|
|
La vie de l'église Saint-Eutrope
a été mouvementée jusqu'au XIXe siècle.
Pour honorer les reliques du saint, des moines clunisiens fondèrent
un monastère au IXe siècle, puis firent construire
une fastueuse église à deux niveaux. D'abord une crypte,
véritable église basse située sous le chur
de l'église haute, celui-ci se prolongeant à l'ouest
par une nef de même longueur. La ville était une étape
jusqu'à Compostelle : il fallait pouvoir accueillir les nombreux
pélerins venus honorer le saint. Le pape Urbain II consacra
l'église en 1096. Le bâtiment, immense pour la Saintonge,
était décoré de magnifiques chapiteaux,
dont une partie subsiste encore dans la crypte et dans l'église
haute. L'abside a été allongée au XVIe siècle.
Située hors des murs de la ville, l'église eut à
souffrir du vandalisme aux cours des âges. Pendant les guerres
de Religion, elle fut dévastée et incendiée.
Mais, à chaque fois, réparée. L'imposant clocher
en gothique flamboyant est une adjonction voulue par Louis XI, à
la fin du XVe siècle. Mais le pire restait à venir
: le vandalisme d'État. En 1803, pour éviter
la réparation d'un pilier, le préfet de Charente-Inférieure
décida de faire abattre toute la nef jusqu'au transept, privant
Saintes d'un véritable joyau roman. De ce fait, l'église
s'est trouvée «décalée» : l'ancien
chur est devenu la nef actuelle ; l'ancienne abside, le chur
actuel. La verrière,
dont une partie relate la vie de saint Eutrope, date des XIXe et
XXe siècles.
|
|
Vue d'ensemble de la nef de Saint-Eutrope
C'est le chur de l'ancienne église romane de la fin du
XIe siècle, dont la nef a été détruite
en 1803 sur l'ordre du préfet.
L'église Saint-Eutrope a été classée Monument
historique en 1846. |
Le clocher de Saint-Eutrope vu
depuis les ruines de l'amphithéâtre gallo-romain |
L'ancienne
église Saint-Eutrope.
En 1803, le préfet décida de raser la
nef de l'église. L'ancien édifice,
de par son originalité, était unique.
L'ancienne nef, qui occupait la place du parking actuel
devant la façade, avait un sol plus bas que le
niveau actuel. Les sources qui nous sont restées
décrivent un intérieur fort peu banal.
Une fois entré dans l'édifice, on «descendait»
par un escalier à cinq marches pour accéder
au premier niveau de la nef. De là, de nouvelles
marches permettaient de rejoindre une sorte de palier,
en fait le centre de la nef elle-même. Ce palier
était entouré de marches (qui remontaient
vers le niveau supérieur) et de colonnes. À
partir de ce palier, de nouvelles marches descendaient
à la crypte, elle-même située sous
la nef actuelle. De la nef, d'autres marches remontaient
vers le chur. On peut ainsi imaginer que, depuis
l'entrée de la nef, on pouvait apercevoir en
même temps deux officiants : celui de la crypte
et celui du chur dans l'église haute...
Cliquez ici
pour afficher le plan tel qu'on l'imagine d'après
les descriptions qui nous sont restées. L'administration
du Premier Empire nous a privé d'une réelle
splendeur en même temps que d'un édifice
à caractère unique et sûrement très
pittoresque.
Source : panneau affiché dans la nef de
l'église
|
|
|
Vue d'ensemble depuis la place
À la place des automobiles, il y avait, jusqu'en 1803,
une nef romane... |
L'absidiole latérale romane sur le côté nord (fin
du XIe siècle) |
|
Le clocher flamboyant et ses fenêtres (fin du XVe siècle) |
Le clocher en gothique flamboyant culmine à 80 mètres.
Voulu par Louis XI et payé de ses deniers personnels,
il a été érigé de 1478 à
1496. Louis XI portait
une vénération particulière à saint
Eutrope. |
|
Statue de saint Eutrope
dans le baptistère |
Le côté nord de Saint-Eutrope et sa curieuse absidiole
Toute cette partie de l'ancienne église (qui est la seule à
subsister après la destruction de 1803) remonte
à la fin du XIe siècle. Le raffinement de son décor
ne peut que faire regretter la perte de l'ancienne nef. |
Sainte Eustelle
G.P. Dagrant, Bordeaux, vers 1935
Cliquez sur l'image |
Élévations droites dans la nef romane
La série de vitraux est due à l'atelier Dagrant de Bordeaux
(années 1930)
Les piliers qui scandent la nef sont ornés de chapiteaux à
feuillages. Les chapiteaux historiés sont à l'entrée
de l'église, c'est-à-dire dans l'ancien transept. |
Prosper
Mérimée, inspecteur général
des Monuments historiques écrit à son ami et
président de la Commission, Ludovic Vitet, une longue
lettre datée du 14 septembre 1840 sur la ville de Saintes.
Outre un long exposé sur les problèmes qu'il
rencontre à propos de l'arc
de Germanicus, on y trouve quelques lignes intéressantes
sur Saint-Eutrope : «J'ai trouvé la flèche
de Saint-Eutrope fort malade, et ce qui me touche bien davantage
le collatéral et l'abside de l'église en pire
état. L'abside du nord qui est délicieuse [Mérimée
parle de l'absidiole romane de la fin du XIe siècle]
est sur le point de tomber. Le côté sud qui donne
dans une pension n'est pas en meilleur état. On a récemment
abattu les murs qui bordaient l'église du côté
de la grande route, et déblayé le pied du collatéral.
Cela a peut-être contribué à la disposition
qu'ils [la
|
mairie
de Saintes] manifestent de pousser au vide, mais en
même temps cela fait voir de la route à tous
les passants l'admirable décoration du 12e siècle.
J'ai demandé à Mr Clerget [l'architecte
en charge des travaux sur l'arc de Germanicus] un projet
et un avis de restauration ; cela coûtera cher, mais
cela est indispensable. Saint-Eutrope mérite d'ailleurs
d'être porté sur la liste des monuments à
restaurer par des allocations extraordinaires.»
Source : «La naissance
des Monuments historiques, la correspondance de Prosper Mérimée
avec Ludovic Vitet (1840-1848)», Éditions
du Comité des travaux historiques et scientifiques,
Ministère de l'Éducation nationale.
|
|
Ancien bénitier et ses sculptures
Époque non précisée |
Chapelle du Saint Sacrement
On est ici sous le clocher, au premier niveau
C'est aussi le transept nord de l'ancienne église
Dans la fenêtre, un vitrail de l'atelier
Gesta de Toulouse (XIXe siècle) :
«Présentation de la Vierge au temple»
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan. |
Mgr Pierre Louis de Larochefoucauld
Dernier évêque de Saintes
(1782-1792)
Vitrail des années 1930
G.P. Dagrant, Bordeaux
Cliquez sur l'image pour l'afficher
dans la galerie des vitraux |
Vitrail dans la chapelle du Saint Sacrement
«Présentation de la Vierge au temple», partie centrale
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
|
Tableau dans la nef : «Jean-Baptiste prêchant»
uvre anonyme |
Chapelle dans l'entrée à droite
C'est le transept sud de l'ancienne église.
Dans la fenêtre, vitrail de l'atelier Gesta : «La
Sainte Famille» |
Le bas-côté droit et sa très belle architecture romane
On peut penser que les bas-côtés de la nef
détruite avaient la même allure.
On remarquera la voûte en demi-berceau (très rare
en Saintonge) |
|
Chapiteau roman : «Le Pèsement des âmes» (fin du
XIe siècle)
Les chapiteaux avec scènes historiés se trouvent au
niveau de l'ancien transept. |
Vitrail de saint Charles Borromée
Atelier Léglise, Paris (XXe siècle) |
«Le Pèsement des âmes» (fin du XIe siècle) |
Chapiteaux avec motifs byzantins (fin du XIe siècle) |
Un chapiteau
roman : Le Pèsement des âmes.
Les fléaux de la balance, qui sont des paniers
en vannerie fort curieux dans ce genre de sculpture, ont attiré
l'attention des spécialistes de l'art roman...
La scène représente l'archange saint Michel
pesant l'âme d'un juste : le panier du Bien est plus
lourd que le panier du Mal. C'est pourquoi le démon
appuie avec son bâton sur le panier du Mal situé
de son côté... Sur la partie droite de la sculpture,
un damné (ou une damnée) se tient derrière
lui tandis que, sur la partie gauche, un juste attend près
d'un ange (voir l'image complète du chapiteau un peu
plus haut).
|
Les vitraux
de Saint-Eutrope. D'après l'ouvrage Le
Patrimoine des communes de Charente-Maritime aux éditions
Flohic, les vitraux de l'église sont dus à l'atelier
Gesta de Toulouse. Il faut en fait les scinder en trois.
La plupart des vitraux de la nef, qui sont «uni-personnage»,
ont été créés par l'atelier G.
P. Dagrant à Bordeaux, vers les années 1935.
Une signature comprenant le nom de l'atelier et la date est
visible dans le vitrail du pape Urbain II et celui de Monseigneur
Pierre Louis de Larochefoucauld. D'autres vitraux de la nef,
eux aussi «uni-personnage» sont plus récents
et dus à l'atelier parisien Léglise.
Enfin les vitraux historiés présents dans le
chur et relatifs à la vie de saint Eutrope, ainsi
que ceux de la Présentation de la Vierge et de la Sainte
Famille (présents dans les chapelles de l'ancien transept)
peuvent avoir été créés par l'atelier
toulousain Gesta. Mais aucune signature n'a pu être
détectée dans la verrière pour le confirmer.
|
|
Vitrail de saint Louis, partie centrale
Atelier Dagrant, Bordeaux (années 1930)
Cliquez sur l'image pour afficher le vitrail en entier |
Partie droite du chapiteau du «Pèsement des âmes»
(fin du XIe siècle)
À droite, motif d'origine byzantine : un quadrupède
se fait mordre au cou par un volatile qui, lui-même, se fait
mordre la queue.
Pèsement des âmes : le damné qui se tient derrière
le démon, d'après ses cheveux, pourrait être une
femme. |
Chapiteau roman : «Daniel dans la fosse aux lions»
La profusion de personnages, d'animaux et de rinceaux de toutes sortes
ne laisse pas un emplacement vide. |
Vitrail de sainte Estelle ou Eustelle
Atelier Léglise, Paris (XXe siècle) |
Tableau dans la nef : «La Nativité»
Auteur anonyme |
|
|
Chapiteau avec motifs byzantins (fin du XIe siècle) |
Chapelle de la Vierge (situé dans l'absidiole romane
nord) et une partie du chur
««--- À GAUCHE
Vitrail de saint Macutus (ou Saint-Maclou) , partie centrale
Atelier G.P. Dagrant, Bordeaux (années 1930)
Cliquez sur l'image pour afficher le vitrail en entier dans
la galerie des vitraux en gros plan |
|
Chapiteaux à figures géométriques sur les piliers de la nef
(Fin du XIe siècle) |
Chapiteaux à figures géométriques et à feuillages sur les piliers
de la nef
(Fin du XIe siècle) |
Baptistère dans l'absidiole sud
(fin du XIe siècle)
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan ---»»» |
Vitrail relatant la vie de saint Eutrope
Atelier Gesta de Toulouse (XIXe siècle) |
Le
vocable d'Eutrope et ses transformations.
On trouve saint Eutrope un peu partout, mais on ne le
sait pas. Au rythme des patois et des langues, la prononciation
du nom fut déformée au cours des siècles.
Eutrope, qui se prononça d'abord Utrope, fut
rapidement changé en Itrope et Hydrope. De nouvelles
altérations aboutirent à Atropy, Acropy
et enfin Accroupi (!) Une rue Saint-Accroupi existait
à Compiègne au XIXe siècle. Évidemment,
les noms des saints conduisaient les fidèles
à leur associer des maux, des maladies, voire
des postures qui rappelaient la consonance de leur patronyme.
Devenu Hydrope, Eutrope fut invoqué par les hydropiques.
Les estropiés invoquèrent saint Estrope,
bientôt suivis par les boiteux et les paralytiques.
Plus amusant encore : les prisonniers adressèrent
leurs prières à saint Accropy... parce
qu'ils se tenaient accroupis dans leur geôle.
Le coup de hache sur le crâne qui avait tué
Eutrope n'était pas oublié non plus :
les migraineux invoquaient le saint en son souvenir.
Enfin, certaines localités célébraient
Eutrope sous le nom de saint Eutrope le Méhaingre,
c'est-à-dire le supplicié. Qui devint
bientôt saint Eutrope le Maigre... auquel on opposa
bientôt un saint Eutrope le Gras. Source
: Panneau affiché dans la nef de l'église.
|
|
|
Chapiteaux à médaillons ronds et figures géométriques
(Fin du XIe siècle) |
Vitrail de sainte Eustelle, détail
Atelier G.P. Dagrant, Bordeaux (années 1930)
Cliquez sur l'image pour afficher le vitrail en entier dans
la galerie des vitraux |
|
Le chur de Saint-Eutrope
Cette partie de l'église a été rajoutée
au XVIe siècle. |
Vitrail historié dans le chur
relatant la vie d'Eutrope,
qui fut évêque de Saintes
vers la fin du 1er siècle
et le début du 2e siècle :
«Le baptême de sainte Estelle
par saint Eutrope»
Atelier Gesta de Toulouse
(XIXe siècle)
Cliquez sur l'image pour l'afficher
en gros plan |
Statues de saint André et de saint Pierre
dans le chur |
Clé de voûte dans le chur |
|
Vitrail historié dans le chur
«Décollation de saint Eutrope»
Atelier Gesta (XIXe siècle)
- Cliquez sur les vitraux - |
Translation des reliques de saint Eutrope de Bordeaux à
Saintes (1602) |
Saint
Eutrope. La vie de ce saint n'est pas trés
connue et tourne parfois à la légende.
Natif de Perse, il entend parler du Christ à
la cour d'Hérode. Il devient disciple, puis apôtre
des Santons. Maltraité à Saintes, il s'enfuit
à Rome. Mais le pape Clément (90-100 ap.
JC) le sacre évêque et le renvoie en Saintonge.
uvrant avec vertu et charité, les conversions
se multiplient. Estelle, la fille du légat, demande
le baptême. Puis, renonçant au monde, elle
construit son ermitage près de celui de l'évêque.
Le légat, furieux, ordonne d'occire Eutrope.
Ce qui sera fait à coups de hache. Estelle fait
inhumer son corps et sera bientôt martyre à
son tour. Les reliques des deux saints sont vénérées
dans la crypte
de l'église.
|
|
|
Statues de saint Simon et de saint Jude
dans le chur |
Tableau dans la nef : «La Crucifixion»
Auteur anonyme |
Vitrail de saint Seronius |
La nef et la tribune vues du chur |
Vitrail dans le chur
Saint Eutrope guérit un malade
Cliquez sur le vitrail pour le voir en entier |
La voûte de la nef de Saint-Eutrope
avec ses arcs en berceau
a été réparée maintes fois. |
Documentation : «À la découverte
de Saintes», Éditions patrimoines médias, ISBN
: 2-910137-50-3 + Panneaux affichés dans l'église |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|