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Cette seconde page consacrée à
l'église Saint-Merry rassemble des photos et des textes sur
le chur, les vitraux,
de style Renaissance, de ses hautes fenêtres , sur le déambulatoire
et ses chapelles peintes au XIXe siècle. On s'arrêtera
avec intérêt sur la chapelle de Sainte-Marie
l'Égyptienne et ses deux grandes fresques de Théodore
Chassériau (1843).
Nota : En ce début d'année 2019, les vitraux de
la nef et du chur sont en restauration. Les vitraux sud de
la nef ont été restaurés et ont repris leur
place. En revanche, les vitraux sud des grandes fenêtres du
chur (Vie de saint Pierre) sont actuellement déposés
(depuis septembre 2018). L'échafaudage qui a servi à
leur dépose est resté en place et y restera jusqu'à
leur repose (vers septembre 2019). Ce sera alors le tour des vitraux
des hautes fenêtres nord du chur (Histoire de Joseph)
d'être descendus. Bref, il y aura toujours un échafaudage
présent dans le chur jusqu'en 2020. Suivront ensuite
les vitraux nord de la nef.
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Vue d'ensemble du chur de l'église Saint-Merry.
Le chur de Saint-Merry est aussi long que la nef. Il a été
réaménagé en style baroque entre 1751 et 1754
par les frères Slodtz. |
Le maître-autel est surmonté d'une gloire en bois
due à Michel-Ange Slodtz. Elle date de 1758. |
Vitrail sud de l'abside : «Tu es Pierre» et «L'incrédulité
de saint Thomas»
Baie 102.
(1885-1890)
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Vitrail central de l'abisde : la Trinité.
Baie 100. |
Vitrail nord de l'abside : «Noli me tangere» et «Les
Pèlerins d'Emmaüs».
Baie 101. |
Les trois
vitraux de l'abside sont de l'atelier Claudius
Lavergne et datent des années 1885-1890.
Dans la partie supérieure de la baie 100 (ci-dessus),
on voit le Père Céleste bénissant son
Fils. L'atelier Claudius Lavergne a utilisé le même
carton et les mêmes couleurs que pour le tympan du vitrail
Le
Sacré-Cur entre François de Sales et Augustin
de l'église Notre-Dame de Vitré.
On pourra se reporter à cette page pour voir un gros
plan du Père Céleste, gros plan qui montre -
curieusement - une attitude assez nonchalante.
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«Noli me tangere», détail du vitrail nord
de l'abside (1885-1890). |
«Noli
me tangere». L'atelier Claudius
Lavergne a réalisé un très
beau vitrail du Noli me tangere qui mêle
deux scènes distinctes. Au second plan, des apôtres
sont accueillis devant le tombeau vide par un ange.
Au premier plan se trouve la scène célèbre
du Christ que Marie-Madeleine, premier mortel à
le voir après sa résurrection, prend pour
le jardinier. Elle veut le toucher, mais Jésus
répond : «Noli me tangere» (ne me
touche pas). Pourquoi ce rejet? Scène inventée?
Scène rapportée par Marie aux apôtres?
Toujours est-il que cet épisode abscons permit
aux théologiens, à travers les siècles,
de se lancer dans des allégories savantes dont
ils ont le secret.
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«Saint Pierre reçoit la clé du Royaume»,
détail du vitrail sud de l'abside
Atelier Claudius Lavergne (années 1885-1890). |
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LES VITRAUX RENAISSANCE
DU CHUR |
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Les
vitraux Renaissance du chur, datés
vers 1540, sont au nombre de six. Il est vraisemblable
qu'une bonne partie en est due à Jean Chastellain,
mais, en l'absence de contrats écrits, les historiens
n'ont aucune preuve formelle. Trois des vitraux poursuivent
l'histoire
de Joseph amorcée dans le transept. Les trois
autres illustrent la Vie de saint Pierre rapportée
par les Actes des Apôtres.
Rappelons l'ampleur de l'éclaircissement
décidé en 1742. Guy-Michel Leproux (ouvrage
cité en source) nous informe à ce sujet.
Les baies du chur peuvent être séparées
en fenêtres nord-sud et fenêtres orientales.
À l'époque, «le sculpteur Slodtz,
écrit l'historien, et le peintre Carl van Loo,
qui avaient participé à la nouvelle décoration,
exigèrent que l'on remplaçât les
vitraux des fenêtres orientales par des vitres
blanches.» (Ce qui a été fait comme
le montre la photo ci-dessus. Claudius Lavergne créa
trois verrières vers 1880-90 pour les trois baies
centrales.) Même châtiment pour les fenêtres
basses. Ce ne fut guère mieux pour les fenêtres
hautes (nord et sud) du chur puisque la lancette
centrale fut ôtée, et sans doute aussi
les ajours des tympans. De 1847 à 1870, le restaurateur
Prosper Lafaye essaya de reconstituer les scènes
entières... sans s'interdire le droit d'ajouter
les pièces manquantes. Néanmoins les trois
verrières de la Vie de saint Pierre présentent
encore de «fort beaux vestiges» [Leproux].
L'historien compare cette série avec la verrière
du Saint-Nom
de Jésus à Saint-Étienne-du-Mont
qui est de Jean Chastellain. À Saint-Merry, le
Châtiment d'Ananias (baie 108) est, dans la
série, la verrière la plus restaurée.
Les pièces anciennes y sont rares. Le
Baptême des nouveaux croyants conserve deux
belles scènes à gauche et à droite
; la lancette centrale étant certainement une
création de Prosper Lafaye. Les personnages de
la lancette de gauche sont souvent inspirés des
gravures de Marc-Antoine Raimondi d'après des
dessins de Raphaël. Il en est de même de
la verrière de l'Arrestation
des Apôtres. Si la lancette centrale est une
re-création, les deux autres sont suffisamment
bien conservées pour y trouver des similitudes
de visages, de vêtements, voire d'armement avec
la verrière du Saint-Nom
de Jésus à Saint-Étienne-du-Mont.
C'est pourquoi Guy-Michel Leproux attribue sans hésiter
la série de la Vie de saint Pierre à Jean
Chastellain.
Source : Vitraux parisiens
de la Renaissance, Délégation à
l'Action artistique de la ville de Paris, 1993.
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Vitrail de la baie 107 : Arrestation de Joseph, détail
(vers 1540). |
Vitrail de la baie 111 : L'Enfance de Joseph, registre principal
(vers 1540). |
Vitrail de la baie 108 : Histoire d'Ananias (registre principal
du vitrail).
Au centre : Ananias, agenouillé, persiste dans son mensonge
; à gauche, il est emporté, mort, par les disciples. |
Vitrail de la baie 110 : Baptême des nouveaux croyants
(registre principal). |
Vitrail de la baie 112 : Arrestation des Apôtres.
Vitrail vraisemblablement dû à Jean Chastellain,
registre principal (vers 1540). |
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LE DÉAMBULATOIRE
ET SES CHAPELLES |
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Suite de chapelles latérales dans le déambulatoire
nord. |
À DROITE ---»»»
Tympan du vitrail de la baie 11 : La Trinité, premier
quart du XVIe siècle.
C'est tout ce qu'il reste du vitrail de la baie 11 donnée
ci-dessous.
L'éclaircissement, décidé en 1741,
a fait table rase des vitraux des lancettes. |
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Le
déambulatoire et les uvres artistiques
des chapelles. Le déambulatoire de
Saint-Merry cache beaucoup de belles choses. Certes,
mises à part les baies de la chapelle axiale
reconstituées avec des médaillons Renaissance,
les vitraux ne proposent plus que quelques tympans du
XVIe siècle. Néanmoins les parois des
chapelles sont peintes de scènes bibliques qui
seraient vraiment attractives si une partie n'était
pas très endommagée et l'autre battue
par la lumière du jour et ses reflets. La plus
connue de ces scènes est sans doute celle qui
a lancé la carrière du peintre Théodore
Chassériau (1819-1856). Chassériau
a illustré, en deux grandes fresques, la vie
de Marie l'Égyptienne selon les épisodes
de la Légende dorée de Jacques
de Voragine (XIIIe siècle). On trouvera ci-dessous
l'essentiel de ces peintures avec un encadré
sur la vie de cette sainte légendaire. Les fresques
sont de 1843.
Vu la présence de bâtiments au sud, les
chapelles latérales de ce côté sont
jetées dans la pénombre. En revanche,
celles du nord offrent deux tympans Renaissance assez
remarquables. Le premier, donné ci-dessous, est
une Trinité. Le second relate le thème
très fréquent de Jésus
chez Marie de Béthanie, sa sur Marthe et
son frère Lazare. L'auteur du carton a opté
pour une mise en scène assez pontifiante et spectaculaire
: Jésus et Marie sont face à face, trônant
chacun sur un siège d'or. Le message est clair
: «Une seule chose est nécessaire»,
c'est-à-dire le service de Dieu, donc la prière.
D'où la supériorité sociale des
orantes (ceux qui prient) sur les laborantes
(ceux qui travaillent) symbolisés par Marthe
qui se tient debout à côté de sa
sur, deux assiettes à la main, en spectatrice
docile.
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Chapelle avec le tympan de la Trinité dans le déambulatoire
nord. |
«Saint Antoine de Padoue prêche contre les
hérétiques», vitrail de l'atelier
Tournel
et ses Fils, Paris 1901. |
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«La Vierge, sainte Anne et l'Enfant», tableau
anonyme. |
Le déambulatoire sud et l'entrée vers la
chapelle axiale.
On remarquera que le déambulatoire est voûté
d'ogives.
À la croisée, celles-ci sont ornées
des clés de voûte
habituelles du gothique flamboyant. |
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Marie
l'Égyptienne et saint Zosime. En 1843,
au début de sa courte carrière de peintre,
Théodore Chassériau (1819-1856)
réalisa deux fresques pour l'église Saint-Merry
sur la vie légendaire de Marie l'Égyptienne.
Cette vie est rapportée par Jacques de Voragine
dans la Légende dorée.
Fille publique pendant dix-sept ans à Alexandrie,
Marie s'embarque avec des pèlerins pour Jérusalem
en payant sa place avec son corps. Mais, à Jérusalem,
devant le Saint-Sépulcre où est exposée
la Sainte Croix, une force mystérieuse l'empêche
d'entrer. Elle comprend qu'elle doit renier sa vie passée
et demande pardon à la Vierge. Son vu définitif
de chasteté lui permet enfin d'entrer. Se fiant
à une voix mystérieuse, elle traverse
le Jourdain et décide de vivre recluse dans le
désert. C'est là que quarante-sept ans
plus tard l'abbé Zosime, traversant lui aussi
le Jourdain à la recherche de quelque ermite,
tombe sur «une créature bizarre, toute
nue, avec un corps tout noir et brûlé de
soleil» [Voragine]. Elle s'enfuit, il la poursuit.
La rejoignant, elle lui raconte son histoire, puis lui
demande de venir le jour de Pâques pour lui donner
la communion. Sacrement qu'elle n'a plus reçu
depuis son arrivée au désert. Zosime revient
donc l'année suivante. L'apercevant sur l'autre
rive du Jourdain, Marie traverse le fleuve en marchant
sur les eaux, reçoit l'hostie consacrée
et repart au désert de la même façon,
en le priant de revenir l'année suivante. Mais
l'année suivante, Marie n'est pas au rendez-vous.
Zosime traverse le fleuve et la retrouve à l'endroit
où il l'avait vue pour la toute première
fois. Elle gît à terre. Morte. Une inscription
est tracée sur le sable : l'abbé doit
ensevelir son corps et rendre grâce au Seigneur
qui l'a délivrée du monde le second --»
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Le retable de la chapelle Marie de l'Incarnation dans le déambulatoire
nord
avec le portrait de Marie Acarie, baptisée à Saint-Merry
en février 1565. |
«L'Apothéose de Marie l'Égyptienne»
de Théodore Chassériau (1819-1856).
Fresque dans la chapelle Sainte-Marie l'Égyptienne (déambulatoire
nord). |
--» jour d'avril.
En larmes, Zosime comprend alors qu'elle a rendu son
âme presque aussitôt après avoir
reçu la communion, un an auparavant. Trop âgé
pour creuser une fosse tout seul, le saint vit surgir
un lion pour l'aider. La besogne faite, l'animal s'en
retourna paisiblement. Zosime reprit la route de son
monastère en glorifiant Dieu.
En plus des trois scènes principales (la Communion
de Marie, la Conversion de Marie et son ensevelissement
aidé par le lion), Théodore Chassériau
a ajouté une scène de saint Zosime prêchant
dans son monastère et une autre qui est l'apothéose
de Marie l'Égyptienne (où l'on retrouve
le lion dans la partie basse).
Source : La Légende
dorée de Jacques de Voragine, éditions
Diane de Selliers.
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«Saint Zosime prêchant» de Théodore Chassériau
(1819-1856).
Fresque dans la chapelle Sainte-Marie l'Égyptienne (déambulatoire
nord). |
Fresque de sainte Marie l'Égyptienne
par Théodore Chassériau, 1843.
Côté oriental de la chapelle Sainte-Marie l'Égyptienne. |
«La Conversion de sainte Marie l'Égyptienne» par
Théodore Chassériau (1843). |
«Sainte Marie l'Égyptienne portée en terre»
par Théodore Chassériau, 1843.
On appréciera l'attitude très obligeante du lion... |
«La Communion de sainte Marie l'Égyptienne»
par Théodore Chassériau, 1843. |
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Déambulatoire nord : suite de chapelles avec leurs fresques
du XIXe siècle. |
«Saint Vincent de Paul, esclave en Afrique, chante
les louanges
du Seigneur devant les infidèles»
Fresque dans une chapelle du déambulatoire nord
uvre de Lépaulle, 1840. |
À DROITE
---»»»
Saint Joseph portant l'Enfant (XIXe siècle)
Détail du tableau dans le retable de la chapelle
Saint-Joseph. |
CI-DESSOUS :
Jésus chez Marthe et Marie.
Il arrive que Marthe soit représentée
sous un aspect plus
énergique, reprochant vertement à
sa sur de ne pas aider aux cuisines. On pourra
ainsi voir la toile de Jacques de Létin
à l'église Sainte-Madeleine
de Troyes ou encore celle,
anonyme, de l'église Sainte-Élisabeth
à Paris, 3e arr. |
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Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus. |
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«Le Baptême du Christ», fresque dans une chapelle
du déambulatoire nord. |
La chapelle Saint-Joseph dans le déambulatoire sud. |
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Tympan du vitrail de la baie 13 : Jésus chez Marthe et Marie
de Béthanie (XVIe siècle). |
Baie 5 : Saint Éloi (premier quart du XVIe siècle). |
Baie 5 : Vierge de miséricorde (1er quart du XVIe siècle). |
La chapelle axiale est ornée de deux vitraux
constitués de médaillons du XVIe siècle.
Les vitraux ont été recomposés en 1862. |
Tympan du vitrail de la baie 13 : Jésus chez Marthe
et Marie de Béthanie. Détail : Marie (XVIe
siècle). |
Tableau «L'Annonciation» de Hyacinthe Collin de Vermont
(1693 ou 95-1761) dans la chapelle axiale. |
Médaillon de la baie 1 : la sibylle de Tibur (XVIe
siècle). |
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«Les quatre parties du monde adorant le Sacré-Cur»
par Hippolyte Dominique Holfeld (1804-1872).
Ce tableau date de 1837. |
Médaillon de la baie 1 : la sibylle d'Hellespont
(XVIe siècle). |
«La Déposition de croix»
de Hyacinthe Collin de Vermont (1693 ou 95-1761). |
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Médaillon de la baie 1 : saint Jean-Baptiste (XVIe
siècle). |
Médaillon de la baie 1 : saint Pierre (XVIe siècle). |
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La tribune du grand orgue est une uvre baroque réalisée
par Michel-Ange Slodtz en 1755. |
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Documentation : «L'église Saint-Merry,
arts et architecture», brochure éditée par la
paroisse
+ «Paris d'église en église», éditions
Massin, 2007
+ «Notice sur la vie de saint Merry et Office pour le jour de
sa fête», Paris, 1858
+ «Les églises de France, Paris et la Seine» par
Maurice Dumoulin et Georges Outardel, article sur Saint-Merry par
Maurice Dumoulin
+ «Mémoire au sujet des vitraux anciens dans les églises
de Paris» par M. Lafaye, Paris 1871
+ «Corpus Vitrearum, Les vitraux de Paris, de la Région
Parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais», Éditions
du CNRS, 1978
+ «Église Saint-Merry de Paris, histoire de la paroisse
et de la collégiale (700-1910)» par M. l'abbé
Baloche, Librairie Oudin, 1906
+ «Les églises flamboyantes de Paris» par Agnès
Bos, éditions Picard, 2003
+ «Vitraux parisiens de la Renaissance», Délégation
à l'Action artistique de la ville de Paris, 1993 |
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