niche qui accueillait donc un autel.
L'évacuation de l'eau usagée est toute simple. Elle passe dans l'orifice de la cuvette et sort par la bouche de la sculpture en forme de tête humaine située plus bas. Ensuite elle se déverse dans la terre entre deux dalles au sol. Avec le temps, les changements ou aménagements de dallages au sol ont effacé les traces.
La présence de piscines géminées est étonnante. Comme le suggère l'ouvrage Louveciennes mon village, y avait-il une piscine pour purifier le calice et une autre pour se laver les mains ? Ce qui soulignerait l'importance, restée mystérieuse, de cet autel latéral affublé de deux piscines.
On ne connaît pas la date de construction exacte des parties les plus anciennes de l'église actuelle. Cependant la présence des piscines en donne une idée. Jacques et Monique Laÿ;, dans Louveciennes mon village, placent ainsi cette construction au XIe siècle, au plus tard au XIIe siècle. «Ces piscines, écrivent-ils, se rencontraient alors dans les chapelles des églises cathédrales et conventuelles, plus rarement dans les églises paroissiales.» Ce qui, pour certains, renforce l'hypothèse d'un ensemble de bâtiments conventuels à Louveciennes, voire carrément d'un monastère. Une hypothèse corroborée par la présence de caves dans le sous-sol immédiat.


Piscines géminées : tête humaine en bas-relief
ornant le petit espace séparant les deux piscines.

Piscines géminées : tête humaine en bas-relief.
L'eau usagée s'écoulait par la bouche.

Piscine à côté de la niche axiale.
L'eau usagée s'écoulait par la bouche de la tête humaine (donnée ci-dessous).

Vie de sainte Geneviève.
Vitrail de la fin du XIXe siècle, atelier inconnu.

Vitrail de la vie de sainte Geneviève (XIXe siècle).
Panneau du bas : saint Germain d'Auxerre passe à Nanterre et salut la petite Geneviève et ses parents.
Panneau médian : en 451, Geneviève arrête Attila devant Paris.
Panneau supérieur : Paris étant assiégée, Geneviève nourrit les pauvres de la ville avec les victuailles qu'elle a rapportées sur des bateaux malgré le siège.


Piscine à un seul bassin : tête humaine en bas-relief.
L'eau usagée s'écoulait par la bouche.

La reine de Saba, détail.

Vie de saint Laurent.
Vitrail de l'atelier Bonnot posé en 1897.

Vitrail de la vie de saint Vincent (XIXe siècle).
Panneau du bas : L'empereur romain Dèce somme Laurent, en charge de la gestion des biens de l'Église, de lui livrer tous les biens. Laurent refuse ; un soldat l'entraîne.
Panneau médian : devant l'envoyé de Dèce, Laurent distribue les biens de l'Église aux pauvres.
Panneau supérieur : Dèce, rendu furieux par cette distribution, condamne Laurent à être rôti sur un gril.


Vue d'ensemble de l'église depuis l'arrière-chœur.
Les piliers massifs qui soutiennent le clocher limitent la vue au seul chœur.

Documentation : «Louveciennes mon village» de Jacques et Monique Laÿ, 1989
+ «Le Patrimoine des Communes des Yvelines, Flohic Éditions, 2000
+ «Dictionnaire des églises de France», Éditions Robert Laffont, 1968
+ Base Mérimée
+ documents affichés dans l'église.
PATRIMOINE CARTE PATRIMOINE LISTE Retourner en HAUT DE PAGE