|
|
|
Le musée des Beaux-Arts de Rennes
se situe au bord de la Vilaine, dans l'ancien palais universitaire
bâti dans les années 1840. Il présente des collections
étendues avec des objets d'art venant d'Europe, d'Afrique
et d'Amérique. Les tableaux et sculptures couvrent l'Europe
du XIVe au XXe
siècle, avec une importance marquée pour le XVIIe.
Le bâtiment a été créé pour l'enseignement,
mais il convient très bien pour un musée. Comme celui
de Rouen, il se présente comme une succession de salles
plus ou moins grandes. Comme celui de Rouen, il ne possède
aucun cachet : pas de pièce particulière qui évoque
un ancien château (comme à Chaumont),
des salles Renaissance (Meudon),
des souterrains gallo-romains (Sens)
ou encore un vieil hôtel particulier (Versailles).
Le musée est fonctionnel et offre aux visiteurs des uvres
qui justifient tout à fait une visite.
Dans le Dictionnaire du patrimoine rennais, François
Hubert, conservateur en chef du Musée de Bretagne, campe
le contexte des musées dans sa ville : «Rennes
n'est pas d'abord connue pour l'importance et la diversité
de ses collections, écrit-il. Capitale administrative et
universitaire plus qu'économique, elle n'a pas bénéficié
de la fortune des marchands qui, dans d'autres villes comme Nantes
ou Bordeaux, a permis de constituer de riches collections.»
De ce fait, les collections viennent de deux sources. Ce sont d'abord
les saisies révolutionnaires des biens des communautés
religieuses et celles frappant les nobles émigrés.
Le fameux tableau Le
Nouveau-Né de Georges de la Tour, un des phares du musée,
vient de la collection d'un noble. La seconde source est la collection
privée de Christophe-Paul de Robien (1698-1756), ancien président
à mortier du Parlement de Bretagne. La richesse de son cabinet,
déjà célèbre sous l'Ancien Régime,
a servi de fil directeur aux musées de Rennes
pendant deux siècles.
En 1855, une première collection de tableaux ouvre dans l'aile
sud du palais universitaire. Dans toute la seconde moitié
du XIXe siècle, grâce à une série de
donations, le musée va passer du statut de Beaux-Arts à
un musée multiple ouvrant sur l'archéologie, la géologie
et les sciences physiques et naturelles. L'espace ne manque pas
car les facultés quittent progressivement le palais universitaire,
ce qui libère des salles. En 1911, on ajoute un musée
militaire ; en 1913, un musée provincial grâce à
des collections d'ethnographie bretonne. Lors de la seconde guerre
mondiale, les collections de tableaux sont mises à l'abri,
mais pas les sculptures dont une partie est détruite par
les bombardements.
En 1949, pour la première fois, une conservatrice professionnelle,
Marie Berthaut, est nommée. Pour les Beaux-Arts, elle choisit
une présentation chronologique, mettant fin à une
accumulation désordonnée. Puis, toujours au sein du
palais universitaire, un musée de synthèse d'histoire
de la Bretagne est créé. Pour ces deux musées,
l'espace va se libérer encore car les collections de géologie
et d'histoire naturelle déménagent bientôt dans
des sites plus appropriés.
En 1975, une salle consacrée au XXe
siècle est ouverte, tandis que l'Administration décide
de séparer les Beaux-Arts et l'histoire de la Bretagne. Un
protocole est dressé pour répartir les collections.
Cette page propose un extrait des collections du musée, notamment
celle du XVIIe siècle,
mais ne prétend nullement donner les toiles les plus célèbres
ou les plus importantes. Elle met aussi à profit les commentaires
d'Hippolyte Taine qui est venu à Rennes
dans les années 1863-1866.
|
|
Une salle des tableaux du XIXe siècle du musée des Beaux-Arts
de Rennes. |
Vue d'ensemble de l'ancien palais universitaire construit dans les
années 1840.
Il a commencé à herberger le musée en 1855. |
Statue ciselée par Charles Lenoir
Façade de l'ancien palais universitaire. |
Le fronton et ses bas-reliefs : la Bretagne siège sur un trône
entourée de deux anges. |
L'entrée du musée. |
La Vilaine et le quai Émile Zola. Le musée des Beaux-Arts est
à gauche. |
Partie centrale du bâtiment :
style ionique en bas, style corinthien en haut. |
«La Rêverie»
Pierre Travaux (1822-1869)
Marbre, 1855. |
«Madeleine»
Emmanuel Dolivet (1854-1911)
Marbre, 1886. |
Hippolyte Taine visite le musée.
L'historien Hippolyte Taine vient à Rennes
entre 1863 et 1866 et quitte la ville avec une impression
très négative. Après avoir visité
le musée, il écrit dans ses carnets de
voyage : «Le bâtiment est le palais des
facultés. - Musée de conchyliologie,
plâtres, divers tableaux et croûtes de divers
âges, déposées ça et là.
(...) Tout cela est propre, neuf, artificiel comme une
dent osanore [fausse dent]. C'est l'idée qui
m'est revenue partout ; la caserne, la magistrature,
l'université, rien n'a de racines propres, tout
est implanté. - Par exemple, point
de peintres à Rennes
; il n'y a que des professeurs de dessin et quelques
amateurs. Cela frappe beaucoup quand on voit tel édifice
neuf, surgi récemment, emphatique ou en désaccord
avec le voisinage. Par un contrecoup ministériel,
on a voté des fonds à Paris ; on a envoyé
un architecte de Paris ; il a fait sa petite affaire
et la ville compte un monument de plus.». Source
: Par nos villes et nos campagnes,
Carnets de voyage, Hippolyte Taine, éditions
libretto, 2020.
|
|
|
|
Vitrine d'objets égyptiens. |
Buste de Julia, fille de Titus (en partie antique)
Marbre blanc. |
Un guerrier sur son char
Italie, Ier-IIe siècle ap JC,
Bas-relief antefixe (en partie antique). |
Sarcophage égyptien. |
|
«Martyre de saint Blaise»
Mariotto di Nardo (Florence, XIVe-XVe siècles)
Tempera sur bois, vers 1400. |
«Martyre de saint Laurent»
Mariotto di Nardo (Florence, XIVe-XVe siècles)
Tempera sur bois, vers 1400. |
Martyre
de saint Blaise et Martyre de saint Laurent. Ces
deux panneaux sur bois, associés à un Saint
François recevant les stigmates (aujourd'hui conservé
à Yale), étaient fixés sur la prédelle
d'un retable qui n'a pas été identifié.
D'après la Légende dorée, saint
Laurent (à droite) a été supplicié
sur une grille portée au fer rouge. Saint Blaise (à
gauche) a été lacéré avec des
peignes à carder.
Les deux arrière-plans montrent une architecture relevant
du gothique international, alors que les corps humains sont
déjà influencés par l'art de Giotto.
Source : panneau du musée.
|
|
«La Vierge à l'Enfant»
Vincenzo Civerchio (vers 1470-1544)
Tempera sur bois, vers 1505. |
«Vierge à l'Enfant avec Saints Paul, Laurent, Pierre
et André»
Maître de la Miséricorde (Florence, XIVe siècle)
Tempera sur bois, 1370-1375 |
«La Vierge à l'Enfant», détail
Vincenzo Civerchio (vers 1470-1544)
Tempera sur bois, vers 1505.
Un visage aussi beau, ausi maternel, que ceux des madones de Raphaël. |
|
|
«Vierge de la Nativité»
Bois polychrome
Anvers, XVIe siècle. |
«Vierge allaitant l'Enfant»
Anonyme bruxellois
Tempera sur bois, XVIe siècle. |
«Le Massacre des Innocents»
Atelier de Jacopo Robusti dit Tintoret (1518-1594)
Huile sur toile. |
«Le
Massacre des Innocents». En 1863-1866, Hippolyte
Taine oppose le style de ce tableau à celui
de Raphaël. Il écrit : «(...) violence
des renversements, variété des poses ;
cela est bien autrement fécond et agité
que Raphaël. C'est un autre monde où la
beauté est moelleuse, non pas déformée
et avec la laideur réelle comme en Flandre, mais
ample et toute tournée au plaisir ; admirables
gorges rondes et pleines, épaules demi-fermes
; les cheveux un peu retroussés, le nez écourté
légèrement, l'oreille jolie, les yeux
provocants indiquent l'emploi de beaux corps.»
|
|
«Jules César»
Colin Nouailher, actif à Limoges de 1539 à 1571
Émail de Limoges. |
|
«Un bal à la cour des Valois»
Anonyme, École française
Huile sur toile, vers 1580. |
|
«Un
bal à la cour des Valois».
D'après les costumes des personnages, la scène
peut être datée des années 1580 (fin du
règne d'Henri III). Ils dansent la volta, une
danse, à l'époque jugée effrénée,
qui venait d'Italie. En duo, l'homme faisait par moments reposer
la femme sur sa cuisse gauche en s'aidant de la main droite,
puis reposait sa partenaire à terre. Comme on le voit
dans un couple ci-dessus, la femme tenait en général
sa main gauche contre sa robe. Comme les corps se touchaient
- avec l'arrière-train de la partenaire sur le genou
ou la cuisse de son cavalier ! -, cette danse était
jugée inconvenante. Source : panneau
du musée.
Lors de son passage au musée (vers 1863-1866), Hippolyte
Taine voit dans ce tableau beaucoup de rudesse.
Il le décrit ainsi :
«Les cavaliers empoignent la femme à plein corps
pour la faire sauter, comme dans les bourrées de villages.
Assis, ils la mettent entre leurs jambes et entourent sa taille
de leurs bras. Toutes les figures d'hommes sont celles de
gaillards actifs, bornés. L'un, vu de dos, tournant
la tête de profil, est barbu, moustachu, légèrement
rougeaud ; l'autre, tout en soie blanche et fraise énorme
avec perles aux oreilles et figure en pointe à la Henri
III, est un raffiné assassin, gaillard et cruel comme
Coronas ; ils sont découplés comme des lévriers,
et le costume aide à l'effet : tout collant, il montre
les formes, fait saillir les muscles et sentir la force et
l'agilité du corps ; il est excellent pour sauter,
lutter, se fendre à l'escrime ; le pourpoint épais,
passementé, est une sorte de cuirasse. Le manteau indique
le cavalier qui fait des traites à cheval ; de même
le chapeau à plumes et à larges bords. Quelques-uns
ont un chapeau de haute forme à bords étroits,
mais empanaché d'aigrettes superposées et rayées
d'or. Ce costume à couleurs vives opposées donne
à l'instant l'idée de la gaillardise brutale
et de la parade habituelle ; les femmes, engoncées
d'énormes robes et de manches cylindriques, ont la
même tête bornée. Pour danser, elles doivent
sauter par force des reins et des jarrets ; elles sont maniérées
de même. Absolument les contemporains de Brantôme
: c'est un bastringue de gens énergiques, bas et sensuels.»
Source : Par nos villes et
nos campagnes, Carnets de voyage, Hippolyte Taine, éditions
libretto, 2020.
|
«««---
«Portrait d'homme»
Attribué à Frans II POURBUS (1520-1622)
Huile sur bois. |
|
«Un bal à la cour des Valois», détail.
Anonyme, École française
Huile sur toile, vers 1580. |
«Le Festin des Dieux»
attribué à Bernaert de Rijckere (1535-1590)
Huile sur toile, 1576.
Ce genre d'art érotique maniériste a été
combattu par les principes rigoureux du Concile de Trente. |
|
«Saint Luc peignant la Vierge», détail :
la Vierge.
Maarten van Heemskerck (1498-1574)
Huile sur bois, vers 1553. |
«Portrait de femme»
Adriaen Thomasz Key (vers 1544-1590)
Huile sur toile. |
|
|
«Bal dans une forêt»
Abraham Govaerts (1589-1626)
Huile sur toile. |
«Sainte Madelein»
attribué à Abraham Bloemaert (1564-1651)
Huile sur bois. |
«Vue d'un port», détail : les marchands levantins.
Abraham Begeyn (1637-1697)
Huile sur toile, 1685. |
«Vue d'un port»
Abraham Begeyn (1637-1697)
Huile sur toile, 1685. |
«Combat naval»
Andries van Aertvelt (1590-1652)
Huile sur cuivre, 1631 ou 1633.
Il doit s'agir d'un combat entre une flotte hollandaise et des galères
turques. |
«Combat naval», détail.
Andries van Aertvelt (1590-1652)
Huile sur cuivre, 1631 ou 1633. |
«Combat
naval».
Le détail du tableau de van Aertvelt, donné
ci-dessus, montre l'explosion de la poupe d'un navire
à haut bord hollandais. Un boulet turc vient
visiblement de frapper le dépôt de munitions
situé à cet endroit. Autre cause : un
incendie s'est déclenché à bord
du vaisseau et les flammes ont fini par gagner le dépôt
de poudre.
Dans les batailles navales, ce genre d'explosion n'était
pas si rare. On rappellera ici la monstrueuse explosion
qui détruisit totalement le vaisseau français
l'Orient en rade d'Aboukir dans la nuit du 1er
au 2 août 1798. Ce grand vaisseau était
le navire amiral de François Paul de Brueys, commandant
de la flotte expéditionnaire du général
Bonaparte.
Les historiens estiment que cette explosion a été
la plus violente observée dans le monde depuis
l'invention de la poudre à canon. Les matelots,
totalement sous le choc, cessèrent le combat
qui ne reprit que quinze minutes plus tard.
|
|
Une salle des tableaux du XVIIe siècle. |
|
«La Sacrifice de Manué»
Charles de La Fosse (1636-1716)
Huile sur toile. |
Le
sacrifice de Manué.
Cette histoire biblique peu connue est tirée
du Livre des Juges (13, 1-24), quand le peuple
juif, en punition divine pour son mauvais comportement,
subit la dure loi des Philistins. Elle est le préliminaire
à l'histoire de Samson.
Manué (ou Manoah) est marié à une
femme stérile. Celle-ci voit un homme lui annoncer
qu'elle va enfanter un fils qui sera voué à
Dieu et qui sauvera Israël des Philistins. Pour
cela, quand elle sera enceinte, elle devra respecter
certaines contraintes alimentaires (pas de vin, pas
de boisson forte, pas d'aliment impur).
Manué, informé par sa femme, prie le Seigneur
pour que lui aussi voie cet homme. Celui-ci réapparaît
bientôt et réitère ses exigences.
Manué lui propose alors de rester et de partager
un chevreau. «Offre plutôt un holocauste
au Seigneur», répond l'inconnu. Invité
à dire son nom, il refuse.
Manué prend le chevreau et prépare l'holocauste.
Sur l'autel, le feu brandit sa flamme vers le ciel.
Alors l'homme saute dans la flamme. Manué et
sa femme comprennent que c'est un ange du Seigneur.
C'est la scène représentée par
Charles de La Fosse.
L'enfant sera Samson, doué d'une force herculéenne.
Source : Ancien Testament,
Livre des Juges, 13, 1-24.
|
|
«Les Adieux de saint Pierre et de saint Paul»
François Perrier (1600-1649)
Huile sur toile, 1647-1650. |
|
«Intérieur d'un temple protestant»
Antoine Delorme (1610-1673)
Huile sur bois. |
|
|
|
«««---
«Intérieur d'un temple protestant».
Comme pour Hendrick van Steenwyck II et Peeter I Neefs,
(voir un intérieur d'église plus
bas), le peintre Antoine Delorme expose sa virtuosité
à traiter la perspective à l'intérieur
d'un bâtiment, imaginaire pour l'occasion.
Dans la note du musée, on apprend que les personnages
sont de la main d'Anthonie Palamèdes (1601-1673).
|
|
«Descente de croix»
Charles Le Brun (1619-1690)
Huile sur toile, 1688. |
«Descente de croix»,
Charles Le Brun (1619-1690)
«««--- Le visage de Marie-Madeleine
et ses larmes.
««--«««--- Le visage de
la Vierge.
|
|
|
«La Foire aux chevaux de Valkenburg»
Pieter Wouwerman (1623-1682)
Huile sur toile, 1675. |
«La
Foire aux chevaux de Valkenburg».
Petit village au sud-est de Leyde, Valkenburg accueillit dès
le Moyen Âge une importante foire agricole annuelle.
Wouwerman, peintre de chevaux et paysagiste réputé,
s'en inspira comme le firent van Ruysdael et van Goyen.
Source : panneau du musée.
Lors de son passage au musée, entre 1863 et 1866, Hippolyte
Taine livre une description de ce tableau :
«Le grand espace bien ouvert du ciel et de l'air est
rempli par une brume fine imprégnée de soleil
; et les bons et braves chevaux aux robes brunes ou blanches
dressent leurs têtes ou font reluire leurs corps bien
nourris. - Tous les seigneurs ont des vêtements de velours
ou de soie jaune clair, feuille-morte, à rubans, à
galons, à nuds de satin, avec de grandes bottes
évasées, quelque chose de magnifique et de décoratif.
Chapeaux à larges bords, épées, perruques,
manchettes de dentelles. Air un peu lourd ; les femmes, dans
leurs jupes de satin blanc, sont empesées. Mais comme
c'est là la fin de la chevalerie et la grande vie seigneuriale
que peignent les Mémoires de Bostaquet ! Quelle parade
que cette vie ! Quel bonheur simple dans cette absence d'idées
et de raffinements ! On voit, dans Dumont de Bostaquet, que
c'était assez pour être heureux de festiner et
de parader, de chasser, mener grand train, faire figure.»
Nota : Bostaquet est un gentilhomme campagnard normand.
Protestant, sa vie bascule en 1684, avec la révocation
de l'Édit de Nantes. Il quitte la France et passe du
côté orangiste. Il nous a laissé ses Mémoires
sur les temps qui ont précédé et suivi la Révocation de l'Édit
de Nantes.
|
|
«Le Reniement de saint Pierre»
Gerrit vant Honthorst (1590-1656)
Huile sur toile, 1612-1620. |
«La Déploration de la Vierge»
Gian Francesco Barbieri dit Guerchin (1591-1666)
Huile sur toile. |
«Le Repas chez Simon»
Frans II Francken (1581-1642)
Huile sur bois, 1637.
Autour du dessin central, les dessins en camaïeu doré
illustrent la vie de Marie-Madeleine, représentée ici
comme la sur de Marthe et de Lazare. |
«Le Repas chez Simon», détail : le dessin central.
Frans II Francken (1581-1642)
Huile sur bois, 1637. |
Une salle des tableaux du XVI siècle. |
«Crucifixion»
Jacob Jordaens (1593-1676)
Huile sur bois, 1620. |
«L'Élévation de la Croix»
Gaspar de Crayer (1584-1669)
Huile sur toile, 1631-1637. |
«Crucifixion», détail : les pieds du Christ.
Jacob Jordaens (1593-1676)
Contrairement au dessin, les pieds des crucifiés étaient
cloués sur une planchette de bois. La toile de Jacob
Jordaens, plus
haut, est conforme à la réalité. |
|
«Crucifixion», détail : les larmes de la
Vierge.
Jacob Jordaens (1593-1676)
Huile sur bois, 1620. |
«««---
La «Crucifixion» de Jacob Jordaens.
Commentaire d'Hippolyte Taine (vers 1863-1866)
: «Admirablement fini et expressif. Tout est immobile
: le Christ a les yeux ouvert et sent silencieusement
l'amertume de la mort. Belles chairs lumineuses sur
un fond sombre. La beauté extrême vient
de cette splendeur des chairs éclatantes sur
le ciel noir, et de ces profondes expressions vraies,
de ces types pris sur le vif. - Je l'ai vu, ce grand
homme, à Mayence, à La Haye, à
Anvers ; nous ne le connaissons pas à Paris,
nous n'avons qu'une de ses gaudrioles.»
Hippolyte Taine ne fait aucune remarque sur les larmes
de Marie et sur la différence d'attitude entre
la mère du Christ et Marie-Madeleine. La «pécheresse»
est assise au pied de la croix et tourne son visage
vers l'observateur comme si elle voulait le prendre
à témoin de ce supplice injuste (comme
saint Jean d'ailleurs).
C'était la norme : Marie est peinte dans une
posture très retenue. Elle se tient debout, immobile,
presque comme une simple spectatrice. La posture de
Marie-Madeleine se conforme, elle aussi, à la
norme : la jeune femme, plus humaine, plus sensible,
est représentée d'une manière plus
expressive, le bras gauche complètement nu. Pourtant,
Jacob Jordaens n'a pas oublié le côté
humain de la mère de Dieu, ébranlée
par la vue de son fils crucifié. Le gros plan
sur le visage de Marie (ci-dessus) montre que le peintre
a représenté un visage d'une tristesse
désespérée sur lequel coulent de
grosses larmes.
Voir la
Descente de croix à l'église Saint-Germain
l'Auxerrois à Paris.
Dans l'Élévation de la Croix
de Gaspar de Crayer (tableau donné à gauche),
la Vierge affiche, là encore, la force morale
qui lui permet de camper sur ses deux jambes, mais le
peintre, comme Jordaens, a peint quelques larmes sur
ses joues. En revanche, Marie-Madeleine est absente
du tableau.
Conclusion : voir les scènes de crucifixion
de loin est insuffisant. Seule l'observation minutieuse
des visages permet d'apprécier les choix du peintre
et sa manière d'opposer la douleur de la Vierge
à celle de Marie-Madeleine. Mais, pour ce faire,
il faut voir le tableau de près. D'où
la nécessité d'aller dans les musées.
|
|
«L'Élévation de la Croix», détail
: les larmes de la Vierge.
Gaspar de Crayer (1584-1669)
Huile sur toile, 1631-1637. |
«La Madeleine pénitente», détail.
Philippe de Champaigne (1602-1674)
Huile sur toile, 1657. |
|
«La Madeleine pénitente»
Philippe de Champaigne (1602-1674)
Huile sur toile, 1657.
«La
Madeleine pénitente». Ce tableau
se trouvait au couvent de Port-Royal à Paris.
Le peintre l'a offert à l'occasion de la prise
de voile de sa fille Catherine.
La toile contient les éléments qui en
font un acte de foi : sur la droite, le vase à
onguent, sans doute vide, rappelle le repas chez Simon
; la sainte a les cheveux défaits, renonçant
ainsi à la sensualité ; la lumière
du jour se lève, annonçant une vie nouvelle
après la nuit des péchés. Source
: panneau du musée.
|
|
|
«La Création de l'Homme»
Anonyme flamand
Huile sur cuivre, XVIIe siècle.
Ce tableau est une petite copie sans prétention d'un des nombreux
Paradis terrestres peints par Abraham Govaerts [musée]. |
«Les Noces de Cana»
Quentin Varin (vers 1570-1634)
Huile sur toile, 1618-1620. |
«Vierge à l'Enfant adorée par les anges»
Anonyme italien
Huile sur bois, XVIIe siècle. |
«Vierge à l'Enfant adorée par les anges»,
détail.
Anonyme italien
Huile sur bois, XVIIe siècle. |
«Les Noces de Cana», détail : le visage du Christ.
Quentin Varin (vers 1570-1634)
Huile sur toile, 1618-1620. |
«Le Nouveau-né»
Georges de La Tour (1593-1652)
Saisie révolutionnaire.
C'est le tableau le plus célèbre du musée
de Rennes. |
«Le
Nouveau-né». Hippolyte Taine,
très impressionné par ce tableau qu'il
prend pour un hollandais, s'épanche très
longuement dessus dans ses carnets.
Donnons le début de son commentaire : «Mais
ce qui est absolument sublime, c'est un tableau hollandais,
Le Nouveau-Né, attribué à
Le Nain : deux femmes regardant un petit enfant de huit
jours, endormi. Tout ce que la physiologie peut dire
sur les commencements de l'homme est là ! Rien
ne peut exprimer ce profond sommeil absorbant, comme
celui dont il dormait, le pauvret, huit jours auparavant
dans le ventre de sa mère ; le front sans cheveux,
les yeux sans cils, la lèvre inférieure
rabaissée, le nez et la bouche ouverts, simples
trous pour respirer l'air, la peau unie, luisante, que
l'air a touchée encore à peine, tout l'engloutissement
primitif dans la vie végétative. La lèvre
supérieure est retroussée ; il est tout
entier à respirer. Le petit corps est collé
et serré dans ses langes blancs raides comme
dans une gaine de momie. Impossible de rendre mieux
la profonde torpeur primitive, l'âme encore ensevelie.
Le tout est relevé par l'air borné de
la mère, par la simplicité et la rudesse
du rouge intense de son vêtement qui jette un
chaud reflet sur ce petit bloc de chair ronde.
Source : Par nos villes
et nos campagnes, Carnets de voyage, Hippolyte Taine,
éditions libretto, 2020.
|
|
«Le Crucifiement de saint Pierre»
Pierre-Louis Cretey (1635 - ap 1702)
Huile sur toile. |
|
Jésus
et la Vierge. N'y a-t-il pas une similitude
de coups de pinceau entre les visages de la Vierge et
du Christ donnés ci-dessus ? Les visages apparaissent
parfaitement lisses, très travaillés.
Les yeux un peu globuleux de la Vierge ne retirent rien
à la beauté de son visage.
Les noces de Cana.
On lit dans la note du musée que cette
toile de Quentin Varin occupait jadis la place centrale
d'un retable de l'église Saint-Gervais-Saint-Protais
à Paris.
Au niveau graphique, entre les deux verticales de côté
définies par l'architecture, la table des convives
trace une perspective oblique qui renforce la structure
du dessin et équilibre la scène. Jésus
et sa mère sont au premier plan, l'un en face
de l'autre, mais regardent sur le côté,
vers l'observateur. Quentin Varin peut ainsi représenter
leurs visages de trois-quarts.
|
|
«Intérieur d'église»
Hendrick van Steenwyck II (1580-1649)
Huile sur bois. |
«Intérieur
d'église» d'Hendrick van Steenwyck II.
Plus que son père également peintre,
Hendrick van Stennwyck II est un spécialiste
des intérieurs des églises, souvent imaginaires.
Il y donne libre cours à sa maîtrise des
règles de la perspective. On pourra voir une
autre de ses uvres au musée
Lambinet de Versailles.
Le tableau d'Hendrick van Stennwyck comprend un grand
nombre d'autels de pilier assez amples. Dans une église
à construire ou déjà construite,
un membre de la paroisse (souvent une famille) se portait
acheteur de l'espace autour d'un pilier de la nef. Puis,
il devait financer l'ajout, contre ce pilier, d'un autel
privé. Cet autel devait respecter les normes
imposées par le chapitre de l'église.
C'est pourquoi, dans le dessin de Steenwyck, ils sont
à peu près similaires et de même
taille. (Même si la toile représente un
intérieur imaginaire, van Steenwyck devait connaître
les règles.)
Le propriétaire de l'espace pouvait encore payer
un prêtre pour faire donner une messe particulière
devant son autel de pilier.
Les familles les plus fortunées disposaient parfois
d'une chapelle d'enceinte (ou chapelle latérale),
y faisaient dire des messes (contre paiement) et acquérir
le droit (contre paiement aussi) d'y faire reposer ses
défunts.
La basilique
Notre-Dame à Dole dans le Jura offre le cas
d'une église dont la construction a été
financée par l'achat sur plan de chapelles de
pilier et de chapelles d'enceinte.
|
|
«Bateaux et barques au bord d'un rivage»
Reiniers Nooms, dit Zeeman (1623-1667)
Huile sur toile |
|
|
«La Présentation au Temple»
Luca Giordano (1634-1705)
Huile sur toile. |
«Intérieur de la cathédrale d'Anvers»
Peeter I Neefs (1578-1656)
Huile sur toile. |
«Intérieur
de la cathédrale d'Anvers».
Au XVIIe siècle, les tableaux d'intérieurs
d'église ont connu une grande vogue aux Pays-Bas,
en Angleterre et en France. C'était l'occasion
pour le peintre de montrer sa maîtrise des règles
de la perspective.
Les Neefs étaient deux : le père (Neefs
I ou l'Ancien) et le fils (Neefs II). Selon la note
du musée, il est difficile de distinguer la griffe
du père de celle du fils. Neefs I a réalisé
un très grand nombre de vues d'intérieurs
de la cathédrale d'Anvers, à différentes
heures de la journée. La scène ci-dessus
est prise à l'heure du sermon. Dans le gros plan
ci-dessous, on constate que les hommes avaient le droit
de garder leurs chapeaux.
Si les peintres d'intérieurs d'église
étaient experts dans le dessin d'architectures
complexes, ils l'étaient moins dans la peinture
de personnages. De fait, les Neefs père et fils
faisaient appel aux mêmes collaborateurs pour
la représentation des figurines : Frans Franken
II, son fils Frans III, ou encore à David Teniers.
Source : panneau du musée.
|
|
«Intérieur de la cathédrale d'Anvers»,
détail central : le sermon.
Peeter I Neefs (1578-1656). |
«Le Christ au jardin des Oliviers»
Philippe de Champaigne (1602-1674)
Huile sur toile, 1646-1650. |
«Le
Christ au jardin des Oliviers». Un
ange indique à Jésus le chemin vers le
calvaire et celui-ci doit combattre son désir
d'y échapper. L'obéissance au Père
et l'acceptation de la crucifixion sont à la
base du vu d'obéissance dans la règle
monastique (en plus des vux de pauvreté
et de chasteté). On pourra voir à l'église
Saint-Paul-Saint-Louis
à Paris une toile très similaire, mais
avec plus de force dramatique, peinte par Eugène
Delacroix.
|
|
«La
Résurrection du Christ».
La scène peinte par Noël Coypel
est bien connue, mais rassemble ici deux épisodes
différents : la Résurrection en elle-même
avec l'effroi des soldats romains ; les saintes femmes
au tombeau, le lendemain matin, à qui un ange
annonce la Bonne nouvelle.
De la sorte, Noël Coypel peut imaginer le visage
de ces deux femmes saisies de stupéfaction par
le spectacle de la Résurrection. Elles regardent
le Christ alors que l'ange les regarde. Dans cette double
scène, ce sont les visages des saintes femmes,
donnés ci-contre, qui revêtent une véritable
importance artistique. Coypel les peint non pas effrayées
comme les soldats romains, mais simplement interloquées,
voire un peu ravies. Voilà pourquoi il faut aller
dans les musées !
|
|
«La Résurrection du Christ», détail
: les Saintes Femmes.
Noël Coypel (1628-1707)
Huile sur toile, 1700. |
|
«Vocation de saint Pierre et de saint André»
Michel II Corneille (1642-1708)
Huile sur toile, 1673. |
«Crucifixion»
Atelier de Louis de Caulery (vers 1580-vers 1621)
Huile sur bois.
«Crucifixion».
Voilà une bien étrange scène ! Autour
de trois croix ridiculement grandes, la foule qui se presse
n'est qu'un agrégé de personnages étranges,
enturbannés, aux tenues bigarrées et vouant
un culte aux turqueries. Le réalisme nordique et le
maniérisme bellifontain se noient dans le goût
vénitien pour le faste. Source : panneau
du musée.
|
|
«Le Christ bénissant»
Jacques Blanchard (1600-1638)
Huile sur toile. |
Mathias
Stomer. En plus du Saint Marc et du
Saint Ambroise, le musée de Rennes
possède un Saint Jean l'Évangéliste
de cet artiste flamand qui travailla avec Honthorst
à Rome. Ces toiles appartiennent à une
série des quatre évangélistes qui
était jadis exposée dans l'église
du couvent des prêtres de la Doctrine chrétienne
à Paris. Source : panneau
du musée.
|
|
|
DEUX TOILES
DE MATHIAS STOMER (vers 1600-1650)
|
|
«Saint Marc», huile sur toile. |
«Saint Ambroise», huile sur toile. |
|
«Crucifixion», détail : un cavalier habillé
selon la mode des turqueries.
Atelier de Louis de Caulery (vers 1580-vers 1621)
Huile sur bois. |
«Le Repos de Diane»
Charles de La Fosse (1636-1716)
Huile sur toile, 1688. |
«Le
Repos de Diane». Ce tableau est une
réplique autographe et sans variante du groupe
central du Repos de Diane (exposé au Musée
national de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg)
qui avait été tissé au Gobelins.
Source : Charles de
La Fosse, le triomphe de la couleur, Somogy, éditions
d'art, 2015.
Au XVIIe siècle, Charles de La Fosse a
été l'un des grands représentants
de l'école coloriste (ou rubéniste) opposée
à l'école des poussinistes qui privilégiait
le dessin.
|
|
«Marine, scène de tempête»
Attribué à Abraham Storck (1636-1710)
Huile sur toile.
Saisie révolutionnaire de 1794. |
«Marine, scène de tempête» détail
Attribué à Abraham Storck (1636-1710)
Huile sur toile. |
«Marine,
scène de tempête». Le
vaisseau en perdition est hollandais. Les armoiries
sur la poupe sont celles de la ville d'Amsterdam : deux
lions entourent un blason.
On remarquera que le Sept Provinces, le célèbre
vaisseau de l'amiral Michael de Ruyter (dont une vue
partielle de la maquette est donnée plus
bas), porte un dessin de poupe à peu près
similaire.
|
|
«La Bretagne offrant à Louis XIV le projet de la
statue équestre»
Antoine Coysevox (1640-1720)
Bas-relief en bronze, vers 1691.
Saisie révolutionnaire. |
«La
Bretagne offrant à Louis XIV le projet de la
statue équestre».
Ce bas-relief en bronze ainsi que celui du Triomphe
de la France sur les mers, donné plus
bas, ornaient le piédestal de la statue équestre
de Louis XIV qui s'élevait sur la place du Palais
à Rennes
en 1726.
À la Révolution, la statue sera démontée
et fondue. Les deux bas-reliefs d'Antoine Coysevox seront
déposés en 1793. Source : panneau
du musée.
|
|
«Cabaret au bord d'un chemin»
Gerrit van Hees (1629-1670)
Huile sur toile. |
|
|
«Le Repos de Diane», détail.
Charles de La Fosse (1636-1716)
Huile sur toile, 1688. |
«Le Suicide de Porcia»
Pierre Mignard (1612-1695)
Huile sur toile. |
«Marine,
scène de tempête».
Combien de temps les visiteurs des musées
passent-ils devant ce genre de tableau que l'on appelle
une marine ? Beaucoup ne doivent consacrer
que quelques secondes à regarder cette scène
tragique, et encore de loin ! Pourtant, ce tableau,
attribué au peintre de marines hollandais
Abraham Storck, est riche en détails historiques.
Et dans un sens beaucoup plus profond qu'on ne le pense.
Près d'une côte, la tempête fait
rage et désarticule les deux vaisseaux qu'elle
bouscule comme des fétus de paille.
Le détail du tableau donné ci-contre montre,
au premier plan dans le bas, des matelots tombés
à l'eau. Ils n'ont quasiment aucun moyen de s'en
sortir vivants et ils le savent. Au cours des siècles
passés, leur sort tragique a été
partagé par des milliers d'entre eux. Néanmoins,
par la multiplication des échanges, leur dévouement
a permis la croissance économique de l'Europe
et des continents qui commerçaient avec elle.
Seuls les Européens maîtrisaient les grands
bâtiments à voile, qu'ils fussent conçus
pour la guerre ou le commerce. Seuls, dans le monde,
ils prenaient le risque d'affronter les tempêtes
et de couler dans une mer déchaînée
après le bris de leur navire. Malgré leur
avance dans quelques produits finis comme la porcelaine
ou les tissus de coton, les marchands de l'Asie de Sud-est
laissaient les Européens assurer le transport
des marchandises dans cette partie du monde.
Ajoutons que les gens qui ne connaissaient pas la mer
- et ils étaient nombreux - n'avaient aucune
idée de la puissance des tempêtes, même
près des côtes. Au XVIIIe siècle,
le grand peintre de marines Joseph Vernet a réalisé
quelques toiles illustrant les naufrages de navires
chahutés par la force des flots et des vents.
Exposées dans les salons, ces toiles impressionnaient
énormément les visiteurs. Ce fut le cas
du philosophe Denis Diderot, admiratif du talent de
Vernet, qui a couché sur le papier l'émotion
qu'il ressentait en les regardant.
Il faut dès lors poser une question essentielle
: pouvait-on, dans les siècles passés,
prendre la mer sans avoir la Foi, sans l'idée
d'un Dieu protecteur à qui se raccrocher ? En
cas de grave danger, les marins invoquaient souvent
la Vierge Marie et promettaient, dans les tempêtes,
de lui offrir quelque chose s'ils s'en tiraient. Ce
pouvait être une chapelle ou, plus modestement,
une maquette de bateau créée de leurs
propres mains. On voit souvent des ex-voto de ce genre
dans les églises des bords de mer. Voir l'église
Saint-Louis
à la Rochelle et les églises Sainte-Catherine,
Saint-Étienne
et Saint-Martin
de l'Île-de-Ré.
Reformulons la question : compte tenu des dangers maritimes,
un athée des siècles passés peut-il
prendre la mer ?
Le philosophe allemand Friedrich Nietzsche, athée
convaincu et viscéral, n'a pris la mer qu'une
fois. C'était au début des années
1880 pour se rendre de Gênes à Messine,
en Sicile. Dans son ouvrage Nietzsche, Daniel
Halévy écrit : «Le passage fut terrible,
il crut mourir dans les nausées, mais l'agrément
du séjour lui compensa le désagrément
de la navigation.» On pourrait faire remarquer
que le voilier avait toujours la possibilité
de longer la côte, réduisant ainsi les
risques.
En revanche, qu'en était-il pour la traversée
de l'Atlantique ou pour un voyage de plusieurs mois
vers les Indes ?
|
|
La poupe du Sept Provinces, années 1660.
Vaisseau amiral de Michael de Ruyter,
commandant en chef de la flotte des Provinces Unies
lors de la deuxième guerre anglo-hollandaise. |
«La Bretagne protégeant l'Innocence»
Noël Coypel (1628-1707). |
«««---
«Joueurs de cartes dans un cabaret»
d'après David II Teniers (1610-1690)
Huile sur bois. |
|
|
«Le Trompette et la servante»
Pieter Leermans (1655-?)
Huile sur cuivre, 1706. |
«Triomphe de la France sur les mers»
Antoine Coysevox (1640-1720)
Bas-relief en bronze, vers 1691.
Saisie révolutionnaire. |
«Cabaret au bord d'un chemin», détail
Gerrit van Hees (1629-1670)
Huile sur toile. |
«Le Trompette et la servante», détail : la
femme à l'arrière-plan.
Pieter Leermans (1655-?) |
|
«Le
Trompette et la servante».
Cette toile très expressive s'intègre
dans le monde de l'art licencieux, plus précisément
de l'amour vénal.
La note du musée oppose le trompette, qui incarnerait
la débauche, au côté plus sérieux
de la récureuse de cuivre qui, elle, représenterait
le travail. Ce serait le message «explicite»
du tableau. C'est peut-être aller un peu vite
dans l'analyse et prendre les filles de cabaret pour
des nonnes...
L'accord entre les sourires des deux personnages demeure
le point remarquable du tableau. Celui du trompette
- un sourire joyeux et satisfait - exprime le plaisir
de voir que son geste est accepté ; celui de
la femme, plus retenu, trahit son contentement de voir
que son corps plaît et que son espoir n'était
pas vain.
À l'arrière-plan à gauche, une
autre femme sourit dans la pénombre. C'est peut-être
la tenancière de l'estaminet qui se réjouit
de voir que ses employées attirent les clients...
Deux gros plans de cette toile sont donnés ci-dessous.
|
|
«Paysages, figures et animaux»
Johannes van der Bent (1650-vers 1690)
Huile sur toile. |
«Paysages,
figures et animaux».
Cette toile de Johannes van der Bent est à dominante
jaune avec des tons bruns. C'est un détail à
prendre en compte à une époque où
les conservateurs de musée font installer des
spots de lumière jaune pour éclairer les
tableaux... et gâcher les photos des visiteurs.
La dominante jaune rappelle que le peintre a fait le
voyage en Italie et qu'il connaît donc l'éclat
des ciels très lumineux. La note du musée
nous apprend que, dans cette toile, l'artiste a cherché
à imiter les paysages avec figurines de Nicolas
Berchem qui se vendaient plus chers. D'où un
traitement un peu lourd des personnages qui semblent
«mal intégrés dans ce poncif pastoral
à la facture pré-rococo».
|
|
|
«Le Trompette et la servante», détail.
Pieter Leermans (1655-?)
Huile sur cuivre, 1706. |
«Nature morte à l'écureuil»
Jacob van ES (1590-1666)
Huile sur toile. |
|
«Le Triomphe de la Justice»
Jean-Baptiste Jouvenet (1644-1717)
Huile sur toile. |
«Portrait d'Innocente Guillemette de Rosnyvinen
de Piré»
Charles André van Loo (1705-1765)
Huile sur toile. |
|
«La Prédication de saint Étienne»
Charles-Joseph Natoire (1700-1777)
Huile sur toile, 1745.
Saisie révolutionnaire. |
«L'Enlèvement d'Orythie»
François-André Vincent (1746-1816)
Huile sur toile, vers 1759. |
|
«La Chute des Idoles et le repos pendant la fuite en Égypte»
Jean-Jacques Lagrenée (1739-1821)
Huile sur toile, vers 1775. |
«Portrait d'Innocente Guillemette de Rosnyvinen
de Piré»
Détail : le visage en gros plan
Charles André van Loo (1705-1765)
Huile sur toile. |
«Tête de jeune fille au ruban bleu»
Jean-Baptiste Greuze (1725-1805)
Huile sur toile. |
|
«L'Enlèvement d'Orythie»
François-André Vincent (1746-1816)
Huile sur toile, vers 1783. |
«L'Enlèvement d'Orythie», détail.
François-André Vincent (1746-1816)
Huile sur toile, vers 1783. |
«Rupture d'un pont»
Francesco Casanova (1727-1802)
Huile sur toile
Saisie révolutionnaire. |
|
«Lesbie»
François Gaspard Aimé Lanno (1800-1871)
Marbre, 1882. |
«Comminges»
Claudius Jacquand (1804-1878)
Huile sur toile, 1836. |
«La Princesse Napoleone Elisa Baciocchi»
Lorenzo Dartolini (1777-1810)
Marbre, 1812. |
«Une messe en mer en 1793»
Louis Duveau (1818-1867)
Huile sur toile, 1864. |
«Portrait de Mademoiselle Isaure Chassériau»
Eugène Amaury-Duval (1808-1885)
Huile sur toile, 1838. |
«La Musique»
Louis Ernest Barrias (1841-1905)
Bronze, 1888. |
«Le Chant»
Louis Ernest Barrias (1841-1905)
Bronze, 1888. |
|
|
Mademoiselle
Isaure Chassériau.
Quel étrange portrait
de la fille de Théodore Chassériau
! La jeune fille, totalement statique, campe
sur ses deux pieds et croise les mains.
Aucune vie ne se dégage de cette
peinture. L'expression du visage est affreusement
vide. Idéale pour les photos actuelles
demandées par l'Administration !
D'ordinaire, les portraitistes s'attachent
à peindre les gens dans des attitudes
qui attirent l'attention : de trois quarts
; avec des fleurs ; la main appuyée
sur un livre ou tenant un oiseau ; etc.
Ici, c'est la platitude la plus complète.
Par égard pour le talent et le sens
artistique du peintre Amaury-Duval (oncle
du modèle), on veut croire que mademoiselle
Chassériau a exigé d'être
représentée dans cette posture...
|
|
|
«Après
le bain» ---»»»
Louis Henri Nicot (1878-1944)
Marbre, 1911. |
|
«Cour de ferme»
Eugène Boudin (1824-1898)
Huile sur toile, vers 1889-1890. |
|
|
«Chateaubriand»
Aimé Millet (1819-1891)
Plâtre teinté. |
|
«Velléda», détail.
André Charles Voillemot (1823-1893)
Huile sur toile, vers 1869. |
|
«Alexandre le Grand cédant Campaspe à Apelle»,
1822.
Charles Meynier (1768-1832)
Cette uvre a été commandée
à l'artiste par l'École de Peinture et de
Sculpture de Rennes
en 1822. |
«La Reine Blanche de Castille délivrant les
prisonniers»
Louis Julien Jean Aulnette du Vautenet (1786-1853)
Huile sur toile, 1821. |
«Tête
de femme» ---»»»
Thomas Couture (1815-1879)
Huile sur toile, 1873. |
|
|
«Apelle et Alexandre»
Biscuit de la manufacture de porcelaine
de Sèvres.
Modèle de Boizot, biscuit de 1906. |
«Alexandre
le Grand cédant Campaspe à Apelle»
.
Cette histoire, aujourd'hui reconnue comme légendaire,
nous est parvenue par Pline l'Ancien dans son
Histoire naturelle. Apelle était
le peintre préféré d'Alexandre
qui, de son côté, comptait Campaspe
parmi ses concubines les plus chéries.
Épris de beauté, Alexandre ordonna
à Apelle de peindre Campaspe nue.
Au cours de son travail, Apelle tomba amoureux
de Campaspe. Et Alexandre s'en rendit compte.
Dans un geste généreux, sacrifiant
son affection, le conquérant donna sa concubine
au peintre.
Ce thème, abondamment illustré par
les peintres, le fut aussi par Louis-Simon Boizot
à l'atelier de sculpture de la manufacture
de porcelaine de Sèvres. On donne ci-dessus
le biscuit Apelle et Alexandre réalisé
en 1906 selon le modèle de Boizot.
|
|
|
|
«La Reine Blanche de Castille délivrant les prisonniers»,
détail.
Louis Julien Jean Aulnette du Vautenet (1786-1853)
Huile sur toile, 1821. |
«Le Retour du pèlerin»
Louis Julien Jean Aulnette du Vautenet (1786-1853)
Huile sur toile, 1818. |
«Le Retour du pèlerin»
Louis Julien Jean Aulnette du Vautenet (1786-1853)
Huile sur toile, 1818. |
«Le
Retour du pèlerin».
C'est sans conteste l'une des toiles
les plus pittoresques du musée des Beaux-Arts
de Rennes.
La scène est au Moyen Âge. Un homme
parti en pèlerinage, sans doute pour de
longs mois, revient chez lui et trouve sa femme
se faisant conter fleurette par un galant jouant
de la guitare ! Dans le tableau, le pèlerin
est à l'arrière-plan et n'a pas
encore été aperçu par les
personnages du premier plan.
Si l'épouse est en émoi en écoutant
le chanteur au point de placer sa main sur son
cur, sa fille est carrément sous
le charme ! Rien que la contemplation de près
de la bouille de cette petite fille justifie une
visite au musée !
|
|
|
«La Cigale»
Louis Maximilien Bourgeois (1839-1901)
Bronze, vers 1878. |
«Buste de jeune femme»
Auguste Rodin (1840-1917) |
«Trouville, les jetées mer haute»
Eugène Boudin (1824-1898)
Huile sur toile, 1885. |
|
Une salle des tableaux des XIXe et XXe siècles
La grande toile au centre est «Éros et Aphrodite» d'Édouard
Toudouze (1848-1907), datée de 1872. |
«Nu à mi-corps»
Pablo Picasso (1881-1973)
Huile sur toile, 1923.
Cette uvre date de la période néo-classique
du peintre. |
«Lionne et lionceaux»
Victor Peter (1840-1918)
Bronze |
«La Côte de Goulpar sous le soleil, Belle
Ile»
Maxime Louis Maufra (1861-1918)
1900. |
«Les Premiers pas»
Maurice Denis (1870-1943)
Huile sur toile, 1911 |
«Paysage aux trois croix»
Henri de Waroquier (1881-1970)
Huile sur toile, 1917 |
|
«Vase de fleurs»
Paul Gauguin (1848-1903)
Huile sur toile, vers 1878. |
«La Seine vue des hauteurs de Louveciennes à
Courbevoie»
Alfred Sisley (1839-1899)
Huile sur toile, 1875. |
«Le Yacht échoué à Trégastel»
Maurice Denis (1870-1943)
Huile sur bois, 1938.
Maurice Denis a longtemps parcouru la côte nord
de la Bretagne.
Cette région fut pour lui un lieu de recherches
picturales. |
«La Pointe du Jars au Cap Fréhel»
Gustave Loiseau (1885-1935)
Huile sur toile, 1904. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Documentation : «Dictionnaire du patrimoine
rennais», Éditions Apogée, 2004
+ «Par nos villes et nos campagnes, Carnets de voyage»,
Hippolyte Taine, éditions libretto, 2020
+ «Charles de La Fosse, le triomphe de la couleur», Éditions
Somogy, éditions d'art, 2015. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|