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À l'époque mérovingienne, Sainte-Croix
était une abbaye bénédictine. Elle est détruite par les Sarrazins
vers 730, puis rebâtie, vraisemblablement avant l'an 800. Au siècle
suivant, elle est à nouveau ravagée par les raids normands.
Sans document formel, l'historien Pierre Dubourg-Noves dans Guyenne
romane situe la construction des premiers murs de l'église abbatiale
entre 980 et l'an mil et l'attribue au duc gascon Guillaume le Bon.
D'après une épitaphe datée de 642, perdue, mais recopiée au XVIIe
siècle, l'emplacement recouvrait un oratoire dédié à saint
Mommolin. Pour Dubourg-Noves, c'est une seconde campagne de
travaux à la fin du XIe siècle ou au début du XIIe siècle qui fixe
les dimensions actuelles de l'église. Pour d'autres historiens,
c'est à cette époque seulement que l'église abbatiale sort de terre.
Dans l'Aquitaine médiévale, l'abbaye de Sainte-Croix joue un rôle
majeur. Les moines défricheurs ajoutent un quartier à la ville de
Bordeaux,
là où se trouvaient des marécages. Leurs vastes domaines
s'étendent sur trois diocèses : Bordeaux,
Bazas
et Agen ; leurs revenus viennent de l'église Saint-Michel
à Bordeaux,
du prieuré de Saint-Macaire,
du bourg de Soulac, de l'église de Saint-Hilaire du Taillan et de
celle de la Sauveté de Macau.
L'abbaye profite de la célébrité de saint
Mommolin que l'on invoque pour la guérison des maladies mentales.
Les pèlerinages l'enrichissent. Le tombeau du saint et un autel
dédié se trouvent dans la nef de l'église abbatiale. «Quand
les moines concluaient un acte important, écrit André Masson pour
le Congrès archéologique de France en 1939, c'était sur le
tombeau de saint Mommolin que les parties s'engageaient.»
Vers 1130, rapporte l'abbé Brun en 1959 dans Les églises de Bordeaux,
la population du quartier s'accroissant, le bas-côté nord sert d'église
paroissiale sous la dédicace de sainte Catherine.
L'église romane est couverte d'une charpente. Au XIIIe siècle, les
architectes s'adonnent à d'importants travaux de réfection. Ils
utilisent le gros œuvre roman (piles, arcades et murs gouttereaux)
pour mettre l'édifice au goût gothique. La charpente laisse la place
aux voûtes d'ogives. De ce fait, seuls le
transept, l'abside et les chapelles absidiales ont conservé
leur aspect roman (parfois reconstitués au XIXe siècle).
Au cours du XVIe siècle, l'abbaye périclite. La pratique de la commende
se traduit par l'absence quasi permanente des abbés ; la discipline
disparaît ; le nombre de moines tombe à sept. Dans l'église abbatiale,
du XVIe au XVIIIe siècle, les petits travaux, essentiellement de
consolidation, n'en finissent pas. Quant aux locaux monastiques,
ils ne sont guère entretenus. En 1664, les moines de la congrégation
de Saint-Maur bâtissent un nouveau monastère qui sera terminé en
1672. En 1793, ils seront affectés à un hospice. En 1890, on y installera
l'École des Beaux Arts.
La renommée actuelle de Sainte-Croix repose dans sa façade
romane. Elle a subi deux restaurations : la première en 1842-1843
qui a recréé quelques chapiteaux et colonnes torsadées ; la seconde,
de 1861 à 1865, tellement importante qu'on l'a associée à du vandalisme
(voir le commentaire proposé plus
bas).
L'église Sainte-Croix possède une impressionnante collection de
tableaux dont
une grande partie est donnée dans cette page. Les vitraux
sont du XIXe siècle et du tout début du XXe.
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Vue de la nef depuis l'entrée de l'église.
La nef a 56 mètres de long. La hauteur sous la voûte est de 18,45
mètres.
La disparité des piliers ne peut qu'interpeller le visiteur. Voir
le commentaire sur l'architecture
intérieure. |
ASPECT EXTÉRIEUR
DE L'ÉGLISE SAINTE-CROIX |
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Façade occidentale de l'église Sainte-Croix de Bordeaux.
La tour nord (à gauche) est un ajout de Paul Abadie en 1860. Les tours
ont 21,50 mètres de haut.
Le bâtiment de droite fait maintenant partie de l'École des Beaux
Arts. |
PASSEZ LA SOURIS SUR LA
PHOTO POUR DÉCOUVRIR LE MONUMENT DU XIIe SIÈCLE. |
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La façade occidentale de Sainte-Croix en 1843.
Eau-forte de Louis Drouyn.
Dans les deux portails (au centre et à gauche) le décentrage
de l'archivolte
est un choix étrange du dessinateur, comme si ce dernier s'était
positionné
fortement de biais pour dessiner ces deux portails, et uniquement
ces deux portails. |
Aspect extérieur de l'élévation nord.
Au premier plan, la tour néo-romane nord a été édifiée par Paul
Abadie en 1860-65. |
Le chevet roman du XIIe siècle.
Les petites absidioles nord et sud ne sont pas tangentes au
chœur,
ce qui, à l'intérieur, crée des parois murales où sont
suspendus des tableaux. |
La
façade et le vandalisme de Paul Abadie en 1860 (1/3).
Les années 1842-1847 voient une première phase de la
restauration de la façade avec l'architecte Gabriel-Joseph
Durand : au sud, des colonnes à torsades sont refaites
à neuf ; au nord, huit chapiteaux sont reconstitués
non pas d'après leurs vestiges, mais selon des modèles
observés dans des édifices contemporains voisins.
En 1860 arrive Paul Abadie (1812-1884), alors au faîte
de sa carrière. Une arrivée que Jean-Auguste Brutails,
en 1912 dans Les Vieilles églises de la Gironde,
annonce comme une calamité par ces simples mots : «Enfin,
Abadie vint...»
L'architecte avait déjà restauré la cathédrale Saint-Pierre
d'Angoulême et Notre-Dame-la-Grande
à Poitiers
et «arrivait, écrit André Masson pour le Congrès
archéologique de France en 1939, tout plein des
formes architecturales de ces pays.» Sur sa lancée,
il transforma la façade girondine de Sainte-Croix en
une façade angoumoisante et poitevine. «À Angoulême,
poursuit l'historien, il emprunta le pignon, à Poitiers,
le clocheton, et truffa le tout de statues empruntées
à Moissac, Autun et Sens.»
C'est aussi lui qui fit construire la tour nord, à l'image
de celle du sud, cassant définitivement le cachet roman
d'origine.
---»» Suite 2/3
à droite.
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Plan cavalier de l'abbaye de Sainte-Croix vers 1670.
(Plan affiché dans les panneaux de la nef.) |
L'architecture
externe et l'ancienne façade.
Si l'on fait abstraction de la très belle façade romane,
l'extérieur de l'église Sainte-Croix n'a rien pour vraiment
séduire. Le visiteur pourra pénétrer dans le petit parc
à l'est pour regarder le chevet
roman du XIIe siècle : une abside massive et deux chapelles
absidiales non tangentes à l'abside.
La grande affaire de l'architecture extérieure de Sainte-Croix
repose dans l'histoire de sa façade occidentale, des
modifications des siècles postérieurs et du vandalisme
final qui l'a défigurée au XIXe. En 1939, gardant quand
même une opinion positive, l'historien André Masson
écrit : «la façade de Sainte-Croix reste une des
pages les plus célèbres de la sculpture romane.»
En 1969, dans Guyenne romane, Pierre Dubourg-Noves
expose clairement le problème : «Il y a, écrit-il,
deux façades occidentales à Sainte-Croix ; l'authentique,
disparue à partir de 1860 (...), et l'actuelle, qui
justifie amplement les lamentations de quatre générations
d'archéologues, mais contient de très belles épaves.»
De l'authentique, il nous reste une photo et des dessins.
L'ancienne façade. Une eau-forte de Louis Drouyn
de 1843, donnée ci-dessus
à gauche, donne l'aspect ancien de la façade. Dans
la partie basse, on y voit un avant-corps rectangulaire
encadré de deux faisceaux de trois colonnes torsadées.
Au centre, un grand portail à cinq voussures sans tympan,
flanqué de deux petits arcs latéraux, correspond à un
type saintongeais connu. L'architecte médiéval l'agrémente
ici d'une trouvaille originale et agréable à l'œil :
deux petits arcs géminés surmontent l'ensemble au nord
et au sud. Au-dessus, à l'âge roman, se dressaient deux
rangées de sept arcatures aveugles. Pas de rose, pas
de grande arcade ogivale aveugle. C'est ce qu'on voit
dans la photo reconstruite qui apparaît en passant la
souris sur la vue
actuelle de la façade.
Au sud, une belle tour massive à trois étages ficelée,
aux quatre coins, dans de puissants faisceaux de contreforts-colonnes.
La rose et l'arcade ogivale datent des XIIIe et XIVe
siècles, écrit Charles Marionneau en 1861 ; du XVIe
siècle, écrit l'abbé Brun en 1952... L'arcade abritait
un haut-relief, brisé en 1794 : un guerrier couronné,
monté sur un cheval, terrassait un personnage à terre
devant une femme, debout devant le destrier. Qui était-ce
? Charles Marionneau évoque quelques idées proposées
jadis : Saint Georges, Pépin victorieux de Waiffre,
duc d'Aquitaine, ou encore un cavalier de l'Apocalypse.
Quant à Émile Mâle, dans l'Art religieux du XIIe
siècle en France, il penche très fortement pour
l'empereur Constantin. Il ajoute que le personnage foulé
aux pieds représente les peuples vaincus par Marc-Aurèle.
C'est aussi l'avis d'André Masson qui voit dans la femme
qui se tient debout l'Église chrétienne saluant son
défenseur.
Finalement, écrit Charles Marionneau, on s'accorda sur
l'image de l'Église triomphante : le Fils de Dieu ressuscité
foulant au pied le démon. Il faut croire que la puissance
allégorique supportait allégrement la statue peu courante
du Fils de Dieu à cheval...
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Les personnages dans les arcades de la façade ont été rajoutés
par Paul Abadie en 1860.
Les modèles utilisés par l'architecte viennent de Moissac, Autun
et Sens. |
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Le Christ entouré du tétramorphe au sommet de la façade.
Adjonction de Paul Abadie en 1860-65. |
Le
tétramorphe de Paul Abadie.
Dans Les vieilles églises de la Gironde, Jean-Auguste
Brutails, remonté contre le saccage de la façade par
Abadie, signale que l'architecte a commis deux erreurs
iconographiques. En premier lieu, le cavalier de la
façade ne représente plus Constantin, mais saint Georges.
C'est bien une erreur : l'empereur Constantin a un rapport
évident avec la Sainte Croix, que sa mère, l'impératrice
Hélène vient encore renforcer ; saint Georges n'en a
aucun. En second lieu, les symboles du tétramorphe sont
rangés dans un ordre inusité : l'ange n'est jamais placé
au-dessus du taureau, ni l'aigle au-dessus du lion.
On pourra en effet observer une disposition différente
dans deux édifices traités dans ce site :
Cathédrale
Saint-Étienne de Bourges,
tympan du portail méridional, tétramorphe du XIIe siècle
: l'ange est au-dessus du lion ; l'aigle, au-dessus
du taureau.
Cathédrale
Saint-Samson de Dol-de-Bretagne,
vitrail du XIVe siècle : l'aigle est au-dessus de l'ange
; le lion, au-dessus du taureau.
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Détail des arcades sur la tour sud.
Tous les chapiteaux sont du XIXe siècle. |
Détail du portail central : colonnettes à chapiteaux et bas-reliefs. |
La
façade et le vandalisme de Paul Abadie en 1860 (3/3).
---»» Louis Réau poursuit : « Mais,
sourd à ces avertissements, Abadie n'en fait qu'à sa
guise. Pour restituer la façade de Sainte-Croix, il
construit de toutes pièces un clocher neuf, symétrique
à celui du sud. Il remplace par une statue de saint
Georges terrassant le dragon la figure de cavalier qu'on
prenait pour l'empereur Charlemagne et qui représentait
en réalité, comme dans les églises du Poitou, l'empereur
Constantin. Avec une désinvolture inconsciente, il emprunte
une fois de plus à Notre-Dame-la-Grande
de Poitiers
ses clochetons imbriqués en pommes de pin.»
Louis Réau conclut travail de Paul Abadie : «Le
résultat de cette chirurgie architecturale, qui n'a
certes rien d'esthétique, est que cette belle église
romane, complètement dénaturée par un restaurateur sans
scrupules, a perdu presque tout son intérêt archéologique.»
Seule partie non touchée : la partie basse de la façade
avec son portail
central encadré, comme à Notre-Dame
de Poitiers,
de deux arcatures aveugles surmontées chacune de deux
petites arcades.
Donnons la conclusion à l'abbé Brun en 1952 : l'église
«fut restaurée au XIXe siècle et n'aurait pas
eu trop à souffrir s'il n'y avait eu Abadie.»
Sources : 1) Les églises
de Bordeaux de l'abbé Pierre Brun, éditions Delmas,
1953 ; 2) Congrès archéologique de France, CIIe session
tenue à Bordeaux en 1939, article sur l'église d'André
Masson, éditions Picard, 1941 ; 3) Les vieilles églises
de la Gironde de Jean-Auguste Brutails, Feret et
Fils, Libraires-Éditeurs, 1912 ; 4) Histoire du vandalisme
par Louis Réau, éditions de 1958 rééditée en 1994 par
Robert Laffont.
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La
façade et le vandalisme de Paul Abadie en 1860 (2/3).
---»» Les travaux s'étalèrent de 1861 à
1865. Pour réaliser le tétramorphe du tympan (donné
ci-contre), Abadie déclara sans honte qu'il avait utilisé
des reproductions faites à Cahors pour la cathédrale
d'Angoulême d'après des moulages qu'il avait lui-même
fournis. Comme celles-ci n'avaient pas servi, il avait
manifestement jugé qu'elles étaient bonnes pour le service
à Bordeaux...
Paul Abadie était un élève de l'école de Viollet-le-Duc
dont les rigides principes de restauration ont été maintes
fois blâmés au XXe siècle. En 1958, dans son Histoire
du vandalisme, Louis Réau qualifie Abadie de «plus
malfaisant» des «épigones» de Viollet-le-Duc...
Il écrit : «À Bordeaux,
Abadie, enhardi par cette première passe d'armes [sa
restauration critiquée à Angoulême], croit pouvoir
tout se permettre, et sans tenir aucun compte des protestations
qu'il soulève, il massacre tranquillement l'abbatiale
romane de Sainte-Croix et la cathédrale gothique Saint-André.»
Abadie bénéficia de puissants appuis dont celui du cardinal
Ferdinand Donnet, archevêque de Bordeaux
depuis 1837 et qui le restera jusqu'à sa mort en 1882.
Les protestations de la Commission départementale
des Monuments historiques de la Gironde ne furent
pas entendues. Le Conseil municipal s'éleva aussi contre
le projet. En décembre 1860, il déclara - cité par Louis
Réau - que «l'église Sainte-Croix est un monument
extrêmement rare. Il faut prendre garde de dénaturer
l'ancienne église et d'en faire une autre.» L'archéologue
bordelais Léo Drouyn donna aussi de la voix.
---»» Suite 3/3
plus bas à gauche.
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Saint Georges terrassant le dragon.
Haut-relief rajouté par Paul Abadie en 1860. |
Erreur iconographique de Paul Abadie : Saint Georges n'a aucun
rapport avec la dédicace de l'abbaye à la Sainte Croix.
Auparavant, l'empereur Constantin à cheval terrassait
l'hérésie. |
Les arcades au-dessus du portail sud. |
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LE PORTAIL CENTRAL
DE LA FAÇADE OCCIDENTALE |
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Le portail central de la façade est l'élément le moins retouché
par les architectes Gabriel-Jospeh Durand en 1842-43 et Paul
Abadie en 1860-65. |
Bas-reliefs du portail central, XIIe siècle.
Des quadrupèdes sont attaqués par des volatiles :
les volatiles mordent le dos des quadrupèdes tandis
qu'eux-mêmes mordent les pattes des volatiles. |
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Bas-reliefs du portail central. |
Bas-reliefs du portail central. |
Les
portails de la façade, XIIe siècle (1/2).
Le portail central est la partie la moins refaite de
la façade. Il est sans tympan et encadré de cinq voussures.
La photo
plus haut à gauche montre que la première d'entre
elle retombe sur le piédroit, sans séparation et sans
interruption du bas-relief. Les quatre autres retombent
sur des chapiteaux couronnant des colonnettes en délit.
1ère voussure : des oiseaux (photo ci-contre
à gauche) sont montés sur des quadrupèdes qu'ils béquètent
ou, plus précisément, qu'ils attaquent de leur bec ;
le motif du bas-relief ne change pas au niveau de la
courbure.
Ce motif se retrouve sur des chapiteaux de l'église
Saint-Eutrope
à Saintes.
Dans son livre sur l'Art religieux au XIIe siècle
en France écrit en 1923, Émile Mâle s'étend sur
ce sujet pour en souligner les origines orientales.
Le point de départ est la très ancienne civilisation
chaldéenne qui a ensuite transmis à l'Assyrie ce thème
de l'agression entre animaux. L'art arabe et l'art chrétien
oriental s'en sont ensuite emparés. Antilopes, lions,
bouquetins, taureaux, aigles, griffons : la gent ailée
attaque la gent quadrupède. Parfois l'oiseau de proie
est monté sur un autre oiseau. On voit aussi des combats
entre deux quadrupèdes.
«Les vases de cuivre de Mossoul, écrit Émile Mâle,
les boîtes d'ivoire des musulmans d'Espagne, les panneaux
de bois du Caire, la fameuse cuve de l'Alhambra sont
décorés d'aigles montés sur des lièvres, de faucons
montés sur des perdrix, de lions, de guépards, de griffons
montés sur des gazelles, sur des taureaux, sur des animaux
fabuleux. L'Orient chrétien aima ce groupe tout autant
que l'Orient arabe, et dans les couvent du Mont-Athos
il décore les balustrades des fontaines.»
Ces thèmes décoratifs passèrent enfin en Europe. Et
au XIIe siècle, l'Orient et l'Occident usent des mêmes
modèles : ceux des tissus historiés que les marchands
transportent aisément au sein de leurs caravanes.
2e voussure : des hommes alignés tirent sur une
corde. Émile Mâle y voit l'effort que l'homme doit soutenir
pour atteindre la béatitude céleste. Pour l'abbé Brun
dans Les églises de Bordeaux, ce pourrait être
l'illustration du texte évangélique : le royaume
des cieux s'emporte par la violence ainsi que la
personnification de l'Église militante.
3e voussure : des torsades.
4e voussure : le Zodiaque. Il a été presque entièrement
refait par Paul Abadie en 1860. Ne subsiste de l'âge
roman que le bas,
dégradé, de la partie gauche (avec les signes du
Capricorne et des Poissons). André Masson, pour le Congrès
archéologique de France en 1939, signale qu'une
photo de 1823 montre que c'étaient les seuls vestiges
qui restaient. Donc Abadie a créé le Zodiaque à partir
de rien.
5e voussure : les vingt-quatre vieillards de
l'Apocalypse jouant de la musique. Pour l'abbé Brun,
Ils symboliseraient l'Église triomphante. Il
fait remarquer que la voussure intermédiaire (qui accueille
un Zodiaque) aurait logiquement dû porter les symboles
de l'Église souffrante, au Purgatoire. On pourrait
objecter à ce digne prélat que l'idée du Purgatoire,
au XIIe siècle, n'était pas encore très répandue.
---»» Suite 2/2
plus bas.
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Archivolte du portail central de la façade.
Au-dessous des 24 vieillards de l'Apocalypse, les parties médiane
et droite du Zodiaque ont été restaurées par Paul Abadie en 1860-65. |
Archivolte du portail central de la façade : 1ère voussure.
Les bas-reliefs des quadrupèdes attaqués par des volatiles suivent
la courbure de l'arcature. |
Les portails
de la façade, XIIe siècle (2/2).
---»» Au nord et au sud du portail central, les
deux arcatures, au-dessus des fausses portes, sont ornées
de voussures célèbres dans l'art roman.
Hormis les voussures d'entrelacs, on distingue de très intéressants
bas-reliefs (en partie refaits) : au nord, l'avarice
; au sud, la luxure.
L'avarice est représentée cinq fois par la même scène
: un avare tient fermement son aumônière contre la rapacité
d'un démon. C'est un thème que l'on retrouve en Charente-Poitou.
Même chose pour la luxure. La scène de «la femme
aux serpents» se répète quatre fois. La cinquième représente
une femme aux crapauds. Deux serpents (ou deux crapauds) mordent
les seins d'une femme qui semble encouragée par un démon.
Émile Mâle voit dans cette scène une empreinte monastique.
En effet, pour les moines, la femme est presque comme un démon
: une tentatrice qui s'emploie sans cesse à leur faire rompre
leur vœu de chasteté. Dans l'iconographie du XIIe siècle,
celles qui se jettent dans le stupre le paient en gagnant
l'Enfer.
Il existe des bas-reliefs romans où un crapaud dévore
le sexe de la femme. «Jamais la tentatrice, écrit Émile
Mâle, ne fut plus rudement flagellée. C'est la punition de
la luxure en Enfer, car un démon préside au supplice de la
femme.»
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Le vandalisme
de Paul Abadie - une étonnante opinion contemporaine (1/3).
Le vandalisme de la façade n'a pas été dénoncé par tout le
monde. En 1999, les éditions bordelaises Mollat publient Bordeaux,
le temps de l'histoire, Architecture et urbanisme au XIXe
siècle (1800-1914). Les auteurs, Robert Coustet et Marc
Saboya, professeurs d'université et spécialistes de l'architecture
du XIXe siècle, livrent une opinion intéressante sur le travail
de Paul Abadie.
Ils rappellent d'abord l'activité inlassable de Monseigneur
Donnet, archevêque de Bordeaux
de 1836 à 1882, pour couvrir son département de nouvelles
églises ou restaurer les anciennes. Sa passion se veut contagieuse
: il s'efforce d'y entraîner tous les prélats de la Gironde.
La Révolution a fait d'importants dégâts ; il convient de
les réparer et de «réconcilier matérialisme et religion,
société civile et société ecclésiastique» [Coustet-Saboya].
Une époque a réussi cet équilibre : le XIIe siècle médiéval.
Il convient donc de s'en inspirer en imposant l'architecture
gothique. Comme l'écrivent nos deux auteurs, seule cette architecture
«incarne l'union parfaite du beau et de l'utile sous
l'égide de la foi chrétienne.» Au niveau national, la
Commission des Monuments historiques est créée en 1837. À
Bordeaux,
une commission départementale similaire voit le jour en 1839.
Robert Coustet et Marc Saboya introduisent l'architecte Paul
Abadie en commentant le résultat de son action. Ils écrivent
d'emblée : «Dans d'autres églises, des transformations
plus radicales vont modifier les dispositions anciennes. Des
ensembles homogènes, véritables créations contemporaines inspirées
de l'art médiéval, vont ainsi renforcer l'unité stylistique
de l'édifice et l'adapter aux nouvelles formes de piété.»
Autrement dit, pour nos deux auteurs, c'est clair : un architecte
peut modifier, transformer un monument religieux du passé,
voire le détruire et le recréer en partie comme il le souhaite.
L'essentiel n'est-il pas qu'il enveloppe son œuvre dans les
termes pompeux de «création inspirée de l'art médiéval»,
d'«unité stylistique» et d'«adaptation à
la piété»...? On est là à l'opposé total des principes
de la restauration actuelle. On se demande bien à quoi à servi
Prosper Mérimée...
Nos deux auteurs rappellent ensuite que Paul Abadie (1812-1884),
«enfant bien aimé» du cardinal Donnet et qui s'est
imposé par l'ampleur de son œuvre locale et nationale, est
néanmoins resté contesté pour sa restauration de Sainte-Croix
à Bordeaux
et de Saint-Front à Périgueux. Pourtant, «l'étude objective
des dossiers, ajoutent-ils, permet de comprendre ses choix
et, peut-être, de les justifier.» Ils écrivent ainsi
sans honte : «Lorsque à la fin des années 1850 Abadie
entreprend la restauration de Sainte-Croix, l'église présente
une façade composite et inachevée.» Nos auteurs ne se
rendent pas compte qu'il faut quand même un certain culot
pour prétendre que la façade romane de Sainte-Croix, sans
doute parce qu'elle n'avait qu'une seul tour, était inachevée
! Le complexe de supériorité du XIXe siècle sur le monde médiéval,
complexe qui a fait tant de dégâts dans l'architecture, répand
encore ses relents à la fin du XXe... On sait que le XIXe
s'est donné le droit de juger le Moyen Âge, de le calomnier,
de l'«améliorer», voire de le recréer en inventant
des histoires sordides à son sujet, mais il faut savoir se
dégager de cette emprise.
---»» Suite 2/3
plus bas.
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Archivolte du portail central :
les 24 vieillards de l'Apocalypse jouant de la musique, détail. |
Archivolte du portail central :
détail du Zodiaque (éléments du XIIe siècle - très dégradés).
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Le
vandalisme de Paul Abadie - une étonnante opinion contemporaine
(2/3).
---»» Robert Coustet et Marc Saboya, qui
semblent n'avoir aucun respect pour l'architecture du
passé quand ils la jugent incomplète ou sans harmonie,
défendent l'œuvre des élèves de Viollet-le-Duc. La philosophie
de la démarche de Paul Abadie «est fondée, écrivent-ils,
sur une argumentation archéologique justifiant un a
priori esthétique où l'intuition et le formalisme
issu de la doctrine du rationalisme médiéval de Viollet-le-Duc
viennent pallier les insuffisances d'une science de
l'art roman encore hésitante.» Traduction : les
hommes du premier âge roman étaient incompétents ; le
XIXe siècle, fin connaisseur, avait donc le droit de
modifier ce que des incompétents ont mal créé !
Il est étrange de voir des professeurs d'université
actuels ne pas comprendre que l'Histoire de l'Art exige
de conserver les traces du «balbutiement»
de tout art nouveau. Rien ne peut autoriser à modifier
une création romane du XIIe siècle selon des principes
romans établis au XIIIe, voire, pis !, selon le néo-roman
du XIXe. On est là dans le domaine de la pure sottise
historique.
---»» Suite 3/3
à droite.
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Archivolte du portail central :
détail du Zodiaque (éléments restaurés par Paul Abadie). |
Bas-reliefs du portail central. |
Le
vandalisme de Paul Abadie - une étonnante opinion contemporaine
(3/3).
---»» Nos auteurs égrainent la liste des
modifications d'Abadie : seconde tour au nord ; suppression
de la rose gothique («rosace de la décadence»
[Abadie]) ; multiplication des arcatures au-dessus du
portail ; suppression du fronton classique au profit
d'un tympan copié sur celui d'Angoulême (restauré par
Abadie) ; déplacement de la niche du cavalier ; achèvement
de la sculpture romane avec iconographie idoine. Ce
travail, commentent-ils, est «révélateur de la
politique de restauration de la seconde moitié du XIXe
siècle telle qu'elle fut définie par Viollet-le-Duc
dans son fameux Dictionnaire raisonné de l'architecture
(1854-1868).» C'est exact : la façade de Sainte-Croix,
conçue par Abadie, est un très bon exemple de la pensée
de Viollet-le-Duc... Mais c'est aussi un parfait exemple
du saccage d'un monument médiéval créé selon les principes
artistiques et les connaissances des maîtres maçons
du XIIe siècle.
Robert Coustet et Marc Saboya terminent leur analyse
de l'œuvre de Paul Abadie à Sainte-Croix en enfonçant
le clou, sans réaliser qu'ils violent les principes
élémentaires de l'Histoire de l'Art et de l'Histoire
tout court : «En éliminant tout ce qui déborde
d'un cadre roman quelque peu idéalisé, écrivent-ils,
en s'efforçant d'achever un édifice désordonné et composite
dont il rééquilibre les masses au prix de graves sacrifices
archéologiques afin d'obtenir un bel objet architectural,
Abadie invente pour Sainte-Croix une façade romane.»
Le mot «invention» est bien celui qui convient...
au prix du saccage de l'ordonnance romane antérieure.
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LE PORTAIL NORD
DE LA FAÇADE : L'AVARICE |
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Portail nord de la façade : l'avarice.
Les chapiteaux sont des créations du XIXe siècle. |
Portail nord de la façade : l'avarice, détail.
Un avare défend son aumonière contre la cupidité d'un démon.
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LE PORTAIL SUD
DE LA FAÇADE : LA LUXURE |
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Portail sud de la façade : la luxure, détail..
Deux serpents mordent les seins d'une femme à côté d'un démon.
Cette figure a été refaite par Abadie en 1860-65. |
Portail sud de la façade : la luxure.
Les deux «couples» des extrémités ont été refaits par
Paul Abadie en 1860-65. |
LA NEF ET LES
BAS-CÔTÉS DE L'ÉGLISE SAINTE-CROIX |
|
La nef et le bas-côté sud vus depuis l'entrée de l'église.
La disparité des piliers ne peut qu'interpeller le visiteur. |
Plan de l'église Sainte-Croix.
Un élément intéressant est la présence de deux
voûtes sexpartites au dessus du vaisseau central de la nef. |
Clé de la première voûte sexpartite dans le vaisseau central
:
agneau divin entouré de six anges, XIIIe siècle. |
Les fonts baptismaux, XIXe siècle ? |
«Le Christ en croix avec la Vierge, sainte Madeleine et saint
Jean»
Détail : La Vierge.
par Antoine-Benoît Dubois, 1674. Voir le tableau entier plus
bas. |
La Vierge dans un vitrail de la chapelle de la Vierge, atelier
Feur, 1921, détail. |
|
Architecture
interne.
Dès son entrée, le visiteur ne peut qu'être étonné par
la très grande
hétérogénéité des piliers de la nef. On y trouve de
tout : assemblages d'élévations à section rectangulaire,
faisceaux de colonnettes, piles massives à contour octogonal,
etc. C'est à se demander ce qui s'est passé dans cette
église !
Néanmoins, les historiens ne se découragent pas. «De
toutes les églises de Bordeaux,
écrit l'abbé Brun en 1953 dans Les églises de Bordeaux,
Sainte-Croix est celle dont l'intérieur a gardé le mieux,
malgré bien des remaniements, le cachet austère et religieux
de l'époque romane.» En fait, ce cachet est surtout
visible dans le transept
et l'abside. Dans la nef, c'est plutôt l'aspect
gothique qui prévaut.
Posons une question simple : qu'y a-t-il d'intéressant
à voir dans la nef de l'église Sainte-Croix ? Réponse
: les piliers, le voûtement et, dans une moindre mesure,
les fenêtres hautes.
Les piliers. Ceux qui n'ont pas été retouchés
sont restés romans. C'est le cas des quatre piles massives
portées en noir sur le plan ci-contre. Les trois piles
plus fines, de part et d'autre de la quatrième travée,
ont été reprises lors de la réfection du XIIIe siècle
et entourées en tout ou en partie de colonnettes gothiques.
La pile romane sud (entourée d'un cercle noir sur le
plan) a été noyée dans un blocage moderne. Sur certains
de ces piliers sont présents des chapiteaux romans et
gothiques, marque intéressante de l'évolution des styles
et des remaniements architecturaux au cours de siècles.
Voir un exemple plus
bas. Pour l'historien André Masson (Congrès archéologique
de France tenu à Bordeaux, 1939), cela donne «beaucoup
de charme et d'imprévu au décor de la nef.»
Le voûtement d'origine a toujours posé problème
: quelle forme ? quel matériau ? Était-ce le bois ?
Était-ce la pierre ? Était-ce une charpente, une voûte
en berceau ou une suite de coupoles ?
En 1912, Jean-Auguste Brutails dans son ouvrage de référence
Les vieilles églises de la Gironde rejette la
pierre : les murs de la nef sont trop minces pour une
voûte en berceau ; d'autre part, «le plan des
travées, la disposition des supports et l'insuffisance
des fondations, écrit-il, excluent la possibilité d'un
voûtement en coupoles.» Brutails complète son
choix de la charpente en précisant que celle-ci devait
être «coupée à mi-longueur par un pignon posé
sur un arc transversal.» Cet arc n'est autre que
celui qui sépare les deux voûtes sexpartites actuelles.
Pour Brutails, une charpente devait aussi couvrir le
transept. Seules l'abside, les chapelles absidiales
et la croisée devaient être voûtées en pierre. Ce qui
serait conforme à un principe assez répandu à l'âge
roman : la pierre, matériau noble, est réservée pour
le couvrement des parties les plus sacrées.
Conséquence : personne n'a jamais pu expliquer l'aspect
très massif, dans leur partie inférieure, des deux premières
paires de piles occidentales dans la nef, notamment
celles séparant la deuxième travée de la troisième.
Il n'y a en effet aucun clocher à soutenir. La photo
ci-dessus donne une idée, au premier plan, de cette
étonnante massivité. En revanche, le diamètre du pilier
suivant, recouvert de colonnettes, semble tout à fait
suffisant pour une voûte charpentée.
En 1939, pour le Congrès archéologique de France,
André Masson se range à l'hypothèse de la charpente.
En 1969, dans Guyenne romane, Pierre Dubourg-Noves,
qui ne parle pas de l'impossibilité de la pierre, opte
d'emblée pour la charpente tout en rappelant l'incertitude
des archéologues à ce sujet. Il ajoute : «l'absence
de voûtes permettait un éclairage abondant tant dans
les bas-côtés que, directement, dans la nef centrale
(...)». Pour lui, nef et bas-côtés de Sainte-Croix
(architecture qu'il date d'avant l'an mil) sont «les
restes, très modifiés, d'un de ces jalons du "premier
art roman" des provinces du Sud-Ouest.»
Pourquoi deux voûtes sexpartites comme le montre
le plan ci-contre ? Au XIIIe siècle, l'architecte en
charge de voûter de pierre la nef aurait pu choisir
de faire poser cinq voûtes barlongues régulières semblables
à celle de la travée de l'entrée. Mais, pour cela, il
aurait été obligé de casser le grand arc roman qui étrésillonne
la nef en son milieu, un arc qui d'ailleurs retombe
sur des chapiteaux romans. «N'était-il pas plus
simple et plus économique, écrit André Masson pour le
Congrès archéologique de France, de conserver
ce puissant membre d'architecture, comme on conservait
les piliers romans et les grandes arcades, et de lancer
de part et d'autre une voûte sexpartite ?»
André Masson rappelle à ce sujet qu'économie et solidité
étaient deux règles que s'imposaient généralement les
architectes gothiques chargés de reprendre des structures
romanes, quitte, comme le souligne Pierre Dubourg-Noves
dans Guyenne romane, à se tirer d'embarras par
des choix singuliers. À Sainte-Croix le choix de l'architecte
du XIIIe siècle s'inscrit clairement dans le respect
de ces règles.
Conséquence : l'alternance traditionnelle pile forte
- pile faible d'une voûte sexpartite n'a ici pas
lieu d'être. La cathédrale
de Bourges donne l'exemple bien connu d'une nef
à voûtes sexpartites, mais avec une alternance forte-faible
dûment cachée par l'architecte dans les piliers de la
nef.
Le fort arc-doubleau central, à la séparation des deux
voûtes sexpartites, avait pour rôle de supporter la
charpente. On trouve le même genre d'arc à Saint-Georges
de Boscherville et dans bien des églises italiennes.
Cet arc était vraisemblablement cintré à l'époque romane.
André Masson indique que sa forme en arc brisé, typique
du gothique, doit dater de la restauration effectuée
en 1753.
Les fenêtres de la nef. Il est probable que,
à l'origine et conformément à une caractéristique de
l'école girondine, il n'y avait aucune fenêtre dans
la nef. Celle-ci n'aurait donc été éclairée que par
les fenêtres des bas-côtés. Pour preuve, l'historien
André Masson avance l'existence d'un rapport d'expertise
de 1753 décrivant la nef sans mentionner de fenêtres.
Les années 1750 et postérieures s'inscrivent dans la
période des Lumières, au propre comme au figuré. C'est
probablement à ce titre qu'on a voulu diminuer l'obscurité
de la nef primitive en creusant des fenêtres sans mouluration
et collées grossièrement contre le formeret (photo ci-dessous).
Sources : 1) Les églises
de Bordeaux de l'abbé Pierre Brun, éditions Delmas,
1953 ; 2) Guyenne romane, éditions Zodiaque,
la Nuit des temps, 1969 ; 3) Congrès archéologique
de France, CIIe session tenue à Bordeaux en 1939,
article sur l'église d'André Masson, éditions Picard,
1941 ; 4) Les vieilles églises de la Gironde
de Jean-Auguste Brutails, Feret et Fils, Libraires-Éditeurs,
1912.
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|
Le couvrement du vaisseau central fait apparaître deux
voûtes sexpartites.
Les ogives de ces voûtes ne retombent pas sur un
système
de piles fortes - piles faibles alternées.
Les fenêtres hautes de la nef datent de 1753. Leur positionnement
- elles
sont collées aux formerets - est totalement incongru. |
Les fonts baptismaux, détail, XIXe siècle ? |
Les
tableaux de l'église Sainte-Croix (1/2).
Il y a beaucoup de tableaux dans l'église. Déambuler
dans les bas-côtés peut donner l'impression de
visiter un musée d'art religieux, d'autant plus
que le chemin de croix est lui-même une somme
de tableaux du XIXe siècle. Une photo
du bas-côté sud plus bas illustre cette suite
quasi ininterrompue d'œuvres d'art.
Ces toiles proviennent de l'ancienne abbaye bordelaise
des Bénédictins et de l'ancien couvent des Frères
mineurs, voisin de l'église. La plupart sont datés
des XVIIe ou XVIIIe siècles.
Comme toujours, on trouve du bon et du moins bon,
de l'authentique et de la copie. Bien des œuvres
sont d'auteurs inconnus ou de peintres oubliés.
Leur datation, quand l'auteur est inconnu, reste
souvent en suspens. ---»» Suite
2/2
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Le Christ désignant sa mère
dans une mandorle.
Vitrail du XIXe siècle.
Atelier Dagrant à Bordeaux ? |
Bénitier avec pied à quatre doigts. |
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«L'Assomption de la Vierge»
Auteur inconnu, XVIIIe siècle ?
Les apôtres ouvrent le cercueil de la Vierge et ne trouvent pas son
corps.
Traditionnellement, il y a des fleurs. Ici l'auteur a peint un drap.
Est-ce Marie-Madeleine qui est représentée au premier plan de la partie
basse ? |
«Saint Félix de Catalice (1515 ?-1587)»
par Jean-François Tresensis, 1698.
Saint Félix était l'un des patrons de l'Ordre des Capucins. |
Les
tableaux de l'église Sainte-Croix (2/2).
---»» La première toile dont parle Charles
Marionneau en 1861 dans sa Description des œuvres
d'art des monuments de Bordeaux est Saint
Mommolin guérissant un possédé. L'historien rend
ainsi hommage au saint patron de la ville, illustre
membre des Bénédictins, mort en août 660 (643 ou 677
selon les sources). À son époque, le tableau n'était
pas attribué. Il l'est depuis au peintre Guillaume
Cureau, et daté de 1647. Un autre tableau qui mérite
un commentaire est l'Exaltation
de la croix. Son auteur, un certain A. Bourgneuff,
qui a signé son œuvre, est un peintre inconnu, contemporain
de Rubens et peut-être l'un de ses élèves (voir le commentaire
donné plus bas).
Notons encore une Vierge
adorant l'Enfant Jésus endormi (XVIIe siècle?) qui
offre un beau visage de Vierge couronnée. Un agrandissement
en est donné plus
bas.
Deux grandes toiles sont données ci-dessus. D'abord
une Assomption
de la Vierge au-dessus de son cercueil dont le vide
laisse les apôtres pantois. Puis un saint
Félix de Catalice enrichi de nombreux médaillons
illustrant les grands épisodes de sa vie.
Terminons cette courte liste en citant une Annonciation
datée de 1663 et attribuée à Abraham Hondyrs. Enfin
un Christ
en croix de Dubois, daté de 1674.
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LE COUP D'ŒIL
DE L'ARCHITECTE-ARCHÉOLOGUE : les différences entre les piles
nord et les piles sud |
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Pile NORD : base gothique sans rainure entre les tores. |
Pile NORD : chapiteau gothique avec tailloir à boules. |
|
Différences
entre le côté nord et le côté sud.
Lors du Congrès archéologique de France tenu à Bordeaux
en 1939, André Masson remarque des différences entre les bases
gothiques des piliers de la nef. «Au sud, écrit-il dans
son article, une scotie creuse une profonde rainure entre
le tore supérieur, très petit, et le tore inférieur, très
ample et débordant.» Ce que montre bien la photo de
droite.
En revanche, au nord (photo de gauche), il n'y a pas de rainure
entre les deux tores. André Masson en conclut que c'est là
l'indice de deux campagnes de construction entreprises
à l'occasion de la réfection des voûtes au XIIIe siècle.
Sur ces mêmes piliers, il observe aussi une différence dans
les tailloirs des chapiteaux gothiques. Des deux côtés, ils
sont à crosses et à feuillages, un type fort courant au XIIIe
siècle. Mais, au nord, la moulure inférieure est ornée de
grosses boules ; au sud, elle est laissée nue au profit d'une
rainure assez large et de deux minces tores.
Quel côté a précédé l'autre ? En analysant les parties gothiques
des bas-côtés, puis la présence de consoles
à tête humaine au sud, enfin en prenant en compte le style
plus avancé que représente l'absence de rainure à la base
gothique des piles, André Masson conclut que la première campagne
concerne le bas-côté sud et ses piliers. Seulement après vint
le côté nord.
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Pile SUD : base gothique avec une rainure entre les tores.
|
Pile SUD : chapiteau gothique avec tailloir simple. |
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Le bas-côté sud débouche sur la chapelle absidiale de la Vierge. |
«Saint Antoine du Désert et son cochon»
Auteur inconnu, XVIIIe siècle ? |
Le Christ désignant sa mère dans une mandorle, détail.
Vitrail du XIXe siècle.
Atelier Dagrant à Bordeaux ? |
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«Le Christ en croix avec la Vierge, sainte Madeleine et saint
Jean»
par Antoine-Benoît Dubois, 1674.
La toile est signée : Dubois fecit 1674. |
Chemin de croix, station 9 : Jésus tombe pour la troisième fois
Il y a 14 tableaux pour 14 stations.
Leur auteur est inconnu. Ils sont datés du milieu du
XIXe siècle. |
|
Au premier plan, la pile de séparation entre les deux voûtes
sexpartites du vaisseau
central est ornée d'un chapiteau roman et de plusieurs chapiteaux
gothiques.
Le nu de l'élévation est orné d'une suite de petits médaillons
d'apôtres. |
«Vierge adorant l'Enfant Jésus endormi»
Auteur anonyme, début du XVIIe siècle ?
Un gros plan de la Vierge est donné plus
bas. |
Les
bas-reliefs des apôtres dans le vaisseau central (2/2).
---»» Rappelons qu'au premier siècle, messagers
du christianisme naissant, les apôtres vont s'éparpiller
dans l'Empire et qu'ils devront lutter contre le paganisme
romain et l'opposition des Juifs de la Diaspora. Ce
ne sont pas là des hérésies. À cette époque, la première
«hérésie» est le gnosticisme. Le représenter
par un empereur à terre serait lui faire beaucoup d'honneur.
Contrairement à ce qu'écrit Viollet-le-Duc, il faut
plutôt voir dans ces figures couchées les symboles atemporels
des adversaires de l'Église.
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Chapiteau roman sur l'arc doubleau
entre les deux voûtes sexpartites. |
Bas-relief d'un apôtre dans le vaisseau central. |
Les
bas-reliefs des apôtres dans le vaisseau central (1/2).
Neuf bas-reliefs d'apôtres, chacun au centre d'un petit
médaillon, sont incrustés dans le nu de l'élévation
de la nef. Huit sont bien visibles au nord et au sud.
Pour voir le neuvième, note André Masson pour le Congrès
archéologique de France de 1939, il faut monter
à la tribune de l'orgue. Ces œuvres sont des répliques,
sans les inscriptions, des médaillons de l'abbaye de
la Sauve-Majeure.
En 1861, dans sa description des œuvres d'art dans les
édifices de Bordeaux,
Charles Marionneau s'étend sur ce sujet. Il cite les
observations faites par l'abbé Auber lors du Congrès
archéologique de France en cette même année de 1861.
Ces médaillons (qui seraient en fait au nombre de douze)
tiennent probablement ainsi la place de douze croix
de consécration que l'on peint généralement sur les
piliers ou sur les murs. Lors de la dédicace, des cierges
sont allumés devant ces croix. L'abbé Auber souligne
le côté aussi curieux qu'inusité de ces médaillons incrustés.
Dans les trois exemples donnés ici, on voit que l'apôtre
porte à la main gauche le modèle d'une petite église
fortifiée. À ses pieds gît un homme dont la tête porte
une couronne. Pour Charles Marionneau, il s'agit là
de la représentation de l'hérésie, autrefois triomphante,
et maintenant vaincue.
À ce sujet, rappelant une remarque de Viollet-le-Duc
dans son Dictionnaire raisonné, il écrit : «Cet
architecte érudit fait (...) observer que les apôtres
sont fréquemment supportés par de petites figures représentant
les personnages qui les ont persécutés, ou qui rappellent
des traits principaux de leur vie.» Il en déduit
curieusement que les personnages couchés pourraient
donc symboliser l'hérésie. ---»» Suite
2/2
|
|
Bas-relief d'un apôtre dans le vaisseau central. |
Bas-relief d'un apôtre dans le vaisseau central. |
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«Saint Benoit de Nursie»
XVIIe ou XVIIIe siècle. |
Clé de voûte dans le bas-côté nord :
un homme est accroché par les membres
aux quatre retombées de l'ogive. |
|
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Le bas-côté sud dans sa partie occidentale. |
Bas-relief Marie-Madeleine devant la croix.
Bas-relief du père Bonnard, Ordre des Feuillants.
Fin du XVIIIe siècle. |
«Saint Mommolin guérissant un possédé»
par Guillaume Cureau, 1647. |
Saint
Mommolin guérissant un possédé.
La toile de Guillaume Cureau, peinte en 1647, consacre
la renommée de ce moine de l'ordre de Saint-Benoît.
Mommolin, qui vivait au VIIe siècle, était abbé de Fleury-sur-Loire.
Il partit en Espagne vénérer le tombeau de saint Jacques
en Galice. Au retour, il s'arrêta à l'abbaye Sainte-Croix
de Bordeaux.
C'est là qu'épuisé il s'éteignit et fut inhumé. Plus
tard, une chapelle pour abriter son tombeau fut érigée
dans l'abbaye. Au XIIIe siècle, on créa une confrérie
pour perpétuer son culte. Elle comptait, rapporte Charles
Marionneau dans sa Description des œuvres d'art des
monuments de Bordeaux, «de hauts dignitaires
du clergé, de la noblesse et de la magistrature.»
Saint Mommolin était invoqué pour guérir les maladies
mentales. André Masson rapporte dans son article pour
le Congrès archéologique de France en 1939 :
«Les prières duraient onze jours et onze nuits.
Pendant ce temps, les fous robustes jeûnaient au pain
et à l'eau, les fous débiles pouvaient boire du vin
étendu d'eau, et les malades sans force étaient dispensés
de jeûne. Les fous furieux étaient attachés à des chaînes
fixées devant l'autel (...). Malgré cette précaution,
l'abbaye avait soin d'exiger une caution en vue des
dégâts qu'ils pourraient occasionner.»
|
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«Jésus guérissant le possédé de Gadara»
Copie vers 1822 d'un tableau de P.R.J. Quinsac Monvoisin
(1794-1870). |
«Saint François recevant les stigmates»
Reproduction d'un tableau de M. Monvoisin, de Bordeaux. |
|
Adam et Ève chassés
du Paradis terrestre.
Vitrail du XIXe siècle.
Atelier Dagrant à Bordeaux ? |
Console à tête humaine. |
|
Les
consoles à tête humaine.
Il y a quatre consoles à têtes humaines dans le bas-côté
sud ; deux ou trois dans le bras sud du transept. On
en voit aussi deux orner les piles qui soutiennent la
tribune occidentale.
Dans son article pour le Congrès archéologique de
France tenu à Bordeaux en 1939, André Masson cite
le travail de l'historien Alfred Leroux à propos de
ces têtes humaines.
Alfred Leroux (1855-1921), réputé à son époque pour
ses positions tranchées, s'est livré à une recherche
originale d'identification des personnages. Dans une
tête, révèle-t-il, c'est l'archevêque Geoffroi de Lorroux
sans mitre. Aucun doute : il a «l'aspect ecclésiastique»
! Dans une autre, Henri II Plantagenêt ; dans une troisième,
Aliénor d'Aquitaine ; et dans une quatrième, Louis VII,
roi de France et premier époux d'Aliénor, avec une paire
de corne au front.
André Masson regrette, non sans ironie, qu'Alfred Leroux
n'ait pas englobé les têtes du bras sud du transept
dans ses «commentaires ingénieux».
Revenant sur terre, André Masson, qui qualifie à bon
droit ces sculptures de «simple fantaisie»,
porte en revanche un jugement architectural de spécialiste
: ces têtes sont placées «aux points où
une colonne et des murs romans empêchaient l'architecte
de faire partir de fond des colonnes gothiques.»
Il y voit de précieux indices de tâtonnement que l'on
ne retrouve pas dans le bas-côté nord.
Si on y ajoute la différence observée dans les bases
gothiques des piliers nord et sud de la nef (voir plus
haut), il en conclut que les travaux de réfection
des voûtes au XIIIe siècle ont donné lieu à deux campagnes
de reconstruction : le sud d'abord ; le nord ensuite.
Source : Congrès archéologique
de France, CIIe session tenue à Bordeaux en 1939,
article sur l'église d'André Masson, éditions Picard,
1941.
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Console à tête humaine.
«Vierge adorant
l'Enfant Jésus endormi», détail ---»»»
Début du XVIIe siècle ? |
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Vitrail de saint Mommolin, détail. Atelier inconnu, XIXe siècle.
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La nef et le bas-côté nord. |
Apothéose de saint Augustin.
A. Gauthier, 1740. |
Clé de voûte dans le bas-côté sud avec fleur et têtes
d'anges. |
«Sainte Madeleine pénitente»
Fin du XVIIe ou début du XVIIIe siècle. |
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Le Baptême de Clovis, détail.
Vitrail du XIXe siècle. |
Le Baptême du Christ, détail.
Vitrail du XIXe siècle. |
Adam et Ève chassés du Paradis terrestre, détail.
Vitrail du XIXe siècle. |
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Le bas-côté nord débouche sur la chapelle absidiale dédiée au Sacré-Cœur.
À gauche, plongée dans la pénombre, la chapelle Saint-Mommolin est
datée du XVe siècle. |
Peintures murales de l'autel
de la chapelle Saint-Mommolin.
XVe siècle.
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Vitrail de saint Mommolin.
Atelier inconnu, XIXe siècle. |
Pile nord-ouest de la croisée
avec le Christ en croix. |
Vitrail de saint Mommolin, détail de la partie basse.
Atelier inconnu, XIXe siècle. |
Les
vitraux de l'église Sainte-Croix.
Dans les bas-côtés et les chapelles, on peut découvrir
quatre styles distincts. Seules deux sont signés.
Les trois
vitraux de la chapelle du Sacré-Cœur sont des créations
de Charles Champigneulle (fin du XIXe, début du XXe
siècle).
Dans la chapelle absidiale opposée, celle de la Vierge,
les trois
vitraux sont de l'atelier Charles Leprevost. Leur
style indique une datation similaire à celle des vitraux
de l'autre chapelle absidiale : fin du XIXe, début du
XXe siècle.
Dans sa Description des œuvres d'art des monuments
de Bordeaux, Charles Marionneau rapporte, en 1861,
que la chapelle de la Vierge est décorée, depuis 1860,
de deux vitraux de style moderne réalisés par l'atelier
J. Villiet : la Présentation de la sainte Vierge
(au Temple ?) et le Couronnement de la Vierge.
Ces vitraux ne sont plus en place.
Quel est l'atelier qui a réalisé les grandes
verrières des bas-côtés ? Aucune n'est signée. Une
petite scène historiée, dessinée à la façon du XIIIe
siècle, se trouve engoncée au milieu de feuillages,
de fleurs et d'animaux fantastiques. L'atelier Dagrant
de Bordeaux
savait réaliser ce genre de vitraux, mais était aussi
capable de produire des styles bien différents.
Un autre atelier inconnu a réalisé les cinq
vitraux du chœur. Leur style indique la fin du XIXe
siècle. On y découvre l'histoire légendaire de la vraie
croix en huit médaillons réunis par deux : depuis le
rameau donné à Seth par l'archange Michel jusqu'à l'entrée
de l'empereur Héraclius à Jérusalem en 629.
Dans la chapelle de la Vierge, le vitrail
central de la Vierge a été réalisé en 1921 par l'atelier
Feur, successeur de l'atelier Villiet.
Enfin, le très riche vitrail donné ci-contre à gauche,
à la gloire de saint Mommolin, et qui a été offert par
M. et Mme Gustave Lafaye à la fin du XIXe siècle, ne
contient pas de signature.
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TRANSEPT, CHŒUR
ET CHAPELLES ABSIDIALES |
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Le bras nord du transept et la chapelle absidiale nord dédiée au Sacré-Cœur. |
«Déploration»
Copie du XVIIIe siècle de la «Déploration» de Van Dyck.
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Enfeu de l'abbé Pierre de Sermet ( 1349).
Bras nord du transept, XIVe siècle. |
«Saint Michel terrassant le démon»
Toile inspirée de la gravure d'une composition
de Marten de Vos (1532, vers 1603)
Auteur anonyme.
Première moitié du XVIIe siècle ? |
Enfeu de l'abbé Pierre de Sermet ( 1349), détail. |
«Exaltation de la croix»
A. Bourgneuff, 1636. |
Le bras sud du transept vu depuis le bras nord. |
«Exaltation de la croix», détail par A. Bourgneuff, 1636.
Le peintre a placé Jérusalem au bord de la mer ! |
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VITRAUX DE LA CHAPELLE ABSIDIALE
NORD DU SACRÉ-CŒUR
Atelier Charles Champigneulle, seconde moitié du XIXe
siècle.
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La Nativité. |
La Crucifixion. |
La Cène. |
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«Exaltation de la croix» par A. Bourgneuff, 1636.
En 1861, dans sa Description des œuvres d'art des
monuments de Bordeaux, Charles Marionneau présente
ce tableau sous le titre Héraclius et le patriarche
Zacharie et l'accompagne d'un long commentaire :
En 615, le roi de Perse Khosroès envahit la Palestine.
Son armée brûle les églises, profane les lieux saints
et s'empare du tronçon de la vraie croix que l'impératrice
Hélène avait donné à la ville de Jérusalem. L'objet
sacré est emporté dans la cité ennemie de Tauris. Rome
guerroie contre la Perse pendant plusieurs années. La
paix est finalement conclue entre l'empereur romain
Héraclius, qui s'est distingué par quelques victoires,
et le successeur de Khosroès. La relique est rendue
à la ville sainte.
En 629, pour achever son triomphe, Héraclius organise
une cérémonie religieuse imposante à Jérusalem : il
entre dans la ville en portant lui-même la vraie croix
sur ses épaules.
Mais, dès les premiers pas, il se sent arrêté par une
main invisible. Le patriarche Zacharie, qui se tient
à ses côtés, lui fait remarquer que sa tenue impériale
est loin de correspondre à la tenue du Christ lors de
la Passion : des ornements impériaux contre une pauvre
tunique ; un riche diadème contre une couronne d'épines
; des chausses magnifiques contre des pieds nus.
Héraclius se dépouille aussitôt et peut alors entrer
sans encombre dans la ville en soutenant la croix du
Calvaire.
Notons que dans le tableau l'empereur et ses gardes
sont vêtus à l'antique. En revanche, le patriarche Zacharie
porte un habit d'évêque du XVIIe siècle.
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Au premier plan : le bras sud du transept et la croisée.
Au second plan (au-delà des deux piliers massifs) : le vaisseau
central et le bas-côté nord. |
«Noli me tangere»
Est-ce une copie de la toile de Barocci (1535-1612)
conservée à la Pinacothèque de Munich ? |
La Cène, détail.
Chapelle absidiale du Sacré-Cœur.
Atelier Charles Champigneulle,
seconde moitié du XIXe siècle.
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L'autel de messe dans la croisée
et le maître-autel dans le chur. |
Transept,
abside et chapelles orientales (2/2).
---»» Le plan
de l'église montre, à la voûte du bras sud du transept,
l'amorce d'une seconde voûte. En 1969, dans Guyenne
romane, Pierre Dubourg-Noves fait une analogie entre
Sainte-Croix et l'église romane Saint-Hilaire
de Poitiers,
analogie qu'il justifie par des causes historiques et
généalogiques relatives à la maison de Poitou. Ainsi,
le transept, selon lui, était à l'origine (au XIe siècle)
plus long : 48 mètres contre 32 mètres aujourd'hui.
Il a ensuite été raccourci au nord (vers la fin du XIIe
siècle), puis au sud.
Ce qui rejoint ce qu'écrivait en 1912 l'historien Jean-Auguste
Brutails dans Les Vieilles églises de la Gironde
: la voûte d'ogives incomplète au sud est le signe d'un
bras qui a dû être plus long. Brutails y suppose même
l'existence d'une tribune.
Entre-temps, en 1939, André Masson avait présenté une
autre version des faits : l'amorce de la seconde voûte
aurait résulté du souhait avorté d'un agrandissement
envisagé par le maître maçon du XIIIe siècle qui aurait
prévu de bâtir un croisillon sud à deux travées... L'archéologie
n'est pas une science exacte : il est difficile de prouver
qui a tort et qui a raison.
Les chapiteaux romans restent les éléments les plus
intéressants du transept. On y découvre trois scènes
historiées : Jésus
parmi les Docteurs ; Daniel
dans la fosse aux lions sauvé par Habacuc et le
Sacrifice
d'Abraham. Voir le commentaire plus
bas.
Les tableaux ne manquent pas dans le transept et les
chapelles. Comme ces dernières ne sont pas tangentes
à l'abside, il existe au nord et au sud une élévation
de jonction assez large pour y disposer deux grandes
toiles l'Exaltation
de la croix et la
Déploration, copie de la «Déploration» de Van Dyck.
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Transept,
abside et chapelles orientales (1/2).
De style roman et néo-roman, c'est l'endroit le plus
ancien de l'église. L'abbé Brun, en 1953 dans son ouvrage
sur les églises de Bordeaux,
n'hésite pas à écrire que «le transept et le chœur
sont fort beaux».
Le gros œuvre du transept date de la fin du XIe siècle
ou du début du XIIe. Au XIXe, il a reçu un placage dans
le goût roman comme on le voit dans l'abside (photo
ci-contre). Un placage que l'abbé Brun trouvait «magnifique».
En fait, il s'agissait, pour l'architecte Charles Burguet,
en charge des travaux, «d'effacer les traces des
remaniements du XVIIe et du XVIIIe siècle qui avaient
modifié l'aspect primitif au point qu'on ne pouvait
se rendre compte si l'abside était polygonale ou semi-circulaire»,
écrit André Masson pour le Congrès archéologique
de France en 1939.
Dans Guyenne romane (Zodiaque, 1969), l'historien
Pierre Dubourg-Noves précise que l'on ignore la forme
originelle de cette abside : «polygonale, comme
aujourd'hui ou semi-circulaire selon le tracé du cul-de-four.»
Burguet opta pour le polygone par analogie avec l'église
Saint-Sauveur
à Saint-Macaire dont l'abside est polygonale sur les
deux faces.
En 1912, dans son maître ouvrage Les vieilles églises
de la Gironde, Jean-Auguste Brutails précise la
nature de ce remaniement malheureux réalisé à l'âge
classique. Voulant imposer le goût de l'époque, on avait
«bouché les fenêtres, rasé les colonnes, les arcatures
et les cordons de moulures, et suspendu au-dessus du
chœur une coupole sur tambour.» Burguet dégagea
les fenêtres, ravala les colonnes à l'entrée du chœur,
rétablit les colonnes entre chœur et abside et fit poser
le beau placage roman qui est toujours en place.
---»» Suite 2/2
plus bas à gauche.
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La Cène dans le soubassement de l'autel de messe. |
L'autel
de messe.
Œuvre ancienne, le bas-relief du soubassement de cet
autel ornait autrefois l'autel de la chapelle Saint-Mommolin
qui se trouve dans le bas-côté nord. Il représente la
Cène.
Les historiens qui ont décrit les œuvres d'art de l'église
sont unanimes pour souligner son côté grossier. En 1861,
Charles Marionneau, dans sa Description des œuvres
d'art des monuments de Bordeaux, le qualifie de
«travail lourd et inhabile».
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La Cène dans le soubassement de l'autel de messe, détail. |
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Vitrail du chœur, XIXe siècle.
Scènes de l'Histoire de la Vraie Croix.
Médaillon du haut :
Comment le rameau étant devenu un très
bel arbre, Salomon le fit couper pour
l'employer dans la construction du temple.
Médaillon du bas :
Comment le bois servit de pont et
comment la reine de Saba refusa
de marcher dessus.
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Les
vitraux du chœur et la Légende de la vraie croix.
Si l'atelier de création de ces vitraux est inconnu
(aucun vitrail n'est signé), la signification des scènes
historiées est en revanche très claire puisque chaque
scène est accompagnée d'un petit texte.
La Légende de la vraie croix est ainsi illustrée des
textes suivants :
1) Comment l'archange Michel donna à Seth le rameau
de l'Arbre de vie pour planter sur la tombe d'Adam ;
2) Comment Adam étant mort, Seth planta le rameau
du paradis terrestre sur sa tombe ;
3) Comment le rameau étant devenu un très bel arbre,
Salomon le fit couper pour l'employer dans la construction
du temple ;
4) Comment le bois servit de pont et comment la reine
de Saba refusa de marcher dessus ;
5) Comment le bois surnagea dans la piscine au temps
de la Passion et fut employé à faire la croix de Notre
Seigneur ;
6) Comment Sainte Hélène reconnut par la résurrection
d'un mort la vraie croix de Notre Seigneur ;
7) Comment l'empereur Constantin vit en songe une
croix merveilleuse qui lui promit la victoire ;
8) Comment l'empereur Héraclius entra à Jérusalem
portant la Sainte Croix de Notre Seigneur.
À ces huit saynètes réunies dans quatre vitraux, il
faut ajouter le vitrail central de l'abside : une Crucifixion
(donnée ci-contre à droite) enrichie de sainte Jeanne
de France et de saint Louis.
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«««---
Vue partielle du maître-autel en marbre.
Selon Charles Marionneau (Description des œuvres
d'art des monuments de Bordeaux, 1861),
il s'agit d'un travail italien du XVIIIe siècle. |
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Vitrail central du chœur, XIXe siècle.
La Crucifixion
avec sainte Jeanne de France et saint Louis. |
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La croisée du transept à gauche (avec l'autel de messe) et le début
du bas-côté nord à droite. |
Vitrail du chœur, XIXe siècle.
Scènes de l'histoire de la Vraie Croix.
Médaillon du bas :
Comment le bois surnagea dans la piscine
au temps de la Passion et fut employé
à faire la croix de Notre Seigneur.
Médaillon du haut :
Comment sainte Hélène reconnut
par la résurrection d'un mort
la vraie Croix de Notre Seigneur.
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«L'Annonciation»
Tableau attribué à Abraham Hondius (ou Hondyrs), 1663. |
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Vitrail du chœur, XIXe siècle.
Scènes de l'histoire de la Vraie Croix.
Médaillon du haut :
Comment l'archange Michel donna
à Seth le rameau de l'Arbre de vie
pour planter sur la tombe d'Adam.
Médaillon du bas :
Comment Adam étant mort, Seth planta
le rameau du paradis terrestre sur sa tombe. |
«««---
«L'Annonciation», détail :
l'archange Gabriel.
Abraham Hondius, 1663. |
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Le vaisseau central et son élévation nord.
À l'arrière-plan : le bas-côté nord. |
La retombée des ogives sur les piles nord et sud de la croisée
est ornée de multiples chapiteaux où le roman voisine avec
le gothique.
On reconnaît à droite le chapiteau roman Daniel dans la fosse aux
Lions . |
«L'Assomption»
Tableau inspiré de plusieurs Assomptions de Rubens.
Seconde moitié XVIIe siècle. |
«La Présentation de la Vierge au temple»
Auteur anonyme.
Seconde moitié du XVIIe siècle ou début du XVIIIe. |
Médaillon
du haut ---»»»
Comment l'empereur Constantin vit en songe
une croix merveilleuse qui lui promit la victoire. |
Médaillon
du bas ---»»»
Comment l'empereur Héraclius entra à Jérusalem
portant la Sainte Croix de Notre Seigneur. |
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Chapelle absidiale sud dédiée à la Vierge. |
«Descente de croix»
Tableau d'un auteur anonyme.
Fin du XVIIe siècle ou début du XVIIIe. |
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Vitrail du chœur, XIXe siècle.
Scènes de l'histoire de la Vraie Croix. |
La Vierge à l'Enfant écrasant le serpent.
Chapelle absidiale sud.
XIXe siècle ? |
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«L'Immaculée Conception»
Copie d'un tableau de Murillo faite vers le milieu du XIXe siècle.
Ex-voto offert par Mme Duprat et ses enfants en gage de reconnaissance.
L'église Sainte-Croix abritait une confrérie de mariniers. |
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LES CHAPITEAUX
ROMANS DE L'ÉGLISE SAINTE-CROIX |
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Jésus parmi les docteurs de la Loi avec Marie et Joseph sur
la gauche.
Chapiteau roman ornant la pile nord-est de la croisée. |
Les
chapiteaux romans de l'église Sainte-Croix, XIIe siècle
(2/2).
---»» Le septième jour, le roi vient voir
la fosse et, y découvrant Daniel assis, proclame la
grandeur de son Dieu. Ceux qui ont voulu la perte de
Daniel sont jetés dans la fosse à sa place et y sont
dévorés (Livre de Daniel, 14, 1-42).
Le chapiteau roman représente Daniel léché, à gauche,
par deux fauves (le sculpteur n'a sans doute jamais
vu de lion), tandis que, au côté opposé, Habacuc est
survolé par un ange. Daniel dans la fosse aux lions
est un thème très fréquent dans les chapiteaux romans,
mais il s'agit souvent d'illustrer le premier épisode
de la fosse. Le second, avec Habacuc, est plus rare.
Le troisième chapiteau roman présentant un thème historié
est le Sacrifice
d'Abraham. Malheureusement, sa partie gauche est
très dégradée. La partie droite, avec l'ange qui présente
l'agneau du sacrifice, est mieux conservée. On voit
Isaac allongé sur une table d'autel supportée par cinq
arcs en plein cintre. Le grand aigle au-dessus d'Isaac
n'a pas sa place dans cette histoire biblique. André
Masson (Congrès archéologique de France, 1939)
confie à ce sujet : «Sans doute la scène du Sacrifice
d'Abraham a-t-elle été mutilée lors de la réfection
des voûtes et l'architecte du XIIIe siècle a-t-il remployé
un fragment d'un autre chapiteau démoli.»
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Le sacrifice d'Abraham.
Chapiteau roman dans le bras sud du transept. |
Chapiteau roman ornant la pile sud à la séparation des deux
voûtes sexpartites. |
Détail du chapiteau
roman du-dessus. ---»»» |
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Les
chapiteaux romans de l'église Sainte-Croix, XIIe siècle
(1/2).
Les chapiteaux romans historiés se trouvent dans le
transept et la croisée, deux endroits qui ont gardé
en bonne partie leur aspect roman. Un autre chapiteau,
qui présente deux lions affrontés, se trouve dans la
nef, au sud, à la base de l'arc doubleau qui sépare
les deux voûtes sexpartites. Enfin, un dernier
chapiteau montre des entrelacs d'oiseaux et d'animaux.
Le chapiteau ci-contre, Jésus parmi les docteurs
de la loi, traite un thème iconographique assez
rare dans la sculpture romane. Au centre, Jésus, nimbé
et assis sur un siège, dans une attitude contorsionnée,
lève la main droite vers le docteur de la Loi avec lequel
il s'entretient. En même temps, il se tourne vers Marie
et Joseph, nimbés eux aussi. Derrière le docteur de
la Loi se tient un autre personnage qui porte deux rouleaux
dans ses mains.
Ci-dessous, le chapiteau illustrant Daniel dans la
fosse aux lions aidé par Habacuc appelle un commentaire.
En Perse, le prophète Daniel est ministre chargé de
surveiller la gestion des satrapes. Il est jeté dans
la fosse aux lions à deux reprises.
La première fois, Darius Ier étant empereur de Perse,
sa faute est d'avoir continué à prier le Dieu d'Israël
alors que ses ennemis avait fait signer à Darius une
loi qui l'interdisait. Jeté dans la fosse, les lions
ne le touchent pas ; il survit une journée et une nuit.
Darius l'en tire au petit matin. Ses accusateurs avec
femmes et enfants y sont jetés à leur tour et sont immédiatement
dévorés (Livre de Daniel, 6, 1-29).
La seconde histoire est tirée des Récits ou Suppléments
grecs du Livre de Daniel. Cette fois, le roi est
Cyrus de Perse. Et le peuple adore un serpent. Daniel,
pour montrer au roi l'inanité de ce culte, fait mourir
le reptile en lui offrant des galettes de poix, de graisse
et de poils. Menacé par les Babyloniens scandalisés,
Cyrus fait jeter Daniel dans la fosse aux lions. Il
y est laissé six jours... avec les sept fauves qui s'y
trouvent. Pour nourrir les lions, on a l'habitude de
leur donner chaque jour deux corps humains et deux moutons.
Mais pour être sûrs qu'ils dévorent Daniel, on ne leur
donne plus rien.
C'est alors qu'intervient Habacuc, prophète en Judée.
Habacuc vient de faire cuire de la nourriture quand
un ange lui apparait. Ce dernier lui dit que le repas
est pour Daniel et qu'il faut le porter à Babylone.
L'ange l'y transporte ; la nourriture est jetée dans
la fosse. ---»» Suite 2/2
à gauche.
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Daniel dans la fosse aux lions sauvé par Habacuc.
Chapiteau roman ornant la pile sud-est de la croisée. |
Chapiteau roman avec entrelacs, oiseaux et animaux
sur la pile nord-ouest de la croisée. |
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L'orgue de tribune de dom Bedos de Celles.
Gros plan sur la ferronnerie
du garde-corps de la tribune. ---»»» |
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L'orgue
de dom Bedos de Celles.
L'église Sainte-Croix possède un orgue de réputation
internationale appelé orgue Dom Bedos.
Ce moine bénédictin de la congrégation de Saint-Maur
fait construire en 1748 un grand orgue dit de «Trente-deux
pieds», l'un des plus considérables du royaume.
Au début du XIXe siècle, la partie instrumentale est
transférée à la cathédrale Saint-André.
Il faudra attendre l'année 1970 pour qu'elle reprenne
le chemin de Sainte-Croix. Elle y sera entreposée en
vue de sa reconstruction à l'identique.
Les travaux, menés par le facteur Pascal Quoirin, débutent
en 1984. Douze ans seront nécessaires pour restaurer
cet orgue monumental qui sera réinstallé dans son buffet
d'origine dont on récupérera aussi la polychromie du
XVIIIe siècle. L’inauguration de l’orgue Dom Bedos aura
lieu en mai 1997.
En 1952, l'abbé Brun, dans Les églises de Bordeaux,
écrit que buffet d'orgue est du Toulousain Micol et
qu'il provient de la
Réole.
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Bas-relief à thème floral avec instruments de musique.
Écoinçon de la tribune de l'orgue. |
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La nef et l'orgue de tribune vus depuis la croisée du transept. |
Documentation : «Guyenne romane»,
Zodiaque, la Nuit des temps, 1969
+ «Aquitaine gothique» de Jacques Gardelles, éditions
Picard, 1992
+ «Les églises de Bordeaux» de l'abbé Pierre Brun, éditions
Delmas, 1953
+ «Congrès archéologique de France, CIIe session tenue à Bordeaux
en 1939», article sur Sainte-Croix d'André Masson, éditions
Picard, 1941
+ «Bordeaux, le temps de l'histoire, Architecture et
urbanisme au XIXe siècle (1800-1914)» de Robert Coustet et Marc
Saboya, éditions Mollat, 1999
+ «Les vieilles églises de la Gironde» de Jean-Auguste
Brutails, Feret et Fils, Libraires-Éditeurs, 1912
+«Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics
de Bordeaux» de Charles Marionneau, 1861
+ «Histoire du vandalisme» de Louis Réau, éditions Robert
Laffont, 1994
+ «L'Art religieux au XIIe siècle en France» par
Émile Mâle, Librairie Armand Colin, éditions de 1953. |
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