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Page créée en fév. 2024
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Voir la nef de la cath&édraleVoir le transept de la cathédraleVoir le chœur et la crypte de la cathédraleVoir le déambulatoire et ses chapelles
Vitrail du D-Day en Normandie par Mayel, détail

La cathédrale de Bayeux est un édifice qui se rattache à la fois à l'art roman et à l'art gothique. C'est l'une des grandes cathédrales de Normandie et la seule qui ait passé l'écueil de la seconde guerre mondiale sans aucun dommage.
Une cathédrale romane fut érigée au XIe siècle et dédicacée en 1077 en présence de Guillaume le Conquérant et de son épouse, la reine Mathilde. De cet édifice, tout ne s'est pas perdu puisque son plan a servi de canevas à la cathédrale actuelle. Il affichait des dimensions imposantes : longueur de 80 ou 90 mètres ; large nef de six travées ; large transept ; chœur profond bordé de bas-côtés. Odon de Conteville (1049-1097), frère utérin de Guillaume le Bâtard (et futur Conquérant), semble en avoir assuré la construction de bout en bout. Ayant pris une part importante dans l'expédition anglaise, Odon reçut le comté de Kent en récompense, ce qui lui apporta sans aucun doute les finances nécessaires pour élever un monument de cette taille.
Un incendie détruisit la cathédrale romane trente ans plus tard. Il nous en reste aujourd'hui la crypte et la structure des tours de la façade occidentale. De même, on retrouva à cette occasion la trace de tribunes au-dessus des bas-côtés de la nef et de ceux du chœur. La cathédrale romane devait vraiment être imposante.
Après l'incendie, on reconstruisit. En 1160, nouvel incendie. Il fallut à nouveau reconstruire. Cependant, le style architectural avait évolué. L'art roman avait cédé la place au premier art gothique qui, à son tour, allait évoluer.
Résultat : la cathédrale de Bayeux, que l'on a rebâtie en grandiose, date du XIIIe siècle pour sa plus grande partie. C'est un édifice gothique normand mêlant le gothique rayonnant et le gothique flamboyant.
Pour en assurer le financement, plusieurs bulles pontificales accordèrent des indulgences en 1243, 1244 et 1254.
Tandis que les portails romans de la façade ouest étaient enrobés d'un placage gothique, l'architecte opta pour une nef à deux niveaux d'élévation. Le premier a conservé l'ancien étage roman ; le second, de style gothique, présente une suite de grandes baies qui donne à l'édifice un impressionnant aspect de cage de verre.
Complétée et agrandie après la guerre de Cent Ans, la cathédrale subit les foudres des guerres de Religion. En 1562, les iconoclastes détruisirent les vitraux, le mobilier et bien des statues. Le trésor médiéval fut entièrement pillé et détruit, de même que l'orgue.
À la Révolution, la Constituante lança en 1790 un processus de réunion des paroisses dans toute la France avec, pour conséquence, le changement de statut, la vente ou la destruction de centaines d'églises. À Bayeux, la paroisse cathédrale fut la seule paroisse conservée avec, toutefois, trois succursales : Saint-Jean, Saint-Patrice et Saint-Loup. L'évêque en place refusa de prêter serment à la Constitution civile du Clergé, comme d'ailleurs l'immense majorité des curés de son diocèse. Il quittera la France pour Jersey en mai 1791. Claude Fauchet, évêque constitutionnel, aux idées en accord avec la Révolution, fut élu au siège épiscopal. Il mourra sur l'échafaud, avec les Girondins, en octobre 1793.
Début 1793, la cathédrale est profanée ; l'autel, souillé. En novembre, le culte de la Raison est proclamé. À Bayeux, la cathédrale en devient le temple. En décembre, le chœur et ses bas-côtés sont transformés en grenier à blé (ce qui les protégera jusqu'à la fin de la tourmente). En mai 1794, la Convention reconnaît l'existence de l'Être suprême. On porte cette inscription sur la porte principale de la cathédrale ; elle sera effacée l'année suivante. (À l'église d'Houdan dans les Yvelines, le texte, inscrit sur un linteau de la façade, est toujours en place.) Avec le Concordat, les limites du diocèse sont redéfinies. Il perd des territoires du côté de la Manche et de l'Orne, mais gagne tout le territoire de Lisieux. En fait, il est presque calqué sur le département du Calvados.
La cathédrale ne fut vraiment achevée que sous le Second Empire car, dans les années 1850, un problème architectural remua la ville : conserver ou non la tour centrale qui menaçait de s'écrouler (voir l'histoire en page 3). Les baies des chapelles et des grandes façades du transept reçurent une nouvelle parure de vitraux.
Par chance, les combats de juin 1944 la laissèrent intacte (voir plus bas).
Les fouilles menées sous le Second Empire mirent à jour d'importants restes romans, trace du glorieux passé de la cathédrale au XIIe siècle et des époques antérieures. Combinées à l'originalité de la construction du siècle suivant, l'historien Jean Vallery-Radot a pu écrire en 1922 que «cet édifice occupe une place de premier ordre dans l'histoire de l'évolution du style gothique normand au XIIIe siècle.»
Cette page 1 est consacrée à l'aspect extérieur de l'édifice.

La tour centrale vue de nuit

Page 2 : la nef et ses chapelles
Page 3 : le transept

Page 4 : le chœur et la crypte romane
Page 5 : le déambulatoire et ses chapelles


La cathédrale de Bayeux : vue d'ensemble depuis le haut de l'escalier qui surplombe la nef.
Le premier niveau d'élévation est roman (XIIe siècle) ; le second, gothique (XIIIe siècle).
L'EXTÉRIEUR DE LA CATHÉDRALE

La cathédrale de Bayeux vue du chevet.
C'est la première vue de l'édifice qui s'impose aux visiteurs.
En effet, l'artère touristique qui mène à la cathédrale débouche sur le chevet et non sur la façade occidentale.
LA FAÇADE OCCIDENTALE

La façade occidentale de la cathédrale de Bayeux conserve une structure romane.
Au-dessus du portail central : la galerie des évêques.


Les étages supérieurs de la tour sud sont de style typiquement roman.
Ici, cinq ouvertures en plein cintre ornent l'élévation au-dessous de la flèche.




Les quatre évangélistes et leurs symboles
ornent le toit des lucarnes.
En bas, le lion de saint Marc
En haut, le taureau ailé (?) de saint Luc.

Des observations récentes ont conclu à la présence des quatre évangélistes et de leurs symboles au sommet des toits en bâtière des hautes lucarnes.
Ces sculptures, que personne ne voit, ont-elles été confiées à un apprenti ?

Les pyramides ne sont pas semblables.
Les deux différences entre les pyramides qui terminent les tours s'observent avec une paire de jumelles ou un téléobjectif.
Au nord (ci-contre à droite), la pyramide est couverte d'une alternance de panneaux d'écailles et d'assises de pierre, des «bandes striées et des dentelures carrées», écrit l'historien Louis Serbat en 1908 pour le Congrès archéologique de France. Au sud, il n'y a pas de panneau d'écailles.
D'autre part, la corniche (située juste sous la naissance de la flèche) est différente : au sud, c'est une suite de petites arcades subdivisées avec parfois des masques ; au nord, c'est une suite simplifiée de consoles droites, dépouillées de tout ornement (voir photos plus bas).


Pourquoi la ville de Bayeux est-elle restée intacte en juin 1944 ? (1/2)
Bayeux était dans le secteur britannique du Débarquement. Une fois prise, les Anglais en firent une ville-hôpital. Certes, mais avant ?
Située à sept kilomètres de la Manche et directement menacée par les soldats alliés débarquant sur Gold Beach, la garnison allemande aurait dû logiquement être placée en état d'alerte dès le 6 juin au matin et mettre en place les dispositions défensives pour interdire l'accès de la ville à l'ennemi (points fortifiés, mitrailleuses dans les carrefours, etc.).
On lit sur le site www.bayeuxmuseum.com que la majeure partie de la garnison allemande avait quitté la ville dès le 6 juin. Pourquoi ? Ce point reste obscur. Est-ce seulement parce que le général Marcks, commandant le 84e corps allemand (qui faisait face aux troupes anglaises), avait donné la priorité à Caen, une cité qui devait être protégée par un solide rideau défensif ? ---»»

La façade occidentale de la cathédrale.
Deux tours massives enserrent une partie centrale plutôt étroite. Même si la façade mêle les styles roman et gothique, sa structure et son aspect général restent romans. En témoignent les gros contreforts à larmiers (dressés après l'incendie de 1105) qui s'élèvent le long des tours. En témoignent aussi les fenêtres en plein cintre des étages supérieurs de ces tours.
Au milieu du XIIIe siècle, le style gothique s'épanouit. De ce siècle datent les flèches (quasiment identiques) qui surmontent les tours. Date aussi la suite des cinq portails, littéralement plaqués sur les portails romans et qui cachent l'ancienne base de la façade. Celui du centre a été totalement transformé en 1778. Le tympan a été percé d'un oculus.
Le portail central est surmonté d'une petite terrasse bordée d'un beau garde-corps à cercles jointifs avec, au-dessus, une grande verrière en tiers-point de style gothique rayonnant. Cette dernière est malheureusement cachée en grande partie, à l'intérieur, par le grand orgue de tribune.
Une élégante galerie d'évêques se dresse sous le grand pignon terminal. La photo ci-contre date de l'année 2009. D'autres photos de cette page datent de 2018, une époque où les statues avaient été descendues dans la salle basse de la tour nord. En effet, une photo plus bas montre une galerie vide.
Voir les commentaires sur les statues, les portails et les tympans.
Source : La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920.


Élévation romane de la façade : la tour sud.

Passage du plan carré au plan octogonal au niveau de la flèche de la tour nord.
Des tourelles d'angle et de hautes lucarnes
à toit en bâtière ornent la base de la flèche.

Pourquoi la ville de Bayeux est-elle restée intacte en juin 1944 ? (2/2)
---»» Dès le 6 juin, la batterie côtière de Longues-sur-Mer (juste au nord de Bayeux) a été prise sans combattre par les Britanniques. Était-ce suffisant pour abandonner la ville ? Ce qui restait de la garnison allemande fut également fait prisonnier sans combat. On s'en étonne.
Autre possibilité : le commandant de la garnison allemande de Bayeux n'aurait pas été une tête brûlée et aurait décidé de retirer ses troupes, prétextant une impossibilité de défendre la ville sans disposer de renforts...


Art roman : la corniche au-dessous de la flèche nord est une simple succession de petites consoles droites et nues.

Art roman : la corniche au-dessous de la flèche sud est une suite de petites arcades subdivisées, ornée de masques et de petites sculptures.
LA FAÇADE GOTHIQUE

Écoinçon au-dessus du portail central : un clerc à genoux (sans doute un donateur).

Les statues de la façade (d'après un article de La Manche Libre de décembre 2009).
La galerie dite des évêques accueille dix statues monumentales de deux mètres de haut pesant chacune environ 500 kilogrammes. Pour des raisons de sécurité, elles ont été déposées dans la salle basse de la tour nord. Un lent programme de restauration est prévu : une à deux statues par an. L'ensemble ne regagnera la façade qu'après une possible restauration de cette dernière.
Les statues présentent de multiples désordres. Jérôme Beaunay, architecte des Bâtiments de France et conservateur de la cathédrale, se confie à La Manche Libre : «Les fixations métalliques sont oxydées, les pierres et les sculptures sont fissurées et érodées par le vent, la pluie et l’usure du temps. La galerie sera purgée et sécurisée.»
Notons que dans son ouvrage La cathédrale de Bayeux publié dans les années 1920, Jean Vallery-Radot indique que la plupart des têtes ont été refaites en 1845.
Les façades des grandes cathédrales françaises présentent en général une galerie de rois, de prophètes, de saints du Nouveau Testament, voire de saints locaux. Celle de Bayeux est la seule qui soit ornée d'une galerie d'évêques. Les historiens ne savent d'ailleurs pas si ce sont bien là les titulaires historiques de l'évêché bayeusain.
Quelle époque leur donner ? Le style des drapés fait penser à la fin du XIIIe siècle, indique l'architecte Jérôme Beaunay qui ajoute : «cette iconographie particulière illustre certainement une volonté religieuse et politique affichée d’affirmation du pouvoir épiscopal sur la cité et le diocèse.»
Source : www.lamanchelibre.fr.
Article de Christelle Fouque du 2 décembre 2009 : Bayeux : les évêques de la cathédrale livrent leurs mystères.

«««--- Élévation centrale de la façade occidentale.

La galerie des évêques est datée de la fin du XIIIe siècle.
Les statues ont été déposées pour être restaurées. En 2024, elles n'ont toujours pas regagné leur place.


Statues de la galerie des évêques
dans la salle basse de la tour Nord.
Fin du XIIIe siècle.
LES CINQ PORTAILS DE LA FAÇADE OCCIDENTALE

Les cinq portails du XIIIe siècle de la façade occidentale.
En 1778, le portail central a été transformé (avec un oculus à la place du tympan).

Portail central : le Christ en bas-relief
sur un vantail de la porte,
XVIIIe siècle ?

Les cinq portails de la façade.
érigés au XIIIe siècle et de style gothique, ces portails masquent la base romane de la façade. Des gâbles pointus terminent les deux portails latéraux au nord et au sud. L'architecte de l'époque s'est attaché à orner ces gâbles d'une élégante rose entourée de quatre petites ouvertures circulaires. On remarquera que tous les dessins sont différents. Transformé en 1778, le portail central n'a plus de tympan sculpté, plus d'anges dans les voussures, plus de statues-colonnes dans les embrasures. En 1562, les iconoclastes ont d'ailleurs brisé les statues.
Les vantaux de la double porte de bois, vraisemblablement du XVIIIe siècle, présente le Christ et la Vierge en bas-relief.
Trois portails servent à l'entrée dans la cathédrale. Les deux portails des extrémités ont un rôle purement décoratif.
Dans les deux portails qui jouxtent le portail central, on remarquera que la porte n'est pas centrée. Ceci s'explique par la présence, en arrière-plan, d'un fort contrefort roman qui descend du haut de la tour jusqu'au sol et qui fait saillie. L'architecte de l'âge gothique a caché ce contrefort par une étroite niche qui prend appui sur une fine colonne et qui est surmontée d'un dais.
Le point le plus intéressant de cette suite de portails se trouve dans les deux tympans historiés des portails secondaires qui donnent accès aux salles basses des tours. Le temps les a bien dégradés, mais on y trouve encore des saynètes pleines de sens.
Sources : 1) La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920 ; 2) La cathédrale de Bayeux de François Neveux, Orep éditions, 2007.


Portail central : la Vierge en bas-relief
sur un vantail de la porte,
XVIIIe siècle ?
PORTAIL NORD : LE TYMPAN DE LA PASSION

Portail secondaire nord : les voussures et le tympan de la Passion.

Le tympan de la Passion (XIIIe siècle).
Sculpté au XIIIe siècle, le tympan de la Passion est en meilleur état que son pendant de droite, celui du Jugement Dernier.
Le registre du bas est constitué de la Cène et du Lavement des pieds (donné ci-contre). Au-dessus se trouvent le Baiser de Judas, partie intégrante de l'Arrestation au jardin des Oliviers, puis la Flagellation et le Portement de croix (ci-dessous à droite).
Les registres supérieurs montrent la Crucifixion. Jésus crucifié est entouré de la Vierge, de saint Jean et des saintes femmes. Au-dessus, le Père céleste en majesté.
De part et d'autre du Père, Jacques Thirion, pour le Congrès archéologique de France en 1974, remarque deux autels : un grand calice est posé sur l'un ; les tables de la Loi sont disposées sur l'autre.
Les voussures accueillent des hommes et des femmes qu'il est difficile d'identifier. Six portent une couronne sur la tête. S'agit-il des rois de la Bible ? La part de la restauration semble peu importante. Huit figures assises ont été refaites par Hotin en 1889.
Sources : 1) La cathédrale de Bayeux, Congrès archéologique de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974 ; 2) La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920.


Tympan de la Passion
XIIIe siècle.
Pour Jacques Thirion (Congrès archéologique de France, 1974),
les différences de style montrent que les deux registres du bas sont l'œuvre de deux sculpteurs différents.

Au premier registre : la Cène.
Malgré l'état dégradé de la pierre, l'historien Jacques Thirion donne en 1974 pour le Congrès archéologique de France une description fouillée de la Cène (photo donnée ci-dessous).
On lit sous sa plume :
«Les attitudes des apôtres à table sont mouvementées et le sculpteur s'est ingénié à les diversifier : l'un tient une coupe, d'autres relèvent la tête, d'autres, accoudés, semblent converser avec vivacité ; la nappe drapée avec soin est rythmée par des retombées en volutes auxquelles correspondent, sous la table, les groupes de pieds des convives et les volutes de leurs tuniques. L'attitude de saint Jean renversé sur la poitrine du Christ trahit son émotion. Pour éviter une longue tablée un peu monotone, l'artiste l'a accostée sur la droite de deux groupes d'apôtres debout, en train de bavarder. Afin de couronner la colonnette qui s'élance à droite de la porte, un groupe d'apôtres fait habilement saillie au-dessus, à la manière des figures d'un trumeau.»
Source : La cathédrale de Bayeux, Congrès archéologique de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974.

Ornementation florale sous le tympan de la Passion ---»»»

Femme menaçante dans une gargouille de la façade ouest.

La Passion, détail : le Lavement des pieds.

Au premier registre : le Lavement des pieds.
L'historien Jacques Thirion, pour le Congrès archéologique de France de 1974, décrit cette saynète d'une façon très précise :
«La scène du Lavement des pieds est particulièrement charmante, avec des personnages infléchis, aux têtes souriantes, encadrées de mèches bouclées, penchés sur le Christ avec admiration, tandis que quelques disciples près de l'angle, manifestent leur émoi comme des élèves prêts à chahuter, les coudes collés au corps, les bras et les mains relevés avec une certaine préciosité. La multiplicité des plis, parfois réduits à des sortes de hachures, suggèrent des draperies souples, mais les corps sont robustes, voire trapus, avec des épaules trop larges, des têtes rondes et un peu fortes.»
Source : La cathédrale de Bayeux, Congrès archéologique de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974.


La Passion, détail : Flagellation et Portement de croix.

Au deuxième registre : le Portement de croix.
Dans cette saynète à deux personnages, Jacques Thirion pour le Congrès archéologique de France de 1974 voit «un élan plein de vérité de Marie, éperdue de douleur derrière le Christ chargé de sa croix.»


La Passion, détail : la Cène (XIIIe siècle).
PORTAIL SUD : LE TYMPAN DU JUGEMENT DERNIER

Portail secondaire sud : les voussures et le tympan du Jugement dernier.

Le tympan du portail central a disparu.
À l'évidence, le portail central possédait aussi un tympan sculpté (qui a été détruit au XVIIIe siècle). Pour Jacques Thirion, il est fort probable qu'il représentait la Glorification de la Vierge à qui la cathédrale était dédiée. Une statue de la Vierge devait aussi se dresser au trumeau.
La cathédrale de Reims offre d'ailleurs ce tryptique : la Crucifixion sur la porte nord, le Couronnement de la Vierge au centre et le Jugement dernier sur la porte sud.
Source : La cathédrale de Bayeux, Congrès archéologique de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974.


Voussures du Jugement dernier, détail.
Les statuettes de la partie supérieure ont été refaites au XIXe siècle.

Le tympan du Jugement dernier (1/2).
Traditionnellement parmi les bas-reliefs illustrant le Nouveau Testament, les représentations du Jugement dernier sont les plus intéressantes. La séparation entre les Justes et les damnés, la gueule du Léviathan (qui symbolise la porte de l'Enfer), les supplices infligés aux méchants portent toujours la griffe d'une époque, les volontés d'un chapitre de chanoines ou la vision personnelle d'un évêque. On peut aussi y trouver l'expression de la foi du sculpteur quand il est laissé libre dans son travail, une fois le thème de la sculpture imposé.
Le Jugement dernier de la cathédrale de Bayeux ne déroge pas à la règle, en dépit des nombreuses dégradations qui l'accablent.
Les deux registres du bas offrent deux scènes de résurrection des morts sortant de leur tombeau.
Au premier registre, les morts sont des damnés. «Les défunts, écrit l'historien Jacques Thirion pour le Congrès archéologique de France en 1974, sortent tout habillés de leurs tombeaux ; ils enjambent leur sarcophage ou se tiennent debout, serrés les uns contre les autres, avec des gestes qui miment la supplication ou la stupeur.» Au centre du registre, une porte, gardée par un diable, symbolise l'entrée de l'Enfer. Selon Jacques Thirion, cette porte est une restauration moderne. Des démons portent des damnés sur leurs épaules, sans doute pour les contraindre à entrer dans le royaume infernal. La partie droite du registre du bas illustre l'Enfer et ses supplices. Malheureusement, la pierre est très dégradée.
Au deuxième registre, les ressuscités sont des élus. Sur la gauche, deux niveaux de sarcophages s'ouvrent. Au centre, des ressuscités, déjà debout, «se dressent sur toute la hauteur du registre, écrit Jacques Thirion, en levant la tête vers le ciel, avec des expressions de reconnaissance et de joie.» À droite, d'autres ressuscités gesticulent.
Jacque Thirion conclut ainsi : «Avec des moyens très différents et une verve un peu vulgaire, les sculpteurs de Bayeux ont réussi à donner à la scène dans son ensemble une impression de grouillement, d'affolement, d'incohérence, propre à évoquer ce moment terrible.»
Au troisième registre, la procession des élus se dirige vers la gauche où s'élève une espèce de construction gothique à trois arcades, vraisemblablement le symbole de la Jérusalem céleste. Jacques Thirion y voit le décor typique des constructions normandes de la seconde moitié du XIIIe siècle. ---»» Suite 2/2 plus bas.


Le tympan du Jugement dernier
XIIIe siècle.
Dans les deux registres inférieurs : les ressucités sortent de leurs tombeaux ;
Registre du bas : ils sont attendus en Enfer ;
Au-dessus : la procession des élus ;
Registre du haut : le Christ siège en majesté.

Le Jugement dernier : les deux registres inférieurs.
Les morts sortent de leurs tombeaux. Une partie d'entre eux est accompagnée en Enfer par des démons qui les portent sur leurs épaules.
Au registre du bas, au centre, un diable garde la porte de l'Enfer.

Le Jugement dernier, détail :
La porte de l'Enfer est gardée par un diable.

Le Jugement dernier, détail :
Des démons portent des damnés sur leurs épaules.

Quelle date donnée aux deux tympans de la façade ouest (1/2) ?
En 1974, pour le Congrès archéologique de France, l'historien Jacques Thirion exprime son désaccord sur «l'extrême fin du XIIIe siècle» donnée par Jean Vallery-Radot dans son ouvrage sur la cathédrale paru en 1922. Deux éléments fondent son désaccord et le poussent à donner la date un peu plus ancienne de «1260-1270» : d'une part, les gâbles pleins qui surmontent les tympans et, d'autre part, les figures des tympans ainsi que les bandeaux simplifiés qui séparent les registres.
Jacques Thirion prend pour référence stylistique quelques-uns des portails des cathédrales de Bourges et de Rouen. Auxquels il rajoute dans une moindre mesure ceux de la cathédrale de Poitiers. À Saint-Étienne de Bourges, les gâbles des trois portails sud de la façade ouest sont pleins (dont le gâble du grand portail central). Ils relèvent de la période 1230-1250. En revanche à Rouen, les gâbles des portails des Libraires et de la Calende sont ajourés, voire finement ciselés, et relèvent de la fin du XIIIe siècle et du tout début du XIVe.
Pour ce qui est de la séparation des registres, à Bayeux, elle n'est qu'un simple bandeau orné de feuillages. Le gros plan de la Cène donné plus haut montre une rangée de feuilles d'érables posées côte à côte. Au tympan du Jugement dernier, ce sont des feuillages à crochets. Cette ornementation que l'on qualifiera d'«un peu primitive» ne correspond pas au style adopté à la fin du XIIIe siècle. La séparation des registres dans le tympan de l'histoire de Thomas Becket, une œuvre datée des années 1280, est plus élaborée. ---»» Suite 2/2 à droite.


Voussure du tympan du Jugement dernier :
un ange sonne l'heure du Jugement.

Une gargouille avec console représentant
deux hommes assis qui conversent
(façade occidentale).

Le tympan du Jugement dernier (2/2).
---»» Au registre du haut, le Christ siège en majesté, entouré de deux anges aux ailes déployées et de deux personnages agenouillés. Jacques Thirion les identifie à la Vierge et à saint Jean.
Les voussures accueillent des anges qui sonnent de la trompette et des personnages barbus qui sont, à l'origine, peut-être des apôtres. Une grande partie de ces statuettes, notamment celles de droite, à été refaite.
Sources : 1) La cathédrale de Bayeux, Congrès archéologique de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974, article de Jacques Thirion ; 2) La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920.


Le Jugement dernier, détail : les morts sortent de leurs tombeaux.
Ces ressuscités semblent destinés à l'Enfer.

Le Jugement dernier, détail : les morts sortent de leurs tombeaux.
Ces ressuscités sont des élus, destinés à entrer au Paradis.

Quelle date donnée aux deux tympans de la façade ouest (2/2) ?
---»» Enfin, une comparaison stylistique des statuettes des voussures et de leurs dais, mais également des personnages des tympans entre Bayeux et Rouen montre à Bayeux un manque de préciosité, d'élégance dans les drapés, un «manque d'épaisseur» (Thirion), indiquant une période antérieure aux années 1281-1302 donnée aux portails de Rouen.
Jacques Thirion propose donc pour les deux tympans une datation aux alentours des années 1260-1270.
Source : La cathédrale de Bayeux, Congrès archéologique de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974, article sur la cathédrale de Jacques Thirion.



Statue d'un animal fantastique
sur un arc-boutant.

««--- Gargouille avec un chien
en guise de console.

Le Jugement dernier, détail : la procession des élus est surmontée du Christ entouré d'anges et
de deux personnages agenouillés que l'historien Jacques Thirion identifie à la Vierge et à saint Jean.
LE CÔTÉ SUD DE LA CATHÉDRALE

Le côté sud de la cathédrale de Bayeux dans une lithographie de G.A. Dumarais, XXe siècle.

Le côté sud de la cathédrale.
Avec son monumental bras du transept, ses statues et bas-reliefs, l'aile sud de la cathédrale est plus belle que l'aile nord. «On ne saurait s'en étonner, écrit Jean Vallery-Radot, ce côté de la cathédrale donnant sur la ville, alors que le côté septentrional s'élevait en bordure du cloître, hors de la vue du public.» Au Moyen Âge d'ailleurs on ne pouvait pas contourner la cathédrale par le nord.
Aujourd'hui, le cloître a fait place à trois bâtiments : la sacristie, la bibliothèque du chapitre et la salle du chapitre. Depuis le passage Flachat, on peut observer l'aile nord, mais ces trois derniers bâtiments bouchent la vue...
La lithographie ci-contre est une vue d'artiste datée des années 1950. On peut la trouver dans les magasins de souvenirs de la ville.
Le joli portail en arc surbaissé correspond à l'entrée de l'Hôtel du Doyen. C'est maintenent un portail bien simplifié. Les maisons au premier plan sont beaucoup plus resserrées et le muret est moins long. L'espace entre la cathédrale et l'hôtel du Doyen est occupé par un espace vert.


Un espace vert borde aujourd'hui le côté sud du transept et du chevet.

Des fouilles archéologiques ont mis à jour des vestiges du rempart gallo-romain.
Une partie du résultat de ces fouilles est exposée
sous des verrières au côté sud de la cathédrale.

Le côté sud : suite d'arcs-boutants en style gothique flamboyant
et fenêtres des chapelles terminées par des gâbles.
REMPLAGE GOTHIQUE DES FENÊTRES DES CHAPELLES SUD DE LA NEF




Le côté sud : les arc-boutants et leur ornementation en gothique flamboyant.
La construction des chapelles latérales a rendu indispensable un second rang de culées.

Les doubles culées.
Aux XIIIe et XIVe siècles, la construction des chapelles latérales transforma les arcs-boutants à une volée, qui dataient du XIIe siècle, en arcs-boutants à deux volées. La pile intermédiaire actuelle correspond donc à la culée des arcs-boutants primitifs. C'est pourquoi le style des culées avant et arrière est différent. C'est notamment le cas au niveau des chapeaux sommitaux.


Masques et gargouille sur le côté sud.
La présence de la gargouille indique qu'il s'agit d'une culée du second rang.

Le remplage des fenêtres.
Les amateurs de vitraux aiment contempler, à l'intérieur des églises, le travail des maîtres verriers. Ils savent que, dans le tympan de ces vitraux, les dessins s'insèrent parfois dans de très beaux remplages.
Ils savent aussi que le contraste de lumière masque toujours la beauté gothique de ces tympans et qu'il faut donc se tenir à l'extérieur de l'édifice pour apprécier leur diversité géométrique et saluer l'imagination de leurs créateurs. Notons qu'à Bayeux les remplages ont été restaurés maintes fois, donc cette diversité peut tout à fait être l'œuvre du XIXe siècle, désireux de réinstaurer un goût gothique qui se serait perdu.
On donne ici cinq exemples de remplage ornant les fenêtres des chapelles du côté sud.

Le toit des chapelles.
Au début du XIXe siècle, on construisit des terrasses en granit pour couvrir les bas-côtés et les chapelles latérales. À l'origine, il y avait un toit en pavillon, ce qui assurait vraisemblablement une plus belle transition entre le premier niveau et les grandes baies. Mais ces aspects sont invisibles pour le visiteur...


Sur le côté sud, un portail latéral de deux arcs
en tiers-point donne accès à la nef.
Il comprend deux petites travées voûtées d'ogives.
Style gothique premier : fin du XIIe siècle, début du XIIIe.

Sculpture d'une tête d'homme.

Les deux portes du portail latéral sud.

«««--- Portail latéral sud : chapiteau gothique
du pilier central.

Portail latéral sud : les frises à thème floral au-dessus des portes
Style gothique premier : fin du XIIe siècle, début du XIIIe.
LA TOUR CENTRALE ET SON ORNEMENTATION FLAMBOYANTE

La tour centrale culmine à plus de 80 mètres.
La partie octogone en gothique flamboyant est à deux étages.
Le premier est du XVe siècle ; le second, des années 1850-1860,
tout comme le dôme, le lanternon et la flèche.

La tour centrale de la cathédrale.
Cette tour, dans son ancienne physionomie, a tenu en haleine la ville de Bayeux dans les années 1850. Il s'agissait soit de la détruire (à cause de supports trop faibles dans la croisée), soit de la reconstruire en consolidant ses supports. L'encadré à ce sujet est en page 3.
Depuis 1868 la tour présente donc un nouvel aspect.
Le premier niveau est assuré par un massif rectangulaire du XIVe siècle orné d'une suite d'arcs trilobés. Voir le gros plan plus bas. Juste au-dessus : un rang de quatre-lobes dominé par une corniche de bouquets de chardons isolés. Cette corniche accueille des masques et, aux quatre coins, des anges tenant un écusson avec armoiries.
Au-dessus de la corniche s'élève la structure octogone du XVe siècle. Le garde-corps de style flamboyant concrétise la transition du rectangulaire à la forme octogonale.
Ce premier étage octogone, bâti vers 1470, est ajouré de hautes baies dont le remplage est renforcé par un meneau transversal. L'ornementation flamboyante est omniprésente : baies en tiers-point encadrées d'arcs en accolade, épis de faîtage, anges et lions porteurs d'écussons. Voir le gros plan plus bas.
L'historien Louis Serbat, pour le Congrès archéologique de France en 1908, précise que, la tour n'allant pas plus haut, cet étage fut couronné en 1483 d'une couverture de plomb. Cette dernière, après l'incendie de 1676, fut remplacée par «une sorte de coupole classique».
Enfin, au-dessus d'un garde-corps aveugle s'élève le second étage octogone, œuvre néo-gothique flamboyant des années 1850 réalisée par l'architecte Gabriel Crétin. Voir plus bas cette ornementation prise au téléobjectif. Le cahier des charges de l'architecte incluait aussi une terminaison par un dôme de cuivre, un lanternon et une flèche.
À la base du lanternon terminal a été créée une étroite plate-forme que le personnel spécialisé peut gagner par un escalier en spirale à jour. Par temps clair, on aperçoit la mer qui n'est qu'à sept kilomètres.
La tour centrale n'a jamais fait l'unanimité. Ainsi, Jean Vallery-Radot y voit une fausse note : les architectes contemporains ont rajouté une surélévation maladroite. La tour centrale «n'est plus à l'échelle du monument qu'elle écrase de hauteur excessive.»
Sources : 1) La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920 ; 2) Congrès archéologique de France de 1908, article de Louis Serbat.


Le soubassement rectangulaire, qui soutient les deux étages octogones, date du XIVe siècle.
Il est orné d'une haute arcature trilobée.
Le garde-corps flamboyant introduit les étages du XVe siècle et postérieurs.

Le soubassement est orné d'une suite d'arcs trilobés, puis d'un rang de quatre-lobes.
Au-dessus, une corniche de bouquets de chardons isolés reçoit des masques et des anges portant écussons.
À partir de cette corniche commencent les travaux du XVe siècle.

Les premier étage octogone de la tour centrale exhibe
une impressionnante succession d'écussons portant armoiries.
Ici, l'écusson à fleurs de lys est porté par deux moines, tandis qu'un lion héraldique
tient un écusson à deux fasces, armoiries de l'évêque Louis d'Harcourt.

Les deux étages octogones de la tour centrale sont en gothique flamboyant.
Dans les baies du premier étage, la présence d'un
meneau transversal renforce la structure.

Détail de l'ornementation gothique flamboyant du premier étage octogone.
À gauche, un écusson aux lys, à droite l'écusson à deux fasces de Louis d'Harcourt.
Au centre, ces mêmes écussons, mais de taille réduite, sont tenus par des lions héraldiques.

Le second étage octogone de la tour centrale est magistralement orné.
Il a été érigé au-dessus du premier étage médiéval dans les années 1860.
LE CROISILLON SUD ET LE PORTAIL DU DOYEN

Une monumentale élévation termine le croisillon sud du transept.
Fin du XIIIe siècle.

Le tympan de l'histoire de Thomas Becket.
Dans son ouvrage sur la cathédrale de Bayeux, Jean Vallery-Radot rappelle que, à peine quatre ans après l'assassinat de 1170, le poète Garnier de Pont-Saint-Maxence avait composé une description en vers de ce drame. Son œuvre donna lieu à de nombreuses biographies, dont une en français. L'historien ajoute : «Il est probable que le sculpteur de notre tympan s'est inspiré, en suivant les indications d'un clerc, d'une de ces vies illustrées.»
La scène du bas (qui se lit de droite à gauche) représente sans aucun doute la fameuse assemblée de Northampton en 1164. Henri II Plantagenêt y convoqua le prélat et, sur leur désaccord, l'abreuva d'injures et le chassa. (L'archevêque Thomas bataillait sans cesse pour que l'église d'Angleterre ne subît plus la férule du roi.) Le personnage tout à droite, les jambes croisées, serait Henri II.
Le reste du registre illustre les nombreuses réconciliations plus ou moins factices (dont l'une à Bayeux) survenues entre les deux adversaires.
Après de longues années d'exil, l'archevêque traversa la Manche pour Cantorbéry. C'est le sujet du second registre : on y voit une nef suivie d'une chevauchée. La scène de droite est celle de l'assassinat. Le prélat, à genoux, va succomber sous les coups de ses meurtriers en présence du porte-croix. Le scène du haut illustre la pénitence publique du roi sur le tombeau du saint en 1174.
Source : La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, années 1920.

Le croisillon sud.
L'élévation qui termine le croisillon sud du transept a fière allure (photo ci-contre). Elle est harmonieuse ; ses étages s'équilibrent parfaitement. Dotée d'un riche décor inspiré de la façade occidentale, cette élévation monumentale remonte à la fin du XIIIe siècle.
Le premier niveau constitue le portail du Doyen. Les trois voussures qui encadrent le tympan retombent sur des embrasures privées de leurs statues depuis longtemps. Un élégant trilobe surmonte chaque porte.
Détail remarquable : dans les écoinçons, aucun espace n'est perdu pour l'ornementation. Les roses, les trèfles, les polylobes s'y enrichissent les uns les autres dans les moindres recoins (photo ci-dessous).
Le tympan illustre l'histoire de Thomas Becket et de son assassinat en 1170.
Au-dessus du portail, un garde-corps à arcature trilobée assure la liaison entre la partie basse de l'élévation et l'imposante verrière à six lancettes qui éclaire le transept. À nouveau, dans les écoinçons qui accompagnent cette verrière, aucun espace n'est perdu pour les roses.
Au troisième niveau, la galerie sous arcades, entourée de deux tourelles ajourées, devait recevoir jadis des statues. Quant au pignon qui la surmonte, quatre roses remplissent tout son espace avec élégance.


Le portail du Doyen accueille un tympan qui illustre l'histoire de Thomas Becket.
On remarquera le souci de l'architecte de ne laisser aucun vide dans les écoinçons.
Un trilobe feuillagé surmonte chaque porte.
Fin du XIIIe siècle.
LE TYMPAN DE L'HISTOIRE DE THOMAS BECKET

Le tympan du portail du Doyen illustre l'histoire de Thomas Becket.
Les registres sont séparés non par des bandeaux comme dans les tympans de la façade,
mais par une série d'arcades tréflées, signant ainsi une époque postérieure.

L'histoire de Thomas Becket, détail : l'archevêque traverse la Manche pour gagner Cantorbery.

L'histoire de Thomas Becket, détail : avec ses fidèles, l'évêque chevauche vers Cantorbery.

L'histoire de Thomas Becket, détail : l'assassinat.

Thomas Becket assassiné.
Le prélat est à genoux dans sa cathédrale, devant un autel. Il est sur le point de tomber sous les coups de deux chevaliers normands dont l'Histoire a retenu les noms : Guillaume de Traci et Renaud, fils de l'Ours.
L'unique témoin du drame est Edward Grim, le porte-croix du prélat. Les autres protagonistes ont fui.
Pour Jean Vallery-Radot, le sculpteur n'a pas oublié de faire porter au porte-croix l'insigne de sa fonction, une croix. Mais les dégradations de la pierre l'ont fait disparaître. Voir la même scène peinte au XIXe siècle dans le bras sud du transept.
Source : La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot.


L'histoire de Thomas Becket : la pénitence publique du roi.

Portail du Doyen, détail : les voussures de l'archivolte.

Une gargouille à forme humaine sur le côté sud.

Console à tête humaine et dais gothiques sur le côté sud.
Il s'agit ici d'une culée du premier rang (XIIe siècle).

Console en forme d'ange ailé sur le côté sud.
LE CHEVET DE LA CATHÉDRALE

La cathédrale de Bayeux vue du chevet (La «Normandie illustrée», 1850).
Le dôme de la tour centrale visible sur ce dessin a été démoli sous le Second Empire.

Le chevet de la cathédrale (2/2).
---»» Au deuxième niveau, les contreforts sont ornés de statues représentant la Vierge, des évêques et des saints. Six sont données ci-dessous. Elles étaient vraisemblablement situées trop haut pour être la proie des iconoclastes. Ce sont maintenant des copies du XIXe siècle.
Il faut noter aussi les deux tourelles à clochetons qui marquent la naissance de l'abside. Elles donnent au chevet de la cathédrale un caractère purement régional. On retrouve ces deux tourelles au chœur de Saint-Étienne de Caen.
Source : La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920.

Le chevet de la cathédrale (1/2).
Le magnifique chevet en gothique normand de la cathédrale de Bayeux est en général la première vue que l'on a de l'édifice. C'est l'image d'un véritable chef-d'œuvre architectural érigé dans les années 1220-1240, âge du style gothique primitif.
Une chose étonne immédiatement : ce sont les chapelles rayonnantes que l'on ne remarque pas parce qu'elles sont engoncées dans un ensemble sans saillie, mise à part la chapelle axiale. Tout est masqué y compris les culées des arcs-boutants ! L'architecte a pris pour modèle le chevet de Saint-Étienne de Caen, réalisé plus de trente ans auparavant.
La suite de chapelles est ornée, dans sa partie basse, d'une arcature aveugle. Un garde-corps tréflé, aveugle lui aussi, ceinture le haut de ces chapelles. Le toit est à simple pan.
---»» Suite 2/2 plus bas.


Un évêque tenant sa crosse.

Un évêque tenant un ciboire.

Au chevet, les statues dans les contreforts des arcs-boutants
ont été remplacées par des copies au XIXe siècle.

Vierge à l'Enfant.

Une sainte debout sur un masque d'animal.

Une sainte tenant la palme du martyre.

Vierge à l'Enfant.

Les grandes baies de la chapelle axiale et la statue d'une Vierge à l'enfant sous son dais.

Un évêque debout sur un chien.
Voir la nef de la cathédraleVoir le transept de la cathédraleVoir le chœur et la crypte de la cathédraleVoir le déambulatoire et ses chapelles

Documentation : «La cathédrale de Bayeux» de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920
+ «Bayeux, joyau du gothique normand», La Grâce d'une cathédrale, La Nuée Bleue, Place des Victoires, 2016
+ «L'architecture normande au Moyen Âge», Presses Universitaires de Caen,, articles de Maylis Baylé, 1997
+ «Congrès archéologique de France, 132e session, 1974, Bessin et Pays d'Auge», article de Jacques Thirion
+ «Congrès archéologique de France, 75e session, 1908, Caen», article de Louis Serbat
+ «L'homme et la matière, l'emploi du plomb et du fer dans l'architecture gothique», Actes du colloque de Noyon, nov. 2006, éd. Picard
+«La cathédrale Notre-Dame de Bayeux» de François Neveux, OREP éditions., 2007
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