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Page créée en déc. 2024
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Saint Martin dans un vitrail d'Henri Chabin, détail

Une seigneurie existait à Bièvres au XIIe siècle. Le château possédait une chapelle, centre d'une paroisse. Au cours de ce même siècle, Louis VI réunit la paroisse au domaine royal. En 1377, la seigneurie est vendue à Pierre de Chevreuse, conseiller financier de Charles V. C'est probablement à cette époque qu'une nouvelle église a été construite à côté de la précédente et réutilisant son clocher, la population étant évaluée à cinq cents habitants.
Cette église du XIVe siècle sort très dégradée de la guerre de Cent Ans. Comme dans les villages voisins, le nombre de feux (familles) a énormément chuté : d'une centaine au début de la guerre, il est réduit à trois en 1459.
Toutefois, dès la fin du XVe siècle, selon les rapports d'inspection de l'époque, l'église semble pour l'essentiel réparée, voire agrandie, relate Michèle Brossard dans la brochure sur l'église éditée par les Archives Vivantes. Toiture et charpente sont refaites vers 1507-1509. Le clocher est surhaussé. Le financement des travaux vient très probablement de la famille de Chevreuse, toujours propriétaire de la seigneurie. Après vente et héritage, Charles de Dormans devient le nouveau seigneur de Bièvres et, pour ce fief, prête hommage au roi François Ier en 1542. Bièvres changera encore de seigneur en 1689 et 1712. La Révolution confisquera tout.
Notons que la brochure de l'Inventaire Général sur le canton de Bièvres mentionne que l'église Saint-Martin a été relevée de ses ruines en 1570 après un incendie. C'est sans doute pourquoi elle est en général présentée comme un édifice du XVIe siècle. Lors de ses recherches dans les archives, Michèle Brossard n'a trouvé aucune trace de ces faits.
À la Révolution, l'église resta propriété de la commune et servit de lieu d'assemblée. Mais le culte fut maintenu jusqu'à la Terreur de 1793, le curé ayant prêté serment à la Constitution. En 1795, ce dernier reprit possession de son église.
Pendant l'occupation prussienne, l'édifice est fermé au culte, puis sert d'écurie à quinze mille Saxons arrivés à Bièvres. «Les aumoniers catholiques bavarois, écrit Michèle Brossard, faisaient les offices sur un autel portatif devant la croix de pierre sur la place de l'église.»
À la fin du XIXe siècle, des legs et de nombreux dons permettent la restauration de l'édifice avec l'installation de vitraux et de tableaux. Une chapelle de la Vierge et une sacristie (depuis démolie) sont ajoutées vers 1875. Façade et porche sont également refaits. Enfin, en 1965, à la suite du Concile Vatican II, le curé en fonction dépouille l'église d'une bonne partie de ses ornements, ce qui aboutit à l'édifice actuel.
La dédicace de l'église semble poser question. Les archives montrent qu'elle est dédiée à saint Martin depuis le XVe siècle. Mais une plaque dans le chœur indique qu'elle a été dédiée le 2 juillet 1536 «sous les vocables des saints martyrs Laurent et Priest». De sorte que l'église a en fait trois saints patrons, chacun figuré dans un vitrail.

La Charité de saint Martin, détail (atelier inconnu)

L'église Saint-Martin de Bièvres vue depuis l'entrée.
Les ornementations de la charpente constituent une curiosité rare en Ile-de-France.
ASPECT EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

La façade de l'église est une reconstruction du XIXe siècle.
Le clocher, dont la partie basse remonte au XIIe sècle ou au début du XIIIe,
est indépendant de l'église bâtie au XIVe siècle.

Cloche sur le toit.

Architecture extérieure.
Le clocher est indépendant de l'église. Sa partie basse remonte au XIIe siècle ou au début du XIIIe. L'édifice, probablement construit au XIVe, présente une façade restaurée vers la fin du XIXe.
Avec elle, un nouveau porche, plus simple que le précédent qui datait du XVIe, a été bâti selon la mode Renaissance. Sur la façade, le trio de fenêtres, qui abrite des vitraux en grisaille, est surmonté d'un étonnant remplage gothique percé d'une horloge.
Cette horloge, installée en 1859, remplace la précédente qui était située sur le clocher. (L'irrégularité de la pierre sous la double fenêtre au nord, trahit son ancienne présence.) ---»» suite ci-contre.


Le côté nord de l'église.
Le beffroi à cloches a été bâti en 1755.

---»» À propos de la nouvelle horloge, Michèle Brossard souligne avec humour un extrait d'une délibération du Conseil municipal en 1859 : elle «sera placée sur la face de l'église au-dessus du portail et ne permettra plus aux ouvriers de confondre les heures de travail et de repos» !
L'église possède quatre cloches : trois dans le clocher ; la quatrième, sur le toit de l'église, est reliée au mécanisme de l'horloge. L'installer dans le clocher n'était pas possible car ce dernier est trop éloigné de la façade.
Source : Église Saint-Martin de Bièvres de Michèle Brossard (collection Archives Vivantes).

LA NEF DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN

La nef de l'église Saint-Martin et son élévation sud.
Jusqu'à 1965 et le dépouillement de l'église après Vatican II, des colonnettes fasciculées encadraient
les bords verticaux des niches, qu'elles reçoivent des vitraux ou des statues.

Plan de l'église Saint-Martin.

Architecture intérieure.
L'église est un vaisseau simple, d'une seule nef, sans bas-côté ni transept. Sur le côté nord, la chapelle de la Vierge a été bâtie vers 1875. Le clocher, qui vient de la construction de l'édifice du XIIe siècle, est totalement indépendant du reste.


Le baptistère et sa cuve
en marbre rouge du XVIIIe siècle.


«Le Baptême du Christ» (posé en 1939).
Vitrail du peintre verrier versaillais Henri Ripeau.


Chemin de croix, station XIV :
Jésus est mis au tombeau.

Le Chemin de croix.
Il date de la fin du XIXe siècle. Les dessins sont peints en camaïeu de grisaille et de sanguine sur des plaques d'émail bleu.
Cette production sulpicienne permettait aux petites paroisses d'acquérir un Chemin de croix pour un prix modique.


Une statue de Jeanne d'Arc surmonte la plaque
en mémoire des soldats morts pour la France.
La statue a été offerte à l'église par les paroissiens en 1914.

«La Bénédiction de sainte Geneviève par saint Germain»
Tableau de Louise Desnos, 1842.
Ce tableau était initialement à l'église Saint-Sulpice à Paris.

Tableau sur la tribune ouest : «Le Golgotha» par Michel Jouenne (XXe siècle).

Une sainte tenant la palme du martyre.

Saint Fiacre.

Les vitraux de l'église Saint-Martin.
On ne connaît pas la teneur des vitraux d'avant le XIXe siècle. Toujours est-il que la guerre de 1870 et l'occupation prussienne semblent leur avoir été fatales. Une première donation intervient dès 1871. Elle aboutit à la pose de quatre vitraux en 1879, dont les saint Paul et saint Laurent réalisés par l'atelier parisien d'Henri Chabin.
En 1882, une nouvelle donation conduit à la création du vitrail illustrant l'Éducation de la Vierge sur le côté nord.
En 1887, grâce à un legs, le chœur, à son tour, s'enrichit de trois verrières dont l'atelier n'est pas connu : la Sainte-Trinité, saint Martin et saint Priest qui sont les deux saints rattachés à l'église. Une saynète orne le bas de chacun de ces deux derniers vitraux.
Enfin, le peintre verrier Henri Ripeau a réalisé, vers 1900 selon le Patrimoine des Communes de l'Essonne, le vitrail du Baptême du Christ. Selon Michèle Brossard, ce vitrail a été posé en 1939 dans le baptistère.


Saint Paul.
Vitrail d'Henri Chabin, Paris, 1879.

L'élévation nord de la nef reçoit l'ancien banc d'œuvre en bois sculpté du XVIIIe siècle.
Le banc d'œuvre cache l'accès au clocher.
À droite du banc d'œuvre : la chapelle de la Vierge (aussi dépouillée que la nef).

Chapelle de la Vierge ---»»»
Cette chapelle a été construite vers 1875.
Avant la restauration de 1871, son autel était celui du chœur.


Vitrail contemporain de l'Annonciation
dans la chapelle de la Vierge.
Atelier inconnu.
Ce vitrail a été acquis en 2019.

Le vitrail de l'Éducation de la Vierge
(années 1880) contient, en arrière-plan,
un beau paysage en camaïeu de gris. ---»»»


Statue de la Vierge à l'Enfant, détail.
Chapelle de la Vierge.
La paroisse ne possède aucune information sur ce groupe sculpté.

L'Éducation de la Vierge.
Vitrail d'un atelier inconnu.
Ce vitrail a été offert par un paroissien anonyme en 1882.
LA CHARPENTE DE LA NEF

Charpente : poutres 2 à 5.
La poutre 5 ouvre sur le chœur.
Au centre de la poutre 3, deux blasons (surmontés du blason du Chrisme) portent une croix pattée rouge et une croix pattée bleue.
Ce serait le blason dédoublé de la communauté de religieux appelés Mathurins (dévoués à la libération des captifs).

La voûte et la charpente (1/2).
La voûte est recouverte d'une couche de plâtre masquant entièrement le bois. Pour l'esthétique, c'est un peu dommage. La voûte de l'église Saint-Pierre à Épernon dans l'Eure-et-Loir était elle aussi masquée par le plâtre, mais la restauration post-1945 a révélé une magnifique voûte de bois peinte...
Qu'en est-il de celle de Bièvres ? On ne sait rien de la présence d'éventuelles peintures. Des cartes postales anciennes (en noir et blanc) montrent des étoiles sur un fond coloré, peut-être de couleur bleue comme dans beaucoup d'églises. Les archives indiquent que la voûte a été refaite entre 1812 et 1819 après rejet de la proposition d'un plancher pour la remplacer.
Toujours est-il que ce fond blanc actuel permet de faire ressortir les décors dont sont ornés les entraits, c'est-à-dire les poutres traverses de la charpente.
Ces décors constituent l'élément le plus singulier de l'église. Ils sont de deux natures : ceux sculptés dans le bois (les «engoulants» des extrémités et l'étrange tête donnée ci-contre) et les blasons. Si les premiers remontent vraisemblablement à l'installation des poutres, c'est-à-dire le XVIe siècle, les seconds sont en applique, rendant impossible la détermination de leur date de pose. Est-ce lors de la construction ou lors de la restauration entreprise après 1871 ?
---»» Suite 2/2 à droite.


Extrémité de la poutre 4 : un ours mord une partie de la poutre.

Extrémité de la poutre 3 : un sanglier.

Extrémité de la poutre 3 : un renard.

Un engoulant à l'église Notre-Dame du Roncier
à Josselin dans le Morbihan.

Extrémité de la poutre 5 : une sculpture à thème végétal.

Poutre 2 : tête mi-homme, mi-animal.
Dans les parties centrales des entraits, c'est le seul élément décoratif sculpté dans la masse.

Poutre 1 : écussons PFS (Pater, Filius, Spiritus)

La voûte et la charpente (2/2).
---»» Ces blasons seraient ceux des différents seigneurs de Bièvres depuis la Renaissance. Il s'agit donc d'héraldique. Viennent s'y ajouter trois symboles religieux : IHS (Iesus Hominum Salvator) ; PFS (Pater, Filius, Spiritus) et Alpha-Omega. Michèle Brossard confie que, à l'heure actuelle, l'identification de ces blasons n'est pas achevée.
Les photos de cette page donnent une bonne idée de cette ornementation (blasons et engoulants).
Source : Église Saint-Martin de Bièvres, brochure réalisée par les Archives Vivantes, rédaction de Michèle Brossard.

Le puristes pourraient faire remarquer que les sculptures aux extrémités des entraits (ours, loup, sanglier) ne sont pas de vrais engoulants. Selon la définition, la bête imaginaire ou réelle doit saisir la poutre dans sa gueule, ce qui n'est pas le cas ici. L'église Saint-Germain à Rennes et l'église Notre-Dame du Roncier à Josselin en donnent des exemples. Voir la photo plus bas d'un engoulant de l'église Notre-Dame du Roncier.


Poutre 4 : écussons IHS (Iesus Hominum Salvator).

Poutre 4 : Alpha et Omega.

Poutre 5 : écussons SP et SM (saint Martin et saint Priest).
Sur la face tournée vers le sol : à gauche, l'écusson de Charles de Dormans et,
à droite, celui de son épouse Jeanne de Marseille.
Ils prêtèrent hommage au roi en 1542 en tant que seigneur et dame de Bièvres.


Vitrail de saint Paul, détail.
Atelier Henri Chabin, 1879.


Saint Laurent.
Vitrail d'Henri Chabin, Paris, 1879.
LE CHŒUR DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN À BIÈVRES

Le chœur de l'église Saint-Martin est très dépouillé depuis les directives de Vatican II en 1965.
Au sol, devant le chœur, se trouvent des pierres tombales dont les inscriptions sont illisibles.
La plaque de la dédicace de l'église aux saints martyrs Laurent et Priest se trouve à gauche, sous le vitrail de saint Martin.

Le chœur.
Le chœur de l'église est particulièrement dépouillé, mais il ne l'a pas toujours été. Dans la brochure sur l'église éditée par les Archives Vivantes, Michèle Brossard nous apprend que ce dépouillement, intervenu en 1965, est le résultat des directives du Concile Vatican II appliquées par le curé de l'époque, l'abbé Jacques May.
Qu'y avait-il auparavant ? D'anciennes cartes postales le montrent. Une série de seize sculptures sous niches néogothiques, réunies par groupes de quatre, bordait l'abside. On y voyait quatorze saints auxiliateurs auxquels avaient été ajoutées les statues des saints Benoît et Jean de Matha «à cause des Bénédictines du Val Profond et des Mathurins», lit-on dans un rapport de l'époque cité par Michèle Brossard.
Une grille en fer forgé, qui servait de table de communion, a également disparu. Il n'en subsiste plus que les extrémités. Même chose pour les stalles de bois le long de l'abside. Il ne reste que des panneaux au-delà de la grille de communion. L'ambon d'avant 1965, quant à lui, était orné d'une tapisserie. Et un autel de pierre avec soubassement sculpté et retable, datant des années 1880, se dressait au milieu du sanctuaire. L'abbé May le remplaça par un entourage en verre.
De l'avis général, confie Michèle Brossard, l'aspect artistique de ce chœur était d'un grand effet.
On peut regretter que le curé de l'époque ait fait table rase d'un ensemble qui, au vu des cartes postales anciennes conservées, dégageait une beauté certaine. Nul doute que cette atmosphère créait une envie de réflexion et de prière. La beauté est une composante essentielle de l'aspect artistique du catholicisme et du décor de toute église. Voir le développement proposé sur ce thème à propos du chœur de l'église Saint-Germain à Rennes.


Saint Martin, 1887.
Vitrail du chœur.
Atelier inconnu.

La Sainte Trinité, 1887.
Saint Pierre accompagne la Vierge
au pied de la croix.
Vitrail du chœur. Atelier inconnu.

Saint Priest, 1887.
Vitrail du chœur.
Atelier inconnu.

La décollation de l'évêque Priest.
Ce saint, aussi appelé Prix, Pregt, Projet ou Preject n'est pas très connu. La Légende dorée de Jacques de Voragine ne fait pas mention de lui. La célèbre Vie des saints de l'abbé Godescard, au XIXe siècle, ne dit rien non plus à son sujet.
Dans sa brochure sur l'église, Michèle Brossard donne quelques indications extraites d'une Vie des saints, publiée au XIXe siècle, dont elle ne donne malheureusement pas l'auteur.
Saint Priest est né en Auverge au VIIe siècle, au cœur de l'époque mérovingienne. Avant la naissance de l'enfant, sa mère eut une vision de sa sainteté future. «D'une piété exemplaire, rapporte Michèle Brossard, il tenta de ramener la vertu partout où il exerça son ministère.» Priest devint évêque d'Auvergne (Clermont ?) contre son gré. Tout comme Martin qui devint évêque de Tours en 371, lui aussi contre son gré.
À une époque où les rapports entre l'Église et les Grands du royaume étaient très conflictuels, Priest «se heurta aux seigneurs temporels qui le firent massacrer le 25 janvier 670», écrit Michèle Brossard. Rappelons que les mérovingiens sont des Francs et que la violence était pratique courante dans leurs mœurs.
Dans le vitrail ci-dessous, le peintre verrier a dessiné des seigneurs mérovingiens vêtus d'une tunique conforme à la représentation historique.

«««--- Christ en croix dans le chœur.
Aucune documentation n'existe sur cette sculpture qui paraît ancienne.


La Charité de saint Martin.
Partie basse d'un vitrail du chœur créé vers 1887.
Martin est vêtu d'une tunique romaine conforme à sa fonction.

Saint Martin partageant son manteau.
Ce vitrail de 1887, dont l'atelier est inconnu, montre un saint Martin dans un habit conforme à sa fonction d'officier romain.
Le vêtement du saint n'a pas toujours suivi cette règle logique qui date, en fait, du XIXe siècle. À la Renaissance, par exemple, on pouvait vêtir Martin d'une tunique de bourgeois ou de paysan à la mode de l'époque.
Voir le commentaire proposé à l'église Saint-Martin de Jouy-en-Josas.


La Décollation de saint Priest.
Partie basse d'un vitrail du chœur créé vers 1887.

L'église Saint-Martin à Bièvres vue depuis le chœur.

Documentation : «Église Saint-Martin de Bièvres», brochure réalisée par les Archives Vivantes, rédaction de Michèle Brossard (sans date de parution)
+ «Le Patrimoine des Communes de l'Essonne», Flohic Éditions, 2001
+ «Canton de Bièvres, Essonne», collection Images du Patrimoine. Inventaire Général.
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