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Les faits historiques liés à
culte à Saint-Médard, avant la construction de l'église
actuelle (XVe siècle), ne sont pas sûrs. Le terrain
se trouvait dans le fief de l'abbaye Sainte-Geneviève autour
de la rivière Bièvre. Un village s'y serait créé
aux premiers siècles de notre ère, comme le rapporte
le Bulletin de la Montagne Sainte-Geneviève de 1904.
Y avait-il une chapelle dédiée à saint Médard ?
A-t-elle été détruite par les Normands en 887
comme l'écrit ce même Bulletin ? Puis
reconstruite non loin du pont Saint-Maart qui enjambait la Bièvre
et reliait Paris au Gâtinais ? Rien n'est vraiment certain.
Toujours est-il que, dans les titres de l'abbaye Sainte-Geneviève,
cet édifice est parvenu jusqu'à nous sous le nom de
Villa et ecclesia sancti Medardi. Le village, de quelques
maisons à ses débuts, s'agrandit à partir des
années 1200 jusqu'à devenir un bourg important des
environs de Paris. La chapelle, si elle a jamais existé,
devint bien sûr insuffisante pour le nombre de paroissiens.
Passé les désarrois de la guerre de Cent Ans, on songea
à bâtir un édifice cultuel plus grand. La décision
venait sûrement du chapitre de l'abbaye Sainte-Geneviève,
seigneur du fief, dont l'église future allait rester une
dépendance jusqu'au XVIIe siècle Mais, là non
plus, rien n'est sûr.
La construction de l'église actuelle a commencé par
la nef. Les archives
médiévales de la fabrique ayant quasiment toutes disparu,
il est difficile de fixer la date de la première pierre :
le milieu du XVe siècle pour certains historiens ; le dernier
quart pour d'autres. Quoi qu'il en soit, cette époque fut
marquée par la reprise économique de la France après
la guerre de Cent Ans, un phénomène qui donna toute
sa vigueur dans le dernier quart du siècle. On en connaît
la suite : davantage de commerce ; davantage d'affaires pour les
marchands ; davantage de dons pour les églises...
La chronologie du chur,
en revanche, est bien connue : commencé dans la seconde moitié
du XVIe siècle, il sera terminé au milieu du XVIIe.
Le style de l'édifice est le gothique flamboyant, un choix
courant au XVe siècle. Quant à l'identité des
maîtres d'uvre, elle reste inconnue.
La première incursion de l'église dans l'Histoire
se produit à l'occasion du tumulte
de Saint-Médard, le 27 décembre 1561 : le clergé
de l'église fait sonner ses cloches à toutes volées
et trouble le culte huguenot qui se tient dans la salle d'un bâtiment
proche. Il s'en suivra une bataille rangée dans l'église
et, selon les historiens, un saccage en règle. La deuxième
incursion met en avant le cimetière de l'église (aujourd'hui
un square). C'est là que, dans les années 1720, les
convulsionnaires
vont revigorer la querelle janséniste et affoler le clergé
et le pouvoir royal. Saint-Médard et Saint-Étienne-du-Mont
seront les hauts lieux du jansénisme parisien.
En 1673, l'église est érigée en paroisse, la
cure restant sous la responsabilité de l'abbé de Sainte-Geneviève.
En 1724, le faubourg Saint-Marcel intègre l'enceinte de la
capitale : Saint-Médard devient une église parisienne.
En 1784, l'architecte Petit-Radel modifie le chur
et construit la chapelle
axiale. À la Révolution, le clergé de l'église
prête serment à la Constitution civile du clergé
(voir texte).
En novembre 1793, le culte est aboli et l'édifice, fermé.
Il sera rendu au clergé en 1795. En novembre 1798, l'église
est partagée entre catholiques et théophilantropes
dans un côte-à-côte houleux. La théophilantropie
va s'écrouler rapidement au profit du culte décadaire,
invention du Directoire pour contrer le catholicisme constitutionnel.
Tous les dix jours, Saint-Médard devient alors temple du
Travail, mais le culte décadaire ne s'y tiendra jamais. En
1801, le Concordat met fin à cette aventure.
Dans les années 1868-69, des travaux d'aménagement
détruisent les maisons qui enserrent l'édifice. Celui-ci
est classé Monument historique en 1906.
L'église Saint-Médard possède quelques reliquats
de vitraux Renaissance,
dont une belle verrière
axiale. On y trouve aussi une bonne quantité d'uvres
d'art, dont des toiles du XVIe au XIXe siècle. La voûte
complexe de son déambulatoire ravira tous ceux qui apprécient
l'architecture religieuse.
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Vue d'ensemble de la nef de Saint-Médard. |
Le côté sud vu en 1936.
Extrait de «Les églises de France, Paris et la Seine».
On voit clairement que les culées des arcs-boutants de la nef
ne sont pas intégrées
architecturalement dans l'édifice. Ont-elles été
bâties après l'élévation de la nef ? C'est
vraisemblable. |
«Paris, la rue Mouffetard et l'église Saint-Médard»
Tableau de Louis Battin, 1912. |
La façade occidentale de Saint-Médard.
La partie haute est du XVe siècle.
À la belle
saison, le chevet de l'église
est toujours caché par les arbres
du square Saint-Médard. ---»»» |
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Architecture
extérieure. À la belle saison,
l'église Saint-Médard est difficilement
visible à cause des grands arbres du square qui
cachent complètement le côté sud.
Seule s'offre à la vue la façade occidentale.
La photo de 1936 donnée ci-dessus donne une idée
assez précise de son aspect général.
Au niveau de la nef, les travées sont séparées
par des arcs-boutants qui s'appuient sur des culées
assez massives. Ces culées ne s'ajustent pas
architecturalement avec le mur gouttereau des chapelles
latérales. Faut-il en conclure que ces chapelles
ont été bâties après l'élévation
de la nef ? C'est vraisemblable, mais sans certitude.
Au niveau du chur, en revanche, il y a des culées,
mais les arcs-boutants n'ont jamais été
construits.
Un clocher s'élève sur le nord. Il a été
entièrement refait à une époque
qui reste imprécise. Ses deux étages supérieurs
sont percés de baies géminées en
cintre brisé.
L'élément le plus intéressant est
la façade occidentale (qui se voit bien de la
rue Mouffetard). La partie haute comprend une large
baie à remplage flamboyant entourée de
pinacles. C'est suffisant pour faire remonter cette
façade au XVe siècle. En fait, l'ensemble
de la façade a été mutilé
au XVIIIe siècle, puis au XIXe. La partie basse,
qui ne ressemble à rien, ne comprend qu'une porte
en plein cintre sans décor. Pour Agnès
Bos (Les églises flamboyantes de Paris,
éditions Picard), il est vraisemblable que la
disposition originelle de cette partie basse se rapprochait
de celle de l'église Saint-Nicolas-des-Champs
dans le 3e arrondissement de Paris (photo donnée
plus
bas).
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Le
jansénisme et les convulsionnaires de Saint-Médard
(1/3).
Cent soixante ans après le tumulte
(une rixe sanglante qui opposa les catholiques aux protestants
dans ce qui est maintenant la nef de l'église),
Saint-Médard revint dans l'actualité parisienne
la plus brûlante. Cette fois, c'est la querelle
janséniste qui servit de cadre.
Rappelons les faits principaux. Tout part de la théologie
et remonte au XVIIe siècle : il s'agit de la
grâce et de la prédestination. Pour le
néerlandais Jansénius (1585-1638), l'homme
n'est pas libre et hésite sans cesse sur la voie
à suivre : le bien ou le mal. Dieu accorde sa
grâce à certains ; ceux-ci seront sauvés
; les autres suivront le mal et seront damnés.
À cela, l'espagnol Luis Molina et les jésuites
répondent : l'homme est libre ; ce n'est pas
parce que Dieu possède la préscience et
sait toujours ce que chaque mortel va faire que l'homme
n'a pas le choix entre le bien et le mal. Dieu offre
à chacun la grâce suffisante. Libre
à chacun de choisir le bon chemin et d'en faire
une grâce efficace. Les XVIIe et XVIIIe
siècles opposent ainsi les jansénistes
aux «molinistes», gardiens de la tradition
catholique. En 1653, le pape Innocent X, alerté
par quarante-huit évêques français,
condamne les thèses jansénistes dans la
bulle Cum occasione.
Dès lors, l'Église de France va se couper
en deux : les jansénistes contre l'Assemblée
du clergé et la Cour. La querelle théologique
ne tarde pas à tourner en joute politique. Puisque
le roi s'élève contre le jansénisme,
se dire janséniste signifiera désormais
prendre parti contre l'absolutisme. Mais, dans les souvenirs
du roi, la Fronde est encore vivace : Mazarin et le
pouvoir royal avaient alors chancelé devant une
opposition parfois liée à l'ennemi espagnol
avec, au final, une guerre civile de quatre ans (1648-1652).
Louis XIV ne peut tolérer un mouvement qui attire
les opposants de toutes sortes, et des plus actifs.
Car, sous couvert d'une doctrine religieuse, les livres,
les publications et les libelles se multiplient.
La querelle rebondit en 1702 : faut-il donner l'absolution
à un religieux janséniste ? Dans
sa bulle Vineam Domini, le pape Clément
XI répond par la négative. En 1711, Louis
XIV frappe un grand coup en faisant expulser les religieuses
de Port-Royal des Champs et raser les bâtiments.
Survient le père Quesnel (1634-1719), janséniste,
qui publie ses Réflexions morales, une
suite de principes calqués sur la vie des prophètes.
Excédé, Louis XIV en appelle au pape.
En 1713, la bulle Unigenitus de Clément
XI condamne les Réflexions morales. Le
clergé français est sommé de se
soumettre et d'accepter la Bulle, ce qui déclenche
contre elle des publications en rafales appelant au
rejet. D'où le nom d'appelants que l'époque
leur a donné.
Mais c'est là faire aussi ressurgir la fierté
du gallicanisme et la distance prise par l'Église
de France envers Rome. D'où la question que pose
Olivier Andurand dans sa thèse La Grande affaire
parue en 2017 : où sont les vrais gallicans ?
Du côté des jansénistes ou du côté
du roi de France, un roi qui s'incline devant la bulle
papale qu'il a lui-même sollicitée ?
Au-delà de l'idée vite oubliée
de la grâce, le jansénisme, synonyme aujourd'hui
de rigorisme, veut imposer une gestion rigoureuse dans
les paroisses, installer le clergé dans une vie
réellement pieuse, dépouiller le cadre
cultuel, faire participer les laïcs, voire promouvoir
la messe en langue vulgaire. Ces idées séduisent
une bonne partie des fidèles. À Paris,
les trois quarts des curés sont appelants.
---»» Suite 2/3
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Façade de l'église SAINT-NICOLAS-DES-CHAMPS
à Paris, 3e.
Pour l'historienne Agnès Bos, cette façade donne
une idée de ce qu'était le portail
occidental originel de l'église Saint-Médard.
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LA NEF DU XVIe
SIÈCLE ET SES CHAPELLES |
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Le côté nord de la nef et ses chapelles latérales. |
Plan de l'église saint-Médard. |
«Seigneur, bénissez nos études»
Vitrail contemporain dans le bas-côté nord. |
La chaire à prêcher date de 1718. |
«Jésus chassant les marchands du temple»,
1728, détail. |
La voûte de la nef est ornée de clés historiées. |
Clé pendante dans la nef : la colombe du Saint-Esprit,
XVIIe siècle. |
Clé pendante dans la nef : la colombe du Saint-Esprit,
XVIIe siècle. |
Saint Denis pénitent (?)
XVIIIe siècle. |
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Architecture
de la nef. En entrant dans l'église,
le visiteur sera sans doute frappé par l'étroitesse
de la nef. S'il avance un peu et qu'il se retourne,
il verra l'orgue
de tribune et son très beau buffet du XVIIe
siècle complètement engoncés entre
les élévations nord et sud (voir photo
du bas). L'église compense cette étroitesse
par la largeur de ses bas-côtés et la profondeur
de ses chapelles.
La nef comporte cinq travées bordées de
chapelles. Comme le montre le plan ci-contre, le côté
sud n'en possède que deux. Le chur,
large et imposant, s'étale sur six travées.
Il est bordé de chapelles latérales peu
profondes où viennent s'emboîter les portes
d'accès extérieur et l'orgue de chur
du XXe siècle. À l'est, la chapelle
axiale consacrée à la Vierge est un
ajout du XVIIIe siècle.
La nef, que l'on date en général du milieu
du XVe siècle, s'élève sur deux
niveaux séparés par un large pan de pierre.
Dans son ouvrage Les églises flamboyantes
de Paris, Agnès Bos écrit que Saint-Médard
est «l'église parisienne encore existante
qui présente le plus grand écart entre
les grandes arcades et les fenêtres hautes».
Ce genre de choix architectural, qui rejette la présence
de tout bandeau horizontal, paraît un peu fade.
On pourra voir un écart encore plus accentué
à l'église Saint-Bonnet
de Bourges,
construite dans la première moitié du
XVIe siècle. À Saint-Médard, ni
bandeau, ni corniche : rien ne vient interrompre la
montée des colonnes semi-engagées qui
reçoivent en pénétration les nervures
des ogives et des formerets. Comme on le voit dans la
photo ci-dessus, les grandes arcades de la nef sont
en arc brisé et les piles sont losangées.
Chaque losange est constitué de quatre filets
saillants séparés par des triples gorges.
Le filet interne monte jusqu'à la voûte.
L'architecte a ainsi équilibré l'étroitesse
de la nef par une élévation sans entrave.
Sur le plan ci-contre, on voit nettement que la largeur
des travées de la nef n'est pas identique : les
trois premières sont plus étroites que
les deux suivantes. Faut-il y voir l'impact de deux
périodes de construction ? Faut-il y voir
un changement de programme ? Les travées
les plus courtes sont-elles antérieures aux deux
autres ? Ce sont des questions que les historiens
se sont posées, mais aucune source n'existe pour
y répondre. Agnès Bos propose, sur ce
sujet, un lot d'hypothèses assez séduisant.
«Il parait plus probable, écrit-elle, que
ces irrégularités soient dues à
la disposition du terrain lui-même, à des
difficultés de fondation ou bien à des
problèmes de propriété des terrains
construits qui auraient obligé l'architecte à
raccourcir les dernières travées occidentales.»
Jadis, en effet, élever une église sur
un terrain bordé de multipropriétés
n'était pas chose facile et les tribunaux se
voyaient souvent saisis. Quant aux irrégularités
de terrain, elles pouvaient (et peuvent toujours) contraindre
l'architecte à des choix difficiles. Voir par
exemple la basilique Saint-Nicolas
à Saint-Nicolas-de-Port, près de Nancy.
Lors de sa construction, les bâtisseurs ont dû
opter pour un angle de six degrés entre la nef
et le chur, compliquant à plaisir le tracé
de certaines chapelles latérales.
Les clés
de voûte de la nef méritent un coup
d'il, et le visiteur gagnera à lever la
tête pour les observer. Les deux situées
le plus à l'ouest sont du XVe siècle ;
les trois autres, dont la belle clé
pendante recevant la colombe du Saint-Esprit, du
XVIIe. Les baies de la nef, au second niveau, sont à
quatre lancettes et reçoivent des vitraux contemporains.
Sources : 1) Les
églises de France, Paris et la Seine, Maurice
Dumolin, éditions Letouzey et Ané - Paris,
1936 ; 2) Les églises flamboyantes de Paris,
Agnès Bos, éditions Picard.
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La chapelle des Fonts baptismaux.
On y voit une des premières uvres de Charles-Joseph
Natoire ainsi qu'une peinture
au plafond attribuée à Louis Fosse. |
Le bas-côté nord date du milieu du XVe siècle.
Au fond, le vitrail contemporain «Seigneur, bénissez
nos études». |
«Jésus chassant les marchands du temple»,
1728.
C'est l'une des premières uvres de Charles-Joseph
Natoire (1700-1777). |
Panneau sur la cuve de la chaire : Le Sacré-Cur. |
Panneau sur la cuve de la chaire : Saint Augustin. |
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«Le Baptême du Christ» dans la chapelle des
Fonts.
uvre anonyme parfois attribuée à Louis Fosse,
XVIIIe siècle. |
LES VESTIGES
DU XVe SIÈCLE : CLÉS DE VOÛTE &
CONSOLES |
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Clé de voûte dans la nef : La Tentation d'Adam
et Ève,
XVe siècle. |
Console dans la chapelle latérale sud Sainte-Catherine,
XVe siècle. |
Console dans une chapelle latérale,
XVe siècle. |
Console dans une chapelle latérale,
XVe siècle. |
Clé de voûte dans la nef : L'Annonciation,
XVIIe siècle. |
Clé de voûte dans la nef : La Visitation,
XVIIe siècle. |
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Vitrail contemporain : Saint Médard. |
Vitrail contemporain : Sainte Geneviève,
Dessin central. |
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Le bas-côté nord et la chapelle latérale Saint-Jean-Baptiste,
Milieu du XVe siècle. |
Chemin de croix, station VII :
Jésus tombe pour la deuxième fois.
Le Chemin de croix de l'église date du XIXe siècle. |
Vitrail moderne au 2e niveau dans la nef : les thèmes
liturgiques. |
Le
«tumulte de Saint-Médard» (1/5).
Cet événement violent de 1561 revêt
une grande importance. En attisant la haine, en provoquant
des meurtres, il fait partie des «petits»
déclencheurs des guerres de Religion qui ont
gangréné la France au XVIe siècle.
On en donne ici le déroulement selon deux sources
: le Bulletin de la Montagne Sainte-Geneviève
paru en 1904 et la relation - assez partisane - rédigée
par un huguenot dénommé Condé,
présent lors de l'événement. Condé
appelle les catholiques, les «mutins». Parmi
eux se trouvent les desservants de l'église (curé,
prêtres, moines, etc.), tous très remontés
contre les protestants.
Le contexte. Nous sommes en décembre 1561.
François II, fils aîné de Henri
II ( 1559) et de Catherine de Médicis,
est mort d'une mastoïdite à l'âge
de seize ans, l'année précédente.
Son frère cadet, Charles IX, lui a succédé
au mois de décembre. Il a dix ans et règne
sous la férule de sa mère. Neuf mois après
sa montée sur le trône, le colloque de
Poissy (septembre-octobre 1561), qui voulait étudier
les possibilités d'un rapprochement théologique
entre les catholiques et les protestants, s'est clos
sur un échec. Néanmoins, Catherine de
Médicis et son principal conseiller, le chancelier Michel
de L'Hospital, tiennent à la paix et à
la réconciliation. Édits de pacification
et amnisties se succèdent dans un climat général
qui reste cependant à la confrontation larvée.
En vertu du dernier édit, les protestants ont
le droit de se réunir dans quelques faubourgs
de Paris : à Popincourt ; près de la porte du
Temple ; au faubourg Saint-Jacques ; enfin, au faubourg
Saint-Marceau dans un hôtel appelé le Patriarche.
Le faubourg Saint-Marceau est inclus dans le périmètre
de la paroisse Saint-Médard. Et le Patriarche
se trouve... à une ruelle de distance de l'église.
Ce détail va mettre le feu aux poudres.
Le tumulte commence par un événement
relaté par Condé. Le Bulletin de
1904 ne le rapporte qu'à titre d'hypothèse
et en soulignant bien qu'il vient d'un calviniste, en
l'occurrence Condé. Tout bien considéré,
cette hypothèse semble bien réelle et
conduit à penser que le tumulte est le
résultat d'une provocation délibérée
des catholiques.
Les faits. Trois ou quatre jours avant le tumulte,
écrit Condé, les calvinistes tiennent
leur office religieux au Patriarche, un office qui inclut
prières, psaumes chantés et «exhortation»,
c'est-à-dire explication par un prédicateur
d'un texte de la Bible. Pour troubler la réunion
(toujours selon Condé), les prêtres de
Saint-Médard font sonner leurs cloches à
toutes volées. Les protestants vont alors trouver
les clercs de l'église et la discussion s'engage.
Finalement, étant les moins nombreux, les prêtres
sont contraints de faire cesser leur vacarme. Pour Condé,
ces derniers refusent toute solution amiable et ne cèdent
que devant la menace de la force.
Le clergé de la paroisse voit dans ce recul une
humiliation, un «crève-cur».
Et il décide de se venger. ---»»
2/5
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Le «tumulte
de Saint-Médard» (2/5).
---»» La décision est arrêtée
: à la prochaine assemblée huguenote, les clercs
referont leur tintamarre, mais, cette fois, en étant
les plus forts ! À cette fin, ils anticipent et
accumulent les «munitions» : pierres ; arbalètes
; épées ; «rondelles et long-bois».
De plus, ils demandent aux gens les plus séditieux
de la paroisse de leur prêter main-forte..
Ce n'est pas pas encore suffisant. Le clergé de Saint-Médard
veut un appui «officiel». Les présidents
«messieurs le Premier et Saint-André» et
le procureur général Bourdin donnent leur garantie.
Ils font même passer la consigne : «Ruez, frappez,
tuez, n'espargnez personne ; nous avons bons garans, et des
plus grans de la ville.» Rappelons qu'il s'agit pour
tous ces gens d'empêcher la tenue d'un culte autorisé
par un édit royal, donc de s'opposer au roi... Quoi
qu'il en soit, l'information se répand et les huguenots
du quartier finissent par comprendre qu'ils feraient bien
de ne pas se réunir au Patriarche le samedi suivant.
Pourtant ils ne cédent pas. Peut-être savent-ils
que les chefs du guet regardent les réformés
d'un très bon il, une sympathie qui va d'ailleurs
se révéler décisive... À Saint-Médard,
prévoyant du grabuge, les prêtres ont mis en
lieu sûr la plupart des objets du culte (reliques, ciboires,
calices, chasubles, etc.), une précaution qui convainc
le huguenot Condé que l'affaire était un coup
monté par les catholiques. Le Bulletin confirme
d'ailleurs cette étrange mise à l'abri : les commissaires
enquêteurs retrouveront tous ces objets dans les maisons voisines
quelques jours après le tumulte.
Condé relate encore un point intéressant : les
édits autorisaient les huguenots à tenir leurs
assemblées dans des endroits précis, mais uniquement
les jours ouvrables. Évidemment, la plupart des fidèles
étant au travail, les salles n'étaient guère
remplies. Aussi les réformés présentèrent-ils
une requête pour avoir le droit de prêcher les
dimanches et les jours de fête. À Paris, écrit
Condé, ce droit, d'abord refusé à cause
de la menace de troubles, fut accordé peu avant Noël
1561.
Poursuivons le récit de Condé. Les prêtres
de l'église sont décidés à en
découdre, mais ils savent - ce que le narrateur ne
rappelle pas vraiment - qu'ils agissent contre les ordres
du roi. Ils ont donc besoin d'un maximum de soutiens. C'est
pourquoi on sonnera le tocsin pour rameuter les secours des
paroisses de Notre-Dame-des-Champs, de Saint-Victor et de
Sainte-Geneviève. Condé n'explique pas comment
on peut entendre le tocsin dans un vacarme de cloches... Il
nous faut donc imaginer le tableau : le vacarme fait affluer
les protestants ; puis il s'arrête pour laisser sonner
le tocsin qui, à son tour, fait affluer les gros bras
catholiques ; et il reprend... À moins qu'il soit vraiment
possible, en 1561, de percevoir le tocsin dans un vacarme
de cloches...
Ici s'arrête le «préambule» de Condé.
Arrive le samedi 27 décembre. Dans la salle du Patriarche,
les fidèles se rassemblent en nombre car le jour est
chômé. Condé, qui est présent dans
la salle, parle d'une foule de douze à treize mille
personnes, ce qui n'est guère crédible. Le Bulletin
parle de deux mille personnes, chiffre toujours élevé,
mais plausible vu le jour chômé et la rareté
des salles de prières ouvertes aux huguenots. L'office
se déroule : prières, psaumes chantés,
puis «exhortation» du prédicateur. Celui-ci
ne parle pas depuis un quart d'heure, écrit Condé,
que les cloches de Saint-Médard, signalant la fin des
vêpres, déclenchent le tintamarre et couvrent
sa voix. Il est aux alentours de trois heures de l'après-midi.
Deux huguenots, accompagnés d'autres fidèles,
s'en vont trouver les prêtres pour leur demander «humblement»
[Condé] de cesser ce bruit afin que «si bonne
compagnie ne fust empeschée d'ouir la parole de Dieu»
[Condé]. La réponse est : non ! Les cris
fusent ; on sonnera quand même ! Il faut dire que
l'église est pleine : en plus du jour chômé,
les fidèles sont réunis pour l'office de la
Confrérie de dévotion à saint Jean l'Évangéliste.
Les «mutins» [les catholiques] ne tardent pas
à fermer toutes les portes, prenant au piège l'un des
deux parlementaires qui est aussitôt massacré
à coups d'épée et de gourdin. ---»»
3/5
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Chapelle latérale sud Sainte-Catherine.
La baie 14 accueille
la Descente du Christ aux limbes (XVIe siècle).
Cette chapelle est l'une des rares éclairées par un
reste de vitrail Renaissance. |
«Le Baptême du Christ» d'après Pierre Mignard
(1612-1695).
Tableau de 1681.
Chapelle Saint-Jean-Baptiste. |
Le «tumulte
de Saint-Médard» (3/5).
---»» Selon Condé, on jette des
pierres et on tire à l'arbalète ; le tocsin
retentit [le vacarme a donc cessé?]. Aussitôt
les «mutins» accourent des paroisses voisines.
Mais, en apercevant une petite troupe d'hommes à cheval qui
s'approche de l'église, ils préfèrent
s'enfuir. Il n'y aura donc pas de secours extérieur.
Au Patriarche, dans la foule, se trouve un dénommé
Rouge-Oreille, prévôt des maréchaux et
commis du gouverneur. Assisté de quelques archers,
il est là pour veiller à la quiétude du culte, mais
il va se montrer favorable aux réformés. Il
envoie l'un de ses hommes pour demander au curé, de
par le roi, de respecter l'édit et faire cesser le
vacarme. L'émissaire est accueilli par une grêle de
pierres. Condé relate que Rouge-Oreille se déplace
ensuite lui-même et qu'il reçoit le même accueil.
En fin de compte, les huguenots, qui étaient prêts
à jouer l'apaisement [Condé], prennent le mors
aux dents. «Mêlés à une foule de gens sans aveu
dont le quartier regorgeait» [Bulletin], ils
se dirigent vers l'église et en défoncent la
porte. La découverte du cadavre de leur parlementaire,
écrit Condé, excite leur esprit de vengeance.
S'ensuit une rixe générale dans la nef et les
chapelles à coups de gourdins et d'épée (en
1651, le chur
n'a pas encore été construit). Le Bulletin
de 1904 écrit que les protestants «saccagèrent
les autels, brisèrent les verrières, forçèrent
[sic] les tabernacles et firent main basse sur tout ce qu'ils
rencontrèrent.» Un boulanger qui essayait de
sauver un ciboire et les hosties consacrées qu'il contenait
est tué au pied du maître-autel.
De son côté, Condé est beaucoup plus mesuré
dans les exactions commises par les réformés.
Il insiste au contraire sur la furie des prêtres qui montent
sur les autels, brisent les images pieuses et les jettent
sur les assaillants. Le narrateur, qui n'est pas huguenot
pour rien, se demande d'ailleurs ce qui est le plus scandaleux
: briser une image pieuse ou l'adorer comme le font les catholiques...
Pour le Bulletin, les catholiques, à force d'énergie,
auraient eu l'avantage sans l'arrivée d'un renfort
huguenot inattendu : les hommes du guet montés sur
leur chevaux et commandés par un dénommé
Gabaston, favorable aux réformés. (C'est vraisemblablement
la troupe qui a mis en fuite les renforts des paroisses voisines
dont parle Condé). Au lieu de mettre un terme à
ce carnage sanglant comme c'était leur devoir, les
gens du guet rentrent dans l'église à cheval, l'épée
à la main, et assaillent les catholiques.
Condé ne rapporte rien de ces faits graves. Il écrit,
dans un style concis, que les huguenots, plus nombreux, repoussent
leurs adversaires et que le guet, arrivé après
la bataille, met en état d'arrestation tous les gens
qu'il peut.
Revenons au Bulletin. Avec les hommes du guet contre
eux, les catholiques sont débordés. Certains
s'enfuient, d'autres se réfugient dans le clocher où
sont stockés des projectiles. De là, ils arrosent
les huguenots de pierres, tandis que d'autres continuent de
sonner les cloches. Depuis les combles, les jets se multiplient
en direction de la nef. Enfin, sous la menace de mettre le
feu au clocher, les derniers résistants catholiques
se rendent.
La rixe a duré une bonne demi-heure. Il y a environ
cinquante tués ou blessés. Entre-temps, d'autres
cavaliers et d'hommes à pied sont arrivés. La
sonnerie des cloches a fait descendre les gens dans les rues.
La foule est donc nombreuse à voir passer les prisonniers.
Catholiques et protestants sont conduits au petit Châtelet,
liés deux à deux, tous tenus par une longue
corde. Ils sont encadrés, d'un côté, par
une colonne du guet, de l'autre, par la foule. En tête
du cortège, Gabaston et la moitié des chevaux
; en queue, le prévôt Rouge-Oreille avec le reste
des montures.
Le tumulte, qui se solde par une victoire des réformés,
connaît un rebondissement le lendemain dimanche 28 décembre
1561. Le matin, les huguenots, armés pour répondre
à toute provocation, suivent l'office au Patriarche,
puis rentrent chez eux. Mais, du côté des catholiques,
quelques prêtres, encore excités par les troubles
de la veille et qui ont fui avant l'arrestation, rameutent
les séditieux ---»» 4/5
|
|
Piéta
uvre anonyme du XXe siècle dans la chapelle Saint-Jean-Baptiste. |
«La
Mort de sainte Catherine d'Alexandrie» de Pierre-Paul
de Pommayrac (1807-1880) ---»»»
Chapelle latérale Sainte-Catherine. |
|
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|
Le retable en bois de la chapelle Sainte-Catherine
et ses tableaux des XVIe et XIXe siècles. |
Le
«tumulte de Saint-Médard» (5/5).
---»» Deux hommes furent condamnés
à mort : un certain Pierre Créon qui, selon des
témoins, avait tué le boulanger au pied
du maître-autel, et le dénommé Gabaston
reconnu coupable de n'avoir pu empêcher le sac de Saint-Médard.
Le premier fut pendu aux Halles en mai 1562. Le second,
chevalier du guet, fut décapité en place
de Grève au mois d'août suivant. Ce même
mois, quatre huguenots, dont un père et son fils,
furent pendus devant l'église.
Les calvinistes, excédés par ces sentences,
réagirent très mal. Certains essayèrent
de provoquer un soulèvement, mais y renoncèrent
: à Paris, les catholiques étaient beaucoup plus
nombreux qu'eux.
À la suite de ces événements, le
Patriarche fut fermé. L'église le fut
aussi à cause de la profanation. On la rouvrit
le 17 mars 1562 pour être purifiée. Le 12 juin
suivant, une somptueuse procession, qui comprenait la
fine fleur du clergé français, partit
de la cathédrale Notre-Dame
vers Saint-Médard où fut célébrée
une messe expiatoire.
Malheureusement pour les défenseurs de la paix,
la haine se déchaîna. La messe expiatoire
du 12 juin fut suivie d'une soixantaine d'assassinats
de huguenots, égorgés ou noyés.
Les appels au meurtre des calvinistes du haut des chaires
se multipliaient. Plus tôt dans l'année,
le 1er mars, le massacre de Wassy avait déclenché
la première des huit guerres de Religion. En
avril 1562, un ordre du roi commanda de brûler tous
les prêches des protestants dans les faubourgs de la
capitale. La violence ne faisait que commencer.
Sources : 1) Bulletin
de la Montagne Sainte-Geneviève, tome IV,
1904 ; 2) Souvenirs de Condé : Histoire véritable
de la mutinerie, tumulte et sedition faite par les prestres
Sainct-Medard contre les fidèles, le samedy XXVII,
jour de decembre 1561.
|
|
|
Le
«tumulte de Saint-Médard» (4/5).
---»» du faubourg [Condé],
investissent le Patriarche, détruisent tout et
y mettent le feu. Tout cela, écrit le Bulletin,
«sous l'œil bienveillant des autorités».
Alertés, quelques gentilshommes arrivent à
cheval et mettent les catholiques en fuite. Arrivent
aussi le «procureur du roy en Chastelet»
et quelques sergents à qui l'on remet six ou
sept prisonniers. On réussira néanmoins
à éteindre le feu qui, selon le Bulletin,
était loin d'avoir tout consumé.
Les représailles appelant les représailles,
les protestants, quand ils apprennent l'incendie de
leur salle, reviennent à Saint-Médard pour y
détruire ce qui reste à détruire. Un fait
dont Condé ne dit mot.
Conclusion. Qui est responsable du tumulte ?
Y a-t-il eu préméditation et provocation
de la part des catholiques ? Bien sûr, chaque parti
se renvoie la balle. Néanmoins, deux faits troublants
sont à prendre en compte : 1) les instruments du culte
ont été soigneusement mis à l'abri avant
le 28 décembre ; 2) les pierres et les traits
d'arbalète ont été accumulés
dans le clocher et ses combles. Les deux faits sont
prouvés. Le premier anticipe une rixe sérieuse
et veut éviter la casse ; le second prépare
la bataille.
Le Bulletin, qui est plutôt pro-catholique,
rapporte que «les huguenots s'attaquaient de préférence
aux monuments religieux. Ce que l'art a perdu à leurs
barbares dévastations est incalculable.»
Rappelons ici qu'au XVIe siècle l'«art»
importe peu. Les fidèles ne s'intéressent
pas à la beauté des uvres. Seuls
les symboles comptent. Sur le fond, le commentaire du
Bulletin se rapporte en fait aux événements
tragiques des années qui vont suivre car, en
décembre 1561, rien de vraiment grave ne s'est
encore produit.
Les rédacteurs de ce même Bulletin
se demandent si ce tas de pierres n'était pas
une précaution contre la menace de destruction
de leur église. Pour se justifier, ils rappellent
en note qu'en 1560 les protestants avaient détruit
une statue du Christ au fronton de la porte principale
de l'hôpital de Lourcine, situé dans la
paroisse Saint-Médard. Un scandale s'en était
suivi, aboutissant à une procession réparatrice.
Après ce bris, toujours selon la note, le clergé
de Saint-Médard avait de quoi se montrer méfiant.
L'argument n'est guère convaincant. On ne voit
pas en quoi le bris d'une statue à l'extérieur
d'un bâtiment non consacré annoncerait
la destruction des églises dans les mois suivants.
En tout état de cause, c'est insuffisant pour
écarter la thèse de la préméditation
: les pierres ont été accumulées
en prévision de la réaction huguenote
au vacarme des cloches dûment orchestré..
Les suites du tumulte seront tragiques. Passé
le temps de l'émotion, les curés de Paris
se mirent à craindre pour leur église. «Le
desservant de la paroisse Saint-Paul demanda de l'artillerie,
écrit le Bulletin, et l'archiprêtre de
Notre-Dame implora main-forte pour la défense
de sa cathédrale.» La victoire des réformés
fit monter la haine à un niveau encore jamais vu. De
Saint-Germain-en-Laye où ils se trouvaient, Charles
IX, la reine-mère, le roi de Navarre et sa femme
revinrent en hâte à Paris. Catherine de Médicis
ordonna une enquête et exigea qu'on punît les
coupables.
Selon les principes de l'époque, c'est la prévôté
qui devait gérer ce genre de rixe. Condé
écrit que les catholiques portèrent l'affaire
devant le Parlement «afin de leur estre faict
droict sur les meurdres, emprisonnement, vols de chapes,
calices et ornemens de l'église.» Pour
le Bulletin, c'est le Conseil du Roi, dans un
véritable déni de justice, qui écarta
la prévôté. Le Parlement nomma deux
commissaires, l'un catholique, l'autre protestant...
qui montrèrent autant de parti-pris l'un que
l'autre pour leur religion respective. Les coups se
neutralisaient ; les mois passaient sans résultat.
Michel de l'Hospital espérait que le temps effacerait
tout. Mais pas les Guise qui voulaient venger l'honneur
de l'Église.
Le Parlement écarta la responsabilité
des catholiques qui furent tous relâchés.
Des témoins, protestants, furent jetés
en prison ; de nombreux autres, toujours protestants,
durent payer des amendes considérables (d'ailleurs
mises à profit pour agrandir le chur
qui en était toujours à l'état
de plan). ---»» 5/5 à gauche.
|
|
Piéta
Peintre anonyme du XVIe siècle dans la chapelle latérale
Sainte-Catherine. |
|
Saint Antoine de Padoue, 1942.
Statue de Marthe Baumel-Schwenck
dans la chapelle Sainte-Catherine. |
Saint Honoré, peinture anonyme du XVIe siècle.
Retable de la chapelle Sainte-Catherine. |
Saint Vincent, peinture anonyme du XVIe siècle.
Retable de la chapelle Sainte-Catherine. |
Vitrail moderne au 2e niveau : Saint Joseph. |
Les vitraux
de l'église Saint-Médard (1/2).
Une fois la construction terminée, il est
très vraisemblable que les marchands aisés et
les notables du quartier aient pourvu l'église de vitraux,
notamment dans toutes les baies des chapeltes. Les historiens
Maurice Dumoulin et George Outardel parlent ainsi d'«une
suite remarquable de verrières de la fin du XVIe siècle».
Sans aucune preuve visuelle bien sûr. Le Bulletin
de la Montagne Sainte-Geneviève, dans son tome
IV de l'année 1904, rapporte une information tirée
du Musée des monuments français d'Alexandre
Lenoir : «Au XVIIIe siècle, [les peintres] Lebrun
et Mignard allaient, dit-on, les admirer pour la correction
de leurs dessins et la pureté de leurs styles.»
Il s'agit évidemment du XVIIe, et non du XVIIIe. Quoi
qu'il en soit, on peut être certains que la vitrerie
de Saint-Médard ne pouvait pas se laisser distancer
par celles des églises voisines, notamment Saint-Étienne-du-Mont.
Lors du tumulte
de Saint-Médard, en 1561, les huguenots saccagèrent
l'église. Le Bulletin de la Montagne Sainte-Geneviève
rapporte que les vitraux ont alors été brisés.
Rappelons qu'à cette époque le chur n'existait
pas. Aucune source n'indique que la Révolution ait
cassé quoi que ce soit. En revanche, les Communards
vont se déchaîner. Le même Bulletin
rapporte que, le 15 mai 1871, les fédérés
prennent possession de Saint-Médard et y installent
une sorte de corps de garde, se livrant ensuite, durant onze
jours (du 15 au 26 mai), à de multiples exactions.
On lit ainsi : «Durant le mouvement insurrectionnel
du 18 mars 1871, Saint-Médard fut presque complètement
ravagée. Les fédérés s'y livrèrent
à des actes de vandalisme inouïs, renversant les
autels, crevant les orgues, brisant les verrières,
lacérant les tableaux, tailladant les ornements, etc.»
---»» 2/2
|
|
Chemin de croix du XIXe siècle, station XIV :
Jésus est mis dans le sépulcre. |
Les vitraux
de l'église Saint-Médard (2/2).
---»» Des vitraux du XVIe
siècle il ne subsiste aujourd'hui que des débris.
Le XIXe a enrichi l'église de quelques grandes verrières
dans les chapelles latérales, comme celle des Trois
saints dans la chapelle
de la bienheureuse Rosalie Rendu. L'atelier Champigneulle
a réalisé la verrière des Trois
Reines dans la baie 12 et vraisemblablement aussi, dans
la chapelle opposée, celle des Trois
saints évêques. Au XXe siècle, la
paroisse sollicita plusieurs maîtres verriers pour colorer
les vitraux du second niveau. On note ainsi la participation
des ateliers de Jean Hébert-Stevens, de Paul Bony,
de Maurice Tastemain et de Pierre Cellier, sans qu'il soit
toujours facile de savoir qui à fait quoi. À
l'image des verrières données ci-dessus et ci-contre,
on peut penser que le cahier des charges prescrivait que ces
créations ne devaient pas obscurcir l'église.
C'est pourquoi elles présentent toutes un fond quadrillé
translucide.
Du XVIe siècle reste l'importante baie axiale dans
le chur
(baie 100).
Elle contient néanmoins quelques rares parties refaites
lors de restaurations postérieures. Il nous reste aussi
la baie 14
avec une lancette illustrant la descente du Christ aux limbes,
la baie 6
avec deux médaillons ovales de donateurs et donatrices,
la baie 7
et son saint Michel terrassant le dragon, la baie
9 avec sainte Anne, l'Enfant-Jésus et la Vierge.
Enfin, la baie 8, qui représente une Glorification
du Christ, n'est pas donnée ici. Les numéros
des baies sont indiqués sur le plan.
Sources : 1) Les vitraux de
Paris, de la Région parisienne, de la Picardie et du
Nord -Pas-de-Calais, Corpus Vitrearum, 1978 ; 2) Bulletin
de la Montagne Sainte-Geneviève, tome IV, 1904
; 3) Les églises de France, Paris et la Seine,
Maurice Dumolin et George Outardel, éditions Letouzey
et Ané - Paris, 1936.
|
|
Vitrail contemporain de la baie 102 dans l'abside, détail. |
Statue de la Vierge
par Henri-Albert Lagriffoul (1907-1981).
Chapelle latérale sud Sainte-Catherine. |
Baie 14 : Descente de Jésus aux limbes.
Début du XVIe siècle (chapelle Sainte-Catherine). |
Élévations sud avec la chaire à prêcher
de 1718. |
Baie 14 : Descente de Jésus aux limbes.
Début du XVIe siècle (chapelle Sainte-Catherine). |
Vitrail contemporain au 2e niveau :
Les instruments de la Passion. |
|
Baie 14 : Descente de Jésus aux limbes, détail.
Début du XVIe siècle (chapelle Sainte-Catherine). |
|
Baie 14 : Descente de Jésus aux limbes, détail.
Début du XVIe siècle (chapelle Sainte-Catherine).
Le visage présente un très beau travail à
la grisaille.
«««---
Chapelle latérale sud
de la Bienheureuse Rosalie Rendu.
Sur la gauche, la chapelle Saint-Louis dans le chur.
|
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Piéta d'Alexandre-Charles Guillemot (1786-1831)
et sculpture de Sur Rosalie Rendu par Alain Courtaigne (2008).
Chapelle de la Bienheureuse Rosalie Rendu. |
Baie 12 : Vitrail des Trois Saints, 1889.
Chapelle de la Bienheureuse Rosalie Rendu. |
Vitrail contemporain au second niveau. |
Sculpture de Sur Rosalie
uvre d'Alain Courtaigne, 2008. |
Sur
Rosalie. Jeanne-Marie Rendu naît dans
l'Ain en 1786. À 13 ans, sa rencontre avec les
Filles de la Charité de l'hôpital de Gex
décide de sa vocation. Ordonnée en 1807,
elle est envoyée dans le quartier parisien très
pauvre de la paroisse Saint-Médard où
elle consacrera sa vie aux pauvres. En 1815, elle devient
la supérieure de sa communauté. Durant
les révolutions de 1830 et 1848, elle soigne
dans la rue les victimes des deux camps. Lors des épidémies
de choléra qui frappent Paris en 1832 et 1849,
elle porte assistance aux malades. Elle décède
en 1856. Ses funérailles ont lieu à l'église
Saint-Médard et sont suivies par une foule de
50 000 personnes, dont beaucoup de ses «bien-aimés
pauvres».
Source : «Dictionnaire
des saints et grands témoins du christianisme»,
CNRS Éditions, 2019.
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Baie 12 : Apparition de la Vierge à saint Benoît.
Vitrail des Trois Saints, 1889, détail. |
«La Guérison du paralytique à la piscine
de Bézatha»
par Bona le Fils, d'après Jean Restout (1692-1768). |
Baie 12 : Saint François prêchant aux oiseaux.
Vitrail des Trois Saints, 1889,
Détail. |
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Vue d'ensemble du chur de Saint-Médard. |
Architecture
du chur. Le chur de Saint-Médard
est plus haut et plus large que la nef. Il remonte au dernier
quart du XVIe siècle, soit un siècle après
la construction de la nef. Les plans initiaux prévoyaient
un espace de moindre ampleur. Cependant, avec les fortes amendes
que durent payer certains protestants du quartier après
le tumulte
du 27 décembre 1561, on put les modifier et aboutir
au vaste espace que nous voyons aujourd'hui.
Le chur se compose de trois travées droites et
d'une abside à trois pans. La chapelle
de la Vierge qui le prolonge est un ajout de la fin du
XVIIIe siècle.
En comparant l'élévation du chur avec
celle de la nef, on constate que l'architecte, resté
anonyme, n'a pas voulu donner une homogénéité
à l'ensemble : dans le chur, l'espace qui s'étend
entre les arcades et les fenêtres hautes est coupé
en deux par une corniche très peu saillante. La même
coupure se produit dans le prolongement des piles, quoiqu'à
une hauteur un peu supérieure : le pilastre qui s'élève
jusqu'à la retombée des voûtes est interrompu
par un simple bandeau que l'on peut qualifier d'agrafe. Cet
enrichissement architectural reste de peu d'ampleur, insuffisant
toutefois pour créer un contraste déplaisant
avec une nef à l'élévation ininterrompue.
Sur la photo ci-dessus, on est frappé par la grande
différence entre les piliers du premier plan et les
autres. L'architecte a simplement fait encadrer la première
travée du chur par quatre fortes piles (voir
plan) pour contrebuter
la poussée du voûtement du côté
ouest. Les autres piles, cylindriques et cannelées,
sont issues de la transformation menée par Louis-François
Petit-Radel en 1784, une transformation qui introduit un vague
style dorique. Les chapiteaux qui surmontent les supports
ne sont que des entablements assez fins, très simples
et très saillants. Peut-être Petit-Radel espérait-il
faire moderne avec ce style épuré. Quoi qu'il
en soit, ce style contraste avec la très belle voûte
en bois (photo ci-dessous) qui est d'époque
et que le visiteur curieux pourra admirer s'il pense à
lever la tête. Elle est ornée de clés
pendantes en bois assez frustes (voir ci-dessous). L'argent
manquait pour créer une voûte en pierre.
Le déambulatoire, bordé de belles chapelles
où s'accumulent les uvres d'art, doit aussi être
parcouru les yeux dirigés vers la voûte. En effet,
son tracé très complexe en fait une magnifique
création architecturale, de plus enrichie de multiples
clés pendantes. C'est surtout dans la courbe du déambulatoire,
c'est-à-dire vers la chapelle
de la Vierge, que le visiteur pourra apprécier
ce beau travail. Voir le tracé de la voûte dans
le dessin plus
bas.
Les chapelles du chur sont bordées par des chapiteaux
de pilastres corinthiens de la fin du XVIe ou du début
du XVIIe siècle. Un choix que l'historien Yvan Christ,
dans le Dictionnaire des églises de France,
juge sévèrement : «(...) belles et gratuites
fantaisies ornementales d'un artiste qui se plut ainsi à
romaniser dans le détail cette petite église
de structure toute gothique et toute française.»
Au second niveau, toutes les baies sont en plein cintre et
reçoivent aujourd'hui des verrières contemporaines.
Celles des trois pans de l'abside possèdent trois lancettes.
Sur les côtés, elles en possèdent quatre.
Sources : 1) Les églises
de France, Paris et la Seine, Maurice Dumolin, éditions
Letouzey et Ané - Paris, 1936 ; 2) «Dictionnaire
des églises de France», éditions Robert
Laffont, 1966, article d'Yvon Christ.
|
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La Gloire du chur |
|
Clé pendante du chur.
«««---
La voûte du chur est en bois.
Elle est ornée de clés pendantes
assez discrètes. |
|
Vitrail moderne au 2e niveau dans le chur : La Vierge
et l'Enfant. |
|
Le chur avec le maître-autel et l'ambon contemporains.
À côté de l'orgue de chur, on peut voir
la verrière de la baie
6 avec ses deux médaillons ovales de la fin du XVIe siècle. |
Vue d'ensemble du chur. |
Le chur vu du déambulatoire. |
LE VITRAIL DE
LA BAIE AXIALE (n°100 ) |
|
Vitrail de la baie axiale (n°100), XVIe et XVIIe siècles. |
La Vierge dans la verrière de la baie 100 (lancette de
gauche). |
|
Verrière
de la baie 100. Cette verrière, qui
est entourée de deux vitraux modernes, est la
plus intéressante de Saint-Médard. À
l'exception de la partie haute, c'est un agrégat
de débris. Elle donne néanmoins une idée
de la qualité de la vitrerie de l'église
à la fin du XVIe siècle, une qualité
sans aucun doute remarquable puisque, selon le Bulletin
de la Montagne Sainte-Geneviève de 1904,
les peintres Charles Lebrun et Pierre Mignard venaient,
dit-on, l'admirer. Les historiens n'ont aucune piste
pour en connaître les ateliers.
La baie 100 présente trois lancettes sur cinq
registres. La partie haute offre une belle Crucifixion
avec la Vierge
et saint Jean. De manière assez originale, Marie-Madeleine
tient la croix des deux mains comme le font parfois
les gens à terre et en larmes sur la jambe d'une
personne qu'ils ne veulent pas voir partir. Au-dessous,
on décèle une sainte Anne, la colombe
du Saint-Esprit, des saints et des saintes qu'il est
difficile d'identifier. Sur la droite, un saint
Jean-Baptiste tient l'agneau pascal. Deux intéressants
panneaux du registre du bas montrent la nombreuse famille
des donateurs.
Dans le tympan, le Père céleste est entouré
d'anges. Celui de gauche, donné ci-dessous et
qui joue de la harpe, affiche un visage très
réaliste. S'agit-il d'un membre de la famille
des donateurs ?
Source : «Les vitraux
de Paris, de la Région parisienne, de la Picardie
et du Nord -Pas-de-Calais», Corpus Vitrearum,
1978.
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Tympan de la baie 100 : un ange jouant de la harpe. |
Tympan de la baie 100 : le Père céleste bénissant. |
Baie 100 : La Crucifixion. |
Baie 100 : Sainte Anne (?) et saint Jean-Baptiste. |
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Baie 100 : Donateurs et donatrices. |
Baie 100 : Donateurs et donatrices. |
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LES CHAPELLES
LATÉRALES SUD DU DÉAMBULATOIRE |
|
Le déambulatoire sud avec l'orgue de chur
qui occupe la place d'une chapelle latérale.
L'orgue de chur date de 1964.
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Baie 10 : Sainte Isabelle de France
(Atelier Charles Champigneulle), XIXe siècle. |
Baie 10 : Vitrail des trois Reines, XIXe siècle
Atelier Charles Champigneulle (Chapelle Saint-Louis). |
Baie 10 : Sainte Clotilde
Atelier Charles Champigneulle
XIXe siècle. |
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Chapelle latérale sud du Sacré-Cur. |
Bas-relief : « Saint Michel archange apparaissant à
sainte Jeanne d'Arc»
par Verrebout (1888-1889). |
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«Le Christ mort couché sur son linceul»
Philippe de CHAMPAIGNE (1602-1674), huile sur toile, vers 1654
MUSÉE DU LOUVRE |
|
|
«««---
À GAUCHE
«Le Christ mort», XVIIe siècle
Tableau anonyme ou attribué à l'École
de Philippe de Champaigne. |
|
«Le
Christ mort. Ce tableau a longtemps été
attribué à Philippe de Champaigne
(1602-1674). Cet artiste a en effet réalisé
un «Christ mort couché sur son linceul»
assez voisin, aujourd'hui exposé au musée
du Louvre et donné ci-contre. Dans les deux toiles,
les plaies du Christ au côté et aux pieds
sont bien visibles.
Même si elle reste anonyme, la toile de l'église
Saint-Médard, pour l'historien Yvan Christ (Dictionnaire
des églises de France, éditions Laffont),
pourrait toutefois appartenir à l'école
de Philippe de Champaigne.
|
|
Chapelle latérale du Sacré-Cur
et chapelle latérale Saint-Louis. |
«««---
À GAUCHE
La voûte et ses clés pendantes devant la
chapelle du Sacré-Cur. |
|
|
Le déambulatoire sud avec vue sur la chapelle axiale.
Dans la partie droite : chapelle de l'Annonciation et chapelle de
la Trinité. |
«La Trinité», début du XVIIe siècle,
peinture anonyme
dans la chapelle de l'Annonciation. |
Plan du chur de Saint-Médard avec le tracé
des voûtes du déambulatoire. |
|
«L'Annonciation et les prophètes», peinture anonyme
de 1617.
Chapelle de l'Annonciation.
«L'Annonciation
et les prophètes» et «La Sainte Trinité».
Dans son ouvrage de 1936, l'historien Maurice Dumolin
attribuait ces toiles au peintre français Claude Vignon
(1593-1670). Elles proviennent d'un retable qui décorait
le maître-autel des Filles du Calvaire dans le Marais.
|
|
La voûte complexe du déambulatoire |
La
voûte du déambulatoire. Il faut
toujours penser à lever la tête quand on
visite une église car certains pans de l'architecture
méritent parfois un regard admiratif. Le dessin,
donné ci-dessus, des voûtes du déambulatoire
montre toute l'ingéniosité de l'architecte
du XVIIe siècle dans l'art de voûter une
courbe. Par manque évident de recul, la photo
de gauche ne peut donner qu'une impression partielle
de cette belle réalisation.
|
|
«««---
La voûte du déambulatoire. |
Verrière de la baie 6
avec ses deux médaillons du XVIe siècle. |
«La Sainte Trinité»
École française, vers 1612. |
|
Baie 6 : Les donateurs (XVIe siècle). |
Un discours
patriotique (1/2).
Le curé de Saint-Médard et dix de
ses douze assistants (prêtres et moines) prêtèrent
serment à la Constitution civile du Clergé
le dimanche 9 janvier 1791. Ils le firent avec un empressement
certain et sous les applaudissements des fidèles, ce
qui leur valut les félicitations des envoyés
de l'Assemblée nationale. Le curé monta ensuite
en chaire et prononça un discours optimiste où
il réaffirma son obéissance à la loi
et son espoir de voir s'ouvrir une ère de paix. On
donne ici ce très intéressant discours tel qu'il
se trouve dans le Bulletin de la Montagne Sainte-Geneviève
de 1904.
«Nous venons, mes frères, de vous donner publiquement
une preuve de notre entière soumission aux décrets
de l'Assemblée nationale. Nous n'avons fait, en cela,
que remplir le devoir de Citoyen et nous conformer à
l'esprit de notre ministère qui doit toujours être
un ministère de paix et de conciliation. Quand une
autorité inflexible n'aurait pas exigé la respectable
formule du serment, nous n'en aurions pas été
moins soumis à cette loi, qui ne blesse en rien, ni
les dogmes de la foi, ni l'essence de notre religion sainte.
Nous savons que, dès qu'une loi est émanée
de l'autorité souveraine et qu'elle est revêtue
de toutes ses formalités, il est du devoir de tout
Citoyen de s'y soumettre, et nous, ministres des autels, nous
devons certainement en donner l'exemple.
C'est pour satisfaire cette grande obligation que nous venons
de prêter en votre présence le serment décrété
par l'Assemblée nationale. Je ne puis vous exprimer,
mes frères, combien je suis sensible à l'intérêt
que vous paraissez tous prendre à cette cérémonie.
Qu'il me soit permis, mes frères, de former ici un
vu, qui doit être celui de tout bon Citoyen :
c'est de voir cesser cet esprit de parti qui forme les animosités
et qui, depuis trop longtemps, brouille la tranquillité
des Citoyens.
Oui, mes frères, formons tous ici le vu de voir
renaître parmi nous la paix, cette paix si désirée,
cette cordialité, cette confiance mutuelle, ---»»
2/2
|
|
Un discours
patriotique (2/2).
---»» qui n'aime ni à soupçonner
légèrement ni à accuser malignement.
Puissons-nous, mes frères, en recueillant les fruits
précieux de cette liberté que nous nous félicitons
d'avoir recouvrée, puissions-nous, dis-je, goûter
les douceurs de la concorde de cette union fraternelle, qui,
en faisant le bonheur de chaque Citoyen en particulier, fait
le bonheur de la Société en général.
Voilà, mes frères, ce que nous devons désirer
et à quoi chacun doit contribuer de tout son pouvoir.
Nous ne l'obtiendrons ce bonheur que par notre respect pour
la loi, que par notre soumission à la loi. Elle assure
les droits du Citoyen ; mais il faut que tous soient fidèles
à l'observer. Sans cela il ne peut y avoir ni ordre,
ni bonheur dans la Société, qui bientôt
se trouverait en proie à la désolante anarchie
qui est le plus grand malheur que puisse éprouver une
nation. La joie que vous faites paraître dans ce moment,
mes frères, fait voir combien vous aimez la paix et
l'union. Oui, nous avons lieu d'espérer de la sagesse
et de la modération de tant de Citoyens estimables
que nous verrons disparaître du milieu de nous jusqu'à
l'ombre des dissensions.»
Qu'en est-il de l'authenticité de ce discours ? Une
note du Bulletin indique qu'il est intégré,
sous forme manuscrite, dans les archives de M.A. Gazier. Néanmoins,
on constate que le curé insiste sur la nécessité
pour tout État d'uvrer à l'intérieur
d'un cadre législatif reconnu et accepté par
tous, et que refuser le serment, c'est répandre la
suspicion et la discorde, donc mettre en danger l'État.
Selon le Bulletin, il s'ensuivit une séance
d'embrassades euphoriques entre le clergé et les délégués
de l'Assemblée nationale. Ajoutons que les deux seuls
réfractaires au serment durent quitter la paroisse
pour se soustraire à la persécution de leurs
collègues. Sur les 50 curés de Paris, 23 prêtèrent
serment et 27 refusèrent.
Source: Bulletin de la Montagne
Sainte-Geneviève et ses abords, tome IV, 1904.
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Baie 6 : Les donatrices (XVIe siècle). |
«L'Annonciation et les prophètes», peinture anonyme
de 1617, détail.
On note de gauche à droite : Isaïe, David, Aggée,
Salomon, Jérémie et Moïse.
Chapelle de l'Annonciation. |
LA CHAPELLE AXIALE
DE LA VIERGE |
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Vue d'ensemble de la chapelle axiale.
Elle a été construite par l'architecte Louis-François
Petit-Radel en 1784.
Jusque-là, le déambulatoire était fermé
par un mur de moellons.
Conformément au vu de Louis XIII, en tant que chapelle
axiale, elle est dédiée à la Vierge. |
La Vierge à l'Enfant (uvre anonyme)
dans la chapelle axiale. |
Saint Joseph
par Georges Jacquot (1774-1874).
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«Le Mariage de la Vierge» par Alexandre-François
Caminade (1789-1862). |
Sainte Philomène
par Julien-Charles Dubois (1806-1891).
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Un
épisode cocasse. Peu avant la construction
de la chapelle de la Vierge, un riche paroissien, dont
l'Histoire ignore le nom, proposa de prendre tous les
travaux à sa charge. À une condition :
qu'elle soit plus vaste que sur les plans arrêtés
par l'architecte Petit-Radel. Le plan dessinait une
forme angulaire. Pour accroître la superficie,
on pouvait aisément écarter les côtés
pour les rendre parallèles sans déroger
à la profondeur prévue. Mais le donateur
n'en fut pas satisfait. Comme ses désirs restaient
flous et qu'il s'obstinait à ne rien préciser,
il finit par retirer son offre et la chapelle fut construite
selon le plan initial.
Tout cela restait bien mystérieux et on chercha
les raisons de cette étonnante proposition. On
finit par apprendre que cet homme était un fervent
janséniste et que son dessein secret était
de faire entrer les restes du diacre Pâris, mort
en 1727, dans l'enceinte de l'église. En effet,
celui-ci était enterré dans le charnier
à l'est, près du chevet, et non pas dans
le cimetière sur le côté sud. Selon
les plans de Petit-Radel, qui étendaient l'église
à l'est, les restes se rapprocheraient du mur,
mais resteraient à l'extérieur !
L'auteur du texte ne peut s'empêcher d'ironiser
sur le devenir du tombeau de François de Pâris.
Qu'aurait pensé l'«admirateur du pauvre
diacre» s'il avait su que, vingt-cinq ans plus
tard, en 1807, on exhumerait ses ossements et on les
jetterait avec d'autres dans une tranchée au
point d'en oublier l'emplacement ! Nul doute qu'il aurait
exprimé clairement ses raisons pour essayer de
convaincre l'architecte. Soyons lucides : l'Histoire
n'y aurait rien gagné car les révolutionnaires
de 1789 auraient sans doute profané la tombe
et dispersé les os comme ils l'ont fait pour
beaucoup de tombeaux en France.
Source: Bulletin de
la Montagne Sainte-Geneviève et ses abords,
tome IV, 1904.
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Le côté nord de la chapelle de la Vierge avec la
statue de Philomène. |
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«Saint Médard couronnant la première rosière»
par Louis Dupré (1769-1837). |
La
rosière. On sait fort peu de choses
sur la vie de saint Médard († avant 561)
Il fut élu évêque du Vermandois
et transféra son siège de Saint-Quentin
à Noyon. Le roi mérovingien Clotaire Ier
fit assassiner le frère de son épouse,
la reine Radegonde. Celle-ci se réfugia auprès
de l'évêque et lui demanda de la consacrer
comme moniale. ce qu'il fit après avoir hésité.
Il mourut peu après.
Saint Médard devint très populaire et
la légende lui prêta, comme à l'habitude,
quantité de miracles, mais aussi l'institution
des rosières «peut-être parce qu'il
semble que, dans sa ville natale de Salency, on ait
élu une rosière bien avant de le faire
ailleurs», lit-on dans le Dictionnaire des
saints et grands témoins du christianisme.
Source : «Dictionnaire
des saints et des grands témoins du christianisme»,
CNRS Éditions, 2019.
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«Saint Médard couronnant la première rosière»,
détail
par Louis Dupré (1769-1837). |
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LES CHAPELLES
LATÉRALES NORD DU DÉAMBULATOIRE |
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«Sainte Geneviève lisant et gardant ses moutons»
par Charles-Dominique-Joseph Eisen (1720-1778).
Toile réalisée vers 1765. |
Le retable de la chapelle Sainte-Geneviève. |
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À DROITE ---»»»
Baie 7 : Saint Michel terrassant le dragon
Milieu du XVIe siècle, uvre très restaurée. |
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Le
jansénisme et les convulsionnaires de Saint-Médard
(2/3).
---»» Louis XIV s'éteint
en 1715. La fragilité de l'Interrègne
favorise les opposants qui multiplient les appels contre
la Bulle. Parmi eux, l'archevêque de Paris écrit
même en 1719 qu'il nie le dogme de l'infaillibilité
pontificale. En fait, tout cela est le dernier feu.
«Lorsque, à partir de 1726, avec le ministère
Fleury, le pouvoir se décidera à des mesures
sévères, écrit Catherine-Laurence
Maire dans un document d'archives sur les convulsionnaires
(éditions Gallimard/Julliard), la majorité
des ecclésiastiques se soumettra sans trop de
résistance à l'autorité pontificale.
Dès les années 1720 s'amorce, en fait,
le processus de défaite des appelants.»
Revenons à Saint-Médard, paroisse populeuse
et pas vraiment janséniste. Un certain François
de Pâris, diacre, officie parmi les clercs
de l'église. Il est janséniste et sa foi
est profonde. Donnant aux pauvres tout ce qu'il possède,
se privant de tout, «François de Pâris,
écrit Catherine-Laurence Maire, se considère
comme un pénitent chargé d'apaiser la
colère de Dieu allumée par la bulle Unigenitus.»
Le 1er mai 1727, il meurt à l'âge de trente-sept
ans d'excès de privations dans une misérable
cabane, non loin de l'église. Il est enterré
dans le charnier devant le chevet. Avant de mourir,
Pâris a renouvelé, lors de sa confession,
sa foi janséniste et son appel contre la Bulle.
Dès sa mort, des jansénistes vont prier
sur sa tombe. Le rite se transforme bien vite en véritable
culte car le diacre est regardé comme un bienheureux.
On parle bientôt de miracles : les aveugles voient,
les sourds entendent, les boiteux ne claudiquent plus.
Cette renommée se répand ; la Cour, informée,
s'inquiète, puis sévit : en 1730, le curé
de l'église qui a appelé contre la Bulle,
le très actif père Pommart, est exilé
à Blois.
Cette sanction ne réduit en rien la dévotion.
Les miracles continuent et vont, dès lors, être
partagés en deux : les «miracles»
purs et simples et ceux obtenus à la suite de
convulsions. Les jansénistes acceptent les premiers,
mais se divisent sur les seconds : s'agit-il d'uvres
de Dieu, du diable ou de charlatans ?
Les convulsionnaires vont créer un beau
charivari dans la capitale. Le premier d'entre eux,
rapporte le Bulletin de la Montagne Sainte-Geneviève
de 1904, est une domestique, impotente depuis six ans,
qui «recouvra la santé le 3 août
1731, après de violentes convulsions qui lui
durèrent plusieurs jours.» Évidemment,
les jansénistes, même s'ils sont divisés,
s'emparent de ces guérisons comme preuves de
la justesse de leur cause et publient régulièrement
le récit des faits dans leur journal clandestin,
Les Nouvelles ecclésiastiques. Comme Louis
XV et la Cour soutiennent les molinistes, c'est-à-dire
le «parti constitutionnaire» bien sûr
opposé aux miracles, l'affaire tombe à
point nommé pour les Parisiens. Le Bulletin
rapporte : «(...) l'occasion de faire de l'opposition
au gouvernement était trop belle pour que les
Parisiens, selon leur traditionnelle habitude, ne s'en
emparassent point en affirmant leurs préférences
pour le parti qui combattait le pouvoir.»
Loin des querelles théologiques et malgré
les espions d'une Cour qui n'y voit que simulations,
les convulsionnaires deviennent un véritable
spectacle. Une certaine bourgeoisie s'y presse. Comme
au théâtre, il est bon d'y être vu.
Des petits malins y louent des chaises ; d'autres organisent
leur commerce d'écrivains publics ou de vendeurs
de baume guérisseur. Le mauvais temps de l'hiver
1731 qui approche n'y change rien. «Chaque jour
les rues qui entouraient l'église et son charnier
étaient encombrées par une multitude de
croyants», écrit le Bulletin. La
province s'en mêle : petits et grands de toute
condition affluent. Des grands de la Cour, malades,
s'y rendent en espérant un miracle. C'est le
cas de la comtesse-douairière de Conti qui est
aveugle depuis de longues années.
Que se passe-t-il exactement ? Lisons encore une fois
le Bulletin : «Les fidèles, dirigés
par des prêtres jansénistes, chantaient
des cantiques et entonnaient des Te Deum. Puis,
les prières achevées, chacun restait dans
l'attente du miracle escompté. On voyait alors
des hommes et des femmes courir, s'agiter, faire des
bonds extraordinaires, se débattre à terre
comme en proie à des crises d'épilepsie
; ici, certains marchaient sur les mains, la tête
en bas et les jambes en l'air, en des attitudes d'acrobates,
pendant que d'autres se contournaient en des poses où,
pour certaines, la décence la plus élémentaire
était oubliée.»
Le spectacle franchit un nouveau cap quand, selon le
Bulletin, «des femmes demandaient en grâce
à ceux qui les entouraient de les frapper sur
tout le corps, et plus les coups qu'elles recevaient
étaient meurtriers, plus elles exprimaient de
satisfaction ; leur joie touchait à la béatitude.»
D'ailleurs, on ne parle pas de coups, mais de «secours»
et il s'agit toujours de guérir de quelque chose.
Ces scènes de souffrance deviennent rapidement
des symboles. Les poses à succès sont
celles qui miment la Passion. L'interprétation
en découle clairement : le convulsionnaire représente
l'Église persécutée par les attaques
contre la Vérité.
Le sexe ne tarde pas à s'en mêler car,
parmi les convulsionnaires, les femmes et les jeunes
filles sont de loin majoritaires. Catherine-Laurence
Maire cite le rapport d'un espion de la Cour : «Ce
qu'il y a de plus scandaleux, c'est de voir des jeunes
filles assez jolies et bien faites entre les bras des
hommes qui en les secourant peuvent contenter certaines
passions, car elles sont des deux ou trois heures, la
gorge et les seins découverts, les jupes basses,
les jambes en l'air qui laisse aux spectateurs tout
le loisir de les examiner quelques soins que prennent
d'autres femmes d'empescher de voir ce qu'une fille
ou femme doit cacher. Comme il m'est arrivé à
moy meme lorsque je voulus faire un pareil office à
la jeune fille qui me mit les deux pieds sur les épaules
et dont les cuisses restèrent découvertes.»
Évidemment, beaucoup ne voient là que
supercherie, que pantomimes étudiés ;
bref un spectacle sacrilège et indigne, orchestré
par les jansénistes. Et tout Paris prend parti
: pour ou contre ; miracles ou charlatanisme. La capitale
se divise en deux camps, noyée dans les pamphlets,
les libelles et les épigrammes. ---»»
Suite 3/3
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Le retable de la chapelle Sainte-Anne.
À DROITE ---»»»
«La Sainte Famille»
Tableau anonyme du XVIIe siècle |
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Le déambulatoire nord vu depuis la chapelle axiale. |
Verrière du XIXe siècle dans la baie 11 : Trois
saints évêques.
Ce vitrail n'est pas signé, mais la comparaison des styles
avec celui
des Trois Reines
le fait attribuer à l'atelier de Charles Champigneulle. |
«««--- À GAUCHE
«L'Éducation de la Vierge»
Tableau anonyme du XVIIe siècle. |
|
Le
jansénisme et les convulsionnaires de Saint-Médard
(3/3).
---»» Louis XV doit réagir
: le 27 janvier 1732, par ordre du roi, le cimetière
et le charnier sont fermés. Convulsionnaires
et spectateurs transfèrent alors les ébats
dans la maison où était mort François
de Pâris. La réaction ne tarde pas :
le 7 mars, le lieutenant de police fait interdire l'entrée
de la maison à toute personne qui n'y habite
pas. Le mouvement se poursuit clandestinement, dans
les logements, les caves et les greniers. En 1764, l'expulsion
des jésuites, adversaires résolus des
jansénistes, ne change rien. Si le mouvement
s'étiole au fil des ans, il ne disparaît
pas. Arrive 1789. La querelle religieuse d'où
tout est parti et que le XVIIIe siècle n'a pas
réussi à résoudre va être
balayée par les idéaux de la Révolution.
Notons enfin qu'en 1807 le cimetière et le charnier
de Saint-Médard seront désaffectés.
Toutes les tombes seront relevées et les ossements
jetés dans une tranchée. L'endroit deviendra
d'abord une cour sablée garnie d'un gymnase.
À la fin du XIXe siècle, on y construira
une salle de catéchisme.
Sources : 1) Bulletin
de la Montagne Sainte-Geneviève, tome IV,
1904 ; 2) Les Convulsionnaires
de Saint-Médard, présenté par
Catherine-Laurence Maire, Archives Gallimard/Julliard,
1985 ; 3) La Grande affaire d'Olivier Andurand, Presses
Universitaires de Rennes, 2017.
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Suite de chapelles latérales nord dans le chur.
Au centre, la chapelle Saint-Joseph. |
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Tapisserie des Gobelins : «Saint Étienne martyr».
C'est une copie exécutée en 1847. |
«««--- À GAUCHE
Bas-relief : La Vierge et l'Enfant
par le sculpteur Verrebout. |
À DROITE ---»»
Un chapiteau corinthien du chur. |
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Les
chapiteaux. Le visiteur ne peut qu'être
étonné par les chapiteaux corinthiens
très éclectiques qui dominent les piliers
à l'entrée des chapelles du chur.
Ils remontent à la fin du XVIe siècle
ou au début du XVIIe, mais ils ne sont pas présents
partout. La photo ci-dessus montre l'intrusion de l'architecte
Louis-François Petit-Radel qui a refait en 1784
une pile et un chapiteau de style dorique à la
chapelle Sainte-Geneviève (partie droite de la
photo), alors que, sur la gauche, le chapiteau est réduit
à un pauvre bandeau.
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Baie 11 : Saint Céran
Partie du vitrail des trois saints évêques,
XIXe siècle. |
L'Enfant Jésus entre la Vierge et sainte Anne
Vitrail partiel de la baie 9, milieu du XVIe siècle.
Archevêque dans le tympan : fin du XVIIe. |
«Saint Paul et saint Barnabé à Lystra»,
Anonyme, milieu du XVIIe siècle. |
Baie 11 : Saint Landry
Partie du vitrail des trois saints évêques,
XIXe siècle. |
L'orgue de tribune. |
L'orgue.
La partie instrumentale a été construite
en 1765-1767 par François-Henri Clicquot, restaurée
par les frères Stolz en 1880, puis par Gutschenritter
en 1933-34. Le buffet, réalisé par Germain
Pillon entre 1644 et 1650, a été remanié
au XVIIe siècle.
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Le Christ ressuscité au sommet de l'orgue de tribune
XVIIe siècle |
Les anges assis au sommet du positif.
XVIIe siècle |
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La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chur.
L'orgue de tribune est encastré dans l'élévation
d'une nef étroite. |
Documentation : «Paris d'église
en église», éditions Massin
+ «Les églises de France, Paris et la Seine», Maurice
Dumolin et George Outardel, éditions Letouzey et Ané
- Paris, 1936
+ «Les églises flamboyantes de Paris», Agnès
Bos, éditions Picard, 2003
+ Bulletin de la Montagne Sainte-Geneviève, tome IV, 1904
+«Les vitraux de Paris, de la Région parisienne, de la
Picardie et du Nord -Pas-de-Calais», Corpus Vitrearum, 1978
+ «Dictionnaire des églises de France», éditions
Robert Laffont, 1966, article d'Yvon Christ
+ «Les Convulsionnaires de Saint-Médard», présenté
par Catherine-Laurence Maire, Archives Gallimard/Julliard, 1985
+ «La fabrique du Paris révolutionnaire » de David
Garrioch, éditions La Découverte, 2015
+ «La Grande Affaire» d'Olivier Andurand, Presse universitaires
de Rennes, 2017
+ «Histoire véritable de la mutinerie de Saint-Médard»,
Souvenirs de Condé, XVIe siècle
+ nombreux panneaux d'information affichés dans l'église. |
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