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L'histoire de l'église Saint-Léon
est liée à celle du développement du chemin
de fer. La première locomotive, partie de Paris, qui arrive
à Nancy
a été bénie le 17 juin 1852 par Mgr. Menjaud,
en présence d'Hippolyte Fortoul (1811-1856), ministre de
l'Instruction publique et des Cultes. Ce dernier représentait
le Prince-Président Louis-Napoléon Bonaparte. Conséquence
économique : l'activité de la gare va rapidement créer
un quartier nouveau, à l'ouest de la ville. Qui dit nouveau
quartier dit nouvelle paroisse pour laquelle il faudra bien sûr
un édifice cultuel. Mgr Menjoud, évêque de Nancy
et de Toul,
charge alors l'abbé Noël de sa création, avec
église et écoles. Le territoire de la nouvelle paroisse
sera pris sur celui de Saint-Sébastien
et celui de Saint-Vincent-Saint-Fiacre. L'église sera dédicacée
au pape Léon IX (1049-1054) qui fut évêque de
Toul
de 1026 à 1052 et qui sera canonisé dès 1087
par le pape Victor III.
Une fois le terrain acheté, une chapelle provisoire est érigée.
La construction commence en août 1860 sous la direction de
l'architecte Léon Vautrin (qui érigera bientôt
l'église Saint-Pierre
non loin). Contrairement à la tradition, l'édifice
aura un chur à l'ouest. On bâtit d'abord la nef
qui est terminée en 1862, puis l'on érige un chur
provisoire. La première messe est célébrée
en 1864. La tour nord est construite et reçoit cinq cloches.
Ensuite, les travaux ralentissent, par manque de fonds d'abord,
puis du fait de la guerre de 1870. L'église est finalement
consacrée en avril 1877 (chur et tour sud terminés,
parvis aménagé).
Saint-Léon est une église-halle de style néogothique,
très riche en vitraux.
Ceux-ci subiront quelques dommages lors de la première guerre
mondiale, donnant lieu à des restaurations ou à des
remplacements dans l'entre-deux-guerres.
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Vue d'ensemble de la nef de l'église Saint-Léon. |
La façade de l'église Saint-Léon. |
La partie supérieure d'une des deux tours néogothiques.
Les tours de Saint-Léon sont inspirées de celles
de l'église Saint-Martin
à Pont-à-Mousson. |
Les trois portails néogothiques de l'église Saint-Léon.
Vue en gros plan de la porte centrale ---»»»
Les portes sont en chêne recouvert de bronze, uvre
d'Eugène Vallin. |
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Saint Jean-Baptiste sur la façade. |
Saint Léon sur le pignon de la façade. |
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Le tympan du portail central : Le Sacré-Cur entouré
d'angelots et les quatre évangélistes.
Bas-relief de Victor Huel en 1902.
«««--- Le portail central néogothique. |
Le tympan du portail nord : Bruno de Dabo, futur Léon IX, distribue
des secours à des pauvres.
(Bas-relief d'Auguste Vallin, 1927). |
Le tympan du portail sud : Saint Léon reçoit une rose
d'or de l'abbesse
du couvent Sainte-Croix de Woffenheim (Bas-relief d'Auguste Vallin,
1927). |
LA NEF DE L'ÉGLISE
SAINT-LÉON |
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La nef, le bas-côté sud et la chaire à prêcher
.
Les vitraux du côté sud n'ont pas subi de dégradations
lors du premier conflit mondial. |
Plan de l'église Saint-Léon. |
Sainte Thérèse et saint Nicolas. |
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Architecture
interne. L'église Saint-Léon
est une église-halle à trois vaisseaux
(même si la voûte du vaisseau central est
deux mètres plus élevée que celles
des collatéraux). Son transept est très
large (voir plan ci-contre). Toutes ses parties sont
voûtées d'ogives. L'élévation,
qui n'a qu'un seul niveau, est enrichie d'une quantité
impressionnante de vitraux
à personnages ou historiés.
Dans une église-halle de ce genre, avec un seul
niveau d'élévation, l'inventivité
architecturale ne peut être que limitée.
Elle va porter sur la forme des piles, le style des
chapiteaux à leur sommet, la face interne des
murs gouttereaux le long des collatéraux, voire
la corniche de séparation entre ce mur et les
fenêtres. À l'église Saint-Léon,
les choix sont assez simples, comme si l'on avait réservé
une part importante du financement pour les verrières
: les piles des arcades en tiers-point sont tréflées
; les chapiteaux sont à thème floral,
sans excès artistique ; la corniche de séparation
n'est qu'un simple boudin au-dessus d'un mur nu (mais
qui aurait pu être scandé par une suite
d'arcatures) ; et l'intrados des grandes arcades n'est
qu'un épais filet concave. Il est certain qu'on
ne retrouve pas le cachet artistique, pourtant très
classique, de cette autre église de Nancy,
à peu près contemporaine et édifiée
par le même architecte, qu'est l'église
Saint-Pierre.
Au milieu de cet univers assez standard, la très
belle coupole
de la croisée rassemble à elle seule toute
la sophistication interne de l'édifice, au point
qu'elle jurerait presque avec le reste. L'architecte
Léon Vautrin a-t-il voulu par là honorer
la colombe
du Saint-Esprit qui illumine le vitrail horizontal au
centre de la coupole ?
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Chapelle des Fonts baptismaux. |
Confessionnal néogothique. |
Le baptême de Jésus dans le vitrail des Fonts
baptismaux. |
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Les
vitraux 1/2. Tous les vitraux de
l'église Saint-Léon contiennent des saints
et des saintes à la façon du XVe siècle
ou bien des scènes historiées. Bien qu'ils
soient quasiment tous de la fin du XIXe siècle
et du début du XXe, les différents ateliers
qui les ont créés ont imprimé dans
chacun leur griffe artistique. Deux seulement portent
une signature : le vitrail de Jésus
et la Samaritaine, réalisé par le
peintre verrier Janin en 1925 et le vitrail de Pierre
Fourier devant le duc de Lorraine Charles IV réalisé
par l'atelier Victor Höner en 1876..
Les ateliers créateurs sont au nombre de cinq
: Gsell-Laurent, Champigneulle, Benoît, Victor
Höner et Joseph Janin.
La présence de ces nombreux vitraux rend l'église
Saint-Léon assez sombre, surtout par temps couvert.
Les photos des vitraux de cette page ont été
prises en fin d'après-midi avec un soleil rasant
qui éclairait le chur.
Le programme iconographique initial prévoyait
d'orner les vitraux des collatéraux avec les
saints patrons des paroisses de Nancy et ceux des communautés
religieuses de la ville. Le vitrail de saint Sigibert
et saint Stanislas, donné ci-dessous, en est
un exemple. Ceux du côté nord, ayant subi
des dégats durant le premier conflit mondial,
ont été refaits en 1924-1925 sans tenir
compte de ce programme. On y voit ainsi saint
Augustin, sainte
Anne, sainte
Monique, etc.
Rappel historique. En 1914-15, la ligne de front se
stabilisa à moins de trente kilomètres
de Nancy,
au nord. Pour saper le moral de la population, les Allemands
installèrent, près de Château-Salins,
un canon à longue portée ---»»
Suite
2/2
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Le bas-côté droit vu depuis le bras droit du transept. |
Saint Sigibert et saint Stanislas (XIXe siècle). |
Saint Augustin et saint François de Sales (1924-25). |
Saint Sébastien et saint Ignace
(Années 1924-25). |
Sainte Anne et sainte Monique
(Années 1924-25). |
Chemin de croix, station VIII,
Jésus console les filles de Jérusalem.
Le Chemin de croix de l'église Saint-Léon est une uvre
moderne de l'artiste Jacques Walter. |
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Louise de Marillac et saint Vincent de Paul
Vitrail du XXe siècle, détail.
«««--- Saint Luc sur la cuve de la chaire à
prêcher. |
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Saint Marc et saint Matthieu sur la cuve de la chaire à
prêcher.
«««--- La chaire à prêcher.
Chemin de croix, station XII ---»»»
Jésus est crucifié. |
Chemin de croix, station III
Jésus tombe sous le poids de la croix. |
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Saint Louis et saint Michel (1924-25). |
Les
vitraux 2/2. ---»»
(le «gros Max») qui va tirer sur
la ville des obus à fusées percutantes.
Le tir commença le 1er janvier 1916 et ne s'arrêta
qu'en mars 1917, quand le canon fut détruit par
les bombes d'un aviateur français. En quinze
mois, il eut le temps de faire des dégâts
auxquels il faut d'ailleurs rajouter ceux des avions
allemands de passage que les Nancéiens appelaient
les «Taube» (pigeon en allemand).
Ceci explique sûrement pourquoi les vitraux du
côté nord ont dû être refaits
lors de l'entre-deux-guerres. La règle ne saurait
toutefois être générale : le vitrail
très moderne du Sacré-Cur
placé au-dessus de l'autel du même nom
est, quant à lui, situé au sud. Dans l'ouvrage
Nancy, 1000 ans d'Histoire (éditions Place
Stanislas), l'historien François Roth ajoute
que l'immeuble des Magasins Réunis et celui du
journal l'Est républicain ont, à
cause de ce canon, souffert de destructions, tout comme
l'usine Majorelle.
Deux vitraux de 1874, de l'atelier Maréchal et
Champigneulle, illustrent un thème assez rare
: celui des apparitions de saint Alphonse de Liguori
(voir plus
bas). Un autre rappelle une page de l'Histoire de
la Lorraine : la
rencontre entre le duc Charles IV et Pierre Fourier
et un autre, de l'Histoire de l'Alsace : les
adieux de sainte Eugénie à ses parents.
Source : 1) Note historique
sur l'église Saint-Léon (site Web de la
paroisse Saint-Jean de la Commanderie) ; 2) Nancy,
100 ans d'Histoire aux éditions Place Stanislas.
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La voûte d'ogives du vaisseau central et celle du bas-côté
droit. |
Sainte Catherine et saint Georges
(Années 1870-80). |
Saint Vincent et saint Fiacre
(Années 1870-80). |
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LE TRANSEPT DE
SAINT LÉON ET SES AUTELS |
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Le bras gauche du transept est dédié au Sacré-Cur. |
Vitrail du Sacré-Cur (XXe siècle). |
La Vierge à l'Enfant
dans la chapelle de la Vierge. |
Chapelle de la Vierge dans le bras gauche du transept. |
Chapelle du Sacré-Cur dans le bras droit du transept. |
La colombe de l'Esprit-Saint
dans le vitrail de la coupole de la croisée.
La coupole à la croisée du transept ---»»» |
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Vitrail de la Pentecôte dans la chapelle de la Vierge. |
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Vitrail de la Pentecôte, détail. |
Vitrail de l'Assomption.
«««--- Élévations de la
croisée avec la coupole. |
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LE CHUR
ET LES CHAPELLES ABSIDIALES DE L'ÉGLISE SAINT-LÉON
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Le chur de l'église Saint-Léon. |
L'autel de messe est l'uvre de Claude Michel (1980).
L'ambon, uvre de Claude Michel (1980) ---»»» |
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Partie nord du chur avec les stalles. |
Quand il est dans la pénombre, le maître-autel
n'est éclairé que par une
petite lumière dans sa partie supérieure. |
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L’entrée au couvent de sainte Eugénie accueillie
par sa tante, sainte Odile.
Atelier Victor Höner (1875). |
C'est le seul vitrail de l'église
à afficher le nom de son donateur : M. le baron
Dufour.
Il est curieux de voir un épisode du VIIIe siècle
de l'Histoire de l'Alsace dans un vitrail d'une église
lorraine. Rappelons que bien des Alsaciens ont choisi
la France, après le rattachement de l'Alsace-Moselle
à l'Allemagne en 1871. À Nancy, le quartier
Saint-Léon a accueilli beaucoup de familles de
la bourgeoisie alsacienne. Voir un détail du
vitrail plus
bas.
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Le maître-autel et les stalles. |
Retable de Saint-Joseph dans la chapelle absidiale gauche. |
Vitrail de la Sainte Famille, scène centrale (Maréchal
et Champigneulle, 1874). |
La
Sainte Famille. Le vitrail de la Sainte Famille
donné ci-dessus relève d'un thème
classique, mais il interpelle les historiens. Qui est
donc le vieillard à barbe blanche à l'extrême-gauche
? Dans la lancette centrale, on reconnaît Marie
et Joseph ; sur la gauche, l'Enfant Jésus ; sur
la droite. Anne et Zacharie, parents de la Vierge. L'un
des peintres verriers s'est-il représenté
? S'agit-il du fondateur de l'atelier Maréchal
ou de celui de l'atelier Champigneulle ?
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Vitrail de l'Annonciation ---»»»
Atelier Janin, 1925 ?
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Apparition de don Alphonse de Liguori (atelier Maréchal
& Champigneulle, 1874). |
Jésus et la Samaritaine.
La signature est apposée sur la dalle
devant le puits : «Janin, 1925». |
La Mort du pape Clément XIV (1774) en présence
de don Alphonse de Liguori
Atelier Maréchal & Champigneulle, 1874.
Alphonse
de Liguori. Le vitrail ci-dessus montre
une apparition miraculeuse du saint, en 1774, au chevet
du pape Clément XIV qui se meurt. De sa main
droite, Liguori, alors évêque de Sainte-Agathe-des-Goths,
semble signifier au pape qu'il peut s'éteindre
en paix.
Le vitrail au-dessus est un peu plus mystérieux.
Alphonse de Liguori apparaît lors d'une réunion
présidée par un évêque. En
serrant ses poings sur sa poitrine, il donne l'air de
vouloir convaincre le prélat d'adapter telle
ou telle décision. On ne sait rien sur le lieu,
la date et la décision de cette réunion.
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Retable de Saint-Alphonse-de-Liguori dans la chapelle absidiale
droite. |
Alphonse
de Liguori (1696-1787). Deux vitraux de
l'église Saint-Léon mettent en scène
don Alphonse de Liguori, un saint peu connu. Brillant
avocat à ses débuts, mais, déçu
par la corruption, il se consacre aux malades du principal
hôpital de Naples. À 26 ans, il s'inscrit
au séminaire et se dévouera au monde perdu
des bas quartiers napolitains. Ses prêches connaissent
un succès incroyable. Il invente les «chapelles
du soir» : ces gens perdus y viennent prier et
chanter, finalement rangent leurs armes et changent
de vie. Des prêtres les épaulent dans leurs
nouvelles résolutions.
Vers 1730, son dessein accompli, Liguori se tourne vers
les paysans du royaume de Naples, ignorés de
l'Église. L'idée de la fondation de l'Ordre
des Rédemptoristes se fait jour. Celui-ci naîtra
en 1732 et, en son sein, Liguori se démènera
inlassablement pour évangéliser les campagnes.
Avec une idée originale : adapter le discours
religieux au monde des analphabètes. Il crée
ainsi une langue populaire écrite, aussi simple
que la parole. À l'époque, ce sont les
seuls textes compréhensibles par les gens simples
quand on leur fait la lecture. Liguori publiera en tout
cent onze ouvrages. Mais c'est sa Théologie
morale qui lui vaudra le titre de Docteur de l'Église.
Trois grandes idées s'y rassemblent : la vérité,
la conscience individuelle et la liberté. La
liberté, donnée à l'homme par Dieu,
est le pilier de la théologie de Liguori. En
1762, à 65 ans, malgré une santé
déficiente, il est nommé évêque
par le pape Clément XIII. Sa démission
sera acceptée en 1775. Il s'éteint en
1787 dans sa 91e année.
Source : Dictionnaire des
saints, CNRS Éditions.
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Le chur et la partie droite du transept.
Vitrail dans le chur
: la Charité de saint Léon ---»»»
On remarque dans la lancette droite, de part et d'autre du visage
du saint :
sur la gauche, l'abbé Noël, curé fondateur de l’église
; sur la droite, l'architecte Léon Vautrin qui tient
la croix de procession. |
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Le duc Charles IV rencontre saint Pierre Fourier
à Mirecourt en 1634.
Atelier Victor Höner (1876).
La signature du peintre verrier est écrite sur la dalle
devant les pieds de Pierre Fourier.
Ce vitrail illustre un épisode tragique de l'Histoire
mouvementée
de la Lorraine : le 6 janvier 1634, Pierre Fourier conseille
au duc Charles IV d'abdiquer pour mettre fin à la guerre
qui ravage la Lorraine et contenter
le tout-puissant voisin français. |
Retable de la chapelle Saint-François-de-Sales. |
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Les Âmes du purgatoire, détail. |
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Le chur avec sa voûte d'ogives. |
Un ange dans un vitrail du XIXe siècle. |
La Mort de Joseph
(Atelier Maréchal & Champigneulle, 1874)
Les Âmes du purgatoire ---»»»
Atelier Janin ?
«««--- Jésus et les petits enfants,
détail.
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Le grand orgue est un Cavaillé-Coll, la tribune
est l'uvre d'Eugène Vallin (1889). |
L’entrée au couvent de sainte Eugénie, détail. |
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La tribune du grand orgue a été exécutée
par Eugène Vallin en 1889. |
Une vue en gros plan de la tribune. L'ébéniste Eugène
Vallin s'est représenté au premier plan et au centre. |
Les piliers qui soutiennent le grand orgue cachent deux statues
de rois médiévaux. |
L'avare tient sa bourse devant le bénitier. |
Un roi dans un pilier sous le grand orgue. |
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Vue d'ensemble de la nef depuis le chur. |
Documentation : Note historique sur l'église
Saint-Léon (site Web de la paroisse Saint-Jean de la Commanderie
+ «Nancy, 1000 ans d'Histoire» aux éditions Place
Stanislas
+ Dictionnnaire des Saints, CNRS Éditions |
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