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L'église Saint-Merry a beau se
trouver près de Beaubourg, un quartier de Paris très
fréquenté, elle n'est pas la plus visitée des
églises de la capitale. Pourtant les uvres d'art et
les vitraux Renaissance y abondent. L'église actuelle a pris
la suite d'un précédent édifice plusieurs fois
rebâti. Le début de sa construction remonte aux premières
années du XVIe siècle. On commença par la nef
qui fut achevée vers 1520. L'élévation du transept
et du chur fut ralentie par une âpre lutte juridique
entre les marguilliers et les chanoines du chapitre. Ces derniers
refusaient de vendre le terrain (et la maison qui se trouvait dessus)
où devait s'élever le futur chevet. En 1531, sans
attendre le jugement du Parlement de Paris, un accord fut trouvé.
À deux reprises encore, la construction fut ralentie à
cause de litiges pour des raisons immobilières. Alors que
le jubé et les stalles de bois du sanctuaire étaient
commandés dès 1558, l'ensemble du transept, du chur
et de ses chapelles
ne fut achevé qu'en 1569. Les vitraux
Renaissance qui ornaient la nef et le chur étaient
regardés à l'époque comme faisant partie des
plus beaux de Paris.
Le XVIIIe siècle a considérablement modifié
l'intérieur de l'église : le jubé est démoli
en 1709 ; l'architecte Germain Boffrand (1667-1754) construit
la chapelle
de la Communion entre 1743 et 1745 en style classique ; les
frères Slodtz remanient le chur entre 1751 et
1754 dans un esprit baroque ; enfin, plus dommageable pour les historiens
du vitrail, le chapitre décide en 1741 d'éclaircir
la verrière pour gagner en luminosité. De nombreux
panneaux Renaissance sont déposés et remplacés
par du verre blanc. Au XIXe siècle, le restaurateur Prosper
Lafaye essaiera de reconstituer les scènes initiales.
Lors de la Révolution, Saint-Merry ne subit pas trop de dégâts.
Elle est transformée en fabrique de salpêtre en 1793,
mais rouverte en 1795. Elle est alors, à la fois, église
paroissiale et temple du Commerce pour les théophilantropes.
Avec le Concordat de 1802, elle est rendue au culte catholique.
En 1842, on refit les statues de la façade
occidentale. En 1866, un nouveau maître-autel vint orner
le chur.
L'église Saint-Merry possède trois caractéristiques
mises en exergue par les historiens. Bâtie en moins de soixante-dix
ans, elle est remarquablement homogène. C'est d'ailleurs
le seul édifice parisien en gothique flamboyant, commencé
après 1500, qui subsiste dans la capitale - et qui ne
subit, à l'époque de sa construction, aucune influence
de l'art Renaissance. Deuxième trait remarquable : l'existence
d'un second collatéral méridional dans la nef. Ce
lieu devait vraisemblablement servir de chapelle de paroisse, les
chanoines se réservant le chur.
Enfin, si l'on fait abstraction de cet ajout architectural, le plan
de l'édifice correspond, en taille réduite, à
celui de la cathédrale
de Paris. Ce qui lui a valu son surnom de «Notre-Dame
la petite»
Orientée d'ouest en est, l'église Saint-Merry est
un édifice très lumineux, conséquence de l'éclaircissement
de 1741 qui a ôté bien des panneaux colorés
aux premier et second niveaux. Ajoutons que, depuis 2018, les vitraux
Renaissance sont déposés par série pour être
restaurés. Ce qui entraîne la présence d'échafaudages
permanents dans l'église.
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Vue d'ensemble de la nef de Saint-Merry.
Depuis 2018, on peut y voir des échafaudages mis en place pour
la dépose des vitraux Renaissance qui sont actuellement en
restauration. |
Le côté nord de l'église Saint-Merry vu depuis
le parc Igor Stravinsky : chevet et transept. |
Côté nord de l'église : la nef et ses contreforts. |
Au second niveau, les arcs-boutants sont surmontés d'un
renfort
décoratif qui prend appui sur le garde-corps.
Il faut une paire de jumelles pour apprécier ces renforts
ornés d'une tête humaine. |
La corniche florale, sous le garde-corps qui couronne le premier
niveau,
rappelle que Saint-Merry est de style gothique flamboyant |
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Architecture
externe. L'église Saint-Merry possède
deux niveaux d'élévation. Elle propose
aux flâneurs du parc Igor Stravinsky une façade
nord typique du début du XVIe siècle.
L'édifice, disposé est-ouest et long de
70 mètres, est coupé à mi-longueur
par un transept non saillant.
Les arcs-boutants, qui accompagnent l'élévation
sur toute sa longueur (hormis le transept), sont cachés,
dans leur partie basse, par la succession de chapelles
latérales. On remarque un aspect typique du gothique
tardif : la présence d'un garde-corps orné
de quadrilobes au sommet des premier et second niveaux.
Au second niveau du chevet, l'appui des arcs-boutants
est surmonté d'un renfort décoratif inséré
dans le garde-corps. Ce renfort est orné d'une
figure humaine qui prend parfois l'aspect d'un masque
(cf. photo ci-dessous) et qui ne s'apprécie qu'avec
une paire de jumelles. Au sud, la présence de
maisons et du presbytère ne permet pas d'observer
l'élévation.
La très belle façade ouest est traitée
plus
bas.
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À l'appui des arcs-boutants du chevet, le garde-corps
est enrichi d'un renfort orné d'une figure humaine.
Ici, un masque avec un large cou à thème floral. |
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La tourelle sud abrite l'une des
plus vieilles cloches de Paris,
datée de 1331. |
LA FAÇADE
OCCIDENTALE EN GOTHIQUE FLAMBOYANT |
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La façade ouest est engoncée dans la très
passante
et très touristique rue Saint-Martin. |
La
façade ouest de l'église Saint-Merry.
Elle se voit aisément en passant dans la rue
Saint-Martin (4e arr.), une rue piétonnière
très animée. Cette façade se distingue
par une nette opposition entre le premier et le second
niveau : celui du bas est très riche en décorations
flamboyantes, celui du haut est nu, hormis le cordon
scandé de choux frisés qui enveloppe la
baie centrale.
La façade comprend trois portails. Elle a
été entièrement restaurée
dans les années 2010. Le portail central
est le plus digne d'intérêt. Les piédroits
qui le bordent ont perdu leurs statues d'origine au
cours de la Révolution. Elles ont été
refaites en 1842 par les sculpteurs Louis Desprez et
Joseph Brun. Les niches abritent désormais les
apôtres. Les trois voussures de l'archivolte n'ont
pas connu beaucoup de casse au fil du temps, y compris
au cours de la Semaine Sanglante de mai 1871 (voir plus
bas). Tandis que la voussure centrale accueille
les vieillards de l'Apocalypse, l'encadrement flamboyant
de l'archivolte montre une multiplication de fleurs,
de choux et d'animaux divers, dont un séduisant
petit lionceau
et un caméléon
plein de vie. ---»»
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La façade occidentale et son gothique flamboyant enrichi de
statues du XIXe siècle.
On remarquera, dans la partie haute de la photo, que le gâble
du portail central est tronqué. Aucun document d'archives n'indique
qu'il ait été «entier» à un moment. |
Statues des apôtres (datées de 1842) dans les ébrasements
sud du portail central. |
Reptile et escargots dans le feuillage. |
Caméléon et escargot
au milieu du feuillage. |
Détail de la flore du portail central. |
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Saint Matthieu et l'ange dans une niche du portail central. |
Voussures : un lionceau se cache dans le feuillage. |
Détail de la sculpture florale du portail central. |
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Reptile dans le feuillage et les pampres. |
Les voussures nord du portail central. |
La colombe dans la partie haute de l'archivolte. |
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Partie supérieure de l'archivolte du portail central |
Un clerc dans une voussure du portail central. |
Un chevalier et son bouclier dans une voussure. |
Au sommet de l'archivolte, ce diable est une création
des années 1830. |
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LA NEF DE SAINT-MERRY
ET SES VITRAUX RENAISSANCE |
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Élévations nord de la nef et le bas-côté
bordé de chapelles latérales. |
Architecture
interne. Le plan de l'église Saint-Merry
est semblable à celui de la cathédrale
Notre-Dame de Paris (hormis le double bas-côté
sud). Tout y est bien sûr en réduction.
À ce plan de la cathédrale, il faut ajouter
la chapelle
de la Communion construite en 1745 dans ce même
bas-côté sud. Aucun élément
de l'église n'est vraiment digne d'attirer l'il
du visiteur : les cinq travées de la nef sont
séparées des bas-côtés par
des arcades en tiers-point, elles-mêmes surmontées
de grandes baies, «éclaircies» en
1752 sur décision du chapitre. Conséquence
: la majeure partie des ces baies est occupée
par du verre blanc. Le même phénomène
est venu frapper les verrières des chapelles
latérales de la nef et du chevet. Voir l'encadré
sur les verrières de la nef plus bas.
Les piles sont de forme quadrangulaire et reçoivent
une colonne semi-engagée qui monte sans interruption
jusqu'à la retombée des voûtes.
La jonction colonne-retombée d'ogive se fait
par pénétration. Il n'y a aucun chapiteau
dans l'église.
La voûte est quadripartite. Les clés de
voûte, constituées de pétales de
fleurs ou de réseaux de tiges se retrouvent dans
tous les églises de l'époque. Des clés
semblables sont visibles dans les bas-côtés.
L'élément architectural qu'il convient
d'apprécier est la coursive gothique qui parcourt
la nef au-dessus des arcades, au nord et au sud. Plusieurs
photos en sont données ci-dessous. Cette élégante
frise est composée de feuillages, d'animaux et
de quatre personnages couchés : Moïse (reconnaissable
à ses petites cornes), son frère Aaron,
saint Pierre (qui tient les clés du Royaume)
et saint Merry.
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Frise gothique sur le côté nord de la nef. |
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Plan de l'église Saint-Merry.
Si l'on retire la chapelle de la Communion, c'est le plan
de la cathédrale Notre-Dame en plus petit.
D'où le surnom de l'église : «Notre-Dame-la-petite». |
La voûte quadripartite de la nef. |
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Saint Pierre tenant les clés du Royaume (frise gothique nord). |
Moïse tenant les tables de la Loi (frise gothique nord). |
Aaron (frise gothique sud). Selon d'autres auteurs, il s'agirait du
roi David. |
Saint Merry tenant sa crosse (frise gothique nord). |
Moïse allongé au milieu des feuillages de la frise gothique
nord. |
Une sculpture originale dans la frise gothique : un chien jouant
du violon. |
Les
vitraux de la nef. Il est presque certain
que l'église Saint-Merry possédait, dès
la première moitié du XVIe siècle,
une vitrerie complète de scènes historiées.
Le style Renaissance s'affichait, à l'intérieur
d'une baie, par une réunion de panneaux disposant
chacun de sa saynète, ou bien en larges scènes
associant plusieurs panneaux. Mais, au XVIIIe siècle,
l'heure était aux Lumières, concept
à prendre d'abord dans son sens premier. De fait,
en 1741, le chapitre lança une campagne d'«éclaircissement»
pour faire pénétrer la lumière
du jour dans l'église. Les grandes verrières
de la nef se virent privées de la majeure partie
de leurs panneaux, les tympans restant bien souvent
intacts. La photo ci-contre donne une idée précise
du résultat de cette campagne : il ne subsiste
que les deux panneaux supérieurs à droite
et à gauche, offrant chacun une scène
indépendante, sans débordement sur les
lancettes adjacentes. Une vitrerie géométrique
incolore remplaça les panneaux enlevés.
Les deux lancettes centrales reçurent même
un décor complet de pilastres latéraux
(voir photo
ci-dessous à droite) ; les pilastres restant
partiels sur les lancettes des extrémités.
Vers le mois d'août 1871, le maître-verrier
Prosper Lafaye remit une étude sur les
vitraux anciens de la capitale au préfet de la
Seine. Ce fut l'occasion pour cet artiste et restaurateur
bien connu du XIXe siècle de s'épancher
sur le «saccage» de 1741. Lafaye rappelle
d'abord le risque encouru par l'église Saint-Merry
lors de la Semaine Sanglante, du 21 au 28 mai 1871,
semaine qui conclut, dans un bain de sang, l'Histoire
de la Commune de Paris. Il écrit ainsi : «Il
s'est passé là des faits bien honorables
en faveur des employés de cette église,
qui ont risqué d'être tués le 24
mai dernier, pour empêcher l'incendie : ils ont
lutté corps à corps avec les insurgés.
D'autres pourront en donner plus de détails ;
mais c'est peut-être grâce à eux
que, quoique au centre de la révolte, ce pieux
monument, en particulier les vitraux, ont peu souffert
dans cette effroyable bagarre.»
Prosper Lafaye se demande ensuite - malicieusement -
si la casse des vitraux Renaissance de l'église
est due à des violences, à des iconoclastes,
à des ennemis des images, autrement dit - ce
qu'il ne nomme pas - aux exactions de la Révolution
dans la capitale... Il connaît bien sûr
la réponse. Néanmoins, il cite un ordre
du 16 floréal an XI (année 1802), pris
par le citoyen Lefebvre, «portant suppression
des signes rappelant la féodalité qui
existent sur les vitraux de la "ci-devant église
de Saint-Merry, devenue temple de la Raison"».
On sait bien sûr que cet ordre n'est en rien responsable
de l'«éclaircissement» de 1741...
Lafaye, tout à son désarroi, laisse éclater
sa douleur dans un style très XIXe siècle
: «Qui a détruit cette galerie tout entière,
méthodiquement dégarnie aujourd'hui? MM.
les ecclésiastiques eux-mêmes, poussés
par les novateurs, architectes empiriques, dont cette
pauvre église a eu, comme tant d'autres, à
subir les fantaisies aux époques qu'elle a traversées,
et influencés par les imaginations intéressées
de quelques inventeurs, toujours prêts à
substituer aux autorités respectées leur
propre prétention, appuyés d'ailleurs
par des approbations obtenues par surprise. D'où
possibilité d'appauvrir et de mutiler souvent
des monuments dont l'admiration a été
consacrée par les siècles.» Et son
paragraphe se termine par une ultime plainte : «L'église
Saint-Merry est un des plus intéressants témoignages
de ces tristes travaux substitués par l'ignorance
d'un jour, aux saines traditions artistiques que nos
pères avaient toujours vénérées.»
Le dégoût du restaurateur pour ce mépris
du passé envers l'art explose à la fin
de son rapport quand il reproche aux marguilliers de
l'époque leur manque total de prévoyance.
Il conclut en effet par ce constat accablant : «(...)
les vitres blanches, dans ces larges vasistas, substituées
aux vitraux, ont dû, à la demande des ecclésiastiques
desservants d'aujourd'hui et des paroissiens, incommodés
de cette lumière, être barbouillées
de peintures à l'huile ou voilées de vilains
rideaux, placés là pour atténuer,
dans la mesure du possible, l'éclat insupportable
des rayons du soleil.»
Les vitraux de la nef sont datés aux alentours
de 1507-1512. Leurs thèmes ne constituent pas
un programme iconographique bien défini et l'on
a du mal à en saisir l'unité. On voit
ainsi des panneaux relatifs à la vie des saints
les plus traditionnels : Jean-Baptiste, Thomas, Marie-Madeleine,
Nicolas, François d'Assise, etc. Dans les tympans,
on remarque des saynètes propres à la
vie publique du Christ ou à l'Enfance de la Vierge.
Il est vraisemblable que ces choix découlent
tout bonnement de la décision des commanditaires
(bien sûr avec l'aval du chapitre de l'église).
Malheureusement, les dessins des armoiries et des donateurs,
souvent disposés sur le registre du bas, ont
totalement disparu. En revanche, il est évident
que l'unité formelle des vitraux a été
respectée : chaque baie de la nef comprenait
treize saynètes ; seules sept sont parvenues
jusqu'à nous.
Les passionnés de vitraux n'ont guère
plus de chance avec les grandes verrières du
chur. Postérieures à celles de la
nef (années 1538-1542), elles sont en place,
mais les panneaux sont en désordre, résultat
de la gestion informe du XVIIIe siècle. En outre,
certains panneaux ont subi une restauration en règle
de la part de Prosper Lafaye au XIXe siècle.
On y trouve des grandes scènes sur toute la largeur
de la baie (ce qui est caractéristique du style
Renaissance), avec des éléments d'architecture
au second plan. Voir l'encadré consacré
aux vitraux
du chur en page 2.
Il faut noter dans le transept une très belle
verrière illustrant une phase d'une histoire
tirée de la Bible : Joseph
et la femme de Putiphar. Des extraits en sont donnés
plus bas.
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Élévations orientales de la nef avec la chaire
à prêcher de 1759.
On voit bien comment se présentent les vitraux de la
nef après l'«éclaircissement»
décidé par les clercs en 1741 : il reste deux
panneaux historiés sur les huit d'origine.
Les tympans de ces verrières n'ont pas été
touchés. |
Baie 120 : Saynètes de la vie de la Vierge dans le tympan
:
Le Mariage de la Vierge et l'Annonciation, début du XVIe
siècle. |
Baie 120 : détail d'une saynète de la vie de la
Vierge au Temple. |
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Baie 119 : verrière de saint Thomas.
En 1741, le chapitre décida d'éclaicir la vitrerie.
La majeure
partie des panneaux historiés de la nef disparurent au
profit d'une
vitrerie géométrique incolore avec dessin de pilastres
latéraux. |
La chaire à prêcher date de 1759.
Commandée à Pierre-Alexis Hémon et à
Paul-Ambrorise Slodtz, elle fut achevée par Michel-Ange
Slodtz (1705-1764) après la mort de son frère. |
La chaire à prêcher : gros plan sur la cuve
et le tronc en forme de palmier. |
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Baie 120, tympan : Annonciation, début du XVIe siècle. |
Jacques
de Paroy, un peintre verrier méconnu de Saint-Merry.
Les vitraux Renaissance de Saint-Merry posent un réel
problème aux historiens du vitrail : il ne reste
aucun document d'archives donnant le nom d'un verrier
de cette époque ayant uvré pour
l'église. Les spécialistes en sont réduits
à raisonner par similitude de styles. On cite
Jean Chastellain pour les vitraux du chur,
la famille Pinaigrier pour d'autres. Toujours sans aucune
certitude. Pourtant la liste des références
donnée dans le Corpus Vitrearum de la
Région Parisienne pour Saint-Merry est impressionnante.
Il faut croire que l'éclaircissement décidé
par les chanoines en 1741 a fait disparaître tous
les noms des artistes...
Parmi ces références on ne trouve pas
celle d'Émile Thibaud, peintre verrier
clermontois des années 1830-1860 et auteur en
1835 d'une notice historique sur la peinture sur verre.
Une notice très appréciée qu'il
fit suivre en 1842 d'un traité sur les vitraux
anciens et modernes. Notons qu'Émile Thibaud
s'inscrit dans la période du renouveau du vitrail
français au XIXe siècle et qu'il dessinait
lui-même les cartons de ses vitraux. Son traité,
destiné à un large public, est présenté
comme un résumé de l'histoire de la peinture
sur verre et des recherches dont cet art continuait
de faire l'objet à son époque.
Émile Thibaud évoque l'église parisienne
de Saint-Merry et cite un verrier méconnu : Jacques
de Paroy.
Il écrit en parlant des vitraux : «(...)
il se fait encore au commencement du XVIIe siècle
de fort beaux ouvrages, et on comptait quelques artises
distingués, parmi lesquels je suis heureux de
pouvoir citer un Auvergnat, Jacques de Paroy, qui vivait
en 1612, époque à laquelle il terminait
les vitres de Saint-Méry. Voici ce que Audicquer
de Blancourt, dans son introduction au Traité
de la verrerie, nous apprend de cet artiste : il le
fait naître à Saint-Pourçain, et
le donne pour un des plus habiles que nous ayons eus
pour la peinture sur verre. Il a écrit sur son
art ; mais son manuscrit est réputé introuvable.
Son génie le portait naturellement au dessin
et à la peinture ; il crut ne pouvoir mieux se
perfectionner qu'en entreprenant le voyage de Rome,
où il étudia très longtemps sous
le célèbre Dominique Zampini, dit le Dominicain.
Après avoir acquis beaucoup d'habilité
sous un tel maître, de Paroy passa à Venise,
où il a fait quantité de très beaux
ouvrages. De retour en France et en Auvergne, son pays
natal, il en fit encore de fort beaux dans le château
du comte de Catignac, et depuis à Paris dans
l'église de Saint-Méry. On voyait de lui,
à Gannat, dans l'église de Sainte-Croix,
des vitres peintes, où étaient représentés
les quatre pères de l'Église latine, saint
Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin
et saint Grégoire. Les têtes de saint Ambroise
et de saint Augustin passaient pour être les portraits
de MM. de Filhol, dont un était archevêque
d'Aix. Tous ces vitraux ont disparu ; à peine
en reste-t-il quelques traces dans les trèfles
des ogives. Cet habile peintre décéda
âgé de cent deux ans, dans la ville de
Moulins.»
Dans un chapitre ultérieur de son traité,
il liste les principaux verriers des XVIe et XVIIe siècles,
mais bizarrement oublie la dynastie des Macadré
à Troyes.
Néanmoins, dans cette liste, il écrit
:
«Chamu fut un des meilleurs peintres verriers
du commencement de ce siècle [le XVIIe], et un
des plus occupés. La quantité d'entreprises
dont il fut chargé attira dans ses ateliers plusieurs
artistes, même étrangers. On lui doit l'exécution
d'une bonne partie des vitres de Saint-Méry,
d'après les cartons de Jacques de Paroy, 1612.
Jean Nogare et Heron travaillèrent
aux vitraux de la même église et sur des
cartons du même peintre.»
Si de Paroy est réellement intervenu dans la
vitrerie de Saint-Merry, ces vitraux ont-ils disparu
à la suite de l'éclaircissement de 1741
ou certains d'entre eux sont-ils toujours visibles ?
Émile Thibaud était regardé à
son époque et en Auvergne comme un peintre verrier
de première force. Il créa son atelier
à partir de rien et forma ses ouvriers. On lui
doit des verrières pour la cathédrale
de Clermont, à Riom, Moulins, Saint-Étienne,
Saint-Chamond, Lyon, etc. La vitrerie de l'église
Notre-Dame
à Chamalières donne un aperçu de
son talent.
Sources : 1) Considérations
historiques et critiques sur les vitraux anciens et
modernes et sur la peinture sur verre par Émile
Thibaud de l'Académie de Clermont et de la Commission
départementale pour la Conservation des Monuments,
année 1842 ; 2) Corpus Vitrearum, Les vitraux
de Paris, de la Région Parisienne, de la Picardie
et du Nord-Pas-de-Calais, Éditions du CNRS,
1978.
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Baie 120, tympan : Rencontre à la Porte dorée,
détail. Début du XVIe siècle. |
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Baie 124 : arrestation de sainte Agnès.
Promenée nue dans les rues de la ville, sa chevelure
pousse instantanément pour cacher son corps. |
Baie 124 : sainte Agnès ressuscite un jeune romain. |
Baie 124, tympan : Le Pèsement des âmes
par l'archange saint Michel. |
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Baie 120, tympan : Scènes de la vie de la Vierge avec
trois scènes de la vie d'Anne et de Joachim. |
LES VITRAUX
PRÉSENTÉS ICI SONT TOUS
DU DÉBUT DU XVIe SIÈCLE
(ANNÉES 1507-1512) |
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Baie 120, tympan : Marie en prière au Temple. |
Baie 126, tympan : saint Nicolas sauve trois officiers
de Constantin. |
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Baie 120 : Annonce à Joachim. |
Baie 126, tympan : saint Nicolas sauve trois habitants
de Myre injustement accusés. |
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Baie 120 : Entrée de Marie au Temple, détail. |
LES BAS-CÔTÉS
ET LEURS CHAPELLES |
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Suite des chapelles dans le bas-côté nord. Les
autels sont du XIXe siècle. |
Chapelle latérale nord et son autel du XIXe siècle. |
Notre-Dame du Mont Carmel,
vitrail du XIXe siècle dans une chapelle du bas-côté
nord. |
Les bas-côtés sont voûtés d'ogives.
Ici, le bas-côté nord. |
Saint Nicolas
apaise la tempête ou Jonas avalé par la baleine
(?)
Bas-relief du XIXe siècle ------»»»
Chapelle latérale sud «Notre-Dame du
Suffrage». |
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3 CLÉS
DE VOÛTE DE STYLE FLAMBOYANT |
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Détail de la peinture XIXe siècle
sur la voûte d'une chapelle latérale nord. |
La Résurrection de Lazare, bas-relief du XIXe.
Chapelle latérale sud «Notre-Dame du Suffrage». |
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Autel et vitrail du XIXe siècle dans une chapelle latérale
nord. |
Bas-relief dans l'autel du XIXe siècle ci-dessus. |
Piéta, marbre de Nicolas Legendre (1619-1671) dans le
bas-côté nord. |
Peinture du XIXe siècle sur la voûte d'une chapelle
latérale nord. |
Chapelle latérale sud «Notre-Dame du Suffrage». |
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Le double bas-côté au sud de la nef. |
Poutre de gloire dans une arcade sud de la nef. |
«Marie douloureuse», école de Philippe de Champaigne,
XVIIe siècle.
Chapelle «Notre-Dame des Suffrages». |
Scène de la vie de Saint Bruno :
«Saint Bruno et Roger Ier de Sicile»
par Antoni Viladomat (1678-1755). |
Scène de la vie de Saint Bruno :
«Saint Bruno est accueilli à Rome en 1090
par le pape Urbain II»
par Antoni Viladomat (1678-1755). |
Saint
Bruno. L'église propose quatre toiles, de
bonne dimension, sur la vie de saint Bruno (vers 1030-1101),
fondateur des Chartreux. Ces toiles, du peintre catalan
Antoni Viladomat (1678-1755), se trouvent sur les piliers
qui séparent la chapelle de la Communion du double
bas-côté sud. On en propose ici deux : la rencontre
légendaire entre Bruno en prière et le comte
Roger Ier de Sicile en train de chasser. Le comte donna des
terres pour la fondation d'un monastère chartreux en
Calabre. Le second tableau illustre l'accueil de saint Bruno
à Rome en 1090 par le pape Urbain II. Le futur pape
avait été élève de Bruno à
Reims lorsque celui-ci dirigeait l'école cathédrale
de la ville. Le pape a besoin des conseils du moine pour réformer
l'Église.
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LA CHAPELLE DE
LA COMMUNION (1745) |
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La chapelle de la Communion vue en grand angle (focale de 10). |
La
chapelle de la Communion est un ajout
architectural de 1745. Édifiée par
Germain Boffrand (1667-1754), son but était
de servir de lieu d'exposition pour le Saint Sacrement.
C'est un grand espace ouvert sur le double bas-côté
sud par trois arcades en plein cintre. Il est
éclairé par trois larges oculi qui
lui apportent une abondante lumière. Des
pilastres corinthiens ornent les parois. La chapelle
est de style classique.
C'est surtout un endroit où les uvres
d'art abondent. Les extrémités est
et ouest sont ornées chacune d'un bas-relief
de Paul-Ambroise Slodtz (1702-1758) : l'ange
tenant le calice (1748) et l'ange tenant l'Évangile
(1758).
Enfin, le côté sud de la chapelle
est brillamment enrichi de trois grandes toiles
du XVIIIe siècle. Malheureusement, la lumière
venant du zénith par les trois coupoles,
l'abondance de reflets ne permet pas toujours
de les apprécier comme il convient. Ces
trois toiles sont données ici. La toile
centrale est une représentation du Repas
à Emmaüs par Charles Coypel (1694-1752).
Cette toile, qui ne fait pas l'unanimité
chez les critiques d'art, est analysée
dans un encadré ci-dessous.
De part et d'autre de l'autel central se trouvent
deux autres toiles : La Vision de saint Jean
Chrysostome par Louis-Alexandre Péron
(1776-1856) et un tableau plus traditionnel sur
le dévouement au sein de l'Église
: --»»
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Le tabernacle en bronze de l'autel central
(Chapelle de la Communion). |
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«La Vision de saint Jean Chrysostome»
Louis-Alexandre Péron (1776-1856) |
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Saint Charles Borromée donnant la
communion aux pestiférés de Milan
de Guillaume-François Colson (1785-1850). Rappelons
que ce dévouement coûta la vie à
Charles Borromée.
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«Les
Pèlerins d'Emmaüs»
par Charles Coypel (1694-1752). Le tableau frappe
d'emblée l'observateur car le peintre a
représenté la scène comme
si elle se déroulait dans la chapelle de
la Communion : on y voit une arcade (cachée
par des fleurs), des piliers (peut-être
ornés de pilastres) et surtout une coupole
semblable à celles de la chapelle. C'est
un magnifique trompe-l'il qui agrandit l'espace.
Mais ce commentaire laudatif s'arrête là.
La brochure sur l'église réalisée
par la paroisse rappelle l'opinion peu amène
du critique d'art Joris-Karl Huysmans au début
du XXe siècle, une opinion présentée
comme assez générale : «quand
on pense à ce qu'un homme comme Rembrandt
a tiré d'un tel sujet, l'on demeure confondu
devant ce tableau de Coypel».
On peut ne pas être d'accord. C'est le cas
des auteurs du livre Paris d'église
en église (éditions Massin,
2007) qui écrivent que l'ouvrage «s'insère
à merveille dans le décor architectural.
L'artiste compose sa toile tel un décor
de théâtre, plaçant même
un rideau au premier plan. Au centre de la scène,
le Christ irradié de lumière, exerce
une attraction irrésistible.» On
jugera mieux de ces deux commentaires quand on
aura rappelé que le tableau est situé
---»»»
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«Les Pèlerins d'Emmaüs» de Charles Coypel
(1694-1752), détail. |
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Ange tenant l'Évangile (1758).
Bas-relief de Paul-Ambroise Slodtz (1702-1758) au-dessus de
la porte est. |
Chapelle de la Communion (focale de 12) et vue sur le double
bas-côté sud.
Sur les piliers qui séparent la chapelle du double bas-côté
sont
accrochées les toiles illustrant la vie de saint Bruno. |
L'autel central de la chapelle de la Communion. |
«Les Pèlerins d'Emmaüs» de Charles Coypel
(1694-1752)
dans la chapelle de la Communion |
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L'ange tenant le calice (1748).
Bas-relief de Paul-Ambroise Slodtz (1702-1758)
au-dessus de la porte ouest de la chapelle de la Communion. |
«Saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés
de Milan»
de Guillaume-François Colson (1785-1850) |
Les Pèlerins
d'Emmaüs, suite.
---»»» dans un lieu éclairé
par trois grandes coupoles zénithales. Soyons bref
: il y a trop lumière dans la chapelle de la Communion
pour apprécier un tableau dont le centre - expression
de la sagesse divine - est lui-même très clair,
voire carrément blanc. Il y a des uvres d'art
qui ne se laissent goûter que dans la pénombre.
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«Saint Charles Borromée donnant la communion
aux pestiférés de Milan», détail.
On remarquera que le peintre a affublé
le saint archevêque d'une petite moustache. |
LE TRANSEPT ET
L'ENTRÉE DANS LE CHUR |
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Le transept et le croisillon sud vus du croisillon nord.
C'est dans le transept que l'on trouve les plus belles uvres
d'art de l'église. |
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Le
transept. C'est l'un des endroits les plus
impressionnants de l'église Saint-Merry car il
regorge de richesses artistiques : autels, retables
et toiles de grand-maîtres de la peinture. On
y trouve ainsi un magnifique tableau représentant
une Vierge bleue de Carl van Loo, un Saint
Pierre repentant de Joseph Marie Vien, l'Adoration
du nom divin par les quatre saints de Simon Vouet,
un tableau de Joseph Coypel sur le thème plus
traditionnel de Jésus et la Samaritaine,
enfin une toile illustrant la réaction outragée
des prélats de l'église Saint-Merry découvrant,
dans une chapelle, le ciboire cassé et les hosties
consacrées répandues à terre. Cette
scène
a vraiment eu lieu le 15 avril 1723 à la suite
d'un vol et d'une profanation dans l'église.
L'abbé Baloche, dans sa copieuse étude
de 1906 sur l'histoire de l'église Saint-Merry,
indique, à propos de cette affaire, qu'un bruit
courait à l'époque où le peintre
réalisa sa toile : Belle aurait représenté,
au centre du tableau, le chefcier Louis Mettra, curé
de l'église en 1723 - et qui laissa d'ailleurs
un excellent souvenir. Un an plus tard, en avril 1724,
les marguilliers votèrent l'instauration d'une
fête annuelle, dite de la «Réparation»,
pour laver les injures faites au Saint Sacrement lors
de cette profanation. L'abbé Baloche signale
que la date fut fixée au deuxième dimanche
après Pâques et que, pour l'occasion, les
tapisseries tendues pour la semaine de Pâques
resteraient jusqu'à la «Réparation».
Il faut croire que profanations et vols n'étaient
pas rares à cette époque puisque l'abbé
Baloche signale que le 1er février 1729 eut lieu
«la réconciliation de l'église par
MM. du chapitre de Notre-Dame.» L'affaire était
un peu similaire. «L'église avait été
profanée par un voleur, écrit l'abbé,
que les agents de la police poursuivaient ; ce malheureux,
sur le point d'être pris, s'était frappé
de plusieurs coups de poignard. Effusion de sang. À
cause de la fête du lendemain, la Purification,
la réconciliation était urgente.»
Enfin, dernière richesse du transept : la voûte
de la croisée. Le visiteur ne manquera pas de
lever la tête vers ce très bel enchevêtrement
de lianes arrondies qui rappelle (de loin) le gothique
perpendiculaire anglais. En son centre se trouve une
clé pendante assez frustre. La voûte est
donnée plus
bas en gros plan.
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Autel et uvres d'art dans le croisillon nord. |
«La Découverte de la profanation des hosties
à Saint-Merry
le 15 avril 1723» de Clément Belle (1722-1806). |
«La Vierge bleue» de Carle van Loo, détail. |
«««---
À GAUCHE
«L'Adoration du nom divin par les quatre saints»
de Simon Vouet, détail.
Saint Léonard de Noblat est ici revêtu
d'une dalmatique
de diacre très savamment dessinée. |
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Baie 116 : la rose sud du XVIe siècle. |
Autel dans le croisillon sud. |
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«Saint Charles Borromée donnant la communion»
Huile sur toile anonyme. |
La voûte de la croisée rappelle le gothique perpendiculaire
anglais. |
Baie 115 : la rose nord.
XVIe siècle. |
LES VITRAUX HISTORIÉS
DU TRANSEPT |
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Baie 113 : Joseph est accusé par la femme de Putiphar ;
Joseph explique les songes de pharaon (milieu du XVIe siècle). |
Joseph
et la femme de Putiphar. Ce thème biblique
est très souvent traité dans les vitraux. Comme
il se compose de plusieurs phases bien distinctes, il est
facile pour les maîtres-verriers de l'illustrer et d'y
déployer tout leur art du paysage et de l'architecture.
À Saint-Merry, quatre grandes verrières illustrent
l'histoire de Joseph : l'une est dans le croisillon nord du
transept, les trois autres dans le chur.
Rappelons ici l'histoire en quelques mots.
Joseph, fils de Jacob et de Rachel, est le fils préféré
de son père. De plus, sa manie de commenter ses songes
le fait détester par ses frères. Un jour que
les frères voyagent ensemble, ils décident de
tuer Joseph. Mais l'aîné, Ruben, a ce crime en
horreur. Alors ils se contentent de le précipiter nu
dans une vieille citerne. Des marchands ismaélites,
allant en Égypte, viennent à passer. Joseph
leur est vendu - puis revendu en Égypte à Putiphar,
chef de la garde du pharaon. Vertueux et fidèle, Joseph
devient rapidement l'esclave de confiance de Putiphar. Mais
sa femme a du désir pour lui. Elle essaie de l'attirer
à elle. Joseph réussit à s'enfuir, mais
en abandonnant son manteau. La femme l'accuse alors devant
son mari, tenant à la main le manteau comme pièce
à conviction du crime (registre reproduit en entier
ci-dessous).
Joseph est jeté en prison. Là, à deux
autres prisonniers, il peut montrer son savoir dans l'art
d'interpréter les rêves. Le premier prisonnier
est bientôt libéré, c'est un proche du
pharaon. Quand celui-ci fait le célèbre songe
des sept vaches grasses et des sept vaches maigres, Joseph
est sorti de sa prison pour en expliquer le sens (image ci-dessous).
Ébloui, le pharaon lui confie le gouvernement de l'Égypte
avec la charge d'amasser des réserves suffisantes pour
les sept années de disette qui vont succéder
aux sept années d'abondance. La partie de l'histoire
de Joseph illustrée en vitrail à Saint-Merry
s'arrête ici. Des extraits des autres vitraux sont donnés
en page
2. La cathédrale de Rouen, quant à elle,
propose un beau vitrail roman (années 1220-1230) relative
à la vie de Joseph. Cliquez ici
pour afficher cette page.
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Baie 113, registre du haut : Joseph explique les songes de pharaon
(milieu du XVIe siècle). |
Baie 113, registre du bas : Joseph est accusé par la femme
de Putiphar.
Elle tient à la main le manteau de l'esclave comme pièce
à conviction (milieu du XVIe siècle). |
Baie 113, tympan. En haut : Résurrection. Au-dessous
: Portement de croix ; saint Pierre dans sa prison. |
Baie 113, registre du haut : Joseph explique les songes de pharaon,
détail. |
Baie 114 : homme assis, lancette de droite. |
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Baie 114 : Prédication et Miracles des apôtres
Pierre et Paul, vers 1540. |
Prédication
et Miracles des apôtres Pierre et Paul - baie 114.
Ce vitrail fait partie de la série consacrée
à la vie de saint Pierre. Cette série
fut regardée à l'époque comme l'une
des plus belles suites de verrières de la capitale.
Au XVIIIe siècle, pour apporter de la lumière
dans l'église, les fabriciens ont fait remplacer,
dans chaque baie, des lancettes par du verre blanc.
Conséquence : la série est devenue incompréhensible.
Les panneaux ayant été conservés,
le restaurateur Prosper Lafaye fit de son mieux,
au XIXe siècle, pour reconstituer la suite des
scènes. Dans cette baie, on reconnaît la
Guérison d'un boiteux (épisode
des Actes des apôtres) et ---»»»
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Baie 114 : la tête des apôtres dans la lancette
de gauche, vers 1540. |
---»»» Pierre
bénissant deux femmes (les deux scènes
sont données ci-dessous, à gauche). La
scène de la Guérison est relativement
bien conservée. Dans l'ouvrage Vitraux parisiens
de la Renaissance, l'historien Guy-Michel Leproux
écrit à son propos : «Le peintre-verrier
s'est librement inspiré de la partie centrale
de la composition que Marc-Antoine Raimondi a gravée
sur le même sujet d'après le carton de
Raphaël. La figure de l'estropié, notamment,
est tirée directement de l'estampe. Les quatre
têtes d'apôtres [ci-contre] sont anciennes
et caractéristiques de la manière de Chastellain,
de même que les architectures qui s'ouvrent sur
de petites fabriques peintes sur un verre bleu».
La lancette de droite est d'une identification difficile,
mais elle a conservé trois têtes anciennes,
parmi les plus belles de la série (extrait de
vitrail donné plus
bas). Guy-Michel Leproux précise à
leur sujet : «(...) le personnage
barbu, à droite, n'est pas sans rappeler
l'un des conseillers du roi dans le Jugement
de Salomon de Saint-Gervais ; celui qui, vêtu
d'une tunique rayée taillée dans un verre
vénitien, est assis et se tient le menton dans
la main [donné ci-dessus], est inspiré
d'un des assistants de la Prédication de saint
Paul de Raphaël.»
On est beaucoup moins sûr de l'interprétation
des donateurs car aucune armoirie n'est ancienne. Pour
notre historien, ils appartiendraient aux familles Baillet
et Hennequin, le premier représenté étant
Oudard Hennequin, fils de Jean Hennequin et de Jeanne
Baillet, et qui fut évêque de Troyes de
1527 à 1544.
Source : Vitraux parisiens
de la Renaissance, édité par la Délégation
à l'Action artistique de la ville de Paris, 1993.
Article Jean Chastellain et le vitrail parisien sous
le règne de François Ier par Guy-Michel
Leproux.
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Baie 114, registre du haut : Prédication et Miracles des apôtres
Pierre et Paul, détail |
Baie 114, registre du bas : les donateurs, détail.
À gauche, est-ce l'évêque de Troyes, Oudard Hennequin,
fils des donateurs ?
Toutes les armoiries des donateurs sont modernes.
««--- Deux scènes
de la vie de saint Pierre :
1) La Guérison du boiteux. Le personnage du boiteux est
inspiré d'un dessin de Raphaël ;
2) Saint Pierre bénissant deux femmes devant un beau
décor architectural. |
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Baie 114 : la lancette de droite possède les têtes qui
sont parmi les plus belles de la série des vitraux sur la Vie
de saint Pierre.
La tête de droite se rapproche de celle d'un conseiller du roi
(celui de droite)
dans le magnifique vitrail du Jugement
de Salomon à l'église Saint-Gervais-Saint-Protais
(Paris 4e).
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Documentation : «L'église Saint-Merry,
arts et architecture», brochure éditée par la
paroisse
+ «Paris d'église en église», éditions
Massin, 2007
+ «Notice sur la vie de saint Merry et Office pour le jour de
sa fête», Paris, 1858
+ «Les églises de France, Paris et la Seine» par
Maurice Dumoulin et Georges Outardel, article sur Saint-Merry par
Maurice Dumoulin
+ «Mémoire au sujet des vitraux anciens dans les églises
de Paris» par M. Lafaye, Paris 1871
+ «Corpus Vitrearum, Les vitraux de Paris, de la Région
Parisienne, de la Picardie et du Nord-Pas-de-Calais», Éditions
du CNRS, 1978
+ «Église Saint-Merry de Paris, histoire de la paroisse
et de la collégiale (700-1910)» par M. l'abbé
Baloche, Librairie Oudin, 1906
+ «Les églises flamboyantes de Paris» par Agnès
Bos, éditions Picard, 2003
+ «Vitraux parisiens de la Renaissance», Délégation
à l'Action artistique de la ville de Paris, 1993 |
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