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L'église Saint-Nicolas-Saint-Marc
de Ville-d'Avray est l'une des rares églises construites
sous la Révolution. La première pierre en fut posée
le 11 juillet 1789 et l'édifice fut consacré en 1791
par un prêtre constitutionnel.
Historiquement, le bourg de Ville-d'Avray abritait un prieuré
tenu par des moines célestins, seigneurs de la contrée.
À ce prieuré était rattachée une ancienne
église, érigée au XIIe siècle, dédiée
à Saint-Nicolas, Le roi Louis XV acquit l'ensemble des domaines
en 1747. Enfin, en 1784, Louis XVI fit de son valet de chambre,
Marc-Antoine Thierry, baron de Ville-d'Avray. L'église
du XIIe siècle étant très délabrée,
celui-ci s'engagea à la reconstruire sur les bénéfices
du Garde-Meuble dont il était l'intendant. L'ancien édifice
fut détruit en 1791. En hommage au nouveau seigneur des domaines,
l'église fut dédiée à saint Nicolas
et à saint Marc. Les règles de la Révolution
s'appliquaient : l'église devint aussitôt propriété
de la commune. En 1793, elle fut transformée en temple de la Raison,
puis rendue au culte en 1795.
L'édifice a été construit par Charles-François
Darnaudin, architecte des Bâtiments du roi. Il est orienté
nord-sud.
En 1968, pour le Dictionnaire des églises de France
paru chez Robert Laffont, Michel Melot, conservateur au Cabinet
des Estampes de la Bibliothèque nationale, décrit
le style architectural de l'église : «L'architecte
Charles-François Darnaudin y a déployé le plus
pur goût de l'époque : grands murs nus à refends,
volumes à angles vifs, voûte en berceau entièrement
caissonée et fenêtres hautes étroites en pénétration
dans la voûte. Cet édifice constitue un magnifique
exemple du style de la fin du XVIIIe siècle.»
L'église a subi une première restauration en 1830,
puis une deuxième, intérieure et extérieure,
entre 1971 et 1993.
Même si elle est de taille modeste, Saint-Nicolas-Saint-Marc
est très riche en d'uvres d'art. Sa décoration
intérieure a été en partie assurée par
des artistes de renom qui séjournaient à Ville-d'Avray.
Camille Corot y a peint quatre petites fresques
sur les murs du transept. James Pradier a offert certains
des plâtres créés pour ses uvres en marbre.
Quant au chur,
il ravira les amoureux du style classique. La coupole à caissons
est portée par quatre pendentifs où l'artiste Armand
Chambellan a peint les évangélistes
en 1844. Sur la voûte
en cul-de-four, hommes, femmes et enfants de toutes conditions
adressent leurs prières à saint Nicolas. C'est aussi
une uvre d'Armand Chambellan.
Ville d'Avray n'est pas la ville la plus connue de l'Ouest parisien,
pourtant la beauté de son église justifie une visite.
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Vue générale de la nef et du chur de Saint-Nicolas-Saint-Marc.
La voûte est couverte de caissons sculptés.
La croisée du transept est coiffée d'une coupole aplatie également
ornée de caissons. |
L'aspect extérieur de Saint-Nicolas-Saint-Marc est très
sobre.
Le fronton n'abrite qu'une horloge, le clocher est très discret.
À DROITE ---»»»
La chaire à prêcher (du XIXe siècle) est
en bois de chêne.
Elle a été classée aux Monuments historiques
en 1928. |
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La Sainte Famille, vitrail offert par une famille de la ville en 1886,
détail du tympan.
Croisillon nord. |
Chapelle Saint-Nicolas dans le croisillon «nord».
A l'origine, elle était réservée au baron Marc-Antoine
Thierry, maître d'ouvrage.
Fresque de Camille Corot au-dessus du vitrail ; fresque de Jules Richomme
au-dessus du retable.
La chapelle Saint-Nicolas
et son retable de style «classique» ---»»»
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Le Couronnement de la Vierge.
Vitrail offert par une famille de la ville en 1886, détail
du tympan.
Croisillon sud. |
LES FRESQUES DE
CAMILLE COROT ET DE JULES RICHOMME |
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«Adam et Ève chassés du Paradis terrestre»
Fresque de Camille Corot, 1856. |
Camille
Corot (1796-1875) a commencé à exercer ses talents
de peintre à Ville-d'Avray, Après avoir offert son
Saint Jérôme
à l'église en 1849, Corot réalisa gracieusement,
à la demande du curé, quatre fresques dans les
renfoncements rectangulaires des croisillons du transept.
Ces fresques sont peintes à l'huile directement sur le mur,
sans enduit ni apprêt.
Classées monuments historiques et situées
à environ six mètres de haut (voir photo plus
haut), il faut une paire de jumelles ou un téléobjectif
pour vraiment les apprécier... à condition de
bénéficier de l'éclairage électrique.
Sinon, les fresques sont plongées dans la pénombre.
On trouve : Adam et Ève chassés du Paradis
terrestre, Le baptême de Jésus, Le
Christ au jardin des Oliviers et Madeleine au désert.
Dans l'ouvrage cité en source, on apprend que, à
l'époque de Corot, les vitraux étaient constitués
de verre blanc, ce qui améliorait évidemment
la clarté dans le transept. De plus, en 1890, une proposition
fut faite par le conseil paroissial pour percer des ouvertures
dans les plafonds de ce même transept, toujours pour
augmenter la visibilité des uvres. Faute de moyens,
ce projet, tout à fait réalisable, n'aboutit
pas.
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Il y a quatre autres niches dans
les murs de l'église susceptibles d'accueillir une
fresque : deux dans le transept, deux autres dans l'entrée.
Pris par d'autres tâches, Corot ne put se charger de
tout. Aussi présenta-t-il son ami et peintre Jules
Richomme au curé de l'église pour les quatre
autres.
Dans les chapelles du transept, on peut voir ainsi : Le
Repos de la Fuite en Égypte et Saint Nicolas
sauvant des matelots de la tempête. Le style de
Richomme rejoint celui de Corot.
Les deux autres fresques peintes par Jules Richomme, situées
dans l'entrée de l'église, sont peu visibles.
Il s'agit de L'Entrée de Jésus à Jérusalem
et Jésus montant au Calvaire. Toutes les fresques
de Richomme sont données ci-dessous.
Source : L'église de
Ville-d'Avray de Dominique Cécile Claudius-Petit,
Éditions Sutton, 2015.
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«Le baptême de Jésus»
Fresque de Camille Corot, 1856. |
«Jésus au jardin des Oliviers»
Fresque de Camille Corot, 1856. |
«Marie Madeleine en prière»
Fresque de Camille Corot, 1856. |
«Jérome dans le désert» par Camille Corot,
1849.
Camille
Corot (1796-1875) est avant tout un peintre de
paysages. En 1849, il offre à l'église de Ville-d'Avray cette
peinture de saint Jérôme dans le désert,
exposée - et remarquée - au Salon de l'Académie
Royale de peinture de 1837.
Le paysage, représentatif de son style, n'utilise qu'une
gamme restreinte de couleurs. L'image en gros plan à
droite permet de découvrir le regard extatique de saint
Jérôme ainsi que l'aspect glacé et violacé
de son corps. Corot racontait souvent qu'il n'avait pas les
moyens de chauffer son atelier. Pour cette toile, son modèle
serait mort quinze jours après avoir posé...
On pourra regarder avec intérêt une autre toile
de saint Jérôme dans le désert : celle
du Guerchin (XVIIe siècle) exposée à
l'église Saint-Laurent
de Nogent-sur-Seine. Le regard de Paul, tombé à
bas de son cheval sur le chemin de Damas, est souvent aussi
représenté avec des yeux extatiques devant l'apparition
du Christ. Voir à ce sujet la Conversion
de saint Paul par Michel-Martin Drölling (1850) à
l'église Saint-Sulpice,
Paris 6e.
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«Jérome dans le désert», gros plan sur le
regard extatique du saint.
Il faut une paire de jumelles ou un téléobjectif pour
voir ces yeux
extatiques car la toile est suspendue assez haut dans la nef. |
«Le Repos de la Fuite en Égypte»
Fresque de Jules Richomme, 1856. |
«Saint Nicolas sauvant des marins de la tempête»
Fresque de Jules Richomme, 1856. |
« «Jésus montant au Calvaire»
Fresque de Jules Richomme, 1856. |
«L'Entrée de Jésus à Jérusalem»
Fresque de Jules Richomme, 1856. |
LE CHUR
DE L'ÉGLISE SAINT-NICOLAS-SAINT-MARC |
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Le chur de Saint-Nicolas-Saint-Marc
La symétrie des sculptures, des vitraux, la présence
d'une très belle Descente de Croix
dans le retable et la voûte peinte assurent à ce chur
une beauté toute classique. |
«Le baptême de Jésus»
Plâtre dans le chur par François Rude.
C'est une copie de l'original qui est à la Madeleine à
Paris. |
La Vierge en prière
Plâtre offert par James Pradier
à l'église de Ville-d'Avray. |
«Le mariage de la Vierge»
Plâtre offert par James Pradier à l'église. |
Cette sculpture est le modèle
créé pour l'original en marbre ---»»»
que l'on peut voir dans l'église de la Madeleine à Paris. |
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Sainte Germaine et son mouton, détail d'un vitrail dans
le transept. |
James
Pradier (1792-1852).
Il fut, avec David
d'Angers, le sculpteur préféré
du roi Louis-Philippe.
James Pradier obtint le grand prix de Rome en 1813 et
devint membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1823.
En 1830, l'artiste achète une maison à Ville-d'Avray.
Il a offert à l'église de sa ville un
saint
Louis, une Vierge
debout en prière et le modèle du Mariage de la Vierge
dont une vue partielle est donnée ci-contre.
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«Le mariage de la Vierge» de James Pradier, détail. |
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Fresque sur la voûte en cul-de-four.
uvre du peintre Armand Chambellan, 1844. |
Vitrail de saint Nicolas dans le chur.
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Peinture dans le retable du chur. |
«Le Christ»
Plâtre offert par le sculpteur Duret à l'église. |
Vue de la nef et du chur. |
Les voûtes
en caissons, la voûte en cul-de-four peinte dans
le chur et la
statuaire donnent à l'église Saint-Nicolas-Saint-Marc
un cachet artistique certain. |
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Statue d'un ange dans la nef. |
Vitrail dans le transept. |
«Saint Dominique recevant le rosaire», détail
d'un vitrail du croisillon sud. |
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TROIS ÉVANGÉLISTES
DANS LES PENDENTIFS DE LA VOÛTE DU CHUR |
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Saint Marc et son lion. |
Saint Matthieu et l'ange. |
Saint Luc et son taureau. |
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Les fresques
du chur et des pendentifs sont l'uvre d'Armand
Chambellan (1844). |
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Statue de saint Louis.
Plâtre offert par James Pradier. |
Vue de la nef, du côté ouest et de la chaire à
prêcher.
La statue de saint Louis offerte par James Pradier se trouve près
de l'entrée (à droite sur la photo).
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Statue d'un ange dans la nef. |
Vue de la nef et de l'orgue de tribune. |
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