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L'église Sainte-Madeleine de Rouen
est historiquement rattachée à un hôtel Dieu.
Vers le milieu du XVIe siècle, la municipalité décide
d'implanter vers l'ouest de la ville un nouvel hôpital pour
les pestiférés. À cet endroit, il y a déjà
un petit Hôtel Dieu et une chapelle. Les travaux ne commencent
qu'un siècle plus tard... pour s'achever en 1757. En 1753,
on décide de remplacer la chapelle, devenue trop petite,
par une église. Parvy, l'un des deux architectes de l'hôpital,
est mis à contribution. À sa mort (1760), les travaux
sont interrompus. Ils reprendront en 1767 sous l'autorité
de Jean-Baptiste Le Brument avec un nouveau plan. L'édifice
est achevé en 1781 et béni la même année.
Jusqu'à la Révolution, l'église servira aux
malades de l'Hôtel Dieu, géré par les religieuses
chanoinesses de Saint-Augustin.
En 1790, lors de la refonte des paroisses des villes françaises,
Sainte-Madeleine devient à son tour paroisse. Sous la Terreur,
l'église est fermée. Elle est rendue au culte en 1795.
Avec le Concordat, elle devient paroisse principale.
Sainte-Madeleine ne fait pas partie des églises de Rouen
que visitent les touristes, plus attirés par la cathédrale,
Saint-Ouen
ou Saint-Maclou.
Et pourtant, c'est un magnifique bâtiment de style néo-classique
qui rassemble toutes les spécificités de cette école,
dont une série de piles cannelées à chapiteaux
corinthiens et une très belle coupole à caissons.
Au niveau de l'ornementation, on y trouve quelques toiles intéressantes
et un superbe Chemin
de croix de Louis Roux (1873). Conformément à
l'époque de construction, les vitraux sont en verre cathédrale
(sauf celui de la tribune centrale).
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Vue d'ensemble de la nef de l'église Sainte-Madeleine à
Rouen.
La nef et le chur se répartissent équitablement
l'espace.
Les religieuses et les malades prenaient place sur le balcon au-dessus
du chur pour assister aux offices. |
La façade typiquement néo-classique de l'église
Sainte-Madeleine. |
L'église s'inscrit dans un rectangle avec des transepts
non saillants. |
Le bas-côté gauche et les Fonts baptismaux
dans une magnifique architecture néo-classique. |
Chemin de croix, 2e station
«Jésus est chargé de sa croix» de Louis Roux (vers
1873). |
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Bas-relief au-dessus du portail (1777).
Allégorie de la Charité par Marin-Nicolas Jadoulle
(1736-1805). |
Le balcon du chur et le seul vitrail de l'église. |
Le
vitrail ci-dessus représente le Père
Céleste entouré par deux anges, dont l'un
brandit le calice symbolisant la Foi. C'est le seul
vitrail de l'église. Le XVIIIe siècle,
qui a vu la construction de Sainte-Madeleine, n'aime
pas les vitraux. L'époque est aux Lumières,
au propre comme au figuré. Et les chanoines veulent
des nefs et des churs éclairés.
Le savoir-faire des maîtres verriers du Moyen
Âge et de la Renaissance s'est lentement perdu
en un peu plus d'un siècle. Il faudra attendre
la Restauration et, mieux encore, la Monarchie de Juillet
et son roi passionné de vitraux, pour retrouver,
à force de recherches, la connaissance des grands
anciens. Le vitrail ci-dessus est donc très vraisemblablement
du XIXe siècle.
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Le bas-côté droit et les peintures du Chemin de croix de Louis
Roux (vers 1873). |
L'hôtel
Dieu à Rouen. L'histoire a gardé
la trace d'un premier hôpital à Rouen,
près de la cathédrale. En 1569, la municipalité
décide de remplacer cet Hôtel Dieu «dit
de la Madeleine» par un nouveau à l'ouest
de la ville. L'endroit est une plaine isolée
de la cité où les pestiférés
et tous les malades pourront vivre à l'écart
de la population saine. Il faut attendre le milieu du
XVIIe siècle pour que, pressés par les
épidémies, les travaux commencent. L'architecte
en charge de cet ambitieux projet est Abraham Hardouin.
Ambitieux car on va en fait construire deux hôpitaux
dédiés à saint Louis (pour les
malades) et à saint Roch (pour les convalescents).
N'oublions pas qu'au XVIIe siècle Rouen est la
deuxième ville de France.
Entre 1654 et 1683, Saint-Roch voit édifier son
corps central et ses ailes nord et sud. Saint-Louis,
qui ne possède à cette époque que
le corps central et une partie de l'aile sud, ne sera
achevé qu'en 1757. Les premiers malades seront
transférés en 1758.
Pour l'anecdote (et ce que les dépliants de l'Office
de Tourisme se plaisent à rappeler), le romancier
Gustave Flaubert voit le jour dans l'hôpital en
1821.
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Statue de la Vierge en plâtre patiné. |
Son père a été
nommé chirurgien en chef de l'Hôtel Dieu
en 1818 et il y dispose d'un logement de fonction. En
1990, après restauration et réaménagement,
la Préfecture de Région prendra possession
des lieux.
Sources : «Histoire
de Rouen» d'Henry Decaëns + dépliant
de l'Office de tourisme.
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Statue du Sacré Cur en marbre
dans le côté droit. |
La nef et les colonnes cannelées, rondes et carrées
du bas-côté droit. |
Les Fonts baptismaux dans le bas-côté gauche. |
«Notre-Dame du Perpétuel Secours»
Peinture anonyme, XVIIIe siècle (?) |
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Un des nombreux chapiteaux corinthiens
de l'église Sainte-Madeleine. |
Architecture.
L'église Sainte-Madeleine n'est pas le plus connu
des édifices néo-classiques de France,
mais on y trouve cependant tout ce qui définit
ce style d'architecture : la simplicité des volumes,
des proportions harmonieuses, la présence de
colonnes simplement cannelées dominées
par des chapiteaux corinthiens, une façade assez
sobre inspirée de l'antique avec piliers cannelés
et fronton, une ornementation architecturale jamais
oppressante à l'opposé du baroque auquel
ce style a succédé.
Pour voir l'antithèse de ce style d'architecture,
c'est-à-dire le baroque avec son foisonnement
de feuillages, de palmettes et de dorures, on pourra
voir la chapelle Notre-Dame
du Refuge à Besançon.
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Chemin de croix, 5e station
«Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix»
de Louis Roux (vers 1873). |
L'église Sainte-Madeleine
possède un très beau Chemin
de croix. Vers 1873, le peintre Louis
Roux a créé les quatorze panneaux
des stations (dans les bas-côtés) et les
deux panneaux de la Cène et du sacrifice de Melchisédech
de part et d'autre du chur. On remarque que, pour
le Chemin de croix, le peintre a choisi des scènes
dépouillées : seuls les acteurs indispensables
sont présents. Les thèmes «Jésus
est cloué sur la croix» (ci-dessous) et
«Jésus est descendu de la croix»
(plus
bas) paraissent même assez pauvres : nul décor,
nul personnage inutile ne vient détourner l'attention
de l'observateur de la tragédie qui se joue et
de son sens par-delà les siècles. Louis
Roux a choisi d'accentuer encore l'aspect dramatique
des scènes en optant pour des tons fades, presque
délavés, qui évacuent les contrastes.
Les teintes en restent néanmoins très
belles et harmonieuses. Le panneau ci-dessous, «Jésus
meurt sur la croix» affiche une gamme de gris
dans les deux tiers supérieurs et réserve
les couleurs au tiers inférieur. Au centre, le
corps de Jésus couleur chair se détache
sur l'ensemble. L'effet obtenu est somptueux.
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Chemin de croix, 12e station
«Jésus meurt sur la croix» de Louis Roux (vers 1873). |
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Chemin de croix, 11e station
«Jésus est cloué sur la croix» de Louis Roux (vers
1873). |
Le transept droit
Au-dessus du fronton de la porte, le bas-relief
de l'Espérance du rouennais Nicolas Jadoulle (1736-1805). |
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Décor typiquement néo-classique au deuxième
niveau de l'élévation :
un entablement très sobre simplement rehaussé
par une corniche en saillie. |
Chemin de croix, 13e station
«Jésus est descendu de la croix et remis à sa mère»
de Louis Roux (vers 1873). |
Bas-relief de Nicolas Jadoulle : «L'Espérance»
(Abraham reçoit trois visiteurs venus lui annoncer qu'il aurait
un fils.) |
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Bas-relief sculpté par Nicolas Jadoulle dans le transept gauche
: «La Foi»
(La Cananéenne implore le Christ pour la guérison de son fils.) |
«Le Christ et le paralytique»
Vincent Roux, quatrième quart XVIIIe siècle. |
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La coupole à caissons au-dessus de la croisée. |
L'autel absidial gauche de Saint-Joseph. |
Sculptures florales
sur un arc doubleau de la voûte. |
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La voûte d'un bas-côté
On a ici l'illustration d'un composant de l'architecture néo-classique
:
prééminence des horizontales et rejet des formes courbes.
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Le bas-côté droit et l'autel absidial de la Vierge. |
Statue de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus
Époque moderne. |
«Le Christ guérissant l'aveugle»
par Vincent Roux, quatrième quart du XVIIIe siècle. |
Statue de saint Joseph (XIXe siècle ?)
Autel absidial gauche. |
Statue de la Vierge (XIXe siècle ?)
Autel absidial droit. |
Décoration néo-classique sur la voûte. |
«Sainte Madeleine aux pieds du Christ»
ou «Noli me tangere»
Anonyme, XVIIe siècle [base Palissy].
À DROITE ---»»»
Le soubassement de l'autel de la Vierge (abside droite). |
«Le Christ guérissant l'aveugle» par Vincent Roux, détail
Quatrième quart du XVIIIe siècle. |
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LE CHUR DE L'ÉGLISE
SAINTE-MADELEINE
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Vue d'ensemble du chur de Sainte-Madeleine et de son architecture
néo-classique. |
Le chur et ses élévations. |
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Peinture murale dans le chur : «La Cène»
de Louis Roux, vers 1873. |
Le chur et les stalles du XVIIIe siècle. |
Lutrin. |
«««---
À GAUCHE
Peinture murale : «Le sacrifice de Melchisédech», Louis
Roux, vers 1873. |
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Le maître-autel de style Louis XVI.
Il est en cuivre doré. Le soubassement est enrichi de panneaux
peints
représentant Jésus et les quatre évangélistes ---»»» |
Vase en faïence de Rouen
dans le chur. |
À DROITE
---»»»
L'orgue de chur |
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Jésus entre Mathieu et Marc dans le soubassement du maître-autel. |
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La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chur. |
L'orgue de tribune et les statues de sainte Cécile et de David. |
Documentation : Panneaux dans la nef + «Histoire
de Rouen» d'Henry Decaëns + dépliant de l'Office
du Tourisme. |
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