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Le palais de l'Archevêché se visite partiellement
lors des journées du Patrimoine. La salle des États et la chapelle
d'Aubigné sont ouvertes au public.
La cité épiscopale de Rouen
est la seule en France qui forme avec sa cathédrale
un ensemble totalement cohérent. Depuis les invasions normandes,
le Palais se situe au nord-est de la cathédrale
et l'archevêque y réside. Chassé par la Révolution, il y revient
en 1802. À nouveau chassé en 1905, il réoccupe les lieux en 1920.
Initialement, le Palais se dressait entre le chur
et la rue Saint-Romain, puis il s'est étendu vers l'est.
L'état actuel du Palais résulte des transformations menées par les
archevêques Guillaume d'Estouteville (1460-1466), puis Georges Ier
d'Amboise (1493-1507). Le premier fit construire la grande salle
située au premier étage du bâtiment central, un bâtiment appelé
«Hôtel d'Estouteville». Vingt ans plus tard, le cardinal
d'Amboise l'orna de peintures, de tapisseries et de dorures. Elle
reçut alors le nom de «Salle des États» : c'était le
lieu habituel de réunion des États de Normandie. Le prélat fit agrandir
le Palais en l'étendant vers l'est. Un nouveau corps de logis prolongea
le précédent après l'adjonction de la tourelle dite «d'Amboise»
(voir plan).
Sous l'épiscopat de Mgr de Saulx-Tavannes (1756-1760), la Salle
subit de nouveaux changements. Au nord, les fenêtres gothiques (sur
la rue Saint-Romain) furent bouchées ; celles au sud, remises à
neuf et agrandies. Plus tard, Mgr de La Rochefoucauld fera suspendre
quatre grandes toiles du peintre Hubert Robert sur le mur aveugle.
Au XVIIIe siècle, la façade reçoit son aspect actuel
: les baies gothiques sont effacées au profit de baies de style
classique, additionnées de fenêtres en trompe-l'œil quand
le respect de la symétrie les rendait nécessaires. Mgr de Saulx-Tavannes
fit remplacer la galerie de liaison entre le Palais et le pavillon
Saint-Romain par un nouveau corps de bâtiment, plus massif. On y
rangea la riche collection de livres acquise auprès de l'évêque
d'Évreux
en 1738.
En 1716, l'archevêque Claude Maur d'Aubigné (1707-1719) fait démolir
la chapelle épiscopale du XIIIe siècle qui bouchait la vue depuis
la salle des États et depuis la chapelle
de la Vierge. Une nouvelle
chapelle, située à peu près au même endroit, mais cette fois
orientée nord-sud, vint la remplacer.
Cette page fait une large place aux vitraux
de la salle des États que les historiens du vitrail rattachent à
l'année 1502 et attribuent à l'atelier rouennais de Jehan Barbe.
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La salle des États lors des Journées du Patrimoine. |
Le portail d'entrée du Palais a été élevé en 1742. |
Plan du Palais de l'Archevêché.
Le portail, daté de 1742, est arrondi afin que les carrosses
puissent aisément tourner et pénétrer dans la Cour d'Honneur.
Le portail
d'entrée du Palais, situé au 25, rue des Bonnetiers,
a été édifié en 1742 par l'architecte Mathieu Lecarpentier
en remplacement de l'ancienne poterie gothique. Mgr de Saulx-Tavannes
en était le commanditaire. Disposition assez remarquable :
le portail est inséré au milieu de deux murs semi-circulaires.
Cela permettait aux carrosses de manœuvrer facilement car
la rue des Bonnetiers est étroite.
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Les jardins de l'Archevêché et les bâtiments élevés
aux XVe et XVIIIe siècles.
À l'arrière-plan, la chapelle d'Aubigné construite
en 1716. |
La façade du bâtiment central se dresse entre la tourelle
d'Estouteville, à gauche, et la tourelle d'Amboise
à droite.
Au premier étage se trouve la salle des États. |
Derrière les jardins de l'Archevêché se trouvent deux bâtiments
:
la bibliothèque de Mgr de Saulx-Tavannes et le pavillon Saint-Romain
(XVIIIe siècle). |
Ornementation de style classique de la façade.
Les fenêtres à droite et à gauche sont des trompe-l'œil. |
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Les vitraux des blasons des évêchés suffragants de la métropole
de Rouen vus depuis l'escalier d'Honneur. |
Blasons de Lisieux et de Bayeux.
Atelier Durand,
Début du XXe siècle. |
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Blason de l'évêché suffragant de Sées.
Atelier Durand,
Début du XXe siècle.
Les vitraux de l'escalier ont été
posés sous l'épiscopat de Mgr Fuzet avant son
départ obligé du Palais en 1906.
Ils donnent un éclat remarquable à l'escalier
qui monte vers la salle des États. Nichées dans
de luxueux médaillons, on y trouve les armoiries de
l'archevêché de Rouen
et des six évêchés suffragants jusqu'à
la Révolution : Évreux,
Lisieux, Bayeux,
Avranches, Coutances et Sées.
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La salle des États et les tableaux de Hubert Robert mis en
place vers 1773. |
Le mur où sont accrochés les tableaux
de Hubert Robert donne sur la rue Saint-Romain. Auparavant,
il était percé de grandes fenêtres. Celles-ci ont été bouchées
(par mesure d'économie) au XVIIIe siècle à
l'initiative de Mgr Saulx de Tavannes. Plus tard, Mgr de La
Rochefoucauld y a fait suspendre quatre grandes toiles de
Hubert Robert.
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«Le Château de Gaillon»
Tableau de Hubert Robert installé dans la salle des États
vers 1773 par Mgr de la Rochefoucauld.
Le château de Gaillon était la résidence d'été
des archevêques depuis le XIIIe siècle. |
Vase de Sèvres, détail
XIXe siècle.
Jeanne d'Arc écoutant ses voix |
«Le Port du Havre» ---»»»
Tableau de Hubert Robert
installé dans la salle des États vers 1773
par Mgr de la Rochefoucauld.
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Vase de Sèvres
XIXe siècle.
Le Couronnement de Charles VII. |
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Les
vitraux de l'archevêché (1/3).
Lors des Journées du Patrimoine, la salle des
États est ouverte au public. On peut y voir des
vitraux commandés par le cardinal Georges Ier
d'Amboise à l'atelier Jehan Barbe vers 1502.
Un complément a été créé
par l'atelier Jules Boulanger vers 1890. De larges extraits
en sont donnés ici.
En fait, quand on plonge dans les détails, on
s'aperçoit que, sur ces vitraux, rien n'est sûr.
«En l'absence de marchés précis,
l'on ne peut que s'en tenir à des hypothèses
sur leur date, leur auteur et leur provenance exactes»,
écrit le Corpus Vitrearum.
L'ouvrage rappelle néanmoins que la galerie qui
reliait la rue Saint-Romain à la rue des Bonnetiers,
construite pour le cardinal Georges d'Amboise, était
appelée la galerie «aux belles vitres»
(voir plan).
En effet, le peintre verrier Jehan Barbe, titulaire
de la cathédrale, y avait placé des verrières
en 1502. S'agit-il des uvres visibles dans la
salle des États et dans le grand salon du palais
? C'est très probable et c'est d'ailleurs la
solution retenue par les historiens du vitrail.
Le Corpus Vitrearum ajoute qu'au XIXe siècle
la galerie «aux belles vitres» tombait en
ruine. Les verrières ont donc été
déposées, puis entreposées dans
une chapelle et dans un «magasin» de la
cathédrale,
sans que tous ces déplacements soient bien précis.
Toujours est-il que c'est en 1948-1949 qu'elles ont
pris place dans la salle des États, dans le grand
salon et dans le Petit Oratoire.
---»» Suite 2/3
plus bas.
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Vase de Sèvres, XIXe siècle.
Jeanne d'Arc écoutant ses voix. |
Vitrail de la baie D : la Crucifixion
Atelier Jehan Barbe, 1502.
Les soldats à gauche ont été restaurés. |
Vitrail de la baie D : les soldats et Longin reconnaissent le
Fils de Dieu.
Atelier Jehan Barbe, 1502. |
Les
vitraux de l'archevêché (2/3).
---»» Les verrières illustrent le
thème de la Passion du Christ dans une
suite presque complète. Huit épisodes
(dans quatre baies) sont visibles dans la salle des
États. À l'origine, les scènes
étaient surmontées de dais d'architecture
qui alternaient avec des dais de branchages,révèle
le Corpus.
En 1958, dans le Vitrail Français, l'historien
Jean Lafond (1975) n'hésite pas à
voir en elles plus qu'une influence germanique. Il écrit
: «Dans les grisailles de la Passion, à
l'archevêché de Rouen,
le décor de branchages qui alterne avec les dais
s'accorde avec le style des figures et la draperie pour
dénoncer une main allemande.» Autrement
dit, un artiste d'Outre-Rhin serait venu à Rouen...
Le Corpus ne va pas aussi loin, mais dénote
clairement une influence nordique qui aurait imprégné
un verrier rouennais, en l'occurrence Jehan Barbe.
Gravures et dessins circulaient intensément à travers
l'Europe : le travail de Jehan Barbe rappelle les cycles
de la Passion de la région du Rhin supérieur, notamment
les ensembles gravés par Martin Schongauer autour de
1480 ou encore ceux de Israhel van Meckenem, précise
encore le Corpus Vitrearum. Le style archaïsant
du gothique tardif, propre à l'aire germanique, se retrouve
dans les panneaux de Jehan Barbe. ---»»
Suite 3/3
plus bas.
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Vitrail de la baie D : la Crucifixion, détail.
Atelier Jehan Barbe, 1502.
La Vierge, saint Jean et sainte Madeleine au pied de la croix.
Les soldats romains, à gauche, sont des restaurations
de Jules Boulanger vers 1890. |
Vitrail de la baie B : trois soldats romains
brisent les jambes du mauvais larron.
Atelier Jehan Barbe, 1502. |
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Les
vitraux de l'archevêché (3/3).
---»» Enfin, le Corpus ne veut pas
négliger une possible influence parisienne :
la Passion, attribuée au Maître des très
petites Heures d'Anne de Bretagne et réalisée
à la toute fin du XVe siècle, présente
une similitude dans l'organisation de l'espace et le
graphisme.
Sur la période de réalisation de ces grisailles,
les historiens ont des avis divergents : milieu du XVe
siècle pour certains, extrême fin du XVe
pour d''autres ou, tout simplement, l'époque
où les travaux entrepris à l'initiative
de Georges Ier d'Amboise ont été réalisés
dans l'archevêché. C'est cette dernière
hypothèse que retient le Corpus, c'est-à-dire
l'année 1502.
Le château de Chaumont-sur-Loire offre, dans ses
fenêtres, de multiples grisailles civiles du XVIe
siècle réalisées par des artistes
de la vallée du Rhin. Un exemple en est donné
plus bas.
Les panneaux à grisaille de la salle des États
sont regroupés par deux. Ils mesurent 86 cm de
haut sur 53 cm de large. Les scènes, rehaussées
de jaune d'argent, sont présentées dans
un encadrement d'architecture dont le sommet est une
triple arcature à clés pendantes. La moitié
de ces encadrements a été refaite vers
1890.
Les huit scènes illustrées dans les quatre
baies sont les suivantes :
Baie A : Mise au tombeau (atelier Jules Boulanger,
vers 1890) ; Descente du Christ aux Limbes ;
Baie B : Trois soldats romains brisent les jambes
du mauvais larron ; Résurrection des morts devant
Jérusalem (panneau de l'atelier Jules Boulanger,
vers 1890) ;
Baie C : Joseph d'Arimathie demande à
Pilate l'autorisation de descendre le corps de Jésus
; Descente de croix (l'un des panneaux les moins restaurés)
;
Baie D : la Crucifixion avec le soldat Longin
qui perce le flanc du Christ ; les soldats romains et
Longin reconnaissent le Fils de Dieu.
Source : Les vitraux
de Haute-Normandie,
Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001.
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«««--- Vitrail
de la baie D :
Les soldats et Longin reconnaissent le Fils de Dieu,
détail.
Le buste du soldat à gauche est une restauration
de Jules Boulanger vers 1890.
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Vitrail de la baie B : le mauvais larron, détail.
Un démon s'empare de l'âme de Gestas, le mauvais
larron.
La tête du démon est très restaurée (Corpus Vitrearum). |
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Vitrail de la baie B : le mauvais larron, détail.
Trois soldats romains brisent les jambes de Gestas, le mauvais larron.
Atelier Jehan Barbe, 1502. |
Vitrail de la baie C : Joseph d'Arimathie demande à Pilate le corps
de Jésus.
Atelier Jehan Barbe, 1502.
Panneau très restauré par Jules Boulanger vers 1890. |
Vitrail de la baie C : Joseph d'Arimathie demande à Pilate le corps
de Jésus, détail.
Tous les personnages, sauf Joseph d'Arimathie, ont été
refaits vers 1890. |
La salle des États : le mur oriental et la statue de Pierre Corneille. |
Jeanne d'Arc
Sculpture de Marquet de Vasselot (1840-1904). |
Statue non reconnue. |
Pierre Corneille
Sculpture de Marquet de Vasselot (1840-1904). |
CHÂTEAU DE CHAUMONT-SUR-LOIRE
Détail d'une grisaille du XVIe siècle réalisée par un artiste de la vallée du Rhin. |
Vitrail de la baie C : la Descente de croix
Atelier Jehan Barbe, 1502.
Panneau peu restauré. |
Vitrail de la baie A : la Mise au tombeau.
Atelier Jules Boulanger, vers 1890.
Le peintre verrier a copié la tête de Jésus de
la Descente de croix (panneau à gauche). |
Vitrail de la baie C : la Descente de croix, détail.
Atelier Jehan Barbe, 1502. |
Vitrail de la baie C : la Descente de croix, détail.
Atelier Jehan Barbe, 1502.
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Vitrail de la baie A : la Descente du Christ au Limbes.
Atelier rouennais de Jehan Barbe, 1502.
Vitrail très restauré, notamment les diables sur le
côté droit.
Vitrail de la baie B ---»»»
La Résurrection des morts devant Jérusalem, détail.
Atelier Jules Boulanger, vers 1890. |
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Vitrail de la baie A : la Descente du Christ au Limbes, détail. |
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LA CHAPELLE D'AUBIGNÉ,
XVIIIe SIÈCLE |
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La chapelle d'Aubigné.
Lors du second conflit mondial, tous les vitraux ont été
soufflés par les bombardements.
En conséquence, les vitraux en verre blanc et leurs bordures
sont modernes (atelier Pierre Gaudin, fin des années 1950). |
L'entrée de la chapelle d'Aubigné,
XVIIIe siècle. |
Le retable de la chapelle. Au premier plan, l'autel de messe. |
Bordure d'un vitrail moderne de la
chapelle (atelier Pierre Gaudin, années 1950). |
Armoiries, pilastres surmontés de chapiteaux ioniques,
trophées religieux en stuc dans la chapelle d'Aubigné. |
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Documentation : «Rouen, primatiale de
Normandie», La Grâce d'une cathédrale, La Nuée Bleue, 2012
+ « Les vitraux de Haute-Normandie», Corpus Vitrearum,
CNRS Éditions, 2001
+ «Haute-Normandie gothique» d'Yves Bottineau-Fuchs, éditions
Picard, 2001
+ «Le vitrail à Rouen 1450-1530» de Caroline Blondeau,
Corpus Vitrearum, Presses Universitaires de Rennes, 2014. |
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