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L'église Saint-Eustache à
Viroflay
n'est pas très connue. Avec une courte nef et deux collatéraux,
c'est un petit édifice qui n'est ouvert que pour les offices.
Pourtant son histoire est glorieuse : il fut chapelle royale.
Parmi les châtelains de l'ancien et vaste domaine où
il s'élève, on compte la famille Le Tellier et le
Grand Dauphin.
Depuis 1493, le domaine de Viroflay
est aux mains de la famille Aymery. On y cultive la vigne et les
céréales (blé, orge, avoine). Au début
du XVIe siècle, il rassemble une centaine de villageois.
L'origine de Saint-Eustache tient dans les critiques de ces villageois
envers la paroisse de Montreuil et son église Saint-Symphorien
(actuellement intégrée à Versailles).
Cette église est le lieu de culte officiel des Viroflaysiens,
mais elle est à deux lieues de distance (une demi-heure de
marche). Les chemins pour s'y rendre sont en mauvais état.
Et, par temps de pluie, ils sont boueux. Seigneurs et paysans réclament
donc une église à Viroflay
même.
En 1519, un arbitrage est rendu : le curé de Montreuil aura
désormais l'obligation de célébrer une messe
à Viroflay
chaque dimanche et chaque fête. Il faut donc construire un
édifice. Ce sera la nef actuelle de Saint-Eustache, bâtie
par les paroissiens eux-mêmes, à l'emplacement de l'ancienne
chapelle. Le tout est terminé en 1543. En tant qu'église
autonome, elle reçoit la dîme d'une abbaye, près
de Bièvres. En 1546, la paroisse de Viroflay
est établie en droit.
On ignore si les guerres de Religion conduisent à la dégradation
de l'église. En revanche, lors de la Fronde, l'édifice
est profané. Le village, pillé par la soldatesque,
reste dans la misère sous le règne de Louis XIV. En
1660, les seigneurs Aymery finissent par céder leur domaine
à la famille Le Tellier.
Dès 1672, le chancelier Michel Le Tellier fait entreprendre
d'importantes restaurations : d'abord la consolidation des murs
(rendue nécessaire par la présence de marnes dans
le sous-sol) ; enfin l'agrandissement de l'édifice. Deux
chapelles sont érigées au nord et au sud du chur.
Puis suivent le beffroi et son clocher. Deux horloges sont fixées
au clocher pour être visibles par les voyageurs qui empruntent
la route principale est-ouest.
En 1691, Louvois s'éteint. Sa veuve vend la seigneurie de
Meudon au Grand Dauphin en 1695. Celui-ci, quelques mois plus tard,
accroît le domaine en acquérant la seigneurie de Chaville
et Viroflay
qui lui était contiguë. Céréales, vignes
et forêt rendent l'ensemble prospère, favorisé
en outre par l'installation, en 1682, de la Cour à Versailles,
cité royale toute proche. Des blanchisseries s'installent,
ainsi que d'autres métiers que l'on imagine : voituriers,
hôteliers, restaurateurs.
Viroflay rentre alors dans le domaine privé des chasses royales
(avec saccage des champs à la clé...) ; Saint-Eustache
est placée sous la responsabilité de l'architecte
royal. Le Roi possède son banc dans le chur
de l'église ; le curé devient le «curé
de la paroisse royale de Viroflay».
En 1726, le village est rattaché aux biens de la Couronne,
donc directement géré par la Maison du Roi. Pour le
grand profit de l'église et de son chapelain.
En 1771-1772, de grands travaux (toiture, voûte, plancher,
chapelle latérale) donnent à Saint-Eustache sa dimension
actuelle. Le village compte près d'un millier d'habitants.
À la Révolution, l'église devient temple de
la Raison. En novembre 1793, elle est mise à sac. Tous les
biens sont vendus aux enchères, y compris le linge et les
boiseries offertes par Louis XIV. Les cloches sont fondues. L'édifice
est fermé.
Avec le Concordat de 1801, Saint-Eustache est réaffectée
au culte.
Au XIXe siècle, l'église est restaurée et embellie
(tableaux, autel, vitraux, statues, etc.). Notons que, sous le Second
Empire, l'actuelle mairie de Viroflay était le pavillon du
duc de Morny. En lui rendant visite, l'impératrice Eugénie
offrit à l'église Saint-Eustache une copie
du tableau de Ribera représentant saint Antoine de Padoue
ainsi qu'un dais brodé au fil d'or. Ce dais est conservé
parmi les textiles de sacristie.
Enfin, une ultime restauration de l'édifice, avec mise aux
normes, est entreprise dans les années 1970. Dans les années
1980, l'église reçoit quatre
vitraux conçus par l'artiste viroflaysienne Danièle
Fuchs, à la fois peintre et graveur.
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La nef et le chur de Saint-Eustache.
Sans les lumières du chur, l'église serait sombre. |
La façade ouest et le clocher.
Première moitié du XVIe siècle |
Vue d'ensemble de l'église (1ère moitié du XVIe
siècle).
Statue de saint Eustache dans la chapelle Saint-Eustache ---»»» |
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Chapelle Saint-Eustache dans le côté sud.
À l'époque des chasses royales, c'était
la chapelle des Gardes du Roi. |
Les
vitraux de Danièle Fuchs.
Danièle Fuchs (1931-2013) est une
artiste viroflaysienne, à la fois peintre et
graveur. Elle a réalisé quatre vitraux
pour l'église Saint-Eustache, tous donnés
ici.
Notons que la découpe des verres et la cuisson
de ces quatre vitraux ont été assurées
par A. Ripeau, le fils d'Henri Ripeau, maître
verrier versaillais, qui a créé trois
verrières pour l'église Notre-Dame
de Lourdes à Chaville.
Danièle Fuchs s'est aussi distinguée dans
la gravure sur cuivre comme le montre le Chemin pascal,
qui tient lieu de Chemin de croix, à l'église
Sainte-Bernadette
de Chaville.
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«La Vigne et le blé»
Vitrail de Danièle Fuchs, 1980. |
Vitrail du XIXe siècle : Vie de saint Eustache, détail. |
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Saint
Eustache. Sa vie s'insère totalement
dans le cadre mythologique chrétien, un cadre
dont la Légende dorée écrite
au XIIIe siècle par Jacques de Voragine est l'un
des piliers.
Le premier épisode légendaire qu'on lui
prête, alors qu'il s'appelait encore Placide,
est celui de l'apparition de la croix du Christ entre
les bois d'un cerf lors d'une chasse, à l'époque
de l'empereur romain Trajan. Ce que montre la scène
ci-dessus. À l'instar de saint Paul sur le chemin
de Damas, le chasseur entendit alors le Christ lui demander
: «Placide, pourquoi me persécutes-tu ?»
L'intervention divine fut suivie de la conversion de
Placide et de son changement de patronyme.
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«Le Baptême de Jésus»
Vitrail de Danièle Fuchs, 1988.
Le Christ et saint Jean-Baptiste n'ont pas d'auréole. |
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Gisant de saint Tarcisius, 1868.
Jean-Joseph-Alexandre Falguière. |
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Saint
Tarcisius est le saint patron des enfants
de chur. Le gisant, en marbre de Carrare, est
de la main du sculpteur Jean-Joseph-Alexandre Falguière
et daté de 1868. Un exemplaire un peu plus grand
est exposé au musée d'Orsay.
Le livre sur l'église Saint-Eustache indique
que Tarcisius est mort martyr lors des persécutions
de la seconde moitié du IIIe siècle. Il
est enseveli dans la catacombe Saint-Callixte sur la
via Appia.
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«Jésus et la Samaritaine»
Vitrail de Danièle Fuchs, 1988. |
«««---
«Crucifixion»
Tableau de Nicolas Carrega (1914-1993). |
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«Jésus et la Samaritaine», détail.
Vitrail de Danièle Fuchs, 1988.
On remarque que le Christ n'a pas d'auréole. |
«L'Assomption»
Copie du tableau de Pierre-Paul Prud'hon (1758-1823).
Auteur : L. Gilbert, 1820. |
Autel de la Vierge dans l'absidiale nord. |
Autel
de la Vierge. Ce très bel autel néogothique
date de la seconde moitié du XIXe siècle.
Il vient de la chapelle privée qu'un chanoine
de Sainte-Clotilde
à Paris, l'abbé Hamelin, possédait
à Viroflay. Après sa mort, son exécuteur
testamentaire le fit transférer à Saint-Eustache
en 1935, où on l'adapta aux dimensions de la
chapelle.
L'autel a été rénové en
1991. Les statues qui avaient disparu (sainte Clotilde,
saint Louis et les rois et prophètes qui entourent
la Vierge à l'Enfant) ont été refaites
par un sculpteur de Massy.
Source : Église
Saint-Eustache, ©uvre Saint-Eustache,
2013.
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Autel de la Vierge : la Vierge à l'Enfant, détail. |
Autel de la Vierge : saint Louis, détail. |
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«Vierge à l'Enfant»
Tableau anonyme donné par une famille de Viroflay.
«««--- Autel de la Vierge : Isaïe
avec sa scie. |
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Autel de la Vierge : sainte Clotilde, détail. |
«Saint Antoine de l'Enfant Jésus»
Copie du tableau de Ribera. |
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«««---
«Sainte Anne», vitrail de l'atelier Lobin
à Tours, 1881.
Le visage de Marie est celui de l'arrière-petite
fille de la donatrice, Mme Amédée Dailly.
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Vitrail de l'atelier Lobin, Tours, 1881 «Sainte Anne»,
détail. |
Sainte
Anne et l'Éducation de la Vierge.
Ce vitrail de 1881 réalisé par l'atelier
Lobin à Tours
mérite bien un agrandissement. Le visage de Marie
n'est pas inventé : c'est celui de l'arrière-petite
fille de la donatrice, Mme Amédée Dailly.
Et quel visage ! Les joues rondes, le menton volontaire,
les lèvres closes dans une plissure nerveuse,
les yeux frondeurs marquent toute la détermination
de la jeune fille qui a l'air de savoir ce qu'elle veut
!
Son expression, qui dégage une vraie malice autoritaire,
défie ouvertement sainte Anne et son enseignement.
Un auteur de bandes dessinées s'autoriserait
à l'enrichir d'une légende appropriée,
du style : «Cause toujours !» L'histoire
ne dit pas si le curé de Saint-Eustache a marqué
un point de désaccord avant la pose de ce vitrail...
Sur le même thème, le vitrail d'Albert
Gsell, daté des années 1930, à
l'église proche de Notre-Dame
de Lourdes à Chaville,
montre en revanche une petite Marie douce et attentive.
Ce qui est la façon habituelle de peindre la
Vierge dans cette scène traditionnelle.
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Rois et prophètes
dans l'autel de la Vierge, détails. |
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LE CHUR
DE SAINT-EUSTACHE |
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Le chur de l'église Saint-Eustache et le vitrail de Danièle
Fuchs. |
Vitrail de l'atelier Lobin à Tours, 1881 : «Saint
Pierre»
(donatrice Mme Amédée Dailly). |
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Le chur de l'église Saint-Eustache.
«««---
Peinture de la voûte du chur et ses anges. |
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L'agneau immolé sur la voûte du chur. |
Chapiteau à feuilles d'acanthe et tête de chérubin
dans le chur. |
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L'orgue de tribune est un Cavaillé-Coll (daté de 1900,
dernière restauration en 2013). |
Vitrail du XIXe siècle : «La Pentecôte et le Couronnement
de la Vierge». |
La nef et l'orgue de tribune. |
Documentation : «Église Saint-Eustache»,
©uvre Saint-Eustache, nouvelle édition 2013. |
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