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Le très beau musée
des Beaux-Arts d'Arras est installé dans les bâtiments
conventuels de l'ancienne abbaye Saint-Vaast. Par la beauté
de l'architecture de ses galeries du rez-de-chaussée, c'est
un musée qui possède un cachet artistique très
séduisant. Les premières collections prennent place
en 1832 dans une aile de l'abbaye, enrichies bientôt de nombreux
dons, puis des découvertes de vestiges médiévaux
lors des fouilles entreprises pour la construction de l'église
Saint-Nicolas-en-Cité.
Malheureusement, Arras
souffre énormément des bombardements allemands en
1915. Les objets d'art et archéologiques, les tapisseries
sont entièrement détruits. Peintures et sculptures
sont gravement endommagées. Le bâtiment doit être
reconstruit. Les collections sont patiemment reconstituées
pendant l'entre-deux-guerres. Dans les années 1980, les fouilles
du site gallo-romain de Baudimont permettent de créer une
très belle section archéologique, tandis que des toiles
du XIXe siècle sont réexhumées et restaurées.
Au-delà de son histoire tumultueuse, le musée possède
des salles d'une hauteur suffisante pour exposer des grands tableaux
du XVIIe siècle, notamment ceux de Philippe de Champaigne.
Il possède des collections étendues : archéologie,
Moyen Âge, peintures du XVIIe et au-delà, sculptures,
uvres de l'École
d'Arras, céramiques du nord de la France (porcelaines
d'Arras et de Tournai). Un musée à visiter à
tout prix si vous passez à Arras.
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Grande Salle de tableaux et de sculptures au premier étage
du musée. |
Vue d'ensemble depuis la cour d'honneur. |
La cour du cloître à l'intérieur de l'abbaye Saint-Vaast. |
LE REZ-DE-CHAUSSÉE
ET LES GALERIES DE L'ABBAYE |
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Couloir de l'ancienne abbaye. |
Ange dit de Saudemont, vers 1270.
Il proviendrait de l'ancienne
cathédrale d'Arras. |
Pichet de grès
milieu XVIIe siècle.
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Sculpture sur grès en gros plan. |
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Couloir de l'ancienne abbaye. |
Élément de retable «Le Baiser de Judas»
XVIe siècle, Anvers ? |
Ange dit d'Humbert, dernier tiers du XIIIe siècle. |
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Couloir de l'ancienne abbaye et ses statues médiévales. |
Élément de retable «Quatre cavaliers».
XVIe siècle, Anvers ? |
Descente de croix, fin du XVe siècle.
Pays-Bas du Sud, Artois ? |
Couloir de l'ancienne abbaye avec des uvres médiévales |
Sculpture «Balthazar» 16e, Albâtre
Provient de l'ancienne cathédrale d'Arras. |
Sculpture «Crucifixion», XVIe siècle
Provenance indéterminée. |
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France XVIe siècle «Mise au tombeau».
Provenance indéterminée, dépôt du
musée de Cluny. |
Un couloir de l'ancienne abbaye.
Ces couloirs de l'abbaye constituent le cachet architectural
du musée d'Arras. |
Salle du rez-de-chaussée servant pour les expositions
temporaires. |
Chapiteaux de la salle ci-dessus vus en gros plan. |
Panneaux «La Légende de la sainte Chandelle»,
1581, Michel Varlet ?
Arras, cathédrale Nicolas-en-Cité. |
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Vierge à l'Enfant par Jean Pépin de Huy, 1329.
Cette statue en marbre provient de la Chartreuse
de Mont-Sainte-Marie à Gosnay. |
Le
mécénat de Mahaut d'Artois (1268-1329).
La série télévisée des Rois
maudits a donné de la comtesse Mahaut, qu'elle
soit interprétée par Hélène Duc
ou Jeanne Moreau, l'image d'une tueuse. Loin de cet aspect
forgé par l'imagination de Maurice Druon, l'Histoire
nous révèle une comtesse de sang royal (elle
est la petite-nièce de saint Louis), très pieuse,
éprise d'arts, et qui a passé trente ans de
sa vie à exercer un mécénat bienveillant
auprès des établissements religieux d'Artois
et de Bourgogne. Fidèle à l'exemple de son père,
Robert II d'Artois, elle fit appel aux meilleurs artistes
pour décorer ce qu'elle faisait bâtir : un hôpital
à Hesdin ; le couvent des Clarisses à Saint-Omer
(reconstruction), celui des dominicaines à Arras. Quant
aux deux hôpitaux de Gosnay et à l'hôpital
Saint-Jacques à Paris, si elle ne les fonda pas, elle
les fit profiter de ses largesses.
Les sources nous indiquent que les objets d'art achetés
(statuettes d'argent ou d'or, images pieuses brodées
de pierres précieuses, calices, bénitiers, encensoirs,
vaisselle, reliquaires, etc.) étaient souvent destinés
à être donnés, parfois aussi à
embellir les chapelles de son comté d'Artois. Mahaut
achète beaucoup, offre, mais ne collectionne pas.
Pour elle-même, outre quelques bijoux, elle acquiert
une vaisselle d'argent ou de vermeil afin de parer sa table
et, là comme ailleurs, de tenir son rang.
La comtesse d'Artois aime lire, mais semble ignorer le latin.
Elle possédait des romans, des ouvrages sur les coutumes
ou la Chronique des rois, et bien sûr des livres religieux.
Elle fit aussi réaliser des enluminures et s'intéressa
aux tapisseries, dans la confection desquelles la ville d'Arras
avait acquis une réputation d'excellence dans toute
l'Europe.
Source : L'enfant oublié -
Le gisant de Jean de Bourgogne et le mécénat
de Mahaut d'Artois en Franche-Comté au XIVe siècle,
Musée
des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon.
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Cette Vierge à l'Enfant (donnée entière à
gauche) a été commandée en 1329
par la comtesse Mahaut d'Artois à l'artiste Jean Pépin
de Huy
(qui travailla beaucoup pour elle).
C'est l'une des rares Vierges du XIVe siècle pour lesquelles
nous connaissons à la fois l'année de création,
l'auteur et le donateur. |
Verre et plomb : «Le Christ servi par les anges»
Strasbourg, atelier de Peter Hemmel, vers 1470. |
Vierge à l'Enfant, XVe siècle, Flandres. |
Couloir de l'ancienne abbaye avec statues et tableaux. |
LE PLAN RELIEF
DE LA VILLE D'ARRAS (1716) |
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Plan de la ville d'Arras (1716). |
Abbatiale Saint-Vaast vue du chevet. |
Le
plan relief de 1716. Sous le règne de Louis
XIV, Vauban a été un partisan acharné
de la consolidation de la frontière nord-est du royaume...
quitte à grignoter petit à petit sur les villes
libres (qui font aujourd'hui parties intégrantes de
la France ou de la Belgique). Il fallait assurer la défense
des villes françaises et des autres... une fois qu'elles
étaient prises. Arras faisait partie de la deuxième
ligne de la ceinture dite «de fer». À cet
effet, l'ingénieur-architecte Ladevèze réalisa
en 1716 une superbe maquette de la ville destinée aux
militaires. Réalisée en bois, carton, papier
et soie, elle représente tout le tissu urbain avec
une précision extrême, à une échelle
d'environ 1/600e. La ville a acheté le plan relief
aux Invalides en 1904. Les malheurs d'Arras en 1915 en ont
fait disparaître les faubourgs et la citadelle. Une
plaque, dans le musée, nous apprend que monsieur Honoré
Bernard (1922-2007), docteur ès lettres et historien,
a consacré trente ans de sa vie à étudier
et restaurer le plan relief.
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Le plan revêt un intérêt
historique considérable. Compte tenu des destructions
de la Révolution et de la première guerre mondiale,
aucune église d'avant le XIXe siècle ne subsiste
aujourd'hui. La cathédrale
Saint-Vaast, les églises Saint-Nicolas
en Cité, Saint-Jean-Baptiste
et Notre-Dame
des Ardents sont toutes du XIXe siècle. Le plan
montre l'impressionnant tissu religieux d'antan : l'ancienne
cathédrale de la ville, le centre de la Cité
autour de l'abbaye Saint-Vaast, les places, le beffroi, l'enchevêtrement
des maisons et des ruelles, et la multitude de bâtiments
ecclésiastiques (couvents de jésuites, d'oratoriens,
de surs bénédictines, etc.) qui tapissaient
la ville. Ces bâtiments ont pratiquement tous été
détruits à la Révolution.
Source : Le musée des Beaux-Arts
d'Arras, Fondation Paribas
- Ville d'Arras - Réunion des Musées Nationaux.
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La Place des Héros avec l'hôtel de ville et la chapelle
des Ardents (en sombre au centre). |
Vue générale de la ville d'Arras.
On ne peut qu'être frappé par le nombre impressionnant
d'édifices religieux :
cathédrale et églises (collégiales, abbatiales,
paroissiales). |
Cathédrale Notre-Dame en Cité. |
L'abbatiale Saint-Vaast. |
LES PREMIER ET
SECOND ÉTAGES |
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Le grand escalier de l'ancienne abbaye Saint-Vaast. |
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Une salle du musée avec tableaux et cheminée. |
Salle avec tableaux et cheminée.
Plaque de cheminée portant armoiries.
«««--- À GAUCHE
«Intérieur d'église» d'Eugène
Balan (1809-1858).
Huile sur toile 1904.
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Cabinet, Italie XVIIe siècle.
Ébène, ivoire, écaille. |
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«Les envoyés du calife Harun-al-Rashid apportant des
présents à Charlemagne» de Jacob Jordaens (1593-1678).
Carton de tapisserie, gouache sur carton. |
«Portrait de madame la Comtesse de Montesquiou» seconde
femme du gouverneur d'Arras.
Peinture de Nicolas de Largillière (1656-1746).
C'est l'une des deux toiles qui restent du premier musée, celui
de la période révolutionnaire. |
Le grand escalier et sa galerie de portraits. |
«Intérieur de l'église des Jésuites d'Anvers»
de Jacob Peeters (actif de 1675 à 1697). |
La salle des Mays. |
«L'Annonciation» de Charles Poerson (1609-1667).
Huile sur toile (1651-1652). |
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«La Nativité de la Vierge» de Philippe de
Champaigne (1602-1674), 1638. |
La
salle des Mays. Au XVe siècle, la
confrérie des orfèvres parisiens faisait
chaque année, au premier mai, un don à
la Vierge en la cathédrale de Paris. L'édifice
en était embelli. En 1630, elle demanda à
offrir annuellement un grand tableau illustrant un acte
des apôtres. C'est là l'origine des «mays»
Il y en eut soixante-seize de 1630 à 1707 (aucun
en 1683 et 1684) . Après quoi, faute de place,
on abandonna la coutume. À la Révolution,
les toiles furent dispersées. On en a retrouvé
quarante-cinq. Quatorze sont à Arras. Le musée
en expose sept dans un parcours chronologique retraçant
la grande peinture religieuse du XVIIe siècle.
On donne dans cette page «La Nativité de
la Vierge» de Philippe de Champaigne et «L'Annonciation»
de Charles Poerson.
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Une salle avec une série de petits tableaux. |
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«La prière de Gédéon» de Jacob
Jordaens (1593-1678)
Carton de tapisserie, gouache sur carton. |
Grande salle au premier étage. |
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«Le spectacle de la folie humaine» d'Auguste Glaize
(1807-1893).
Huile sur toile, 1872. |
«L'Entrée du Christ à Jérusalem»
de Nicolas de Largillière (1656-1746). |
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«Le Lévite d'Éphaïm» d'Auguste Couder
(1790-1873)
Huile sur toile, 1817. |
«Saint François d'Assise recevant les stigmates»
vers 1610-1615
de Pierre-Paul Rubens (1577-1640). |
«Saint François d'Assise recevant les stigmates»,
détail.
François d'Assise semble plongé dans une extase sereine
devant sa vision et subit l'imposition des stigmates d'une manière
assez stoïque. On pourra voir une expression des
yeux beaucoup plus extatique dans le tableau de Camille
Corot «Saint
Jérôme dans le désert» que le peintre
offrit à l'église Saint-Nicolas-Saint-Marc de
Ville-d'Avray en 1849. |
«L'Amour suppliant Vénus de pardonner à Psyché»
de Rouget Georges, détail Vénus. |
Grande salle de sculptures
«Matinado» de Félix Charpentier (1858-1924), marbre. |
«L'Amour suppliant Vénus de pardonner à Psyché»
de Rouget Georges (1784-1869) Toile exposée au Salon de 1827. |
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Grande salle de tableaux et de sculpture.
«««--- À GAUCHE
Sculpture «Diane», 1717 de René Fremin (1672-1744).
À DROITE ---»»»
«Aspasie» de Marie-Geneviève Bouliar (1772-1819),
partie centrale. |
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«Suzanne au bain» de Frans van Mieris (1635-1681). |
«L'abbaye du Mont-Saint-Éloi»
Xavier-Joseph Dourlens-Aubron (1826-1888). |
«L'Enlèvement d'Hélène (fragment)»
du Baron Antoine-Jean Gros (1771-1835). |
«La Bénédiction des blés» de Jules
Breton (1827-1906). |
«L'ancien rivage à Arras» de Charles Desavary
(1837-1885)
Huile sur toile, 1875 - École d'Arras. |
«La Grand'Place d'Arras un jour de marché»
de Charles Desavary (1837-1885).
Huile sur toile, 1878 - École d'Arras. |
La salle des céramiques. |
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Couloir du premier étage.
La disposition des toiles sur des panneaux de bois placés
en V est fort originale.
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L'École
d'Arras. En France, la première école
de paysages est celle de Barbizon. Celle d'Arras s'en
est inspirée. Tout commence par une rencontre,
à Paris, entre Camille Corot (1796-1875)
et Constant Dutilleux (1807-1865), professeur
de dessin à Arras. Une amitié est née.
Séjournant souvent chez Dutilleux, puis chez
son gendre, Charles Desavary, Corot va être l'inspirateur
de l'école d'Arras. Des jeunes peintres de la
région vont bénéficier de la gentillesse
et des conseils précieux du maître. Dutilleux,
lui-même, se met à la peinture de paysages
et s'essaie à une peinture claire et réaliste.
Enrichi par ses passages à Barbizon, il forme
de nombreux artistes à ces principes nouveaux.
Ainsi Désiré Dubois, Xavier Doulens ou
Jules Thépaut. Quant à Charles Desavary
(1837-1885), il excellera dans la description des vies
urbaines, notamment celle d'Arras (voir ci-contre).
L'école d'Arras se terminera avec Gustave Colin
(1828-1910) qui partira au Pays basque et finira par
donner à ses paysages une touche quasiment impressionniste.
Source : Le musée des
Beaux-Arts d'Arras,
Fond. Paribas et RMN.
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Porcelaine de Tournai, entre 1775 et 1800
Assiette plate au décor aux oiseaux de Buffon, porcelaine
tendre. |
Porcelaines
d'Arras et de Tournai. Dans le Hainault,
une manufacture de porcelaine fut créée
en 1750, deux ans après le traité d'Aix-la-Chapelle
qui conclut la guerre de Succession d'Autriche. Tournai
est alors détaché du royaume de France.
Conséquence : la manufacture peut utiliser les
décors à l'or, réservés
- en France - à la seule manufacture royale (Vincennes,
puis Sèvres à partir de 1756). La porcelaine
de Tournai fut rapidement luxueuse, s'inspirant des
créations françaises et saxonnes, et bénéficia
de l'exclusivité de la production pour tous les
Pays-Bas autrichiens.
En 1770, quatre demoiselles créent une manufacture
à Arras. À force de ténacité
et sans doute aussi grâce au savoir-faire de quelques
transfuges de Tournai, celle-ci produit de la vaisselle
de table en porcelaine tendre, ornée de dessins
au bleu de cobalt. S'inspirant des créations
de la concurrence, elle fonctionnera vingt ans - sans
soutien politique ni protection. Les quatre demoiselles,
très âgées, fermeront l'établissement
en 1790, bénéfices en poche, laissant
l'exemple d'une entreprise du XVIIIe siècle tenue
par quatre femmes dynamiques. Source : Le
musée des Beaux-Arts d'Arras.
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Porcelaine d'Arras. |
Porcelaine de Tournai. |
Documentation : «Le Musée des
Beaux-Arts d'Arras» édité par la Fondation Paribas
et la Réunion des Musées nationaux. ISBN : 2-7118-3774-2
«L'enfant oublié - Le gisant de Jean de Bourgogne et
le mécénat de Mahaut d'Artois en Franche-Comté
au XIVe siècle», Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie
de Besançon. ISBN : 2-905193-29-8 |
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