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L'origine de l'église Saint-Sépulcre
d'Abbeville se trouve dans une histoire peu banale. Pour répondre
à l'appel de la première croisade (fin du XIe siècle),
Guy de Ponthieu amena les chevaliers du Nord en la cité d'Abbeville
où Godefroy de Bouillon les passa en revue. Afin de commémorer
l'événement, une église fut construite à
l'endroit précis de ce rassemblement. Légende. On
ne trouve aucune mention de l'église avant une charte datant
de 1206. De plus, aucune trace des XIe ou XIIe siècle n'est
visible dans l'édifice. Dans les faits, l'église a
été bâtie au XVe siècle. Elle est typique
des nombreux édifices religieux construits en France après
la guerre de Cent Ans, à la faveur du renouveau économique.
Clocher et transept ont été rebâtis en style
néogothique en 1864. En mai 1940, comme la collégiale
Saint-Vulfran
et l'église Saint-Gilles,
Saint-Sépulcre est la proie des bombes allemandes : la voûte
s'effondre ainsi que certains murs. Les vitraux ont sûrement
été soufflés à cette occasion. La restauration
du bâtiment n'interviendra que dans les années 1970.
L'intérêt de l'église Saint-Sépulcre
réside dans sa verrière contemporaine qui date de
1993. Tous les cartons des vitraux ont été dessinés
par Alfred Manessier (1911-1993). L'artiste a retenu le thème
de la victoire de la vie sur la mort. La verrière a été
créée par l'atelier Lorin à Chartres.
Sans être superbes, on peut qualifier les vitraux d'«originaux»
et de respectueux de l'atmosphère de recueillement qui doit
rester celle de tout édifice religieux.
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Vue d'ensemble de l'église Saint-Sépulcre d'Abbeville. |
La façade ouest (XVe siècle). |
Le côté sud baigné par le soleil des journées
du Patrimoine de septembre 2012.
La tour carrée, du XVe siècle à l'origine, a été
reconstruite en 1864, tout comme le transept.
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Le portail principal de la façade occidentale
(XVe siècle) |
Statue sur le portail principal
(vraisemblablement XIXe siècle) |
Les vitraux de Manessier dans le bas-côté sud («Gethsémani»
et «la Vigne véritable», 1993) |
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Le chevet de l'église Saint-Sépulcre et le côté
sud. |
Christ aux liens sur la façade sud
(vraisemblablement XIXe siècle)
À DROITE ---»»»
Statue de Godefroy de Bouillon
sur la façade du transept sud (XIXe siècle). |
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Vue d'ensemble de la nef de Saint-Sépulcre et du bas-côté sud |
Chapelle du Sacré Cur (absidiale sud) |
Le bas-côté nord et sa série de clés pendantes
sur la voûte
Au fond, la chapelle de la Vierge |
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Alfred
Manessier est un enfant du pays d'Abbeville. Né
en 1911 à Saint-Ouen, petit village dans la Somme,
les sources nous indiquent qu'il commence à peindre
dès l'âge de douze ans, en particulier les paysages
de la baie de Somme. Il entre à l'École des
Beaux-Arts d'Amiens, puis en 1929 à l'École
nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. On le
retrouve en 1941 enseignant dans la capitale. Il expose des
uvres d'avant-guerre. Le Musée national d'Art
Moderne de Paris lui achète une uvre en 1944.
À la fin des années 40, les choix thématiques
d'Alfred Manessier s'orientent vers la mer et la nature. Le
Grand Prix de Peinture de la Biennale de Venise lui est décerné
en 1962.
En 1982, l'inspecteur général des Monuments
Historiques lui propose de créer les vitraux de l'église
Saint -Sépulcre d'Abbeville. C'est pour l'artiste l'occasion
de revenir en un lieu où il a passé une partie
de sa jeunesse. On lit dans le dépliant «Abbeville,
découvrir autrement» consacré à
l'église Saint-Sépulcre ces mots explicatifs
: «Les vitraux de Saint Sépulcre célèbrent
la victoire de la vie contre l'angoisse, la souffrance et
la mort[...] Ils évoquent les derniers jours du Christ
et sa résurrection, de la Cène à Gethsémani
d'abord, de l'aube du Vendredi saint à la solitude
du tombeau ensuite, de l'ample nuit reposée du Samedi
aux Fêtes Pascales enfin.» Alfred Manessier confie
ses cartons à l'atelier Lorin de Chartres, chargé
de réaliser la verrière. Les premiers vitraux
sont posés dès 1989. L'ensemble - quasi achevé
- est inauguré en mai 1993. Les derniers, dans le transept,
doivent être posés en septembre. Mais Alfred
Manessier ne sera pas
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là : il succombe le 1er
août de la même année des suites d'un accident
de voiture.
Comme pour ceux de William
Einstein à la collégiale Saint-Vulfran,
on peut aimer ou ne pas aimer les vitraux de Manessier. Ils
ont néanmoins l'avantage de l'originalité et
affichent une recherche certaine des formes à travers
l'ordonnancement des couleurs. Reproduire sans cesse des vitraux
historiés comme ceux de la deuxième moitié
du XIXe siècle finirait par lasser... Les vitraux d'Alfred
Manessier réussissent à créer une réelle
féérie dans la nef et le chur quand le
soleil est de la partie. Par leur chatoiement et le jeu permanent
de la lumière sur leurs éléments colorés,
ils prolongent l'atmosphère de recueillement et de
prière qui est si importante aux yeux des ecclésiastiques.
Dans les années 50 et 60, le célèbre
peintre verrier Max Ingrand eut à subir les foudres
de certains évêques pour avoir créé
des vitraux qui cassaient cette atmosphère de foi et
de prière. À Saint-Sépulcre, on se reportera
avec intérêt au vitrail «l'ombre de la
croix» posé sur la façade ouest : il y
crée un effet réellement saisissant (voir la
dernière
photo de cette page).
Terminons en ajoutant qu'une partie importante de l'uvre
d'Alfred Manessier a fait l'objet d'une donation au musée
Boucher de Perthes d'Abbeville par sa famille après
son décès.
Source : Abbeville, l'église
Saint-Sépulcre, brochure
de l'Office de Tourisme et Alfred Manessier, 1911-1993,
notice réalisée à l'occasion d'une exposition
Manessier au Musée
Boucher de Perthes en 2012.
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«L'Annonce de la Pentecôte»
Vitrail de Manessier dans le bas-côté sud, 1993 |
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Chemin de croix
« Jésus rencontre sa mère»
«««--- À GAUCHE
La Communion donnée par un ange
Tableau anonyme |
«La Vigne véritable ou le vin eucharistique»
Vitrail de Manessier dans le bas-côté sud
- 1993 - |
Atmosphère chatoyante du bas-côté sud
«««--- Clé pendante dans le chur
(XVe siècle) |
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Suite de clés pendantes dans le bas-côté sud |
«L'ombre de la Croix», vitrail de la façade ouest |
Clé pendante
dans le bas-côté sud
Les niches étaient prévues pour abriter
des petites statues disparues
«««--- Vitrail d'Alfred Manessier (1911-1993) |
EXEMPLES DE CULOTS
À LA RETOMBÉE DES RESSAUTS SUR LES ARCADES DE
LA NEF (XVe SIÈCLE) |
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Adam, Ève et le serpent |
L'archange Saint Michel terrassant le dragon,
accompagné d'anges musiciens |
Le paradis et l'enfer |
Le Christ bénissant et tenant un calice |
Le Père Céleste avec deux anges |
La colombe du Saint Esprit |
La nef vue depuis l'absidiole nord |
«Le Crépuscule» dans le bas-côté nord (Manessier) |
LA MISE AU TOMBEAU
(POSTÉRIEURE AU XVe SIÈCLE) |
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La Mise au tombeau
dans sa petite chapelle en gothique flamboyant |
La voûte de la chapelle
Au centre, l'agneau pascal |
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La Mise au tombeau (après le XVe siècle) |
Sculpture d'un soldat romain dans le décor flamboyant |
«Stabat Mater ou Marie au pied de la croix»
(Vitrail Manessier sur la façade ouest) |
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Joseph d'Arimathie, sainte Madeleine et Marie
La Mise au tombeau |
«Gethsémani», Alfred Manessier, 1993
Vitrail dans le bas-côté sud |
Nicomède
La Mise au tombeau |
Le visage de Jésus
Le gisant du Christ est le seul élément du XVe siècle.
Les autres personnages
sont postérieurs et d'une facture différente.
À DROITE ---»»»
Marie, saint Jean et les saintes femmes dans «la Mise au tombeau» |
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LE CHUR DE L'ÉGLISE
SAINT-SÉPULCRE |
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Le chur de l'église Saint-Sépulcre et la chapelle
absidiale sud. |
Statue d'un saint évêque dans le chur. |
Lutrin
À DROITE ---»»»
«La joie de Pâques au petit matin ou la Résurrection»
Vitrail d'Alfred Manessier dans le chur, 1993.
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La gloire du maître autel (bois doré du XIXe siècle).
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Le maître-autel (XIXe siècle) |
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Le chur de l'église Saint-Sépulcre.
Les sept vitraux d'Alfred Manessier dans le chur symbolisent
tous «la Joie de Pâques au petit matin». |
«La Résurrection», médaillon sur bois dans le chur. |
La partie nord du chur et les vitraux de Manessier. |
La nef vue du chur
Sur la façade, le vitrail de Manessier : «L'ombre de
la croix» (1993).
Le couvrement de la nef est une charpente lambrissée en berceau
brisé. Le transept et le chur ont une voûte ogivale.
Les voûtes, détruites en mai 1940, ont été
refaites après la deuxième guerre mondiale. |
Documentation : «Abbeville, l'église
Saint-Sépulcre», brochure de l'Office de Tourisme |
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