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Page créée en janv. 2020
La Mise au tombeau du XVe siècle, détail

Rentrer dans l'église Saint-Martin donne une impression étrange : on se croirait dans un édifice de la fin du XIXe siècle ! C'est neuf, c'est beau, c'est propre. Et pourtant, l'édifice est très ancien.
Tout commence au XIIe siècle avec l'ordre des Antonistes, un ordre religieux hospitalier voué aux soins des victimes du Mal des Ardents et du feu de Saint-Antoine. Avant même la fondation de la ville, les moines font bâtir un hôpital et une commanderie sur la rive droite de la Moselle. Rive droite signifiait être dépendant du diocèse de Metz, alors que la rive gauche où se trouve l'église Saint-Laurent était rattachée au diocèse de Toul. La brochure de l'Office de Tourisme indique que Saint-Antoine (première dédicace de Saint-Martin) a été consacrée en septembre 1335 par le vicaire général de l'évêque de Metz. Dans son ouvrage sur les églises gothiques en Lorraine (Lorraine gothique aux éditions Picard), l'historienne Marie-Claire Burnand remet en question cette date, pour elle trop ancienne par rapport au style de l'église. Le visiteur de Saint-Martin ne pourra pas lui donner tort, tant l'édifice paraît moderne ! Son style, ajoute-t-elle, est difficile à dater car il allie le gothique rayonnant (remplage des baies) au gothique flamboyant (nervures à pénétration).
Toujours est-il que, à la fin du XVe siècle, on travaillait encore à la façade de l'église... Avec son portail en retrait sur les deux tours, son architecte, Jacquemin de Lenoncourt, fit preuve d'originalité. C'est d'ailleurs lors de cette construction qu'on viendra le trouver pour bâtir la façade de la cathédrale de Toul. Saint-Martin reste «l'une des plus remarquables constructions élevées en France par les Antonistes», lit-on dans la brochure de l'Office de tourisme.
L'année 1574 marque un tournant dans l'histoire de l'église. C'est l'année de prise en charge par les Jésuites de l'Université de Pont-à-Mousson, fondée deux ans auparavant par le pape Grégoire XIII. Saint-Martin devient l'église de l'Université de Lorraine. Les nouveaux gestionnaires vont imprimer leur marque artistique dans la droite ligne du Concile de Trente : enlèvement du jubé pour que les fidèles puissent voir le déroulement de l'office ; retrait de plusieurs mausolées ; plus tard, transformation et embellissement du chœur. La Compagnie de Jésus est chassée de France en 1764 ; la Lorraine intègre le royaume de Louis XV en 1766 ; les Jésuites quittent la ville en 1768. Ils seront remplacés par les moines Augustins qui ne toucheront pas à l'édifice et à sa décoration. La seule marque de leur passage sera de dédicacer la chapelle Saint-Antoine à l'un des grands saints lorrains de leur ordre, Pierre Fourier. En 1777, Saint-Martin devient la chapelle du collège et de l'École Royale Militaire. En 1784, elle remplace l'église paroissiale de la rive droite.
On possède peu de sources sur cette église, notamment sur ses vitraux et leur histoire. Y a-t-il eu des vitraux Renaissance au XVIe siècle? Mystère. Les vitraux qu'on pouvait y voir au XIXe ont vraisemblablement sombré dans les bombardements qui ont accompagné les durs combats autour de la ville lors des deux conflits mondiaux. Le pont Gélot, au pied de l'église, est un passage obligé pour franchir la Moselle dans cette région. La IIIe armée du général Patton dut batailler pendant quinze jours avant de le franchir en 1944 car, une fois franchi, aucun obstacle naturel ne s'oppose à l'entrée dans le département de la Moselle. Et, depuis juillet 1940, la Moselle, c'était le Grand Reich...
Les textes de cette page s'inspirent d'une étude de 1844, réalisée par Victor de Sansonetti, ancien élève d'Ingres. Bien qu'il se montre parfois très opposé aux Jésuites et à leur style artistique, il n'en apporte pas moins une information historique digne d'intérêt, notamment celle sur l'incendie de la flèche nord du 3 août 1623 qui a frappé l'église et conduit à la construction de la chapelle Saint-Antoine, aujourd'hui chapelle Saint-Pierre Fourier. L'œuvre artistique la plus importante de l'église est la très belle Mise au Tombeau, l'une des plus anciennes de la Lorraine (début du XVe siècle). Elle est abondamment illustrée dans cette page.

Vitrail contemporain dans la nef, détail
Vue d'ensemble de l'église Saint-Martin
Vue d'ensemble de l'église Saint-Martin.
L'église Saint-Martin avec la Moselle et le pont Gélot.
L'église Saint-Martin vue de la rive gauche
de la Moselle avec le pont Gélot.
La façade et le portail
Le portail occidental (XVe-XVIe siècles).
Portail néogothique sur le côté sud, XIXe siècle.
Portail néogothique sur le côté sud.
XIXe siècle.
Les deux tours de style gothique flamboyant.
Les deux tours de l'église sont de style gothique flamboyant (XVe siècle).
La hauteur des tours est de 38 mètres.
La Charité de saint Martin, ronde-bosse d'Aimé de Lemud
La Charité de saint Martin, ronde-bosse d'Aimé de Lemud
au portail du côté sud, XIXe siècle.
L'abside et le côté sud
L'abside et le côté sud.
Le couronnement gothique flamboyant de la tour sud
Le couronnement de la tour sud est en gothique flamboyant.
Le tympan du portail central avec ses statues du XIXe siècle
Le tympan du portail occidental avec ses statues du XIXe siècle.

Architecture extérieure. L'église Saint-Martin domine la Moselle de ses deux grandes tours gothiques. C'est d'ailleurs le décor retenu par la manufacture de Sèvres pour illustrer le département de la Meurthe dans son service des Départements qu'elle créa de 1824 à 1832. L'assiette de cette vue traditionnelle de Pont-à-Mousson est donnée plus bas.
Si la construction de Saint-Martin a commencé à la fin du XIIe siècle, les tours occidentales et le portail qu'elles encadrent ont été achevés au XVe dans le style gothique flamboyant. L'auteur de la façade est Jacquemin de Lenoncourt, qui a conçu également la façade de la cathédrale de Toul. Ces tours regorgent d'ornementations flamboyantes au sein d'une conception artistique très équilibrée. Dans son étude de l'église Saint-Martin parue en 1844, Victor de Sansonetti nous en apprend davantage. On sait ainsi que toutes les figures qui ornaient le portail occidental ont été détruites en 1791. Les figures actuelles viennent d'autres monuments ou ont été refaites au XIXe siècle. Point assez rare : les deux tours s'avancent en saillie, laissant donc le portail en arrière (photo plus haut). D'une hauteur de trente-huit mètres, elles ne diffèrent que par quelques détails. Toutes deux sont carrées jusqu'à la corniche située au niveau du pignon du portail, niveau qui est aussi celui de la couverture de la nef. La tour nord passe du carré à l'octogone, tandis que la tour sud ne conserve que six pans. Rien ne manque dans ce gothique flamboyant : clochetons, pinacles, gargouilles, ogives lancéolées. De Sansonetti nous apprend que les tours étaient jadis surmontées de flèches en bois «qui pouvaient avoir vingt mètres de hauteur», recouvertes d'ardoises. La flèche nord, surmontée d'une croix, fut détruite par le feu le 3 août 1623 (voir encadré plus bas). Pour empêcher tout malheur de ce genre et pour éviter que quelqu'un ne soit blessé ou tué par sa chute, l'autre flèche fut abattue en 1790. Plus loin dans sa note, de Sansonetti réclame des travaux urgents sur la façade : «le couronnement des tours a été frappé de la foudre en 1803, elle a fait voler en éclat les clochetons ; les ornements du portail sont aussi dégradés ; de nombreuses niches sont vides de statues, et l'œil est affligé de ces disparitions qui nuisent essentiellement à l'aspect général de l'édifice.»
Sur le côté sud, le portail néo-gothique en pierre jaune de Jaumont, est surmonté d'une belle ronde-bosse illustrant le thème classique de saint Martin partageant son manteau. Cette œuvre est de l'artiste mussipontain, Aimé de Lemud. Ce portail a remplacé le précédent, ouvert par les Jésuites au XVIe siècle.
Sources : 1) Dépliant touristique sur l'église ; 2) L'Ancienne église des Antonistes par Victor Sansonetti, Nancy, 1844 ; 3) Lorraine gothique de Marie-Claire Burnand, éditions Picard, 1989.

Statues du XIXe siècle dans les ébrasements sud
Statues du XIXe siècle dans les ébrasements sud du portail.
Les voussures dans l'archivolte du portail central
Les voussures dans l'archivolte du portail
sont enrichies de statuettes du XIXe siècle.
Gargouille sur la tour sud
Gargouille sur la tour sud.

L'incendie de la flèche nord du 3 août 1623. Dans son étude de l'église Saint-Martin parue en 1844, Victor de Sansonetti joint une longue note de bas de page détaillant cet incident terrible et ses conséquences inattendues sur l'architecture de l'église : la présence de la chapelle sud dédiée à saint Pierre Fourier, mais primitivement dédiée à saint Antoine.
Rappelons que, à la suite de la création de l'Université de Pont-à-Mousson, les Jésuites prennent possession de l'église et de la gestion de la paroisse Saint-Antoine - en lieu et place des Antonistes. Nous sommes en 1574 et les nouveaux propriétaires ne vont pas tarder à transformer l'ornementation de l'église selon leurs goûts et leurs principes artistiques. Ce qui est interprété par de Sansonetti, trois siècles plus tard, comme une agression envers l'ordre des Antonistes, voire comme un saccage (retrait de plusieurs mausolées, transfert du jubé vers le fond de l'église et refonte de l'ornementation du chœur). Déjà, à l'époque, les rancœurs s'accumulaient contre ces Jésuites qui se croyaient tout permis. Le commandeur de la Ferté, c'est-à-dire le responsable de l'ordre, avait réparé, visiblement par la manière forte, les injures faites à son ordre religieux. Un procès-verbal de son zèle vengeur fut dressé en 1603 (sans que l'auteur de l'article nous dévoile son contenu).
Dans cette note, il est ensuite question d'un père jésuite, Pierre Sinson, ancien élève de l'Université de Pont-à-Mousson, entré dans la Compagnie de Jésus en 1589. Il fut professeur de philosophie pendant six ans dans cette même université, puis chargé du ministère de la prédication. Deux mois après la publication de ce fameux procès-verbal, le père Sinson eut une longue conversation nocturne avec une ombre, ou plutôt un spectre de haute stature. On ne connaît pas la teneur de ce dialogue, mais, à partir de ce moment, le père fut frappé d'un feu secret qui ne le laissa plus en paix. Était-ce le feu de Saint-Antoine? Toujours est-il que, en guise de remède, on l'expédia à la Flèche où, deux ans plus tard, il mourut de ce mal mystérieux et incurable.

Évidemment, le bruit de cet événement se répandit ; on demandait des détails ; on s'interrogeait ; on pointait du doigt l'endroit dans le cloître où s'était tenue cette étrange conversation. Le recteur de l'Université avait bien rencontré le père Sinson avant son départ, mais ce dernier lui avait dit qu'il allait être effrayé par «les choses terribles et épouvantables qu'il allait lui raconter». Et on en était resté là... De qui était cette ombre? Assurément, ce n'était pas celle d'un jésuite. Les Antonistes étaient convaincus que c'était celle de l'abbé de Saint-Chaumont, ancien chef de l'ordre, voire celle de saint Antoine lui-même qui venait se plaindre de l'abolition de son culte dans une église qui lui était auparavant dédiée. Les Jésuites, de leur côté, y voyaient l'existence d'un ennemi sournois qui travaillait contre eux...
Les malheurs qui frappèrent l'Université de Pont-à-Mousson dans les vingt années suivantes justifièrent, avec le recul, cet angoissant pronostic : les bâtiments subirent quatre incendies, la plus terrible étant celle du 3 août 1623.
Lisons maintenant ce qu'écrit de Sansonetti dans son récit tiré d'une relation du père Abram, historien de l'Université et du collège de la ville de Pont-à-Mousson : «Les P. Jésuites venaient de célébrer avec beaucoup de magnificence la fête de la canonisation de saint Ignace de Loyola [fondateur de l'ordre des Jésuites] et de saint François Xavier [par le pape Grégoire XV, le 12 mars 1622]. La fête avait duré huit jours. Le 3 du mois d'août, ils étaient allés à leur maison de campagne en récréation, mais leur joie fut troublée par un incendie subit et extraordinaire qui (...) consuma, de haut en bas, la flèche d'une des tours et le toit du grand logement que l'abbé Théodore de Saint-Chaumont avait fait bâtir, et dans lequel les Jésuites avaient leur bibliothèque. Le feu parut en même temps en trois endroits différents et assez éloignés les uns des autres. Pendant l'incendie on vit des corbeaux monstrueux qui

Gargouille sur la tour sud
Gargouille sur la tour sud.
Gargouille sur la tour sud
Gargouille sur la tour sud.

s'élevant de la vigne qui se trouvait au milieu des bâtiments et volant autour du feu avec des cris extraordinaires, semblaient applaudir à l'incendie. Plusieurs personnes dignes de foi assurèrent qu'elles avaient vu au milieu des flammes qui embrasaient la tour, un spectre qui regardait en bas, comme s'il eût été à une fenêtre. Ce qu'il y eut de plus extraordinaire, c'est que le même jour, avant que la nouvelle de cet incendie eut pu parvenir à Metz, on disait que les Jésuites avaient fait des feux de joie à l'occasion de la fête ; mais que bientôt les démons auraient leur tour. À Nancy, le bruit était public sur ce point, et les enfants disaient hautement que les deux tours des Jésuites étaient réduites à une seule. À Toul, on disait le même jour à deux heures après-midi, et l'incendie n'eut lieu qu'à cinq heures du soir, que la maison des Jésuites était en feu. Les prodiges ne cessèrent pas quand le feu fut éteint, car pendant la nuit, au rapport, on vit des flambeaux allumés portés par une main invisible autour de la maison.»
De Sansonetti poursuit : «Pour terminer, ajoutons que le P. Abram semble reconnaître lui-même que saint Antoine n'était pas étranger à tout cela. Ses confrères en furent tellement persuadés que, par un devoir de religion, autant que par un motif d'intérêt, ils prirent la résolution de rétablir le culte de saint Antoine dans leur église. Ils firent en effet construire la chapelle qu'on voit encore aujourd'hui, et qui est connue sous le nom de chapelle des saintes reliques, et la fête de saint Antoine fut honorée tous les ans par une suspension de toutes les études. Depuis ce temps, aucun accident n'est arrivé à l'Université. Ainsi s'est trouvé justifié de nouveau le vieil adage que le cardinal Baronius rapporte sur l'année 1095 de ses annales : Que jamais personne n'attaque impunément ce qui appartient à saint Antoine. Impune nemo peccat in Antonium
Et la note de bas de page se termine par ces mots de Victor de Sansonetti : «J'ai rapporté ces faits parce qu'ils donnent une idée de la direction des esprits à cette époque.» C'est pour la même raison qu'ils sont rapportés dans cette page Web...
La chapelle des saintes reliques est l'actuelle chapelle Saint-Pierre-Fourier, anciennement chapelle Saint-Antoine.
Source : L'Ancienne église des Antonistes par Victor de Sansonetti, Nancy, 1844.

Pont-à-Mousson et l'église Saint-Martin
Pont-à-Mousson, l'église Saint-Martin et le pont Gélot.
Illustration du département de la Meurthe,
Manufacture de Sèvres, Collection des Départements de France, années 1820.
Le roi David et sa lyre
Le roi David et sa lyre
dans une voussure du portail,
XIXe siècle.
Vierge à l'Enfant
Vierge à l'Enfant
au-dessus du tympan du portail,
XIXe siècle.
LA NEF DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN
L'élévation est sur trois niveaux avec un faux triforium donnant sur les combles. Ici, l'élévation du côté nord.
L'élévation est sur trois niveaux avec un faux triforium donnant sur les combles. Ici, l'élévation du côté nord.
Archétype des vitraux modernes
Archétype des vitraux modernes
de la nef. Atelier inconnu.
Plan de l'église Saint-Martin
Plan de l'église Saint-Martin.
Longueur : 48,3 mètres ; largeur : 18,0 mètres.
Clé de voûte : colombe pascale et moines en prière d'action de grâce
Clé de voûte dans un bas-côté :
Colombe pascale et moines en prière d'action de grâce.
La chaire à prêcher date de 1739.
La chaire à prêcher date de1739.
Le Christ dans un panneau de la cuve de la chaire (1739)
Saint Matthieu dans un panneau de la cuve de la chaire (1739).
La Présentation au Temple
La Présentation au Temple
Vitrail moderne près de la chapelle abisidiale de la Vierge.
La Célébration de la messe
La Célébration de la messe
Vitrail contemporain. Maître verrier inconnu.

Les gisants (suite et fin).
---»» du XIIe siècle que Saint-Martin (alors Saint-Antoine) fut édifiée par les Antonistes. De Sansonetti ajoute : «Ce prince s'était toujours montré le zélé protecteur de nos religieux, leur avait accordé divers privilèges, et, sans doute, ils se seront crus obligés de lui témoigner leur reconnaissance en rendant hommage à sa mémoire, par l'érection d'un monument surmonté de sa statue. Peut-être aussi que les restes du comte de Bar auront pu être pieusement recueillis par les siens et transportés dans ses états. Il est même présumable qu'il aura voulu être enseveli dans l'église enrichie tant de fois par ses bienfaits.»
Victor de Sansonetti nous apprend aussi qu'il y avait autrefois, dans le chœur de l'église, un remarquable mausolée érigé en mémoire du commandeur de Saint-Chaumont. Ce haut personnage, nommé abbé général de l'ordre des Antonistes en 1495, avait noué des liens d'amitié avec Charles Quint, François Ier et les papes Léon X et Clément VII. Il fut aussi chef du conseil du duc Antoine de Lorraine et reçut la dignité de commissaire apostolique contre les hérétiques. Il exerça ce pouvoir en luttant contre l'hérésie dans la ville de Metz et mourut à Nancy en décembre 1527. «Son corps fut transporté dans l'église de la commanderie de Pont à Mousson, écrit de Sansonetti, où on lui éleva un superbe mausolée au milieu du chœur.» Il ajoute que ce monument - avec d'autres, a disparu «soit par le fait des Jésuites, soit par les suites de la révolution de 1789.»
Sources : 1) Dépliant touristique sur l'église ; 2) L'Ancienne église des Antonistes par Victor Sansonetti, Nancy, 1844.

Architecture intérieure. À l'origine, les deux chapelles latérales n'existaient pas (voir plan ci-contre). De la sorte, le plan de l'église, où l'on remarque un transept non saillant, était très simple. On peut donc présenter l'architecture intérieure de deux manières : comme une nef à huit travées (en incluant l'avant-nef) terminée par un chœur et deux absidioles [choix de Victor de Sansonetti dans son étude de 1844], ou bien comme une nef à quatre travées, un transept non saillant, puis un chœur à trois travées terminé par une abside flanquée de deux absidioles [choix de M.-C. Burnand et choix traditionnel des historiens]. La volonté de présenter l'église comme une nef à huit travées est renforcée par l'identité de l'élévation entre la nef et les travées du chœur, si bien que l'on ne sait plus trop où s'arrête la nef et où commence le chœur. L'élévation est à trois niveaux : grandes arcades, faux triforium et grandes fenêtres. On remarque, comme bien souvent en Lorraine, que rien ne s'oppose à la montée des colonnes vers la voûte : il n'y a aucun chapiteau dans l'église Saint-Martin.
Le mode de jonction de toutes les retombées est la pénétration, ce qui garantit un aspect assez aérien à l'édifice. On n'y note aucune lourdeur. Le triforium est qualifié de «faux» parce qu'il correspond aux combles au-dessus des bas-côtés au lieu d'apparaître comme creusé dans la pierre. Il s'ouvre sur la nef par une série de quatre arcades regroupées par travée. Ces arcades ne possèdent pas non plus d'éléments ornementaux pour les alourdir.
Les baies des fenêtres hautes laissent une large place au mur gouttereau. Elles possèdent deux lancettes à redents, chapeautées par deux trilobes et un quadrilobe (voir vitrail ci-dessus à droite), ce qui correspond à un réseau de type rayonnant. Les baies du chœur suivent la même composition.
La voûte de la nef, sur croisées d'ogives, est tenue par des doubleaux très aigus, qui reprennent la finesse de l'ensemble de l'architecture. Les nervures retombent en pénétration sur les colonnes semi-engagées qui s'élèvent depuis le sol sans aucune interruption.
Sources : 1) Lorraine gothique de Marie-Claire Burnand, éditions Picard, 1989 ; 2) L'Ancienne église des Antonistes par Victor de Sansonetti, ancien élève d'Ingres, Nancy, 1844.

Chemin de croix Station III
Chemin de croix Station III :
Jésus tombe sous le poids de la croix.
«La Tentation du Christ au désert»
«La Tentation du Christ au désert»
Tableau anonyme ou copie.

La chaire à prêcher. Cette très belle chaire de 1739 pourrait être qualifiée de made in Pont-à-Mousson. En effet, elle a été dessinée par un moine de l'abbaye des Prémontrés, Thomas Rossi, puis exécutée par deux sculpteurs de la ville, Mangin et Chardard-Dupuis. Comme il est de tradition, les panneaux de la rampe et de la cuve représentent les évangélistes et le Bon Pasteur. Un autre panneau représente les instruments liturgiques. L'abat-son est dominé par une statue du Christ ressuscité.
Source : dépliant sur l'église.

Saint Luc et son taureau dans un panneau de la cuve
Saint Luc et son taureau dans un panneau de la cuve
de la chaire à prêcher (1739).
Il tient un médaillon avec un portrait car saint Luc
est le patron des peintres.
Archétype des vitraux modernes de la nef et du transept
Archétype des vitraux contemporains de la nef et du transept.
Est-ce la griffe du maître verrier Sylvie Gaudin ?

Les gisants. Les deux gisants de l'église Saint-Martin (photo ci-contre) ont une histoire. Victor de Sansonetti, «ancien élève de M. Ingres» nous la donne dans son étude parue en 1844. Il y avait devant le Sépulcre une pierre tombale reposant à la fois sur des colonnes et sur la partie basse de statues mutilées. Cette pierre cachait deux statues : celle d'un chevalier et celle d'une femme - des statues que personne n'avait jamais vues dans l'église, précise notre auteur.
C'est Victor de Sansonetti lui-même qui demanda au curé de la paroisse, un certain Bastien, de disposer, dans l'entrée de l'église, cette fameuse pierre tombale sur ses colonnes et de placer dessus les deux statues. Ces deux gisants se trouvent maintenant, dans le bas-côté nord, sous un gable flamboyant, à l'emplacement de l'ancienne entrée du cloître.
Qui sont-ils ? Sur la statue de femme, les sources convergent. Il s'agirait de Bonne de Bar, fille du duc Robert et de Marie de France. Elle fut l'épouse de Valérian III de Luxembourg et mourut à Pont-à-Mousson en 1436. La tête de son gisant est entourée d'un voile qui retombe sur les épaules.
Pour la statue d'homme, le dépliant touristique de l'Office de tourisme parle succinctement de Louis de Mousson, comte de Bar, revêtu de l'armure du XIIIe siècle. En revanche, Victor de Sansonetti est plus prolixe. Il constate d'abord, d'après le costume sculpté, que le personnage doit être du XIIe siècle et mort à la guerre. En effet, «il a la lance au poing, il est couvert de maille avec la coiffe de fer, telle qu'on la portait à l'époque, et pour dernière marque, un lion est à ses pieds.» Après avoir rejeté la possibilité que ce soit Louis d'Anjou, marquis du Pont et second fils du roi René, qui ne vécut que vingt ans, Victor de Sansonetti retient comme hautement probable que ce soit Henry, comte de Bar, «qui vivait à la fin du onzième siècle et qui mourut à la bataille de Gaza en 1239» ! «Qui vivait à la fin du douzième siècle» serait plus conforme à la longévité humaine...
Rappelons que c'est à la fin --»» suite à gauche.

Clé de voûte avec blason
Clé de voûte avec blason.
Élévations du côté sud
Élévations du côté sud entre le transept et le chœur.
Les jonctions en pénétration jouent un rôle essentiel
dans la légèreté architecturale de l'église.
«L'Annonciation»
«L'Annonciation»
Tableau anonyme ou copie.
Extrait d'un vitrail moderne, partie haute
Extrait d'un vitrail contemporain, partie haute.
La scène est-elle la mort du roi alaman à la bataille de Tolbiac en 496 ?
Extrait d'un vitrail moderne, partie basse
Extrait d'un vitrail contemporain, partie basse.
La scène représente-t-elle la demande de baptême de Clovis
après sa victoire à Tolbiac en 496 ?

Les vitraux. Ils sont tous modernes, et connaître le nom des ateliers qui les ont créés semble tâche impossible : aucune signature n'est visible. La plupart représentent des formes géométriques. On remarquera néanmoins la proximité entre le vitrail contemporain ci-contre (archétype des vitraux de la nef) et certains vitraux de l'église parisienne de Saint-Gervais-Saint-Protais réalisés par l'atelier de Sylvie Gaudin au XXe siècle.
L'église Saint-Martin possède quelques vitraux historiés. Ils illustrent le sacrement de la messe (voir à gauche) et, peut-être, la bataille de Tolbiac ainsi que le baptême de Clovis (donnés ci-dessus). Enfin, le chœur est enrichi de sept grandes verrières représentant, dans leur partie centrale, des saints et des saintes. Leur sont adjoints, dans les parties hautes et basses, des anges souffleurs, des anges en prière ou des anges bénissant. La baie axiale (baie n°0) accueille l'image traditionnelle de saint Martin partageant sa tunique.
Dans son étude de 1844, Victor de Sansonetti nous donne quelques informations sur le passé de la vitrerie dans l'église. Il écrit : «Les vitraux de couleur qui existaient primitivement, ont tous disparu. Le seul qui reste et qui se trouve au fond du sanctuaire y a été placé par les Jésuites ; il représente saint Ignace et saint François Xavier ; il est très mauvais de style.» Ce vitrail ayant disparu, il est difficile de porter un jugement sur cet avis péremptoire. Notons seulement que l'auteur de l'étude est animé d'un violent parti pris anti-jésuite. De Sansonetti indique d'ailleurs que l'on voit encore, dans beaucoup de fenêtres, (en 1844) le «T, arme des Antonistes».
Source : L'Ancienne église des Antonistes par Victor de Sansonetti, ancien élève d'Ingres, Nancy, 1844.

Les deux gisants dans leur enfeu
Les deux gisants dans leur enfeu.
Gisants : Louis de Mousson et Bonne de Bar.
Gisants : Louis de Mousson (ou bien Henry, comte de Bar)
et Bonne de Bar.
LA CHAPELLE LATÉRALE NORD SAINT-FRANÇOIS-XAVIER
Chapelle Saint-François-Xavier et Fonts baptismaux
La chapelle Saint-François-Xavier
accueille dans son entrée les fonts baptismaux.
«Saint François-Xavier donne le baptême à la reine de  Ternate»
«Saint François-Xavier donne le baptême à la reine de Ternate»
Giovanni Battista Gaulli (1639-1709)
dit Le Baccicio.

La chapelle Saint-François-Xavier. Elle a été élevée au XVIIIe siècle par les Jésuites, en l'honneur du grand missionnaire que fut François Xavier. Comme on le voit sur la photo à gauche, elle possède un grand retable de marbre qui incarne toute l'austérité du lieu. Sa pièce maîtresse est le tableau de l'autel dû au Baccicio, de son vrai nom Giovanni Battista Gaulli (1639-1709), qui s'inscrit dans la lignée du Bernin et de Pierre de Cortone. Le tableau représente le baptême de la reine du Ternate par François Xavier (Ternate est un territoire des Moluques dans l'Indonésie actuelle).

Monument funéraire d'Esther d'Apremont, Époque Renaissance.
Monument funéraire d'Esther d'Apremont, époque Renaissance.
L'inscription est entourée des statues
de la Chasteté et de l'Espérance.
LA CHAPELLE LATÉRALE SUD SAINT-PIERRE-FOURIER (ex CHAPELLE SAINT-ANTOINE)
La chapelle Saint-Pierre Fourier sans son tableau central
La chapelle Saint-Pierre Fourier sans son tableau central.
Autel de sainte Catherine dans la chapelle Saint–Pierre Fourier
Autel de sainte Catherine dans la chapelle Saint-Pierre Fourier.
La voûte à lanternon de la chapelle Saint-Pierre-Fourier
Le lanternon de la voûte
de la chapelle Saint-Pierre Fourier.

La chapelle Saint-Pierre-Fourier. Précisons tout de suite que, dans la photo ci-dessus, la toile du retable est manquante. Cette chapelle a été construite, selon les sources, vers 1623-1624 ou en 1629. Les Jésuites, qui prirent possession de l'église en 1574 et qui ne tardèrent pas à la remanier selon leurs canons artistiques, érigèrent cette petite chapelle en réparation à Saint-Antoine pour avoir fait disparaître tout ce qui rappelait les Antonistes (voir plus haut l'encadré sur l'incendie du 3 août 1623). Le style est celui de la Renaissance tardive, un style rare en Lorraine. La marque principale en est le contraste entre le marbre noir des colonnes et la pierre de Sorcy. On note également la présence d'une belle voûte à lanternon.
Dans son étude de 1844, Victor de Sansonetti nous apprend que la dépense, qui s'éleva à 1500 louis d'or, fut entièrement réglée par Jean Cheminot, bourgeois de Pont-à-Mousson. De Sansonetti ajoute : «Il était conseiller à l'hôtel de ville et d'une si grande modestie qu'il ne voulut pas permettre que son nom ni ses armes parussent dans la chapelle, quoiqu'il y eut choisi sa sépulture. Il mourut en 1630.»
En 1764, Louis XV chassa la Compagnie de Jésus de tout son royaume et, en 1766, à la mort du roi Stanislas, la Lorraine devint française. À Pont-à-Mousson, les chanoines réguliers de Saint-Augustin vinrent remplacer les Jésuites en 1768. Ils modifièrent la dédicace de la chapelle qu'ils dédièrent à saint Pierre Fourier (1565-1640), réformateur de leur ordre, grande figure de la Lorraine et ancien élève de l'Université de Pont-à-Mousson.
Sources : 1) Dépliant touristique sur l'église ; 2) L'Ancienne église des Antonistes par Victor de Sansonetti, Nancy, 1844.

Saint Roc et son chien
Saint Roc et son chien
à l'entrée de la chapelle Saint-Pierre Fourier,
XVIIe siècle.
Sainte Catherine par Jean Le Clerc (années 1630) dans un médaillon de la chapelle.
Sainte Catherine par Jean Le Clerc
(années 1630)
dans un médaillon de la chapelle.
LA MISE AU TOMBEAU DU XVe SIÈCLE
La Mise au tombeau date du début du XVe siècle.
La Mise au tombeau date du début du XVe siècle.
Elle n'a pas quitté son enfeu depuis sa création au XVe siècle.

La très belle tête du Christ rappelle l'art de Claus Sluter ---»»»
Le visage de Jean dans la Mise au tombeau
Saint Jean dans la Mise au tombeau.
Nicodème dans la Mise au tombeau
Nicodème dans la Mise au tombeau.
Le Christ de la Mise au tombeau
Le Christ et les soldats romains dans la Mise au tombeau

La mise au tombeau. L'église Saint-Martin peut s'enorgueillir d'une magnifique Mise au tombeau, un monument du XVe siècle qui apparaît très compact dans un enfeu dont la voûte est enrichie de nombreux angelots.
Cette œuvre compte treize personnages, vingt-et-un si l'on ajoute les angelots. Aux huit personnages traditionnels (le Christ, Nicodème, Joseph d'Arimathie, Marie, Jean, Marie-Madeleine et deux saintes femmes), il faut en effet ajouter deux anges debout, tenant chacun une croix, et les trois soldats romains du premier plan, représentés endormis.
Ce sépulcre, sculpté entre 1425 et 1430 pour le tombeau de Baldemar-Johannis de Biebelnheim qui était commandeur de l'ordre des Antonistes, n'a jamais quitté le cadre où il se trouve. On lit dans le dépliant touristique sur l'église que le style reflète l'influence d'un atelier de Prague, proche des Parler, sculpteurs du XVe siècle. Cette marque est bien visible au niveau des drapés, des chevelures, des barbes et des rides. On dénote aussi l'influence de la Bourgogne et de Claus Sluter, notamment dans la très belle tête de Christ, donnée ci-dessus.
Les personnages qui se tiennent debout, ainsi que le Christ mort, appartiennent au gothique. Seuls les soldats romains endormis annoncent le style nouveau de la Renaissance et celui de Ligier Richier.
Sources : 1) Dépliant touristique sur l'église ; 2) Lorraine gothique de Marie-Claire Burnand, éditions Picard, 1989.

«««--- Le Christ et les soldats romains dans la Mise au tombeau.
Le style des soldats romains annoncent la Renaissance.
Un soldat romain endormi
Un soldat romain endormi.
Soldats romains endormis
Soldats romains endormis.
Vue de la Mise au tombeau avec l'ensemble de la voûte peuplée d'anges.
La Mise au tombeau avec l'ensemble de la voûte peuplée d'anges.
Joseph d'Arimathie devant le Christ mort ---»»»
À sa droite, un ange tient la croix et porte les clous de la Passion.
La Vierge et Jean dans la Mise au tombeau
La Vierge et saint Jean dans la Mise au tombeau.
Joseph d'Arimathie devant le Christ mort
LE CHŒUR DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN
Le chœur de l'église Saint-Martin
Le chœur de l'église Saint-Martin.
À gauche, la chapelle absidiale Saint-Vincent de Saragosse.

Le chœur. Lors de la construction de l'église par les Antonistes, le chœur fut laissé avec ses arcades gothiques. Il en fut de même dans les deux absidioles nord et sud. Quand les Jésuites arrivèrent en 1574, à l'occasion de la création de l'Université, ils eurent en tête d'appliquer leurs principes artistiques dans ce qui était devenu «leur» édifice de culte.
Si le jubé fut transféré vers le fond de la nef, le chœur fut complètement transformé. Cet embellissement (n'en déplaise aux Antonistes) eut lieu aux XVIIe et XVIIIe siècles. Une décoration de pierre et de stuc, aménagée du sol jusqu'à la base des fenêtres, vint recouvrir le bas des arcades dans le chœur et les deux absidioles. Un autel monumental en marbre fut installé dans le sanctuaire.
La photo ci-dessus montre que le style appliqué par les Jésuites au XVIIIe siècle est le style pompadour, un style qui s'est répandu entre 1750 et 1774 et où les excès de la rocaille ont disparu. Ce style a précédé le style Louis XVI, plus sobre.
Chaque pan du chœur heptagone reçoit un tableau illustrant la vie de Jésus : Nativité, Adoration des mages, Présentation au temple, Cène, Résurrection, Ascension et Pentecôte. Ces tableaux sont attribués à Claude Charles et Jacques Durant, peintres lorrains à l'époque du roi Stanislas.
La partie haute du chœur ajoute à la beauté de l'ensemble : six statues de saints et de martyrs jésuites entourent celles des apôtres Pierre et Paul, situées de part et d'autre de la baie axiale. Parmi ces grandes figures de la Compagnie de Jésus, saint Ignace de Loyola et saint François Xavier sont les plus connus. Les autres sont plus difficilement identifiables. Entre les statues, au bas des verrières, se trouvent les châsses dorées qui contiennent les reliques attribuées à l'église Saint-Martin au temps des Antonistes.
Une photo donnée plus bas donne une vue complète de ce très beau chœur.
Dans son étude parue en 1844, Victor de Sansonetti tire à boulets rouges sur cet aménagement. Il parle de «restauration à jamais déplorable» et de «chœur complètement dégradé». Il reproche aux tableaux de cacher «les ogives qui formaient le pourtour du sanctuaire». Il faut reconnaître que cette opinion est assez étonnante.
La médisance à l'égard des Jésuites semblait, à l'époque, si prononcée que de Sansonetti nous apprend qu'un bruit courait selon lequel les Antonistes, lors de la construction, auraient prolongé les bas-côtés autour du chœur. Ce qui revient à créer une sorte de déambulatoire. Les Jésuites auraient donc cassé ce pourtour et interrompu les nefs latérales pour construire les chapelles absidiales ainsi qu'une sacristie. Malgré son opposition farouche aux choix artistiques des Jésuites, de Sansonetti doute fortement de cette histoire. Il fait remarquer que l'architecture du chœur et des chapelles est la même, «ce qui le prouve, c'est un reste d'armoiries des comtes de Bar qui se trouve à la voûte de la chapelle gauche, en regardant le chœur», c'est-à-dire la chapelle Saint-Vincent de Saragosse. De Sansonetti conclut par cette réflexion assassine : «Ils [les Jésuites] ne se seraient pas fait scrupule de construire ces chapelles dans un autre style» ! La clé de voûte de la chapelle Saint-Vincent de Saragosse porte en effet un blason avec les fameuses armoiries. Cette clé ayant été restaurée et repeinte, il est maintenant difficile de l'attribuer au XIIIe ou au XIVe siècle.
Source : L'Ancienne église des Antonistes par Victor de Sansonetti, Nancy, 1844.

Statue d'un prélat jésuite dans le chœur
Statue d'un prélat jésuite dans le chœur.
Statue de saint Paul dans le chœur
Statue de saint Paul
à côté de la baie axiale du chœur.
Un saint Jésuite portant l'Enfant-Jésus
Un saint Jésuite portant l'Enfant-Jésus.
Un saint jésuite
Un saint jésuite.
Statue de saint Ignace de Loyola dans le chœur
Statue de saint Ignace de Loyola dans le chœur.
Le Couronnement de la Vierge à la clé de voûte du chœur
Le Couronnement de la Vierge à la clé de voûte du chœur.
La Cène, détail, dans un tableau du chœur
La Cène, détail d'un tableau du chœur, XVIIIe siècle.
«L'Adoration des mages», tableau dans le chœur
«L'Adoration des mages»
Tableau dans le chœur, XVIIIe siècle.
Saint Michel archange et sainte Marguerite
Saint Michel archange et sainte Marguerite
Extrait du vitrail de la baie n°3 dans le chœur.
«L'Ascension», tableau dans le chœur
«L'Ascension»
Tableau dans le chœur, XVIIIe siècle.
Saint Bernard de Clairvaux
Saint Bernard de Clairvaux
Extrait du vitrail de la baie n°6
dans le chœur.
Les statues et les reliquaires dans le chœur
Les statues et les reliquaires dorés ornent le second niveau du magnifique chœur de Saint-Martin.
«La Pentecôte»
«La Pentecôte»
Tableau dans le chœur, XVIIIe siècle.
Saint Sébastien et saint Vincent de Paul
Saint Sébastien et saint Vincent de Paul
Extrait du vitrail de la baie n°2 dans le chœur.
«La Résurrection», détail
«La Résurrection», détail.
Tableau dans le chœur, XVIIIe siècle.
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus
Sainte Nicolas et sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Extrait du vitrail de la baie n°4 dans le chœur.
Les anges dans la partie basse
du vitrail de la baie n°0 ---»»»
La Charité de saint Martin
La Charité de saint Martin.
Détail du vitrail de la baie axiale (n°0) dans le chœur.
Les anges dans la partie basse du vitrail de la baie 0.
Le chœur et l'abside
Le chœur et l'abside.
Même si les vitraux sont modernes, cette photo donne un bon aperçu
du travail artistique des Jésuites au XVIIIe siècle
dans l'église Saint-Martin.
Le chœur tel qu'il a été conçu par les jésuites
Le chœur, de style pompadour, tel qu'il a été conçu par les Jésuites.
Le maître-autel, en marbre, date du XVIIIe siècle.
LES CHAPELLES ABSIDIALES NORD ET SUD
Chapelle absidiale sud de la Vierge
Chapelle absidiale sud de la Vierge.
John Ingram et saint Pierre Fourrier dans le vitrail de la baie 1
John Ingram et saint Pierre Fourrier dans le vitrail de la baie n°1.
Statue de la Vierge à l'Enfant
Statue de la Vierge à l'Enfant, détail.
Chapelle absidiale sud de la Vierge.
Chapelle absidiale nord Saint-Vincent de Saragosse
Chapelle absidiale nord Saint-Vincent de Saragosse.

La décoration en pierre et stuc des chapelles absidiales
datent de l'époque des Jésuites.
Clé de voûte de la chapelle de la Vierge
Clé de voûte de la chapelle de la Vierge.
Clé de voûte de la chapelle Saint-Vincent de Saragosse.
Clé de voûte de la chapelle Saint-Vincent de Saragosse.
Armoiries des comtes de Bar.
Statue de Saint-Vincent de Saragosse, détail
Statue de Saint-Vincent de Saragosse, détail.

Chapelles. Les deux chapelles absidiales, dédiées, au sud, à la Vierge et, au nord, à saint Vincent de Saragosse, patron des vignerons (jadis nombreux sur la paroisse), datent de la construction de l'église Saint-Martin. Elles ont reçu une décoration de stuc et de marbre conforme au style jésuite quand ceux-ci ont modifié l'ornementation du chœur au XVIIe siècle. Les belles clés de voûte ont été repeintes récemment.

LE JUBÉ ET L'ORGUE DE TRIBUNE
L'orgue de tribune
L'orgue de tribune date de 1704
Le garde-corps de l'ancien jubé a été cassé pour faire passer le positif.
La Rose de la façade, détail
La Rose de la façade, détail.
La nef et l'orgue de tribune avec l'élévation nord
La nef et l'orgue de tribune avec l'élévation nord.

Le jubé et l'orgue de tribune.
Le premier orgue de l'église Saint-Martin, installé par les Antonistes, se dressait en nid d'hirondelle à la deuxième travée de la nef. Le grand orgue actuel le remplaça en 1704. Il a été créé par le facteur Claude Legros de Metz. L'église Saint-Pierre à Caen donne l'exemple d'un orgue moderne installé en nid d'hirondelle sur un côté de la nef.
Le jubé créé par les Antonistes se dressait jadis à l'entrée du chœur. Les Jésuites, arrivés en 1574 lors de la fondation de l'Université, appliquèrent les décisions du Concile de Trente : on le démonta afin que le maître-autel fût visible par les fidèles lors de l'office. Plus tard, il fut replacé au fond de la nef et servit de tribune au grand orgue.
Le jubé comprend trois arcs en anse de panier surmontés d'une corniche garnie de feuilles et de fruits sculptés. Le tout est coiffé d'un très élégant garde-corps ajouré. On voit ci-dessous une vue d'ensemble de ce jubé. La partie centrale a été cassée pour faire passer le positif du grand orgue. Le jubé était orné de seize statues de prophètes, disparues à la Révolution. Il ne reste que les socles. Il subsiste néanmoins quatre petites statues dans les niches entre les arcades (voir plus bas). Elles ne sont sûrement pas d'origine car leur taille ne correspond pas à la hauteur des niches. Suite plus bas ---»»

Le Jubé et le positif
Le jubé, le positif du grand orgue et l'entrée principale de l'église.
L'Ange souffleur sur la tourelle médiane de l'orgue
L'Ange souffleur sur la tourelle médiane de l'orgue.
Un ange musicien dans un écoinçon du jubé
L'ange à l'orgue portatif dans un écoinçon du jubé.
Les anges entre les arcades datent de la construction
du jubé par les Antonistes (XIVe siècle).
Détail de l'ornementation Renaissance du jubé.
Détail de l'ornementation Renaissance du jubé avec l'ange au hautbois.
Les seize statues de prophètes qui ornaient le garde-corps ont disparu à la Révolution. Il ne reste que les socles.

Le jubé et l'orgue de tribune (suite et fin).
---»» En revanche, les quatre anges musiciens au-dessus des arcades sont toujours présents et bel et bien d'origine. On voit de gauche à droite : un ange à l'orgue portatif (ci-contre), un ange au hautbois (ci-dessous), un ange avec un instrument désigné comme «monocorde à deux cordes» et, enfin, un ange à la trompe marine. On retrouve deux autres anges musiciens (non donnés ici) sur les deux piliers de la première travée de la nef : ils marquent la position du jubé lors de sa construction par les Antonistes.
Sources : 1) Pont-à-Mousson, Cœur de Lorraine, Église Saint-Martin, dépliant de l'Office de Tourisme ; 2) Lorraine gothique de Marie-Claire Burnand, éditions Picard, 1989.

Un ange souffleur dans le jubé
L'ange au hautbois dans les arcades du jubé.
Statue de saint Marc et son lion
Statue de saint Marc et son lion
dans les niches entre les arcades.
Sainte Véronique avec son voile
Sainte Véronique avec son voile
dans les niches entre les arcades.
La nef et l'orgue vus depuis le chœur
La nef et l'orgue vus depuis le chœur.

Documentation : «Pont-à-Mousson, Cœur de Lorraine, Église Saint-Martin», brochure de l'Office de Tourisme
+ «Lorraine gothique» de Marie-Claire Burnand, éditions Picard, 1989
+ «Dictionnaire des églises de France», éditions Robert Laffont, 1971
+ «L'Ancienne église des Antonistes» par Victor de Sansonetti, ancien élève d'Ingres, Nancy, 1844.
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