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Page créée en avril 2024
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Descente de Jésus aux Limbes, détail

Le palais de l'Archevêché se visite partiellement lors des journées du Patrimoine. La salle des États et la chapelle d'Aubigné sont ouvertes au public.
La cité épiscopale de Rouen est la seule en France qui forme avec sa cathédrale un ensemble totalement cohérent. Depuis les invasions normandes, le Palais se situe au nord-est de la cathédrale et l'archevêque y réside. Chassé par la Révolution, il y revient en 1802. À nouveau chassé en 1905, il réoccupe les lieux en 1920.
Initialement, le Palais se dressait entre le chœur et la rue Saint-Romain, puis il s'est étendu vers l'est.
L'état actuel du Palais résulte des transformations menées par les archevêques Guillaume d'Estouteville (1460-1466), puis Georges Ier d'Amboise (1493-1507). Le premier fit construire la grande salle située au premier étage du bâtiment central, un bâtiment appelé «Hôtel d'Estouteville». Vingt ans plus tard, le cardinal d'Amboise l'orna de peintures, de tapisseries et de dorures. Elle reçut alors le nom de «Salle des États» : c'était le lieu habituel de réunion des États de Normandie. Le prélat fit agrandir le Palais en l'étendant vers l'est. Un nouveau corps de logis prolongea le précédent après l'adjonction de la tourelle dite «d'Amboise» (voir plan).
Sous l'épiscopat de Mgr de Saulx-Tavannes (1756-1760), la Salle subit de nouveaux changements. Au nord, les fenêtres gothiques (sur la rue Saint-Romain) furent bouchées ; celles au sud, remises à neuf et agrandies. Plus tard, Mgr de La Rochefoucauld fera suspendre quatre grandes toiles du peintre Hubert Robert sur le mur aveugle.
Au XVIIIe siècle, la façade reçoit son aspect actuel : les baies gothiques sont effacées au profit de baies de style classique, additionnées de fenêtres en trompe-l'œil quand le respect de la symétrie les rendait nécessaires. Mgr de Saulx-Tavannes fit remplacer la galerie de liaison entre le Palais et le pavillon Saint-Romain par un nouveau corps de bâtiment, plus massif. On y rangea la riche collection de livres acquise auprès de l'évêque d'Évreux en 1738.
En 1716, l'archevêque Claude Maur d'Aubigné (1707-1719) fait démolir la chapelle épiscopale du XIIIe siècle qui bouchait la vue depuis la salle des États et depuis la chapelle de la Vierge. Une nouvelle chapelle, située à peu près au même endroit, mais cette fois orientée nord-sud, vint la remplacer.
Cette page fait une large place aux vitraux de la salle des États que les historiens du vitrail rattachent à l'année 1502 et attribuent à l'atelier rouennais de Jehan Barbe.

Blason de la ville de Rouen, début du XXe siècle

La salle des États lors des Journées du Patrimoine.

Le portail d'entrée du Palais a été élevé en 1742.

Plan du Palais de l'Archevêché.
Le portail, daté de 1742, est arrondi afin que les carrosses puissent aisément tourner et pénétrer dans la Cour d'Honneur.

Le portail d'entrée du Palais, situé au 25, rue des Bonnetiers, a été édifié en 1742 par l'architecte Mathieu Lecarpentier en remplacement de l'ancienne poterie gothique. Mgr de Saulx-Tavannes en était le commanditaire. Disposition assez remarquable : le portail est inséré au milieu de deux murs semi-circulaires. Cela permettait aux carrosses de manœuvrer facilement car la rue des Bonnetiers est étroite.


Les jardins de l'Archevêché et les bâtiments élevés aux XVe et XVIIIe siècles.
À l'arrière-plan, la chapelle d'Aubigné construite en 1716.

La façade du bâtiment central se dresse entre la tourelle d'Estouteville, à gauche, et la tourelle d'Amboise à droite.
Au premier étage se trouve la salle des États.

Derrière les jardins de l'Archevêché se trouvent deux bâtiments :
la bibliothèque de Mgr de Saulx-Tavannes et le pavillon Saint-Romain (XVIIIe siècle).

Ornementation de style classique de la façade.
Les fenêtres à droite et à gauche sont des trompe-l'œil.
LA SALLE DES ÉTATS

Les vitraux des blasons des évêchés suffragants de la métropole de Rouen vus depuis l'escalier d'Honneur.

Blasons de Lisieux et de Bayeux.
Atelier Durand,
Début du XXe siècle.

Blason de l'évêché suffragant de Sées.
Atelier Durand,
Début du XXe siècle.

Les vitraux de l'escalier ont été posés sous l'épiscopat de Mgr Fuzet avant son départ obligé du Palais en 1906.
Ils donnent un éclat remarquable à l'escalier qui monte vers la salle des États. Nichées dans de luxueux médaillons, on y trouve les armoiries de l'archevêché de Rouen et des six évêchés suffragants jusqu'à la Révolution : Évreux, Lisieux, Bayeux, Avranches, Coutances et Sées.


La salle des États et les tableaux de Hubert Robert mis en place vers 1773.

Le mur où sont accrochés les tableaux de Hubert Robert donne sur la rue Saint-Romain. Auparavant, il était percé de grandes fenêtres. Celles-ci ont été bouchées (par mesure d'économie) au XVIIIe siècle à l'initiative de Mgr Saulx de Tavannes. Plus tard, Mgr de La Rochefoucauld y a fait suspendre quatre grandes toiles de Hubert Robert.


«Le Château de Gaillon»
Tableau de Hubert Robert installé dans la salle des États vers 1773 par Mgr de la Rochefoucauld.
Le château de Gaillon était la résidence d'été des archevêques depuis le XIIIe siècle.

Vase de Sèvres, détail
XIXe siècle.
Jeanne d'Arc écoutant ses voix

«Le Port du Havre» ---»»»

Tableau de Hubert Robert
installé dans la salle des États vers 1773
par Mgr de la Rochefoucauld.



Vase de Sèvres
XIXe siècle.
Le Couronnement de Charles VII.

Les vitraux de l'archevêché (1/3).
Lors des Journées du Patrimoine, la salle des États est ouverte au public. On peut y voir des vitraux commandés par le cardinal Georges Ier d'Amboise à l'atelier Jehan Barbe vers 1502. Un complément a été créé par l'atelier Jules Boulanger vers 1890. De larges extraits en sont donnés ici.
En fait, quand on plonge dans les détails, on s'aperçoit que, sur ces vitraux, rien n'est sûr. «En l'absence de marchés précis, l'on ne peut que s'en tenir à des hypothèses sur leur date, leur auteur et leur provenance exactes», écrit le Corpus Vitrearum.
L'ouvrage rappelle néanmoins que la galerie qui reliait la rue Saint-Romain à la rue des Bonnetiers, construite pour le cardinal Georges d'Amboise, était appelée la galerie «aux belles vitres» (voir plan). En effet, le peintre verrier Jehan Barbe, titulaire de la cathédrale, y avait placé des verrières en 1502. S'agit-il des œuvres visibles dans la salle des États et dans le grand salon du palais ? C'est très probable et c'est d'ailleurs la solution retenue par les historiens du vitrail.
Le Corpus Vitrearum ajoute qu'au XIXe siècle la galerie «aux belles vitres» tombait en ruine. Les verrières ont donc été déposées, puis entreposées dans une chapelle et dans un «magasin» de la cathédrale, sans que tous ces déplacements soient bien précis. Toujours est-il que c'est en 1948-1949 qu'elles ont pris place dans la salle des États, dans le grand salon et dans le Petit Oratoire.
---»» Suite 2/3 plus bas.


Vase de Sèvres, XIXe siècle.
Jeanne d'Arc écoutant ses voix.

Vitrail de la baie D : la Crucifixion
Atelier Jehan Barbe, 1502.
Les soldats à gauche ont été restaurés.

Vitrail de la baie D : les soldats et Longin reconnaissent le Fils de Dieu.
Atelier Jehan Barbe, 1502.

Les vitraux de l'archevêché (2/3).
---»» Les verrières illustrent le thème de la Passion du Christ dans une suite presque complète. Huit épisodes (dans quatre baies) sont visibles dans la salle des États. À l'origine, les scènes étaient surmontées de dais d'architecture qui alternaient avec des dais de branchages,révèle le Corpus.
En 1958, dans le Vitrail Français, l'historien Jean Lafond (†1975) n'hésite pas à voir en elles plus qu'une influence germanique. Il écrit : «Dans les grisailles de la Passion, à l'archevêché de Rouen, le décor de branchages qui alterne avec les dais s'accorde avec le style des figures et la draperie pour dénoncer une main allemande.» Autrement dit, un artiste d'Outre-Rhin serait venu à Rouen... Le Corpus ne va pas aussi loin, mais dénote clairement une influence nordique qui aurait imprégné un verrier rouennais, en l'occurrence Jehan Barbe.
Gravures et dessins circulaient intensément à travers l'Europe : le travail de Jehan Barbe rappelle les cycles de la Passion de la région du Rhin supérieur, notamment les ensembles gravés par Martin Schongauer autour de 1480 ou encore ceux de Israhel van Meckenem, précise encore le Corpus Vitrearum. Le style archaïsant du gothique tardif, propre à l'aire germanique, se retrouve dans les panneaux de Jehan Barbe. ---»» Suite 3/3 plus bas.


Vitrail de la baie D : la Crucifixion, détail.
Atelier Jehan Barbe, 1502.
La Vierge, saint Jean et sainte Madeleine au pied de la croix.
Les soldats romains, à gauche, sont des restaurations de Jules Boulanger vers 1890.

Vitrail de la baie B : trois soldats romains
brisent les jambes du mauvais larron.
Atelier Jehan Barbe, 1502.

Les vitraux de l'archevêché (3/3).
---»» Enfin, le Corpus ne veut pas négliger une possible influence parisienne : la Passion, attribuée au Maître des très petites Heures d'Anne de Bretagne et réalisée à la toute fin du XVe siècle, présente une similitude dans l'organisation de l'espace et le graphisme.
Sur la période de réalisation de ces grisailles, les historiens ont des avis divergents : milieu du XVe siècle pour certains, extrême fin du XVe pour d''autres ou, tout simplement, l'époque où les travaux entrepris à l'initiative de Georges Ier d'Amboise ont été réalisés dans l'archevêché. C'est cette dernière hypothèse que retient le Corpus, c'est-à-dire l'année 1502.
Le château de Chaumont-sur-Loire offre, dans ses fenêtres, de multiples grisailles civiles du XVIe siècle réalisées par des artistes de la vallée du Rhin. Un exemple en est donné plus bas.
Les panneaux à grisaille de la salle des États sont regroupés par deux. Ils mesurent 86 cm de haut sur 53 cm de large. Les scènes, rehaussées de jaune d'argent, sont présentées dans un encadrement d'architecture dont le sommet est une triple arcature à clés pendantes. La moitié de ces encadrements a été refaite vers 1890.
Les huit scènes illustrées dans les quatre baies sont les suivantes :
Baie A : Mise au tombeau (atelier Jules Boulanger, vers 1890) ; Descente du Christ aux Limbes ;
Baie B : Trois soldats romains brisent les jambes du mauvais larron ; Résurrection des morts devant Jérusalem (panneau de l'atelier Jules Boulanger, vers 1890) ;
Baie C : Joseph d'Arimathie demande à Pilate l'autorisation de descendre le corps de Jésus ; Descente de croix (l'un des panneaux les moins restaurés) ;
Baie D : la Crucifixion avec le soldat Longin qui perce le flanc du Christ ; les soldats romains et Longin reconnaissent le Fils de Dieu.
Source : Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001.

«««--- Vitrail de la baie D :
Les soldats et Longin reconnaissent le Fils de Dieu, détail.

Le buste du soldat à gauche est une restauration
de Jules Boulanger vers 1890.


Vitrail de la baie B : le mauvais larron, détail.
Un démon s'empare de l'âme de Gestas, le mauvais larron.
La tête du démon est très restaurée (Corpus Vitrearum).

Vitrail de la baie B : le mauvais larron, détail.
Trois soldats romains brisent les jambes de Gestas, le mauvais larron.
Atelier Jehan Barbe, 1502.

Vitrail de la baie C : Joseph d'Arimathie demande à Pilate le corps de Jésus.
Atelier Jehan Barbe, 1502.
Panneau très restauré par Jules Boulanger vers 1890.

Vitrail de la baie C : Joseph d'Arimathie demande à Pilate le corps de Jésus, détail.
Tous les personnages, sauf Joseph d'Arimathie, ont été refaits vers 1890.

La salle des États : le mur oriental et la statue de Pierre Corneille.

Jeanne d'Arc
Sculpture de Marquet de Vasselot (1840-1904).

Statue non reconnue.

Pierre Corneille
Sculpture de Marquet de Vasselot (1840-1904).

CHÂTEAU DE CHAUMONT-SUR-LOIRE
Détail d'une grisaille du XVIe siècle réalisée par un artiste de la vallée du Rhin.

Vitrail de la baie C : la Descente de croix
Atelier Jehan Barbe, 1502.
Panneau peu restauré.

Vitrail de la baie A : la Mise au tombeau.
Atelier Jules Boulanger, vers 1890.
Le peintre verrier a copié la tête de Jésus de la Descente de croix (panneau à gauche).

Vitrail de la baie C : la Descente de croix, détail.
Atelier Jehan Barbe, 1502.

Vitrail de la baie C : la Descente de croix, détail.
Atelier Jehan Barbe, 1502.

Vitrail de la baie A : la Descente du Christ au Limbes.
Atelier rouennais de Jehan Barbe, 1502.
Vitrail très restauré, notamment les diables sur le côté droit.

Vitrail de la baie B ---»»»
La Résurrection des morts devant Jérusalem, détail.
Atelier Jules Boulanger, vers 1890.

Vitrail de la baie A : la Descente du Christ au Limbes, détail.
LA CHAPELLE D'AUBIGNÉ, XVIIIe SIÈCLE

La chapelle d'Aubigné.
Lors du second conflit mondial, tous les vitraux ont été soufflés par les bombardements.
En conséquence, les vitraux en verre blanc et leurs bordures sont modernes (atelier Pierre Gaudin, fin des années 1950).

L'entrée de la chapelle d'Aubigné,
XVIIIe siècle.

Le retable de la chapelle. Au premier plan, l'autel de messe.

Bordure d'un vitrail moderne de la
chapelle (atelier Pierre Gaudin, années 1950).

Armoiries, pilastres surmontés de chapiteaux ioniques, trophées religieux en stuc dans la chapelle d'Aubigné.

L'Annonciation.
Tableau (copie?) du retable du chœur.

Armoiries de l'archevêque Claude-Maur d'Aubigné (1707-1719)
au-dessus de la porte.
C'est Mgr d'Aubigné qui a fait construire la chapelle.

«««--- Bas-reliefs dans le soubassement de l'autel de messe :

Descente de croix et Résurrection
XVIIe siècle.


Documentation : «Rouen, primatiale de Normandie», La Grâce d'une cathédrale, La Nuée Bleue, 2012
+ « Les vitraux de Haute-Normandie», Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001
+ «Haute-Normandie gothique» d'Yves Bottineau-Fuchs, éditions Picard, 2001
+ «Le vitrail à Rouen 1450-1530» de Caroline Blondeau, Corpus Vitrearum, Presses Universitaires de Rennes, 2014.
 
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