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Page créée en avril 2017
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Jésus avec la tête de Jean sur ses genoux, peinture murale du XIVe siècle

La petite ville de Saint-Macaire, à l'extrémité sud du département de la Gironde, s'appelait primitivement Ligéna. C'est là que Macaire, chargé par saint Martin, au IVe siècle, d'évangéliser le sud de l'Aquitaine, s'installa et mourut en odeur de sainteté. Il fut enterré dans l'église de la bourgade, qui était dédiée à saint Laurent. La dédicace passa à saint Macaire. Aujourd'hui, c'est l'église Saint-Sauveur. Voilà pour le côté légendaire, bien difficile à prouver. On pense que Macaire fonda un prieuré qui passa assez tôt sous la dépendance de l'abbaye Sainte-Croix de Bordeaux. Il s'en suivit une querelle autour des reliques du saint qui furent transportées dans l'église Saint-André de la même ville de Bordeaux. Les moines de Saint-Macaire en conçurent un vif ressentiment envers l'abbaye de Sainte-Croix. Quoi qu'il en soit, en 1040, un édifice tout neuf remplaça l'ancienne église Saint-Laurent. Celui-ci fut à son tour entièrement rebâti du milieu du XIIe siècle jusqu'au milieu du XIIIe pour aboutir au monument que nous connaissons aujourd'hui.
Du XIIIe au XVe siècle, la ville de Saint-Macaire, située géographiquement au cœur des querelles entre les rois d'Angleterre et de France, subit plusieurs occupations. En 1446, le seigneur de Xantrailles la rendit définitivement à la France. Pendant les guerres de Religion, elle fut occupée un temps par les huguenots. Sous la Fronde, Saint-Macaire fit face à deux sièges et capitula deux fois. On ignore beaucoup de choses sur le devenir de l'église Saint-Sauveur pendant cette longue période, mais on sait seulement qu'en 1563 sa voûte tombait en ruine. En 1579, l'église fut acquise par les Jésuites qui partagèrent l'édifice entre un service régulier et un service paroissial. Saint-Sauveur devint une église paroissiale à part entière quand les Jésuites furent expulsés du royaume en 1763, sur ordre de Louis XV. Quelques restaurations, dont celle des peintures murales, eurent lieu dans les années 1820. L'église a été classée monument historique en 1840.
Le plan de l'église Saint-Sauveur est original : une nef de quatre travées terminée par un trèfle (voir le plan). Le transept et l'abside, de style roman, remontent au milieu du XIIe siècle, tandis que la construction des travées, qui passent du style roman au style gothique primitif, s'étale jusqu'au milieu du XIIIe. L'intérêt artistique de l'église est double : d'abord les peintures murales du XIVe siècle dans le transept et l'abside ; ensuite les chapiteaux romans historiés qui ornent les arcades de cette même partie de l'église. Style roman signifie toujours petites fenêtres, donc monument sombre. Une lumière électrique est prévue pour éclairer les peintures murales, mais, même par temps clair, il est préférable de se munir d'une lampe portative pour admirer les chapiteaux.

Vierge du XIVe siècle, partiel
Vue de la nef de l'église Saint-Sauveur.
Vue de la nef de l'église Saint-Sauveur.
Le cul-de-four de l'abside est éclairé par une lumière électrique et non par une série de fenêtres.
Vue d'ensemble de l'église depuis le bas de la muraille

Le chevet de Saint-Sauveur se présente comme un véritable trèfle, difficile à photographier de près à cause des maisons toutes proches. Seule une photo depuis le bas de la muraille permet d'en donner un aperçu convenable. Ce chevet est daté du milieu du XIIe siècle. Orné, à mi-hauteur, d'un cordon de billettes qui le parcourt du nord au sud, il rassemble quelques thèmes habituels de l'art roman et mérite que le visiteur en fasse le tour. Les contreforts sont constitués de colonnettes (photo ci-dessous) tandis qu'un autre cordon de billettes ceinture la retombée des toits. Ce cordon est souligné par la présence de modillons à copeaux ou, au nord, de chapiteaux historiés peuplés d'animaux fantastiques.

«««--- Vue d'ensemble de l'église depuis le bas de la muraille.
Au Moyen Âge, la Garonne coulait au bas de cette muraille.
Vue d'ensemble de l'église Saint-Sauveur.
Vue d'ensemble de l'église Saint-Sauveur.
Le clocher, sur le côté nord, a été construit au XIVe siècle.
Le chevet vu de face, partiel
Fenêtre romane dans le chevet.
Fenêtre romane dans le chevet.
Chevet nord : modillons romans sous une ceinture ornée de billettes.
Chevet nord : modillons romans sous une ceinture ornée de billettes.
Les métopes (espaces entre les modillons) sont garnis de rouelles.
«««--- Le chevet vu de face, partiel.
Les contreforts sont constitués de colonnettes.
Modillons romans sur le chevet nord.
Modillons romans sur le chevet nord.
Des chapiteaux historiés dans le chevet nord représentent des animaux fantastiques.
Des chapiteaux historiés dans le chevet nord représentent des animaux fantastiques.
À gauche : des sirènes adossées, en forme de démon ; à droite : un homme oiseau, symbole de tentations.
Chapiteau roman (XIIe siècle) symbolisant la luxure
Chapiteau roman (XIIe siècle) symbolisant la luxure.
À gauche, une danseuse avec une robe jusqu'aux chevilles ;
à droite, un homme inverti (on voit le visage et les fesses de face).
Chapiteau roman représentant un porteur de poisson.
Chapiteau roman représentant un porteur de poissons.
Celui-ci est un homme dit «inverti» : la tête et le buste
sont vus de face, le bassin et les jambes sont vus de dos.
Le lion de saint Marc.
Le lion de saint Marc.
Il est ici ailé et vu de profil.
LA FAÇADE OCCIDENTALE DU XIIIe SIÈCLE
L'ornementation du portail de Saint-Sauveur remonte au XIIIe siècle.
L'ornementation du portail de l'église Saint-Sauveur remonte au XIIIe siècle.
Le portail occidental remonte au XIIIe siècle.
Le portail occidental remonte au XIIIe siècle.
Il a subi des restaurations aux temps modernes.
Les vantaux de la porte, mis en place vers 1865, remplacent de très
beaux vantaux du XIIIe siècle, conservés dans le narthex (voir ci-dessous).

La façade occidentale mérite une attention prolongée. Sa partie basse remonte au XIIIe siècle. Sur la photo donnant une vue d'ensemble de la façade, on voit, au nord, un massif groupant des colonnettes (formule poitevine) et, au sud, un contrefort monté au XVe ou au XVIe siècle. La porte s'ouvre sous un linteau trilobé. Bien que n'abritant que deux statues sans tête, les ébrasements nord et sud ont gardé une élégance d'ensemble qui est d'ailleurs relevée par la finesse des colonnettes blanches. Le tout a été modifié lors de restaurations modernes.
Le Christ Juge trône au centre du tympan, entouré de deux archanges. Deux suppliants les accompagnent. Au-dessous, onze saints sont assis (les douze apôtres moins Judas?) Leur état est malheureusement très dégradé. Les voussures accueillent des feuillages, des anges, ainsi que des Vierges sages et des Vierges folles. Dans Aquitaine gothique, Jacques Gardelles signale un détail singulier : le tympan est surmonté d'un arc nu tout simple. Manifestement les voussures ont été créées en atelier et leur courbure s'est révélée trop large pour le tympan, sûrement sculpté ailleurs. L'arc nu raccorde donc les deux éléments, sans grande élégance.
Sources : 1) Congrès archéologique de France tenu à Bordeaux et Bayonne en 1939, article sur l'église Saint-Sauveur par M. Deshoulières ; 2) Aquitaine gothique de Jacques Gardelles (éd. Picard).

La rose de la façade occidentale
La rose de la façade occidentale
XIIIe siècle.

L'élégance de son réseau ne fait cependant pas oublier
la superbe rose de la cathédrale Saint-Jean-Baptiste de Bazas.
Une Vierge folle dans une voussure
Une Vierge folle dans une voussure
de l'archivolte.
Une Vierge sage dans une voussure
Une Vierge sage dans une voussure
de l'archivolte.
Sculpture d'un ange dans une voussure.
Sculpture d'un ange dans une voussure.
Il est possible que les lampes des Vierges (tournée vers le bas pour la Vierge folle
et vers le haut pour la Vierge sage) soient des ajouts du XIXe siècle,
consécutifs aux dégradations survenues dans les siècles antérieurs.
Partie d'un vantail du XIIIe siècle conservé dans le narthex
Partie d'un vantail conservé dans le narthex.
C'est un bel exemple de menuiserie de la fin du XIIIe siècle.

Les vantaux du XIIIe siècle. L'église Saint-Sauveur est un des très rares monuments où l'on peut encore voir les vantaux du portail réalisés au XIIIe siècle. Pour des raisons de conservation évidentes, ils sont gardés, à l'abri des éléments, dans le narthex de l'église. Le dessinateur et archéologue Léo Drouyn a pu les coucher sur le papier en 1860 car ils n'ont été remplacés par des vantaux plus ordinaires que vers 1865.
Lisons le début de la description qu'en fait M. Deshoulières dans son article du Congrès archéologique de France tenu à Bordeaux et Bayonne en 1939 : «Ils sont constitués par des planches de chêne sectionnées horizontalement en trois registres par des traverses gravées d'étoiles à quatre branches. Dans chaque compartiment, des listels verticaux sont cloués sur les planches qu'ils réunissent. Ils sont reliés aux traverses par de petits arcs. D'autres listels plus larges, décorés de rinceaux, assurent l'assemblage latéral.» C'est ce que l'on voit dans la photo ci-dessus.

Vue d'ensemble du cloître.
Vue d'ensemble du cloître.
Le mur vertical sur la gauche est celui de l'église. Le long de ce mur était accolée une autre
allée du cloître. Au centre du jardin trônait le puits, dont on voit encore les ruines.
À côté du mur sud de l'église, on peut  voir le reste du cloître.
À côté du mur sud de l'église, on peut voir le reste du cloître.
Le cloître de l'église Saint–Sauveur disposait d'une fort belle architecture romane.
Le cloître de l'église Saint-Sauveur disposait d'une fort belle architecture romane.

Le cloître de Saint-Sauveur. Le cloître faisait partie des bâtiments conventuels, rasés en 1842. M. Deshoulières, dans son article du Congrès archéologique de France, rapporte que le dessinateur Léo Drouyn, venu à Saint-Macaire en 1860, a recueilli des renseignements intéressants sur la ville, renseignements intégrés ensuite à sa notice sur Saint-Macaire. On sait ainsi que le cloître s'appuyait sur le côté sud de l'église, «que ses arcades en plein cintre reposaient sur des colonnes disposées alternativement par deux et par quatre, que les chapiteaux en étaient simplement moulurés.» Le bâtiment qu'il nous reste est à l'aplomb de la muraille (voir photo plus haut). Il semble qu'il abritait l'ancien réfectoire.
Source : Congrès archéologique de France tenu à Bordeaux et Bayonne en 1939, article sur l'église Saint-Sauveur par M. Deshoulières.

L'ARCHITECTURE INTÉRIEURE DE L'ÉGLISE SAINT-SAUVEUR
L'élévation nord vu depuis la croisée du transept.
L'élévation nord vu depuis la croisée du transept.
Plan de l'église Saint-Sauveur.
Plan de l'église Saint-Sauveur.
Chapiteaux gothiques du XIIIe siècle
Chapiteaux gothiques du XIIIe siècle :
«Corbeilles à décor végétal très géométrisé» [Gardelles]

Architecture interne. L'abside et le transept, qui obéissent à un plan tréflé, remontent au milieu du XIIe siècle. Intérieur et extérieur relèvent du style roman. À l'intérieur, une belle série d'arcatures d'un seul niveau scande les croisillons du transept. Ce niveau est double dans l'abside (voir photo plus bas). À la croisée, les supports d'angle, massifs et ornés d'une niche, semblent indiquer qu'une coupole sur pendentifs était prévue pour la couvrir. On avait peut-être aussi prévu une file de coupoles sur les quatre travées de la nef. En fin de compte, ce furent des voûtes d'ogives qui s'élevèrent. Et avec lenteur puisque le style architectural varie quelque peu d'une travée à l'autre. On arrive ainsi dans la seconde moitié du XIIIe siècle.
Malgré cette lenteur, les murs gouttereaux sont homogènes, comme on peut le voir sur l'élévation nord donnée dans la photo ci-dessus. Comme sur ces murs gouttereaux, un cordon de billettes coupe le mur intérieur dans le sens de la hauteur. La travée la plus proche du transept est restée romane (petite fenêtre en plein cintre et arcature romane) à l'exception de sa voûte qui relève du gothique primitif. Ensuite le style gothique s'installe avec des fenêtres plus hautes, en arc brisé. Les chapiteaux sont aussi remarquables. Dans la travée orientale, ils sont nus. Puis ce sont «des corbeilles à décor végétal très géométrisé» (photo ci-dessous à gauche), et enfin «des corbeilles à crochet gothique» [Jacques Gardelles]. Ajoutons que la travée occidentale a été surhaussée à l'époque flamboyante (XIVe siècle et début du XVe) et que la tribune a été construite au XIXe siècle.
Citons pour terminer l'aperçu général que donne M. Deshoulières dans son article pour le Congrès archéologique de France en 1939 : «Cette curieuse petite église, située au sud du département de la Gironde, est sans doute une des plus méridionales où se greffent encore des influences poitevines et saintongeaises, comme le prouvent ses contreforts en faisceaux de colonnes [voir plus haut]. Mais ces influences sont fortement mitigées par d'autres plus ou moins caractérisées et elle demeure un étrange échantillon d'un art qui ne sait guère sur quoi s'appuyer. Elle montre la difficulté qu'éprouvèrent les architectes du midi de la France à se détacher des formules romanes et la maladresse qu'ils mirent à s'adapter au style gothique.»
Sources : 1) Congrès archéologique de France tenu à Bordeaux et Bayonne en 1939, article sur l'église Saint-Sauveur par M. Deshoulières ; 2) Aquitaine gothique de Jacques Gardelles (éditions. Picard) ; 3) Dictionnaire des églises de France aux éditions Robert Laffont, article sur l'église Saint-Sauveur par Pierre Dubourg-Noves.

«La Transfiguration»
«La Transfiguration»
Auteur anonyme, XVIIe siècle (?)
La chaire à prêcher est du XIXe siècle.
La chaire à prêcher est du XIXe siècle.
L'avant-nef et la chapelle occidentale de la Vierge (sur la droite).
L'avant-nef et la chapelle occidentale de la Vierge (sur la droite).
Motif central de la rose occidentale.
Motif central de la rose occidentale. (XIXe siècle)
Statue de la Vierge à l'Enfant
Statue de la Vierge à l'Enfant
XVe siècle.

La Vierge à l'Enfant (ci-contre) est une belle et grande statue d'1,93 m de haut. Elle daterait, sans certitude aucune, des alentours du dernier quart du XVe siècle. Les cheveux mi-longs, les yeux baissés, un air assez statique, mais digne : la Vierge donne l'impression de poser pour un peintre ou un sculpteur. Les historiens d'art se sont d'ailleurs plus attachés aux plis de la robe qu'au visage. En région bordelaise, par son style, cette œuvre paraît unique. Mais il existait à Moissac (Tarn-et-Garonne), à la fin du XVe, un atelier qui a produit des statues semblables (notamment dans la Mise au tombeau de l'abbatiale). Il est très probable que cette statue vienne de cet atelier, la Garonne offrant un moyen de transport facile. Source : note d'information affichée dans l'église.

Un abbé recommandant une ville à la Vierge et à l'Enfant-Jésus
Bénitier du XIIIe siècle dans l'avant-nef.
Bénitier du XIIIe siècle dans l'avant-nef.
Statue de la Vierge à l'Enfant, détail.
Statue de la Vierge à l'Enfant, détail.
XVe siècle
«««--- À GAUCHE
«Un abbé recommandant une ville
à la Vierge et à l'Enfant Jésus»
Tableau d'un auteur inconnu
1er quart du XVIIIe siècle.
«Saint Ignace de Loyola envoyant ses frères en mission»
«Saint Ignace de Loyola
envoyant ses compagnons en mission»
Auteur anonyme, XVIIe siècle.

L'église Saint-Sauveur a été gérée
par les Jésuites de 1579 à 1781.
Le Christ en croix et l'élévation nord.
Le Christ en croix et l'élévation nord.
«Un abbé recommandant une ville à la Vierge et à l'Enfant Jésus»
«Un abbé recommandant une ville à la Vierge et à l'Enfant Jésus»
Auteur inconnu, XVIIIe siècle.
LE CHŒUR, LE TRANSEPT ET L'ABSIDE
Vue d'ensemble du chœur roman.
Vue d'ensemble du chœur roman.
Le cul-de-four de l'abside est éclairé par une lumière électrique.
Les piliers massifs avec niche indiquent vraisemblablement qu'il était prévu, à l'origine, de couvrir la croisée par une coupole à pendentifs.
La croisée du transept et la quatrième travée de la  nef
La croisée du transept et la quatrième travée de la nef
(qui pourrait remonter à la fin du XIIe siècle).
«Apothéose de saint Ignace de Loyola»
«Apothéose de saint Ignace de Loyola»
Auteur anonyme, XVIIe siècle
«L'Annonciation»
À DROITE ---»»»
«L'Annonciation»
Vitrail de l'atelier Joseph Villiet, vers 1870.
Saint Jacques
Saint Jacques
Vitrail de l'atelier Joseph Villiet
vers 1870.
Vue d'ensemble des peintures murales dans le transept et l'abside
Vue d'ensemble des peintures murales dans le transept et l'abside :
Vision de saint Jean l'Évangéliste à Patmos, Vie de saint Jean, Vie de saint Jacques, Vie de sainte Catherine, Vierges sages et Vierges folles.

Les peintures murales de l'abside et du carré du transept représentent sans aucun doute la première richesse artistique de l'église Saint-Sauveur. On ne sait pas exactement à quelle époque il faut les rattacher. M. Deshoulières (Congrès archéologique de France de 1939) les date du XIVe siècle. Les caractéristiques de leur style les rattachent, selon certaines sources, au XIIIe siècle ou à la première moitié du XIVe. Selon l'historien Pierre Dubourg-Noves, les peintures de l'abside (Vision de l'Apocalypse) sont influencées par le style des miniaturistes parisiens du règne de Charles V. Ce qui les situerait dans la seconde moitié du XIVe siècle, voire plus tard encore. Notons que les peintures ont été restaurées sous la Restauration - et trop restaurées selon l'opinion de certains historiens de l'art.
Dans l'abside, le thème général de la peinture du cul-de-four est la Vision de l'Apocalypse selon saint Jean. Voir la peinture plus bas. Au centre, le Père Céleste est assis sur son trône, un glaive entre les dents, entouré des sept chandeliers. À gauche, un ange présente à l'agneau le livre aux sept sceaux. À droite, l'artiste a représenté une iconographie de la fin des temps. Le doubleau de l'arc triomphal est orné de Vierges sages et de Vierges folles.
Les peintures du carré du transept illustrent la Vie de saint Jean l'Évangéliste selon la Légende dorée de Jacques de Voragine. Les voûtains sont découpés en section de superficie inégale, chacune contenant un épisode de la vie du saint. On y trouve l'histoire du breuvage empoisonné d'Aristodème (voir plus bas), saint Jean plongé dans une chaudière d'huile bouillante sur l'ordre de l'empereur Domitien, la résurrection de Drusienne, le baptême d'Aristodème, etc. L'interprétation de certains de ces dessins reste obscure. On y trouve aussi l'Ascension et l'Assomption. Reportez-vous à l'histoire d'Aristodème et de son breuvage dans un vitrail du XIIIe siècle de l'église Saint-Pierre à Saint-Julien-du-Sault dans l'Yonne.
Les intrados des arcades nord et sud sont divisés en caissons. Au nord, la vie de saint Jacques le Majeur ; au sud, la vie de sainte Catherine d'Alexandrie. Les scènes de ces deux vies sont issues de la Légende dorée. Des séries d'écussons viennent enrichir les peintures historiées.
Sources : 1) Congrès archéologique de France tenu à Bordeaux et Bayonne en 1939, article sur l'église Saint-Sauveur par M. Deshoulières ; 2) Dictionnaire des églises de France, éditions Robert Laffont, article sur l'église Saint-Sauveur par Pierre Dubourg-Noves.

LES PEINTURES MURALES DU CARRÉ DU TRANSEPT
L'Ascension et l'Assomption dans le carré du transept.
L'Ascension et l'Assomption dans le carré du transept.
Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept.
Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept.
En haut : l'épreuve de l'huile bouillante sur l'ordre de l'empereur Domitien ;
En bas : saint Jean ressuscite Drusienne ; saint Jean baptise Aristodème.
Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept.
Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept.
Le baptême d'Aristodème.
Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept
Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept.
En haut : saint Jean pose la tête sur les genoux du Christ,
lui-même entouré de saint Paul et de saint Pierre ;
En bas : illustration de l'épreuve du breuvage empoisonné d'Aristodème.
Saint Jean ordonne de nouveaux évêques Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept
Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept.
Cette scène obscure ne figure pas dans la Légende dorée.

À DROITE ---»»»
Saint Jean ordonne de nouveaux évêques
(Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept)

Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept
L'épreuve du breuvage empoisonné d'Aristodème
(Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept)

L'épreuve du breuvage empoisonné d'Aristodème. La source de cette histoire est la Légende dorée de Jacques de Voragine. Le grand prêtre Aristodème soulève le peuple contre saint Jean (on ne sait pas dans quelle ville). Il accepte de calmer la foule à condition que le saint relève un défi : boire du poison. Si Jean n'en subit aucune conséquence, alors le grand prêtre croira en son Dieu. Auparavant, celui-ci veut montrer toute la violence de ce breuvage. Il demande au proconsul de lui amener deux condamnés à mort. Dans la scène de gauche, ceux-ci boivent le poison devant Aristodème (coiffé d'un chapeau pointu assez grotesque). On voit le grand prêtre pointer un doigt vers les deux victimes tout en regardant saint Jean d'un air de défi.

Dans la scène centrale, alors que les condamnés sont morts, le saint saisit la coupe empoisonnée des mains d'Aristodème, la consacre et s'apprête à la boire. Il en sort bien sûr indemne, mais cela ne suffit pas : Aristodème exige qu'il ressuscite les deux morts. La Légende raconte que Jean lui donne alors son manteau en lui demandant de l'étendre sur les cadavres. Ce qui les ressuscite. À la suite de quoi, le grand prêtre, le proconsul et toute sa famille demandent à être baptisés (scène de droite).
On pourra se reporter avec profit à l'histoire d'Aristodème et de son breuvage dans un vitrail du XIIIe siècle de l'église Saint-Pierre à Saint-Julien-du-Sault.

Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept
Vie de saint Jean l'Évangéliste dans le carré du transept.
Détail.
Le carré du transept et le transept sud.
Le carré du transept et le transept sud.
Statue de saint Macaire dans le chœur.
Statue de saint Macaire dans le chœur.
La Mort de saint Joseph
La Mort de saint Joseph
Vitrail de l'atelier Joseph Villiet, vers 1870.
«Sainte Catherine portant la palme du martyre»
«Sainte Catherine portant la palme du martyre»
Tableau d'un auteur inconnu, XVIIIe siècle (?)
Scène de la Légende de sainte Catherine
Scène de la Légende de sainte Catherine
dans l'intrados de l'arc-doubleau du croisillon sud.

Sainte Catherine, emprisonnée pendant dix jours et sans vivres sur ordre de l'empereur Maxence, reçoit la visite de l'impératrice qui la soutient. Elle est condamnée à avoir les mamelles tranchées, puis à être décapitée.

La Légende de saint Jacques le Majeur, partiel
La Légende de saint Jacques le Majeur, partiel
Scène de la Légende de sainte Catherine
Scène de la Légende de sainte Catherine
dans l'intrados du croisillon sud

Catherine tient tête par la dialectique à cinquante savants accourus à Alexandrie, sur l'ordre de l'empereur Maxence, pour la confondre.

L'autel de l'abside nord devant une arcature romane.
L'autel de l'abside nord devant une arcature romane.
LES PEINTURES DES ARCS DOUBLEAUX NORD ET SUD
La Légende de saint Jacques le Majeur
Saint Jacques le Majeur et le mage Hermogène
Intrados de l'arc-doubleau du croisillon nord.

Hermogène et les démons. Saint Jacques refuse de baptiser le mage Hermogène malgré lui et le renvoie librement, là où il veut aller. Mais celui-ci a peur de se faire tuer par les démons, à «l'humeur vindicative» (car il vient de leur demander un service). Il demande à Jacques de lui donner un objet lui ayant appartenu pour le protéger (partie droite). Le saint lui donne alors son bâton et Hermogène s'en va (partie gauche).
Source : La Légende dorée de Jacques de Voragine.

Voir la légende détaillée du mage Hermogène à la cathédrale d'Amiens.

La décollation de saint Jacques le Majeur et du scribe Joséas
La décollation de saint Jacques le Majeur et du scribe Joséas sur l'ordre d'Hérode Agrippa (intrados de l'arc-doubleau du croisillon nord).
LE SANCTUAIRE ET SES PEINTURES MURALES
Le maître-autel et la double rangée d'arcades romanes dans  l'abside.
Le maître-autel et la double rangée d'arcades romanes dans l'abside.
Saint Macaire
Saint Macaire
Vitrail de l'atelier Joseph Villiet, vers 1870.

Architecture et chapiteaux romans. Le transept et l'abside de Saint-Sauveur cachent dans leur style roman de très beaux chapiteaux historiés. Malheureusement, les fenêtres de l'église étant rares et étroites, l'intérieur est sombre. Il est presque impossible de voir les chapiteaux sans les éclairer avec une lampe de poche, et également impossible de les photographier sans flash. Les quelques photos de chapiteaux ci-contre et ci-dessous ont été obtenues de la sorte. Et l'on sait que le flash sur la pierre donne au matériau un aspect assez irréel, pas toujours bien beau.
La photo ci-dessus montre la structure de la double arcature en plein cintre dans l'abside, que les historiens font remonter au milieu du XIIe siècle. Les cintres des arcs retombent sur des chapiteaux où l'on trouve des animaux, des personnages, des fleurs et des feuilles. L'ensemble a été restauré au XIXe siècle. C'est à cette époque aussi que remonte la polychromie des sculptures. Notons les chapiteaux les plus intéressants : le Sacrifice d'Abraham ; la Visitation ; Daniel dans la fosse aux lions. On y trouve aussi des scènes de décollation et de lapidation. Mais la majorité est constituée de rinceaux et de feuillages.

Vitrail de saint Jean-Baptiste L'Annonciation
L'Annonciation
Chapiteau du XIIe siècle dans l'abside.
Femme en position lascive entre deux jeunes hommes.
Femme en position lascive entre deux jeunes hommes.
Chapiteau du XIIe siècle dans l'abside.

Visiblement, ce chapiteau est un message d'avertissement contre la luxure.
«««--- À GAUCHE
saint Jean-Baptiste
Atelier Joseph Villiet, vers 1870.
Les peintures murales du cul-de-four de l'abside.
Les peintures murales du cul-de-four de l'abside.
Elles correspondent à la «Vision de Patmos», ville où s'était retiré saint Jean lorsqu'il écrivit l'Apocalypse.
Peinture murale du cul-de-four de l'abside.
Peinture murale du cul-de-four de l'abside.
Représentation du Jugement dernier dans l'Apocalypse de saint Jean.
Vierge sage et Vierge folle ---»»»
dans l'intrados de l'arc triomphal de l'abside.
Deux lions adossés
Deux lions adossés
Chapiteau du XIIe siècle dans l'abside.
Chapiteau historié à la signification obscure.
Chapiteau historié à la signification obscure.
Un homme est allongé. Au-dessus de lui un masque ricane, tandis
que, à gauche et à droite, deux démons surveillent la scène.
Est-ce saint Macaire l'Égyptien, grand pourfendeur de démons ?
Peu probable. Macaire, mort à «Ligena», ancien nom de saint-Macaire, n'a rien à avoir avec Macaire l'Égyptien.
«Jésus chez Marthe et Marie»
«Jésus chez Marthe et Marie»
Tableau anonyme, XVIIIe siècle (?)
On remarque, à l'arrière-plan, la présence
surprenante de lits avec, chacun, deux malades.
Vierge sage et Vierge folle
Un ange joueur de violon dans l'abside Le lion du Tétramorphe et un ange dans l'abside.
Le lion du tétramorphe et un ange (cul-de-four de l'abside).
Un ange joueur de viole dans l'abside

DES ANGES MUSICIENS DANS L'ABSIDE (XIVe siècle)

«««--- Un ange joueur de violon
Un ange joueur de viole ---»»»
Vue d'ensemble de la nef depuis le chœur.
Vue d'ensemble de la nef depuis le chœur.
La tribune au revers de la façade a été installée en 1879.

Documentation : Congrès archéologique de France tenu à Bordeaux et Bayonne en 1939, article sur l'église Saint-Sauveur par M. Deshoulières
+ Aquitaine gothique de Jacques Gardelles (éditions Picard)
+ Dictionnaire des églises de France aux éditions Robert Laffont, article sur l'église Saint-Sauveur par Pierre Dubourg-Noves.
+ Documentation affichée dans la nef de l'église Saint-Sauveur.
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