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Nous sommes ici dans un quartier de
Paris, légèrement surélevé par rapport
au centre de la capitale. C'est le quartier de Belleville. Avant
l'église actuelle, il y avait une chapelle bâtie en
1833 et rattachée à la paroisse Saint-Jean-Baptiste
de Belleville. En 1860, lorsque les communes limitrophes ont
été intégrées dans Paris, le clergé
fit élever un nouveau lieu de culte. La construction, menée
par l'architecte Louis-Jean-Antoine Héret (1821-1899) eut
lieu entre 1863 et 1880.
L'église Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant relève
du style architectural dit «du Second Empire». C'est
un hybride de style roman des XIe et XIIe siècles et de gothique,
comme on peut le voir aisément dans les parties externes
du transept. L'armature
de l'église est en métal, couvert de moellons, selon
un procédé inauguré dans la capitale à
l'église Saint-Eugène
dès 1855. Si les nombreux chapiteaux sont stylisés
sans vraiment être romans, les culots des chapelles latérales,
garnis de têtes d'hommes et de femmes, apportent une touche
néoromane aux bas-côtés. Mais, l'une des caractéristiques
de l'église est d'exposer des arcs-doubleaux en fonte dans
la nef et le chur, créant ainsi un contraste aux niveaux
de la couleur et la matière. Enfin, Notre-Dame-de-la-Croix
possède, dans le transept, quatre très beaux tableaux
du XIXe siècle dont une Mort
de Joseph par Lagrenée (1739-1821) et une Descente
de Jésus aux limbes par Delorme (1783-1859).
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Vue d'ensemble de la nef de Notre-Dame-de-la-Croix de Ménilmontant |
L'église vue depuis la place Maurice Chevalier
On accède aux portails par un escalier imposant. |
Tympan du portail droit : «La Fuite en Égypte» par
Louis Chambard (1811-1891) |
Tympan du portail gauche : «La Présentation de
la Vierge au temple»
par Raymond Barthélemy (1833-1902) |
À DROITE ---»»»
Si le chevet de l'église rappelle bien l'art roman,
il n'en
reste pas moins que les balustrades de pierre, au sommet
des
chapelles absidiales, s'en éloignent de beaucoup. |
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Le portail central est de style néoroman.
Si l'architecture de l'église revêt parfois un
côté très éclectique, le
style des trois portails de la façade est, quant à
lui, d'un roman très pur. |
Statue de la Vierge sur la façade
uvre de Joseph Tournois (1830-1891) |
Le tympan du portail central est une Piéta réalisée
par Joseph Tournois (1830-1891) |
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Le transept est typiquement de style Second Empire :
mélange plutôt disharmonieux de roman et de gothique. |
La rose du transept gauche est ornée d'une tête
de Christ
dont l'effet artistique n'est pas vraiment convaincant. |
Tête de Christ sur la rose gauche |
Tête de la Vierge sur la rose droite |
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Vue du narthex. Au fond le baptistère |
Chapiteau néoroman accompagné d'une tête de femme
dans le narthex |
Le narthex
introduit immédiatement le visiteur dans une antre
de luxueux chapiteaux bien éclairés par de la
lumière artificielle. L'architecture du narthex donne
une idée de celle de l'église : du néoroman
assez majestueux assemblé à la taille du gothique.
On voit, sur la photo de gauche, une série de belles
arcades en plein cintre relevés de chapiteaux très
travaillés, qui reprennent des thèmes floraux
traditionnels. Ils sont parfois accompagnés d'une tête
d'homme ou de femme.
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La cuve baptismale néogothique |
«««---
À GAUCHE
Le baptistère dans le narthex |
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«L'Annonciation»
Tableau dans le baptistère (copie?) |
LA NEF ET LES
CHAPELLES LATÉRALES |
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Le bas-côté droit et ses arcades en plein cintre
Le triforium offre un aspect très massif. Au-dessus, une suite
de baies jumelées reçoit des vitraux à figures
géométriques et à grisaille. Il n'y a aucun vitrail
historié dans l'église Notre-Dame-de-la-Croix. |
Oculus dans le narthex |
Détail d'un vitrail dans la nef |
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Chapiteau avec feuilles d'acanthe |
Chapiteau stylisé |
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Les
chapiteaux de l'église Notre-Dame-de-la-Croix
sont des merveilles de stylisation. Ils reprennent
des thèmes floraux chers à l'art
roman (feuilles, fleurs et fruits), mais souvent
ils s'écartent de cet académisme
pour se lancer dans des représentations
beaucoup plus audacieuses. On voit, à gauche,
les classiques feuilles d'acanthes accompagnées
de fleurs. Le chapiteau du dessous défie
les lois de l'ornementation romane. Il s'agit
là d'une création d'artiste sans
volonté de reproduire la nature.
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La nef vue depuis le bas-côté droit |
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«««--- À GAUCHE
Vitrail à motifs géométriques dans la nef. Ces baies,
situées au troisième niveau de l'élévation,
vont par paire.
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«Le Martyre de saint Crespin» par A. Durant, 1620
L'histoire de saint Crespin et saint Crépinien ainsi
que le récit de
leur martyre sont donnés à la page de l'église
Saint-Pierre
de Dreux. |
Vitrail à motifs géométriques, détail |
Chapiteaux stylisés à thème de feuilles
et de fruits |
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Chapelle latérale Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus
On aperçoit l'un des culots à la retombée
de l'ogive. |
Les arcs-doubleaux en fonte de la voûte |
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Tableau «Noli me tangere» dans une chapelle
latérale (copie?) |
Chapelle latérale Sainte-Jeanne d'Arc
avec le tableau du Martyre de saint Crespin |
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Le bas-côté droit conduit à la chapelle
absidiale
Saint-Benoît-Joseph-Labre, patron des SDF (voir plus
bas). |
Chapiteau stylisé dans la nef |
«Le Lavement des pieds»
Tableau dans une chapelle latérale (Copie?) |
L'autel de la chapelle latérale Saint-Georges |
Culot avec tête de femme |
Culot avec tête de prélat |
Chapiteau stylisé à feuilles de trèfle |
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Le bas-côté droit et sa suite de chapelles latérales
Les bas-côtés sont ornés des stations du Chemin
de croix et de chapiteaux stylisés. |
Culot avec tête de Moïse
dans une chapelle latérale |
Culot avec tête de femme
dans une chapelle latérale |
«Saint Paul sur le chemin de Damas», 1819
Toile de Jean-Baptiste Charpentier |
Type de vitrail XIXe siècle
au 2e niveau de l'élévation |
Vitrail à thèmes géométriques
(partiel) |
«Moïse et le Serpent d'airain»
Tableau de Constant Smith (1788-1873) |
Les arcs-doubleaux en fonte reposent sur des chapiteaux stylisés.
Ils apportent un cachet certain à la nef. Malheureusement ils
sont trop hauts pour
que leur aspect décoratif joue à plein. |
Chapiteaux stylisés avec tête d'homme
Chapiteau stylisé ---»»» |
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LE TRANSEPT ET
SES TABLEAUX |
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Le transept gauche avec le tableau de La Mort de Joseph |
Le transept de l'église
Notre-Dame-de-la-Croix possède quatre grandes
toiles dignes d'intérêt, toutes créées
au XIXe siècle. Elles sont reproduites en entier
dans cette page, parfois avec des gros plans sur des
parties intéressantes.
La photo ci-dessus montre la disposition de l'une d'entre
elles dans le croisillon gauche. Les autres se répartissent
sur les trois autres côtés du transept.
On trouve : La Mort
de Joseph de Jean-Jacques Lagrenée, Jésus
descendant aux limbes de Pierre-François
Delorme, Jésus
guérissant les malades de Jean-Pierre Granger et
une très originale toile illustrant Notre-Dame-de-la-Croix
par Albert Chanot.
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«La Mort de Joseph» par Jean-Jacques Lagrenée
Détail : L'ange qui tient une fleur de lys |
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«Jésus descendant aux limbes»
de Pierre-François Delorme (1783-1859)
dans le croisillon gauche du transept |
«Jésus
descendant aux limbes» de Pierre-François
Delorme
Détails --- »»» |
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La
descente du Christ aux limbes, après
sa mort sur la croix, est l'un des thèmes les
plus originaux de la théologie chrétienne.
Cette idée, qui remonte au Moyen Âge, a
conduit à la création de quelques chefs
d'uvre artistiques, comme le tableau de Pierre-François
Delorme ci-contre. Les Évangiles rapportent que
Jésus est le premier d'entre les morts qui doit
entrer au paradis. Tant qu'il n'est pas mort sur la
croix, aucun homme décédé ne peut
y rentrer. Ainsi tous les justes, morts depuis la création
du monde, attendent dans les limbes - appelés
limbes des patriarches - que la venue du Christ
leur ouvre la porte. Ces limbes ne doivent pas être
confondus avec les limbes des enfants, une hypothèse
un peu saugrenue qui voudrait que les enfants morts
sans avoir été baptisés passent
l'éternité dans un endroit proche des
enfers. L'Église catholique a récemment
abandonné cette idée.
Dans ce tableau de la descente du Christ au limbes,
Delorme a choisi de présenter tous les justes
de dos, seul le Christ est de face, créant par
là une opposition d'attitude entre celui qui
arrive pour apporter la lumière et ouvrir la
porte, et le peuple innombrable de ceux qui attendent.
Dans la partie haute, les justes qui sont de face sont
seulement esquissés. Les justes ne sont pas des
pénitents. Ils ne sont pas sauvés comme
peuvent l'être les âmes tirées du
purgatoire (voir l'église Sainte-Marguerite
à Paris). L'artiste se doit donc de peindre les
visages de gens qui sont heureux de jouir enfin de la
récompense de leurs bonnes actions sur terre
et non pas d'échapper à leurs tourments.
Le plus beau de ces visages est sans conteste celui
que Delorme a choisi de faire figurer au centre de sa
toile. C'est le seul que l'on voit de face : une jeune
femme, vêtue d'une robe vermillon, se retourne
et regarde, dans le coin gauche du tableau, l'homme
en extase qui se tient les bras en croix (quel beau
symbole et quel beau rappel !) Est-ce un parent? son
époux? un fils? En tout cas, c'est un juste comme
elle et cette vision accroît sa félicité.
Plutôt que de regarder le Christ qui descend dans
la lumière, elle jette un regard à l'un
de ses proches pour goûter à une joie partagée.
Dans le gros plan ci-dessous, la beauté de ce
visage féminin étincelle dans un demi-jour.
Un coup de pinceau magnifique.
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«Jésus descendant aux limbes»
Tableau de Pierre-François Delorme, détail |
«Jésus guérissant les malades»
de Jean-Pierre Granger (1779-1840)
Croisillon droit du transept |
«L'appel de Pierre et de Jacques», tableau dans
une chapelle latérale |
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«Jésus guérissant les malades»
de Jean-Pierre Granger (1779-1840)
Au-dessus : la partie gauche en gros plan
Ci-dessous : une mère et son fils au premier plan de
la toile |
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La toile «Jésus
guérissant les malades» présente
une erreur assez classique en peinture. Le gros plan
ci-dessus montre une vieille femme tenant un enfant
malade dans ses bras. La main gauche de cette femme
et la direction de son avant-bras (vers la droite de
la photo) donnent obligatoirement à son bras
une longueur démesurée. On trouve la même
erreur dans la toile d'un peintre anonyme «L'Éducation
de la Vierge» dans la chapelle des catéchismes
à l'église Sainte-Élisabeth,
Paris 3e arr.
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«Jésus descendant aux limbes»
Partie gauche : le coin des patriarches
On reconnaît au premier plan
Isaïe et la scie de son supplice.
Au second plan à droite : Moïse
et sa coiffure singulière. |
Gros plans sur les décors géométriques
de deux vitraux de la nef |
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Le transept droit avec le tableau d'Albert Chanot (1881-1963) |
«Notre-Dame de la Croix»
Cette uvre originale d'Albert Chanot (1881-1963) contient une
toile et une sculpture. |
«Notre-Dame
de la Croix». Cette uvre d'Albert Chanot
(1881-1963) se compose de deux parties bien distinctes. Au
premier plan, l'artiste a réalisé une Crucifixion.
Marie se tient juste au-dessous du Christ, dans un regard
triste et pensif (voir plus
bas). La seconde composition, à base de toile et
de plâtre, s'intitule «L'Histoire de l'humanité
souffrante et sauvée». Dans la partie haute du
tableau, Adam et Ève sont chassés du paradis
tandis qu'une vierge et martyre y est emmenée par un
ange. Le bas du tableau représente l'humanité
déposant sa misère au pied du Christ crucifié.
La personne qui se traîne au pied de la croix, à
gauche de la Vierge, et dont on ne voit pas le visage, est
Marie-Madeleine reconnaissable à sa longue chevelure.
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L'une des deux roses du transept |
«Notre-Dame de la Croix» d'Albert Chanot, détail
Albert Chanot a peint ici l'humanité déposant sa misère
au pied de la croix. |
Verrière à trois baies dans le transept |
Gros plan sur la rose d'un croisillon du transept |
«Notre-Dame de la Croix» par Albert Chanot
Marie pleure la mort de son fils dans la «Crucifixion» |
LE CHUR
DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME-DE-LA-CROIX DE MÉNILMONTANT |
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Vue d'ensemble du chur |
Architecture
du chur. On retrouve le style de la nef :
arcades en plein cintre, piliers ornés de chapiteaux
stylisés et colonnes semi-engagées qui viennent
couper les chapiteaux. La clôture du chur, concrétisée
par une série de stalles assez simples, donne une belle
harmonie à l'ensemble. Quant au triforium, après
avoir surmonté la nef et les croisillons du transept,
il se poursuit, ininterrompu, au-dessus du chur.
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Le chur et l'abside de Notre-Dame-de-la-Croix |
Le maître-autel. Son soubassement est orné de peintures
émaillées
sur cuivre dues à Triouillé, sur des dessins de Paul
Balze (1815-1884). |
Sculptures de Joseph Pyrz lors d'une
exposition dans l'église en 2012.
En haut : «L'Esprit jaillit du Livre», détail
En bas : «Ecce homo», détail |
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Les stalles et l'orgue dans le chur |
La fonte des arcs-doubleaux de la voûte offre un
contraste agréable avec le blanc du chur et de la nef. |
Soubassement du maître-autel : Peintures émaillées
sur cuivre dues à Triouillé (dessins de Paul Balze)
De gauche à droite : Saint Louis, saint Jean, la Vierge, sainte
Madeleine et sainte Hélène |
LE DÉAMBULATOIRE
ET LA CHAPELLE DE LA VIERGE |
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«La Crucifixion»
Tableau anonyme dans la chapelle absidiale Saint-Joseph |
Oculus dans la chapelle de la Vierge |
L'autel de la chapelle axiale
Son soubassement est orné de peintures émaillées,
comme celui du maître-autel. |
«La Visitation» de Jean-Louis Machard, détail
Rencontre entre Marie et sa cousine Élisabeth |
«L'Assomption» par Jules-Louis Machard (1839-1900)
dans la chapelle axiale. |
«L'Annonciation» de Jules-Louis Machard, détail. |
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«La Crucifixion» de Jean-Louis Machard (1839-1900)
Chapelle axiale |
Chapelle absidiale Saint-Benoît-Joseph-Labre |
À DROITE ---»»»
Le soubassement de l'autel de la chapelle Saint-Joseph
Labre est
orné de trois peintures de 1875, réalisées
par Paul Balze (1815-1884) et Anie Balze. Elles relatent
la vie de sainte Geneviève. |
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Une attitude inhabituelle pour cette très belle
Marie-Madeleine dans la Crucifixion de Machard |
La Vierge tombe en syncope, soutenue par une sainte femme
dans la Crucifixion de Jean-Louis Machard |
«Marie» par Joseph Pyrz, détail |
Statue de la Vierge, détail
Chapelle axiale |
Statue de sainte Anne avec Marie
dans la chapelle Saint-Benoît-Joseph-Labre |
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Benoît-Joseph
Labre (1748-1783) est rarement présent dans
les chapelles des églises. Son existence a été
celle d'un vagabond, refusé dans les congrégations,
et qui a fini dans le tiers-ordre franciscain. Il est réputé
pour donner aux pauvres le fruit de sa mendicité. Il
est aussi réputé pour sa saleté : par
mortification, il avait décidé de ne pas se
laver. Il est mort à Rome à l'âge de 35
ans après avoir vécu six ans dans les ruines
du Colisée. C'est le saint patron des célibataires,
des mendiants, des SDF, des pèlerins, des itinérants
et des personnes inadaptées.
Source : Note dans l'église
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La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chur
L'orgue de tribune est un Cavaillé-Coll et Muller de 1955. |
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4 |
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