|
|
|
Les origines de l'église sont
obscures et partiellement légendaires. On y trouve le roi
mérovingien Chilpéric Ier, saint Landry, saint Germain
d'Auxerre, sans pouvoir rien démêler. Sous le règne
de Charlemagne, un sanctuaire existait déjà, brûlé
par les Normands, et rebâti au début du XIe siècle.
Enfin, au XIIe, on entreprit des travaux dont on ignore l'ampleur.
A-t-on élevé un édifice entier ? De cette époque,
seule la tour
romane qui abrite le clocher est parvenue jusqu'à nous.
Au XIIIe siècle, la population du quartier s'accroît.
Une nouvelle église, plus vaste, est érigée
dans la seconde moitié du siècle. Selon l'histoire
traditionnelle de l'église, seuls le chur,
la chapelle de la
Vierge dans le bas-côté sud et le portail
d'entrée à l'ouest nous en restaient, seuls vestiges
du XIIIe siècle. Cependant, l'historienne Agnès Bos,
dans Les églises flamboyantes de Paris (2003), remet
en cause cette datation. Des documents d'époque portent la
trace de très importants travaux entrepris vers le second
quart du XIVe siècle. C'est donc cette époque qui
doit plutôt être retenue pour l'antériorité
du chur
actuel et peut-être aussi de la chapelle
de la Vierge.
Hormis la Sainte-Chapelle, Saint-Germain-l'Auxerrois est la seule
église médiévale parisienne à posséder
un porche. À
quoi est due cette particularité ? Voir plus
bas.
L'église est à la fois collégiale et paroissiale.
Le chapitre de chanoines qui l'administre est présidé
par un doyen relevant de l'évêque de Paris. Une partie
de l'édifice, dont la chapelle
de la Vierge, est attribuée au culte des paroissiens.
Ce qui provoque parfois des heurts avec les chanoines.
Aux XVe et XVIe siècles, l'édifice est agrandi ou
reconstruit par parties : nef,
double-bas-côté
nord, déambulatoires
nord et sud,
chapelles et chevet.
Saint-Germain-l'Auxerrois, à côté du Louvre,
avait un statut particulier : c'était l'église de
la Cour. Sans doute, de beaux vitraux médiévaux historiés
garnissaient-ils les baies, mais tout a disparu, à l'exception
de ceux du transept.
Dans son exigence de lumière, le XVIIIe siècle a fait
place nette : les verrières de la nef
et du chur
ont reçu du verre blanc. En 1744, le chapitre fut réuni
à celui de Notre-Dame et l'église devint simple cure.
Curé et marguilliers firent alors modifier le chur
pour le mettre au goût de l'art classique antiquisant. C'est
le chur actuel.
Arrive la Révolution. En 1793, l'église est fermée,
puis transformée en magasin à fourrage, ensuite en
imprimerie. Finalement, sous le Directoire, elle est abandonnée
au culte théophilanthropique qui la rebaptise «temple
de la Reconnaissance». En 1802, année d'application
du Concordat, elle est rendue au culte catholique.
Après les Trois Glorieuses et le départ de
Charles X, l'époque est à l'anticléricalisme
et au rejet des légitimistes qui soutiennent le parti du
roi en exil et de ses fils. Le 14 février 1831 se tient,
à Saint-Germain-l'Auxerrois, une cérémonie
en l'honneur du duc Berry (deuxième fils de Charles X), assassiné
en 1820. Le lendemain, une foule déchaînée hurle
à la provocation et met à sac l'édifice, sous
les yeux de quelques soldats de la Garde nationale, qui restent
passifs (voir plus bas).
Les vitraux du premier niveau sont brisés, les ornements,
détruits. Dans la foulée, les grandes verrières
de l'abside seront déposées à cause de la présence
de lys dans leurs bordures. L'historien Maurice Dumolin signale
que, après la mise à sac, les bureaux de la mairie
du 4e arrondissement sont installés à l'intérieur,
et même une fabrique de ballons.
De 1838 à 1855, l'édifice subit une restauration intensive,
dirigée par les architectes Jean-Baptiste Lassus et Victor
Baltard. De nouveaux vitraux sont posés, issus de plusieurs
ateliers, dont Maréchal de Metz, Thevenot et Lusson. Les
grandes baies de la nef
et du chur
reçoivent du verre blanc, embelli de formes géométriques,
ce qui permet à la lumière de bien éclairer
l'église. Le XIXe siècle va enrichir l'église
en uvres d'art : tableaux, peintures murales, sculptures.
Le Louvre hébergeait les artistes qui travaillaient pour
la Couronne. Ceux-ci devenaient alors paroissiens de Saint-Germain-l'Auxerrois.
Certains d'entre eux y ont leur sépulture : Coypel, Stella,
Restout, Boucher, Coysevox, Coustou, etc.
Saint-Germain-l'Auxerrois est l'une des principales églises
gothiques de Paris. On y trouve actuellement beaucoup d'uvres
d'art, la plupart du XIXe siècle. Néanmoins, deux
uvres antérieures sont dignes d'intérêt
: un retable
flamand du début du XVe siècle et un triptyque
marial du XVIe siècle. Les amateurs de vitraux pourront
admirer les grandes verrières du transept
datées du XVIe siècle, créées en partie
par l'atelier de Jean Chastellain.
Page 1 : l'extérieur
de l'édifice, la nef
et de ses bas-côtés ;
Page
2 : le transept et les grandes verrières du XVIe siècle
;
Page
3 : le chur
; le déambulatoire
nord ; le déambulatoire
sud ; le chevet.
|
|
Vue d'ensemble de la nef et du chur de Saint-Germain-l'Auxerrois.
L'observateur attentif remarquera un très léger désaxement
du chur vers le nord. |
ARCHITECTURE EXTÉRIEURE
DE L'ÉGLISE SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS |
|
En face du Louvre, de gauche à droite : l'ancienne mairie
du 1er arrondissement de Paris,
le beffroi, élevé par Théodore Ballu entre 1858
et 1861, et l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. |
L'archange Saint-Michel trône sur le pignon
de l'église. La statue date de 1841. |
Architecture
extérieure (1/4).
La partie orientale de l'église (donnée
ci-contre) ne présente guère d'originalité.
Remarquons toutefois l'étonnante frise
aux carpes au-dessus des trois baies de la chapelle axiale,
visible dans la rue de l'Arbre-sec.
Cette moitié extérieure, qui enveloppe le chur,
est sobre. Un garde-corps uniforme lie dans un même
bloc les chapelles qui bordent le déambulatoire. Les
grandes fenêtres du second niveau sont peu visibles
depuis la rue. Néanmoins, on peut voir, entre le couvrement
des chapelles, les arcs-boutants dont les culées sont
ornées d'un pinacle à crochets. On obtient un
très
belle vue plongeante depuis le 3ème étage
de la Samaritaine, le grand magasin parisien qui se trouve
juste en face.
Le croisillon sud du transept se termine comme une véritable
façade. Son élégante élévation
est à trois niveaux. La partie basse en est donnée
plus
bas. Les quatre niches, qui ont perdu leurs statues depuis
longtemps, sont coiffées de dais gothiques finement
sculptés.
Notons que le côté
nord de l'église, au moins pour la nef et le transept,
n'est accessible qu'en passant par l'ancienne mairie
du 1er arrondissement. C'est par le portail nord que les
chanoines jadis entraient dans l'église en venant du
quartier canonial. Ce portail est nettement moins travaillé
que le portail sud.
Le clocher de Saint-Germain-l'Auxerrois est roman. Ses deux
étages, ouverts de baies géminées en
plein cintre, sont les seuls vestiges de l'église du
XIIe siècle. Le couronnement est moderne. La cloche
est datée de 1527. Le clocher se terminait jadis par
une flèche ceinturée de clochetons. Elle a été
supprimée dans les années 1740 dans le même
temps que l'intérieur de l'église, perdant son
chapitre de chanoines, était modifié selon les
règles du classique antiquisant.
Le grand porche
occidental est de loin la partie la plus intéressante
de l'architecture extérieure. Il abrite trois portails
possédant chacun une archivolte. Ces portails sont
datés des années 1220-1230.
---»»» Suite 2/4
plus bas.
|
|
Côté sud de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois
avec son clocher daté du XIIe siècle. |
La tourelle octogone, flanquée
contre le croisillon sud, abrite l'escalier à
vis qui monte vers le chemin de ronde supérieur.
Par là, on parvient au clocher.
|
|
Le dessin du garde-corps du côté
nord (ci-dessus) est plus élégant que celui
du côté sud. |
|
L'abside et le côté sud de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois
vus depuis le troisième étage de la Samaritaine. |
Un beau portail gothique termine le bras sud du transept.
Les dais des niches sont particulièrement travaillés. |
Le chevet de Saint-Germain-l'Auxerrois fait face à la Samaritaine.
À droite, une école.
La frise aux carpes se trouve sous le garde-corps de la chapelle axiale.
Paris, 1er arrondissement, rue de l'Arbre-sec. |
Pour le plaisir des yeux...
La façade de l'«école de filles»
à côté de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois
possède
un tympan orné d'un magnifique bas-relief que l'on datera du
XIXe siècle. |
La frise
aux carpes.
L'historien des rues de Paris, Jacques Hillairet, note, dans
son Dictionnaire historique, que le chevet de l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois présente une frise remarquable
autour de sa chapelle
axiale. Cette chapelle a été financée
par un riche drapier, dénommé Jean Tronson,
en 1505. La clé de voûte de la chapelle axiale,
autrefois appelée chapelle Tronson, représente
d'ailleurs les armoiries de sa famille. Le nom de cette chapelle
est maintenant chapelle
du Tombeau.
Le coin nord de la frise des carpes est donné en gros
plan ci-dessous (le coin sud a été partiellement
bûché). On voit, de chaque côté
de l'écusson, la tête d'une carpe.
De façon très originale, le poisson est sculpté
en plusieurs tronçons séparés par des
feuillages, ce que la deuxième photo au-dessous montre
clairement. Deux carpes y sont sculptées queue à
queue. (C'est la frise du mur oriental de la chapelle axiale.)
|
Jacques Hillairet écrit
que cette décoration viendrait d'une demande spécifique de
Jean Tronson qui aurait accepté de financer la construction
de la chapelle axiale à condition que le sculpteur,
Jean Solas, exécutât pour lui des sculptures
spécifiques sur la frise extérieure. Son vu
a été exaucé et ne laisse pas d'intriguer
les passants. Pourquoi des carpes ? Pourquoi tronçonnées
? Est-ce un jeu de mot sur son nom de famille ? Ou bien le
drapier avait-il des poissonniers dans sa parentèle
? Mystère.
Quoi qu'il en soit, si vous passez près de la Samaritaine,
rue de l'Arbre-sec, dans le 1er arrondissement de Paris, n'oubliez
pas de jeter un il sur cette étonnante frise
du tout début du XVIe siècle (qui aurait d'ailleurs
besoin d'une restauration - les deux photographies ont été
éclaircies).
|
|
Carpes et armoiries dans la frise qui orne l'extérieur de la
chapelle axiale de l'église. Ici le coin nord. |
Frise au-dessus de la baie centrale de la chapelle axiale de l'église
:
deux carpes, sculptées queue à queue, sont découpées
en tronçons séparés par des feuillages. |
LE CÔTÉ
NORD ET LE PORTAIL DES CHANOINES |
|
C'est par ce portail, sur le côté nord, que les chanoines
entraient dans l'église depuis l'enclos canonial.
Il donne actuellement dans une cour close, accessible depuis l'ancienne
mairie du 1er arrondissement. |
La rose nord au-dessus du portail. |
LA FAÇADE
OCCIDENTALE DE L'ÉGLISE SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS |
|
La façade occidentale de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois
date de la fin du XVe siècle.
Le porche, au nord et au sud, se termine par deux pavillons qui abritent
des petites salles de fonction.
La grande rose a été détruite au XVIIIe siècle
pour les besoins de l'orgue de tribune, puis
refaite par les architectes Godde et Lassus lors des restaurations
du XIXe siècle.
|
Architecture
extérieure (2/4).
---»»» Excepté le cas un peu particulier
de la Sainte-Chapelle, Saint-Germain-l'Auxerrois est la
seule église médiévale de Paris à
posséder un porche en façade. Si l'on suit
Agnès Bos dans son ouvrage Les églises flamboyantes
de Paris (Picard, 2003), il y eut un premier porche édifié
au XIVe siècle, puis un deuxième, bâti
par Jean Gaussel vers 1435-1439 pendant l'occupation anglaise
de la capitale. Enfin, un troisième aux alentours de
1490.
Tant à l'extérieur que sous abri, le porche
est riche d'une décoration
gothique foisonnante à base de feuilles de chou,
de pampres, de dragons, de lézards et d'animaux fantastiques.
Ces multiples sculptures nous sont parvenues quasiment intactes
depuis la fin du XVe siècle. Les niches, groupées
ou isolées, abritent toutes des statues modernes à
l'exception de celle, bien dégradée, de saint
François d'Assise. Celle de sainte
Marie l'Égyptienne est une copie moderne de la
statue d'origine, préservée maintenant dans
la chapelle
de la Vierge.
Saint-Germain-l'Auxerrois était l'église de
la Cour. À ce titre, on peut s'attendre à trouver
des détails remarquables, des richesses décoratives
qu'on ne voit guère ailleurs. C'est ce qui se produit
dans le dessin des voûtes, sous les dais des niches,
et qui est parfaitement visible. On en donne des exemples
plus
bas. Agnès Bos écrit à ce sujet :
«Ces voûtes, sexpartites ou en étoile,
ont leurs petites clefs de voûte, en forme de fleur
le plus souvent, et retombent sur de minuscules consoles factices
elles-mêmes sculptées, en forme d'animal ou de
feuillage.» Il y a d'ailleurs aussi des consoles factices
en forme de tête
humaine.
---»»» Suite 3/4
plus bas.
|
|
Sainte Isabelle de France dans le porche.
Statue du XIXe siècle.
Socle du XVe siècle. |
Un homme dort sur la voussure
de l'arcade nord du porche occidental.
XVe siècle. |
|
Ornementations gothiques du porche de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois,
vue partielle.
Le porche abrite trois portails du XIIIe siècle (années
1220-1230).
Les extrados des arcades du porche sont riches d'une décoration
sculptée (feuilles de chou, animaux fantastiques, lézards,
loups, dragons, etc.). |
Les sculpteurs de la fin du XVe siècle n'ont rien négligé
: tous les dais des statues du porche ont des ogives factices.
Ici, le dais de la statue de sainte Clotilde. |
|
|
Dais de la statue de sainte Bathilde.
Un singe au-dessus d'une voussure dans une arcade du porche
---»»»
«««--- Saint François d'Assise, XVe
siècle.
C'est la seule statue d'origine qui se trouve encore sous le
porche.
|
|
|
Statue de Charlemagne dans le porche
XIXe siècle,.
La niche est du XVe siècle. |
Les voûtes factices du dais de sainte Radegonde, reine
de France. |
Architecture
extérieure (3/4). ---»»
Le garde-corps qui domine le porche, ainsi que la rose,
ont été refaits dans la première
moitié du XIXe siècle. Au-dessus des portails
nord et sud de la façade se trouvent deux petites
salles carrés éclairées de deux
baies géminées en plein cintre (photo
plus
haut). Elles renfermaient jadis les archives et
le trésor. Maurice Dumolin, dans Les églises
de France : Paris et la Seine (1936) rapporte que
la salle au sud abritait le triptyque
marial maintenant exposé dans le déambulatoire
sud.
---»»» Suite 4/4
plus bas.
|
|
|
Statue de Marie l'Égyptienne.
C'est la copie moderne de la
statue
du XVe siècle qui se trouve
dans la chapelle de
la Vierge. |
La voûte ogivale factice du dais de saint Marcel présente
une console en forme de tête humaine. |
L'entrée du porche gothique au sud.
La statue sur la gauche (saint François d'Assise) est la seule
statue du XVe siècle sous le porche. |
Architecture
extérieure (4/4). ---»» Agnès
Bos souligne l'opposition manifeste entre la décoration
luxuriante du porche et la sobriété de l'intérieur
de la nef. Pour
l'historienne, c'est un choix délibéré.
Loin d'en conclure à la présence de plusieurs
architectes, elle y voit plus simplement «la volonté
de rejeter à l'extérieur de l'édifice
l'ornementation purement décorative pour ne garder
à l'intérieur que des lignes pures.» C'est
souvent le même choix que l'on observe dans d'autres
édifices parisiens de la même époque.
Sources : 1) Les églises
flamboyantes de Paris d'Agnès Bos, éditions
Picard, 2003 ; 2) Les églises de France : Paris
et la Seine, article sur l'église par Maurice Dumolin,
Librairie Letouzey et Ané, 1936
|
|
Vue d'ensemble des voûtes d'ogives devant le portail principal
du porche.
La voûte centrale est ornée du tétramorphe. |
Le portail nord du porche occidental.
La clé de voûte représente, en médaillon,
l'Adoration
des bergers. |
Les portails
latéraux nord et sud (1/2).
Le visiteur de l'église peut être
intrigué par la physionomie des portails nord et sud
de la façade occidentale (le portail nord est donné
ci-contre). Il est clair qu'elle ne correspond pas à
celle d'origine car l'archivolte n'occupe pas tout l'espace.
Dans la photo, sur la gauche, une statue dans sa niche remplit
le vide vertical créé par une modification du
portail. Que s'est-il passé ?
Dans son ouvrage Les églises flamboyantes de Paris
(Picard, 2003), l'historienne Agnès Bos s'est penchée
sur la question. On sait que le premier porche date du XIVe
siècle et que le deuxième, du XVe siècle,
est l'uvre de Jean Gaussel (vers 1435-1439). Au terme
d'une analyse archéologique pointue, Agnès Bos
arrive à la conclusion qu'on pourrait avoir là
la preuve de la modification partielle du porche à
la fin du XVe siècle, lors de sa reconstruction.
Les indices sont multiples. Notons les principaux : derrière
la statue se trouve un escalier (muré), remplacé
par un escalier à vis (toujours praticable) qui se
trouve à droite de la porte dans un mur épaissi
pour l'occasion ; de plus, «les arcs-doubleaux séparant
les voûtes des pavillons des petites voûtes centrales
à liernes et tiercerons, écrit Agnès
Bos, sont comme tronqués du côté où
ils pénètrent dans la maçonnerie du mur
occidental de l'église» Les flèches, dans
la photo ci-dessous le montrent clairement.
---»» Suite 2/2
ci-dessous.
|
|
Vierge à l'Enfant
sur le trumeau du portail central, détail.
XIXe siècle.
Cette statue a pris la suite d'un saint Germain
(ou d'un Christ-Roi) qui ornait
l'ancien trumeau, détruit en 1710. |
Les
portails latéraux nord et sud (2/2).
---»» Ainsi, il est fort probable
que, en 1488, on ait pris le parti de conserver les
pavillons latéraux au-dessus du porche (qui datent
des années 1430) afin de ne refaire que la partie
centrale. Même si le seul document d'époque
qui nous reste de la reconstruction de 1490 précise
qu'«il conviendra de faire ledit portail tout
de neuf», Agnès Bos n'écarte pas
la possibilité que le porche actuel soit le résultat
de deux campagnes différentes.
|
|
Le porche vu du nord.
Les flèches bleues indiquent la marque
de la troncature des arcades. |
Pourquoi
un porche à Saint-Germain ? (1/3)
Compte tenu de la rareté du porche
médiéval à Paris, la question doit
être posée. Dans son ouvrage Les églises
flamboyantes de Paris (Picard, 2003), l'historienne
Agnès Bos apporte quelques idées de réponse.
D'une manière générale, en citant
l'historien Nicolas-Michel Troche du XIXe siècle,
elle rappelle qu'il y avait souvent de l'eau sous les
porches pour se purifier et que l'endroit était
le siège du juge ecclésiastique. C'est
là qu'on y pratiquait les exorcismes et où
se déroulaient d'«autres cérémonies».
Mais Agnès Bos fait remarquer que les archives
du chapitre ne mentionnent aucune cérémonie
et que le porche était plutôt un lieu de
rendez-vous, notamment quand le chapitre décidait
d'une convocation à comparaître.
Les petites salles nord et sud au-dessus de ce porche
offrent une autre piste. Celle du sud abritait les archives
de la paroisse et le trésor de la fabrique. En
quelque sorte, le porche est donc un lieu de mémoire
; il est possible que s'y tenaient les réunions
de la fabrique. Au nord, la salle n'a pas une destination
très claire.
Un autre point doit être pris en compte : la mise
en interdit du royaume. Régine Pernoud dans son
ouvrage Isambour, la reine captive (Stock, 1987)
relate les faits en détails. Rappelons-les brièvement.
Le 4 août 1193, le roi Philippe II Auguste, vingt-huit
ans, épouse à Amiens
la princesse danoise Ingeburg, qui restera dans l'Histoire
de France sous le nom d'Isambour. ---»»
Suite 2/3.
|
|
|
Médaillon en pierre représentant l'Adoration des
bergers
dans la clé de voûte devant le portail nord du porche. |
Médaillon représentant la Cène dans la
clé de voûte devant le portail sud
du porche. Sculpture en bois provenant de l'intérieur de l'église. |
Adam et Ève sont cachés dans
la voussure sculptée du portail
sud du porche. Ici, Ève. |
Bas-relief de la Cène dans la clé de voûte
devant le portail sud, détail. |
Les ogives devant le portail principal sont ornées
du tétramorphe. Ici, l'ange de Mathieu. |
Adam et Ève sont cachés dans la voussure
sculptée du portail sud du porche. Ici, Adam. |
Pourquoi
un porche ? (2/3)
---»» Le couronnement de
la reine doit avoir lieu le lendemain, après
la nuit de noces. Mais, au matin, revirement total
du roi qui ne veut plus approcher de sa jeune
épouse et ne plus la voir. Pourquoi ? Cette
question reste l'un des grands mystères
de l'Histoire de France. Impuissance du roi ?
Isambour a prétendu le contraire. C'est
parole contre parole, rapportées par des
intimes de bonne foi : un casse-tête insoluble.
Toujours est-il que Philippe II va exiger qu'Isambour
s'enferme dans un couvent. En 1196, il prendra
une nouvelle épouse : Agnès de Méranie.
Mais Isambour, qui possède un caractère
fort, en appelle au pape. De son côté,
son père a le bras long. Le roi Philippe
est reconnu bigame, une situation intenable au
sein d'une civilisation chrétienne qui
ne reconnaît que la monogamie.
---»» 3/3
|
|
|
Pourquoi
un porche à Saint-Germain ? (3/3)
---»» Conséquence : le
domaine royal est mis en interdit par le pape en janvier
1200. Pour être levé, Philippe doit reprendre
Isambour et chasser Agnès.
À cette époque, le domaine royal comprend
une bonne partie de la France du Nord, sans la Normandie
: Parisis, Laonnais, Orléanais, Gâtinais,
Vexin français, vicomté de Bourges,
Amiénois, Artois et Vermandois.
Les critères de l'interdit sont draconiens. Les
églises sont fermées, les sacrements prohibés,
sauf le baptême des nouveau-nés. La communion
est réservée aux malades en danger de
mort. L'extrême-onction est interdite. Le prêtre
peut célébrer la messe le vendredi uniquement
; seul le clerc qui l'assiste sera présent. Il
est interdit d'enterrer les morts, ou même de
déposer les corps, dans les cimetières
parce que leur caractère de lieux consacrés
est suspendu.
Certaines activités sont cependant autorisées,
mais sous le portique de l'église quand il y
en a un, sinon à l'air libre. C'est là
qu'un porche prend toute son importance. Les prêtres
ont le droit de prêcher le dimanche sous le portique,
mais pas de dire la messe. S'ils bénissent, c'est
uniquement les besaces des pèlerins, mais hors
de l'église. Les confessions ont lieu sous le
portique, devant tout le monde, les portes de l'édifice
restant fermées. S'il n'y a pas de portique et
s'il pleut (ou s'il fait mauvais temps), on ouvre l'une
des portes pour entendre les confessions sur le seuil.
Les autres fidèles resteront à l'extérieur.
Quand les prêtres réciteront les heures
canoniques ou liront les évangiles (toujours
sous le portique ou à l'air libre), aucun fidèle
ne devra les entendre.
À une époque où la religion impactait
toutes les activités de la vie, l'interdit créait
pour tous une situation très gênante et
humiliante. Philippe Auguste réagit avec violence
: il sanctionna les prélats trop zélés
dans l'application de la sentence et durcit les conditions
d'enfermement de la reine Isambour. L'interdit ne plaisantait
pas : l'héritier du trône de France, le
futur Louis VIII, dut se rendre en Normandie (territoire
anglais) pour épouser la future Blanche de Castille
! Au bout de huit mois, le roi Philippe céda
et s'engagea à reprendre Isambour...
Que s'est-il passé pendant ces huit mois d'interdit
à l'église Saint-Germain-l'Auxerrois ?
Nous savons que l'édifice a été
reconstruit au cours du XIIIe siècle pour accueillir
une population qui s'accroissait, mais quid de l'église
antérieure ? Élisabeth Pillet rapporte
qu'un portail occidental a été réalisé
vers 1220-1230. Mais y avait-il déjà un
portail et un porche en 1200 ?
Dans le cas positif, il a dû être très
apprécié, autant par les officiants et
les paroissiens que par le chapitre canonial (qui existait
déjà à cette époque). Son
rôle a-t-il imprégné la mémoire
collective au point de devenir indispensable et d'être
considéré comme partie intégrante
de l'église ?
Dans le cas négatif, comme la paroisse était
déjà l'une des plus vastes de la capitale,
le besoin d'en bâtir un, pour diminuer la gêne
d'un éventuel nouvel interdit, a pu s'imposer.
À première vue, rien dans les archives
de la paroisse ne donne d'information, mais la piste
reste ouverte.
|
|
Sculpture gothique dans l'extrados des arcades. |
Personnages dans les voussures du portail principal :
Apôtres et Vierges sages.
En haut, saint Jean tient un calice et la palme de martyre.
XIIIe siècle, peu restaurées. |
|
|
Sculpture gothique dans l'extrados des arcades. |
Voussure du portail principal :
deux démons font bouillir des damnés.
XIIIe siècle, peu restaurée. |
Voussures du portail central
du porche ---»»»
XIIIe siècle, peu restaurées.
À gauche : élus, damnés et
anges ;
Au centre : Vierges folles (elles tiennent leurs
coupes renversées) ;
À droite : les apôtres et l'instrument
de leur martyre.
|
|
«««---
Chouette
Archivolte du portail nord du porche.
XIVe siècle.
|
|
|
La
destruction du trumeau au XVIIIe siècle.
Dans son Histoire du vandalisme (1959),
l'historien Louis Réau (1881-1961) apporte une
explication. Au XVIIIe siècle, la notion de patrimoine
à sauvegarder n'existe pas. Le critère
de fonctionnalité passe avant le reste. Quand
il faut pratiquer un passage dans une église,
tant pis pour les statues et les ornements sculptés.
Dans ce cadre, Louis Réau rappelle que ce sont
avant tout les portails qui ont pâti du vandalisme
des chanoines. Les piliers médians, quand il
y en avait, divisaient ces portails en deux moitiés.
Ils avaient pour fonction de soulager le poids des linteaux,
mais, à l'évidence, gênaient le
passage des processions.
Réau écrit : «On s'en accommodait
fort bien au Moyen Âge, puisque le dais processionnel
était à cette époque une pièce
d'étoffe souple portée sur des lances
qui pouvait en se repliant, passer partout. Mais au
XVIIIe siècle, la liturgie, qui passe pourtant
pour être conservatrice et en principe immuable,
introduisit l'usage de dais volumineux en bougran rigide,
imités des ciels de lit à la polonaise,
que les tapissiers parisiens avaient mis à la
mode à l'occasion du mariage de Louis XV avec
Marie Leszczynska.»
Soulignons un léger anachronisme (qui aurait
pu être élégamment écarté)
: le trumeau de Saint-Germain-l'Auxerrois a été
détruit en 1710 qui est l'année de naissance
de Louis XV. L'arrivée de Marie Leszczynska en
France et sa mode de ciels de lit à la polonaise
attendront l'année 1725...
|
|
|
Détail du bas-relief de la Cène dans la
clé de voûte devant le portail sud :
Judas est le seul à ne pas regarder le Christ. |
Portail central du porche occidental de l'église.
XIIIe, XIVe et XVe siècles.
Les statues des ébrasements ont été restaurées
et repeintes en 1838.
Au Moyen Âge, le tympan était orné d'un
Jugement dernier. |
Le
portail central.
Selon l'historien Louis Réau dans son Histoire
du vandalisme (1959), le trumeau du portail central
portait jadis un Christ-Juge qui venait compléter
le Jugement dernier du tympan. La présence d'un
Christ-Juge se trouve déjà dans la description
donnée par Maurice Dumolin en 1936. Toutefois,
selon le site de la paroisse, la statue était
celle de saint
Germain d'Auxerre exposée actuellement dans
la chapelle
de la Vierge.
Quoi qu'il en soit, en 1710, le chapitre prit la décision
de faire élargir le portail pour laisser passer
le dais lors des entrées et sorties des processions.
Le trumeau a été détruit ; le Jugement
dernier cassé, certainement pour accroître
la hauteur du passage. Au XVIIIe siècle, ce «vandalisme»
religieux était malheureusement fréquent.
Les révolutionnaires de 1789 ont emboîté
le pas. On pourra se reporter à l'église
Saint-Étienne
de Beauvais
où une porte fut carrément percée
dans le chevet, en 1794, pour faciliter le stockage
du grain... mutilant le magnifique Arbre
de Jessé d'Engrand le Prince, du XVIe siècle.
En 1838, à la suite de la mise
à sac de l'église de février
1831, le portail central fut restauré. Sur le
trumeau on adossa une Vierge
à l'Enfant que les historiens Dumolin et
Réau regardent comme une erreur iconographique.
En outre, Maurice Dumolin signale (en 1936) que le tympan
nu a été couvert, en 1840-1842, d'une
peinture de Victor Mottez, mais qu'elle est déjà
effacée.
Les voussures de ce portail central, parvenues jusqu'à
nous à peu près intactes, sont le complément
de l'ancienne scène du Jugement dernier. Le premier
cordon accueille les élus et les damnés,
ainsi que sept anges qui regardent le tympan. Le second
reçoit les Vierges sages et les Vierges folles.
Le troisième expose les douze apôtres portant
les instruments de leur martyre, à l'exception
de saint Jean qui tient une palme et un vase d'où
sort un dragon (voir photo
à gauche).
Si les statues des ébrasements du portail central
(photo ci-dessus) sont en partie anciennes, celles du
porche sont des créations du sculpteur Louis
Desprez en 1841, à l'exception d'un François
d'Assise, aujourd'hui bien dégradé. La
statue de sainte Marie l'Égyptienne portant ses
trois pains a été conservée dans
la chapelle
de la Vierge. Une copie a pris place sous le porche.
Source : Les églises
de France : Paris et la Seine, article sur l'église
par Maurice Dumolin, Librairie Letouzey et Ané,
1936.
|
|
|
La
Saint-Barthélemy, le 24 août 1572.
On a l'habitude de lire que ce sont les cloches
de Saint-Germain-l'Auxerrois qui ont donné le
signal de la Saint-Barthélemy. Jacques Hillairet,
dans son Dictionnaire des rues de Paris (1959),
donne une précision utile. Il écrit que
le clocher de l'église avait l'habitude de sonner
à minuit à la Saint-Barthélemy,
ainsi qu'aux fêtes des grands saints patrons.
Le 24 août 1572, les cloches ont donc sonné
comme à l'habitude, mais, cette fois, c'était
pour appeler les spadassins du roi à massacrer
les protestants de la capitale. Il n'y a pas eu de sonnerie
de cloches spéciale. Conséquence : aucun
huguenot n'a pu être alerté par un son
de cloche inhabituel et aucun, pour sauver sa peau,
ne s'est enfui de Paris.
|
|
|
L'ancienne mairie du 1er arrondissement date des travaux d'Haussmann
sous le Second Empire. |
Second
Empire : Saint-Germain-l'Auxerrois échappe à
la destruction.
Sous le Second Empire, le baron Haussmann, avec
l'aval de Napoléon III, entreprit une rénovation
drastique des artères de Paris. À cette occasion,
des urbanistes proposaient de relier la colonnade du Louvre
à la place du Trône. Pour cela, il fallait supprimer
ni plus ni moins l'église Saint-Germain-l'Auxerrois
qui se trouvait sur la trajectoire ! Lors des travaux, Haussmann
se distinguera en amputant deux églises, Saint-Leu-Saint-Gilles
et Saint-Laurent,
«l'une et l'autre victimes innocentes du percement des
boulevards Sébastopol et de Strasbourg», écrit
Louis Réau dans son Histoire du vandalisme.
En 1858, Saint-Leu-Saint-Gilles
perdra son abside bombée, remplacée par un mur
plat, tandis que, en 1865, Saint-Laurent
sera privée de ses deux premières travées
et «dotée d'une façade toute neuve de
style néo-gothique qui n'est qu'un pastiche banal de
l'architecture du XVe siècle», écrit l'historien
avec sa verve habituelle.
Pour Saint-Germain-l'Auxerrois, heureusement, le baron Haussmann
avait des scrupules... car il était protestant et cela
se savait. Avec bien d'autres, il partageait la conviction
(erronée) que c'était du clocher de cette église
qu'était parti le signal du massacre de la Saint-Barthélemy
en 1572 (voir ci-dessus).
En tant que protestant, détruire l'église aurait
pu être aisément interprété par
les contempteurs du projet comme une vengeance huguenote perpétuée
par-delà les siècles (!)
Pressé de détruire d'un côté et
de sauvegarder de l'autre, il fut appuyé dans son refus
par le banquier Achille Fould, promu ministre d'État,
et notoirement israélite. Pourtant celui-ci s'était
fait baptiser. Réau écrit : «Quand Haussmann
lui fit part de ses hésitations, Fould s'écria
: "Mais moi aussi, je suis protestant !"»
De manière un peu rapide, et sans rien préciser
de l'opinion de Fould sur l'église en question, l'historien
en déduit que l'église a été sauvée
«grâce à l'entente d'un luthérien
avec un juif converti.» On en conclut que Fould était
pour la sauvegarde.
Louis Réau, connu pour attaquer les «vandales»
sur tous les fronts, déplore que Haussmann se soit
alors livré à un vandalisme à l'envers,
un «vandalisme constructeur». Car l'homme de confiance
de Napoléon III eut alors une étrange idée.
Il résolut de jumeler l'église Saint-Germain-l'Auxerrois
avec un bâtiment qui lui servirait de pendant : une
mairie s'élèverait à côté
et simulerait une église gothique avec une rose sur
sa façade, à l'image de celle de la façade
de Saint-Germain. C'est l'architecte Hittorf (un Allemand
francisé comme lui) qui fut chargé de la construction.
Cet édifice, qui était donc la mairie du 1er
arrondissement de Paris, est depuis peu consacré aux
services à la jeunesse.
Le vandalisme constructeur ne s'arrêta pas là.
Louis Réau écrit à propos d'Haussmann
: «Pis encore ! Pour donner à l'église
et à son pastiche un trait d'union monumental, il chargea
les architectes-restaurateurs Lassus, puis Ballu d'intercaler
entre les deux un clocher
que la malice populaire compara à un huilier flanqué
de ses deux burettes.» Le «clocher» (ou
beffroi) fut achevé en 1861.
Source : Histoire du vandalisme
de Louis Réau, Robert Laffont, collections Bouquins,
1994.
|
|
LA NEF DE SAINT-GERMAIN-L'AUXERROIS
ET SES BAS-CÔTÉS |
|
Vue en grand angle de toute l'élévation sud de l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois.
Au second plan, derrière les piliers, cachée par une
boiserie : la chapelle
de la Vierge. |
Plan de l'église Saint-Germain l'Auxerrois. |
Chaire à prêcher de François Mercier (vers
1685).
Le premier abat-son avait une forme de couronne royale.
Il a été détruit à la Révolution.
L'actuel date du XIXe siècle. |
|
TROIS CLÉS
DE VOÛTE DU DERNIER QUART DU XVe SIÈCLE DANS
LA NEF |
|
Saint Germain d'Auxerre |
Saint Jacques le Majeur |
Saint Denis |
|
Bénitier de Louis Lerambert, XVIIe siècle. |
La
nef et ses bas-côtés (1/2).
La nef et le bas-côté sud ont été
reconstruits après la guerre de Cent Ans,
vers 1476-1488, sur le modèle du chur
qui, lui, a été conservé.
Pour l'historien, cette reconstruction doit s'analyser
dans le cadre du conflit permanent qui opposait
la fabrique, chargée de la gestion temporelle
de l'église, au chapitre des chanoines,
chargé du spirituel. L'existence de la
chapelle
de la Vierge, où se déroulait
l'office des paroissiens (souvent en même
temps que celui des chanoines), alimentait cette
rivalité.
Les historiens n'ont que peu d'informations sur
l'ancienne nef. Pour Agnès Bos, dans Les
églises flamboyantes de Paris (Picard,
2003), rien ne prouve qu'il y avait, avant la
fin du XVe siècle, des collatéraux
au nord bordés de chapelles latérales.
C'est un ajout probable lors de la reconstruction.
Après la guerre de Cent Ans, l'essor démographique
du royaume obligea les églises à
envisager un accroissement de leur superficie.
À Saint-Germain-l'Auxerrois, malheureusement,
l'édifice était engoncé dans
l'enclos canonial, bâti de maisons appartenant
au chapitre. Le chur
étant conservé, l'espace était
difficile à trouver. À l'ouest,
un recul de la façade était inenvisageable
: en face se trouvait la maison du doyen du chapitre !
Agnès Bos conclut : «Saint-Germain-l'Auxerrois
constitue à ce titre un exemple caractéristique
des édifices religieux enserrés
dans un tissu urbain dense qui empêche les
architectes de donner à leur projet l'ampleur
souhaitée.»
L'architecture de la nef est dictée par
le souci des marguilliers de copier celle du chur
afin de garantir l'uniformité de l'édifice.
«Ad instar cori», ont-ils précisé
dans leur requête. La fabrique et les aumônes
des fidèles ont assuré le financement
des travaux.
L'élévation de la nef est à
deux niveaux. Elle est marquée par la présence
de grandes baies qui dominent les quatre travées.
Recevant du verre translucide ponctué de
formes géométriques (photo ci-contre),
ces baies laissent passer beaucoup de lumière
dans la nef.
On note deux éléments propres à
l'église : la grande largeur des arcades
et la petitesse de l'espace entre ces arcades
et les baies qui les surmontent (voir photo prise
en grand angle plus
haut). Ces deux éléments sont
peu fréquents dans les églises parisiennes
de cette époque. ---»» Suite
2/2
|
|
|
Christ en croix contre un pilier du bas-côté
sud.
Artiste inconnu. |
Grande verrière au second niveau de la nef.
Le verre blanc des lancettes fait passer beaucoup
de lumière dans la nef. |
|
|
Le bas-côté sud de la nef borde la chapelle de la Vierge.
Celle-ci se trouve en fait dans l'équivalent du second collatéral
au nord.
Au nord, le double
bas-côté est simplement bordé des chapelles
latérales. |
La nef
et ses bas-côtés (2/2).
---»» Une simple colonnette monte sans interruption
depuis les grandes piles jusqu'à la retombée
des voûtes, interrompant le fin cordon qui court sous
les fenêtres hautes. L'architecte a clairement privilégié
l'aspect vertical de la nef.
Le style architectural est celui de la fin du gothique flamboyant
et de son rejet des sophistications. Ce rejet transparaît
dans l'uniformité du remplage des grandes baies. On
est là devant «l'aboutissement des recherches
flamboyantes tendant à l'équilibre et à
la sérénité des formes» [Agnès
Bos]. La voûte quadripartite possède des clés
de voûte typiques du dernier quart du XVe siècle :
«amples et souvent finement sculptées»
[Agnès Bos] représentant quatre des saints protecteurs
de l'église.
On observe la même sobriété au niveau
des piles et du type de pénétration des ogives
dans les colonnes montantes. Les piles sont cylindriques et
très homogènes, à l'exception d'une seule
que le visiteur curieux d'archéologie aura à
cur de voir de près : c'est le deuxième
pilier qui sépare le premier et le second collatéral,
au nord (voir l'encadré plus
bas et les flèches jaunes insérées
dans trois photos).
Les quatre chapelles latérales nord sont construites
sur le même plan. Peu profondes, elles présentent
une voûte d'ogives et de sobres petites consoles à
leur retombée. Deux chapelles sont données plus
bas.
Le bas-côté qui jouxte la chapelle
de la Vierge présente un aspect plus ancien avec
piles muti-colonnes et chapiteaux floraux.
Source : Les églises
flamboyantes de Paris d'Agnès Bos, éditions
Picard, 2003.
|
|
Le banc d'uvre a été réalisé
par François Mercier (dans les années 1680) sur
un dessin de Charles Le Brun.
Le pilier «non
cylindrique» qui sépare, au nord, le premier
bas-côté du second est indiqué par la flèche
jaune. |
Dans le tympan du banc d'uvre, deux anges entourent une
couronne qui reçoit deux palmes de martyre. |
Deux chapelles du bas-côté nord. Sur la droite,
le retable
flamand du début du XVe siècle. |
|
Christ en croix, détail.
attribué à Édmé Bouchardon (1698-1762).
XVIIIe siècle. |
Banc d'uvre du XVIIe siècle, détail de l'ornementation. |
Les chérubins sur le pignon du banc d'uvre.
XVIIe siècle. |
|
Baie 23 : Piéta entre deux anges
Atelier Maréchal de Metz, 1838.
Chapelle de la Compassion. |
Les vitraux
de la nef. Il ne reste rien des vitraux d'origine,
que ce soit les grandes verrières du vaisseau central
ou les vitraux des chapelles.
Malgré le goût du XVIIIe siècle pour le
verre blanc et la clarté, un abbé mentionnait
en 1754 un vitrail de la nef illustrant la vie de saint Germain
d'Auxerre, tandis qu'un autre vitrail évoquait la Translation
du corps de saint Vincent. Vers 1840, les témoins décrivent
les grandes fenêtres de la nef comme étant ornées
de listels en verre orange avec un soubassement bleu azur
en forme de plinthe.
Les grandes
verrières actuelles de la nef reçoivent,
dans les lancettes et le tympan, des motifs géométriques
simples et peu colorés, ce qui apporte beaucoup de
lumière.
Quant aux vitraux des chapelles de la nef (et de celles du
chur
aussi), pour l'historienne Élisabeth Pillet, ils ont
probablement tous été détruits lors de
la mise à
sac de l'église en 1831. Des témoignages
du début du XIXe siècle parlent de verrières
à grisaille représentant sainte Geneviève,
d'autres de panneaux illustrant la croix et le crucifix. Mais
on n'en sait guère plus.
Les vitraux actuels des huit chapelles de la nef sont des
créations de l'atelier Maréchal de Metz, en
1837. Signalons qu'une bonne partie de ces vitraux a été
financée par l'abbé Demerson, curé
de Saint-Germain-l'Auxerrois, qui a puisé dans sa fortune
personnelle, dès 1838, pour embellir les baies de son
église.
Source : Le vitrail à
Paris au XIXe siècle d'Élisabeth Pillet,
Corpus Vitrearum, 2010.
|
|
Baie 29 : Le Baptême du Christ entre deux anges.
Atelier Maréchal de Metz, 1838.
Chapelle nord des Fonts baptismaux. |
Baie 29 : Saint Jean-Baptiste entre deux anges (partiel).
Atelier Maréchal de Metz, 1838. |
Les vitraux
de Maréchal de Metz dans la nef.
Les vitraux de Maréchal de Metz ne comptent pas parmi
les plus beaux du XIXe siècle. Ces uvres s'insèrent
dans la grande époque du vitrail archéologique
: les peintres verriers réalisent des pastiches, plus
ou moins bien réussis, des vitraux des XIIIe et XIVe
siècles, s'interdisant ainsi toute nouveauté.
Et rendant leur datation difficile aux historiens du vitrail.
En 1958, dans Le vitrail français, l'historien
Jean Taralon critique cette mode : «Fermé à
des courants artistiques qui auraient conditionné son
renouvellement, le vitrail [du XIXe siècle] va s'immobiliser
en formules qui seront solidaires de celles employées
en architecture, ou se répéteront jusqu'à
nous sous la forme de produits commercialisables.»
Blâmant les pastiches, Taralon reconnaît néanmoins
une certaine diversité dans la griffe des différents
ateliers français du XIXe siècle, ce qui ne
veut pas dire beauté et encore moins perfection. Ainsi,
la griffe de Lusson et d'Oudinot, est jugée «érudite
et sans chaleur» ; celle de Thevenot et de Thibaut,
«plus sensible [et] qui sait faire jouer les tons».
Enfin, il se montre très critique à l'égard
de Maréchal de Metz qui est pour lui à l'opposé
de ses confrères. Jean Taralon parle ainsi du «débordement
de Maréchal de Metz qui, dans l'effarante cacophonie
de couleurs de Saint-Germain-l'Auxerrois, modèle ses
figures en les surchargeant de grisaille.» Heureusement,
reconnaît-il, cet artiste verrier va bientôt échapper
à cette cacophonie et exposer au Salon de 1867 un très
beau vitrail à la manière de Sèvres.
Source : Le vitrail français,
éditions Mondes, 1958.
|
|
Vue d'ensemble du double bas-côté nord.
Le principe de sobriété a été appliqué
: piles uniformes et retombées des voûtes en pénétration
sans aucun chapiteau.
L'étrange pilier non cylindrique est indiqué par la
flèche jaune. |
Pilier non cylindrique (flèche jaune)
dans le double bas-côté nord. |
Le pilier
non cylindrique de la nef. Sa présence est
une énigme. Son plan est rectangulaire, mais il présente,
sur deux faces, une série de colonnettes engagées.
Il est le seul à posséder une console (florale)
à la retombée des voûtes. L'historienne
Agnès Bos suggère d'y voir le reste d'un massif
de maçonnerie antérieur.
|
|
Le
retable flamand. C'est une uvre en
bois de l'école flamande, d'origine anversoise,
datée du début du XVe siècle. Elle
a été offerte en 1839 à l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois par le comte de Montalivet,
ministre de l'Intérieur, qui était un
paroissien de l'église.
Le retable se présente sur deux rangées.
Sur la rangée inférieure, on voit au centre
le Songe
de Jessé. Jessé est entouré
des prophètes qui ont annoncé la venue
du Messie. À gauche du panneau de Jessé
: le Mariage de la Vierge et la Nativité. À
droite du panneau : l'Adoration des mages et la Présentation
de Jésus au temple.
La rangée supérieure est d'une plus vaste
envergure. Dans le panneau de gauche : Jésus
est chargé de sa croix. Au centre : la Crucifixion
et à droite : la Vierge évanouie.
Ce retable présente étrangement deux scènes
de la Vierge évanouie, au-dessous de la Crucifixion
(scène donnée ci-dessous). L'épisode
de l'évanouissement de la Vierge ne figure pas
dans les Évangiles canoniques.
Source : panneau affiché
dans la chapelle de la Compassion.
|
|
|
|
Retable flamand du début du XVe siècle.
Chapelle de la Compassion (bas-côté nord de la nef).
«««--- Retable flamand
L'évanouissement de la Vierge au-dessous de la croix.
Début du XVe siècle.
|
|
Retable flamand : le songe de Jessé.
Début du XVe siècle. |
Retable flamand : Jésus est chargé de sa croix.
Début du XVe siècle. |
LA CHAPELLE DE
LA VIERGE (XIIIe ou XIVe SIÈCLE) |
|
La chapelle de la Vierge date du XIIIe siècle ou du XIVe siècle
selon les historiens.
La dernière travée (où se trouve l'autel) a été
reconstruite au XVe siècle.
L'autel, son retable et ses peintures murales sont du XIXe siècle. |
La chapelle
de la Vierge (1/2).
Autrefois entièrement réservée aux paroissiens,
c'était une petite église dans la grande. Ce
qui entraînait des conflits entre le chapitre des chanoines
et la paroisse : quand le culte était célébré
à la fois dans le chur par les chanoines et dans
la chapelle par le curé, les chants des deux cérémonies
créaient la confusion.
Longue de quatre travées, elle est insérée
dans le second bas-côté sud, bordant les chapelles
latérales. La chapelle de la Vierge est datée
du XIIIe siècle par l'historien Maurice Dumolin en
1936. Celui-ci ajoute qu'elle n'a pas été touchée
lors les réfections du XVe siècle.
En 2003, dans son ouvrage Les églises flamboyantes
de Paris, Agnès Bos, utilisant de nouvelles sources,
prend le contre-pied de ces dates. Pour l'historienne, la
construction des trois premières travées de
la chapelle remonte «sans doute» au XIVe siècle.
Quant à la travée qui domine l'autel paroissial,
enrichie d'une belle voûte à liernes, tiercerons,
couronne et clé pendante (voûte donnée
plus
bas), elle a été reconstruite au tout début
du XVIe siècle. En effet, cette voûte, tout comme
la forme des piliers de la travée, sont «en rupture
avec le reste de la chapelle» [Bos].
Pourquoi, à la fin du XVe siècle, avoir décidé
une reconstruction partielle et non pas totale de la chapelle ?
La même décision concerne aussi le porche. Agnès
Bos répond que, dans un esprit de rivalité avec
la prestigieuse abbaye de Saint-Germain-des-Prés,
la fabrique et les paroissiens de Saint-Germain-l'Auxerrois
auraient tenu à conserver les éléments
les plus anciens de leur édifice «comme un témoignage
de leur "antiquité"». --»»
2/2
|
|
|
La chapelle
de la Vierge (2/2).
---»» Le décor de la travée terminale
de la chapelle de la Vierge a été refait en
1847. On y voit une belle composition murale, dans le style
italien du Quattrocentro, due à Eugène
Amaury-Duval (1808-1885), illustrant l'Assomption (ci-contre)
et le Couronnement
de la Vierge. Le retable, dessiné par Eugène
Viollet-le-Duc (1814-1879), présente un original Arbre
de Jessé sculpté dans le bois. Les rois
de Juda sont chacun enveloppés dans un sarment de vigne
riche de feuilles et de pampres. Le dais qui surmonte l'Arbre
abrite une Vierge à l'Enfant attribuée à
l'École champenoise du XIVe siècle.
C'est dans cette chapelle que se trouvent les deux plus anciennes
statues de l'église : un Saint
Germain d'Auxerre du XIIIe siècle et une Sainte
Marie l'Égyptienne polychrome du XVe. Sous le porche,
on ne voit qu'une copie
de cette statue. Marie l'Égyptienne est représentée
avec les trois pains que, selon la Légende dorée,
elle emporta dans le désert où elle fit pénitence
pendant plusieurs années après avoir mené
une vie dissolue.
La page consacrée à l'église parisienne
de Saint-Merry
présente l'histoire de sainte Marie l'Égyptienne
illustrée de fresques de Théodore Chassériau
(1819-1856).
Les vitraux (qui jurent un peu avec le style de la chapelle)
sont des créations de l'atelier Maréchal de Metz de
1837. Ils représentent les rois de Juda. On donne ici
les verrières des baies 26 (ci-contre) et 22 (ci-dessous).
|
«««--- «L'Assomption».
Fresque d'Amaury Duval (1808-1845)
dans la chapelle de la Vierge.
|
|
Baie 26 : trois rois de Juda
Salomon, David et Jessé avec Jahel en médaillon.
Atelier Maréchal de Metz, 1837. |
Baie 22 : trois rois de Juda
(Manassès, Ezéchias, Johathan) avec Judith en médaillon.
Atelier Maréchal de Metz, 1837. |
Peintures murales d'Amaury Duval et Arbre de Jessé d'Eugène
Viollet-le-Duc
ornent l'autel de la chapelle de la Vierge. |
Voûte de la première travée de la chapelle de
la Vierge.
L'ornementation date du XIXe siècle. |
Saint Germain d'Auxerre, détail.
XIIIe siècle.
Sainte Marie l'Égyptienne
---»»»
Fin XVe-début XVIe siècle.
Gros plan plus
bas. |
|
|
«Le Couronnement de la Vierge», détail.
Fresque d'Amaury Duval (1808-1845). |
Sainte Marie l'Égyptienne, détail.
Fin XVe-début XVIe siècle. |
Arbre de Jessé, détail :
Rois de Juda parmi les feuilles
de vigne et les pampres. |
|
Vierge à l'Enfant.
Début du XIVe siècle.
|
«Le Couronnement de la Vierge», détail.
Amaury Duval (1808-1845). |
Arbre de Jessé dessiné par Eugène Viollet,
détail : Jessé. |
|
Dalle commémorative de Théophraste Renaudot
dans l'allée de la chapelle de la Vierge. |
Théophraste
Renaudot.
Sous l'Ancien régime, les artistes de la Cour
étaient logés au Louvre. À ce titre,
certains d'entre eux reposent à Saint-Germain--l'Auxerrois,
mais les sépultures ne sont guère visibles.
Notons parmi eux les peintres Jacques Stella et Noël
Coypel, le sculpteur Antoine Coysevox, les architectes
Louis Le Vau, Germain Soufflot, et Jacques-Ange Gabriel.
Celle de Théophraste Renaudot se trouve dans
la chapelle de la Vierge. On y lit sur une dalle dans
l'allée :
|
Devant cet autel
Fut inhumé Théophraste Renaudot
Conseiller et médecin
Ordinaire de Louis XIII
Historiographe du roi
Commissaire général
Des pauvres du royaume
Intendant général des
Bureau d'adresse de France
Fondateur de la Gazette
Père du journalisme français
Né à Loudun en 1586
Mort au Louvre
Le samedi 25 octobre 1653
|
|
|
Arbre de Jessé dessiné par Eugène Viollet-le-Duc,
détail : le roi Joakim. |
Esther au tympan du vitrail de la baie 20.
Atelier Maréchal de Metz, 1837.
Chapelle de la Vierge. |
29
juillet 1830, mise à sac de l'archevêché
de Paris.
Dans son Histoire du vandalisme (parue en 1959),
l'historien Louis Réau cite l'archéologue
Ferdinand de Guilhermy, témoin des événements
: «On déracinait les grilles et les rampes
des escaliers, on sapait les murs, écrit de Guilhermy,
on crevait les toitures, on précipitait par les
fenêtres les marbres, les boiseries, les glaces
et le mobilier des appartements.
Une troupe de barbares faisait la chaîne depuis
la bibliothèque du palais jusqu'au parapet du
quai : les livres et les manuscrits précieux
passaient de main en main ; chacun les lacérait
à son tour et le dernier les lançait dans
la rivière. La Seine charriait ses épaves.
Pour comble d'outrage, une troupe avinée, affublée
de vêtements sacerdotaux : chasubles, surplis,
étoles, faisait autour de l'enceinte une grotesque
procession mêlée au masque du Mardi gras.»
Louis Réau ajoute : «On se serait cru revenu
aux pires excès de la Terreur, à l'époque
où une racaille "défanatisée"
violait les tombes royales de la "ci-devant"
basilique
de Saint-Denis, et substituait aux processions du
clergé tournées en dérision une
mascarade sacrilège pour déposer aux pieds
des conventuels "les hochets de la superstition"».
À la lecture de la seconde mise à sac
de l'archevêché le 15 février 1831,
le même jour que celle
de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, on
peut se demander si de Guilhermy ne confond pas les
deux événements.
|
|
|
15
février 1831, mise à sac de l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois (1/6).
C'est un épisode peu connu de l'Histoire de Paris,
aussi peu que le «tumulte»
entre catholiques et huguenots dans l'église
Saint-Médard (5e arr.) en 1651. À cette
occasion, l'église Saint-Germain, le presbytère
du curé et l'archevêché ont été
mis à sac par la foule.
Le récit donné ci-après est un
résumé de l'article de l'historien Guillaume
de Bertier de Sauvigny, paru en 1946 dans la Revue
d'Histoire de l'Église de France. L'article
lui-même tire son information du rapport d'enquête
rédigé par le Parquet de la Seine peu
après l'événement.
Le contexte. En 1831, Mgr de Quélen est
l'archevêque de Paris. Il est bien connu pour
son attachement à la ligne aînée
des Bourbons, c'est-à-dire qu'il soutient le
jeune duc de Bordeaux (l'«enfant du miracle»),
fils du duc de Berry. Ce dernier a été
assassiné en 1820 par l'ouvrier fanatique Louvel
qui voulait éteindre la lignée des Bourbons.
Le duc de Berry était le fils de Charles X ;
l'enfant du miracle est le petit-fils du roi. Nous sommes
là dans le camp des ultras : ces
hommes veulent revenir à une gestion de la France
dans le style de l'Ancien régime avec une grande
importance donnée à l'Église. Les
ultras représentent le parti dit légitimiste.
L'atmosphère parisienne. Depuis la Révolution
de fin juillet 1830 («les Trois Glorieuses»),
le peuple de la capitale est pris d'une furie anticléricale.
Charles X, le roi détrôné, second
frère de Louis XVI, voulait restreindre les libertés,
notamment celles de la presse, et se montrait très
proche du clergé. Pour le peuple parisien, combattre
Charles X et les Bourbons, c'est combattre le clergé.
Et inversement. Lors des Trois Glorieuses, l'archevêché
de Paris a été pillé le 29 juillet
(voir à
gauche).
Le préambule. Le duc de Berry est assassiné
le lundi 14 février 1820 à Paris. Et depuis
1821, l'anniversaire de sa mort est toujours célébré
solennellement. Mais, en 1831, Louis-Philippe Ier, c'est-à-dire
un Orléans, est sur le trône et les légitimistes
comptent maintenant parmi les opposants au régime.
Célébrer la mort du duc de Berry est regardé
comme une bravade envers le gouvernement...
Les faits. Le 4 février 1831, un personnage,
resté inconnu, vient trouver le curé de
l'église Saint-Roch
et lui demande de célébrer, le lundi 14,
un service solennel pour le repos de l'âme du
duc de Berry. L'information remonte jusqu'au sommet
de l'État. Qui s'en trouve très embarrassé
: accepter, c'est risquer l'émeute anti-Bourbons
; refuser, c'est cautionner la haine du meurtrier envers
le duc assassiné... On trouve une échappatoire
: le ministre des Cultes, Félix Barthe, est député
auprès de l'archevêque. À la suite
d'un empêchement, la rencontre n'a lieu que le
12. ---»» Suite 2/6
ci-dessous.
|
|
Baie 25 : sainte Madeleine dans une chapelle du bas-côté
nord (Atelier Maréchal de Metz, 1837). |
|
LA FAÇADE
OCCIDENTALE ET SON ORNEMENTATION |
|
Orgue de tribune.
Il comprend des éléments Cliquot de 1771.
Il a été transféré depuis la Sainte-Chapelle
en 1791. |
15
février 1831, mise à sac de l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois (3/6).
---»» La cérémonie.
Elle a lieu à 11 heures 30, le 14. Il y a là
des Saint-Cyriens, Valerius et ses amis, et un grand
nombre de carlistes (partisans de la lignée de
Charles X), prévenus on ne sait comment. «Une
quête est faite au profit des soldats de la garde
royale, blessés en juillet 1830 et laissés
sans secours», écrit l'historien. Tout
se passe bien ; la cérémonie s'achève
à 12 heures 30. Avant de sortir, les assistants
défilent devant le catafalque dressé pour
l'occasion et le bénissent. Valerius a fixé
une croix de Saint-Louis sur le drap mortuaire, tandis
qu'une couronne d'immortelles jaunes et noires repose
dessus.
Un épisode fâcheux survient quand un assistant
accroche au drap mortuaire le portrait du duc de Bordeaux
(qu'il a tiré d'une lithographie qu'il vient
tout juste d'acheter). Il reste encore une trentaine
de personnes dans l'église. Le curé accourt
et enlève lui-même cette image jugée
séditieuse.
Les troubles. La nouvelle se répand vite
dans les rues de Paris : le portrait du duc de Bordeaux
a été affiché lors d'une commémoration
officielle ! La nouvelle grossit, se déforme,
s'envenime. Devant l'église, une foule hostile
se rassemble déjà. Vers 15 heures, excitée
par des républicains, la populace rentre dans
le presbytère et le saccage de fond en comble.
Rendez-vous est donné par les agitateurs pour
le lendemain, mardi 15. À 8 heures du matin,
la foule se retrouve et envahit l'église Saint-Germain-l'Auxerrois,
brise et profane tout ce qui lui tombe sous la main.
Le saccage est complet. On sait que même les vitraux
du premier niveau ont été cassés.
La Préfecture de police s'en tirera par une pirouette
: la garde nationale, dépassée par le
nombre, a «régularisé» le
mouvement qu'elle ne pouvait arrêter !
La foule se porte alors vers l'archevêché,
alors que la Garde nationale reste passive. «Le
palais épiscopal est forcé, écrit
de Bertier de Sauvigny, les meubles, les livres, les
ornements religieux, sont brisés, déchirés,
précipités dans la Seine.» Pis,
l'édifice est attaqué : tuiles arrachées,
charpente abattue, murs démolis. Mgr de Quélen
s'était réfugié dès le 14
dans la maison d'un ami.
Les suites. Le jour même, le gouvernement
prend des mesures... contre les victimes ! Les principaux
membres du parti carliste sont arrêtés.
Car, pour le préfet de police, la cérémonie
du 14 est le prélude à une insurrection
générale ! Accusation si grotesque que
tout le monde sera libéré assez rapidement.
En revanche, le préfet se lance dans les perquisitions...
et les mandats d'amener. Ordre est lancé d'arrêter
le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois et l'archevêque
lui-même ! Mais ce dernier s'est caché
chez un ami. L'interrogatoire pressant auquel furent
soumises les religieuses du monastère Notre-Dame
de la Charité, asile habituel du prélat,
ne donna rien. Le lendemain, le mandat fut retiré,
mais le mal était fait : l'archevêque passait,
aux yeux du public, pour le grand responsable. Ce que
le ministre des Cultes, Félix Barthe, ne démentit
jamais. Hyacinthe de Quélen demeura archevêque
de Paris de 1821 à 1839. L'historien ne rapporte
aucune sanction prise par le Pouvoir contre les casseurs.
---»» Suite 4/6
ci-dessous.
|
|
|
15
février 1831, mise à sac de l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois (2/6).
---»» Dans un premier temps, l'archevêque
se récrit : impossible d'interdire à des
chrétiens de prier pour la mémoire d'un
homme mort avec tous les sacrements de l'église
! Puis il se ravise : si, en haut lieu, on craint vraiment
des troubles à l'ordre public, le prélat
acceptera d'interdire la cérémonie, mais
il veut que la requête du ministre soit couchée
sur le papier pour détenir un argument à
présenter au parti légitimiste. La lettre
ministérielle est envoyée et l'archevêque
fait interdire la cérémonie. Mais, entre-temps,
le ministre Barthe avait appelé le curé
de Saint-Roch
pour lui demander de ne rien célébrer.
Ce que le curé avait accepté. Celui-ci
annonça lui-même sa décision en
chaire le dimanche 13. Les légitimistes crièrent
à l'atteinte à la liberté de conscience.
Honte au gouvernement !
Loin de se calmer, l'affaire rebondit. Un dénommé
Valerius, bandagiste et caporal dans la Garde nationale,
était venu trouver le curé de Saint-Germain-l'Auxerrois,
avant le 13, pour lui demander de célébrer,
le 14, une messe des morts. Rien de bien méchant
puisque, pour ce prélat, la cérémonie
principale allait avoir lieu à Saint-Roch.
Sa messe étant «annexe», le curé
ne prévint pas l'archevêché.
Le 13 au matin, Valerius apprend la suppression de l'office
à Saint-Roch.
Il fait donc insérer dans la Gazette,
journal paraissant le soir, l'annonce que la cérémonie
est reportée à Saint-Germain-l'Auxerrois.
Le 14 au matin, le curé de Saint-Germain (qui
a dû lire la Gazette), s'effraie et veut
supprimer la cérémonie. Valerius, venu
avec deux autres gardes nationaux, le rassure : on a
supprimé l'office à Saint-Roch
pour des raisons de «pure convenance» ;
de plus, il y en aura d'autres dans Paris... ---»»
Suite 3/6
à gauche.
|
|
«Nativité de Marie», XIXe siècle.
Bas relief sur la façade de l'église.
Auteur non précisé. |
|
Le roi David trône sur la tourelle centrale de l'orgue
de tribune. |
15
février 1831, mise à sac de l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois (4/6).
---»» Le journal de Viennet.
Jean-Pons-Guillaume Viennet (1777-1868) est aujourd'hui
un inconnu. Homme de lettres, académicien, auteur
de pièces de théâtre et de poésies,
il fut également homme politique et député.
Nostalgique de l'Ancien Régime et de sa culture,
il fut critique de tous les régimes en place.
Le roi Louis-Philippe, qui fut son ami, le fit pair
de France.
Le journal de Viennet décrit les événements
parisiens survenus lors des trois règnes de la
Restauration et de la Monarchie de Juillet. C'est un
texte digne d'intérêt parce que leur auteur,
d'esprit très diplomate, était bien en
cour et fréquentait les hommes du Pouvoir. Le
récit des émeutes de 1831, telles que
Viennet les décrit à la date du vendredi
18 février, n'est pas de première main
puisqu'il n'était pas sur place. En revanche,
les conversations qu'il a tenues avec les hommes au
Pouvoir sont très instructives.
Viennet rapporte qu'il est convoqué, avec «un
certain nombre de députés» chez
le Président du Conseil, le ministre Laffitte,
la veille de la messe de commémoration, le dimanche
13 février. En entrant, il voit le ministre jouer
aux cartes dans son salon, insouciant du tumulte qui
pourrait menacer. Passant dans la salle d'à côté,
il se joint aux autres députés convoqués.
Pour Viennet, le gouvernement est tout à fait
conscient du risque qu'il prend à autoriser une
manifestation légitimiste. À tel point
que le préfet de la Seine, Odilon Barrot, déclare
lui-même qu'il lui est «impossible de répondre
le lendemain de la sûreté de Paris.»
Ce à quoi le toujours bouillant Casimir Périer
rétorque qu'un préfet de la Seine impuissant
démissionne et laisse la place à un autre
(!) Mais le préfet de police Baude se range du
côté du préfet de la Seine.
Viennet commente : «je me retirai de ce cénacle
avec la certitude que les Baude et les Barrot, révolutionnaires
par essence, ne craignaient rien de cette manifestation
légitimiste, et qu'ils n'étaient pas fâchés
d'en profiter pour donner une leçon au parti
de la contre-révolution.»
Le lundi 14, la cérémonie a lieu à
Saint-Germain-l'Auxerrois. Viennet situe le sac de l'église
le même jour, ce qui est contraire au rapport
officiel du préfet de police, qui le place le
lendemain mardi. Viennet continue : La vue du portrait
du duc de Berry sur le catafalque provoque l'excitation
d'individus qui s'étaient introduits dans l'église.
«Indignés de ces actes téméraires,
écrit-il, ils sortent sur le champ pour les raconter
à la foule qui remplissait les abords de l'église.
Là se trouvaient des voleurs, des repris de justice,
des forçats libérés, avant-garde
ordinaire de toutes les émeutes et de toutes
les révolutions. Des agents du désordre
n'eurent pas de peine à les entraîner.
L'église fut envahie, le catafalque renversé,
les légitimistes se sauvèrent comme ils
purent ; et l'émeute, une fois déchaînée,
ne s'arrêta plus qu'après d'horribles excès.»
---»» Suite 5/6
à gauche.
|
|
|
15
février 1831, mise à sac de l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois (5/6).
---»» Le journal de Viennet
(suite et fin). Un homme remarque les fleurs de
lis sur la croix qui surmonte le faîte de l'église.
«Ce signe de l'Ancien Régime, dit Viennet,
est proscrit, condamné par la sentence populaire.»
Alors la foule monte sur le toit, brise les fleurs de
lis ; la croix est abattue.
L'excitation gagne toute la capitale. «"À
bas les fleurs de lis et les croix !", s'écrit
la populace, et en moins de deux heures, poursuit-il,
toutes les églises sont dépouillées
de cet ornement.»
Après l'église, c'est le tour du palais
épiscopal. «Il fut assiégé,
démoli, ce ne fut bientôt qu'un monceau
de pierres, lit-on sous la plume du narrateur. La bibliothèque
fut pillée, dévastée, les livres
furent déchirés, jetés à
la rivière, et la Seine les roula pêle-mêle
dans eaux.» Et il ajoute : «un témoin
oculaire, un homme recommandable, m'a positivement assuré
que M. Thiers, sous-secrétaire d'État,
et M. Baude, préfet de police, étaient
présents à ce spectacle, qu'ils étaient
restés debout sur le parapet du petit pont qui
est derrière l'Hôtel-Dieu, contemplant
avec indifférence cette vengeance populaire.»
Il est certain que la Garde nationale («fort divisée
d'opinions», dit Viennet) n'a rien fait contre
les émeutiers. Ceux qu'elle a arrêtés
ont été relâchés presque
immédiatement.
Les autorités complices. Viennet livre
ensuite une information de première main : «La
connivence de l'autorité était évidente,
écrit-il, et j'en acquis la preuve en arrivant
à la Chambre. Je rencontrai M. Laffitte [premier
ministre] dans le couloir ; et, avant même que
je lui eusse témoigné ma surprise de le
voir là, il me parla des événements,
et m'annonça en riant le sac de l'archevêché.
C'était plus qu'un sourire, je l'affirme sur
l'honneur ; et il se frottait les mains en signe de
contentement : "Quoi ! lui dis-je, c'est le premier
ministre qui me parle ainsi ? - Que voulez-vous que
j'y fasse ? me répondit M. Laffitte. Ils ont
provoqué le peuple, et ils en sont les victimes."
Tout me fut expliqué par ces sinistres paroles.
Je lui tournai le dos et j'allai prendre ma place.»
---»» Suite 6/6
à droite.
|
|
Statue de saint Pierre dans l'avant-nef.
Sculpteur inconnu ou art populaire ? |
«Entrée de Marie au temple», XIXe siècle.
Bas-relief sur la façade de l'église. |
|
«Adoration des bergers», XIXe siècle.
Bas-relief sur la façade de l'église. |
Vue du positif de l'orgue de tribune. |
|
15
février 1831, mise à sac de l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois (6/6).
---»» Plus loin, le narrateur
conclut par ses mots : «Tous les incidents de
cette première journée attestent que tout
était connu d'avance et qu'une partie du ministère
était complice de ces actes de vengeance. On
a fait le lendemain de belles proclamations, on a pris
des mesures pour rétablir l'ordre. C'était
le jour même, la veille même qu'on devait
les prendre.»
Dans son Histoire du vandalisme, Louis Réau indique
que l'église dévastée servit de
mairie jusqu'en 1837.
La presse. Compte tenu de la petitesse de la
«provocation», il est intéressant
de voir comment la presse a rapporté l'événement.
De Bertier de Sauvigny cite un extrait du Journal
des Débats du 15 février 1831, c'est-à-dire
le lendemain de la cérémonie - en prenant
soin de préciser que cet organe était
«le mieux informé et le plus modéré
du temps.»
Le Journal rapporte que le catafalque était
orné d'un portrait du duc de Bordeaux, d'un buste
du duc de Berry, qu'il était orné de drapeaux
blancs (la couleur de la Monarchie) aux quatre coins,
que le curé a donné une bénédiction
spéciale, etc. !
L'historien cite un extrait du «modéré
»Journal des Débats qui mérite
d'être rappelé :
«Honte immortelle à ces artisans hypocrites
de complots, à ces gagistes d'Holyrood [la résidence
de Charles X en Écosse], à ces écrivains
sans conscience, façonnés de longue main
à la servitude, fauteurs et apologistes déhontés
de toutes les vieilles oppressions, prôneurs,
dans le bon temps, des lois de sacrilège, de
censure et de proscription, qui réclament aujourd'hui
la liberté de la presse pour se donner le droit
d'outrager avec impunité ce que la France couvre
de ses hommages,... la liberté d'enseignement
pour pouvoir inoculer à nos enfants le poison
de la tyrannie jésuitique, la liberté
des associations pour nous enfermer dans le réseau
de leurs fanatiques congrégations !... Changer
un anniversaire funèbre en sédition, faire
d'un catafalque un trône factieux, arborer des
drapeaux proscrits où il ne fallait que des linceuls,
ce n'est plus là de la douleur ni de la religion,
c'est un crime dont il faudra répondre devant
la justice !»
Le vandalisme continue. Il est à peu
près certain que tous les vitraux du premier
niveau de l'église, c'est-à-dire ceux
des chapelles de la nef
et du chur,
ont été détruits lors de cette
explosion anticléricale. Dans Le vitrail à
Paris au XIXe siècle (Corpus Vitrearum,
2010), l'historienne Élisabeth Pillet ajoute
un élément consternant rapporté,
au XIXe siècle, par l'historien Nicolas-Michel
Troche : le dimanche qui a suivi la mise à sac
de l'église, le vitrier de la Préfecture,
accompagné d'ouvriers, est venu démonter
les cinq grandes verrières de l'abside parce
que les bordures portaient des fleurs de lys ! Résultat
: ces verrières ont disparu.
Dans son journal, Viennet précise que le Pouvoir
ne trouvant pas l'archevêque, «on se vengea
sur les fleurs de lis. Un ordre du gouvernement les
fit abattre et gratter sur tous les édifices.
La résidence royale n'en fut pas exempte. On
les enleva du sceau de l'État. Les légitimistes
ne manquèrent pas d'en faire un crime à
Louis-Philippe. On cria dans tous les salons du faubourg
Saint-Germain qu'il avait répudié les
armes de sa Maison.»
Sources : 1) Mgr de
Quélen et les incidents de St-Germain-l'Auxerrois
en février 1831 de Guillaume de Bertier de
Sauvigny, Revue d'Histoire de l'Église de France,
tome 32, n°120, 1946 ; 2) Journal de Viennet,
pair de France et témoin de trois règnes,
éditeur Amiot-Dumont, 1955 ; 3) Le vitrail
à Paris au XIXe siècle d'Élisabeth
Pillet, Corpus Vitrearum, P.U.R., 2010.
|
|
|
La nef de l'église Saint-Germain-l'Auxerrois vue depuis la
croisée du transept.
À l'arrière-plan, on reconnait les statues de saint
Pierre, de saint Paul et le bas-relief central de l'Adoration des
bergers. |
|
Documentation : «Paris d'église
en église», éditions Massin, 2007
+ «Les églises de France : Paris et la Seine»,
article sur l'église par Maurice Dumolin, Librairie Letouzey
et Ané, 1936
+ «Les églises flamboyantes de Paris» d'Agnès
Bos, éditions Picard, 2003
«Saint-Germain l'Auxerrois», dépliant disponible
dans l'église
+ «Le vitrail à Paris au XIXe siècle» d'Élisabeth
Pillet, Corpus Vitrearum, P.U.R., 2010
+ «Les vitraux de Paris, de la Région Parisienne et du
Nord-Pas-de-Calais», Corpus Vitrearum, CNRS, 1978
+ «Vitraux parisiens de la Renaissance», Délégation
à l'Action artistique de la Ville de Paris, 1993
+ «Mémoires au sujet des vitraux anciens dans les églises
de Paris» de M. Lafaye, 1871
+ «L'Art de Paris» de Jean-Marie Pérouse de Montclos,
éditions Place des Victoires, 2008
+ «Dictionnaire des Monuments de Paris», éditions
Hervas, 1992
+ «Mgr de Quélen et les incidents de St-Germain-l'Auxerrois
en février 1831» de Guillaume de Bertier de Sauvigny,
Revue d'Histoire de l'Église de France, 1946
+ «Journal de Viennet, pair de France et témoin de trois
règnes», édité par Amiot-Dumont, 1955. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|