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On ne sait rien de l'édifice primitif,
celui d'avant 1429. L'église Saint-Laurent fut rebâtie
dans le courant du XVe siècle : les historiens ont du mal
à déterminer l'époque précise (voir
l'encadré
et l'analyse que fait Agnès Bos, conservateur du Patrimoine,
dans sa thèse de doctorat soutenue en 2000). On sait néanmoins
que l'édifice fut dédicacé en juin 1429 et
qu'il a subi depuis lors de multiples travaux. Si seule une partie
du clocher semble
être antérieure au XVe siècle, le chur
est du XVe, la nef, du XVIIe, les bas-côtés du chur
et la chapelle
ovale de la Vierge, du début du XVIIIe. Une façade
de style classique, rappelant celle de la maison professe des Jésuites,
fut élevée en 1621. La façade
actuelle est un pastiche du XVe siècle, édifiée
en 1862-1865 par l'architecte Constant-Dufeux.
Le style général de l'église est le gothique
flamboyant avec des parties en style classique. Saint-Laurent fut
conservée comme paroisse en 1791. Elle devint temple de la
Raison en 1795, puis temple de la Vieillesse en 1798. Avec le Concordat
de 1802, elle est rendue au culte catholique.
Sans être très connue, l'église Saint-Laurent
possède des atouts propres à attirer les visiteurs
et les passionnés d'art : d'abord par sa multitude d'énormes
clés
pendantes du XVIIe siècle (la voûte dans la photo
ci-dessous en donne un bon aperçu), puis par ses vitraux
des XIXe et XXe siècles. Laurence de Finance, conservateur
en chef du Patrimoine, a montré que les vitraux
du XIXe de Saint-Laurent présentaient une sorte d'historique
du vitrail de cette époque : depuis la renaissance de cet
art en France au début du XIXe jusqu'à la production
totalement maîtrisée de la fin du siècle. Les
vitraux du XXe
sont tous des créations de l'atelier Gaudin,
soit des années 30, soit des années 50. Cette page
donne un très large extrait des vitraux qui ornent l'église.
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Vue d'ensemble de la nef et du chur de l'église Saint-Laurent. |
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Vue d'ensemble de l'église Saint-Laurent et de sa façade
du XIXe siècle.
En 1621, une façade de style classique avait été
érigée,
très semblable à l'actuelle façade de l'église
Sainte-Élisabeth
à Paris. |
Le portail, en style néogothique flamboyant, est de 1865.
Il a été exécuté sous la direction de
Simon-Claude Constant-Dufeux.
Au trumeau, le Christ bénissant ciselé par Aimé-Napoléon
Perrey (1813-1883). |
Le chevet et le clocher. |
Au sommet des voussures du portail du XIXe : La Trinité. |
Les voussures du portail sont ornées des statues des douze
apôtres
et d'anges en oraison ou d'anges musiciens. |
Tympan du portail central : «La Passion de saint Laurent»
Peinture sur lave émaillée de Jean-Paul Balze, 1870. |
LA NEF ET SES
UVRES D'ART |
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Élévations nord vues du transept.
Les grandes fenêtres du second niveau de la nef et du transept
reçoivent du verre cathédrale,
ce qui donne à la nef de Saint-Laurent une bonne luminosité. |
Architecture
et datation. L'église Saint-Laurent se compose
d'une nef de quatre travées prolongées par un
transept non saillant (voir plan
ci-dessous à gauche). Le chur s'étend
sur trois travées, dont la première est une
prolongation du transept, et se termine par un hémicycle
à trois pans. L'ensemble de l'édifice est à
deux niveaux. La nef est une suite de grandes arcades en arc
brisé (photo ci-contre). Les piliers sont flanqués
de colonnettes engagées. Celles qui donnent sur la
nef montent sans interruption jusqu'à la voûte,
mais l'effet d'élancement est cassé par la présence
d'une corniche qui souligne la base des grandes fenêtres
du second niveau. La nef est bordée d'un double collatéral,
lui-même bordé de chapelles.
On sait que la reconstruction a été quasi intégrale
au XVe siècle et que l'église a été
dédicacée le 29 juin 1429. On a l'habitude d'en
déduire que cette reconstruction date du premier quart
du XVe siècle. Cependant Agnès Bos, dans
son ouvrage Les églises flamboyantes de Paris
(Picard, 2003), demande d'être prudent. Une comparaison
avec les églises Saint-Gervais
et Saint-Paul (disparue) montre qu'on ne peut se fier à
la seule dédicace d'un édifice. D'où
la question : qu'est-ce qui était déjà
construit en 1429, c'est-à-dire dans le premier tiers
du XVe siècle? La nef? Le chur? Un embryon du
chur? Selon les documents consultés par Agnès
Bos, il est très difficile de trancher.
Historiquement, les deux hypothèses n'ont rien de comparable.
Schématisons : avant 1429, c'est encore l'occupation
anglaise et la guerre de Cent Ans qui dominent à Paris
; après 1429, la reconstruction s'installe et la prospérité
revient. Dans le premier cas, Saint-Laurent serait «un
des premiers édifices flamboyants de Paris présentant
déjà les caractéristiques des églises
de la reconstruction d'après guerre» [Agnès
Bos]. Dans le second cas, la prospérité revenant,
Saint-Laurent ne serait plus qu'un «monument de faible
ampleur au regard de grandes réalisations comme Saint-Germain-l'Auxerrois,
Saint-Étienne-du-Mont
ou Saint-Gervais.»
Pour Agnès Bos, la seconde hypothèse est la
plus probable et «le chur de Saint-Laurent serait
plutôt à dater de la deuxième moitié
du XVe siècle.»
Sources : 1) Les églises flamboyantes
de Paris par Agnès Bos, éditions Picard,
2003 ; 2) Dictionnaire des églises de France,
Robert Laffont, 1968.
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Plan de l'église Saint-Laurent. |
Le double bas-côté nord. À gauche, vue sur
la nef. |
Louise
de Marillac (1591-1660), comme Madeleine-Sophie
Barat, est une femme qui a abattu un travail colossal
durant sa vie. Aristocrate, d'abord mariée, puis
veuve, elle rencontre Vincent de Paul en 1625. Avec
lui, elle fonde la Compagnie des Filles de la Charité
en 1633 et crée un statut original de «religieuse
laïque». Celle-ci ne prononce pas de vu,
reste sans monastère, est ouverte au monde et
dévouée à tous les nécessiteux
: enfants abandonnés, galériens, malades,
victimes des guerres. Louise de Marillac sera béatifiée
en 1920, canonisée en 1934 et proclamée
patronne des uvres sociales en 1960 par
Jean XXIII.
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Chapelle Saint-François de Sales
avec son vitrail de 1887 de l'atelier Champigneulle.
C'est dans cette chapelle que fut enterrée Louise de Marillac,
fondatrice des Filles de la Charité. |
Le double bas-côté nord et sa suite de chapelles
latérales. |
Statue de saint François de Sales
dans la chapelle du même nom. |
Le retable du XIXe siècle
de la chapelle du Sacré-Cur. |
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La chaire à prêcher, de style néogothique,
a été créée par Moisseron
et Ruault, 1872. |
Le retable de la chapelle Saint-Joseph, XIXe siècle.
Saint Joseph est entre saint Étienne et saint Jean-Baptiste. |
Notre-Dame
de la Salette. Il est rare de trouver
une statue de Notre-Dame de la Salette dans une
église, alors que celle de Notre-Dame de
Lourdes est omniprésente. La particularité
de l'«apparition» de la Salette (19
septembre 1846) est qu'elle pleure sur le péché
du monde et le malheur futur de l'humanité,
d'où les larmes sur le visage du buste
ci-contre. On sait aujourd'hui que le «secret»
de la Salette concernait la France, le monde,
un pape de l'avenir (lequel?), la conversion d'une
nation entière (laquelle?) et... la fin
tragique de Napoléon III (d'où l'opposition
viscérale aux deux voyants de la part du
régime napoléonien qui allait suivre).
Pour sauver le monde, la «Vierge»
de la Salette appelle à la conversion par
la menace.
Ajoutons que les Bollandistes rejettent cette
apparition car, pour eux, un esprit céleste
ne peut être que joie et amour. En aucun
cas, un être pleurant et menaçant.
Source : Dictionnaire
des apparitions de la Vierge Marie,
Fayard, 2007.
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Dominant la chaire à prêcher, Saint Laurent
tient le gril et la palme de son martyre. |
Saint Joseph et l'Enfant
Chapelle Saint-Joseph.
Voir commentaire ci-contre, à droite. |
Buste de Notre-Dame de la Salette
Chapelle Sainte-Louise de Marillac. |
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LES VITRAUX DU
XXe SIÈCLE |
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Notre-Dame de Lourdes
Vitrail de l'atelier Pierre Gaudin, 1955. |
Les
vitraux du XXe siècle de l'église Saint-Laurent
sortent tous de l'atelier Gaudin, entreprise
familiale créée par Félix Gaudin
(1851-1930) en 1879, à Clermont-Ferrand. On peut
les partager en deux : les premiers datent des années
1932-1939 et sont venus remplacer, dans le chur,
des vitraux de 1846 créés par Lami
de Nozan. Jean Gaudin (1879-1930), fils de
Félix, était alors à la tête
de l'atelier. Puis, dans les années 1950, d'autres
vitraux sont venus enrichir les chapelles. Pierre
Gaudin (1908-1973), fils de Jean, dirigeait l'atelier.
Notons que la fille de Pierre, Sylvie Gaudin
(1950-1994) a repris l'atelier de son père en
1973. À son décès, son mari a dirigé
l'affaire. L'atelier Gaudin est devenu l'entreprise
Clair-Vitrail en 2006. À Saint-Laurent,
les deux générations de vitraux Gaudin
se distinguent par un graphisme bien différent.
En 1932-39, le graphisme est plutôt abrupt, cassant.
Voir par exemple le vitrail Saint
Vincent de Paul, aumônier des galériens.
Dans les années 1953-55, le nouveau style (vitrail
ci-contre) donne des compositions beaucoup plus attachantes,
proches de bien des productions du XXe siècle
comme celles de l'atelier Max
Ingrand ou de celui de Joseph
Archepel.
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«Louise de Marillac faisant l'aumône», 1922
Chapelle Saint-Louise de Marillac, tableau de Maillart. |
Saint Jean-Baptiste
statue en pierre par Victor Vilain (1818-1899).
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«Jésus descendant aux limbes», 1846.
Tableau de Jean-François Brémond (1807-1868). |
Sainte Apolline
par Louis-Victor Bougron,
1825. |
La Crucifixion
Vitrail de l'atelier Pierre Gaudin, 1953. |
La
descente de Jésus aux limbes. Selon
les Écritures, après sa mort, Jésus
descend aux limbes (et non pas aux enfers). Il s'agit
des limbes des Patriarches : un endroit où les
Justes, morts depuis l'origine de l'humanité,
attendent que le Christ leur ouvre la porte du Paradis.
Dans le tableau ci-contre, Jésus y bénit
Moïse. Les limbes des enfants (concept équivalent
pour les nourrissons morts sans baptême) a été
abandonné au XXIe siècle par le Vatican.
Voir sur ce même thème le tableau de Jésus
descendant aux limbes de Pierre-François Delorme
(1783-1859) à l'église Notre-Dame-de-la-Croix
de Ménilmontant à Paris dans le 20e
arrondissement.
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La Cène
Vitrail de l'atelier Pierre Gaudin, 1953. |
«Jésus et les saintes femmes»
Auteur et époque non précisés. |
À droite ---»»»
La Sainte Famille à Nazareth
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin, 1936-1939. |
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LES CLÉS
PENDANTES DANS LA NEF ET LE TRANSEPT |
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La voûte de la nef et ses clés pendantes. |
Clé pendante avec tête d'angelot.
La complexité du décor Renaissance est impressionnante. |
Clé pendante : Jésus au jardin des Oliviers. |
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Les
clés pendantes de Saint-Laurent constituent,
avec les vitraux,
la richesse artistique de l'église. Ces clés
ne peuvent être réellement admirées
qu'avec une paire de jumelles ou un téléobjectif.
Elles remontent toutes au XVIIe siècle et s'intègrent
dans les spectaculaires réalisations du gothique
flamboyant. Elles ornent les voûtes de la nef,
de la croisée et du chur. C'est dans le
transept que l'on trouve les clés les plus travaillées.
Néanmoins, un il critique est toujours
possible. Ainsi l'historien Maurice Dumolin écrit
en 1936 dans l'ouvrage sur les églises de Paris
et celles du département de la Seine : «Les
sept clés du transept, énormes, montrent,
à la croisée, la Vierge, avec saint Jean-Baptiste,
saint Laurent et sainte Apolline, et, dans les croisillons,
des scènes de la Passion. Les dates de 1656 et
1659, inscrites sur l'intrados, fixent l'époque
de ces sculptures, plus remarquables par leur masse
que par leur style, et imitations maladroites, parce
qu'elles sont tardives, de l'art de la Renaissance.
Vingt-cinq ans plus tôt, on avait fait beaucoup
mieux à Saint-Eustache
et à Saint-Étienne
du Mont.»
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Clé pendante : Sainte Appoline tenant les tenailles
de son supplice et la palme de son martyre. |
Clé pendante : Saint Laurent et son gril. |
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Trois clés pendantes dans le transept :
1) Jésus au jardin des Oliviers, 2) Le Baiser de
Judas, 3) Ecce Homo. |
«««---
À gauche
Le Baptême de Clovis
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin, 1939. |
|
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Clé pendante à thème floral. |
Le Baptême de Clovis, détail
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin, 1939. |
|
«««---
Jésus au jardin des Oliviers, détail.
Le Christ, au centre, en appelle au Père tandis
qu'à droite un ange vient l'assister et qu'à
gauche un apôtre dort. |
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Le Baiser de Judas. |
Ecce Homo. |
La Flagellation. |
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Le Christ et saint Laurent
Vitrail de l'atelier Pierre Gaudin, 1954. |
Clé pendante : la Descente de croix.
À droite, le Portement de croix ---»»» |
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Le Vu de Louis XIII
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin, 1938. |
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LES VITRAUX DU
XIXe SIÈCLE |
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Saint Domnole, 1846
Peintre verrier rnest Lami de Noan (1801-1877)
PREMIÈRE COMMANDE |
Les vitraux
du XIXe siècle de l'église Saint-Laurent.
À partir du milieu du XVIIe siècle et au XVIIIe,
les clercs ont voulu de la lumière dans la nef et les
chapelles de leurs églises. L'absence de commandes
de vitraux a entraîné la disparition du savoir.
Et la technique du vitrail s'est perdue en France. Les vitraux
en verre blanc que l'on installait étaient simplement
bordés d'une frise succincte, sans recherche artistique
(voir l'église Saint-Jacques
à Lunéville). Mais on finit par s'apercevoir
que la lumière crue qui inondait les édifices
ne favorisait ni le recueillement, ni la prière. Alors
on fit poser des rideaux... qui donnèrent aux chapelles
un vague aspect de cabinet de lecture. Avec le temps, ces
rideaux se dégradèrent et, au début du
XIXe siècle, l'idée de verrières de couleurs
ressurgit. Comme l'explique Laurence de Finance dans
la revue en ligne InSitu citée en source, on
posa d'abord des vitraux aniconiques, c'est-à-dire
sans aucune scène historiée, ni paysage. En
fait, c'était un simple assemblage géométrique
de verres de couleurs.
Mais, en Angleterre, l'art du vitrail n'avait jamais disparu.
Le comte de Chabrol (1773-1843) s'en rendit compte lors de
son voyage à Londres en 1823. Passionné par
les vitraux, il passa des commandes à l'atelier Collins
(les verrières créées à cette
occasion ont aujourd'hui disparues). En revanche, et de manière
plus pratique, les Anglais Warren-White et Edward Jones furent
invités à venir travailler à la fonderie
Saint-Laurent à Paris dans le but de former les peintres
verriers parisiens. Les premières créations
«anglaises» iront embellir l'église Sainte-Élisabeth
dans le 2e arrondissement. Voir à cette page, le commentaire
proposé.
Les vitraux du XIXe siècle de Saint-Laurent peuvent
être séparés en trois phases (qui sont
aussi trois commandes). En 1846, la ville de Paris passe une
commande de huit cartons de vitraux au peintre Auguste-Nicolas
Galimard (1813-1880). C'est la première commande.
Il s'agit de créer «des scènes chrétiennes
et des images des bienheureux spécialement vénérés
dans ce sanctuaire». Pour l'encadrement et les soubassements,
Galimard est aidé de l'architecte Victor Baltard (1805-1874).
Le peintre et peintre verrier Ernest Lami de Nozan
(1801-1877) est chargé de la création des huit
verrières. On aura ainsi dans la baie d'axe : un Christ
bénissant ; autour : des saints et des saintes vénérés
dans les chapelles (Apolline, Laurent, Domnole, Philomène,
etc.) Trois de ces verrières sont encore visibles dans
l'église : saint Domnole (donné ci-contre, à
gauche), sainte
Philomène (en bas, à droite) et les «épistographes»
---»»»
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Les Épistographes, 1846
Peintre verrier Ernest Lami de Noan (1801-1877)
PREMIÈRE COMMANDE |
Le soubassement de la verrière des Épistographes
(1846)
Carton d'Auguste-Nicolas Galimard et de Victor Baltard, peintre
verrier Ernest Lami de Nozan (1801-1877).
PREMIÈRE COMMANDE |
Le soubassement de la verrière de sainte Philomène
(1846)
Carton d'Auguste-Nicolas Galimard et de Victor Baltard, peintre
verrier Ernest Lami de Nozan (1801-1877).
PREMIÈRE COMMANDE |
---»»»
tableaux de maîtres. Laurence de Finance nous
en donne un résumé : «emploi de
verre gravés à l'acide pour les ailes
des anges, verres gravés et décor de jaune
d'argent pour les pots à feu sur l'entablement,
etc. Contrairement aux verrières des années
1840, leur bon état de conservation témoignent
d'une technique parfaitement maîtrisée.»
Au titre de cette deuxième commande, on trouve
aussi quatre grandes verrières de 4 mètres
sur 2, situées dans la chapelle
de la Vierge dédiée à Notre-Dame
des Malades : une Visitation,
une Vierge
des Sept Douleurs, une Dormition
et une Assomption.
À ces quatre verrières, les historiens
du vitrail associent, par analyse du style, les quatre
verrières hautes de la même chapelle montrant
saint Joseph, saint
Vincent de Paul, l'Éducation de la Vierge
et l'Ange gardien.
C'est en 1887 qu'est passée la troisième
commande de vitraux du XIXe siècle. Cette
fois, ce n'est plus un atelier qui est sollicité,
mais l'une des plus grandes entreprises de vitraux de
l'époque : la maison Champigneulle, installée
à Bar-le-Duc. Laurence de Finance rappelle que,
en 1878, elle faisait travailler jusqu'à 120
personnes, quand la concurrence se contentait d'une
trentaine d'ouvriers et artistes. Emmanuel Champigneulle
réalisa deux grandes verrières-tableaux,
située chacune dans une chapelle latérale.
Les cartons sont de Pierre Fritel. La première,
posée en 1887, illustre la Douceur de saint
François de Sales. La partie
centrale est donnée en gros plan : une colombe
vient se poser sur le cur de saint François
en plein office. À propos de la qualité
technique de ce vitrail, Laurence de Finance écrit
: «Le rendu des vêtements, les orfrois des
chasubles sont traduits avec beaucoup de précision
grâce à un emploi parfaitement maîtrisé
du jaune d'argent.»
La seconde verrière d'Emmanuel Champigneulle,
datée de 1888, rappelle un épisode liant
saint Vincent de Paul et sainte Louise de Marillac.
Vincent de Paul fonde la congrégation des surs
de la Charité en 1633 et en confie la direction
à une aristocrate, Louise de Marillac. La verrière
commémore la cérémonie du 25 mars
1642 lorsque les premières surs de la Charité
font vu de servir le Christ et reçoivent
la bénédiction de leur guide spirituel.
Source : Chronologie de la
renaissance du vitrail à Paris au XIXe siècle :
l'exemple de l'église Saint-Laurent par Laurent
de Finance, site Web «In Situ», Revue des
Patrimoines, 2008.
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---»»»
(Saint Jean, saint Jude, saint Paul, saint Jacques et
saint Pierre - donné ci-dessus). Les autres verrières
ont été remplacées par des créations
de l'atelier Gaudin en 1939 sur des cartons du peintre
polonais Elesckiewiej (voir exemples
plus bas).
Les verrières de Lami de Nozan sont en mauvais
état, ce qui empêche de les apprécier
à leur juste valeur. Le temps les a dégradées
plus que de raison : c'est la marque d'une insuffisance
dans le savoir-faire du peintre verrier. En 1846, l'art
du vitrail renaît en France, mais il n'a pas encore
atteint la maturité technique des années
1870. Laurence de Finance écrit à ce sujet
: «La grisaille dessinant les visages et structurant
le décor des fonds est aujourd'hui perdue, résultat
probable d'une insuffisance de cuisson, cet effacement
étant déjà déploré
en 1876. Le jaune d'argent très présent
dans les fonds, dépourvu désormais de
ses contours, semble flotter dans le vide. La verrière
de saint Domnole et les cartons publiés permettent
de voir que les encadrements abritant les figures étaient
ouvragés et ornés de feuillages et que
des anges portaient des phylactères dans les
soubassements.» En 1848 pourtant - nous apprend
Laurence de Finance - un article de la Revue archéologique
fit l'éloge de ces vitraux, tout en regrettant
la transparence et le manque d'épaisseur des
verres. On peut voir plus
bas un tableau à la cire des quatre évangélistes,
en forme de verrière, réalisé à
la même occasion par Galimard. Commandé
par la ville de Paris avec les huit cartons, il est
situé dans l'élévation nord du
chur, au niveau du soubassement du clocher et
remplace une verrière.
La deuxième commande de vitraux a lieu
en 1872. Elle est adressée à l'atelier
parisien d'Antoine Lusson, un atelier très
connu qui est aussi l'un des chefs de file du vitrail
néo-gothique en France. À cette époque,
les peintres verriers maîtrisent totalement la
technique du verre coloré. Aussi les vitraux
réalisés pour Saint-Laurent sont-ils d'une
très grande qualité. Le temps semble ne
pas avoir de prise sur eux, ce qui permet d'admirer
le talent des artistes de l'atelier. Le progrès
se voit aussi dans la façon de disposer les scènes
: cadre Renaissance, présence d'architecture
et d'anges aux ailes déployées, inspiration
venant des ---»»»
|
|
Sainte Philomène, 1846
Peintre verrier Ernest Lami de Nozan (1801-1877)
PREMIÈRE COMMANDE |
«««---
À GAUCHE
Les Épistographes, détail (1846)
Carton d'Auguste-Nicolas Galimard et de Victor Baltard,
peintre verrier Ernest Lami de Nozan (1801-1877). |
|
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VITRAUX DU XIXe
SIÈCLE, DEUXIÈME COMMANDE |
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La Visitation
Atelier d'Antoine Lusson, vers 1875
DEUXIÈME COMMANDE |
La Vierge aux sept douleurs
Atelier d'Antoine Lusson, vers 1875
DEUXIÈME COMMANDE |
Saint Vincent de Paul et l'Enfant-Jésus
Atelier d'Antoine Lusson, vers 1875.
DEUXIÈME COMMANDE |
Clé pendante (flore et guirlande). |
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La Visitation, détail.
DEUXIÈME COMMANDE |
Chapelle Sainte-Louise de Marillac. |
La Descente de croix
Clé pendante du XVIIe siècle. |
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Saint Laurent et son gril
Clé pendante du XVIIe siècle. |
Sainte Philomène, détail
PREMIÈRE COMMANDE
|
Saint Vincent bénissant les surs de la Charité
TROISIÈME COMMANDE
|
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VITRAUX
DU XIXe SIÈCLE, TROISIÈME COMMANDE |
|
«Saint Vincent de Paul bénissant les premières
surs de la Charité»
Vitrail de l'atelier Champigneulle, 1888
TROISIÈME COMMANDE |
«La Douceur de saint François»
Vitrail de l'atelier Champigneulle, 1887
TROISIÈME COMMANDE |
|
«La Douceur de saint François», détail avec
la colombe
Vitrail de l'atelier Champigneulle, 1887.
TROISIÈME COMMANDE |
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Vue du transept depuis le croisillon sud.
Le «massif», au centre de l'image, correspond au soubassement
du clocher. |
«Les quatre évangélistes» par Galimard,
1846. |
Le
transept. Hormis les impressionnantes clés
pendantes, le transept soulève l'intérêt
du visiteur pour ses deux chapelles dans les croisillons
nord et sud. Elles se ressemblent beaucoup. Les deux
sont habillées de boiseries du XIXe siècle
et portent en leur centre un tableau du XIXe relatif
à leur saint en dédicace. Au nord, saint
Laurent est placé sur son gril par ses bourreaux
(tableau de Louis Boulanger donné ci-contre).
Au sud, sainte Geneviève, patronne de Paris,
s'abandonne au Ciel lors de ses derniers instants (tableau
d'Émile Leconte-Vernet donné au-dessous).
Les deux boiseries sont surmontées d'un large
bas-relief composé de deux angelots tenant un
écusson.
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Chapelle Sainte-Geneviève dans le croisillon sud du transept. |
«La Mort de sainte Geneviève» par Émile
Leconte-Vernet (1821-1900). |
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«Le Martyre de saint Laurent» 1856
par Louis Boulanger (1806-1867). |
Chapelle Saint-Laurent avec le tableau de Louis Boulanger
dans le croisillon nord du transept. |
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LE CHUR
DE L'ÉGLISE SAINT-LAURENT |
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Le chur de l'église Saint-Laurent bénéficie
d'une bonne luminosité
car les vitraux de l'abside, créés par l'atelier Gaudin,
laissent passer beaucoup de lumière. |
Le chur
et les vitraux de l'abside. L'architecture du chur
est à deux niveaux, de hauteur sensiblement égale.
Tout cela date de la première moitié du XVe
siècle, lors de la reconstruction totale de l'église.
Le chur a été très largement remanié
dans les années 1650 et c'est sans doute à l'architecte
Antoine Le Pautre (1621- vers 1691), en charge de ces
modifications, que l'on doit les nombreux bas-reliefs à
thème végétal qui ornent les écoinçons
des grandes arcades (un gros plan en est donné ci-contre).
C'est à lui aussi que l'on doit l'arcature axiale et
son fronton, ainsi que les chapiteaux corinthiens. En revanche,
les boiseries qui habillent les piliers (bien visibles dans
la photo ci-dessus) sont vraisemblablement contemporaines
de la nouvelle façade reconstruite vers 1862-1865.
Leur style commun «néo-flamboyant» les
rapproche. Le maître-autel en pierre date de 1884. Il
est dû à A. Chertier. Le soubassement présente
une Cène en bas-relief, donnée en gros plan
ci-dessous.
Les vitraux du chur sont du XXe siècle. Créés
par l'atelier Gaudin dans les années 1930 sur
des cartons de l'artiste polonais Elesckiewiej, ils
font suite aux vitraux de l'année 1846 créés
par le peintre verrier Lami de Nozan sur des cartons
de Galimard (voir l'encadré
proposé sur les vitraux du XIXe plus haut). Dans son
article publié sur le site Web InSitu, Laurence
de Finance, conservateur du patrimoine, nous apprend que c'est
grâce à l'intervention autoritaire du père
Couturier, très connu dans le monde de l'art religieux
à cette époque, que l'on doit d'avoir sauvé
trois des verrières de Lami de Nozan. Elles ne sont
certes plus très belles, mais se placent comme des
jalons indispensables dans l'histoire du vitrail français
au XIXe.
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Gros plan sur l'ornementation de style classique dans le chur. |
Le maître-autel date de 1884. Il est dû à
A. Chertier.
La Cène qui orne le soubassement est donnée en
gros plan au-dessous. |
Saint Laurent distribuant les biens de l'Église aux pauvres
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin, 1932-1939. |
À droite ---»»»
LA CÈNE
Bas-relief du soubassement dû à A. Chertier
(1884). |
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Le Martyre de sainte Apolline
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin, 1932-1939. |
Le Christ en gloire
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin, 1932-1939. |
Saint Laurent devant le préfet romain
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin,
1932-1939. |
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Le Martyre de saint Laurent
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin, 1932-1939. |
L'entrée du déambulatoire sud depuis le transept. |
Le Martyre de saint Laurent, détail. |
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Vue du chur et des arcades sud. |
Saint Laurent donnant ses biens aux pauvres, détail
Vitrail de l'atelier Jean Gaudin, 1932-1939. |
La Vierge et Jésus adolescent par
François-Félix Roubaud (1825-1876). |
QUATRE CLÉS
VOÛTE DU XVe SIÈCLE
DANS LE DÉAMBULATOIRE. |
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Un saint tenant la palme du martyre. |
Têtes d'angelots. |
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Saint Joseph |
Saint Honoré portant deux miches
de pain sur une pelle. |
La Vierge et Jésus adolescent :
Le visage de la Vierge. |
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Chapelle de la Vierge (axiale) dédiée à Notre-Dame-des-Malades. |
La
chapelle de la Vierge date de 1712. Dédiée
à Notre-Dame des Malades, elle remplace une ancienne
chapelle «des Trois-Marie», bâtie
en 1429, lors de la reconstruction totale de l'église.
La chapelle de la Vierge un endroit riche en uvres
d'art propres au recueillement et l'on y trouve très
souvent des fidèles en prière.
Architecture, peintures, sculptures et vitraux sont
disposés dans un agencement de style classique,
scandé d'imposants pilastres. La Vierge à
l'Enfant, statue en marbre de Carrare créée
en 1900 par la maison Raffl, se détache
sur une arcade centrale sombre, ornée d'angelots.
Certains historiens louent la douceur du visage de Marie,
ainsi que son sourire. Chacun se fera son idée.
La voûte (photo ci-dessous) est remarquable. On
peut y voir une Assomption de la Vierge (1730)
et un tableau illustrant le Sacrifice d'Abraham
(1728), deux uvres d'Antoine-Denis Postel.
Enfin, les quatre vitraux correspondent à la
deuxième
commande de vitraux, passée à l'atelier
d'Antoine Lusson en 1872.
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La voûte de la chapelle de la Vierge. |
«L'Assomption de la Vierge» par Antoine-Denis Postel,
1730
dans la chapelle de la Vierge. |
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La Vierge, détail. |
«««---
À gauche
La Vierge et l'Enfant
uvre de la maison Raffl en 1900, Marbre de
Carrare. |
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«L'Assomption de la Vierge»
Antoine-Denis Postel, 1730, détail.
Chapelle de la Vierge |
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«Le Sacrifice d'Abraham» par Antoine-Denis Postel,
1728.
Chapelle de la Vierge. |
L'orgue de tribune.
Le buffet, construit par Hippolyte Du Castel, date de 1682.
L'orgue a été restauré au XIXe siècle. |
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La Dormition
Vitrail de l'atelier d'Antoine Lusson, vers 1875
Chapelle de la Vierge. |
L'Assomption
Vitrail de l'atelier d'Antoine Lusson, vers 1875
Chapelle de la Vierge. |
La Mort de la Vierge, détail.
Vitrail de l'atelier d'Antoine Lusson, vers 1875 (chapelle de
la Vierge). |
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La nef de l'église Saint-Laurent vue de la croisée du
transept. |
Documentation : «Paris, d'église
en église», éditions Massin, 2008
+ «Les églises de France, Paris et la Seine» par
Maurice Dumolin et Georges Outardel, Éditions Letouzey et Ané
- Paris, 1936
+ Article : «Chronologie de la renaissance du vitrail à
Paris au XIXe siècle : l'exemple de l'église Saint-Laurent»
par Laurent de Finance, In Situ, Revue des Patrimoines, 2008
+ «Les églises flamboyantes de Paris» par Agnès
Bos, éditions Picard, 2003
+ «Dictionnaire des églises de France», Robert
Laffont, 1968. |
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