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Page créée en juin 2020
Saint évêque dans le vitrail de la baie 13 (vers 1400)

Les brochures de tourisme vantent souvent l'église Saint-Gengoult de Toul pour son magnifique cloître Renaissance. C'est aller bien vite sur un édifice médiéval qui peut mettre en avant ses belles verrières du XIIIe siècle.
L'église Saint-Gengoult de Toul est une ancienne collégiale. Tout part des reliques de ce saint légendaire déposées, dans la seconde moitié du VIIIe siècle, à l'église Saint-Pierre de Varennes, un village non loin de Langres. Les pèlerins affluent et, pour gérer cette affluence, l'église devient abbaye. Bien que située sur les terres de l'évêché de Langres, l'abbaye dépend de l'évêque de Toul. Au Xe siècle, elle est vendue à l'épiscopat de Langres par l'évêque Gauzelin. Arrive alors à Toul un nouvel évêque, le futur saint Gérard, qui restera en fonction de 963 à 994... et qui veut récupérer son abbaye perdue. N'y arrivant pas, il fonde à Toul une église dédiée à saint Gengoult. L'édifice est bientôt le centre cultuel d'une nouvelle abbaye où s'installent des moniales. Celles-ci se relâchant dans l'observance de la règle bénédictine, Gérard les remplace par des chanoines qui vont vivre selon la règle de Chrodegang.
En 1065, le nouvel évêque, Udon, restaure le chapitre collégial. En effet, durant la guerre qui l'a opposé à l'empereur Conrad II, églises et abbayes touloises ont été partiellement détruites et incendiées. L'année 1065 voit donc la restauration de l'église Saint-Gengoult et l'octroi de ses caractères principaux. Ceux-ci resteront en vigueur jusqu'à la Révolution et à l'année 1790 qui voit la dissolution de l'abbaye. Les chanoines du chapitre vivent désormais sous la règle d'Amalaire. Par la libéralité d'Udon, la mense capitulaire est enrichie de biens en grand nombre (terres agricoles, maisons) et des privilèges associés (dîmes, péages, taxes). C'est vers cette même année aussi que l'évêque de Toul crée des offices religieux communs entre les chanoines de Saint-Gengoult et ceux de la cathédrale Saint-Étienne. Il veut rapprocher les deux communautés qui ont tendance à s'opposer. En effet, la tradition montre que les membres du clergé épiscopal étaient plutôt issus de la noblesse alors que les chanoines de Saint-Gengoult étaient fils de bourgeois et de riches marchands de la ville. Cette rivalité, parfois violente, s'étendra tout au long des XIIIe et XIVe siècles.
Disposant de vastes ressources financières, le chapitre, dans les années 1210, décide de rebâtir l'église en plus vaste et en plus somptueux. Les historiens distinguent trois étapes dans la construction. La première, vers 1240-1260, voit l'édification du chœur et de la partie orientale du transept. Voir le plan. L'ancien chœur, jusque-là entièrement coiffé par le nouveau, est alors détruit. La deuxième phase démarre rapidement et poursuit la construction de l'édifice vers l'ouest. Elle s'arrête vers 1310-1315 après l'édification du transept et de deux travées de la nef. Enfin, la troisième phase ajoute à la nef ses deux dernières travées, elle ajoute aussi la façade (d'un gothique flamboyant assez modeste) et le cloître Renaissance (fin du XVe et début du XVIe siècle). Le bombardement prussien de 1870 détruira partiellement la grande baie occidentale qui sera restaurée en 1874.
L'église, de type gothique basilical, possède une élévation bipartite. La plupart des vitraux étant en verre blanc, nef et transept frappent le visiteur par leur clarté. L'architecture de Saint-Gengoult s'inspire fortement de celle de la cathédrale Saint-Étienne, premier édifice de style gothique construit en Lorraine. Cependant des différences subsistent (noyaux des piliers, formes des moulurations, orientation des chapelles absidiales), exacerbées par le conflit entre les deux chapitres.
La richesse de l'église, c'est avant tout sa vitrerie du XIIIe siècle. Les panneaux historiés du chœur et des chapelles, associés à une savante grisaille de la même époque, suivent un programme iconographique formel. Remontant eux-mêmes aux années 1260-1270, ils sont accompagnés des grandes verrières du transept des années 1400. Déjà typiques du XVe siècle, celles-ci reçoivent des personnages nichés sous d'impressionnants baldaquins.
Si vous passez à Toul, n'oubliez pas que l'église Saint-Gengoult possède le plus beau programme de vitraux du XIIIe siècle de toute la Lorraine. L'église a été classée Monument historique en 1862.

Vierge à l'Enfant du XVe siècle
Vue d'ensemble de la nef et du chœur de Saint-Gengoult
La nef et le chœur de Saint-Gengoult.
La façade occidentale
La façade occidentale.
La photo a été prise alors que la verrière occidentale était déposée.
Les statues décapitées sur une tourelle sud près du chevet
Les statues décapitées sur la tourelle d'escalier dans le croisillon sud.
Pinacle avec sa niche. Il est surmonté d'un oiseau.
Ce pinacle avec sa niche est surmonté d'un oiseau.
Le portail occidental
Le portail occidental.
Le chevet et le transept sud avec les bâtiments accolés
Le chevet et le bras sud du transept avec les bâtiments accolés.
La tour sud
La tour sud n'a pas été achevée.
La corniche de feuilles à cinq pétales (première période de la construction)
La corniche de feuilles à cinq pétales (première période de la construction).

Architecture externe. Un élément peu banal frappe avant tout le visiteur : la persistance, contre le transept et le chevet de l'église, de bâtiments habités et de boutiques (comme on peut le voir sur la photo au-dessus). En général, le XIXe siècle ou le début du XXe ont mis bon ordre à cet état de choses, mais pas à Toul.
L'architecture extérieure de Saint-Gengoult s'apprécie plus au chevet qu'à la façade. Le chevet, très régulier, s'impose avec ses fenêtres qui remplissent tout l'espace entre les contreforts. Ceux-ci sont surmontés de pinacles abritant des niches où les statues des personnages ont été soigneusement décapitées. La photo de gauche montre le résultat de ce vandalisme sur le sommet de la tourelle d'escalier dans la face est du croisillon sud. Les pinacles se terminent par une pointe surmontée d'un oiseau. Une belle corniche de feuilles à cinq pétales borde la toiture (photo ci-dessus).
La façade comprend une partie centrale avec un portail, entourée de deux tours sans ouverture à l'ouest. Le portail en arc brisé n'a rien pour retenir l'attention. Le tympan n'est pas vitré, les voussures sont nues et le gable est orné de quelques malheureux choux frisés. Seule la tour nord a été achevée et compte six niveaux. Les deux derniers sont octogonaux (photo à droite). Un garde-corps de style flamboyant la surmonte.
L'immense baie vitrée au-dessus du portail était en restauration quand les photos ont été prises.

Réseau «excentrique» d'une fenêtre du chevet
Réseau «excentrique» d'une fenêtre du chevet.
C'est la première période de contruction.
Réseau utilisé lors de la 2e période de construction ---»»»
Le clocher
La tour nord se termine par deux niveaux octogonaux
et un garde-corps de style flamboyant.
Réseau d'une fenêtre du transept
Réseau d'une fenêtre du transept.
On remarquera l'interpénétration des moulures.

Les réseaux des tympans. La construction de l'église Saint-Gengoult a connu une rupture qui est bien visible sur les parties extérieures. L'église a été bâtie d'est en ouest. La première période (1240-1260) a vu s'élever le chevet et la partie orientale de la première travée du transept (voir plan). Puis, dans une deuxième période, ont suivi le reste du transept et les travées orientales de la nef. Enfin, la construction s'est achevée par les deux travées occidentales de la nef et la façade. La rupture entre la 1ère et la 2e période se voit dans la modification de l'appareillage, mais surtout dans le changement du remplage des fenêtres.
Les deux photos ci-dessus illustrent ce phénomène. La photo de gauche montre le remplage mis en place lors de la première période. Le dessin comprend une rose octolobée inscrite dans un carré posé sur la pointe, la partie qui surmonte ce carré étant remplie d'oculi. Dans son étude sur Saint-Gengoult (Congrès archéologique de France, 2006), l'historien Marc Carel Schurr écrit : «Ce schéma assez excentrique anticipe le goût pour l'ornement autour de 1300, avec des réseaux de plus en plus compliqués et très riches en variations géométriques.» On peut voir, bien sûr, l'effet de cette structure originale au niveau du vitrail, une fois qu'on se trouve à l'intérieur de l'église. Cet effet est particulièrement net dans le tympan de la baie 0.
Ce style de réseau fut abandonné lors de la deuxième période de construction. On lui préféra le dessin plus conventionnel d'une rose remplie de quadrilobes, donné dans la photo de droite.
Si le visiteur est muni de jumelles, il doit aussi s'attarder sur un détail remarquable : l'interpénétration des moulures dans le dessin des tympans des fenêtres du transept et de la nef. Enfin, dernier trait remarquable sur les fenêtres : leurs arcs sont «décorés d'un rinceau de feuillage qui retombe sur des petites consoles ou des volutes» [Marc Carel Schurr]. C'est un motif très rare dans l'architecture gothique en France.
Source : Congrès archéologique de France, Nancy & Lorraine méridionale, 2006. Article de Marc Carel Schurr sur la collégiale Saint-Gengoult.

LA NEF DE L'ÉGLISE SAINT-GENGOULT
Élévations nord vues depuis le bras sud du transept
Élévations nord vues depuis le bras sud du transept.
Au premier niveau, les fenêtres sont obstruées à l'extérieur par l'élévation du cloître.
Plan de l'église Saint-Gengoult et de son cloîtreCliquez ici pour afficher la page sur le cloître de Saint-Gengoult
Plan de l'église Saint-Gengoult et de son cloître.
Clé de voûte dans le chœur
Clé de voûte dans le chœur.
Clé de voûte dans la nef
Clé de voûte à thème floral.
Clé de voûte avec feuilles de lierre
Clé de voûte avec feuilles de lierre.
Clé de voûte
Clé de voûte.
La voûte quadripartite de la nef
La voûte quadripartite de la nef.

Architecture interne 1/2.
En pénétrant dans l'ancienne collégiale, le visiteur découvre un monument très lumineux. En effet, toute la vitrerie de la nef est en verre blanc. Tout comme celle d'une bonne partie du transept.
La nef possède quatre travées, bordées de bas-côtés sans chapelles latérales, ce qui ne suffit pas à compenser le poids architectural énorme d'un large transept très saillant (voir plan à gauche).
L'élévation de la nef est à deux étages. Avec ses hautes arcades en tiers point au premier niveau (photo à gauche), l'impression d'élancement est assurée. Le second niveau reçoit les grandes fenêtres qui sont séparées des arcades par une mince corniche. Elle s'interrompt pour laisser passer la colonne engagée qui court sur les piles depuis la base jusqu'à la retombée des voûtes. Ainsi, cette étroite corniche ne vient pas couper l'impression d'élancement. On remarque que la retombée des voûtes descend jusqu'au bas des hautes fenêtres. L'architecte a créé une sorte d'équilibre visuel entre la hauteur des arcades et la coiffe que constitue la voûte. La nef ne possède ni tribunes, ni triforium.
Le visiteur pourra passer un peu de temps à admirer la diversité des chapiteaux à feuillage dans la nef et le transept (quelques-uns sont donnés dans cette page). De même, Saint-Gengoult possède quelques très belles clés de voûte, toujours sur un thème floral (voir ci-contre). Enfin, on notera la présence de pierres tombales parmi les dalles. Les plus belles ont été relevées contre le mur nord de la nef.
L'abside de Saint-Gengoult s'inspire de ---»» 2/2.

Architecture interne 2/2. ---»» celle de la cathédrale de Toul. Les cinq pans qui s'élèvent sur toute la hauteur suivent une architecture assez courante en Lorraine. Le chœur possède deux chapelles absidiales (Saint-Nicolas et Sainte-Anne) dont la particularité est d'avoir un réseau de voûte dirigé vers le centre de la croisée et non pas vers l'est (voir plan ci-contre). Enfin un élément à ne pas oublier est la fameuse coursière champenoise que l'on aperçoit très bien dans les chapelles absidiales, notamment dans la chapelle Sainte-Anne. Cette coursière, enrichie d'un garde-corps flamboyant bien après sa construction, passe sous les grandes fenêtres du chœur, mais elle est cachée par le décor classique mis en place après l'époque médiévale.
La chapelle Notre-Dame (photo ci-dessous) est la plus récente des chapelles. Il y avait jadis, sur le côté sud, un porche d'entrée. Après la construction de la façade et du portail occidental, il est devenu inutile. En 1513, on l'a détruit et remplacé par une chapelle surélevée à laquelle on accède, depuis le bas-côté, par quelques marches.

Bas-côté sud
Bas-côté sud.
Chapiteaux avec feuilles de lierre
Chapiteaux avec feuilles de lierre.
Chapiteaux avec feuilles de rue et personnage
Chapiteaux avec feuilles de rue et personnage.
Chapelle dans le bas-côté sud
Chapelle Notre-Dame.
Elle a été bâtie en 1513 dans le bas-côté sud après suppression
du porche rendu inutile par la construction du portail occidental.
Chapiteaux avec feuilles d'armoise
Chapiteaux avec feuilles d'armoise.
Chapiteaux avec feuilles de persil
Chapiteaux avec feuilles de persil.
Chapiteau avec renoncules
Chapiteau avec renoncules.
La nef et le bras nord du transept
La nef et le bras nord du transept.
Clé de voûte avec tête d'ange
Clé de voûte avec tête d'ange.

Possessions et revenus de la collégiale Saint-Gengoult. Le financement de la construction des églises est un sujet peu traité par les historiens. Qui passe devant une cathédrale médiévale ou une église baroque du grand siècle en se demandant : «Qui a payé ?». C'est-à-dire : qui a payé les matériaux ? qui a payé les ouvriers ? qui a payé les architectes ? À peu près personne. Le regard actuel se tourne davantage vers la prouesse technique que constitue l'édification de monuments souvent gigantesques. La question : «Comment ont-ils pu construire ça ?» éclipse toutes les autres.
Pourtant le financement de la construction est primordial car viennent s'y greffer les concepts économiques centraux de création de richesses et d'échanges. On sait, par exemple, que la construction de la cathédrale de Paris a été en grande partie financée par les revenus des chanoines du chapitre qui étaient de grands propriétaires terriens et immobiliers. Pour remplir leur cagnotte, ils n'hésitaient pas à oppresser démesurément les serfs de leurs domaines. La taille était imposée par les clercs aussi souvent qu'il le fallait, et avec l'assiette jugée nécessaire.
Pour l'église Saint-Gengoult, les médiévistes paraissent avoir peu de traces de dons importants ou de legs attribués au chapitre par des bourgeois de la ville. En 2014, dans un article des Études touloises consacré à Saint-Gengoult, l'historien Sébastien Georges se contente d'écrire que les bourgeois de Toul «ont financé une partie de la construction de l'édifice.» Sans donner aucun détail. Certes, mais, dans les faits, il n'est pas faux d'avancer que l'importance des revenus des chanoines assurait, comme à Paris, la plus grande partie du financement et permettait de payer les architectes, les ouvriers, les matériaux et leur transport.
À cette fin, Sébastien Georges traite longuement des revenus du chapitre. En 1065, l'évêque Udon a restauré le chapitre collégial et l'a abondamment pourvu de biens parfois géographiquement éloignés. Ce sont d'abord des possessions foncières : terres (arables ou non), prés, bois et vignes. Ces biens, donnés à bail à des exploitants qui verseront une rente, se situent bien sûr autour de Toul, mais aussi dans toute la Lorraine. Il y en a dans les Vosges, à Bouzemont ou Bazegney. Comme les monastères servaient également d'établissements de crédit, on en déduit immanquablement que ces propriétés n'ont pu que s'accroître par le biais de ce qu'on appelait au Moyen Âge le mort gage, une sorte de prêt à intérêt déguisé. La Révolution française, en fermant tous les monastères, a sonné le glas de cette richesse domaniale.
Aux dons de possessions foncières s'ajoute un élément de prestige : le don de seigneuries. La seigneurie, c'est le pouvoir temporel sur un domaine englobant un ou plusieurs villages. Ce pouvoir prend par exemple la forme de redevances sur l'utilisation des biens d'équipement (fours, moulins, pressoirs). Par ce moyen, la collégiale s'élève au même rang que les plus prestigieux des établissements religieux locaux. Citons, par exemple, les villages de Bouzemont, Bazegney, Bagneux, Minorville et Crézilles dont elle est le seigneur et où elle a droit de haute justice.
Il faut ajouter ensuite l'autorité spirituelle sur de nombreuses cures. Pratiquement, c'est un droit de patronage. Et plus clairement encore, c'est un droit de ponction sur les dîmes et les offrandes des fidèles dans les paroisses qui dépendent de la collégiale. À charge pour cette dernière d'assurer un revenu décent au desservant de la cure en lui laissant la portion congrue. Rappelons que congrue vient du latin congruus qui signifie «comme il faut» ou «convenable». En pratique, loin de lui verser une rente, la collégiale abandonnait au vicaire une part des dîmes ou des offrandes.
Au fil des siècles, la collégiale s'est enrichie de biens plus importants encore. Sébastien Georges parle de halles, de granges, de lacs et de rivières. Elle possédait même une place à sel dans le Saulnois, à Moyenvic. Vu l'importance du sel à cette époque, elle devait en tirer de copieux revenus. De par sa double puissance temporelle et spirituelle, le chapitre de Saint-Gengoult se posait comme un acteur incontournable dans le monde laïc et ecclésiastique lorrain.
Ce rôle s'accrut encore par deux contrats de pariage avec les deux seigneurs les plus puissants de la contrée. En 1261, le chapitre et le comte de Bar s'associent à la tête de la seigneurie de Minorville. En 1310, il s'associe avec le grand rival du comte, le duc de Lorraine, à la tête de la seigneurie de Bouzemont, dans les Vosges. Quelle est la raison de ces pariages (qui - comme le nom l'indique - entraînent le partage à 50/50 de tous les revenus) ? Sébastien Georges avance deux hypothèses. La première est que le chapitre, en tant que corps religieux, ne peut dresser l'épée pour défendre ses domaines ; il a donc besoin d'un bras armé : argument assez étonnant puisque cette alliance aurait alors dû se produire partout en France, en Lorraine et ailleurs, ce qui n'est pas le cas. Mais, en réalité, cette explication s'inverse si l'on part du principe que la collégiale voyait dans le comte de Bar et le duc de Lorraine des envahisseurs potentiels, ou, pis, des agresseurs certains. Y a-t-il eu des pressions exercées sur le chapitre qui aurait alors préféré céder 50% que tout perdre ? N'est-ce pas une forme d'extorsion de fonds contre une «protection» imposée ? Bref, du racket. Minorville et Bouzemont sont assez loin de Toul... Seconde hypothèse avancée par Sébastien Georges : les deux rivaux qu'étaient le comte de Bar et le duc de Lorraine devaient s'assurer des bases solides pour étendre leur pouvoir en Lorraine. Ces pariages représentaient pour eux des fiefs rendus plus forts par le présence spirituelle de la collégiale.
Évidemment partager ses revenus, c'est réduire son pouvoir. Par ces pariages, le chapitre de Saint-Gengoult perdait une partie de son autonomie, donc de sa souveraineté. «Dès lors, écrit Sébastien Georges, on peut considérer que le chapitre voit, en ce début du XIVe siècle, la fin de son apogée.» Mettons le doigt sur la concomitance des événements : le début du XIVe siècle, c'est aussi la fin de la deuxième phase de construction de l'église, que les historiens situent aux alentours des années 1310-1315. Saint-Gengoult devra attendre la fin du XVe siècle pour mettre en chantier la troisième et dernière phase de la construction et voir s'élever les deux dernières travées, la façade occidentale et le cloître.
Source : Histoire de la collégiale Saint-Gengoult de Toul, Études touloises, avril 2014, par Sébastien Georges.

Pierre tombale : un prélat (partiel)
Pierre tombale d'un prélat (vue partielle).
Pierre tombale dressée contre le mur gouttereau
Pierre tombale dressée contre le mur nord de la nef (partiel)
Pierres tombales dressées contre le mur nord de la nef
Pierres tombales dressées contre le mur nord de la nef.
Ces pierres étaient autrefois intégrées dans le pavé de l'église.
Pierre tombale au sol (partiel)
Chapiteau avec feuilles de chou
Chapiteau avec feuilles de chou.
Chapiteaux avec feuilles de millepertuis
Chapiteaux avec feuilles de millepertuis.
«««--- Pierre tombale d'un prélat sur la dallage de la nef
(vue partielle)
Chapiteaux à thème floral
Chapiteaux à thème floral.
Chapiteau avec feuilles de bryone
Chapiteau avec feuilles de bryone.
LE TRANSEPT DE L'ÉGLISE SAINT-GENGOULT
Le chœur avec le bras nord du transept et les chapelles absidiales
Le chœur avec le bras nord du transept et les chapelles absidiales.
La présence de verre blanc dans une grande partie de la vitrerie apporte une forte luminosité au transept.
Autel de la Vierge dans le bras sud du transept
Autel de la Vierge dans le bras sud du transept.
Le martyre de saint André (bras sud du transept)
Le martyre de saint André.
Toile anonyme dans le bras sud du transept.
Vitrail de la baie 14 dans le transept sud
Partie figurative du vitrail de la baie 14 dans le bras sud transept.
Importante restauration du XIXe siècle dans la partie inférieure
qui présente quatre saints évêques de Toul : Mansuy, Epvre, Gauzelin et Aimon.
La moitié supérieure du vitrail (dont le tympan) est en verre blanc.
Saint Epvre (vitrail de la baie 14), XIXe siècle
Saint Epvre,
Ancien évêque de Toul
Vitrail de la BAIE 14, XVe & XIXe siècle.
Saint Gauzelin vitrail de la baie 14, XIXe siècle
Saint Gauzelin
Ancien évêque de Toul
Vitrail de la BAIE 14,
XVe & XIXe siècle.

Saint Epvre et saint Gauzlin. Ces deux parties inférieures de la baie 14 (bras sud du transept) sont des reconstructions partielles du XIXe siècle réalisées à la manière du XVe. Les saynètes des piédroits, en grisaille et jaune d'argent, sont du XVe siècle et représentent des anges musiciens.
On pourra se reporter à une vitrerie en totalité du XVe siècle, le magnifique vitrail des Saints-Innocents à la cathédrale Notre-Dame de Rouen, qui affiche de très belles saynètes.

La Vierge écrasant le serpent, tableau de l'autel de la Vierge Un angelot dans le bas-relief du Christ mort
Un angelot dans le bas-relief du Christ mort.
Œuvre de Rémy-François Chassel.
«««--- La Vierge écrasant le serpent
Tableau anonyme de l'autel de la Vierge.
Bas–relief du Christ mort par François Chassel (autel des Agonisants dans le bras nord du transept)
Bas-relief en marbre du Christ mort par Rémy-François Chassel.
Autel des Agonisants dans le bras nord du transept.
Autel des Agonisants dans le bras nord du transept
Autel des Agonisants dans le bras nord du transept.
La toile doit être une copie de celle qui se trouve à l'église
Saint-Jacques de Lunéville. Voir à cette page le texte qui est joint.
Vierge à l'Enfant dans l'autel des Agonisants
Vierge à l'Enfant.
Statue polychrome du XVe siècle.
Autel des Agonisants.
Autel dans le transept nord
Autel en gothique flamboyant dans le bras nord du transept.
Dais du XVe siècle avec tourelle et poivrières (baie 14)
Dais du XVe siècle avec tourelle et poivrières (BAIE 14)
La Vierge honorée par les saints et les saintes
La Vierge honorée par les saints et les saintes.
Tableau anonyme dans le bras sud du transept.
Saint Mansuy ressuscitant les fils du gouverneur de Toul, XVIIIe siècle
Saint Mansuy ressuscitant
les fils du gouverneur de Toul.
Tableau anonyme, XVIIIe siècle.
Ange musicien du XVe siècle (baie 14)
Ange musicien du XVe siècle (baie 14)
Anges musiciens du XVe siècle (BAIE 14)

Les vitraux du transept. Les baies 13 et 14 du transept sont dites «verrières mixtes» : la moitié supérieure est en verre blanc (voir la photo du transept donnée plus haut).
Constituées de personnages nichés sous de hauts baldaquins, leur valeur historique n'est pas la même. Le bas de la verrière sud (baie 14) a été partiellement recréé au XIXe siècle. Il en va ainsi des saints évêques de Toul (Mansuy, Epvre, Gauzelin et Aimon) et des petites scènes qu'ils surmontent. Les délicates saynètes des piédroits sont médiévales, tout comme les dais et les bordures décoratives.
En revanche, la partie figurative de la baie 13 au nord (donnée ci-contre) est entièrement médiévale. Elle se présente comme la baie sud, mais les historiens ont plus de mal à identifier les personnages, tous couronnés par un chapeau de triomphe. Le doute persiste sur le saint évêque de la lancette gauche. La deuxième lancette semble abriter saint Vincent, reconnaissable à son tonnelet et à l'oiseau qui y est perché. Les règles iconographiques de base conduisent à identifier saint Jean-Baptiste dans la troisième lancette. Quant au saint guerrier de la lancette de droite, il reste totalement mystérieux.
Les historiens du vitrail butent toujours sur la datation de ces deux verrières. Ils les rapprochent de verrières similaires en Lorraine et en Allemagne (Munster, Cologne), prennent en compte la grisaille et le jaune d'argent des saynètes. En 1991, Michel Hérold a donné une conclusion de cette analyse : elles pourraient avoir été faites à la fin du XIVe siècle, soit une cinquantaine d'années après l'achèvement du transept. D'où une question qui reste sans réponse : y a-t-il eu une première vitrerie au cours de ces cinquante ans dans le transept?
Source : Congrès archéologique de France, Les trois évêchés et l'ancien duché de Bar, 1991 ; article sur les vitraux de la collégiale par Michel Hérold.

Vitrail de la baie 13 dans le bras nord du transept
Partie figurative du vitrail de la BAIE 13 dans le bras nord du transept (vers 1400).
En partant de la gauche, le deuxième personnage serait saint Vincent, le troisième est saint Jean-Baptiste.
Saint évêque dans le vitrail de la baie 13
Saint évêque dans le vitrail de la BAIE 13 (vers 1400)
Saynètes en grisaille et jaune d'argent dans le dais.
Le dais au-dessus de saint Epvre (baie 13)
Saint Vincent (?) dans la BAIE 14 (Vers 1400).
Saint Jean-Baptiste dans le vitrail de la baie 13
Saint Jean-Baptiste dans la BAIE 13 (vers 1400).
Saint Jean-Baptiste dans le vitrail de la baie 13
Saynète au-dessus du saint évêque de la BAIE 14 (vers 1400).
LE CHŒUR ET SES CHAPELLES ABSIDIALES
Le chœur et ses deux chapelles absidiales
Le chœur et ses deux chapelles absidiales Saint-Nicolas et Sainte-Anne.
Tout comme le cloître, les vitraux du XIIIe siècle de l'abside ont fait la célébrité de l'ancienne collégiale Saint-Gengoult.
Vitrail de la baie 0
Vitrail de la baie axiale (BAIE 0).
Vers 1260-1270.
La Nativité (baie 0)
La Nativité, BAIE 0
Vers 1260-1270.
Panneau du peintre A.

Statue de la Vierge à l'Enfant dans le chœur
Vierge à l'Enfant dans le chœur.
Le maître-autel
Le maître-autel.
Le décor classique qui entoure le chœur cache la coursière qui se trouve au bas des grandes fenêtres.
Un ange dans le chœur
Un ange dans le chœur.
L'évangéliste saint Jean dans le chœur
L'évangéliste Jean dans le chœur.

Le vitrail de la baie axiale 1/2. Dans le chœur, seules les baies centrales 0, 1 et 2 sont vitrées de couleur. La baie axiale est la plus riche. Sur les côtés, les baies 1 et 2 ont reçu, dans une lancette chacune, un pastiche du XIIIe siècle réalisé en 1896 par le maître verrier parisien, Albert Bonnot. À cette occasion, on déplaça des grisailles décoratives médiévales vers les lancettes extérieures des baies 1 et 2. Mais, en réalité, la vitrerie d'avant 1896 faisait une place importante au verre blanc.
Les baies principales de l'église sont pourvues de scènes narratives issues d'un programme iconographique cohérent.
On estime que les baies du chœur ont été mises en place peu après la fin de la première période de construction (aux alentours de 1260). Ce qui donne des verrières remontant aux années 1260-1270. La baie la plus importante est évidemment la baie axiale. Elle est riche de quatorze panneaux illustrant la vie légendaire de saint Gengoult à gauche et la Vie de Jésus à droite. Les autres baies importantes, baie 7 et baie 8 dans les chapelles absidiales, illustrent la vie de trois saints (Agathe, Agapit & Nicolas) ainsi que l'Enfance et la Passion du Christ.
Les lancettes de la baie axiale se distinguent par une large bordure polychrome à feuillages. On donne à droite trois scènes de la Vie de Jésus, réinstallées après une restauration récente : le Massacre des Saints Innocents, la Fuite en Égypte et la Flagellation. Au-dessous, la Légende de saint Gengoult est illustrée par des panneaux montrant l'infidélité de sa femme, Ganéa, ou encore montrant le saint avec Pépin le Bref.
À l'occasion du Congrès archéologique de France en 2006, l'historien du vitrail Michel Hérold s'est livré à une analyse pointue du style des dessins dans les vitraux du XIIIe siècle. Elle fait suite à l'analyse d'une consœur parue en 1988. Michel Hérold met en évidence l'intervention de trois peintres verriers. Le peintre A, auteur notamment du Massacre des Innocents à droite, et de la Nativité à gauche, présente un style archaïsant. Ses personnages sont raides, ses vêtements sans plis, avec souvent des têtes disproportionnés. La Fuite en Égypte (à droite, ci-dessus) présente aussi ces caractéristiques, mais partiellement car un peintre, nommé B par l'historien, est intervenu. Ceci est flagrant dans le personnage de saint Joseph et notamment de la tête. Le peintre B dessine des personnages sveltes, avec une tenue élégante, des vêtements plissés et une petite tête. Michel Hérold lui attribue la paternité des deux panneaux donnés plus bas sur la vie de saint Gengoult ainsi que de la plupart des scènes de la Vie de Jésus. Le troisième peintre, dit peintre C, se distingue des deux premiers par la présence d'un décor architectural ou végétal. La gestuelle y est également bien affirmée : les panneaux du peintre C dépeignent les scènes de manière vivante. Ce style est bien rendu dans la conduite adultère de Ganéa. Michel Hérold attribue à ce peintre tous les panneaux de la vie de saint Gengoult, à l'exception ---»»» 2/2

BAIE 0 - VIE DE JÉSUS
La Flagellation (baie 0)
La Flagellation (BAIE 0)
Vers 1260-1270.
Panneau du peintre B.
La Fuite en Égypte (baie 0)
La Fuite en Égypte (BAIE 0)
Vers 1260-1270.
Panneau du peintre A, saint Joseph est dû au peintre B.
Le Massacre des Saints Innocents (baie 0)
Le Massacre des Saints Innocents (BAIE 0)
Vers 1260-1270.
Panneau du peintre A.
Tympan de la baie 0
Tympan de la BAIE 0, vers 1260-1270.
Le Christ du Jugement est entouré du symbole des évangélistes, de la Vierge et de saint Jean.
On reconnaît le dessin original retenu pour le réseau des tympans lors de la première période de construction (1240-1260).

Quatre scènes de la vie de Jésus dans la baie 0 (vers 1260-1270). Peintre B ---»»»

Le vitrail de la baie axiale 2/2.   --»»» des trois du haut.
La cohérence du travail des peintres doit être soulignée. «Vers 1260-1270, écrit Michel Hérold, soit dès l'achèvement du chœur, une équipe de peintres verriers, qui se plient à un cahier "des charges" précis, assure à l'ensemble des vitraux, exécutés avec rapidité l'unité générale (...).» En effet, l'iconographie suit un thème précis, la structure du dessin est uniforme et la palette des couleurs est la même.
Source : Congrès archéologique de France, Les trois évêchés et l'ancien duché de Bar, 1991 ; article sur les vitraux de la collégiale par Michel Hérold.

Quatre scènes de la vie de Jésus (baie 0)
Le chœur et le sanctuaire
Le chœur et le sanctuaire.
À l'arrière-plan, le maître-autel et le placage de marbre datent du XVIIIe siècle.
Assassinat de saint Gengoult & Châtiment du clerc, amant de la femme du saint (BAIE 0). Peintre B. ---»»»
BAIE 0 - VIE DE SAINT GENGOULT
Assassinat de saint Gengoult & châtiment du clerc, amant de la femme du saint (baie 0)

Qui était saint Gengoult? Comme bien des saints du Christianisme, Gengoult (ou Gendulfe ou encore Gandouffe) est une invention des clercs médiévaux. Au IVe siècle déjà, Eusèbe de Césarée avait couché sur parchemin les martyres «merveilleux» qu'on lui rapportait, noircissant à plaisir la cruauté du monde romain, qui se suffisait bien à elle-même.
Donc Gengoult, de bonne naissance, vit au VIIIe siècle, dans la région de Langres. Il épouse Ganéa, une noble de petite vertu. Laissée seule car son époux est parti guerroyer avec Pépin le Bref, Ganéa prend un amant. À son retour, soupçonneux, Gengoult veut lui faire avouer son adultère, mais Ganéa s'y refuse. Gengoult lui impose alors l'épreuve de l'eau. Elle doit s'emparer d'une pierre au fond d'une fontaine. Si elle est Innocente, il ne se passera rien. Mais elle est coupable et son bras se couvre de cloques. Gengoult abandonne alors sa femme à un possible repentir et se retire de son côté pour se livrer à sa vie de piété. Mais Ganéa se venge en le faisant assassiner par son amant. Peu après, les reliques du saint sont déposées à Langres.
Son hagiographie indique bien sûr que Gengoult réalisa de son vivant quelques miracles et que sa mémoire fut vénérée sans tarder.
Sur ce sujet scabreux des saints légendaires, on pourra se reporter à la vie de saint Austremoine dans la page sur l'abbatiale Saint-Austremoine à Issoire.

Trois scènes de la Vie de saint Gengoult (baie 0)
Trois scènes de la Vie légendaire de saint Gengoult (BAIE 0), vers 1260-1270 :
En bas : Saint Gengoult quitte le roi Pépin le Bref et revient chez lui (?)
Au centre : Miracle de la source (?)
En haut : Infidélité de la femme de saint Gengoult avec un clerc.
Deux scènes de la Vie de saint Gengoult (baie 0)
Deux scènes de la Vie de saint Gengoult (BAIE 0)
Vers 1260-1270.
En bas : saint Gengoult quitte son épouse pour rejoindre Pépin ;
En haut : le roi Pépin le Bref remet une bannière à saint Gengoult.
On remarquera la richesse des ornements latéraux.
Conduite adultère de Ganéa, femme de saint Gengoult (baie 0)
Conduite adultère de Ganéa, femme de saint Gengoult (BAIE 0), Peintre C.

Les grisailles décoratives des bais 1 & 2 (1/2). Les visiteurs de Saint-Gengoult armés d'une paire de jumelles tireront parti d'une observation attentive de ces remarquables grisailles du XIIIe siècle. Si elles sont vues de loin, le risque est grand de passer son chemin devant ce qui paraît n'être qu'une cacophonie de formes hirsutes et de couleurs peu engageantes, dégradées par les siècles. Et pourtant ! Le gros plan donné ci-dessous montre le travail de précision auquel s'est attelé le peintre verrier médiéval.
Commençons par les bordures. Quand elles sont bien conservées, elles sont magnifiques. Sur un fond noir, les bouquets de lierre et de vigne légèrement stylisés se succèdent de bas en haut, mêlant le blanc, le jaune d'or, le rouge et le bleu. C'est cependant dans les lancettes entre les bordures que l'excellence du travail artistique saute aux yeux. Le fond de verre blanc s'est jauni avec le temps, mais la beauté d'ensemble n'y perd pas. Le dessin s'appuie sur de grands quadrilobes enlacés dont le contour dicte la mise en plomb. Contrastant avec le côté jaunâtre des quadrilobes, les étoiles florales aux pétales rouges et bleus (appelées fermaillets), nichées en leur centre, donnent du corps à l'ensemble. À l'intérieur des quadrilobes et entre eux, on distingue une multitude de feuilles et de tiges arrondies, part essentielle de la beauté de la grisaille, et qui justifie une observation rapprochée. Dans son article pour le Congrès archéologique de France, Michel Hérold écrit à ce propos : «La richesse de la verrière vient aussi du lacis de motifs végétaux, crossettes, feuilles de vigne ou de lierre, feuilles dentelées ou polylobées peu naturalistes, peints sur fond de cage à mouches, qui traverse la résille des plombs.»  --»» 2/2

Détail du vitrail de la baie 1 : grisaille du XIIIe siècle à gauche et pastiche du XIIIe siècle à droite
Détail du vitrail de la BAIE 1 :
Grisaille du XIIIe siècle à gauche et pastiche du XIIIe siècle à droite.
Le pastiche représente, en quelques médaillons, la vie légendaire de saint Gengoult.
Les grisailles décoratives de la baie 1 vues en gros plan
Les grisailles décoratives de la BAIE 1 vues en gros plan.
Détail du vitrail de la baie 2 (XIXe et XIIIe siècles)
Détail du vitrail de la BAIE 2 :
À gauche : Pastiche du XIIIe siècle (atelier Albert Bonnot 1896-1902)
représentant la Visitation et la Fuite en Égypte
À droite : Saint martyr disposé «en litre» au milieu d'une grisaille (vers 1260-1270).
Les grisailles décoratives de la baie 2 (vers 1260-1270).
Grisailles décoratives dans la BAIE 2 (vers 1260-1270).
La corrosion n'a pas eu le temps de donner à cette grisaille
l'aspect jaunâtre que l'on voit dans la baie 1.
Le saint portant la palme du martyre dans le vitrail de la baie 2
Le saint portant la palme du martyre dans le vitrail de la BAIE 2.
L'identité de ce personnage n'est pas reconnue.

Les grisailles décoratives des baies 1 & 2 (2/2). Les deux grisailles du chœur contiennent chacune une figure disposée en litre. Évelyne Thomas, docteur en Histoire de l'Art, indique dans son Vocabulaire illustré de l'Ornement (éditions Eyrolles) qu'«une verrière en litre est une verrière où les rangs du décor se superposent en larges bandes». Dans la baie 1, on voit ainsi un personnage annoncé par les historiens comme étant sainte Catherine d'Alexandrie (voir ci-contre à droite). Ses symboles sont ici la couronne et l'épée de la décollation, mais la roue dentelée de son supplice est absente. Cependant une vue en très gros plan du visage laisse planer le doute. Ne serait-ce pas un saint homme ? Avec une couronne, l'iconographie indique que ce ne pourrait être que Louis IX, roi de France, mort en 1270 et canonisé en 1297. Hypothèse irrecevable. Quoi qu'il en soit, la présence d'un menton proéminent choque. Ou est-ce à la dégradation des vitraux qu'il faut attribuer ce qui pourrait être regardé comme une espèce de barbe ?
Le deuxième personnage (baie 2) n'est pas reconnu. Il porte la palme du martyre. Est-ce Saint-Gengoult ?
Source : Congrès archéologique de France, Les trois évêchés et l'ancien duché de Bar, 1991.

Tympan moderne de la baie 2
Tympan moderne de la BAIE 2 : le Couronnement de la Vierge.
Atelier Albert Bonnot, 1896.
Sainte Catherine d'Alexandrie dans le vitrail de la baie 1
Sainte Catherine d'Alexandrie, disposée «en litre» dans le vitrail de la BAIE 1.
Tympan moderne de la baie 2
Le visage en gros plan de sainte Catherine d'Alexandrie (?)
Le menton paraît bien proéminent pour être celui d'une femme.
LA CHAPELLE ABSIDIALE SAINT-NICOLAS (nord-est) ET LA BAIE 7
Chapelle absidiale nord Saint-Nicolas
Chapelle absidiale nord Saint-Nicolas.
Comme dans le sanctuaire, le placage de marbre date du XVIIIe siècle.
Il a caché les registres inférieurs des baies 5 et 7 qui sont derrière.

Le vitrail de la baie 7. Il a fallu attendre l'année 1988 et un article de l'historienne Meredith Lillich paru dans la brochure américaine Art bulletin pour comprendre l'iconographie assez complexe de la baie n°7. Créée dans les années 1260-1270, celle-ci unit les légendes de trois saints : sainte Agathe de Catane, saint Agapit de Praeneste et saint Nicolas de Bari. C'est à saint Nicolas que fut dédiée la chapelle au XIVe siècle. Sa présence dans le vitrail est donc tout à fait naturelle. Les panneaux relatifs à saint Agapit s'expliquent par la présence d'une relique de ce saint au moins depuis le XIe siècle. Udon, évêque de Toul dans la seconde moitié de ce siècle, institue en 1065 un office en son hommage dans l'église qui a précédé l'ancienne collégiale actuelle.
Mais que vient faire sainte Agathe de Catane ? Meredith Lillich en donne l'explication : l'iconographie de la baie 7 serait consacrée à la lutte contre le feu et aux symboles destructeurs de cet élément naturel. Le point de départ est la présence de deux laïcs au côté de saint Nicolas dans l'œil du tympan (photo ci-contre). Ceux-ci auraient offert la verrière en ex-voto pour avoir été sauvés d'un incendie. Dans ce contexte, tout devient logique : Agathe de Catane est traditionnellement invoquée pour se protéger du feu ; Nicolas de Bari est sollicité en cas de grand péril et Agapit, dont la relique suffit à justifier la présence, est néanmoins relié au feu dans un panneau qui le représente suspendu au-dessus d'un brasier (à droite).
À part les deux panneaux inférieurs des lancettes qui sont des créations, vers 1874, de l'atelier Charles Leprévost, l'ensemble de la verrière est daté des années 1260-1270. La lancette gauche illustre des scènes de la vie légendaire de saint Agapit ; celle de droite, de la vie de sainte Agathe de Catane. Cette sainte demeure dans l'iconographie comme la vierge et martyre qui, au cours de son supplice, a eu les seins arrachés par des tenailles. On pourra se reporter aux vitraux Renaissance du martyre de sainte Agathe à l'église Saint-Jean au Marché de Troyes et aussi au vitrail sur le même thème à la cathédrale Notre-Dame de Rouen.
Le tympan est consacré à saint Nicolas de Bari. Les lobes illustrent les épisodes bien connus de sa légende. On citera seulement la dot qu'il attribue à trois jeunes filles menacées d'être livrées à la prostitution, et les trois petits enfants tués dans un saloir et ressuscités par son intercession.
Comme pour les vitraux de la baie 0, on ne peut pas passer sous silence le très beau travail des peintres dans les bordures (voir ci-dessous les deux panneaux de la vie de sainte Agathe). C'est un magnifique entrelacs régulier de feuilles vues de profil sur un fond rouge chatoyant. Feuilles et tiges sont disposées en losange et associent le blanc, l'or, le bleu et le vert.
Sources : 1) Congrès archéologique de France, Les trois évêchés et l'ancien duché de Bar, 1991 ; article sur les vitraux de la collégiale par Michel Hérold ; 2) Corpus Vitrearum, Les vitraux de Lorraine et d'Alsace, CNRS Éditions, 1994.

La chapelle absidiale nord Saint-Nicolas et sa coursière
La chapelle absidiale nord Saint-Nicolas et sa coursière enrichie d'un garde-corps flamboyant.
Derrière les fenêtres obstruées se trouvaient jadis la sacristie au premier niveau et le chartrier au second.
Statue de saint Nicolas
Statue de saint Nicolas
dans la chapelle du même nom.
Les deux laïcs donateurs de la baie 7
Les deux laïcs donateurs de la BAIE 7
dans une maison en flamme.
La chapelle Saint-Nicolas vue du bras sud du transept
La chapelle Saint-Nicolas vue du bras sud du transept.
Saint Agapit suspendu au-dessus d'un brasier (baie 7)
Saint Agapit suspendu au-dessus d'un brasier (BAIE 7)
Le vitrail de la baie 7 dans la chapelle Saint-Nicolas
Le vitrail de la BAIE 7
dans la chapelle Saint-Nicolas.
Sainte Agathe étendue sur un brasier & l'âme de sainte Agathe monte au ciel (baie 7)
Sainte Agathe étendue sur un brasier (en bas)
L'âme de sainte Agathe monte au ciel (en haut)
(BAIE 7).
Saint Agapit dans l'arène (baie 7)
Saint Agapit dans l'arène (BAIE 7).
Antiochus meurt de dépit car Agapit est toujours vivant malgré ses supplices (baie 7)
Antiochus meurt de dépit car Agapit est toujours vivant
malgré ses supplices (BAIE 7).

Le vitrail de la baie 5. C'est la partie décorative associée à la baie n°7. Le style artistique retenu y est moins sophistiqué que celui des baies 1 et 2. Néanmoins, on retrouve des points communs. La bordure, deux fois plus fine, est une simple guirlande de fleurons comme le montre la photo ci-dessous. Les fermaillets sont plus petits et ne contiennent plus qu'une fleur de lys dans un cercle rouge ou bleu. Le reste est semblable aux baies 1 et 2. C'est une grisaille sur fond blanc où se découpent des quadrilobes enrichis d'un feuillage simple.
Source : Congrès archéologique de France, Les trois évêchés et l'ancien duché de Bar, 1991. Article sur les vitraux de la collégiale par Michel Hérold.

Le tympan de la baie 7
Le tympan de la BAIE 7.
Dans l'œil du tympan, saint Nicolas en habit épiscopal.
À gauche du saint : les deux personnes en prière sont présentées
par les historiens du vitrail comme les donateurs.
Les lobes contiennent des épisodes de la vie de saint Nicolas.
Saint Pierre guérit sainte Agathe & sainte Agathe en prière
BAIE 7 : Saint Pierre guérit sainte Agathe dont les seins ont été arrachés (en bas)
Sainte Agathe en prière (en haut).
On remarquera le travail du peintre dans les bordures.
Détail du vitrail de la baie 5
Détail de la partie décorative du vitrail de la baie 5.
LA CHAPELLE ABSIDIALE SAINTE-ANNE (sud-est)
Chapelle absidiale sud
Chapelle absidiale sud Sainte-Anne et sa coursière.
Trois scènes du vitrail de la baie 8
Trois scènes du vitrail de la BAIE 8 :
Entrée à Jérusalem, Comparution devant Pilate, Portement de croix.
La Nativité, auteur anonyme, XVIIe siècle
La Nativité, auteur anonyme, XVIIe siècle.
L'Adoration des mages (baie 8)
L'Adoration des mages (BAIE 8).

Le vitrail de la baie 8. Placé au dessus d'une chapelle au dessin architectural très séduisant, le vitrail de cette baie possède une iconographie fort commune : l'Enfance et la Passion du Christ. Le tympan, donné ci-dessous, accueille un Jugement dernier. Au centre, le Christ Juge est assis sur un trône d'or. Du sang coule de chacune de ses mains. Il est entouré, dans les lobes, d'anges musiciens qui sonnent la résurrection des morts. Dans le lobe supérieur, l'ange effectue la pesée des âmes. Le Corpus Vitrearum indique que les panneaux des lancettes ont été réalisés vers 1260-1270. En revanche, le tympan a été en partie renouvelé vers 1310-1320.
Si le programme iconographique de l'église n'en conserve pas moins toute sa logique, on est étonné par la répétition des thèmes : l'Enfance et la Passion du Christ figurent déjà dans la baie axiale. Sans guère de doute, il faut y voir la volonté des donateurs d'opter pour ce sujet quoi qu'il en coûte (avec bien sûr l'accord du chapitre et selon ses directives).
La disposition du vitrail est étudiée pour s'accorder avec les autres baies historiées. Les bordures, là aussi très travaillées, sont une variante de celles de la baie axiale. Constituées de rinceaux à feuillages, elles encadrent les scènes figuratives qui sont logées dans des médaillons octogonaux reposant sur «champ de mosaïques à résilles obliques» [Corpus Vitrearum].
Sources : 1) Congrès archéologique de France, Les trois évêchés et l'ancien duché de Bar, 1991 ; article sur les vitraux de la collégiale par Michel Hérold ; 2) Corpus Vitrearum, Les vitraux de Lorraine et d'Alsace, CNRS Éditions, 1994.

Le tympan de la baie 8 et sa rose représentant le Christ juge
Le tympan de la BAIE 8 et sa rose représentent un Jugement dernier.
Dans les lobes, les anges musiciens sonnent la résurrection des morts.
Chapelle absidiale sud et chapelle du bas-côté sud
Chapelle absidiale Sainte-Anne et chapelle dans le bras sud du transept.

Deux scènes du vitrail de la BAIE 8 : Nativité et Présentation au temple ---»»»
(vers 1260-1270)
Deux scènes du vitrail de la baie 8
L'orgue de tribune
L'orgue de tribune de 1870 et son buffet néogothique.
Cet orgue de 32 jeux a été réalisé par le facteur lorrain Jacquot de Rambervillers.
L'intrados de la tribune d'orgue est à caissons tréflés
L'intrados de la tribune d'orgue est à caissons tréflés.
La nef et l'orgue vus de la croisée
La nef et l'orgue vus de la croisée.
Le vitrail Renaissance de la baie 24, au-dessus de l'orgue, était déposé pour restauration quand la photo a été prise.

Documentation :Toul en Lorraine, Association Le Pélican, éditions Schell & Steiner
+ Lorraine gothique de Marie-Claire Burnand, éditions Picard
+ Lorraine gothique de Suzanne Braun, éditions Faton
+ Histoire de la collégiale Saint-Gengoult de Toul, Études touloises, avril 2014, par Sébastien Georges
+ Congrès archéologique de France de 1933, Nancy & Verdun, article de Jean Vallery-Radot sur la collégiale
+ Congrès archéologique de France de 1991, Les trois évêchés et l'ancien duché de Bar, article sur les vitraux de la collégiale par Michel Hérold
+ Congrès archéologique de France de 2006, Nancy & Lorraine méridionale, article de Marc Carel Schurr sur la collégiale
+ Le vitrail en Lorraine du XIIe au XXe siècle, Éditions serpenoises, Centre culturel des Prémontrés
+ Corpus Vitrearum, Les vitraux de Lorraine et d'Alsace, CNRS Éditions, 1994
+ Vitraux de France, Alsace, Lorraine, Franche-Comté, éditions Saep, 1970.
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