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L'Arbre de Jessé de l'église Sainte-Madeleine à Troyes et deux «Vierge à l'Enfant»
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Les Grands Thèmes
La mise à sac
de
Saint-Germain-
l'Auxerrois
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La mise à sac
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Saint-Germain-
l'Auxerrois
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La mise à sac
de
Saint-Germain-
l'Auxerrois
Les Grands Thèmes
La mise à sac
de
Saint-Germain-
l'Auxerrois
Saint-Germain-l'Auxerrois (Paris, 1er arr.)

La mise à sac de l'église le 15 février 1831
 

Musée des Beaux-Arts de Rennes
«Scène de pillage nocturne»
Adam Colonia (1634-1685)
Huile sur bois

Sources :
1) Mgr de Quélen et les incidents de St-Germain-l'Auxerrois en février 1831 de Guillaume de Bertier de Sauvigny, Revue d'Histoire de l'Église de France, tome 32, n°120, 1946 ;
2) Journal de Viennet, pair de France et témoin de trois règnes, éditeur Amiot-Dumont, 1955 ;
3) Le vitrail à Paris au XIXe siècle d'Élisabeth Pillet, Corpus Vitrearum, P.U.R., 2010.


Musée des Beaux-Arts de Rennes
«Scène de pillage nocturne», détail.
Adam Colonia (1634-1685)
Huile sur bois

«La Démolition de l'église des Saints-Innocents en 1787»
Pierre-Antoine Demachy (1723-1807)
Huile sur toile, 1787.

«La Démolition de l'église des Saints-Innocents en 1787», détail
Pierre-Antoine Demachy (1723-1807)
Huile sur toile, 1787.

«Démolition du couvent des Cordeliers»
Pierre-Antoine Demachy (1723-1807)
Lavis rehaussé.

«Démolition du couvent des Cordeliers», détail.
Pierre-Antoine Demachy (1723-1807)
Lavis rehaussé.

«Démolition du couvent des Cordeliers», détail.
Pierre-Antoine Demachy (1723-1807)
Lavis rehaussé.

C'est un épisode peu connu de l'Histoire de Paris, aussi peu que le «tumulte» entre catholiques et huguenots dans l'église Saint-Médard (5e arr.) en 1651. À cette occasion, l'église Saint-Germain, le presbytère du curé et l'archevêché ont été mis à sac par la foule.
Le récit donné ci-après est un résumé de l'article de l'historien Guillaume de Bertier de Sauvigny, paru en 1946 dans la Revue d'Histoire de l'Église de France. L'article lui-même tire son information du rapport d'enquête rédigé par le Parquet de la Seine peu après l'événement.
Le contexte. En 1831, Mgr de Quélen est l'archevêque de Paris. Il est bien connu pour son attachement à la ligne aînée des Bourbons, c'est-à-dire qu'il soutient le jeune duc de Bordeaux (l'«enfant du miracle»), fils du duc de Berry. Ce dernier a été assassiné en 1820 par l'ouvrier fanatique Louvel qui voulait éteindre la lignée des Bourbons. Le duc de Berry était le fils de Charles X ; l'enfant du miracle est son petit-fils. Nous sommes là dans le camp des ultras : ces hommes veulent revenir à une gestion de la France dans le style de l'Ancien régime avec une grande importance donnée à l'Église. Les ultras représentent le parti dit légitimiste.
L'atmosphère parisienne. Depuis la Révolution de fin juillet 1830 («les Trois Glorieuses»), le peuple de la capitale est pris d'une furie anticléricale. Charles X, le roi détrôné, second frère de Louis XVI, voulait restreindre les libertés, notamment celles de la presse, et se montrait très proche du clergé. Pour le peuple parisien, combattre Charles X et les Bourbons, c'est combattre le clergé. Et inversement. Lors des Trois Glorieuses, l'archevêché de Paris a été pillé le 29 juillet (voir en bas).
Le préambule. Le duc de Berry est assassiné le lundi 14 février 1820 à Paris. Et depuis 1821, l'anniversaire de sa mort est toujours célébré solennellement. Mais, en 1831, Louis-Philippe Ier, c'est-à-dire un Orléans, est sur le trône et les légitimistes comptent maintenant parmi les opposants au régime. Célébrer la mort du duc de Berry est regardé comme une bravade envers le gouvernement...
Les faits. Le 4 février 1831, un personnage, resté inconnu, vient trouver le curé de l'église Saint-Roch et lui demande de célébrer, le lundi 14, un service solennel pour le repos de l'âme du duc de Berry. L'information remonte jusqu'au sommet de l'État. Qui s'en trouve très embarrassé : accepter, c'est risquer l'émeute anti-Bourbons ; refuser, c'est cautionner la haine du meurtier envers le duc assassiné... On trouve une échappatoire : le ministre des Cultes, Félix Barthe, est député auprès de l'archevêque. À la suite d'un empêchement, la rencontre n'a lieu que le 12.
Dans un premier temps, l'archevêque se récrit : impossible d'interdire à des chrétiens de prier pour la mémoire d'un homme mort avec tous les sacrements de l'église ! Puis il se ravise : si, en haut lieu, on craint vraiment des troubles à l'ordre public, le prélat acceptera d'interdire la cérémonie, mais il veut que la requête du ministre soit couchée sur le papier pour détenir un argument à présenter au parti légitimiste. La lettre ministérielle est envoyée et l'archevêque fait interdire la cérémonie. Mais, entre-temps, le ministre Barthe avait appelé le curé de Saint-Roch pour lui demander de ne rien célébrer. Ce que le curé avait accepté. Celui-ci annonça lui-même sa décision en chaire le dimanche 13. Les légitimistes crièrent à l'atteinte à la liberté de conscience. Honte au gouvernement !
Loin de se calmer, l'affaire rebondit. Un dénommé Valerius, bandagiste et caporal dans la Garde nationale, était venu trouver le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois, avant le 13, pour lui demander de célébrer, le 14, une messe des morts. Rien de bien méchant puisque, pour ce prélat, la cérémonie principale allait avoir lieu à Saint-Roch. Sa messe étant «annexe», le curé ne prévint pas l'archevêché.
Le 13 au matin, Valerius apprend la suppression de l'office à Saint-Roch. Il fait donc insérer dans la Gazette, journal paraissant le soir, l'annonce que la cérémonie est reportée à Saint-Germain-l'Auxerrois. Le 14 au matin, le curé de Saint-Germain (qui a dû lire la Gazette), s'effraie et veut supprimer la cérémonie. Valerius, venu avec deux autres gardes nationaux, le rassure : on a supprimé l'office à Saint-Roch pour des raisons de «pure convenance» ; de plus, il y en aura d'autres dans Paris...
La cérémonie. Elle a lieu à 11 heures 30, le 14. Il y a là des Saint-Cyriens, Valerius et ses amis, et un grand nombre de carlistes (partisans de la lignée de Charles X), prévenus on ne sait comment. «Une quête est faite au profit des soldats de la garde royale, blessés en juillet 1830 et laissés sans secours», écrit l'historien. Tout se passe bien ; la cérémonie s'achève à 12 heures 30. Avant de sortir, les assistants défilent devant le catafalque dressé pour l'occasion et le bénissent. Valerius a fixé une croix de Saint-Louis sur le drap mortuaire, tandis qu'une couronne d'immortelles jaunes et noires repose dessus.
Un épisode fâcheux survient quand un assistant accroche au drap mortuaire le portrait du duc de Bordeaux (qu'il a tiré d'une lithographie qu'il vient tout juste d'acheter). Il reste encore une trentaine de personnes dans l'église. Le curé accourt et enlève lui-même cette image jugée séditieuse.
Les troubles. La nouvelle se répand vite dans les rues de Paris : le portrait du duc de Bordeaux a été affiché lors d'une commémoration officielle ! La nouvelle grossit, se déforme, s'envenime. Devant l'église, une foule hostile se rassemble déjà. Vers 15 heures, excitée par des républicains, la populace rentre dans le presbytère et le saccage de fond en comble. Rendez-vous est donné par les agitateurs pour le lendemain, mardi 15. À 8 heures du matin, la foule se retrouve et envahit l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, brise et profane tout ce qui lui tombe sous la main. Le saccage est complet. On sait que même les vitraux du premier niveau ont été cassés. La Préfecture de police s'en tirera par une pirouette : la garde nationale, dépassée par le nombre, a «régularisé» le mouvement qu'elle ne pouvait arrêter !
La foule se porte alors vers l'archevêché, alors que la Garde nationale reste passive. «Le palais épiscopal est forcé, écrit de Bertier de Sauvigny, les meubles, les livres, les ornements religieux, sont brisés, déchirés, précipités dans la Seine.» Pis, l'édifice est attaqué : tuiles arrachées, charpente abattue, murs démolis. Mgr de Quélen s'était réfugié dès le 14 dans la maison d'un ami.
Les suites. Le jour même, le gouvernement prend des mesures... contre les victimes ! Les principaux membres du parti carliste sont arrêtés. Car, pour le préfet de police, la cérémonie du 14 est le prélude à une insurrection générale ! Accusation si grotesque que tout le monde sera libéré assez rapidement. En revanche, le préfet se lance dans les perquisitions... et les mandats d'amener. Ordre est lancé d'arrêter le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois et l'archevêque lui-même ! Mais ce dernier s'est caché chez un ami. L'interrogatoire pressant auquel furent soumises les religieuses du monastère Notre-Dame de la Charité, asile habituel du prélat, ne donna rien. Le lendemain, le mandat fut retiré, mais le mal était fait : l'archevêque passait, aux yeux du public, pour le grand responsable. Ce que le ministre des Cultes, Félix Barthe, ne démentit jamais. Hyacinthe de Quélen demeura archevêque de Paris de 1821 à 1839. L'historien ne rapporte aucune sanction prise par le Pouvoir contre les casseurs.
Le journal de Viennet. Jean-Pons-Guillaume Viennet (1777-1868) est aujourd'hui un inconnu. Homme de lettres, académicien, auteur de pièces de théâtre et de poésies, il fut également homme politique et député. Nostalgique de l'Ancien Régime et de sa culture, il fut critique de tous les régimes en place. Le roi Louis-Philippe, qui fut son ami, le fit pair de France.
Le journal de Viennet décrit les événements parisiens survenus lors des trois règnes de la Restauration et de la Monarchie de Juillet. C'est un texte digne d'intérêt parce que leur auteur, d'esprit très diplomate, était bien en cour et fréquentait les hommes du Pouvoir. Le récit des émeutes de 1831, telles que Viennet les décrit à la date du vendredi 18 février, n'est pas de première main puisqu'il n'était pas sur place. En revanche, les conversations qu'il a tenues avec les hommes au Pouvoir sont très instructives.
Viennet rapporte qu'il est convoqué, avec «un certain nombre de députés» chez le Président du Conseil, le ministre Laffitte, la veille de la messe de commémoration, le dimanche 13 février. En entrant, il voit le ministre jouer aux cartes dans son salon, insouciant du tumulte qui pourrait menacer. Passant dans la salle d'à côté, il se joint aux autres députés convoqués. Pour Viennet, le gouvernement est tout à fait conscient du risque qu'il prend à autoriser une manifestation légitimiste. À tel point que le préfet de la Seine, Odilon Barrot, déclare lui-même qu'il lui est «impossible de répondre le lendemain de la sûreté de Paris.» Ce à quoi le toujours bouillant Casimir Périer rétorque qu'un préfet de la Seine impuissant démissionne et laisse la place à un autre (!) Mais le préfet de police Baude se range du côté du préfet de la Seine.
Viennet commente : «je me retirai de ce cénacle avec la certitude que les Baude et les Barrot, révolutionnaires par essence, ne craignaient rien de cette manifestation légitimiste, et qu'ils n'étaient pas fâchés d'en profiter pour donner une leçon au parti de la contre-révolution.»
Le lundi 14, la cérémonie a lieu à Saint-Germain-l'Auxerrois. Viennet situe le sac de l'église le même jour, ce qui est contraire au rapport officiel du préfet de police, qui le place le lendemain mardi. Viennet continue : La vue du portrait du duc de Berry sur le catafalque provoque l'excitation d'individus qui s'étaient introduits dans l'église. «Indignés de ces actes téméraires, écrit-il, ils sortent sur le champ pour les raconter à la foule qui remplissait les abords de l'église. Là se trouvaient des voleurs, des repris de justice, des forçats libérés, avant-garde ordinaire de toutes les émeutes et de toutes les révolutions. Des agents du désordre n'eurent pas de peine à les entraîner. L'église fut envahie, le catafalque renversé, les légitimistes se sauvèrent comme ils purent ; et l'émeute, une fois déchaînée, ne s'arrêta plus qu'après d'horribles excès.»
Un homme remarque les fleurs de lis sur la croix qui surmonte le faîte de l'église. «Ce signe de l'Ancien Régime, dit Viennet, est proscrit, condamné par la sentence populaire.» Alors la foule monte sur le toit, brise les fleurs de lis ; la croix est abattue.
L'excitation gagne toute la capitale. «"À bas les fleurs de lis et les croix !", s'écrit la populace, et en moins de deux heures, poursuit-il, toutes les églises sont dépouillées de cet ornement.»
Après l'église, c'est le tour du palais épiscopal. «Il fut assiégé, démoli, ce ne fut bientôt qu'un monceau de pierres, lit-on sous la plume du narrateur. La bibliothèque fut pillée, dévastée, les livres furent déchirés, jetés à la rivière, et la Seine les roula pêle-mêle dans eaux.» Et il ajoute : «un témoin oculaire, un homme recommandable, m'a positivement assuré que M. Thiers, sous-secrétaire d'État, et M. Baude, préfet de police, étaient présents à ce spectacle, qu'ils étaient restés debout sur le parapet du petit pont qui est derrière l'Hôtel-Dieu, contemplant avec indifférence cette vengeance populaire.» Il est certain que la Garde nationale («fort divisée d'opinions», dit Viennet) n'a rien fait contre les émeutiers. Ceux qu'elle a arrêtés ont été relâchés presque immédiatement.
Les autorités complices. Viennet livre ensuite une information de première main : «La connivence de l'autorité était évidente, écrit-il, et j'en acquis la preuve en arrivant à la Chambre. Je rencontrai M. Laffitte [premier ministre] dans le couloir ; et, avant même que je lui eusse témoigné ma surprise de le voir là, il me parla des événements, et m'annonça en riant le sac de l'archevêché. C'était plus qu'un sourire, je l'affirme sur l'honneur ; et il se frottait les mains en signe de contentement : "Quoi ! lui dis-je, c'est le premier ministre qui me parle ainsi ? - Que voulez-vous que j'y fasse ? me répondit M. Laffitte. Ils ont provoqué le peuple, et ils en sont les victimes." Tout me fut expliqué par ces sinistres paroles. Je lui tournai le dos et j'allai prendre ma place.»
Plus loin, le narrateur conclut par ses mots : «Tous les incidents de cette première journée attestent que tout était connu d'avance et qu'une partie du ministère était complice de ces actes de vengeance. On a fait le lendemain de belles proclamations, on a pris des mesures pour rétablir l'ordre. C'était le jour même, la veille même qu'on devait les prendre.»
Dans son Histoire du vandalisme, Louis Réau indique que l'église dévastée servit de mairie jusqu'en 1837.
La presse. Compte tenu de la petitesse de la «provocation», il est intéressant de voir comment la presse a rapporté l'événement. De Bertier de Sauvigny cite un extrait du Journal des Débats du 15 février 1831, c'est-à-dire le lendemain de la cérémonie - en prenant soin de préciser que cet organe était «le mieux informé et le plus modéré du temps.»
Le Journal rapporte que le catafalque était orné d'un portrait du duc de Bordeaux, d'un buste du duc de Berry, qu'il était orné de drapeaux blancs (la couleur de la Monarchie) aux quatre coins, que le curé a donné une bénédiction spéciale, etc. !
L'historien cite un extrait du «modéré» Journal des Débats qui vaut d'être rappelé :
«Honte immortelle à ces artisans hypocrites de complots, à ces gagistes d'Holyrood [la résidence de Charles X en Écosse], à ces écrivains sans conscience, façonnés de longue main à la servitude, fauteurs et apologistes déhontés de toutes les vieilles oppressions, prôneurs, dans le bon temps, des lois de sacrilège, de censure et de proscription, qui réclament aujourd'hui la liberté de la presse pour se donner le droit d'outrager avec impunité ce que la France couvre de ses hommages,... la liberté d'enseignement pour pouvoir inoculer à nos enfants le poison de la tyrannie jésuitique, la liberté des associations pour nous enfermer dans le réseau de leurs fanatiques congrégations !... Changer un anniversaire funèbre en sédition, faire d'un catafalque un trône factieux, arborer des drapeaux proscrits où il ne fallait que des linceuls, ce n'est plus là de la douleur ni de la religion, c'est un crime dont il faudra répondre devant la justice !»
Le vandalisme continue. Il est à peu près certain que tous les vitraux du premier niveau de l'église, c'est-à-dire ceux des chapelles de la nef et du chœur, ont été détruits lors de cette explosion anticléricale. Dans Le vitrail à Paris au XIXe siècle (Corpus Vitrearum, 2010), l'historienne Élisabeth Pillet ajoute un élément consternant rapporté, au XIXe siècle, par l'historien Nicolas-Michel Troche : le dimanche qui a suivi la mise à sac de l'église, le vitrier de la Préfecture, accompagné d'ouvriers, est venu démonter les cinq grandes verrières de l'abside parce que les bordures portaient des fleurs de lys ! Résultat : ces verrières ont disparu.
Dans son journal, Viennet précise que le Pouvoir ne trouvant pas l'archevêque, «on se vengea sur les fleurs de lis. Un ordre du gouvernement les fit abattre et gratter sur tous les édifices. La résidence royale n'en fut pas exempte. On les enleva du sceau de l'État. Les légitimistes ne manquèrent pas d'en faire un crime à Louis-Philippe. On cria dans tous les salons du faubourg Saint-Germain qu'il avait répudié les armes de sa Maison.»

 


29 juillet 1830, mise à sac de l'archevêché de Paris.

Dans son Histoire du vandalisme (parue en 1959), l'historien Louis Réau cite l'archéologue Ferdinand de Guilhermy, témoin des événements : «On déracinait les grilles et les rampes des escaliers, on sapait les murs, écrit de Guilhermy, on crevait les toitures, on précipitait par les fenêtres les marbres, les boiseries, les glaces et le mobilier des appartements.
Une troupe de barbares faisait la chaîne depuis la bibliothèque du palais jusqu'au parapet du quai : les livres et les manuscrits précieux passaient de main en main ; chacun les lacérait à son tour et le dernier les lançait dans la rivière. La Seine charriait ses épaves.
Pour comble d'outrage, une troupe avinée, affublée de vêtements sacerdotaux : chasubles, surplis, étoles, faisait autour de l'enceinte une grotesque procession mêlée au masque du Mardi gras.»
Louis Réau ajoute : «On se serait cru revenu aux pires excès de la Terreur, à l'époque où une racaille "défanatisée" violait les tombes royales de la "ci-devant" basilique de Saint-Denis, et substituait aux processions du clergé tournées en dérision une mascarade sacrilège pour déposer aux pieds des conventuels "les hochets de la superstition"».
À la lecture de la seconde mise à sac de l'archevêché le 15 février 1831, le même jour que celle de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, on peut se demander si de Guilhermy ne confond pas les deux événements.