|
|
|
Le vaste bâtiment qui abrite
le musée de Meudon
est souvent présenté comme l'«ancienne demeure
d'Armande Béjart».
Le bâtiment date du XVIe siècle et c'est l'un des plus
anciens de la ville. Un bourgeois parisien, du nom de Jean Mazelin,
en est le premier propriétaire connu. À cette l'époque,
seule existe une partie du corps de logis qui longe actuellement
la rue des Pierres. C'est une petite maison entourée de champs
et de vignes.
Jean Mazelin a un gendre : le chirurgien Ambroise Paré. Celui-ci
rachète la maison en 1550 et la conserve jusqu'à sa
mort en 1590. Entre 1590 et 1626, le nouveau propriétaire
agrandit la demeure, ouvre le porche
sous la façade et acquiert des terrains pour accroître
la superficie du jardin. Vers 1645, le logis, alors propriété
de Rollin Burin, conseiller du roi et maître des courriers
de Normandie et de Bretagne, s'agrandit des deux ailes est et ouest.
De plus, des artistes ornent de peintures murales la grande
pièce du corps central.
Ce n'est qu'en 1676, soit trois ans après la mort de Molière,
que sa veuve, Armande Béjart, acquiert le domaine. Elle s'y
installe avec son second mari, le comédien Guérin
d'Estriche, et Esprit-Madeleine, la fille qu'elle a eue de Molière.
Depuis sa maison meudonnaise, elle entretient la mémoire
du célèbre comédien et veille sur la troupe.
Armande Béjart s'éteint en 1700. Dans les deux siècles
suivants, les aménagements se succèdent ; le logis
est découpé en appartements. Dans les années
1890, il est classé au titre des Monuments historiques.
La ville de Meudon
l'achète en 1941 et le confie à la société
des Amis de Meudon qui y expose ses collections. Le bâtiment,
qui devient donc musée, est alors connu sous le nom de Villa
Molière. En 1973, la société fait don de
ses collections à la ville ; le musée devient municipal.
Depuis 2003, il bénéficie de l'appellation Musée
de France.
À la suite de donations et d'acquisitions, le musée
expose une riche collection de créations contemporaines réalisées
par la nouvelle école de Paris (1940-1980), sans toutefois
fermer la porte à des créateurs d'autres horizons.
Ces créations, quand elles résistent aux éléments,
ornent aussi
le vaste jardin qui est une des richesses du domaine.
Le visiteur sera peut-être plus intéressé par
l'histoire de Meudon,
amplement décrite par des maquettes, des tableaux, des dessins
et des gravures. Sous Louis XIV, Meudon
était devenu un domaine
royal à l'étendue impressionnante, riche de deux
châteaux (voir leur histoire plus
bas). L'un de ces châteaux est aujourd'hui l'Observatoire
astronomique de Meudon,
dédié à l'étude du soleil. Sous Louis
XV, la marquise de Pompadour fit construire, dans le quartier de
Bellevue, un château plus modeste. Les aléas de l'Histoire,
aux XIXe et XXe siècles, en ont fait disparaître toute
trace.
À côté d'une grande
toile illustrant l'abjuration d'Henri IV en juillet 1593 (et
qui se trouvait auparavant à l'église Saint-Martin),
le musée d'Art et d'Histoire possède une très
belle collection de peintures de paysage de la fin du XVIIIe
siècle jusqu'aux années 1930. Meudon
était en effet un lieu de villégiature privilégié
pour les artistes parisiens. Les peintres mettaient à profit
sa position dominante sur la vallée de la Seine et sur Paris.
Auguste Rodin y avait
acquis une maison où il est mort en 1917.
|
|
Une salle dédiée à la création contemporaine.
Au centre : «Étoile de mer» de François
Stahly (1911-2006).
À droite, le grand bronze réalisé en 1962 par
Andras Beck (1911-1983) : «Lueur». |
L'entrée du musée, rue des Pierres.
Le porche a été ouvert sur la rue entre 1590 et 1626. |
Les bâtiments du musée et une partie des jardins.
Au premier plan : des créations contemporaines. |
|
Putto aux grappes de raisin.
École française du XIXe siècle, pierre. |
Statue de «Marguerite aux bijoux»
École française du XIXe siècle.
Marbre. |
«La Moisson fleurie»
Pierre-Édouard Charrier (1820-1895).
1867, marbre. |
|
«La Moisson fleurie», détail.
Pierre-Édouard Charrier (1820-1895).
1867, marbre.
|
Le jardin du musée est orné de créations contemporaines. |
«Maison d'Armande Béjart à Meudon, rue des Pierre»
1878, encre aquarellée. |
«La Villa Molière sous la neige»
Jean Latour-Belot (1892-1966).
1936, huile sur toile. |
Vue sur Meudon
et Paris depuis l'esplanade de l'Observatoire de Meudon, au-dessus
du musée.
La vue que l'esplanade offre sur Paris n'est pas très connue
des touristes. |
LA CRÉATION
CONTEMPORAINE |
|
|
«Cérès»
Jean Le Moal (1909-2007).
1938, fresque sur aggloméré. |
|
Sans titre (composition)
Jean Le Moal (1909-2007).
1973, huile sur toile. |
«Évasion n°2»
Tetsuo Harada (1949-)
1975, marbre blanc été acajou. |
|
|
Grande salle du XVIIe siècle restaurée.
L'ornementation de style Renaissance sur les murs est datée
aux alentours de 1645. |
Saint Martin
XVIIe siècle, bois.
Ancienne statue de l'église Saint-Martin
commandée
en 1684 et attribuée au sculpteur de la Chaize. |
«L'Abjuration d'Henri IV en la basilique de Saint-Denis, le
25 juillet 1593»
Peinture attribuée à Nicolas Bollery, huile sur toile.
Cette grande toile était anciennement exposée dans l'église
Saint-Martin
de Meudon. |
Salle des maquettes et de l'histoire des châteaux de Meudon. |
«Portrait du Grand Dauphin»
D'après Nicolas Largillière (1656-1746).
XVIIIe siècle, huile sur toile. |
Le domaine royal de Meudon en 1710.
Maquette en carton réalisée par Gérard Bruchet
en 1980.
Le domaine était en réalité très étendu
sur la gauche : de la Grande
Perspective ne figure que l'Orangerie. |
Le château
de Meudon.
Contrairement au château
de Bellevue qui a totalement disparu, le château
de Meudon
subsiste en partie. Il comprenait deux édifices : le
Château-vieux et le Château-neuf.
Le Château-vieux, victime d'une explosion, a
été rasé au début du XIXe siècle.
Quant au Château-neuf, il est sauvé d'un
destin funeste en 1876 quand l'astronome Jules Janssen y fait
installer un observatoire astronomique.
Par chance, les historiens possèdent un grand nombre
de documents d'époque relatifs à la vie de ce
château royal. Sa création, son développement
et son histoire sont fort bien connus. Bien que disparu, le
Château-vieux, en tant que petit Versailles,
est considéré comme l'archétype du château
classique français au Grand Siècle.
Tout commence lors de la guerre de Cent Ans. Guillaume Sanguin,
valet de chambre de Charles VII, achète le fief de
Meudon.
Une demeure s'y trouve ; il la transforme en manoir.
Un siècle passe. Anne de Pisseleu, maîtresse
de François Ier, hérite en 1527 du domaine de
son oncle, Antoine Sanguin. Le manoir est alors transformé
en château Renaissance.
Mort de François Ier en 1547. Anne cède le château
à Charles de Guise, cardinal de Lorraine. En 1552,
celui-ci fait construire dans le domaine, sur des plans du
Primatice, la Grotte de Meudon (en fait une sorte de
second château). Voir ci-contre la très belle
maquette de Jacques Hennequin réalisée en 1999.
En 1654, Abel Servien, surintendant des Finances, achète
le domaine et en accroît la superficie. Il fait bâtir
l'Orangerie et tracer la Grande
Perspective. La propriété prend alors des
proportions impressionnantes.
Le château passe au marquis de Louvois en 1679.
André le Nôtre y crée un somptueux jardin
à la française. Le puissant ministre meurt en
1691, laissant la propriété à sa veuve.
Sur proposition de Louis XIV, elle échangera bientôt
ce trop grand domaine pour elle contre le château de
Choisy. Et, en 1695, Meudon
entre dans les propriétés de la Couronne pour
l'usage privé du Grand
Dauphin. En 1705, Jules-Hardouin Mansart est chargé
de la construction du Château-neuf en lieu et
place de la Grotte, passée de mode. Le premier
château reçoit alors l'appellation de Château-vieux.
C'est à cette époque que le domaine est à
son apogée. Le Grand Dauphin fait du Château-vieux
sa résidence particulière. Il y passe près
d'un tiers de son temps. Regardé comme le prochain
roi, il imprime le rythme de la vie de la Cour et profite
des forêts avoisinantes pour s'adonner à l'une
de ses passions : la chasse.
Le Grand
Dauphin s'éteint à Meudon en 1711. Louis
XIV délaisse alors la propriété qui lui
rappelle trop la mémoire de son fils. Louis XV va se
détourner, lui aussi, du domaine pour lui préférer
le château
de Bellevue où habite sa favorite, la marquise
de Pompadour. Et Louis XVI ne portera d'intérêt
à Meudon
que pour le gibier de ses forêts.
À la Révolution, le domaine devient bien
de la Nation. En 1793, on y crée un établissement
dédié à l'aérostation, c'est-à-dire
aux ballons d'observation. Malheureusement, une explosion
due à la fabrication de ces ballons va détruire
le Château-vieux en 1795. Les ruines seront arasées
en 1804. Le Château-neuf deviendra palais impérial
pour le roi de Rome. Napoléon Ier veut y créer
une «école des rois».
En 1870, les Prussiens encerclent Paris et profitent de la
butte de Meudon
pour s'installer au Château-neuf. En janvier
1871, les canons français bombardent le château
provoquant un incendie. Les murs étant saufs (voir
dessin plus
bas), l'astronome Jules Janssen y installe en 1876 un
observatoire astronomique dédié à l'étude
du soleil, ce qu'il est toujours.
L'histoire des châteaux de Meudon
est amplement décrite dans une salle
du musée qui accueille, à ce titre, deux
très belles maquettes. La première
représente le domaine royal à son apogée
(année 1710). La seconde est une reproduction de la
Grotte, détruite en 1705 pour faire place au
Château-neuf, devenu aujourd'hui l'Observatoire.
Sources : 1) panneaux du musée
; 2) Le château de Meudon au siècle de Louis
XIV, édité par le musée d'Art et
d'Histoire de Meudon, 2018.
|
|
LA GRANDE PERSPECTIVE (partielle).
«Vue du château de Meudon du côté du
jardin»
Israël Silvestre (1621-1691), maître à dessiner
du Grand Dauphin.
1685, gravure à l'eau-forte. |
Maquette de la Grotte de Meudon vers 1690.
Maquette en carton réalisée par Jacques Hennequin
en 1999.
Charles de Guise, propriétaire du domaine, fait construire
la Grotte en 1552 sur des plans du Primatice.
Elle est remplacée par le Château-neuf vers 1705. |
|
Le domaine royal de Meudon en 1710 : le Château-vieux.
Détail de la maquette en carton réalisée
par Gérard Bruchet en 1980. |
La Grotte de Meudon
Nicolas Langlois (1640-1703).
XVIIe siècle, eau-forte aquarellée sur papier.
En 1705, sur décision du Grand Dauphin, la Grotte est
remplacée par le Château-neuf. |
|
«Grande Bacchante aux raisins»
Antoine Bourdelle (1861-1929).
1909, Bronze. |
Saint Martin, XVIIe siècle, bois, détail.
Ancienne statue de l'église Saint-Martin
commandée
en 1684 et attribuée au sculpteur de la Chaize. |
|
«Jour d'Automne (vue de l'Observatoire)»
Antoine Bourdelle (1861-1929).
1910, huile sur toile. |
«Siège de Paris. Château de Meudon (bombardé
par les Prussiens en 1870)»
Chromolithographie anonyme. |
Le
château de Meudon bombardé.
Par qui ? Les Français ou les Prussiens ? Le
doute est permis à la lecture de la fiche d'information
donnée avec cette chromolithographie. On y lit
: «Il y a 150 ans, le Château-neuf de Meudon,
construit par le Grand Dauphin en 1705, sombrait dans
les flammes. L'incendie, provoqué par des échanges
de tirs entre français et prussiens qui avaient
pris possession du château pour sa position stratégique
aux portes de Paris, eu [sic] lieu du 31 janvier
au 2 février 1871.»
Sans souligner l'erreur sur l'année, il ressort
de ce texte que ce sont les Prussiens qui occupent le
Château et que ce sont les Français qui
bombardent. Alors pourquoi avoir ajouté dans
le titre : «bombardé par les Prussiens
en 1870» ? Devant cette incohérence, le
visiteur reste perplexe.
L'ouvrage Meudon au XIXe siècle, édité
par la Société des Amis de Meudon en 1991,
donne la clé. Début janvier 1871, les
Prussiens encerclent Paris. Profitant des hauteurs de
Meudon
et de Bellevue, ils y installent des batteries pour
bombarder le sud de la capitale. En réponse,
les Français bombardent les installations ennemies
depuis les forts encore en leur possession, dont celui
d'Issy. À la toute fin janvier 1871, dans cette
bataille d'artillerie, des obus français ont
atteint le plateau où se trouvait le Château-neuf.
Le même ouvrage donne un extrait du bulletin officiel
de Bismarck publié le 1er février 1871
: «Nous avons à signaler un événement
des plus regrettables, le château de Meudon vient
d'être la proie des flammes... Voici l'ancienne
résidence du prince Napoléon devenant
une ruine par l'action de cette artillerie avec laquelle
on espérait arrêter l'armée allemande...
Nous sommes à même de publier les renseignements
authentiques suivants... Dans la dernière journée
du bombardement, un obus français est tombé
à l'intérieur, un début d'incendie
n'a pu être remarqué parce que le château
s'est trouvé démuni de troupes. Hier seulement
la fumée a divulgué le désastre.
Les troupes allemandes ont été envoyées
pour sauver cette résidence, en vain.»
L'ouvrage avance ensuite une opinion très personnelle
: «Cette version reste douteuse face à
tant d'autres incendies volontaires dont Saint-Cloud
?»
Il est difficile de faire sienne cette opinion. Bismarck
était certes un roué, mais où est
l'intérêt d'incendier un château
tout proche des batteries de sa propre armée
alors que les canons français bombardent le secteur
?
En fin de compte, le lecteur a le choix entre deux versions
: un coup monté prussien ou un coup «au
but» de l'artillerie française. La probabilité
de l'obus est quand même plus plausible.
|
|
|
«Chasteau de Meudon - 2 lieues de Paris»
XVIIe siècle, gravure à l'eau-forte.
Cet aspect du Château-vieux, entre 1552 et 1654, donne
une idée de l'ampleur
des travaux de terrassement rendus nécessaires pour édifier
les jardins.
Cet endroit correspond aujourd'hui à la grande esplanade
de l'Observatoire (Château-vieux compris). |
«Élévation de la principale façade
du Château neuf de Meudon»
Estampe, 1700-1701.
Dans les années 1880, ce bâtiment est devenu un
observatoire astronomique dédié à l'étude
du soleil.
La photo de l'Observatoire
actuel montre que toute la moitié supérieure
a été rasée, à l'exception de la
partie centrale. |
«Les haras du comte d'Artois»
Jean-Jacques Champin (1796-1860).
1838, gouache. |
Le tympan du fronton du Château-neuf (début du
XVIIIe siècle) est toujours en place. |
|
À l'initiative de l'astronome Jules Janssen, le Château-neuf
est devenu l'Observatoire de Paris-Meudon à partir de 1876.
La moitié supérieure du Château-neuf a été
rasée, à l'exception de l'ilôt central que surmonte
la coupole de l'observatoire. |
Le Château-neuf tel qu'il apparaissait au XVIIe siècle.
Ici, le balcon et ses consoles à têtes humaines. |
Statue de Jules Janssen dans le parc de l'esplanade. |
Restitution du Château de Meudon en 1690.
par Paul Lebret (1875-1933)
Vers 1907 - Restitution d'une gravure.
À cette époque, le marquis de Louvois est propriétaire
du domaine.
On localise parfaitement : le Château-vieux, la Grotte, l'Orangerie
et la Terrasse.
Le musée d'Art et d'Histoire se situe en contre-bas, à
droite. |
Le château
de Bellevue a totalement disparu, mais les différents
services d'Archives conservent de nombreux documents à
son sujet : témoignages, lettres, plans, croquis, dessins,
tableaux, etc. Si bien son architecture, sa décoration,
ses jardins ainsi que toute l'histoire qui l'entoure sont
assez bien connus.
La construction démarre en 1748. Le château a
été conçu par la marquise de Pompadour
dans l'unique but de plaire au roi Louis XV. Il fallait attirer
le souverain hors du gigantisme de Versailles
et de la gestion des affaires de l'État. On dirait
aujourd'hui que le roi avait besoin d'un petit endroit cosy
pour se ressourcer... Ce que la marquise réussit à
faire avec ce petit château à taille humaine
et sa succession de salles ornées d'uvres d'art
signées des plus grands artistes du XVIIIe siècle.
Jean Cailleteau, dit l'Assurance, en fut l'architecte. Les
témoignages de l'époque le confirment : la beauté
de la bâtisse, la grâce des bosquets du jardin,
les représentations de pièces légères
dans le théâtre du château distrayaient
le roi.
En 1757, essentiellement pour des raisons financières,
la marquise vend le domaine à la Couronne. De par l'acte
de vente, elle emporte avec elle la plupart des tableaux,
des dessus-de-porte et des tapisseries. Bellevue devient alors
château royal et il faut l'aménager pour y loger
la nombreuse famille du roi, les principaux courtisans, les
valets, les gardes, etc. Le premier architecte de Louis XV,
Jacques-Ange Gabriel, se met à l'uvre et redessine
tout l'intérieur.
Un nouveau mobilier est commandé. Il faudra toutefois
attendre l'année 1766, soit deux ans après la
mort de la Pompadour, pour que de nouvelles toiles et peintures
ne viennent combler les vides sur les murs. En 1767, deux
petites ailes sont rajoutées au corps central du château.
À cette époque, la comtesse du Barry a remplacé
la Pompadour dans le cur du roi. L'histoire rapporte
que, pour faire activer les travaux, elle a parfois payé
les factures sur ses deniers quand les paiements tardaient.
Louis XV s'éteint en 1774 alors que Bellevue est toujours
en travaux. Louis XVI, qui ne s'intéresse pas au domaine,
le revend à ses tantes et filles du feu roi, Adélaïde,
Victoire et Sophie. Celles-ci, qui s'entendent bien, laissent
les travaux s'achever, mais modifient la destination des pièces.
Toujours entichées de la dernière mode, elles
rejettent l'art rococo et font installer une décoration
à l'antique. Le mobilier est, lui aussi, changé
: ces dames, au nom de la mode, multiplient les petits meubles
en tout genre.
L'apport des trois tantes à Bellevue concerne surtout
le parc. Il va s'étendre grâce à l'achat
de terrains contigus, puis intégrer un jardin anglais
(très à la mode), et enfin offrir un clin d'il
à l'architecture gothique avec la construction de la
tour Malbroug, une étrange pièce qui rappelle
les châteaux-forts médiévaux. La tour
du hameau de la Reine à Versailles
s'en est inspirée.
Sophie meurt en 1782. Au déclenchement de la Révolution,
Adélaïde et Victoire ne quittent pas Bellevue.
Cependant, en février 1790, apprenant qu'une escouade
armée s'approche pour les arrêter, elles s'enfuient
et partent en exil. Les deux tantes s'éteindront à
Trieste en 1799 et 1800.
S'étant enfuies, elles sont considérées
comme émigrées, donc leurs biens deviennent
propriété de la Nation. Sous le Directoire,
le mobilier du château sera dispersé à
Paris et à Versailles
pour les besoins de l'armée. Que faire de la bâtisse
? On pense à une école pour les artistes ou
à un hôpital. Finalement, en 1796, le domaine
est vendu aux enchères à un homme d'affaires,
un dénommé Testu, qui y fera quelques aménagements.
Testu vendra l'île de Sèvres
au citoyen Séguin qui lui donnera son nom.
En 1823, Louis XVIII refuse d'acquérir le domaine pour
raison d'économie. Un autre homme d'affaires, Achille
Guillaume, rachète le tout et va le scinder en lotissements.
Le château est rasé. Les matériaux sont
récupérés pour la construction des maisons
qui seront bien souvent achetées par la bourgeoisie
parisienne en quête de verdure. Seules subsistent quelques
portions éparses que le XXe siècle fera disparaître
à son tour. Le quartier de Bellevue est aujourd'hui
encore le quartier chic de Meudon.
Source : Bellevue, le château
de la marquise de Pompadour à Meudon, édité
par la ville de Meudon, 2008.
|
|
«Vue du Jardin et parc du Château de Meudon»
Israël Silvestre (1621-1691), maître à dessiner
du Grand Dauphin.
1705, gravure à l'eau-forte.
Cette gravure illustre la GRANDE PERSPECTIVE du château
depuis la terrasse.
Au premier plan, l'Orangerie, puis le bassin du Grand Carré,
la Grille d'eau,
le bassin de Chalais et le Tapis Vert.
De cette perspective, seule l'Orangerie figure dans la maquette
de Gérard Bruchet créée en 1980. |
«La Tour Malbroug, hameau du château de Bellevue»
Attribué à Dick Fils (École française
du XVIIIe siècle).
1794, gouache.
Cette tour, détruite au XXe siècle, a servi de
modèle à la tour du Hameau de la reine à
Versailles.
|
|
«Vue du château de Bellevue prise du côté
de la cour présentée à Madame la Marquise de
Pompadour»
Jean-Baptiste Rigaud (actif entre 1752 et 1761).
Seconde moitié du XVIIIe siècle, eau forte aquarellée. |
«Vendanges sur les hauteurs de Bellevue»
Anonyme, 1826, huile sur toile. |
«Le Pont de Sèvres et l'Ile Séguin»
Alexandre-Hyacinthe Dunouy (1757-1841).
1821, huile sur toile. |
«Marcelin Berthelot
(1827-1907)» ---»»»
par Auguste Rodin (1840-1917).
1906, plâtre. |
|
|
|
«Le Pont de Sèvres et l'Ile Séguin», détail.
Alexandre-Hyacinthe Dunouy (1757-1841).
1821, huile sur toile. |
Salle consacrée à l'art du XIXe siècle. |
«Mariage mystique de sainte Catherine d'Alexandrie»
Copie anonyme d'une toile du Corrège (1489-1534).
XVIIe siècle, huile sur toile. |
«Portrait de femme avec diadème et robe pourpre»
Henri Lehman (1814-1882).
XIXe siècle, huile sur toile. |
Éléments de verrerie et de cristallerie
de la manufacture du Bas-Meudon.
La manufacture a fermée en 1932. |
|
«Latone et les paysans de Lycie»
Jean-Baptiste Jouvenet (1644-1717).
1700-1701, huile sur toile.
Ce tableau a été commandé par le Grand
Dauphin en 1700 pour
décorer la salle de billard du Château-vieux de
Meudon [note du musée]. |
La
verrerie du Bas-Meudon.
Son existence tient à la volonté de la
marquise de Pompadour. Déjà propriétaire
du château de Bellevue, elle rachète en
1755 une partie de la Seigneurie de Sèvres
pour y créer une verrerie en bord de Seine, au
Bas-Meudon. En 1804, le régisseur de la manufacture
prend le titre de fermier de la Verrerie de Meudon.
L'établissement deviendra cristallerie en 1835
et fermera ses portes en 1932. L'ouvrage Meudon
édité par les Amis du musée
de Meudon donne toutefois l'année 1870 en
lieu et place de 1835. À la fin du XIXe siècle,
la cristallerie emploiera près de trois cents
ouvriers.
Source : panneaux dans
le musée.
Le musée expose une intéressante
toile sur cette verrerie (donnée ci-dessous).
Elle illustre le métier de souffleur de verre
devant un décor d'arcades. Dans sa collection
d'assiettes, créée vers 1824, consacrée
aux Arts
Industriels, la Manufacture de Sèvres
propose elle aussi une illustration du métier
de verrier. Le peintre de cette collection, Jean-Charles
Develly (1785-1849), a représenté la même
scène dans le même décor (donnée
ci-dessous à droite). Comme la légende
de l'assiette l'indique, il s'agit là aussi de
la verrerie de Sèvres, au Bas-Meudon.
|
|
|
«Le dernier paysan de Meudon»
Claude-Émile Schuffenecker (1851-1934).
1884, huile sur toile. |
Franck-Will (1900-1950) : commode peinte, détail.
Début du XXe siècle, bois pichepin. |
|
«La verrerie de Sèvres au Bas-Meudon»
Louis Tauzin (1842-1915).
1902, huile sur toile. |
«Blanchisseuses et violoneux au Bas-Meudon»
Louis Tauzin (1842-1915).
Vers 1890, huile sur toile. |
Salle d'exposition
temporaire et ses belles poutres de plafond. ---»»» |
|
|
Assiette du service des Arts
industriels : «Verrerie - Bouteilles de Sèvres»
Manufacture de Sèvres, service créé
vers 1824. |
«L'Enterrement de Rodin à Meudon»
Maximilien Luce (1858-1941).
1917, huile sur toile. |
|
|
LES TABLEAUX DE
PAYSAGE DE MEUDON ET DE SES ENVIRONS |
|
«La Vallée de la Seine et l'île Séguin»
Edmond Poteau, 1897, huile sur toile. |
«La Vallée de la Seine et l'île Séguin»,
détail.
Edmond Poteau, 1897, huile sur toile. |
|
«Un coin du bois de Meudon»,
Constant Pape (1865-1920).
Entre 1900 et 1910, huile sur bois. |
«L'île Saint-Germain pendant l'inondatin de 1910»
Constant Pape (1865-1920).
Entre 1900 et 1910, huile sur bois. |
«La sablière de Villebon, forêt de Meudon»
Constant Pape (1865-1920).
Entre 1900 et 1910, huile sur bois. |
«La
Vallée de la Seine et l'île Séguin».
Au XIXe siècle, la topographie de Meudon
attire les paysagistes. Au nord, la ville domine Paris,
la Seine et Saint-Cloud.
Depuis les clairières d'une épaisse forêt,
les peintres peuvent ainsi camper d'impressionnants
points de vue.
La toile d'Edmond Poteau (détail ci-contre) illustre
une transition : la fin du XIXe siècle et le
début de l'industrialisation. Une trouée
dans la forêt permet d'apercevoir les maisons
du Bas-Meudon (peu à peu remplacées par
des bâtiments industriels), le pont de Sèvres,
l'église Saint-Clodoald
et la ville de Saint-Cloud avec le Mont Valérien
en arrière-plan.
On note, dans le détail en gros plan, la présence
du chemin de fer (qui correspond à la ligne de
tramway actuel) ainsi que le bâtiment du musée
de la manufacture de Sèvres, inauguré
en 1876.
Aujourd'hui, la vue
sur Paris depuis l'esplanade de l'Observatoire est
beaucoup moins champêtre.
|
|
|
«Le bateau-lavoir au Bas-Meudon»
Claude-Émile Schuffenecker (1851-1934).
1881, huile sur toile. |
«La Seine au Bas-Meudon»
Eugène Bataille (1817-1882).
1881, huile sur toile. |
|
«La Seine au Bas-Meudon»
Albert Lebourg (1835-1892).
XIXe siècle, huile sur toile. |
«Bateau-lavoir au Bas-Meudon»
Louis Tauzin (1841-1915).
1910, huile sur toile. |
|
«Vue prise sur les hauteurs de Meudon»
Jean-Baptiste Langlacé (1786-1864).
1818, huile sur toile.
Le clocher de l'église Saint-Martin
s'élève bien au-dessus des maisons. Aujourd'hui, il
est noyé dans les immeubles (voir photo plus
haut).
Cette vue sur Meudon s'apprécie encore plus si elle est associée avec
celle,
donnée ci-dessous, qui est exposée au musée des Beaux-Arts
de Bordeaux : |
«Paris en 1889, vue prise depuis la terrasse de Meudon»
Louis Tauzin (1842-1915)
Huile sur toile, 1889.
MUSÉE DES BEAUX-ARTS
DE BORDEAUX. |
«Chasseur à pied du château de Meudon»
Jean-Joseph Bidauld (1758-1846).
1846, huile sur toile. |
«Vue de Saint-Cloud depuis Bellevue»
Ludovic Régnier (1851-1930).
Sans date, huile sur toile. |
«Le Bas-Meudon»
Léon Germain Pelouse (1838-1891).
Entre 1885 et 1891, huile sur toile. |
«Les hauteurs de Meudon»
Stanislas Lépine (1835-1892).
Vers 1887, huile sur toile. |
«La Seine au Bas-Meudon»
Prosper Galerne (1836-1922).
1878, huile sur toile. |
«Bords de Seine en aval de Paris»
Stanislas Lépine (1835-1892).
1878, huile sur bois. |
AUTRES TABLEAUX
DE PAYSAGE |
|
«Lavoirs en forêt près de Pont-Audemer»
Paul Huet (1803-1869).
1866, Huile sur panneau. |
«Le chemin des petits prés à By»
Alfred Sisley (1839-1899).
1880, Huile sur toile. |
«Paysage»
Paul-Désiré Trouillet (1829-1900).
XIXe siècle, huile sur toile. |
«Le Retour du troupeau, forêt de Barbizon»
Paul Huet (1803-1869).
Sans date, huile sur papier. |
«Paysage de Barbizon, plaine d'Apremont»
Narcisse Diaz de la Pena (1807-1876).
Vers 1865-1870, huile sur panneau. |
«Église de Saint-Pardoux de Mareuil-sur-Belle»
Antoine Guillemet (1841-1918).
1912, huile sur bois. |
«Le port de Camaret»
Eugène Boudin (1824-1898).
1872, huile sur toile. |
«Le port de Rochelle»
Albert Lebourg (1835-1892).
1900, huile sur toile. |
«Le Mont d'Or près de Lyon»
Gustave Joseph Noël (1823-1881).
Sans date, huile sur bois. |
«L'Île Séguin»
Paul Huet (1803-1869).
1862, huile sur toile. |
|
«Le Pont au change»
Franck Boggs (1855-1926).
Première moitié du XXe siècle, huile sur
carton. |
«Les mouettes», détail.
Félix Bracquemond (1833-1914).
1882, eau-forte et pointe sèche. |
«Le passage du gué»
Lazare Bruandet (1755-1804).
Vers 1780-1800, huile sur panneau. |
|
Documentation : Panneaux affichés
dans le musée
+ «Le château de Meudon au siècle de Louis
XIV», édité par le musée d'Art et
d'Histoire de Meudon, 2018
+ «Bellevue, le château de la marquise
de Pompadour à Meudon», édité par la ville
de Meudon, 2008. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|