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L'église Saint-Paul-Saint-Louis
est une splendide église baroque construite entre 1627 et
1641 par les Jésuites avec l'aide financière de Louis
XIII (1601-1643). Elle prend la suite de la chapelle Saint-Louis
érigée en 1580 par le cardinal Charles de Bourbon,
fondateur de la maison professe des Jésuites à Paris.
Saint-Paul-Saint-Louis est la première église jésuite
de la capitale. C'est aussi la première église qui
s'émancipe intégralement de la tradition gothique.
Selon la volonté d'Ignace de Loyola, les jésuites
étaient devenus les directeurs de conscience des rois de
France. Saint-Paul-Saint-Louis porte leur marque : Étienne
Martellange en réalise les plans et conduit les travaux ;
François Derand poursuit son uvre (façade et
coupole) ; Charles Turmel s'occupe de la décoration intérieure.
Tous trois sont membres de la Compagnie de Jésus. En 1762,
quand Louis XV chasse les jésuites, l'église est confiée
à des religieux du quartier.
A la Révolution, l'église devient dépôt
de livres et temple de la Raison. Elle est rendue au culte avec
le Concordat de 1801. Sous le Second Empire, l'architecte Victor
Baltar (1805-1874) restaure la façade et réaménage
le chur.
Notons enfin que dans cette église ont retenti les sermons
de prédicateurs illustres comme Bossuet (1627-1704) ou le
père jésuite Louis Bourdaloue (1632-1704). Madame
de Sévigné en était une auditrice assidue.
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La nef et le chur de l'église Saint-Paul-Saint-Louis.
Église baroque, elle est aussi la première église
de Paris qui abandonne le style gothique.
Conçue par les pères jésuites, son plan reprend
celui de l'église du Gesù à Rome. |
La façade baroque de Saint-Paul refaite par Victor Baltar au
XIXe siècle. |
La statue de saint Louis au 3e niveau de l'élévation. |
La porte centrale de la façade est du XIXe siècle. |
Architecture.
Sous le Second Empire, la façade a été
restaurée par Victor Baltar dans le style baroque flamand.
Elle comporte trois niveaux : les deux premiers, d'ordre corinthien
; le niveau supérieur, d'ordre composite. Au second
niveau, deux niches contiennent les statues de sainte Aure
et de sainte Catherine. Au troisième niveau, la statue
de saint Louis est due à Eugène-Louis Lequesne
(1815-1887).
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Vue du chur, du chevet et du croisillon droit du transept (chapelle
de la Vierge).
Les deux premiers niveaux de l'élévation sont séparés
du troisième par une large corniche ornée de motifs
floraux. |
L'impressionnant et superbe dôme de 55 mètres de Saint-Paul-Saint-Louis
fera école dans la capitale (Invalides, Val-de-Grâce). |
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CI-DESSUS. Le dôme s'enrichit
d'un tambour où figurent, au milieu des pilastres,
quatre rois des dynasties françaises (mérovingiens,
carolingiens et capétiens), peints en grisaille. Ci-dessus,
Charlemagne.
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Sculpture d'un Évangéliste sous
la coupole. ---»»»
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Architecture.
Le magnifique dôme de Saint-Paul-Saint-Louis était,
à l'époque, le plus grand jamais réalisé
et l'un des premiers construits à Paris. Il sera suivi
par le dôme des Invalides et celui du Val-de-Grâce.
Par sa forme qui laisse pénétrer la lumière
par en haut, la coupole devient rapidement la marque architecturale
des églises jésuites.
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Le Père céleste dans le médaillon de la clé
de voûte du chur.
«««--- A GAUCHE
La voûte du chur. |
LE CHUR DE SAINT-PAUL-SAINT-LOUIS |
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Le chur de Saint-Paul-Saint-Louis et la croisée du transept.
Les tableaux à droite et à gauche ornent les chapelles
du transept (voir plus bas). |
Bas-relief en bronze doré : «Les Pèlerins d'Emmaüs»
par François Auguier (1604-1669) sur le maître-autel moderne. |
Le maître-autel devant un chevet orné de quatre toiles
représentant les Évangélistes. |
Chevet : saint Jean peint par Henri Decaisne (1799-1852) |
Chevet : saint Marc peint par Henri Decaisne. |
Les Jésuites
et la Contre-Réforme. Au XVIe siècle,
l'offensive de Martin Luther contre l'Église sépara
du catholicisme bien des États allemands. Les arguments
de Luther mirent l'Église sur la défensive.
Voulu par le pape Paul III Farnèse, le Concile de Trente
(1545-1563) devait réconcilier les deux religions.
C'était le vu de Charles Quint, un de ses ardents
promoteurs. En fait, cette réconciliation était
impossible dès avant 1545 puisque les protestants rejetaient
toute idée de sujétion au pape. Le Concile eut
même l'effet inverse : en définissant les dogmes
du catholicisme, les délégués officialisèrent
ce qui les séparait - irrémédiablement
- des protestants et de Luther! Rendant toute réconciliation
impossible. Mais Trente déclencha la Contre-Réforme
et donna au catholicisme une attitude combative. Il fallait
s'opposer à la vague luthérienne en imposant
les dogmes de l'Église : par les missions bien sûr,
mais aussi par la beauté artistique de la Foi. Architecture,
peintures, sculptures, musique s'allièrent pour transformer
le catholicisme en religion triomphante. Les Jésuites
d'Ignace de Loyola furent en première ligne. Avant
tout missionnaires, ils se mirent au service des autres, parfois
au péril de leur vie. Le plus exalté d'entre
eux, saint François-Xavier, (1506-1552) partit évangéliser
l'Orient. Plus prosaïquement, ceux qui restaient en Europe
se mirent au service des princes, s'efforçant de devenir
des directeurs de conscience des puissants.
Les Jésuites ont transformé l'art sacré
à partir du milieu du XVIe siècle. De la cons-
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truction de centaines d'églises,
de l'exécution par milliers de statues et de tableaux,
il n'en ressort pas moins que les directives architecturales
et artistiques données par la Compagnie, pour la construction
des églises, demeuraient simples : une nef sans bas-côtés
(si possible), avec des tribunes ; un chur de proportions
modestes, mais un large espace pour les fidèles. Pas
de stalles pour prier et chanter en commun, mais au contraire
des petites pièces quasi secrètes favorisant
le dialogue personnel avec Dieu. En théorie, la liberté
de l'ornementaion paraît totale ; en pratique,
elle ne l'est pas : impossible d'orner n'importe comment un
bâti souvent imposé dans ses grandes formes.
Et il y a toujours des pères pour surveiller le travail
sur place... Si les jésuites ont toujours proclamé
qu'ils s'appuyaient sur l'art local, ce qu'ils ont apporté
est plus une forme de dévotion et une liturgie conforme
aux idées de leur fondateur, Ignace de Loyola. L'art
baroque n'est pas né de leurs directives. Bien des
églises baroques, notamment en Allemagne, ont été
construites par d'autres ordres religieux. En fait «l'art
jésuite» s'inscrit dans son époque : celle
des nouvelles inventions artistiques. Grâce au stuc,
aux effets de perspective, à l'imagination de Bernin
et l'intelligence d'un Pozzo, il était désormais
possible de faire du très beau en dépensant
moins.
Sources : «Encyclopédia
Universalis» et «The
Catholic & Counter Reformations» de Keith
Randell (Hodder & Stoughton publications)
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TRANSEPT - LA CHAPELLE DE LA VIERGE |
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Vue d'ensemble de l'autel de la Vierge entouré de ses deux
statues de plâtre.
La Vierge à l'Enfant est de Léonard Agathon (1828).
L'autel a été offert en 1828 par la duchesse d'Angoulême. |
Statue en plâtre «La Religion instruisant un jeune américain»
de Nicolas-Sébastien Adam (1745)
La statue est un hommage à saint François-Xavier, missionnaire
jésuite, à qui cet autel était dédié
en 1745.
(Chapelle de la Vierge) |
Une particularité de l'église Saint-Paul : quatre «passages»
dans le bas-côté sont recouverts
de boiseries. Ici le passage de la chapelle de ND-des-Sept-Douleurs
vers l'autel de la Vierge. |
«Louis XIII offrant à saint Louis le modèle de l'église Saint-Louis»
(atelier Simon Vouet, vers 1650).
(Chapelle de la Vierge) |
«L'ange de la Religion fouettant l'idôlatrie» de Jean-Joseph
Vinache (1745)
(Hommage à saint François-Xavier, chapelle de la Vierge).
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Tableau «La mort de saint Louis» de Jacques Ninet de l'Estain
(ou Létin), (1597-1661)
Cette toile constitue l'un des chefs-d'uvre de l'artiste.
Saint Louis est à Tunis et sait qu'il va mourir de la peste.
Il reçoit l'extrême-onction.
(Selon les spécialistes, l'auteur s'est peint sur la toile,
dans le personnage de gauche, vu de face, derrière la draperie.)
(Chapelle de la Vierge) |
TRANSEPT - LA CHAPELLE DU SACRÉ-CUR |
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Un autre passage en boiseries : celui qui mène du bas-côté
gauche vers l'autel du Sacré-Cur dans le transept.
A l'arrière-plan, la statue de «La Vierge de douleur»
de Germain Pilon dans la chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs
(voir plus bas). |
La chapelle du Sacré-Cur
dans le croisillon gauche du transept
Elle a moins d'ornementation que la chapelle
de la Vierge (les jésuites vénèrent tout
particulièrement la Vierge Marie).
A DROITE ---»»»
L'autel du Sacré-Cur
La statue du Sacré-Cur de Jésus a été
sculptée
par Jean-Marie Bonnassieux (1810-1892).
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Tableau «Saint Louis recevant la couronne d'épines des mains
du Christ»
de Michel Ier Corneille l'Ancien (1601-1664)
Chapelle du Sacré-Cur. |
Tableau «Le Christ au jardin des Oliviers» d'Eugène Delacroix
(1798-1863).
Chapelle du Sacré-Cur. |
«Le
Christ au jardin des Oliviers» d'Eugène Delacroix.
Ce tableau est un chef-d'uvre. Cette scène -
si souvent peinte et si intéressante pour un artiste
de par son côté dramatique - trouve dans cette
toile un traitement admirable. Dans le jardin de Gethsémani,
Jésus se retrouve seul - les apôtres se sont
endormis. Il sait le supplice qui l'attend et pourrait encore
s'enfuir. Résistant à cette dernière
tentation, il lève son bras vers le Père en
signe d'appel, mais garde la tête baissée, résigné
à son sacrifice.
Cette opposition des attitudes tisse un lien de génie
entre la tragédie d'un destin et le traitement artistique.
Le contraste entre l'ombre et la lumière parachève
la symbolique du déchirement d'un homme pris entre
son désir et son devoir. A gauche, l'ombre ; à
droite, la lumière. Et la personne de Jésus
entre les deux. Les anges, sur la droite, ont un regard désespéré,
conscients des événements qui vont suivre. Delacroix
a noté dans son journal : «Les anges de la mort
tristes et sévères portent sur le Christ leurs
regards mélancoliques». Source : «Paris
d'église en église», édition
Massin.
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Autres toiles sur le même
thème proposées dans ce site :
La cathédrale Saint-Pierre
de Saintes
présente une toile (anonyme) reproduisant le même
schéma d'un Christ tendant la main en signe de soumission
devant des anges mélancoliques.
L'église Saint-Jacques
à Lunéville présente, elle aussi, une
toile magnifique sur ce thème.
Le musée des Beaux-Arts de Rennes
propose une
toile de Philippe de Champaigne, datée des années
1646-1650, similaire à celle d'Eugène Delacroix,
mais avec moins de force dramatique.
L'église Saint-Laurent
à Nogent-sur-Seine offre un Saint
Bruno dans une attitude similaire lors de sa vision
: couché, le bras et les yeux levés vers le
Ciel. La peinture est une copie anonyme du XVIIe siècle
du tableau de Pier Francesco Mola, la Vision de saint Bruno,
peinte vers 1663-1666.
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Chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs (absidiale gauche). |
Statue en marbre «La Vierge de douleur»
de Germain Pilon ( 1540-1590) ---»»»
«««--- A GAUCHE
La chaire à prêcher de Saint-Paul : un
modèle assez traditionnel au XVIIe siècle.
Elle est ornée de bas-reliefs du XIXe siècle. |
Statue de saint Paul, l'un des deux patrons
de l'église, dans un bas-côté.
«La
Vierge de douleur»
Cette statue n'est pas une Pietà puisque la Vierge
ne tient pas le corps de Jésus. Cependant les plis
du drapé donne bel et bien l'impression que le corps
est là. De même, le regard de la Vierge semble
dirigé vers le corps absent. On notera les doigts particulièrement
longs et effilés, révélant l'influence
du maniérisme italien et du Primatice.
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On ne se lasse pas d'admirer l'architecture baroque de l'église
Saint-Paul-Saint-Louis.
Le chur avec les deux maîtres-autels. A droite, la chapelle
de la Vierge.
Avant la Révolution, de chaque côté du chur,
un ange d'argent drapé de vermeil était suspendu à
la voûte.
Ces anges portaient les curs embaumés de Louis XIII et
de Louis XIV. Ces reliquaires furent détruits sur ordre de
la Convention. |
LES CHAPELLES LATÉRALES DE LA NEF |
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Chapelle des Fonts Baptismaux. |
Statue de sainte Geneviève
due à Eugène Guillaume (XIXe siècle)
dans la chapelle des Fonts Baptismaux.
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Sculpture «Saint Vincent de Paul»
dans le bas-côté droit.
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Chapelle Saint-Louis, bas-côté gauche. |
Chapelle Saint-Joseph, bas-côté gauche. |
Chapelle Saint-Paul, bas-côté droit. |
Chapelle Saint-Joseph
Toile «L'Enfant Jésus dans l'atelier de Joseph»
de Jules Richomme (1870). |
Tableau «Saint Jérôme»
par Charles Lefebvre (1805-1882). |
Tableau «Saint Louis vénérant la couronne d'épines
qu'il ramena de Terre Sainte» (Leduc, 1831)
(Chapelle Saint-Louis). |
Tableau «Le baptême de Lydie par Paul à Athènes»
de François-Vincent Latil (1845)
(Chapelle Saint-Paul). |
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Tableau «Sainte Madeleine»
par Charles Lefebvre (1805-1882).
«««--- A GAUCHE
L'orgue de tribune date de 1871 (révisé en 1972 et 2005)
Les tourelles du buffet sont surmontées de saint Paul entouré
d'anges musiciens. Maître-Antoine Charpentier (1643-1704) et
Jean-Philippe Rameau (1683-1764) furent maîtres de chapelle
à l'église Saint-Paul. |
La nef et l'orgue de tribune vus depuis le la croisée du transept. |
Documentation : «Paris d'église
en église» (Massin éditeur), ISBN :978-2-7072-0583-4 |
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