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«L'Adoration du nom divin par les quatre saints» de Simon Vouet, détail

L'église Saint-Merry a beau se trouver près de Beaubourg, un quartier de Paris très fréquenté, elle n'est pas la plus visitée des églises de la capitale. Pourtant les œuvres d'art et les vitraux Renaissance y abondent. L'église actuelle a pris la suite d'un précédent édifice plusieurs fois rebâti. Le début de sa construction remonte aux premières années du XVIe siècle. On commença par la nef qui fut achevée vers 1520. L'élévation du transept et du chœur fut ralentie par une âpre lutte juridique entre les marguilliers et les chanoines du chapitre. Ces derniers refusaient de vendre le terrain (et la maison qui se trouvait dessus) où devait s'élever le futur chevet. En 1531, sans attendre le jugement du Parlement de Paris, un accord fut trouvé. À deux reprises encore, la construction fut ralentie à cause de litiges pour des raisons immobilières. Alors que le jubé et les stalles de bois du sanctuaire étaient commandés dès 1558, l'ensemble du transept, du chœur et de ses chapelles ne fut achevé qu'en 1569. Les vitraux Renaissance qui ornaient la nef et le chœur étaient regardés à l'époque comme faisant partie des plus beaux de Paris.
Le XVIIIe siècle a considérablement modifié l'intérieur de l'église : le jubé est démoli en 1709 ; l'architecte Germain Boffrand (1667-1754) construit la chapelle de la Communion entre 1743 et 1745 en style classique ; les frères Slodtz remanient le chœur entre 1751 et 1754 dans un esprit baroque ; enfin, plus dommageable pour les historiens du vitrail, le chapitre décide en 1741 d'éclaircir la verrière pour gagner en luminosité. De nombreux panneaux Renaissance sont déposés et remplacés par du verre blanc. Au XIXe siècle, le restaurateur Prosper Lafaye essaiera de reconstituer les scènes initiales.
Lors de la Révolution, Saint-Merry ne subit pas trop de dégâts. Elle est transformée en fabrique de salpêtre en 1793, mais rouverte en 1795. Elle est alors, à la fois, église paroissiale et temple du Commerce pour les théophilantropes. Avec le Concordat de 1802, elle est rendue au culte catholique. En 1842, on refit les statues de la façade occidentale. En 1866, un nouveau maître-autel vint orner le chœur.
L'église Saint-Merry possède trois caractéristiques mises en exergue par les historiens. Bâtie en moins de soixante-dix ans, elle est remarquablement homogène. C'est d'ailleurs le seul édifice parisien en gothique flamboyant, commencé après 1500, qui subsiste dans la capitale - et qui ne subit, à l'époque de sa construction, aucune influence de l'art Renaissance. Deuxième trait remarquable : l'existence d'un second collatéral méridional dans la nef. Ce lieu devait vraisemblablement servir de chapelle de paroisse, les chanoines se réservant le chœur. Enfin, si l'on fait abstraction de cet ajout architectural, le plan de l'édifice correspond, en taille réduite, à celui de la cathédrale de Paris. Ce qui lui a valu son surnom de «Notre-Dame la petite»
Orientée d'ouest en est, l'église Saint-Merry est un édifice très lumineux, conséquence de l'éclaircissement de 1741 qui a ôté bien des panneaux colorés aux premier et second niveaux. Ajoutons que, depuis 2018, les vitraux Renaissance sont déposés par série pour être restaurés. Ce qui entraîne la présence d'échafaudages permanents dans l'église.

Baie 126 : châtiment d'un débiteur de mauvaise foi, XVIe siècle
Vue d'ensemble de la nef de Saint-Merry
Vue d'ensemble de la nef de Saint-Merry.
Depuis 2018, on peut y voir des échafaudages mis en place pour la dépose des vitraux Renaissance qui sont actuellement en restauration.
Côté nord de l'église vu depuis le parc Igor Stravinsky  : chevet et transept
Le côté nord de l'église Saint-Merry vu depuis le parc Igor Stravinsky : chevet et transept.
Côté nord de l'église : la nef et ses contreforts
Côté nord de l'église : la nef et ses contreforts.
Au chevet, les arcs–boutants sont surmontés d'un garde–corps orné de masques
Au second niveau, les arcs-boutants sont surmontés d'un renfort
décoratif qui prend appui sur le garde-corps.
Il faut une paire de jumelles pour apprécier ces renforts ornés d'une tête humaine.
La corniche florale entre le premier et le deuxième niveau rappelle que Saint–Merry est de style gothique flamboyant
La corniche florale, sous le garde-corps qui couronne le premier niveau,
rappelle que Saint-Merry est de style gothique flamboyant

Architecture externe. L'église Saint-Merry possède deux niveaux d'élévation. Elle propose aux flâneurs du parc Igor Stravinsky une façade nord typique du début du XVIe siècle. L'édifice, disposé est-ouest et long de 70 mètres, est coupé à mi-longueur par un transept non saillant.
Les arcs-boutants, qui accompagnent l'élévation sur toute sa longueur (hormis le transept), sont cachés, dans leur partie basse, par la succession de chapelles latérales. On remarque un aspect typique du gothique tardif : la présence d'un garde-corps orné de quadrilobes au sommet des premier et second niveaux. Au second niveau du chevet, l'appui des arcs-boutants est surmonté d'un renfort décoratif inséré dans le garde-corps. Ce renfort est orné d'une figure humaine qui prend parfois l'aspect d'un masque (cf. photo ci-dessous) et qui ne s'apprécie qu'avec une paire de jumelles. Au sud, la présence de maisons et du presbytère ne permet pas d'observer l'élévation.
La très belle façade ouest est traitée plus bas.

Ornementation du garde–corps : tête d'homme couronnée avec poitrail floral
À l'appui des arcs-boutants du chevet, le garde-corps
est enrichi d'un renfort orné d'une figure humaine.
Ici, un masque avec un large cou à thème floral.
La tourelle sud abrite l'une des plus vieilles cloches de Paris (1331)
La tourelle sud abrite l'une des
plus vieilles cloches de Paris,
datée de 1331.
LA FAÇADE OCCIDENTALE EN GOTHIQUE FLAMBOYANT
La façade ouest est engoncée dans la très passante rue Saint–Martin
La façade ouest est engoncée dans la très passante
et très touristique rue Saint-Martin.

La façade ouest de l'église Saint-Merry. Elle se voit aisément en passant dans la rue Saint-Martin (4e arr.), une rue piétonnière très animée. Cette façade se distingue par une nette opposition entre le premier et le second niveau : celui du bas est très riche en décorations flamboyantes, celui du haut est nu, hormis le cordon scandé de choux frisés qui enveloppe la baie centrale.
La façade comprend trois portails. Elle a été entièrement restaurée dans les années 2010. Le portail central est le plus digne d'intérêt. Les piédroits qui le bordent ont perdu leurs statues d'origine au cours de la Révolution. Elles ont été refaites en 1842 par les sculpteurs Louis Desprez et Joseph Brun. Les niches abritent désormais les apôtres. Les trois voussures de l'archivolte n'ont pas connu beaucoup de casse au fil du temps, y compris au cours de la Semaine Sanglante de mai 1871 (voir plus bas). Tandis que la voussure centrale accueille les vieillards de l'Apocalypse, l'encadrement flamboyant de l'archivolte montre une multiplication de fleurs, de choux et d'animaux divers, dont un séduisant petit lionceau et un caméléon plein de vie. ---»»

Le porche en gothique flamboyant a été restauré au début du XXIe siècle. Il est vu ici en grand angle
Le porche en gothique flamboyant a été restauré au début du XXIe siècle. Il est vu ici en grand angle.
Les sculptures dans les voussures du portail central Gargouille sud sur la façade occidentale
Gargouille sur la façade ouest.
«««--- À GAUCHE

Les sculptures dans les voussures du portail central.

Sur la gauche de la photo, les vieillards de l'Apocalypse.

---»» Deux points sont à noter : 1) les tympans des portails et le remplage de la baie du second niveau ont disparu avant le XVIIIe siècle ; 2) le gâble du portail central a été tronqué (ce qui est bien visible dans la photo ci-dessous).Ce gâble était-il coupé dès l'origine? Pour Agnès Bos (Les églises flamboyantes de Paris, Picard, 2003), aucun document, aucun examen architectural n'indique le contraire, d'autant plus qu'il existait vraisemblablement un garde-corps au-dessus du premier niveau et qu'il aurait été retiré précocement.

La façade occidentale et son gothique flamboyant enrichi de statues du XIXe siècle
La façade occidentale et son gothique flamboyant enrichi de statues du XIXe siècle.
On remarquera, dans la partie haute de la photo, que le gâble du portail central est tronqué. Aucun document d'archives n'indique qu'il ait été «entier» à un moment.
Statues du XIXe siècle dans les ébrasements sud du portail central
Statues des apôtres (datées de 1842) dans les ébrasements sud du portail central.
Reptile et escargots dans le feuillage
Reptile et escargots dans le feuillage.
Caméléon et escargot au milieu du feuillage
Caméléon et escargot
au milieu du feuillage.
Portail nord, détail de la flore
Détail de la flore du portail central.
Statue dans la niche d'un ébrasement nord : saint Matthieu et l'ange
Saint Matthieu et l'ange dans une niche du portail central.
Voussures : un lionceau se cache dans le feuillage
Voussures : un lionceau se cache dans le feuillage.
Détail de la sculpture florale dans les voussures
Détail de la sculpture florale du portail central.
Reptile dans le feuillage
Reptile dans le feuillage et les pampres.
Les voussures nord du portail central
Les voussures nord du portail central.
La colombe dans la partie haute du gâble
La colombe dans la partie haute de l'archivolte.
Partie supérieure de l'archivolte du portail central
Partie supérieure de l'archivolte du portail central
Un clerc dans une voussure du portail central
Un clerc dans une voussure du portail central.
Un chevalier et son bouclier dans une voussure
Un chevalier et son bouclier dans une voussure.
À la pointe du gâble, ce diable est une création des années 1830
Au sommet de l'archivolte, ce diable est une création des années 1830.
LA NEF DE SAINT-MERRY ET SES VITRAUX RENAISSANCE
Élévations nord de la nef et bas-côté
Élévations nord de la nef et le bas-côté bordé de chapelles latérales.

Architecture interne. Le plan de l'église Saint-Merry est semblable à celui de la cathédrale Notre-Dame de Paris (hormis le double bas-côté sud). Tout y est bien sûr en réduction. À ce plan de la cathédrale, il faut ajouter la chapelle de la Communion construite en 1745 dans ce même bas-côté sud. Aucun élément de l'église n'est vraiment digne d'attirer l'œil du visiteur : les cinq travées de la nef sont séparées des bas-côtés par des arcades en tiers-point, elles-mêmes surmontées de grandes baies, «éclaircies» en 1752 sur décision du chapitre. Conséquence : la majeure partie des ces baies est occupée par du verre blanc. Le même phénomène est venu frapper les verrières des chapelles latérales de la nef et du chevet. Voir l'encadré sur les verrières de la nef plus bas.
Les piles sont de forme quadrangulaire et reçoivent une colonne semi-engagée qui monte sans interruption jusqu'à la retombée des voûtes. La jonction colonne-retombée d'ogive se fait par pénétration. Il n'y a aucun chapiteau dans l'église.
La voûte est quadripartite. Les clés de voûte, constituées de pétales de fleurs ou de réseaux de tiges se retrouvent dans tous les églises de l'époque. Des clés semblables sont visibles dans les bas-côtés.
L'élément architectural qu'il convient d'apprécier est la coursive gothique qui parcourt la nef au-dessus des arcades, au nord et au sud. Plusieurs photos en sont données ci-dessous. Cette élégante frise est composée de feuillages, d'animaux et de quatre personnages couchés : Moïse (reconnaissable à ses petites cornes), son frère Aaron, saint Pierre (qui tient les clés du Royaume) et saint Merry.

Frise gothique sur le côté nord de la nef
Frise gothique sur le côté nord de la nef.
Plan de l'église Saint-Merry
Plan de l'église Saint-Merry.
Si l'on retire la chapelle de la Communion, c'est le plan
de la cathédrale Notre-Dame en plus petit.
D'où le surnom de l'église : «Notre-Dame-la-petite».
La voûte quadripartite de la nef
La voûte quadripartite de la nef.
Saint Pierre dans la frise gothique nord
Saint Pierre tenant les clés du Royaume (frise gothique nord).
Moïse dans la frise gothique nord
Moïse tenant les tables de la Loi (frise gothique nord).
Aaron dans la frise gothique sud
Aaron (frise gothique sud). Selon d'autres auteurs, il s'agirait du roi David.
Saint Merry dans la frise gothique nord
Saint Merry tenant sa crosse (frise gothique nord).
Moïse allongé au milieu des feuillage de la frise gothique nord
Moïse allongé au milieu des feuillages de la frise gothique nord.
Une originale sculpture dans la frise gothique : un chien jouant du violon
Une sculpture originale dans la frise gothique : un chien jouant du violon.

Les vitraux de la nef. Il est presque certain que l'église Saint-Merry possédait, dès la première moitié du XVIe siècle, une vitrerie complète de scènes historiées. Le style Renaissance s'affichait, à l'intérieur d'une baie, par une réunion de panneaux disposant chacun de sa saynète, ou bien en larges scènes associant plusieurs panneaux. Mais, au XVIIIe siècle, l'heure était aux Lumières, concept à prendre d'abord dans son sens premier. De fait, en 1741, le chapitre lança une campagne d'«éclaircissement» pour faire pénétrer la lumière du jour dans l'église. Les grandes verrières de la nef se virent privées de la majeure partie de leurs panneaux, les tympans restant bien souvent intacts. La photo ci-contre donne une idée précise du résultat de cette campagne : il ne subsiste que les deux panneaux supérieurs à droite et à gauche, offrant chacun une scène indépendante, sans débordement sur les lancettes adjacentes. Une vitrerie géométrique incolore remplaça les panneaux enlevés. Les deux lancettes centrales reçurent même un décor complet de pilastres latéraux (voir photo ci-dessous à droite) ; les pilastres restant partiels sur les lancettes des extrémités.
Vers le mois d'août 1871, le maître-verrier Prosper Lafaye remit une étude sur les vitraux anciens de la capitale au préfet de la Seine. Ce fut l'occasion pour cet artiste et restaurateur bien connu du XIXe siècle de s'épancher sur le «saccage» de 1741. Lafaye rappelle d'abord le risque encouru par l'église Saint-Merry lors de la Semaine Sanglante, du 21 au 28 mai 1871, semaine qui conclut, dans un bain de sang, l'Histoire de la Commune de Paris. Il écrit ainsi : «Il s'est passé là des faits bien honorables en faveur des employés de cette église, qui ont risqué d'être tués le 24 mai dernier, pour empêcher l'incendie : ils ont lutté corps à corps avec les insurgés. D'autres pourront en donner plus de détails ; mais c'est peut-être grâce à eux que, quoique au centre de la révolte, ce pieux monument, en particulier les vitraux, ont peu souffert dans cette effroyable bagarre.»
Prosper Lafaye se demande ensuite - malicieusement - si la casse des vitraux Renaissance de l'église est due à des violences, à des iconoclastes, à des ennemis des images, autrement dit - ce qu'il ne nomme pas - aux exactions de la Révolution dans la capitale... Il connaît bien sûr la réponse. Néanmoins, il cite un ordre du 16 floréal an XI (année 1802), pris par le citoyen Lefebvre, «portant suppression des signes rappelant la féodalité qui existent sur les vitraux de la "ci-devant église de Saint-Merry, devenue temple de la Raison"». On sait bien sûr que cet ordre n'est en rien responsable de l'«éclaircissement» de 1741... Lafaye, tout à son désarroi, laisse éclater sa douleur dans un style très XIXe siècle : «Qui a détruit cette galerie tout entière, méthodiquement dégarnie aujourd'hui? MM. les ecclésiastiques eux-mêmes, poussés par les novateurs, architectes empiriques, dont cette pauvre église a eu, comme tant d'autres, à subir les fantaisies aux époques qu'elle a traversées, et influencés par les imaginations intéressées de quelques inventeurs, toujours prêts à substituer aux autorités respectées leur propre prétention, appuyés d'ailleurs par des approbations obtenues par surprise. D'où possibilité d'appauvrir et de mutiler souvent des monuments dont l'admiration a été consacrée par les siècles.» Et son paragraphe se termine par une ultime plainte : «L'église Saint-Merry est un des plus intéressants témoignages de ces tristes travaux substitués par l'ignorance d'un jour, aux saines traditions artistiques que nos pères avaient toujours vénérées.»
Le dégoût du restaurateur pour ce mépris du passé envers l'art explose à la fin de son rapport quand il reproche aux marguilliers de l'époque leur manque total de prévoyance. Il conclut en effet par ce constat accablant : «(...) les vitres blanches, dans ces larges vasistas, substituées aux vitraux, ont dû, à la demande des ecclésiastiques desservants d'aujourd'hui et des paroissiens, incommodés de cette lumière, être barbouillées de peintures à l'huile ou voilées de vilains rideaux, placés là pour atténuer, dans la mesure du possible, l'éclat insupportable des rayons du soleil.»
Les vitraux de la nef sont datés aux alentours de 1507-1512. Leurs thèmes ne constituent pas un programme iconographique bien défini et l'on a du mal à en saisir l'unité. On voit ainsi des panneaux relatifs à la vie des saints les plus traditionnels : Jean-Baptiste, Thomas, Marie-Madeleine, Nicolas, François d'Assise, etc. Dans les tympans, on remarque des saynètes propres à la vie publique du Christ ou à l'Enfance de la Vierge. Il est vraisemblable que ces choix découlent tout bonnement de la décision des commanditaires (bien sûr avec l'aval du chapitre de l'église). Malheureusement, les dessins des armoiries et des donateurs, souvent disposés sur le registre du bas, ont totalement disparu. En revanche, il est évident que l'unité formelle des vitraux a été respectée : chaque baie de la nef comprenait treize saynètes ; seules sept sont parvenues jusqu'à nous.
Les passionnés de vitraux n'ont guère plus de chance avec les grandes verrières du chœur. Postérieures à celles de la nef (années 1538-1542), elles sont en place, mais les panneaux sont en désordre, résultat de la gestion informe du XVIIIe siècle. En outre, certains panneaux ont subi une restauration en règle de la part de Prosper Lafaye au XIXe siècle. On y trouve des grandes scènes sur toute la largeur de la baie (ce qui est caractéristique du style Renaissance), avec des éléments d'architecture au second plan. Voir l'encadré consacré aux vitraux du chœur en page 2.
Il faut noter dans le transept une très belle verrière illustrant une phase d'une histoire tirée de la Bible : Joseph et la femme de Putiphar. Des extraits en sont donnés plus bas.

Élévations orientales de la nef avec la chaire à prêcher de 1759
Élévations orientales de la nef avec la chaire à prêcher de 1759.
On voit bien comment se présentent les vitraux de la nef après l'«éclaircissement»
décidé par les clercs en 1741 : il reste deux panneaux historiés sur les huit d'origine.
Les tympans de ces verrières n'ont pas été touchés.
Baie 120 : Saynètes de la vie de la Vierge dans le tympan
Baie 120 : Saynètes de la vie de la Vierge dans le tympan :
Le Mariage de la Vierge et l'Annonciation, début du XVIe siècle.
Baie 120 : détail d'une saynète de la vie de la Vierge au Temple
Baie 120 : détail d'une saynète de la vie de la Vierge au Temple.
Baie 122 : détail de la vie d'un saint moine
Baie 122 : détail de la vie
d'un saint moine (François d'Assise ?)
Baie 121 : saint Jean–Baptiste devant Hérode
Baie 121 : Jean-Baptiste devant Hérode.
L'ange de l'abat-voix sur la chaire
Baie 126 : saint Nicolas fait décharger un bateau pendant la  disette
Baie 126 : saint Nicolas fait
décharger un bateau
pendant la disette.
Baie 125 : sainte Madeleine prêchant
Baie 125 : sainte Marie- Madeleine
prêchant.

«««--- À GAUCHE

L'ange de l'abat-voix sur la chaire à prêcher,
Cet ange est un ajout du XIXe siècle.

Baie 126 : châtiment d'un débiteur de mauvaise foi
Baie 126 : châtiment d'un débiteur
de mauvaise foi
(vitail assez restauré au XIXe siècle).
Baie 125 : saint Maximin baptise en présence de sainte Madeleine
Baie 125 : saint Maximin baptise
en présence de sainte Marie-Madeleine.
Baie 124 : Tympan avec des scènes de la vie de sainte Agnès
Baie 124 : Tympan avec des scènes de la vie de sainte Agnès.
Baie 119 : verrière de saint Thomas
Baie 119 : verrière de saint Thomas.
En 1741, le chapitre décida d'éclaicir la vitrerie. La majeure
partie des panneaux historiés de la nef disparurent au profit d'une
vitrerie géométrique incolore avec dessin de pilastres latéraux.
La chaire à prêcher date de 1759
La chaire à prêcher date de 1759.
Commandée à Pierre-Alexis Hémon et à Paul-Ambrorise Slodtz, elle fut achevée par Michel-Ange Slodtz (1705-1764) après la mort de son frère.
La chaire à prêcher : gros plan sur la cuve et le tronc en forme de palmier
La chaire à prêcher : gros plan sur la cuve
et le tronc en forme de palmier.
Baie 120, tympan : Annonciation
Baie 120, tympan : Annonciation, début du XVIe siècle.

Jacques de Paroy, un peintre verrier méconnu de Saint-Merry.
Les vitraux Renaissance de Saint-Merry posent un réel problème aux historiens du vitrail : il ne reste aucun document d'archives donnant le nom d'un verrier de cette époque ayant œuvré pour l'église. Les spécialistes en sont réduits à raisonner par similitude de styles. On cite Jean Chastellain pour les vitraux du chœur, la famille Pinaigrier pour d'autres. Toujours sans aucune certitude. Pourtant la liste des références donnée dans le Corpus Vitrearum de la Région Parisienne pour Saint-Merry est impressionnante. Il faut croire que l'éclaircissement décidé par les chanoines en 1741 a fait disparaître tous les noms des artistes...
Parmi ces références on ne trouve pas celle d'Émile Thibaud, peintre verrier clermontois des années 1830-1860 et auteur en 1835 d'une notice historique sur la peinture sur verre. Une notice très appréciée qu'il fit suivre en 1842 d'un traité sur les vitraux anciens et modernes. Notons qu'Émile Thibaud s'inscrit dans la période du renouveau du vitrail français au XIXe siècle et qu'il dessinait lui-même les cartons de ses vitraux. Son traité, destiné à un large public, est présenté comme un résumé de l'histoire de la peinture sur verre et des recherches dont cet art continuait de faire l'objet à son époque.
Émile Thibaud évoque l'église parisienne de Saint-Merry et cite un verrier méconnu : Jacques de Paroy.
Il écrit en parlant des vitraux : «(...) il se fait encore au commencement du XVIIe siècle de fort beaux ouvrages, et on comptait quelques artises distingués, parmi lesquels je suis heureux de pouvoir citer un Auvergnat, Jacques de Paroy, qui vivait en 1612, époque à laquelle il terminait les vitres de Saint-Méry. Voici ce que Audicquer de Blancourt, dans son introduction au Traité de la verrerie, nous apprend de cet artiste : il le fait naître à Saint-Pourçain, et le donne pour un des plus habiles que nous ayons eus pour la peinture sur verre. Il a écrit sur son art ; mais son manuscrit est réputé introuvable. Son génie le portait naturellement au dessin et à la peinture ; il crut ne pouvoir mieux se perfectionner qu'en entreprenant le voyage de Rome, où il étudia très longtemps sous le célèbre Dominique Zampini, dit le Dominicain. Après avoir acquis beaucoup d'habilité sous un tel maître, de Paroy passa à Venise, où il a fait quantité de très beaux ouvrages. De retour en France et en Auvergne, son pays natal, il en fit encore de fort beaux dans le château du comte de Catignac, et depuis à Paris dans l'église de Saint-Méry. On voyait de lui, à Gannat, dans l'église de Sainte-Croix, des vitres peintes, où étaient représentés les quatre pères de l'Église latine, saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin et saint Grégoire. Les têtes de saint Ambroise et de saint Augustin passaient pour être les portraits de MM. de Filhol, dont un était archevêque d'Aix. Tous ces vitraux ont disparu ; à peine en reste-t-il quelques traces dans les trèfles des ogives. Cet habile peintre décéda âgé de cent deux ans, dans la ville de Moulins.»
Dans un chapitre ultérieur de son traité, il liste les principaux verriers des XVIe et XVIIe siècles, mais bizarrement oublie la dynastie des Macadré à Troyes. Néanmoins, dans cette liste, il écrit :
«Chamu fut un des meilleurs peintres verriers du commencement de ce siècle [le XVIIe], et un des plus occupés. La quantité d'entreprises dont il fut chargé attira dans ses ateliers plusieurs artistes, même étrangers. On lui doit l'exécution d'une bonne partie des vitres de Saint-Méry, d'après les cartons de Jacques de Paroy, 1612.
Jean Nogare et Heron travaillèrent aux vitraux de la même église et sur des cartons du même peintre.»
Si de Paroy est réellement intervenu dans la vitrerie de Saint-Merry, ces vitraux ont-ils disparu à la suite de l'éclaircissement de 1741 ou certains d'entre eux sont-ils toujours visibles ?
Émile Thibaud était regardé à son époque et en Auvergne comme un peintre verrier de première force. Il créa son atelier à partir de rien et forma ses ouvriers. On lui doit des verrières pour la cathédrale de Clermont, à Riom, Moulins, Saint-Étienne, Saint-Chamond, Lyon, etc. La vitrerie de l'église Notre-Dame à Chamalières donne un aperçu de son talent.
Sources : 1) Considérations historiques et critiques sur les vitraux anciens et modernes et sur la peinture sur verre par Émile Thibaud de l'Académie de Clermont et de la Commission départementale pour la Conservation des Monuments, année 1842 ; 2) Corpus Vitrearum, Les vitraux de Paris, de la Région Parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais, Éditions du CNRS, 1978.

Baie 120, tympan : Rencontre à la Porte dorée, détail. Début du XVIe siècle
Baie 120, tympan : Rencontre à la Porte dorée, détail. Début du XVIe siècle.
Baie 124 : arrestation de sainte Agnès
Baie 124 : arrestation de sainte Agnès.
Promenée nue dans les rues de la ville, sa chevelure pousse instantanément pour cacher son corps.
Baie 124 : sainte Agnès ressuscite un jeune romain
Baie 124 : sainte Agnès ressuscite un jeune romain.
Baie 124, tympan : Pèsement des âmes par saint Michel
Baie 124, tympan : Le Pèsement des âmes
par l'archange saint Michel.
Baie 120, tympan : Scènes de la vie de la Vierge avec trois scènes de la vie d'Anne et de Joachim
Baie 120, tympan : Scènes de la vie de la Vierge avec trois scènes de la vie d'Anne et de Joachim.
LES VITRAUX PRÉSENTÉS ICI SONT TOUS
DU DÉBUT DU XVIe SIÈCLE
(ANNÉES 1507-1512)
Baie 120, tympan : Marie en prière au Temple
Baie 120, tympan : Marie en prière au Temple.
Baie 126, tympan : saint Nicolas sauve trois officiers de Constantin
Baie 126, tympan : saint Nicolas sauve trois officiers de Constantin.
Baie 120 : annonce àJoachim
Baie 120 : Annonce à Joachim.
Baie 126, tympan : saint Nicolas sauve trois habitants de Myre injustement accusés
Baie 126, tympan : saint Nicolas sauve trois habitants
de Myre injustement accusés.
Baie 120 : Entrée de Marie au Temple, détail
Baie 120 : Entrée de Marie au Temple, détail.
LES BAS-CÔTÉS ET LEURS CHAPELLES
La suite des chapelles dans le bas-côté nord
Suite des chapelles dans le bas-côté nord. Les autels sont du XIXe siècle.
Chapelle latérale nord et son autel XIXe siècle
Chapelle latérale nord et son autel du XIXe siècle.
Notre–Dame du Mont Carmel, vitrail du XIXe siècle dans le bas–côté nord
Notre-Dame du Mont Carmel,
vitrail du XIXe siècle dans une chapelle du bas-côté nord.
Les bas-côtés sont voûtés d'ogives
Les bas-côtés sont voûtés d'ogives.
Ici, le bas-côté nord.
Saint Nicolas apaise la tempête ou Jonas avalé par la baleine (?)
Bas-relief du XIXe siècle ------»»»
Chapelle latérale sud «Notre-Dame du Suffrage».
3 CLÉS DE VOÛTE DE STYLE FLAMBOYANT
Clé de voûte de style flamboyant
Clé de voûte de style flamboyant
Clé de voûte de style flamboyant
Détail de la peinture XIXe siècle sur la voûte d'une chapelle latérale nord
Détail de la peinture XIXe siècle
sur la voûte d'une chapelle latérale nord.
La Résurrection de Lažare, bas–relief du XIXe siècle
La Résurrection de Lazare, bas-relief du XIXe.
Chapelle latérale sud «Notre-Dame du Suffrage».
Saint Nicolas apaise la tempête (), bas–relief du XIXe siècle
Autel XIXe siècle dans une chapelle latérale nord
Autel et vitrail du XIXe siècle dans une chapelle latérale nord.
Bas-relief dans l'autel du XIXe siècle ci-dessus
Bas-relief dans l'autel du XIXe siècle ci-dessus.
Piéta, marbre de Nicolas Legendre (1619–1671) dans le bas–côté nord
Piéta, marbre de Nicolas Legendre (1619-1671) dans le bas-côté nord.
Peinture du XIXe siècle sur la voûte d'une chapelle latérale nord
Peinture du XIXe siècle sur la voûte d'une chapelle latérale nord.
Chapelle latérale sud de Notre–Dame du Suffrage
Chapelle latérale sud «Notre-Dame du Suffrage».
Le double bas-côté au sud de la nef
Le double bas-côté au sud de la nef.
Poutre de gloire dans une arcade sud de la nef
Poutre de gloire dans une arcade sud de la nef.
«Marie douloureuse», école Philippe de Champaigne, XVIIe  siècle
«Marie douloureuse», école de Philippe de Champaigne, XVIIe siècle.
Chapelle «Notre-Dame des Suffrages».
Saint Bruno et Roger Ier de Sicile
Scène de la vie de Saint Bruno :
«Saint Bruno et Roger Ier de Sicile»
par Antoni Viladomat (1678-1755).
Saint Bruno accueilli par le pape Urbain II en 1090
Scène de la vie de Saint Bruno :
«Saint Bruno est accueilli à Rome en 1090
par le pape Urbain II»
par Antoni Viladomat (1678-1755).

Saint Bruno. L'église propose quatre toiles, de bonne dimension, sur la vie de saint Bruno (vers 1030-1101), fondateur des Chartreux. Ces toiles, du peintre catalan Antoni Viladomat (1678-1755), se trouvent sur les piliers qui séparent la chapelle de la Communion du double bas-côté sud. On en propose ici deux : la rencontre légendaire entre Bruno en prière et le comte Roger Ier de Sicile en train de chasser. Le comte donna des terres pour la fondation d'un monastère chartreux en Calabre. Le second tableau illustre l'accueil de saint Bruno à Rome en 1090 par le pape Urbain II. Le futur pape avait été élève de Bruno à Reims lorsque celui-ci dirigeait l'école cathédrale de la ville. Le pape a besoin des conseils du moine pour réformer l'Église.

LA CHAPELLE DE LA COMMUNION (1745)
La chapelle de la Communion vue en grand angle
La chapelle de la Communion vue en grand angle (focale de 10).

La chapelle de la Communion est un ajout architectural de 1745. Édifiée par Germain Boffrand (1667-1754), son but était de servir de lieu d'exposition pour le Saint Sacrement. C'est un grand espace ouvert sur le double bas-côté sud par trois arcades en plein cintre. Il est éclairé par trois larges oculi qui lui apportent une abondante lumière. Des pilastres corinthiens ornent les parois. La chapelle est de style classique.
C'est surtout un endroit où les œuvres d'art abondent. Les extrémités est et ouest sont ornées chacune d'un bas-relief de Paul-Ambroise Slodtz (1702-1758) : l'ange tenant le calice (1748) et l'ange tenant l'Évangile (1758).
Enfin, le côté sud de la chapelle est brillamment enrichi de trois grandes toiles du XVIIIe siècle. Malheureusement, la lumière venant du zénith par les trois coupoles, l'abondance de reflets ne permet pas toujours de les apprécier comme il convient. Ces trois toiles sont données ici. La toile centrale est une représentation du Repas à Emmaüs par Charles Coypel (1694-1752). Cette toile, qui ne fait pas l'unanimité chez les critiques d'art, est analysée dans un encadré ci-dessous.
De part et d'autre de l'autel central se trouvent deux autres toiles : La Vision de saint Jean Chrysostome par Louis-Alexandre Péron (1776-1856) et un tableau plus traditionnel sur le dévouement au sein de l'Église : --»»

Le tabernacle de l'autel central
Le tabernacle en bronze de l'autel central
(Chapelle de la Communion).
«La Vision de saint Jean Chrysostome» de Louis–Alexandre Péron (1776–1856)
«La Vision de saint Jean Chrysostome»
Louis-Alexandre Péron (1776-1856)

--»» Saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés de Milan de Guillaume-François Colson (1785-1850). Rappelons que ce dévouement coûta la vie à Charles Borromée.

«Les Pèlerins d'Emmaüs» par Charles Coypel (1694-1752). Le tableau frappe d'emblée l'observateur car le peintre a représenté la scène comme si elle se déroulait dans la chapelle de la Communion : on y voit une arcade (cachée par des fleurs), des piliers (peut-être ornés de pilastres) et surtout une coupole semblable à celles de la chapelle. C'est un magnifique trompe-l'œil qui agrandit l'espace. Mais ce commentaire laudatif s'arrête là. La brochure sur l'église réalisée par la paroisse rappelle l'opinion peu amène du critique d'art Joris-Karl Huysmans au début du XXe siècle, une opinion présentée comme assez générale : «quand on pense à ce qu'un homme comme Rembrandt a tiré d'un tel sujet, l'on demeure confondu devant ce tableau de Coypel».
On peut ne pas être d'accord. C'est le cas des auteurs du livre Paris d'église en église (éditions Massin, 2007) qui écrivent que l'ouvrage «s'insère à merveille dans le décor architectural. L'artiste compose sa toile tel un décor de théâtre, plaçant même un rideau au premier plan. Au centre de la scène, le Christ irradié de lumière, exerce une attraction irrésistible.» On jugera mieux de ces deux commentaires quand on aura rappelé que le tableau est situé ---»»»

«Les Pèlerins d'Emmaüs» de Charles Coypel (1694–1752), détail
«Les Pèlerins d'Emmaüs» de Charles Coypel (1694-1752), détail.
Ange tenant l'Évangile
Ange tenant l'Évangile (1758).
Bas-relief de Paul-Ambroise Slodtz (1702-1758) au-dessus de la porte est.
Chapelle de la Communion : vue vers le double bas–côté
Chapelle de la Communion (focale de 12) et vue sur le double bas-côté sud.
Sur les piliers qui séparent la chapelle du double bas-côté sont
accrochées les toiles illustrant la vie de saint Bruno.
L'autel central de la chapelle de la Communion
L'autel central de la chapelle de la Communion.
«Les Pèlerins d'Emmaüs» de Charles Coypel  (1694-1752)
«Les Pèlerins d'Emmaüs» de Charles Coypel (1694-1752)
dans la chapelle de la Communion
Ange tenant un calice
L'ange tenant le calice (1748).
Bas-relief de Paul-Ambroise Slodtz (1702-1758)
au-dessus de la porte ouest de la chapelle de la Communion.
«Saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés de Milan» de Guillaume–François Colson (1785–1850)
«Saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés de Milan»
de Guillaume-François Colson (1785-1850)

Les Pèlerins d'Emmaüs, suite.
---»»» dans un lieu éclairé par trois grandes coupoles zénithales. Soyons bref : il y a trop lumière dans la chapelle de la Communion pour apprécier un tableau dont le centre - expression de la sagesse divine - est lui-même très clair, voire carrément blanc. Il y a des œuvres d'art qui ne se laissent goûter que dans la pénombre.

«Saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés de Milan», détail
«Saint Charles Borromée donnant la communion
aux pestiférés de Milan», détail.

On remarquera que le peintre a affublé
le saint archevêque d'une petite moustache.
LE TRANSEPT ET L'ENTRÉE DANS LE CHŒUR
Le transept et le croisillon sud
Le transept et le croisillon sud vus du croisillon nord.
C'est dans le transept que l'on trouve les plus belles œuvres d'art de l'église.
La voûte du transept
La voûte du transept.
Le très belle voûte de la croisée est donnée plus bas en gros plan.
«L'Adoration du nom divin par les quatre saints» de Simon Vouet
«L'Adoration du nom divin par les quatre saints»
de Simon Vouet 1590-1649).
«Jésus et la Samaritaine» de Joseph Coypel (1628-1707)
«Jésus et la Samaritaine» de Joseph Coypel (1628-1707).
Baie 116 : La Vierge au centre de la rose sud
Baie 116 : La Vierge au centre de la rose sud, XVIe siècle.

Les roses nord et sud du transept de Saint-Merry méritent un coup d'œil pour la beauté de leur remplage. Le vitrail de la rose sud (baie 116 ci-contre) date du XVIe siècle. Il présente en son centre une intéressante Vierge en prière (donnée ci-dessus) que l'on ne peut bien sûr observer qu'avec une paire de jumelles ou un zoom assez puissant. Au sommet de la rose vole la colombe du Saint-Esprit, peut-être les restes d'une Pentecôte. Les autres figures sont des anges, très largement reconstitués lors de restaurations modernes. Le remplage de la rose nord (baie 115, à droite), propose une disposition originale qui ne se rencontre qu'assez rarement. En son centre, on peut observer un soleil à six rayons qui est le dernier fragment du XVIe siècle.

Le transept. C'est l'un des endroits les plus impressionnants de l'église Saint-Merry car il regorge de richesses artistiques : autels, retables et toiles de grand-maîtres de la peinture. On y trouve ainsi un magnifique tableau représentant une Vierge bleue de Carl van Loo, un Saint Pierre repentant de Joseph Marie Vien, l'Adoration du nom divin par les quatre saints de Simon Vouet, un tableau de Joseph Coypel sur le thème plus traditionnel de Jésus et la Samaritaine, enfin une toile illustrant la réaction outragée des prélats de l'église Saint-Merry découvrant, dans une chapelle, le ciboire cassé et les hosties consacrées répandues à terre. Cette scène a vraiment eu lieu le 15 avril 1723 à la suite d'un vol et d'une profanation dans l'église. L'abbé Baloche, dans sa copieuse étude de 1906 sur l'histoire de l'église Saint-Merry, indique, à propos de cette affaire, qu'un bruit courait à l'époque où le peintre réalisa sa toile : Belle aurait représenté, au centre du tableau, le chefcier Louis Mettra, curé de l'église en 1723 - et qui laissa d'ailleurs un excellent souvenir. Un an plus tard, en avril 1724, les marguilliers votèrent l'instauration d'une fête annuelle, dite de la «Réparation», pour laver les injures faites au Saint Sacrement lors de cette profanation. L'abbé Baloche signale que la date fut fixée au deuxième dimanche après Pâques et que, pour l'occasion, les tapisseries tendues pour la semaine de Pâques resteraient jusqu'à la «Réparation».
Il faut croire que profanations et vols n'étaient pas rares à cette époque puisque l'abbé Baloche signale que le 1er février 1729 eut lieu «la réconciliation de l'église par MM. du chapitre de Notre-Dame.» L'affaire était un peu similaire. «L'église avait été profanée par un voleur, écrit l'abbé, que les agents de la police poursuivaient ; ce malheureux, sur le point d'être pris, s'était frappé de plusieurs coups de poignard. Effusion de sang. À cause de la fête du lendemain, la Purification, la réconciliation était urgente.»
Enfin, dernière richesse du transept : la voûte de la croisée. Le visiteur ne manquera pas de lever la tête vers ce très bel enchevêtrement de lianes arrondies qui rappelle (de loin) le gothique perpendiculaire anglais. En son centre se trouve une clé pendante assez frustre. La voûte est donnée plus bas en gros plan.

«La Vierge bleue» de Carle van Loo
«La Vierge bleue» de Carle van Loo (1705-1765).

«««--- Le tableau de Simon Vouet représente, de gauche à droite, saint Pierre (qui tient les clés), saint Merry dans son large manteau noir de bénédictin, saint Léonard de Noblat (donné en gros plan ci-dessous) habillé d'une très belle dalmatique et tenant les chaînes de deux prisonniers ; enfin l'un de ses compagnons, saint Frodulphe, appelé aussi saint Frou. Les quatre saints ont le regard tourné vers des angelots qui désignent du doigt le tétragramme divin. La gesticulation des têtes des quatre saints fait beaucoup dans l'intensité dramatique qui se dégage de ce tableau.

«Saint Pierre repentant» de Joseph-Marie Vien (1716-1809)
«Saint Pierre repentant»
de Joseph-Marie Vien (1716-1809).
«L'Adoration du nom divin par les quatre saints» de Simon Vouet, détail
Autel et œuvres d'art dans le croisillon nord
Autel et œuvres d'art dans le croisillon nord.
«Le Miracle de l'hostie» de Clément Belle (1722–1806)
«La Découverte de la profanation des hosties à Saint-Merry
le 15 avril 1723» de Clément Belle (1722-1806).
«La Vierge bleue» de Carle van Loo, détail
«La Vierge bleue» de Carle van Loo, détail.
«««--- À GAUCHE
«L'Adoration du nom divin par les quatre saints»
de Simon Vouet, détail.

Saint Léonard de Noblat est ici revêtu d'une dalmatique
de diacre très savamment dessinée.
Baie 116 : la rose sud
Baie 116 : la rose sud du XVIe siècle.
Autel dans le croisillon sud
Autel dans le croisillon sud.
«Saint Charles Borromée donnant la communion», huile sur toile, auteur anonyme
«Saint Charles Borromée donnant la communion»
Huile sur toile anonyme.
La voûte de la croisée rappelle le gothique perpendiculaire
La voûte de la croisée rappelle le gothique perpendiculaire anglais.
Baie 115 : la rose nord
Baie 115 : la rose nord.
XVIe siècle.
LES VITRAUX HISTORIÉS DU TRANSEPT
Baie 113 : Joseph est accusé par la femme de Putiphar ; Joseph explique les songes de pharaon (milieu du XVIe siècle)
Baie 113 : Joseph est accusé par la femme de Putiphar ;
Joseph explique les songes de pharaon (milieu du XVIe siècle).

Joseph et la femme de Putiphar. Ce thème biblique est très souvent traité dans les vitraux. Comme il se compose de plusieurs phases bien distinctes, il est facile pour les maîtres-verriers de l'illustrer et d'y déployer tout leur art du paysage et de l'architecture. À Saint-Merry, quatre grandes verrières illustrent l'histoire de Joseph : l'une est dans le croisillon nord du transept, les trois autres dans le chœur. Rappelons ici l'histoire en quelques mots.
Joseph, fils de Jacob et de Rachel, est le fils préféré de son père. De plus, sa manie de commenter ses songes le fait détester par ses frères. Un jour que les frères voyagent ensemble, ils décident de tuer Joseph. Mais l'aîné, Ruben, a ce crime en horreur. Alors ils se contentent de le précipiter nu dans une vieille citerne. Des marchands ismaélites, allant en Égypte, viennent à passer. Joseph leur est vendu - puis revendu en Égypte à Putiphar, chef de la garde du pharaon. Vertueux et fidèle, Joseph devient rapidement l'esclave de confiance de Putiphar. Mais sa femme a du désir pour lui. Elle essaie de l'attirer à elle. Joseph réussit à s'enfuir, mais en abandonnant son manteau. La femme l'accuse alors devant son mari, tenant à la main le manteau comme pièce à conviction du crime (registre reproduit en entier ci-dessous). Joseph est jeté en prison. Là, à deux autres prisonniers, il peut montrer son savoir dans l'art d'interpréter les rêves. Le premier prisonnier est bientôt libéré, c'est un proche du pharaon. Quand celui-ci fait le célèbre songe des sept vaches grasses et des sept vaches maigres, Joseph est sorti de sa prison pour en expliquer le sens (image ci-dessous). Ébloui, le pharaon lui confie le gouvernement de l'Égypte avec la charge d'amasser des réserves suffisantes pour les sept années de disette qui vont succéder aux sept années d'abondance. La partie de l'histoire de Joseph illustrée en vitrail à Saint-Merry s'arrête ici. Des extraits des autres vitraux sont donnés en page 2. La cathédrale de Rouen, quant à elle, propose un beau vitrail roman (années 1220-1230) relative à la vie de Joseph. Cliquez ici pour afficher cette page.

Baie 113, registre du haut : Joseph explique les songes de pharaon
Baie 113, registre du haut : Joseph explique les songes de pharaon (milieu du XVIe siècle).
Baie 113, registre du bas : Joseph est accusé par la femme de Putiphar
Baie 113, registre du bas : Joseph est accusé par la femme de Putiphar.
Elle tient à la main le manteau de l'esclave comme pièce à conviction (milieu du XVIe siècle).
Baie 113, tympan : Portement de croix, Résurrection, saint  Pierre dans sa prison
Baie 113, tympan. En haut : Résurrection. Au-dessous : Portement de croix ; saint Pierre dans sa prison.
Baie 113, registre du haut : Joseph explique les songes de pharaon, détail
Baie 113, registre du haut : Joseph explique les songes de pharaon, détail.
Baie 114 : homme assis dans la lancette de droite
Baie 114 : homme assis, lancette de droite.
Baie 114 : Prédication et Miracles des apôtres Pierre et Paul, vers 1540
Baie 114 : Prédication et Miracles des apôtres Pierre et Paul, vers 1540.

Prédication et Miracles des apôtres Pierre et Paul - baie 114. Ce vitrail fait partie de la série consacrée à la vie de saint Pierre. Cette série fut regardée à l'époque comme l'une des plus belles suites de verrières de la capitale.
Au XVIIIe siècle, pour apporter de la lumière dans l'église, les fabriciens ont fait remplacer, dans chaque baie, des lancettes par du verre blanc. Conséquence : la série est devenue incompréhensible. Les panneaux ayant été conservés, le restaurateur Prosper Lafaye fit de son mieux, au XIXe siècle, pour reconstituer la suite des scènes. Dans cette baie, on reconnaît la Guérison d'un boiteux (épisode des Actes des apôtres) et   ---»»»

Baie 114 : le visage des apôtres dans la lancette de gauche, vers 1540
Baie 114 : la tête des apôtres dans la lancette de gauche, vers 1540.

---»»»  Pierre bénissant deux femmes (les deux scènes sont données ci-dessous, à gauche). La scène de la Guérison est relativement bien conservée. Dans l'ouvrage Vitraux parisiens de la Renaissance, l'historien Guy-Michel Leproux écrit à son propos : «Le peintre-verrier s'est librement inspiré de la partie centrale de la composition que Marc-Antoine Raimondi a gravée sur le même sujet d'après le carton de Raphaël. La figure de l'estropié, notamment, est tirée directement de l'estampe. Les quatre têtes d'apôtres [ci-contre] sont anciennes et caractéristiques de la manière de Chastellain, de même que les architectures qui s'ouvrent sur de petites fabriques peintes sur un verre bleu». La lancette de droite est d'une identification difficile, mais elle a conservé trois têtes anciennes, parmi les plus belles de la série (extrait de vitrail donné plus bas). Guy-Michel Leproux précise à leur sujet : «(...) le personnage barbu, à droite, n'est pas sans rappeler l'un des conseillers du roi dans le Jugement de Salomon de Saint-Gervais ; celui qui, vêtu d'une tunique rayée taillée dans un verre vénitien, est assis et se tient le menton dans la main [donné ci-dessus], est inspiré d'un des assistants de la Prédication de saint Paul de Raphaël.»
On est beaucoup moins sûr de l'interprétation des donateurs car aucune armoirie n'est ancienne. Pour notre historien, ils appartiendraient aux familles Baillet et Hennequin, le premier représenté étant Oudard Hennequin, fils de Jean Hennequin et de Jeanne Baillet, et qui fut évêque de Troyes de 1527 à 1544.
Source : Vitraux parisiens de la Renaissance, édité par la Délégation à l'Action artistique de la ville de Paris, 1993. Article Jean Chastellain et le vitrail parisien sous le règne de François Ier par Guy-Michel Leproux.

Baie 114, registre du haut : Prédication et Miracles des apôtres Pierre et Paul, détail
Baie 114, registre du haut : Prédication et Miracles des apôtres Pierre et Paul, détail
Baie 114, registre du bas : les donateurs, détail
Baie 114, registre du bas : les donateurs, détail.
À gauche, est-ce l'évêque de Troyes, Oudard Hennequin, fils des donateurs ?
Toutes les armoiries des donateurs sont modernes.

««--- Deux scènes de la vie de saint Pierre :
1) La Guérison du boiteux. Le personnage du boiteux est inspiré d'un dessin de Raphaël ;
2) Saint Pierre bénissant deux femmes devant un beau décor architectural.
Baie 114 : les têtes de la lancette de droite
Baie 114 : la lancette de droite possède les têtes qui sont parmi les plus belles de la série des vitraux sur la Vie de saint Pierre.
La tête de droite se rapproche de celle d'un conseiller du roi (celui de droite)
dans le magnifique vitrail du Jugement de Salomon à l'église Saint-Gervais-Saint-Protais (Paris 4e).

Documentation : «L'église Saint-Merry, arts et architecture», brochure éditée par la paroisse
+ «Paris d'église en église», éditions Massin, 2007
+ «Notice sur la vie de saint Merry et Office pour le jour de sa fête», Paris, 1858
+ «Les églises de France, Paris et la Seine» par Maurice Dumoulin et Georges Outardel, article sur Saint-Merry par Maurice Dumoulin
+ «Mémoire au sujet des vitraux anciens dans les églises de Paris» par M. Lafaye, Paris 1871
+ «Corpus Vitrearum, Les vitraux de Paris, de la Région Parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais», Éditions du CNRS, 1978
+ «Église Saint-Merry de Paris, histoire de la paroisse et de la collégiale (700-1910)» par M. l'abbé Baloche, Librairie Oudin, 1906
+ «Les églises flamboyantes de Paris» par Agnès Bos, éditions Picard, 2003
+ «Vitraux parisiens de la Renaissance», Délégation à l'Action artistique de la ville de Paris, 1993
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