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L'église Saint-Sébastien
est, avec la cathédrale
et l'église Notre-Dame de Bonsecours, l'une des plus réputées
de Nancy.
Construite de 1720 à 1731, elle est venue remplacer un vieil
édifice séculaire et vétuste, dit première
primatiale provisoire, bâti en 1603. Le financement de Saint-Sébastien
fut assuré par une souscription, ouverte dès 1639,
auprès des habitants. L'architecte en fut Jean-Nicolas
Jennesson (1686-1755) qui réalisa, avec cet édifice
de style classique et d'ornementation baroque, son chef-d'uvre.
L'église de
l'abbaye des Prémontrés à Pont-à-Mousson,
érigée de 1706 à 1715, fut sa source d'inspiration.
Jennesson construisit dans Nancy
deux autres édifices cultuels aujourd'hui disparus. Les détails
de l'historique de Saint-Sébastien sont donnés dans
un encadré
plus bas.
L'intérieur de l'édifice étonne par sa très
grande luminosité. Le XVIIIe siècle est le siècle
des Lumières et l'on ne veut plus que des vitraux peints
obscurcissent les lieux de culte. L'église Saint-Jacques
de Lunéville, assez proche architecturalement, suit le même
principe. Saint-Sébastien bénéficia de la bienveillance
des ducs de Lorraine : l'église s'enrichit de pièces
liturgiques précieuses et d'uvres d'art. À Nancy,
c'était la paroisse la plus considérable. Selon un
recensement de 1733, elle comptait six mille habitants sur un total
de vingt mille pour la ville entière.
À la Révolution, la grande majorité des vicaires
et des chanoines de Nancy refusèrent de prêter serment
à la Constitution civile du Clergé et préférèrent
s'exiler. Une Église assermentée prit la place, dirigée
par l'évêque constitutionnel Lalande (1791-1792). Un
prêtre assermenté fut nommé à la cure.
Vint la Terreur. Tous les prêtres furent bannis. L'église
fut ruinée. Pendant quelques semaines, l'édifice remplaça
l'asile d'aliénés de Maréville qui avait brûlé,
puis fut converti en un magasin de paille. Les autres églises
de Nancy furent fermées, la cathédrale
devint le temple de la Raison.
Le Concordat de 1801 vit le clergé non-jureur revenir à
Nancy. Les prêtres assermentés durent faire leur soumission
au pape. Saint-Sébastien fut rendue au culte. Le nouveau
curé, Christophe Poirot, se démena pour sortir son
église de l'indigence. Maître-autel, buffet d'orgue,
boiseries et chaire vinrent redonner un peu de lustre à la
nef et au chur.
Son combat fut difficile car, en 1803, le Conseil d'État
avait redessiné les limites de la paroisse Saint-Sébastien
: il ne lui restait plus que les rues pauvres et populeuses qu'elle
possédait avant la Révolution. Les quartiers opulents
étaient passés dans l'orbite de l'église Notre-Dame.
Dans les années 1830, l'église réceptionna
une relique de saint Sébastien envoyée par Rome pour
remplacer la relique perdue à la Révolution. C'est
la présence de cette relique à Nancy
et sa vénération par le duc Charles III et son fils,
au début du XVIIe siècle, qui sont à l'origine
de sa dédicace.
Après la Révolution, l'église put récupérer
quelques nouveaux tableaux. Elle possède aussi quelques belles
uvres d'art (autels
d'Eugène Vallin, statues
de Victor Huel) et le mausolée du peintre Jean
Girardet (1709-1778). Au niveau de l'architecture, il ne faut
pas manquer d'admirer la voûte
en bas-reliefs à la croisée du transept.
Notons encore que, dans les années 1970, la municipalité
de Nancy engagea la construction d'un centre commercial et d'un
parking souterrain. Les fondations de l'église en furent
fragilisées. Il s'ensuivit d'importants travaux de consolidation
et de nettoyage. Depuis 1998, Saint-Sébastien a été
confiée à la communauté des Jésuites
de Nancy.
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Vue d'ensemble de la nef et du chur de l'église Saint-Sébastien. |
Vue extérieure de l'église depuis la place Charles III.
Contrairement à la tradition liturgique, la façade est
dirigée vers l'est.
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Les deux tours du chevet sont dirigées vers l'ouest.
Celle de droite a été construite en 1682 à l'initiative
du curé David Nicolas Phulpin. Celle de gauche, à l'ordre
dorique bien marqué au premier niveau, date de la constrution
des années 1720. |
Histoire
de l'église Saint-Sébastien 1/2.
C'est dans la première moitié du
XVIe siècle que commença le renforcement des
défenses de la ville de Nancy.
Au milieu du même siècle, la menace française
poussa Chrétienne de Danemark, nouvelle régente
du duché et nièce de Charles Quint, à
poursuivre la tâche. Dans les années 1580, le
duc Charles III (1545-1608) engagea la Lorraine dans les guerres
de Religion françaises et, prince très catholique,
prit le parti de la Ligue contre le roi de France. Les fortifications
s'intensifièrent, d'autant plus que, en 1587, la soldatesque
allemande traversa la Lorraine (mais pas Nancy)
pour porter secours aux huguenots français, multipliant
les exactions sur son passage. Conséquence : à
l'intérieur des bastions et des retranchements, la
population finit par s'entasser ; ce que l'on appelait la
«Ville-Vieille» fut bientôt surpeuplée.
Des ingénieurs italiens, présents à la
Cour, proposèrent au duc de créer une «Ville-Neuve»,
large, aérée et au plan géométrique,
selon les standards urbains de la Renaissance. Ainsi fut fondée,
à côté de la première, une seconde
cité protégée par des fortifications.
Rapidement, la sécurité des remparts fit migrer
vers la Ville-Neuve la population qui vivait hors les murs.
Le duc donna ordre de raser le bourg de Saint-Dizier et, en
compensation, offrit des terrains dans les murs à
ses anciens habitants.
Nancy,
à cette époque, disposait de deux églises
: Notre-Dame et Sainte-Epvre. Cette dernière, érigée
en 1343, était fréquentée par une partie
des habitants de la Ville-Vieille. C'est là aussi que
vinrent tous les habitants de la Ville-Neuve. Cet accroissement
rendit vite Saint-Epvre trop petite et la population de la
Ville-Neuve s'adressa au duc pour que l'on crée plusieurs
paroisses.
En 1587, un scandale éclata à Saint-Epvre qui
fit accélérer les choses : à la messe
de Pâques, le curé, fatigué par une longue
communion, laissa tomber à terre des hosties consacrées...
qui furent piétinées par plusieurs fidèles,
eux-mêmes pressés par la foule. Une supplique
arriva promptement entre les mains du duc : il fallait quatre
paroisses à Nancy.
En clair : Notre-Dame, Saint-Epvre et deux nouvelles dans
la Ville-Neuve. Finalement, ce fut seulement trois. Et le
21 novembre 1593, l'église de l'hôpital Saint-Julien
devint la paroisse de la Ville-Neuve. Cette situation persista
jusqu'en 1609.
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Charles III rêvait de voir
la ville de Nancy
érigée en évêché afin de
ne plus dépendre de Toul
dont le roi de France s'était emparé avec Verdun
et Metz. Pressé par Henri IV (le bon roi Henri) catégoriquement
opposé à ce projet, le pape Clément VIII
faisait la sourde oreille, mais il accepta de créer
à Nancy un primat et un chapitre primatial. L'orgueil
du duc en fut flatté, mais pas sa volonté d'indépendance
politique. Il n'était là question que d'honneur,
en aucun cas de pouvoir, puisqu'il n'y avait pas création
d'un évêché. La dignité de primat
«permettait de porter les insignes épiscopaux,
de consacrer de nouvelles églises, d'officier pontificalement,
de présider les cérémonies qui se déroulaient
à Nancy en présence de la famille ducale (...)»
[Françoise Boquillon dans Nancy, 100 ans d'Histoire].
Nancy ne deviendra un évêché qu'après
la mort du roi Stanislas en 1766, une fois la Lorraine intégrée
au Royaume de France.
En 1603, Charles III et son fils, cardinal et tout nouveau
primat, posèrent la première pierre de l'église
primatiale sur la place du Marché de Nancy.
La même année peu auparavant, le primat avait
fait construire, entre trois rues et devant l'Hôtel-de-Ville,
une primatiale provisionnelle. Puis le hasard fit qu'il reçut
en legs quantité d'héritages du couvent des
Dames Prêcheresses. En 1605, le Chapitre put ainsi changer
l'emplacement de la Primatiale pour un endroit plus étendu
et plus calme, idéal pour y bâtir aussi le palais
du primat et les maisons canoniales. La première pierre,
posée en 1603 sur la place du Marché, fut transportée
solennellement en 1610 à ce nouvel emplacement. C'est
là que se trouve l'actuelle Cathédrale.
Entre-temps, le Chapitre y avait fait bâtir une seconde
primatiale provisionnelle si bien que, en 1609, il put vendre
sa première primatiale de 1603 à la ville qui
en fit la paroisse de la Ville-Neuve. Elle sera dédiée
à saint Sébastien que Charles III et son fils
vénéraient tout particulièrement. C'était
un bâtiment vétuste, bâti en moins de trois
mois, fort petit et peu ouvert. Sa superficie n'était
que la moitié de celle de l'église Saint-Sébastien
actuelle et son portail se dressait face à l'Hôtel-de-Ville.
Les chanoines du Chapitre, qui l'occupaient depuis 1603, la
quittèrent pour laisser la place à Gérard
Maréchaudel, nouveau curé, qui administrait
la paroisse Saint-Sébastien depuis 1593 dans l'église
de l'hôpital Saint-Julien.
---»»
Suite 2/2
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Les quatre bas-reliefs de la façade sont l'uvre de Joseph
Dieudonné Pierre.
La grille de protection du portail a pour origine une commande passée
en 1848 par le curé de l'église Nicolas Barthélemy. |
Bas-relief de Saint Nicolas
par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725. |
Les
tours 1/2. Elles sont situées de chaque
côté de l'abside. Cette position interpelle
car les tours d'une église encadrent généralement
le portail d'entrée.
En 1720, l'architecte Jean-Nicolas Jennesson dut évidemment
intégrer dans ses plans la tour élevée
en 1682. Pour justifier cette disposition peu banale,
Pierre Sesmat, dans son article pour le Congrès
archéologique de France de 2006, rapporte
que l'architecte se devait en plus d'ouvrir l'église
sur la place (comme on le voit aujourd'hui). Cependant,
la notice historique du chanoine La Flize, rédigée
en 1852, avance une autre raison : «On rapporte,
écrit ce dernier, que les tours ont été
placées derrière l'édifice pour
ne point troubler les audiences de la Cour souveraine
et du Baillage, qui se trouvaient devant l'église.»
Les choses méritent d'être précisées.
En 1720, la place actuelle Charles III (anciennement
place Mangin) n'existait pas. Selon le chanoine La Flize,
on trouvait là l'Hôtel-de-Ville, «appelé
aussi Palais-de-Justice, écrit-il, parce que
c'est là où siégeaient la Cour
souveraine et le Baillage.» Et il poursuit : «Lorsqu'en
1751 on démolit l'Hôtel-de-Ville, son emplacement
fut converti en une place, appelée Mangin, du
nom du lieutenant-général du Baillage.»
Récapitulons. Les notables de la Cour souveraine
et du Baillage ne veulent pas être dérangés.
Par quoi ? Le bruit des cloches dans une tour trop
proche ? Le bruit des fidèles entrant dans
l'église et en sortant, ainsi que les immanquables
manifestations de piété ? On sait
que la nouvelle église de Jean-Nicolas Jennesson
a remplacé l'ancienne, vétuste et construite
à la va-vite en 1603. Du texte du chanoine, on
déduit que l'entrée de cette église
était déjà à l'est, face
à l'Hôtel-de-Ville. Qu'y avait-il à
l'ouest ? Un bâtiment indigne de la façade
d'une église ? Une rue étroite impropre
à l'entrée d'un édifice tout neuf ? ---»»
2/2
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Statue de saint Sébastien par Victor Huel, 1882. |
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Saint Nicolas par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725. |
La Vierge par Joseph-Dieudonné Pierre, vers 1725. |
Statue du duc Léopold par Victor Huel, 1882. |
Les
tours 2/2. ---»» Toujours
est-il que J.-N. Jennesson a conservé la même
orientation, avec les allers-et-venues des fidèles
face à l'Hôtel-de-Ville. On est amenés
à conclure que les notables se sont opposés
à l'élévation de tours à
l'ouest, de chaque côté du portail, pour
ne pas être importunés par le bruit des
cloches qui n'auraient pas tardé à suivre
et qui auraient teinté d'un peu trop près
à leurs oreilles... Notons que, selon le chanoine
La Flize, dans le bâtiment précédent
(autrement dit la première Primatiale provisionnelle),
le clocher était au centre dans le sens de la
longueur.
En conséquence, l'architecte J.-N. Jennesson
aurait décidé de doubler la tour à
l'est et d'y situer l'abside. En définitive,
les cloches sont donc restées le plus loin possible
des délibérations de la Cour souveraine,
sans que jamais celle-ci prétende être
dérangée par la circulation des fidèles
(sinon l'entrée aurait été placée
à l'ouest, entre les tours).
Sources : 1) Notice
historique sur l'église Saint-Sébastien
de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale,
1852 ; 2) Congrès archéologique de
France, Nancy & Lorraine méridionale,
2006, article sur l'église Saint-Sébastien
de Pierre Sesmat.
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Saint Charles Borromée par Joseph-Dieudonné
Pierre ---»»
vers 1725. . |
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Architecture
externe L'aspect extérieur de l'église
est à rapprocher de celui de l'abbatiale
des Prémontrés à Pont-à-Mousson.
L'architecte de Saint-Sébastien, Jean-Nicolas
Jennesson, s'est en effet fortement inspiré de
l'église bâtie sur les plans du frère
Thomas Mordillac. Les deux édifices ont une façade
concave, mais celle de Saint-Sébastien possède
deux niveaux, celle des Prémontrés, trois.
Pour Pierre Sesmat, dans son article pour le Congrès
archéologique de France de 2006, une conclusion
s'ensuit : la dimension de la façade
de Saint-Sébastien est trop faible par rapport
au bâti de la nef. Vue de l'extérieur,
l'église apparaît comme la juxtaposition
assez malhabile de trois blocs : la façade baroque,
la nef et les deux tours qui enserrent l'abside. À
Nancy
comme à Pont-à-Mousson,
la façade fait un peu l'effet d'une pièce
rapportée, conçue indépendamment
de la structure.
Le premier niveau de la façade est orné
très élégamment de quatre grands
panneaux en bas-relief attribués à l'artiste
Joseph-Dieudonné Pierre et datés aux alentours
de 1725. Dans sa notice historique écrite en
1852, le chanoine La Flize les attribue au sculpteur
Mesny. On y voit le Christ, la Vierge, saint Nicolas
et saint Charles Borromée. Ce niveau est surmonté
d'un large entablement enrichi de triglyphes.
Le second niveau se réduit à un étroit
fronton recevant une haute baie entourée de deux
colonnes corinthiennes. Avant la Révolution,
on remarquait, au tympan de ce fronton, une sculpture
montrant deux aigles tenant les armes de Lorraine sous
un manteau royal. Le chanoine La Flize attribue ette
uvre à Mesny, la notice disponible dans
l'église, à François Chassel. Le
vandalisme révolutionnaire l'a réduite
en miettes. En 1841, elle fut remplacée par le
cadran d'une horloge monumentale.
Les deux grandes statues de saint Sébastien et
du duc Léopold, signées Victor Huel et
données ci-dessous à gauche, ont été
mises en place en 1882. Il est intéressant à
ce sujet de lire ce qu'écrit le chanoine La Flize
en 1852 : «Au-dessus des avant-corps en pilastres
du premier ordre existent deux acrotères qui
devaient porter deux statues, lesquelles n'ont jamais
été faites, et quatre dés sur lesquels
devaient être placés quatre vases qui n'ont
pas non plus existé.»
Sources : 1) Notice historique
sur l'église Saint-Sébastien de Nancy
par M. La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale,
1852 ; 2) Congrès archéologique de
France, Nancy & Lorraine méridionale,
2006, article sur l'église Saint-Sébastien
de Pierre Sesmat.
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Bas-relief de la Vierge par Joseph-Dieudonné Pierre,
vers 1725. |
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LA NEF DE L'ÉGLISE
SAINT-SÉBASTIEN |
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Élévations du côté gauche avec la
chaire à prêcher du XVIIIe siècle.
Les jolies scènes d'angelots au sommet des baies sont
rendues invisibles par le contre-jour. |
Plan de l'église Saint-Sébastien.
L'église s'inscrit dans un rectangle de 54 m de long
sur 24,80 m de large.
Le chur est situé à l'ouest, entre les deux
tours de l'abside. |
Décor baroque en stuc au-dessus d'une baie. |
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Décor baroque en stuc au-dessus d'une baie. |
Architecture
interne. Dès son entrée, le
visiteur est frappé par la lumière qui
inonde la nef et qui contraste avec la pénombre
du chur : il y a huit grandes baies dans
la nef, mais une baie axiale, à moitié
cachée par un Calvaire depuis 1816, et deux petites
fenêtres dans le chur. On observe le même
phénomène à Saint-Jacques
de Lunéville, à l'église de Bonsecours
ou à la cathédrale
Notre-Dame de l'Assomption de Nancy. Dans son étude
pour le Congrès archéologique de
2006, Pierre Sesmat se demande si la pénombre
n'a pas pour but de faciliter le recueillement. C'est
en tout cas l'inverse de ce que l'on voit dans les églises
paroissiales de la Lorraine aux XVe et XVIe siècles.
L'église Saint-Cosme-et-Saint-Damien
de Vézelise en est un exemple.
Saint-Sébastien est une église-halle au
transept non saillant. La hauteur du vaisseau central
(20 m pour une largeur de 9,80 m) est néanmoins
un peu supérieure à celle des deux collatéraux
(18,20 m). L'architecte Jean-Nicolas Jennesson
a choisi de tourner les contreforts vers l'intérieur
de l'édifice, accroissant ainsi la largeur de
ces collatéraux à 5,50 m (voir plan
ci-contre).
Le transept possède la même largeur que
le vaisseau central et - constat plus intéressant - ses
baies sont identiques à celles de la nef, si
bien qu'il ressemble plus à une grande travée
qu'à un transept. Est-ce une réminiscence
du gothique tardif ? se demande Pierre Sesmat qui rappelle
que Saint-Nicolas-de-Port
présente la même disposition.
Les six colonnes de la nef qui rythment l'espace sont
des fûts galbés et lisses de 14 mètres
de haut, surmontés d'un chapiteau
ionique (tout comme les pilastres qui scandent les
collatéraux). Loin d'accrocher l'attention du
visiteur, ces piles cylindriques nues lui permettent
au contraire d'appréhender sans heurt, jusqu'au
transept, l'ensemble d'un espace baigné par la
lumière. Le souvenir de l'abbatiale des Prémontrés
à Pont-à-Mousson,
élevée par le frère Thomas Mordillac
de 1705 à 1716, saute aux yeux et il est clair
que l'architecte de Saint-Sébastien s'en est
largement inspiré.
Les grandes baies (y compris la baie axiale du chur)
sont surmontées d'un plaisant décor baroque
d'angelots,
souvent musiciens, que le puissant contre-jour ne permet
pas d'apercevoir facilement. Quatre en sont donnés
dans cette page. Le visiteur doit se munir d'une paire
de jumelles pour les apprécier vraiment. L'ornement
de la baie
axiale est une joyeuse assemblée de têtes
d'angelots.
Terminons par le voûtement : l'architecte a choisi
le modèle unique de la voûte en pendentifs
entourée d'arcs en plein cintre. Un choix qui
lui permet d'effacer visuellement les différences
de hauteur entre le vaisseau central et les collatéraux.
En revanche, cette structure a fait s'élever
la hauteur de la croisée à 22,20 m,
entraînant une modification de la charpente.
Source : Congrès
archéologique, Nancy & Lorraine méridionale,
2006, article sur l'église Saint-Sébastien
de Pierre Sesmat.
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La nef et le bas-côté gauche vus depuis l'avant-nef. |
Le vitrail cathédrale des grandes baies |
Les
vitraux sont en verre cathédrale.
Au XVIIIe siècle, qualifié dès
cette époque de «siècle des Lumières»
(y compris par les clercs), on exige de la clarté
dans les églises. Ici, le dessin géométrique
est assez étudié, mais est-ce celui d'origine?
Et quand il est transpercé par la lumière,
il est impossible de le distinguer de loin. À
Saint-Sébastien, le dessin de la baie
axiale est particulièrement travaillé.
Parfois les franges de la vitrerie sont ornées
d'un décor rocaille, en vogue au XVIIIe siècle,
comme à l'église Saint-Jacques
de Lunéville.
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Angelots musiciens dans un décor baroque en stuc au-dessus
d'une baie. |
Chapiteau d'ordre ionique au sommet d'une colonne de la nef. |
La chaire à prêcher, début du XIX siècle. |
Autel Saint-Joseph
uvre d'Eugène Vallin (1856-1922), un des maîtres
de l'Art nouveau à Nancy. |
Statue de Joseph avec l'Enfant dans l'autel Saint-Joseph (Terre
cuite?) |
Autel Saint-Sébastien
uvre d'Eugène Vallin (1856-1922),
un des maîtres de l'Art nouveau à Nancy. |
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Angelots musiciens dans un décor baroque en stuc au-dessus
d'une baie (transept). |
Bas-relief de Saint Matthieu et l'ange
sur la cuve de la chaire à prêcher.
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Bas-relief de Saint Jean et son aigle
sur la cuve de la chaire à prêcher. |
Peintures latérales
de l'autel Saint-Joseph ---»»»
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«««---
Autel Saint-Joseph.
La statue représente en fait le vieillard
Siméon.
Selon la Bible, l'Esprit-Saint lui avait révélé
qu'il verrait le Messie avant sa mort. Quand Siméon
aperçut l'Enfant-Jésus dans le Temple
de Jérusalem, il entonna ce chant de louanges :
«Maintenant, Maître, c'est en paix,
comme tu l'as dit, que tu renvoies ton serviteur».
Ce chant a été repris dans la liturgie.
Source : Dictionnaire
illustré de la Bible, éditions Bordas.
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La
consécration de l'église.
Pour son entrée au service du culte, Saint-Sébastien
bénéficia d'une cérémonie
de bénédiction le 30 septembre 1731,
présidée par M. Rémi, curé
de la paroisse, puis une autre de consécration,
en août 1732, par Monseigneur Bégon,
évêque de Toul.
M. le chanoine La Flize, auteur en 1852 d'une
notice historique très fouillée,
en donne le détail :
«Cette bénédiction eut lieu
au milieu d'un nombreux clergé. Le pasteur
vint de l'église du collège des
Pères Jésuites, où se faisait
l'office par interim, pour bénir
la nouvelle église. Après la bénédiction
qui consiste dans les aspersions extérieures
et intérieures, il retourna dans la première
église pour prendre le Saint-Sacrement
qu'il apporta en grande procession, accompagné
par les magistrats, par la troupe composée
de deux lignes de butiers, et par une foule de
peuple, au son des instruments de musique, au
retentissement de toutes les cloches, au milieu
du chant des cantiques religieux. La joie paraissait
peinte sur le visage des paroissiens, avides de
se réunir dans ce beau temple pour y élever
leurs vux au Seigneur. On y chanta une Messe
solennelle, qui fut exécutée par
un grand nombre de musiciens. M. Rémi officiant
était accompagné de deux prêtres
assistants, deux diacres, deux sous-diacres, quatre
choristes, le thuriféraire et les acolytes.
Il prononça le discours d'apparat, au grand
contentement des fidèles. MM. les membres
de l'Hôtel-de-Ville présentèrent
un superbe pain bénit. Ainsi commença
l'exercice du culte divin dans la belle église
Saint-Sébastien.»
Un peu plus loin, le chanoine détaille
la cérémonie de consécration
: «La bénédiction de l'église
Saint-Sébastien n'avait été
que le prélude d'une cérémonie
plus relevée, sa consécration, qui
fut célébrée le 9 août
1732 avec la plus pompeuse solennité par
Mgr. Bégon, évêque de Toul.
Le prélat, après la procession des
reliques des martyrs, qui termine la consécration,
et qui se fait autour de l'église à
l'extérieur, se tourna sur le seuil de
la porte du portail vers le peuple assemblé
; il lui adressa une touchante allocution, et
fit un pompeux éloge de feu le grand-duc
Léopold qui avait élevé ce
tempe auguste, des membres de l'Hôtel-de-Ville,
qui y avaient contribué, et du pasteur
qui l'avait orné. Aussitôt, la foule
se précipita dans l'église ; Mgr.
chanta la Messe pontificalement, et son grand-vicaire,
M. Clévy, y prononça un magnifique
discours. Pendant la Messe, les trompettes des
plaisirs de François III, duc de Lorraine,
que ce prince avait envoyés de son château
de Lunéville,
exécutèrent des fanfares. À
deux heures, il y eut à l'Hôtel-de-Ville
un splendide banquet où vint s'asseoir
Mgr. l'évêque. À cinq heures,
il retourna dans l'église consacrée
pour y donner la bénédiction solennelle
du Saint-Sacrement.»
Source : Notice
historique sur l'église Saint-Sébastien
de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire de
la cathédrale, 1852.
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La Fuite en Égypte.
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La Nativité. |
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Chemin de croix : Jésus tombe pour la deuxième
fois (détail). |
«««--
Chemin de croix : Jésus console les femmes de Jérusalem. |
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Bas-relief de saint Sébastien dans l'autel du même
nom.
Saint
Sébastien est invoqué
contre la peste (comme celle qui ravagea Nancy,
à partir de 1630, pendant huit ans). Contre
ce fléau, l'iconographie chrétienne
compte quatre autres protecteurs : saint Roch,
saint Antoine, saint Adrien et saint Christophe.
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Autel Saint-Joseph : un ange en soutien de l'autel.
uvre d'Eugène Vallin (1856-1922) |
Une
église dédiée à saint
Sébastien? En 1609, la ville
de Nancy acheta, pour la nouvelle paroisse, la
première Primatiale provisionnelle, construite
par le duc Charles III et son fils, cardinal et
premier Primat. Ce bâtiment, élevé
en trois mois, dura néanmoins jusqu'en
1719. Il fut dédié à saint
Sébastien que Charles III et son fils avaient
en grande vénération. Les paroissiens
acceptèrent cette dédicace car ils
avaient tous été témoins
de la guérison du cardinal d'une maladie
qu'il traînait depuis douze ans. Une guérison
obtenue grâce aux reliques de ce saint présentes
à Nancy.
Source : Notice historique
du chanoine La Flize.
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Le collatéral droit et le chur. |
Partie basse de l'autel Saint-Sébastien : que dévoilent
les anges ? Manque-t-il une pièce ? |
Le mausolée
de Girardet. Jean Girardet (1709-1778) était
premier peintre du roi de Pologne et duc de Lorraine. Né
à Lunéville et mort à Nancy,
il est l'auteur d'un grand nombre de tableaux dont beaucoup
ont été vandalisés. L'église Saint-Jacques
de Lunéville en présente une petite dizaine
aux visiteurs.
Dans sa notice historique de l'église en 1852, le chanoine
La Flize souligne le côté désintéressé
de cet artiste qui ne faisait pas payer ses leçons
et qui a formé un grand nombre de peintres.
Le mausolée, appliqué à un pilastre du
collatéral gauche, est en pierre de Sorcy et mesure
trois mètres de haut (photo ci-dessous). La partie
la plus intéressante est sans conteste la scène
du haut : un vieillard ailé, qui représente
le Temps, vient couvrir d'un voile épais Girardet dans
son médaillon. Face à lui, une femme éplorée
s'y oppose énergiquement. Cette femme symbolise la
Lorraine. Elle portait autrefois une couronne ducale sur la
tête. Au pied
du médaillon, on peut apercevoir la palette du peintre
ciselée dans la pierre.
Le premier mausolée a été érigé
en 1785. Le portrait de Jean Girardet était en marbre
blanc, «de parfaite ressemblance», écrit,
en 1852, le chanoine La Flize. Cette uvre de Johann
Joseph Söntgen (1719-1788) a été détruite
en 1792. En fait, tout le mausolée a été
dégradé à la Révolution. Il a
été restauré par «trois hommes
distingués par leur talent» [La Flize]. Le peintre
Laurent, conservateur au Musée, a fait le portrait
de profil de Girardet tel qu'on le voit aujourd'hui ; le sculpteur
Labroisse a réalisé les rondes-bosses et toute
la sculpture ; le négociant Laugier a composé
l'inscription pour remplacer l'ancienne que des recherches
approfondies n'ont pas permis de retrouver. ---»»
Suite à gauche
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Collatéral droit vu du transept
avec la statue de saint Antoine de Padoue. |
«Le Martyre de saint Sébastien», signé «SH.
IP.», XVIIe siècle.
Cette peinture est attribuée à Jean Leclerc dans la
notice disponible dans l'église. |
Les voûtes du collatéral droit et l'intrados des arcs. |
LE TRANSEPT ET
LA VOÛTE DE LA CROISÉE |
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Le chur et les deux autels latéraux nord et sud. dédiés
au Sacré-Cur et à la Vierge.
L'entrée du chur est marquée par les deux statues
sur leurs consoles, au dessus des boiseries, de saint Joseph et de
Marie portant l'Enfant. |
Le bras droit du transept et sa grande verrière. |
Sainte Irène soigne saint Sébastien. |
Saint Sébastien assommé de coups de bâton. |
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Chapelle du Sacré-Cur (1825).
La toile cachée par la statue de Victor Huel représente
une Piéta.
Cet autel s'appelait, jusqu'à la pose de la statue, l'autel
de la Confrérie des Agonisants. |
Chapelle de la Vierge (1825).
La toile cachée par la statue représente la Vierge
portant l'Enfant (début du XIXe siècle) |
Les
deux autels du transept (2/2).
Les grandes statues sont l'uvre du sculpteur Victor
Huel. Elles ont été mises en place
vers 1885, sans grand souci de visibilité des
toiles qui sont derrière.
Terminons en ajoutant que les autels sont accompagnés,
au-dessus des boiseries qui marquent l'entrée
du chur,
de deux statues en pierre de saint Joseph tenant un
bâton surmonté d'un lys et de Marie portant
l'Enfant. Le chanoine La Flize attribue ces statues
au sculpteur Paul-Louis Cyfflé (1724-1806).
Source : Notice historique
sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize,
chanoine honoraire de la cathédrale, 1852.
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Statue du Sacré-Cur par Victor Huel, vers
1885.
Chapelle du Sacré-Cur.
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Statue de saint Joseph
à l'entrée du chur attribuée
à Cyfflé. |
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Les
deux autels du transept (1/2). Ils sont identiques
dans leur conception. Seuls varient le tableau central
et les bas-reliefs des portes latérales. Ces
autels suivent les règles du baroque. La partie
supérieure reçoit un beau baldaquin blanc
et or, peuplé d'anges et surmonté d'une
sphère représentant le monde, où
est plantée une croix. Le décor baroque
est lui-même coiffé d'une voûte en
plein cintre décorée d'un angelot et de
fleurs (photo ci-contre). Les portes latérales,
elles-mêmes élégamment travaillées,
comportent chacune un médaillon en bas-relief
illustrant le Couronnement d'épines, la Flagellation,
saint Sébastien, saint Roch et son chien.
Selon la notice du chanoine La Flize écrite en
1852, les autels ont été posés
en 1825 par un marbrier de Nancy, Jean Michel. Derrière
la statue du Sacré-Cur, la toile cachée
représente une Piéta ; derrière
la statue de la Vierge, Marie portant l'Enfant. On donne
un extrait
de cette dernière toile qu'il est très
difficile de photographier : il faut se tenir de biais
et jouer avec les nombreux reflets dus à la grande
verrière toute proche.
À l'origine, les statues et leurs piédestaux
n'existaient pas. Les toiles étaient donc parfaitement
visibles. L'autel qui est maintenant celui du Sacré-Cur
était dédié à Notre-Dame
de Pitié, appelée Patronne de la Confrérie
des Agonisants. On notera que, à l'église
Saint-Gengoult
de Toul,
l'autel situé au même endroit dans l'édifice
(bras nord du transept) porte aussi le nom d'autel des
Agonisants. Était-ce une coutume du culte en
Lorraine ? L'autel de la Vierge, dans le bras droit
du transept, n'a pas changé de nom.
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Suite 2/2
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Statue de la Vierge à l'Enfant sur son piédestal
dans l'entrée du chur (attribuée à
Cyfflé). |
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Bas-relief de saint Roch dans la chapelle de la Vierge
(style Louis XVI). |
Détail de la toile de la Vierge à l'Enfant
derrière la statue de la Vierge. |
«««---
Du visage de la Vierge dans la statue de Victor
Huel émane une sensation de sérénité
et de douceur remarquable.
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L'Annonciation de Jean Girardet. |
Statue de la Vierge de Victor Huel, vers 1885.
Chapelle de la Vierge. |
Bas-relief : saint Sébastien soigné par un ange.
Porte latérale de la chapelle du Sacré-Cur. |
LE CHUR
DE L'ÉGLISE SAINT-SÉBASTIEN |
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Vue d'ensemble du chur.
Au milieu du tombeau de l'autel, on voit un rond en marbre rouge du
Languedoc.
À cette place, avant 1793, il y avait un beau bas-relief de
saint Sébastien en marbre blanc.
Comme suite aux directives de Vatican II, une estrade en chêne
a été posée dans le transept.
Le mobilier liturgique moderne, en laiton repoussé, a été
réalisé par l'artiste Jacques Dieudonné (autel,
ambon et candélabre). |
Les quatre tableaux du chur sont attribués
à Duperron, ---»»
un peintre originaire de Metz. Début du XVIIIe
siècle. |
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Le chur et ses élévations de style classique. |
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«La Présentation au Temple», XVIIIe siècle. |
«L'Adoration des mages», XVIIIe siècle. |
Le
chur 1/3. En dehors de l'architecture
et de ses pilastres ioniques, les révolutionnaires
et leurs armées saccagèrent l'édifice
en 1792-93. Dans sa notice de 1852, le chanoine La Flize
s'afflige de cet affreux événement : «la
belle église Saint-Sébastien, dépouillée,
ruinée, dévastée, rappela les jours
néfastes du premier pillage du temple de Salomon
par Nabuchodonosor ; ses autels furent renversés,
ses boiseries brisées, ses tableaux enlevés,
ses confessionnaux brûlés, les tuyaux de
son bel orgue dilapidés (...).»
Sous le Concordat, Christophe Poirot, onzième
curé de Saint-Sébastien, releva l'église
de ses ruines avec le secours des familles de la paroisse
et des vicaires. De la ville, il obtint le maître-autel,
puis le buffet de l'orgue
des Prémontrés. «Il fit réparer
le pavé, élever les degrés du sanctuaire,
établir une balustrade, monter la boiserie du
chur, construire la chaire, badigeonner les murs»,
écrit le chanoine La Flize en 1852.
Décédé en 1812, ce curé
énergique fut remplacé par Philippe
Claude, desservant de l'église Saint-Nicolas,
qui continua l'uvre de son prédécesseur.
Il embellit le chur
en faisant construire un Calvaire, ce qui, écrit
le chanoine historien, diminua la trop grande hauteur
de la baie axiale et clôtura convenablement le
chur.
Ce fut ensuite le tour des boiseries : de nouvelles
boiseries plus hautes, plus riches en sculptures et
surmontées d'une belle corniche, les remplacèrent.
Le nouveau curé fit accroître l'orgue
et enrichit l'édifice d'ornements et de vases
sacrés. Trois nouvelles cloches prirent la place
d'une vieille cloche au mauvais son. ---»»
Suite 2/3
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Le
chur 2/3. Ce pasteur mourut à
92 ans en 1834. Le chanoine La Flize ne peut s'empêcher
de rappeler combien sa vie a été intense
à la cure de Saint-Sébastien puisque,
nommé en 1812, il aura vu passer l'Empire, Louis
XVIII, les Cent-Jours (pendant lesquels il fut obligé
de s'expatrier), la Restauration, Charles X et Louis-Philippe
! Pour faire le tour complet de sa vie, on peut ajouter
l'Ancien Régime avec Louis XV et Louis XVI, puis
la Révolution, la Terreur, le Directoire et le
Consulat... Ainsi en va-t-il des gens nés aux
alentours des années 1750 et qui ont vécu
plus de quatre-vingts ans. L'Histoire de France ne propose
pas de panorama politique plus riche et plus tumultueux.
Revenons au chur.
Avant 1792, il accueillait un tableau grandiose de saint
Sébastien, peint par Jean Leclerc, au temps du
duc Henri II (1608-1624). Il a été détruit
à la Révolution. Le chanoine La Flize
rapporte à ce sujet une anecdote : «On
rapporte que le Duc, ayant surpris l'artiste faisant
ce tableau, et peignant son propre frère qui
lui servait de modèle, admira le talent de l'un
et la patience de l'autre. Il assigna à l'instant
au peintre, en récompense de son travail, un
revenu de 30 résaux de blé sur ses grands
moulins.» En 1816, le curé Philippe Claude
fit poser un Calvaire contre la partie inférieure
de la baie axiale, un endroit qui n'accueillait plus
aucun ornement. Le terme de Calvaire paraît aujourd'hui
un peu galvaudé car il ne contient ni la Vierge,
ni Jean. De nos jours, on parle plutôt de Christ
en croix.
À la seule différence d'une grande croix
qui était noire en 1816, l'uvre que nous
voyons aujourd'hui est celle du début du XIXe
siècle. Le Christ, attribué à l'artiste
César Bagar, est exposé dans une sorte
de péristyle en miniature. La croix repose, au
soubassement, sur une boule monde. L'entablement est
surmonté d'un tympan où brille, dans la
lumière, le triangle divin. Le matériau
utilisé est le marbre gris azuré de Belgique.
Ce Calvaire a été exécuté
en 1816 par Michel, marbrier à Nancy. ---»»
Suite 3/3
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Le chur et le Calvaire de 1816.
«««--- Le chur et sa voûte.
Les trois baies sont surmontées d'ornementations baroques. |
«La Résurrection»
Tableau du chur attribué à Duperron, XVIIIe
siècle. |
«La Pentecôte»
Tableau du chur attribué à Duperron, XVIIIe
siècle.
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Décor baroque en stuc avec têtes d'angelots au-dessus
de la baie axiale. |
Vitrail axial (XIXe siècle?) |
Thème figuratif du vitrail axial. |
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La pénombre du chur contraste avec la clarté
de la nef et du transept. |
Le
chur 3/3. Les élévations
nord et sud du chur sont ornées de quatre
toiles de même dimension, illustrant l'Adoration
des mages, la Présentation
au Temple, la Résurrection
et la Pentecôte.
Avant 1824, les élévations recevaient
deux très grands tableaux de cinq mètres
sur trois : une Nativité et une Adoration des
mages. En 1852, quand le chanoine La Flize rédigea
sa notice historique, ces tableaux avaient été
déposés et se trouvaient dans la chapelle
des Surs de la Doctrine chrétienne. La
fabrique s'en était défait pour leur préférer
quatre tableaux plus petits, un sur chacun des quatre
murs. La base Palissy, à la suite de l'historien
nancéien Lionois, les attribue à Duperron,
un peintre originaire de Metz qui travailla pour les
églises de Nancy au début du XVIIIe siècle.
À partir des années 1960, comme suite
aux directives de Vatican II, une estrade en chêne
a été posée dans le transept pour
prolonger le chur du XVIIIe siècle. Le
mobilier liturgique moderne, en laiton repoussé,
a été réalisé par l'artiste
Jacques Dieudonné (autel, ambon et candélabre).
Sources : 1) Notice historique
sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize,
chanoine honoraire de la cathédrale, 1852 ; 2) Notice
sur Saint-Sébastien disponible dans l'église.
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Christ en croix dans le chur.
uvre attribuée à César Bagar (1816). |
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Vue d'ensemble du chur et de ses boiseries du début du
XIXe siècle. |
Histoire
de l'église Saint-Sébastien 2/2.
Nancy
connut alors une période faste jusqu'à la disparition
du duc Henri II, mort sans enfant en 1624. Les États
nommèrent son frère duc de Lorraine, mais celui-ci
abdiqua rapidement en faveur de son fils, qui devint le duc
Charles IV, prince fantasque qui provoqua l'ire de la France.
En 1618, la guerre de Trente Ans éclata. Elle ravagea
les États allemands et tout ce qui gravitait autour.
Charles IV, défendant la cause catholique, prit le
parti des Impériaux... et se retrouva bientôt
adversaire de la France de Louis XIII et de Richelieu. Pour
Nancy,
les conséquences seront désastreuses. Ce sera
l'irruption de la peste, de la famine et des ravages de la
guerre. Louis XIII et l'armée française attaquèrent
Nancy en 1633 et l'occupèrent. Au milieu de la détresse,
les envoyés de Vincent de Paul multiplièrent
les missions de charité. En 1659, le traité
des Pyrénées mit fin à la guerre franco-espagnole
et Charles IV récupéra la Lorraine. En 1670,
la France de Louis XIV occupa à nouveau Nancy
qui, cette fois, fut démantelée ; les bastions
furent détruits.
Néanmoins, de 1618 à 1671, l'abbé Marcand,
curé de Saint-Sébastien, resta actif et reçut
de multiples marques de bienveillance ainsi que des fondations.
En 1639, il ouvrit une souscription auprès des habitants
pour bâtir une nouvelle église. Le curé
David-Nicolas Phulpin lui succéda en 1671. Lui aussi
se démena. Il amena même ses paroissiens à
faire construire à leurs frais, en 1682, une tour qui
est toujours en place. Son zèle posa en quelque sorte
les jalons d'une future église.
Sous l'heureux règne du duc Léopold (1690-1729)
qui récupéra la Lorraine par le traité
de Ryswick de 1697, Nancy
releva la tête ; la construction de la Primatiale
fut enfin lancée. Mais le terrible hiver 1709 frappa.
Le curé, François Trottin, en place depuis 1705,
décéda cette année-là, victime
de son dévouement pour le salut de ses ouailles.
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Le curé Joseph Charles
le remplaça. C'est lui qui allait obtenir du duc Léopold
que Saint-Sébastien soit détruite et remplacée
par un édifice plus grand et plus beau. Les demandes
précédentes, depuis plus de vingt ans, avaient
été ajournées compte tenu des malheurs
de l'époque. Avec la bonne gestion du duc Léopold,
la demande put enfin aboutir.
Des architectes, venus inspecter l'église, reconnurent
que le risque était grand de la voir s'écrouler
sur les paroissiens. Le duc ordonna donc sa destruction. Se
posa alors le problème du transfert des corps inhumés
dans l'église : la salubrité publique pouvait
être en danger ! Le curé rédigea un rapport :
les corps, étant réduits en poudre, ne présentaient
aucun risque... Et la vieille église vétuste
fut démolie. Huit jours suffirent. En attendant, l'église
du collège des Pères Jésuites prit le
relais pour l'office des dimanches et le service des défunts.
La première pierre de la nouvelle église Saint-Sébastien
fut posée le 29 juillet 1720 par le Prince royal Léopold-Clément,
fils aîné du duc qui remplaçait son père,
souffrant. La construction était financée par
les dons des habitants via une souscription ouverte depuis
1639. L'abbé Jean Rémi fut nommé à
la cure en 1724 et succéda à Joseph Charles,
l'évêque de Toul étant alors Scipion-Jérôme
Bégon (1721-1755). Le duc Léopold mourut en
1729. Son fils François III (1729-1737), qui lui succéda,
contribua à l'achèvement de la construction.
La population continuait de s'accroître et, en 1731,
la paroisse fut scindée en trois. Il y eut dorénavant
Saint-Sébastien, Saint-Roch et Saint-Nicolas.
Sources : 1) Notice historique
sur l'église Saint-Sébastien de Nancy par M.
La Flize, chanoine honoraire de la cathédrale, 1852
; 2) «Nancy, 1000 ans d'Histoire», éditions
Place Stanislas ; 3) «La Lorraine des origines à
nos jours», éditions Ouest-France.
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L'ORGUE DE L'ÉGLISE
SAINT-SÉBASTIEN |
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L'orgue de tribune et son très beau buffet. |
L'orgue
de tribune. Dans la notice historique du
chanoine La Flize, on apprend que le premier orgue a
été détruit par les Révolutionnaires.
Il fut remplacé par l'ancien orgue de la cathédrale
de Metz que le facteur Stelz de Nancy
installa dans l'église en 1810. Le buffet venait
de l'église
des Prémontrés à Pont-à-Mousson.
En 1881, c'est un nouvel orgue Hærpfer-Dalstein
qui fut installé dans un buffet agrandi. Il a
été totalement restauré en 2004-2008.
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Ornementation baroque sur la tribune de l'orgue. |
Angelots sur la tourelle centrale de l'orgue de tribune. |
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L'intrados baroque de la tribune d'orgue. |
Ornementation sur le positif de l'orgue de tribune. |
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Angelot sur le positif. |
La nef et le collatéral droit vus depuis la croisée. |
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La nef et l'orgue de tribune vus de la croisée. |
Documentation : Notice historique sur l'église
Saint-Sébastien de Nancy par M. La Flize, chanoine honoraire
de la cathédrale, 1852
+ Congrès archéologique de France, Nancy & Lorraine
méridionale, 2006, article sur l'église Saint-Sébastien
de Pierre Sesmat
+ Congrès archéologique de France, Nancy & Verdun,
1933, article sur l'église Saint-Sébastien par Pierre
Marot
+ «Nancy, 1000 ans d'Histoire», éditions Place
Stanislas
+ Notice sur l'église Saint-Sébastien disponible dans
l'église. |
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