Accueil
Histoire navale
Céramique
Bibliographie
Les Grands Thèmes
  PATRIMOINE
Châteaux, palais,
  Eglises, monuments
Est Ouest Sud-Ouest Nord IdF Sud-Est Centre-OuestCentre-Est
RÉGIONS


 Contact
Page créée en fév. 2020
La Vierge de saint Luc sur le fronton de la façade de Saint-Marie-Majeure

L'Ordre des chanoines réguliers de Prémontré a été fondé, dans l'Aisne, au début du XIIe siècle par saint Norbert. Une dizaine d'années plus tard, l'abbaye prémontrée de Sainte-Marie-aux-Bois est créée à 10 km de Pont-à-Mousson, sur la commune actuelle de Vilcey-sur-Trey. Avec d'autres, l'Ordre tombera en décadence au XVIe siècle. Un premier abbé, Daniel Picard, tentera de remettre de la foi et de la rigueur dans sa communauté. Il le paiera de sa vie : il meurt en 1600 des suites d'un empoisonnement. Un second abbé, Servais de Lairuelz, s'attelle à la tâche. Fortement inspiré par le Concile de Trente (1545-1563) et par les Jésuites de Pont-à-Mousson, il entreprend la refonte complète de son ordre. Les principes de base de la vie monacale sont réintroduits : jeûne, abstinence, mise en commun des biens, etc. En 1608, il transfère sa communauté dans la cité mussipontaine et décide de faire bâtir, selon ses propres plans, une abbaye qui sera dédiée à Sainte-Marie-Majeure. L'Ordre devient l'Ordre des Prémontrés de l'Antique Rigueur.
Une quarantaine d'établissements mineurs seront rattachés à l'abbaye mère mussipontaine dont le rayonnement s'étend dans toute la Lorraine. Novices et scolastiques affluent. Il faut penser à reconstruire une abbaye plus large, plus somptueuse à la place de l'ancienne (dont on ne possède que peu de traces architecturales).
La guerre de la Ligue d'Augsburg s'est achevée en 1697 par le traité de Ryswick. La Lorraine est redevenue indépendante et son duc, Léopold Ier, entend redonner vie à sa province dévastée par la soldatesque. La construction de la nouvelle abbaye, dont la première pierre est posée en 1705, s'inscrit dans cet environnement très favorable. Le frère Thomas Mordillac (dont on ne sait pas grand-chose) est vraisemblablement l'auteur des plans. À sa mort, il est remplacé par le frère Nicolas Pierson (1692-1765) qui termine les travaux en 1735. Sur le plan architectural, la Lorraine est alors marquée par un renouveau de la période classique. Et ce sera évidemment le style retenu.
Le financement des travaux n'a pas été simple. Dans les premières années, ce sont les religieux qui ont apporté les fonds : trente-trois fermes avec vignes et moulins assuraient la rente. Mais la rigueur extrême de l'hiver 1709, en réduisant drastiquement les récoltes, remit tout en question. Il fallut recourir à l'emprunt.
En 1771, un incendie endommagea fortement l'Abbaye, qui fut restaurée. À la Révolution, les inventaires mirent en exergue la richesse des religieux. En 1792, ceux-ci furent expulsés et les bâtiments mis en vente. Ils resteront à l'abandon. En 1817, un Petit Séminaire s'y installa. Bien sûr, le mobilier avait disparu, les terrains étaient divisés, quelques parties construites avaient été vendues. En 1905, c'est la Loi de Séparation entre l'Église et l'État. Les religieux du Petit Séminaire sont expulsés et la ville de Pont-à-Mousson acquiert la propriété qui devient un hôpital civil et militaire. La première guerre mondiale va gravement endommager les bâtiments ; la seconde va les laisser en ruine.
La restauration de l'abbaye prendra vingt ans. L'inauguration en tant que centre culturel aura lieu en octobre 1976. Aujourd'hui l'abbaye des Prémontrés accueille, tout au long de l'année, des manifestations culturelles, des expositions, des colloques scientifiques nationaux et internationaux.

Détail des armoiries de l'abbaye au-dessus de la porte du réfectoire des chanoines
La nef de l'église abbatiale Sainte-Marie
La nef de l'église abbatiale Sainte-Marie.
L'église Sainte-Marie-Majeure et la Moselle
L'église Sainte-Marie-Majeure et la Moselle.
En disposant l'abside vers l'ouest (et donc vers la rivière), les chanoines ont pu créer
un espace de verdure propre à l'abbaye et loin de la rue : les Jardins de la Moselle.
Les bâtiments conventuels et les Jardins de la Moselle
Les bâtiments conventuels et les Jardins de la Moselle.
La façade de l'église et les bâtiments conventuels
La façade de l'église et les bâtiments conventuels.
Les ailes nord et sud de la façade sont concaves, ce qui est très peu visible (voir le plan).
La façade de l'église Sainte–Marie (début du XVIIIe siècle)
La façade de l'église Sainte-Marie (début du XVIIIe siècle).
Elle comprend trois ordres architecturaux : ionique, corinthien et composite.
L'abside de l'église Saint–Marie–Majeure est tournée vers l'ouest
L'abside de l'église Saint-Marie-Majeure est tournée vers l'ouest.
Le fronton de la façade de l'église Sainte–Marie–Majeure
Le fronton du deuxième étage de la façade de l'église Sainte-Marie-Majeure (début du XVIIIe siècle).
Détail du fronton avec la Vierge de saint Luc
Détail du fronton avec la Vierge de saint Luc (début du XVIIIe siècle).

Extérieur. L'abbaye comprend tout ce qu'on a l'habitude de trouver dans un établissement de ce genre : une église, un logis abbatial, une sacristie, un réfectoire des chanoines, un chauffoir, une bibliothèque, des escaliers typés, un cloître ceint de vastes galeries, etc. Mais l'abbaye des Prémontrés, au XVIIIe siècle, a innové en matière d'ordonnancement. Par exemple, le cloître privilégie le côté pratique : les galeries qui l'entourent offrent un accès immédiat aux salles et à l'église. Et, bien sûr, la restauration des années 1960-70 a respecté toutes ces dispositions.
L'élément architectural le plus important, vu de l'extérieur, est évidemment l'église abbatiale Sainte-Marie-Majeure. Sa très belle façade, conçue sur le modèle des églises jésuites de Paris (Saint-Paul-Saint-Louis et Saint-Gervais) possède trois ordres superposés : ionique, corinthien et composite. Un de ses éléments remarquables est la forme concave de ses ailes (voir plan plus bas). Le fronton triangulaire du premier étage (voir la façade plus haut) était enrichi des armes de l'abbaye. Il a été bûché à la Révolution. Celui du deuxième étage est donné en entier ci-dessus. La partie centrale est donnée en gros plan ci-contre. Elle représente la Vierge de saint Luc entourée de deux anges. L'Enfant tient un livre sous la main gauche. Ici, la Vierge est accompagnée d'une inscription : Memor esto congregationis (Rappelle-toi ton peuple), tirée du catéchisme de l'abbé Servais de Lairuelz, initiateur de la réforme complète de l'abbaye au XVIIe siècle.
Contrairement à l'habitude, la façade est à l'est et le chœur, à l'ouest. Le livret sur l'abbaye en donne l'explication : il fallait que l'église marquât de son empreinte un quartier populaire aux nombreuses petites maisons et s'imposât aux yeux des habitants. Ceux-ci étaient la plupart du temps embauchés pour le travail des vignes et des fermes de l'abbaye.
Source : Brochure de l'abbaye des Prémontrés (Association des Amis des Prémontrés).

LA NEF DE L'ÉGLISE ABBATIALE SAINTE-MARIE-MAJEURE
La nef de l'église vue du chœur
La nef de l'église vue du chœur.
Bas-relief au-dessus d'une porte
Bas-relief au-dessus d'une porte.
La voûte et les chapiteaux corinthiens
La voûte et les chapiteaux corinthiens.
Le bas-côté nord et ses grands fenêtres
Le bas-côté nord et ses grands fenêtres.
Saint Jean et son aigle
Saint Jean et son aigle
Saint Luc et son taureau
Saint Luc et son taureau.
Saint Marc et son taureau
Saint Marc et son taureau.
TROIS MÉDAILLONS DES ÉVANGÉLISTES DANS LA NEF
Médaillon avec saint Augustin à l'entrée du chœur
Médaillon de saint Augustin à l'entrée du chœur.
Médaillon avec saint Norbert à l'entrée du chœur
Médaillon dec saint Norbert à l'entrée du chœur.
Ronde-bosse en stuc dans le bras nord du transept
Plan de l'église Sainte-Marie-Majeure
Plan de l'église Sainte-Marie-Majeure.
On remarquera les ailes concaves de la façade.

Architecture interne de l'église 1/2. Les photos présentées ici datent de 2013. En entrant dans Saint-Marie-Majeure, on a un peu l'impression que l'endroit est délabré. Selon le colloque en cours, l'église a pu être préparée pour des repas avec lumières spéciales (des fils électriques pendent), les médaillons en stuc sont dégradés ; quant au chœur, il est dans le même état qu'en 1944, après le dernier bombardement ! Les toiles qui sont censées l'embellir végètent dans un état assez lamentable. En 2020, le chœur présente un état restauré (à l'exception des grandes toiles).
Saint-Marie-Majeure est la première église halle de style classique de la Lorraine. Pour une église abbatiale, ses dimensions sont impressionnantes : 66 m de long, 23 m de large et 18 m de haut. Nef et bas-côté sont séparés par une suite de six colonnes coiffées de chapiteaux corinthiens. Sur les murs gouttereaux, des pilastres, eux aussi à chapiteaux corinthiens, séparent les grandes fenêtres en plein cintre. Ces fenêtres accueillent de simples vitraux en verre blanc. Conformément aux principes du Concile de Trente, il faut faire entrer le maximum de lumière dans la nef. Des deux autels latéraux il reste les sculptures enchâssées dans le mur et créées par Nicolas Pierson. L'un est dédié à saint Laurent, l'autre à saint Firmin.
L'église halle était une architecture répandue en Lorraine aux XVe et XVIe siècles. À Pont-à-Mousson, l'église Saint-Martin, qui date de 1530, est une église halle. Mais ce style s'inscrivait dans un cadre architectural gothique. À Saint-Marie-Majeure, l'architecte Thomas Mordillac a relié, avec cohérence, une structure gothique à un style classique, style qui correspondait au goût de l'époque. On sait que ce style se caractérise par des chapiteaux corinthiens, des arcs en plein cintre et des voûtes d'arêtes. L'église abbatiale va donc traduire la structure halle médiévale en style classique... et servir de modèle à sept autres grandes églises de Lorraine. La première en date (1720) sera Saint-Sébastien à Nancy. Plus tard, en 1747, suivra l'église Saint-Jacques à Lunéville.
Dans son étude de l'église parue lors du Congrès archéologique de France en 1991, Pierre Sesmat rappelle l'influence des Jésuites dans la réforme de l'abbaye conduite par Servais de Lairuelz au XVIIe siècle. Cette influence a bien sûr touché l'architecture - et les Jésuites occupaient l'église Saint-Martin tout à côté. Pierre Sesmat écrit à propos des chanoines prémontrés : «Il s'agit pour eux, dans la suite du Concile de Trente dont ils entendent appliquer les principes, de ---»» 2/2

Porte d'entrée dans l'église avec la Vierge de saint Luc au fronton
Porte d'entrée dans l'église avec la Vierge de saint Luc au fronton.
Ronde-bosse en stuc
Ronde-bosse de l'autel latéral sud dédiée à saint Firmin.
Œuvre de Nicolas Pierson.

«««--- À GAUCHE
Ronde-bosse dans le bras nord du transept :
Saint Laurent est traîné à son supplice.
Œuvre de Nicolas Pierson.

LE CHŒUR DE L'ÉGLISE ABBATIALE SAINTE-MARIE
Le chœur avec ses tableaux jamais restaurés
Le chœur avec ses tableaux jamais restaurés (photo de 2013).
Il est resté en l'état depuis les bombardements de 1944.
En 2020, le chœur présente un aspect restauré (sauf les tableaux).
«Dieu donne les tables de la Loi à Moïse»
«Dieu donne les tables de la Loi à Moïse»
Tableau (non restauré) dans le chœur.
«Moïse donne les tables de la Loi à son peuple»
«Moïse donne les tables de la Loi au peuple Juif»
Tableau (non restauré) dans le chœur.
Cariatide dans le chœur
Cariatide sous la voûte du chœur.
On voit clairement que les quatre cariatides
du chœur ne soutiennent rien du tout. Elles ne
sont là que pour l'aspect décoratif.
Cariatide dans le chœur
Cariatide sous la voûte du chœur.
Aspect de la verrière du chœur
Aspect de la verrière du chœur.

Les vitraux sont des constructions géométriques simples. Ceux de la nef sont plus simples encore. Les chanoines ont appliqué les directives du Concile de Trente : de la lumière avant tout.

Tableau dans le chœur ---»»»
Scène de l'Ancien Testament.

Architecture interne de l'église 2/2. --»» transcrire matériellement une nouvelle perception de Dieu. La foi catholique doit être une évidence indiscutable, lumineuse et sensible à la fois au cœur et à la raison.» D'où l'importance donnée à la lumière - comme chez les Jésuites. Pierre Sesmat rappelle aussi que les Jésuites n'ont jamais choisi d'imposer leur style architectural propre, mais qu'ils ont toujours préféré l'enraciner au sein des traditions locales. Les églises halles étaient communes au Moyen Âge dans les Flandres et en Allemagne. Alors elles seront aussi communes dans les églises jésuites de ces régions. Sources : 1) L'abbaye des Prémontrés (brochure de l'Association des Amis des Prémontrés) ; 2) Congrès archéologique de France 1991, article sur l'église Sainte-Marie-Majeure par Pierre Sesmat.

Le chœur et la voûte
Le chœur et la voûte.
Tableau dans le chœur. Scène de l'Ancien Testament
LES BÂTIMENTS CONVENTUELS DE L'ABBAYE DES PRÉMONTRÉS
La Cour d'Honneur
La Cour d'Honneur.
C'est dans cette aile que se trouvent l'amphithéâtre et le Comité Régional du Tourisme de Lorraine.
L'escalier carré
L'escalier carré.
Des trois escaliers, c'est le plus proche de l'église abbatiale.
C'est donc lui que les religieux empruntent
pour se rendre à l'office des matines.
L'escalier ovale et son atlante
L'escalier ovale et son atlante.
Le petit escalier rond
Le petit escalier rond.
C'est le seul des trois escaliers qui n'a pas été
détruit par les bombardements de 1944.
L'atlante de l'escalier ovale
L'atlante de l'escalier ovale.

L'escalier ovale fait face à l'allée centrale de la Cour d'Honneur. Avec son atlante, ses marches larges et basses et sa belle ferronnerie, c'était l'escalier de cérémonie de l'abbaye.

Le petit escalier rond
Le petit escalier rond.
Il s'apprécie réellement en se plaçant en son centre
pour admirer le puits sans fin dégagé par sa courbe.
L'escalier ovale
L'escalier ovale et ses fenêtres donnant sur la Cour d'Honneur.
La ferronnerie de l'escalier ovale
La ferronnerie de l'escalier ovale.
RÉFECTOIRE DES CHANOINES, SACRISTIE, BIBLIOTHÈQUE ET CHAUFFOIR
Porte du réfectoire des chanoines et son célèbre fronton
Porte du réfectoire des chanoines et son célèbre fronton.

Le fronton de la porte du réfectoire des chanoines accueille les armoiries de l'abbaye (données en gros plan ci-dessus à droite). Elles sont toujours associées à celles de Nicolas Félix, abbé général de 1717 à 1754. Autrefois, on les voyait aussi sur le fronton du grand bâtiment qui donne sur la Cour d'Honneur. Mais elles ont été martelées à la Révolution.
Source : Brochure de l'abbaye des Prémontrés (Association des Amis des Prémontrés).

La cheminée du chauffoir arbore le Phénix
La cheminée du chauffoir arbore un Phénix.
Le chauffoir sert aussi de salle d'exposition.
Le phénix sur la cheminée du chauffoir
Le phénix sur la cheminée du chauffoir.
Aujourd'hui, le phénix est le logotype du Centre culturel des Prémontrés.
Les armoiries de l'abbaye au–dessus de la porte du réfectoire des chanoines
Les armoiries de l'abbaye au-dessus de la porte du réfectoire des chanoines (début du XVIIIe siècle).
La voûte du réfectoire des chanoines
La voûte du réfectoire des chanoines.
La grande sacristie
La grande sacristie.
Nouvelle bibliothèque «André Grandpierre»
La nouvelle bibliothèque «André Grandpierre».
La galerie du bord de l'eau dans la Cour d'Honneur
La galerie du bord de l'eau dans la Cour d'Honneur.
Une aile du jardin
Une aile du jardin.
Le cloître et les bâtiments conventuels
Le cloître et les bâtiments conventuels.
La galerie Saint-Laurent en bordure du cloître
La galerie Saint-Laurent en bordure du cloître.
Le cloître et le côté nord de l'église
Le cloître et le côté nord de l'église.
Le cloître vu du premier étage
Le cloître vu du premier étage.

Documentation : Brochure de l'abbaye des Prémontrés (Association des Amis des Prémontrés)
+ Congrès archéologique de France 1991, «Les trois évêchés et l'ancien duché de Bar», article sur l'église Sainte-Marie-Majeure par Pierre Sesmat
+ Dictionnaire des églises de France, Robert Laffont, 1971.
PATRIMOINE CARTE PATRIMOINE LISTE Retourner en HAUT DE PAGE