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À Châtillon-sur-Indre, la
collégiale romane Saint-Outrille aurait été
fondée au Xe ou au XIe siècle pour accueillir les
reliques du saint. La construction de l'église actuelle commence
dans le dernier quart du XIe siècle (chur, abside)
et se poursuit au XIIe (transept, absidioles). Qui étaient
ses commanditaires? Selon les historiens, vraisemblablement les
Plantagenêt, comtes d'Anjou et suzerains de Châtillon
jusqu'en 1205. Au cours du XIIe siècle, le projet initial
se vit transformé, la nef fut rehaussée et élargie
par l'adjonction d'étroits
collatéraux. Une chapelle
latérale (qui demeure la seule) fut construite au XVe
siècle en style gothique. C'est aussi en gothique que nous
apparaît la croisée du transept. Tout le reste est
en roman. Au XIXe siècle, les campagnes de restauration se
sont succédé. Loin d'être toujours respectueuses
du passé, elles ont néanmoins permis à l'essentiel
du remarquable décor sculpté de la collégiale
d'arriver jusqu'à nous.
L'église Saint-Outrille perdit son appellation et devint
Notre-Dame avant la Révolution. En 1791, elle devint église
paroissiale et fut réquisitionnée pour un curé constitutionnel.
En 1862, elle fut classée Monument Historique.
À part quelques statues anciennes, l'église Notre-Dame
regorge de très beaux chapiteaux
romans historiés ou à motifs floraux, que ce soit
à l'intérieur ou à l'extérieur. Cette
page en donne un très large aperçu.
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Vue d'ensemble de la nef de l'église Notre-Dame
L'église a une voûte très haute et des chapiteaux
élevés que l'on observe mieux avec une paire de jumelles.
Vers la croisée du transept, la nef s'élève à
15,50m. En arrivant vers la façade ouest, elle s'élève
à 17m : la brisure des arcs doubleaux s'accentue. |
Vue de l'église depuis le donjon
médiéval |
La façade ouest et le côté sud |
Le transept sud et le chevet |
Porte romane sur le côté nord |
Pignon
sud du transept. La sculpture romane ci-contre
participe de l'édification morale de son époque.
On y voit, à gauche, un épisode de la
vie de saint Outrille. À droite, des méchants
sont précipités par des diables dans la
gueule d'un léviathan aux dents bien pointues.
La hauteur où a été placée
cette sculpture signifie sans doute qu'elle provient
d'un édifice antérieur.
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Sculpture du pignon sud du transept
Le Christ en majesté entre deux anges |
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Partie supérieure du transept sud et ses fenêtres
romanes |
Sculpture romane historiée dans le pignon sud du transept
(voir le commentaire à gauche)
Le bloc sculpté dont elle fait partie vient certainement
d'un édifice antérieur. |
Modillons romans sur le côté sud |
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Le portail central de la façade ouest |
Le
portail central. Restauré en 2002
et 2006, il abonde en thèmes iconographiques.
L'étendue de son bestiaire roman est impressionnant
: oiseaux, monstres, griffons, dragons, etc. Si on leur
ajoute les anges et les sirènes, rien n'y manque.
Sur le chapiteau de droite (voir en haut), on découvre
Adam et Ève chassés du jardin d'Éden.
Sur la photo ci-dessus, on aperçoit, à
droite et à gauche, d'étranges départs
d'arcs qui semblent soit cassés, soit jamais
prolongés. Il doit s'agir des arcs d'un narthex...
qui n'a peut-être jamais été construit.
Quant au portail
sud, il est surmonté à droite d'un
fragment d'inscription latine qui évoque la collégiale
Saint-Outrille : «sic Austregisilus Frivola de
demone mu...» (Outrille délivra Frivola
d'un démon). Là aussi, il doit s'agir
d'un fragment d'une église antérieure.
Il évoque un miracle d'Outrille qui aurait eu
lieu, selon la tradition, dans la petite ville voisine
de Bridoré.
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Série de sculptures romanes à la droite du portail
central
Premier chapiteau : Adam et Ève chassés du jardin
d'Éden |
Série de sculptures romanes à la gauche du portail
central |
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Grandes élévations de la nef vers la façade
ouest
Du côté de la façade ouest, la nef culmine
à 17 mètres. |
Arbre de Jessé : Jessé couché
(Atelier Lobin, Tours, fin XIXe siècle) |
Cloche fondue en 1772 et seule rescapée de la Révolution
Gravement endommagée par les bombardements de juin 1940,
elle s'est tue définitivement. |
Arcades dans la nef
Nous sommes ici près de la façade ouest. Si le
style roman prévaut
vers le transept, les arcades de la nef s'orientent plus
vers le gothique primitif quand on approche de la partie ouest. |
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Chapelle du baptistère ou des Sorbiers (XVe siècle)
Seule chapelle latérale de l'église, elle est
en style gothique. |
L'impressionnant collatéral droit. Le collatéral
gauche est du même style. |
Tableau dans la nef (XVIIIe siècle?) |
Une sirène sur un cul-de-lampe de la nef |
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Le
renouveau du vitrail au XIXe siècle.
Le XVIIIe siècle n'a pas été propice
à l'art du vitrail : il resta en sommeil. Au
début du XIXe, grâce à des hommes
comme Alexandre Brongniart, le très actif directeur
de la Manufacture
de porcelaine de Sèvres de 1800 à
1847, cet art se mit à revivre. Brongniart fit
créer pour la chapelle
royale de Dreux une verrière originale qui
contribua, avec d'autres uvres, à relancer
l'intérêt des érudits et des amateurs
d'art pour le vitrail. Cet intérêt artistique
retrouvé s'engloba dans un renouveau général
des arts religieux.
Peintres et maîtres-verriers fondèrent
des ateliers à Paris, Tours, Bourges, Chartres,
Toulouse, Grenoble, partout où de grandes cathédrales
pouvaient les inspirer. L'objectif premier était
de tenter de recréer des vitraux à la
manière des maîtres du Moyen Âge
et de la Renaissance, vitraux appelés «archéologiques»
par certains érudits, plutôt que «néoromans»
ou «néogothiques». Grâce à
sa position centrée dans l'Hexagone, l'Indre
allait accueillir des peintres venus de la France entière.
Le chantier qui s'offrait aux ateliers était
énorme. La mémoire de la technicité
avait disparu. Il leur fallut se lancer dans de multiples
essais pour maîtriser les cuissons, retrouver
les couleurs (notamment les nuances de bleu et de pourpre),
et, plus important encore, essayer de comprendre la
symbolique des vitraux médiévaux. La maîtrise
de la technique revint, mais la symbolique fit naître
beaucoup de questions. Ce n'est qu'au début du
XXe siècle que sa compréhension parut
enfin maîtrisée. Encore que certaines énigmes
subsistaient. Par exemple, il fallut attendre l'année
1940 et l'ouvrage «Le Bestiaire du Christ»
de Louis Charbonneau-Lassay pour comprendre le pélican,
un oiseau qui personnifie le Christ. Jésus a
donné son sang pour sauver l'humanité
comme cet oiseau au long bec perce sa propre chair -
du moins le croyait-on - pour laisser ses petits se
nourrir de son propre sang!
Les vitraux des cathédrales de Tours, Bourges
et Chartres ont beaucoup servi dans ces recherches de
technique et de symbolique. Une question se posait aux
ateliers du XIXe siècle : fallait-il copier ou
imiter? Copier les grands vitraux des cathédrales
pour les replacer dans les verrières plus petites
des églises des bourgs et des villages nécessitait
de revoir l'échelle des peintures... au risque
de casser la cohérence des uvres. Quant
à l'imitation, elle se heurtait, comme on l'a
vu plus haut, à l'incompréhension de la
pensée médiévale et de sa symbolique
religieuse. La création des vitraux «archéologiques»
en pâtit, même au sein des meilleurs ateliers,
comme celui de Lobin à Tours.
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Arbre de Jessé : le roi David jouant de la lyre
(Atelier Lobin, Tours, fin du XIXe siècle) |
Arbre de Jessé : Marie tenant l'Enfant
(Atelier Lobin, Tours, fin du XIXe siècle) |
C'est dans ce contexte artistique
que s'insèrent les vitraux
de Notre-Dame de Châtillon-sur-Indre.
En 1872, l'abbé Lenoir est affecté à
l'église de Châtillon. C'est un homme cultivé,
amateur de beaux vitraux. Il constate que son église
a besoin d'être restaurée. Alors il se
met à l'ouvrage. Et bientôt une sacristie
est construite avec sa verrière. Les sources
nous rapportent qu'un architecte le mit en garde, en
1877, avant la venue de l'inspecteur Bswilwald
dans son église romane : il ne fallait pas montrer
la sacristie à l'inspecteur de peur de susciter
ses reproches car une commune qui n'a pas de ressources
ne doit pas dépenser son argent en vitraux! L'année
1905 et sa célèbre loi seront pour le
siècle suivant. Pour l'heure, c'était
encore l'État républicain qui distribuait
les fonds.
Néanmoins l'abbé poursuivit ses projets
de verrière dans son église et fit appel
à l'atelier de Lucien-Léopold Lobin à
Tours, atelier à la pointe de la création
«archéologique». Pour
l'Arbre de Jessé de la façade, l'abbé
prit pour modèle celui de la cathédrale
de Chartres (celle de Bourges n'en a pas). À
cause d'un manque évident de place, il le simplifia.
Exit les quatre prophètes logés dans les
bordures de l'Arbre chartrain. Lenoir en fit représenter
deux (Isaïe et Aaron)
dans les baies latérales de la nef. Pour l'Arbre
lui-même, il retint ce qu'on pourrait appeler
le minimum : un Jessé
couché, puis David, Salomon et la Vierge
tenant l'Enfant. Le roi David joue de la lyre, Salomon
(voir en bas à gauche) porte son sceptre et son
temple. Pour Isaïe et Aaron, en revanche, Lenoir
s'inspira des vitraux de Bourges.
Pour la petite histoire, le texte (parfois intelligemment
remanié) des phylactères portés
par ces deux prophètes - et qui suivent bien
évidemment les directives de l'abbé Lenoir
- nous apporte la preuve d'un prélat d'une très
grande culture et d'une profonde spiritualité.
De la même façon, dans l'Arbre de Jessé,
Marie porte une forme ronde et jaune dans sa main gauche
(voir ci-contre). Est-ce un rappel de la fameuse pomme
qui mit fin au jardin d'Éden? Est-ce le pain
eucharistique?, s'interrogent les spécialistes.
On remarque enfin que Marie est entourée de sept
colombes (les sept dons du Saint-Esprit). Dans l'Arbre
de Jessé de la cathédrale de Chartres,
dans le fleuron terminal, c'est le Christ qui a ce privilège.
Voir les explications sur l'Arbre de Jessé à
la cathédrale Saint- Denis près de Paris.
Source : «Éclats de la lumière,
Vitraux de l'Indre», Éditeurs : Rencontre
avec le Patrimoine religieux et Conseil général
de l'Indre, ISBN : 2-911948-26-2.
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Arbre de Jessé : le roi Salomon représenté avec
son sceptre et son temple
Atelier Lobin à Tours (fin du XIXe siècle) |
Tableau «Le baptême de Jésus» (auteur inconnu) |
La voûte et ses arcs doubleaux |
Chapiteau : Lazare et le mauvais riche
Le mauvais riche, assailli par les démons et assoiffé,
s'adresse à Abraham qui tient l'âme de Lazare |
Calvaire en vitrine : Statue de la Vierge
Bois, XVe siècle? |
Vitrail. Les archanges saint Michel et saint Raphaël
(Atelier Lobin, Tours)
C'est vers 1880 que Mgr P.-M. Lenoir, curé de Châtillon
de
1872 à 1907, a fait décorer son église par l'atelier
Lobin. |
Chapiteau : Combat d'êtres fabuleux |
Chapiteau : Les centaures |
Chapiteau : Daniel dans la fosse aux lions |
Chapiteau : Visite au Saint Sépulcre |
Deux chapiteaux : Visite au Saint-Sépulcre et le montreur de
singe |
Chapiteau : Combat d'animaux fabuleux |
Chapiteau : Feuillage et têtes humaines |
Chapiteau : Feuillages et fruits stylisés |
Chapiteau : Feuillage avec bonhomme à barbe longue |
Statue Vierge à l'Enfant
(Bois noir, fin XVIe siècle, début XVIIe) |
Les chapiteaux.
Vers le chur, les absidioles et le transept ils sont
typiques du style roman par leurs scènes historiées.
En arrivant vers la façade ouest, où l'art gothique
commence à percer, les chapiteaux se banalisent. Ils
montrent des archanges, des monstres, des dragons dans un
abondant décor floral.
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Statue Vierge à l'Enfant
(Bois noir, fin XVIe siècle, début XVIIe)
Les visages |
Chapiteau à scène historiée : «C'est ainsi
qu'Outrille devint évêque» |
Le chur, les stalles et l'absidiole droite
(Fin du XIe siècle et début du XIIe) |
Statue de saint Pierre
dans le transept |
Le chur et les stalles du XVIIe siècle |
Vitrail : Aaron (Lobin, Tours) |
Les stalles : Animal fabuleux à tête de femme |
Les stalles : tête sculptée |
Les stalles : tête d'ange |
Statue : Le Christ Rédempteur |
Vitrail, atelier Lobin
Scènes de la vie de Jésus
Chapelle absidiale gauche |
«Notre-Dame de Châtillon»
Pierre polychrome, XVIIIe siècle
Chapelle absidiale gauche
À DROITE ---»»»
Clé de voûte à la croisée du transept
Agnus Dei |
La voûte à la croisée du transept
La croisée culmine à 20 mètres. |
Élévations de la nef au niveau du chur
et des premières travées |
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Le chur et l'abside surmontée d'une voûte en cul-de-four
(Fin du XIe siècle et début du XIIe)
Remarquable architecture romane sur les fenêtres à multi-colonnettes
surmontées d'arcs à ressauts formés de trois
rouleaux. |
Vitrail central du chur
Atelier Lobin, Tours, fin du XIXe siècle
Scènes de la vie de la Vierge |
L'autel de la chapelle absidiale gauche
Vraisemblablement du XIXe siècle |
Vitrail central du chur
Partie supérieure : «le Couronnement de la Vierge»
Atelier Lobin, Tours, fin du XIXe siècle |
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Chapelle absidiale droite
(Fin du XIe siècle et début du XIIe) |
Chapelle absidiale gauche
(Fin du XIe siècle et début du XIIe), À
gauche, l'orgue de chur |
Vitrail gauche du chur
Scènes de la vie de la Vierge
Atelier Lobin, Tours, fin du XIXe siècle |
Vitrail droite du chur
Scènes de la vie de la Vierge
Atelier Lobin, Tours, fin du XIXe siècle |
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Le maître-autel du XVIIIe siècle
dans son environnement roman des XIe et XIIe siècles |
La nef vue depuis le chur |
Documentation : Brochures «Châtillon-sur-Indre,
la Collégiale» et le «Circuit touristique»
disponibles à l'Office de Tourisme |
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