|
|
|
Cette page donne les dix verrières
Renaissance des fenêtres hautes de la nef. Conçues
à partir de l'année 1529, elles ont été
les dernières à rejoindre leurs baies dans l'église.
Bas-côtés, transept, chevet et façade occidentale
étaient déjà pourvus. Chacune de ces dix verrières
mesure 6,40 m sur 4,20 m. Sur le côté nord se trouvent
cinq scènes de l'Ancien Testament ; sur le côté
sud, cinq scènes de la Vie de la Vierge. Selon l'habitude,
le choix du programme iconographique est revenu au clergé
en accord avec les donateurs. Ces derniers sont les trésoriers
de l'église, à l'exception de la verrière de
la baie 106 offerte
par le comte d'Alençon et sa femme, Marie de Chamaillart.
En 1953, Louis Grodecki écrivait dans son article sur l'église
Notre-Dame pour le Congrès archéologique de France
tenu dans l'Orne : «Il n'y a pas de correspondance iconographique
entre les fenêtres des deux côtés de l'église,
comme si aucun programme précis n'avait existé.»
En 2006, dans le Corpus Vitrearum traitant des vitraux de
Basse-Normandie, les historiennes du vitrail Martine Callias-Bey
et Véronique David portent un regard totalement opposé.
Elles voient au contraire dans l'iconographie choisie «la
continuité des deux temps de la Bible en la personne de la
Vierge.» Le vitrail de l'Arbre
de Jessé, installé sur la façade occidentale
en 1511, résume déjà, et à lui seul,
le lien entre l'Ancien Testament (Jessé et les rois de Juda)
et le Nouveau par la présence de Marie dans le tympan, Marie
qui est aussi le point terminal de l'Arbre.
Le Corpus rappelle que le thème de l'Immaculée
Conception était vivace en Normandie depuis le XIe siècle.
Parmi les dix-neuf fondations et confréries qui siégeaient
dans l'église Notre-Dame, quatre étaient consacrées
à la Vierge : Conception Notre-Dame, Présentation
Notre-Dame, Notre-Dame de Pitié et Assomption.
Comme à Rouen
d'où elles tiraient leur origine, des festivités annuelles
se tenaient à Alençon
en l'honneur de Marie, notamment des concours de palinods organisés
par les sociétés littéraires pieuses de la
ville que l'on appelait les Puys. Derrière palinod
il y a rétractation, mais aussi réitération.
De fait, un palinod était un poème en l’honneur de la Vierge
où l'on répétait un même vers à la fin de chaque
strophe.
Toujours dans le cadre de ces honneurs rendus à la Mère
de Dieu, le Corpus ajoute que le duc René avait fondé
en 1478 une messe hebdomadaire de la Conception, tandis qu'un prêtre,
Jean Martin, avait inauguré en 1542 un «service»
le jour de la fête de la Conception.
Cinq peintres verriers sont auteurs des dix verrières hautes
: Pierre Fourmentin et son fils Michel d'Alençon,
Pierre Leclerc d'Argentan, Berthin Duval du Mans et Robert Godeville.
L'Arbre
de Jessé serait, quant à lui, l'uvre des
frères Guillaume et Robin Juissel, membres d'un atelier qui
uvrait à Alençon
depuis la seconde moitié du XVe siècle.
Ces dix verrières, avec l'Arbre
de Jessé, ont été les seules à être
déposées en 1939. Le reste a été en
très grande partie soufflé lors des bombardements
de juin et juillet 1944, notamment toute la vitrerie du XIXe siècle.
L'historique
des vitraux de Notre-Dame est donné à la page
1.
|
|
CÔTÉ NORD - BAIE 101 - LE SERPENT
D'AIRAIN (1540-1545) |
|
Baie 101 - LE SERPENT D'AIRAIN. |
Baie
101 - Le Serpent d'airain.
Parmi les pérégrinations du peuple juif vers
la Terre promise, l'histoire du serpent d'airain n'est pas
la plus connue. Rappelons-la ici. Elle est tirée du
Livre des Nombres dans l'Ancien Testament.
La Terre promise se faisait attendre et les Israélistes,
tournant en rond dans le désert, se lassaient. Ils
parlèrent contre Dieu et contre Moïse, leur guide.
Alors Dieu envoya des serpents brûlants pour les mordre
et beaucoup de gens moururent. Les Juifs demandèrent
à Moïse d'intercéder auprès de Dieu
pour mettre un terme à cette calamité. En réponse,
Dieu dit à Moïse de fabriquer un serpent brûlant
et de le placer sur une perche. Celui qui aura été
mordu restera en vie s'il regarde ce serpent. Moïse créa
donc un serpent de bronze et ceux qui le regardèrent
furent guéris, c'est-à-dire sauvés. C'est
d'ailleurs là l'origine du caducée des médecins :
la vue du serpent guérit.
La baie 101 représente l'image traditionnelle de ce
récit : Moïse, debout auprès du serpent
qu'il a fixé sur la perche, est entouré de nombreux
Israélites. Tout le monde regarde le serpent d'airain.
Au sol, au premier plan, on peut voir des serpents, sous la
forme de traits noirs, qui s'attaquent aux hommes. L'arrière-plan
montre les tentes du campement dressé dans le désert...
au milieu d'arbres verts. Le tympan se contente de représenter
un ciel bleu balayé de nuages blancs.
Cette verrière, réalisée par Pierre
Fourmentin, est datée des années 1540-1545.
Le verrier a dessiné les principaux personnages de
la scène dans des costumes très étudiés.
Les hommes portent des chapeaux à l'orientale, tandis
que les femmes se parent de coiffes de style bellifontain.
En bas à droite est inséré le blason
des moines de la Jarriaye et de la Mauguinière.
En plus de la sanguine, on observe un usage abondant du jaune
d'argent sauf pour le costume de Moïse. Pierre Fourmentin
a-t-il voulu ainsi rendre le personnage principal plus visible
que les autres quand la clarté du jour frappe le vitrail
?
Pour le Corpus Vitrearum, la verrière est en
mauvais état, ponctuée de nombreux bouche-trous.
L'enfant mort au pied du personnage sur la gauche en est vraisemblablement
un.
Notons enfin qu'on a cru pendant longtemps que le personnage
de gauche affichait le visage de l'auteur de tous les
vitraux de l'église. Ce que le Corpus dément.
La verrière de la baie 101 se trouve juste à
côté du transept. Elle n'a pas trop souffert
de l'incendie de 1744, contrairement à celle d'en face,
dans la baie 102,
qui a vu disparaître l'Assomption qui ornait son réseau.
Sources : 1) Les vitraux de
Basse-Normandie, Corpus Vitrearum, 2006 ; 2) Ancien Testament,
Livre des Nombres.
|
|
Baie 101 - Le Serpent d'Airain, partie basse.
Dans la première rangée, des serpents noirs se glissent
près des personnages. |
Baie 101 - Le Serpent d'Airain, détail.
|
Baie 101 - Le Serpent d'Airain : Moïse devant le serpent d'airain.
On voit, dans cet extrait, une partie des serpents brûlants. |
CÔTÉ NORD - BAIE 103 - LE PASSAGE
DE LA MER ROUGE (1535) |
|
Baie 103 - LE PASSAGE DE LA MER ROUGE. |
Baie
103 - Le passage de la mer Rouge.
La verrière de la baie 103 offre une illustration pleine
de vie de cet épisode de l'Ancien Testament, célèbre
entre tous.
Comme dans la baie 101,
le vitrail est attribué à Pierre Fourmentin.
Il est daté de 1535, année visible dans
l'inscription de la rangée du bas. Une première
restauration est intervenue dès 1624.
L'armée égyptienne de Ramsès II occupe
la scène principale. Le peuple des Hébreux,
qui a déjà passé la mer Rouge avec ses
animaux, est campé modestement dans trois
panneaux sous le tympan. Pharaon, dont la tête a
été refaite en 1624, est assis sur son char
tiré par deux chevaux. L'un d'un cavalier, que l'on
voit de dos, présente une belle cuirasse
au jaune d'argent.
Juste au-dessous des Hébreux en fuite, l'artiste a
peint des têtes de soldats égyptiens noyés
dans les eaux en furie (panneaux donnés plus
bas). La mer est symbolisée par des traits légèrement
ondulants tracés à la sanguine sur verre. Rappelons
que la sanguine sur verre, qui date du XVe siècle,
n'est pas de couleur rouge comme on pourrait le croire. C'est
une grisaille sur verre dont les teintes varient des bruns
chauds au roux très vif. L'ouvrage Le Vitrail, vocabulaire
typologique et technique, paru aux éditions du
Patrimoine en l'an 2000, donne un complément d'information
: «Les nuances variées de la sanguine sur verre
sont dues à sa préparation, à l'épaisseur
de sa couche, à sa pose à la face ou au revers
du verre.»
Un cavalier
barbu se distingue sur la gauche au premier plan. Il est vêtu
d'un manteau rouge, d'un pourpoint orange et d'une armure
bleu pâle. Par le biais de ces couleurs, les panneaux
qui l'abritent attirent adroitement l'attention de l'observateur
qui serait sinon perdu dans une foule de cavaliers empressés
de passer la mer Rouge en profitant du retrait des eaux. Il
fait pendant à Pharaon
assis sur son char, dans la partie droite. La composition
est ainsi très équilibrée.
Dans le tympan, le peintre verrier a représenté,
encadrant le Père céleste, plusieurs épisodes
de l'action de Moïse dans le désert : il frappe
sur le rocher ; il dénoue sa chaussure avant d'approcher
du Buisson ardent ; il tient le serpent d'airain ; il porte
les tables de la Loi.
Comme indiqué sous le char de Pharaon, la verrière
a été offerte en 1535 par Félix de Brye,
abbé de saint-Évroult et prieur de Notre-Dame
d'Alençon.
Son blason accompagne l'inscription. Une seconde inscription
fait état de la restauration de 1624 avec son commanditaire
et ceux qui l'ont financée.
Cette verrière très restaurée contient
de nombreuses têtes refaites au XVIIe siècle.
En 1906, Charles Champigneulle la restaura à son tour,
ce qu'une inscription signale au bas de la cinquième
lancette.
Source : Les vitraux de Basse-Normandie,
Corpus Vitrearum, 2006.
|
|
Baie 103 - Le passage de la Mer Rouge, partie basse. |
Baie 103 - Le passage de la Mer Rouge : les cavaliers de Pharaon. |
Baie 103 - Le passage de la Mer Rouge : Pharaon sur son char.
La tête de Pharaon a été refaite en 1624. |
Baie 103 - Le passage de la Mer Rouge : les Hébreux s'enfuient.
Dans la mer, représentée à la sanguine, flottent
des têtes de soldats égyptiens noyés.
Baie 103 - Le passage de la mer Rouge : l'un des deux cavaliers qui
tirent le char de Pharaon ---»»»
porte une belle cuirasse très travaillée au jaune d'argent.
---»»» |
|
CÔTÉ NORD - BAIE 105 - LE SACRIFICE
D'ABRAHAM (1555) |
|
Baie 105 - LE SACRIFICE D'ABRAHAM. |
Baie
105 - Le Sacrifice d'Abraham.
La verrière de cette baie relate un des événements
les plus connus de la Bible, mais c'est peut-être aussi
la moins riche des dix verrières de la nef. Et son
style, critiqué par Louis Grodecki (voir plus bas),
paraît bien différent de celui des autres. Datée
aux alentours de 1555, elle est attribuée à
Michel Fourmentin, fils de Pierre, lui-même auteur
des verrières des baies 101
et 103.
Au premier plan, Abraham (affublé d'une tête
moderne qui jure horriblement avec le reste) s'apprête
à sacrifier son fils Isaac,
agenouillé sur des fagots. Le rouge de la robe du fils
s'oppose violemment au bleu de la tunique du père.
Cette dernière est d'ailleurs rehaussée d'une
superbe robe damassée en jaune d'argent sur verre jaune.
De l'autel sur la gauche s'élève une épaisse
fumée. À l'arrière-plan (qui est censé
être le bas de la montagne qu'ont gravie Abraham et
Isaac), deux serviteurs, avec leur âne, attendent le
retour de leur maître. Dans le fond, une forêt
dense s'étale au pied d'un piton rocheux où
se dresse un château.
Au-dessus d'Abraham, un ange habillé d'une robe lie-de-vin
retient le glaive du sacrificateur où est indiquée
l'inscription NON EXTENDAS. C'est en fait le début
de la sanction prononcée par l'ange dans le Livre de
la Genèse : Non extendas manum tuam super puerum
(Ne porte pas ta main sur le garçon).
Des anges en désordre garnissent les mouchettes du
tympan.
À gauche et à droite de la composition, l'encadrement
de piliers, pilastres et médaillons antiques réalisé
en jaune d'argent et en sanguine, appartient pleinement au
style Renaissance.
En 1953, dans son étude pour le Congrès archéologique
de France tenu dans l'Orne, Louis Grodecki critique dans
cette verrière la «complication et [l']encombrement
tout maniéristes de la composition». Il relève
la médiocrité du style des figures typiques
de l'art du milieu du XVIe siècle. En 2006, sans prendre
parti, le Corpus Vitrearum se contente d'une appréciation
très technique : «La densité de la coloration
résulte de l'emploi de nombreux verres de couleurs
chaudes comme le rouge, le lie-de-vin, le jaune, le vert et
de l'utilisation massive de sanguine et de jaune d'argent
sur des verres bleu clair pour les paysages et les petits
personnages secondaires.»
La verrière a été restaurée par
l'atelier Champigneulle en 1906-1907.
Sources : 1) Les vitraux
de Basse-Normandie, Corpus Vitrearum, 2006 ; 2) Congrès
archéologique de France tenu dans l'Orne en 1953, article
de Louis Grodecki.
|
|
|
Baie 105 - Le Sacrifice d'Abraham : Abraham (tête refaite)
et sa superbe robe damassée en jaune d'argent sur verre jaune.
Le personnage hétéroclite, en bleu à droite,
est un bouche-trou.
««--- Isaac devant l'autel d'où s'élève
une épaisse fumée.
Au second plan, deux serviteurs attendent avec leur âne. |
CÔTÉ NORD - BAIE 107 - LE PÉCHÉ
ORIGINEL (1530) |
|
Baie 107 - LE PÉCHÉ ORIGINEL. |
Baie
107 - Le Péché originel ou la Chute d'Adam et
Ève.
Cette verrière a été réalisée
en 1530 par Pierre Leclerc de la ville d'Argentan.
Les lancettes 2 et 3 montrent Adam et Ève, nus tous
les deux, autour de l'Arbre de la connaissance et cueillant
le fruit défendu. Au-dessous, un bel archange saint
Michel les chasse du Paradis terrestre. Dans les lancettes
de droite, on retrouve Adam
et Ève au travail : Adam tient une bêche
et Ève, une quenouille. Dans la lancette 6 en bas :
Abel retient Caïn qui veut tuer un animal que l'on voit
à ses pieds. Au-dessus, Caïn tue Abel.
Au tympan, Dieu le Père est adoré par les anges.
Certains d'entre eux jouent de la musique : orgue, cornet
ou violon. Cette partie contient de nombreux bouche-trous.
Le soubassement de chaque lancette affiche une console «parlante».
On peut y lire l'extrait de la Genèse correspondant
à la scène du dessus.
Le Corpus Vitrearum attire l'attention sur l'archange.
Toute la partie visible de son corps (ailes incluses) est
peinte sur du verre rouge. L'épée est également
créée dans du verre rouge, peut-être dégradé
à l'acide. Les plissés étudiés
de sa robe blanche la rendent très dynamique.
Pierre Leclerc a mis à profit des sources réputées
: Adam et Ève peints par Raphaël dans la IIe Loge
du Vatican et l'estampe de Marc Antoine Raimondi d'après
le Jugement de Pâris du même peintre.
La technique utilisée est digne des sources : la sanguine
pour modeler des corps que le verrier a voulu très
réalistes ; le jaune d'argent pour les détails,
notamment les cheveux blonds ; les fruits de l'arbre défendu
sont sertis en chef-d'uvre, c'est-à-dire que
le circuit de plomb qui les entoure n'est pas rattaché
au réseau ; et, dernière prouesse, les branches
de l'arbre mort derrière Adam et Ève au travail
sont figurés à l'aide du réseau de plomb.
On remarquera les oppositions chromatiques pleines de vie
du dessin principal : un fond en vert symbolisant le monde
du Paradis terrestre ; en bleu pour le monde après
le Péché ; tandis qu'au premier plan les personnages
colorés se détachent sur un fond clair.
La verrière a été restaurée par
le verrier Jean-Baptiste Anglade vers 1906-1907.
Source : Les vitraux de Basse-Normandie,
Corpus Vitrearum, 2006.
|
|
Baie 107 - Le péché originel, partie basse. |
Baie 107 - Le péché originel : l'Archange saint Michel. |
Baie 107 - Le péché originel : Adam et Ève au
travail. |
CÔTÉ NORD - BAIE 109 - LA CRÉATION
(1529) |
|
Baie 109 - LA CRÉATION. |
Baie
109 - La Création.
Avant de réaliser la verrière du
Péché originel dans la baie 107
en 1530, Pierre Leclerc réalisa celle de la
Création en 1529 dans la baie 109.
Le Père
céleste, vêtu d'un riche manteau et coiffé
d'une couronne d'empereur, domine la scène principale.
Il présente une Ève nue à Adam, nu également,
couché au pied d'un arbre aux fruits rouges. La jeune
femme, à l'abondante chevelure rendue au jaune d'argent,
est accompagnée d'anges, de lapins et d'oiseaux. Au
second plan, les étapes de la Création sont
moins visibles : la terre, l'eau, le feu, le jour et la nuit,
la lune et le soleil, les étoiles montées en
chef-d'uvre, puis les animaux.
La lancette 5 propose, au second plan, une petite scène
très concrète du Père céleste
saisissant une côte d'un Adam endormi pour créer
Ève. L'ensemble des lancettes 5 et 6 décrit
un Paradis terrestre peuplé d'arbres verts annonçant
la Tentation.
Les scènes du tympan sont opaques. On y voit néanmoins
des anges avec le soleil, la lune et la colombe du Saint-Esprit.
Comme il le fera dans la baie 107,
Pierre Leclerc a placé, au soubassement des lancettes,
des fragments du texte de la Genèse.
Le Corpus Vitrearum souligne l'influence de Raphaël
dans la verrière, notamment dans la posture d'Adam
allongé au pied de l'arbre. Cette posture rappelle
celle de Pâris dans le Jugement des trois déesses.
La lancette est en bon état général.
Elle a été restaurée par le verrier Jean-Baptiste
Anglade vers 1906-1907.
Dans son article pour le Congrès archéologique
de France de 1953, Louis Grodecki note que les deux verrières
de Pierre Leclerc (baies 107
et 109) sont parmi les meilleures des onze verrières
de la Renaissance «aussi bien pour la technique que
pour le style et la conservation».
Sources : 1) Les vitraux
de Basse-Normandie, Corpus Vitrearum, 2006 ; 2) Congrès
archéologique de France tenu dans l'Orne en 1953, article
de Louis Grodecki.
|
|
Baie 109 - La Création, partie basse. |
Baie 109 - La Création : Le Père céleste présente
Ève à Adam. |
Baie 109 - La Création : Adam dans le Paradis terrestre découvre
Ève. |
CÔTÉ SUD - BAIE 110 - LA PRÉSENTATION
DE MARIE AU TEMPLE (1530) |
|
Baie 110 - PRÉSENTATION DE MARIE AU TEMPLE. |
Baie
110 - La Présentation de Marie au Temple.
Cette verrière, datée de 1530,
est attribuée à Pierre Fourmentin. Avec
la verrière 108,
elle se distingue de toutes les autres par sa remarquable
richesse architecturale.
Au centre de la scène, la Vierge enfant monte les marches
de l'escalier en direction du grand prêtre qui attend
avec ses acolytes devant l'entrée. Derrière
elle se tiennent Anne et Joachim (ce dernier a la tête
refaite) qui lui font signe de s'avancer. Des personnages
richement vêtus emplissent la scène à
droite et à gauche. Les hommes sont coiffés
de chapeaux orientaux.
Le Temple de Jérusalem est représenté
par un dôme couvert d'un toit d'ardoises conçu
comme un agrégat d'écailles bleutées.
Au-dessus se dresse une coupole blanche percée de baies
en plein cintre, elle-même surmontée d'un toit
fait d'écailles roses.
La partie basse du temple reçoit en son centre une
étonnante suite de trois coupoles en perspective qui
retombent sur des colonnes carrées surmontées
d'un double chapiteau. À droite, trois personnages
discutent dans une loggia surélevée, tandis
que, sur la gauche, l'artiste a peint une galerie couverte
dominée par un clocheton. Dans la lancette 6, on voit,
sous un ciel bleu, la Jérusalem fortifiée.
Deux colonnes couronnées d'un chapiteau à volutes
encadrent la scène. Les têtes de lancettes reçoivent
chacune un couronnement en grisaille. Le soubassement, très
travaillé, est constitué d'une frise en grisaille
peuplée d'animaux anthropomorphiques.
Derrière la Vierge se trouve le blason des Érard
le Grix, barons de Ray et de Médavy. Le blason est
surmonté d'un heaume.
L'exécution générale est de haute facture.
Les personnages, tous colorés, se détachent
sur un fond architectural blanc. Contrairement aux verrières
des baies 101
et 103
du même Pierre Fourmentin, il y a peu de jaune d'argent,
mais la sanguine est toujours utilisée pour préciser
les traits des visages.
Le Corpus signale l'influence d'Arnoult de Nimègue
et indique aussi que le vitrail a été restauré
à plusieurs reprises, notamment en 1624 par Michel
Fourmentin, fils de l'auteur.
Source : Les vitraux de Basse-Normandie,
Corpus Vitrearum, 2006.
|
|
Baie 110 - Présentation de Marie au Temple, partie basse.
Le soubassement est constitué d'une frise d'animaux anthropomorphiques. |
Baie 110 - Présentation de Marie au Temple : des gens richement vêtus
observent la scène. |
Baie 110 - Présentation de Marie au Temple : Anne et Joachim (tous
deux sur la gauche). |
Baie 110 - Présentation de Marie au Temple : le grand prêtre
accueille la Vierge enfant.
Derrière la Vierge se trouve le blason des Érard le
Grix, barons de Ray et de Médavy. |
CÔTÉ SUD - BAIE 108 - LE MARIAGE
DE LA VIERGE (1530 + remplois de périodes antérieures) |
|
Baie 108 - LE MARIAGE DE LA VIERGE. |
Baie
108 - Le Mariage de la Vierge.
Cette verrière est composite. La scène
principale, attribuée à Robert Godeville,
est datée de 1530. Le reste est constitué
de remplois venant en partie de la vitrerie du bas-côté
sud de la nef construit vers 1480-1485. Comme dans les
baies 103
et 107,
le dessin du réseau fait que les quatre lancettes
centrales sont plus hautes que celles des bords, donnant
au tympan une forme évasée inversée.
Dans cette partie haute des lancettes (5e rangée),
on trouve deux mages (donnés ci-dessous), fragments
d'une Adoration, une Vierge de l'Assomption et
un buste de saint Joseph (voir ci-contre).
Les six têtes de lancettes affichent des blasons.
Dans le tympan, on remarquera une intéressante
scène de l'empereur Auguste et de la Sibylle
de Tibur. La Vierge à l'Enfant du soufflet
central correspond à la vision de l'empereur
dans le ciel.
La scène principale, tirée des Évangiles
apocryphes, est nichée dans une belle architecture
d'église, plus savamment dessinée au premier
plan à droite : arcades avec intrados à
moulures multiples, balustres de style Renaissance ;
pilastres sculptés de motifs de candélabre
obtenus au jaune d'argent ; chapiteaux vaguement corinthiens
de couleur jaune.
Dans la partie gauche, la Vierge est présentée
par le grand prêtre à Joseph,
le prétendant que la floraison de son bâton
a désigné (lancette 2). À l'extrême-gauche
et à droite, les prétendants évincés
s'en vont, pleins de dépit. Leur bâton
est resté sec. Derrière la Vierge se tient
sa mère, Anne, en robe bleue, qui est consolée
par une femme.
Le Corpus Vitrearum souligne que les personnages
«ont été peints avec un soin particulier
pour transcrire expressions et sentiments, notamment
par un travail de modelé à la sanguine
et au jaune d'argent (...).» Les costumes sont,
eux aussi, très travaillés. On remarquera
le beau damas à jaune d'argent de la robe
de la Vierge. À côté d'elle, le
grand prêtre est coiffé «d'une sorte
de double mitre à cabochon et à pompon»
[Corpus].
La scène centrale est en bon état. L'ensemble
de la verrière a été restauré
par les verriers Socard et du Basty vers 1906-1907.
Source : Les vitraux
de Basse-Normandie, Corpus Vitrearum, 2006.
|
|
Baie 108 - Le Mariage de la Vierge : Les mages porteurs de présents.
Fragments d'une «Adoration des mages» dans le bas-côté
sud (années 1480-1485). |
|
Baie 108 - Le Mariage de la Vierge, partie basse. |
L'empereur Auguste
et la Sibylle de Tibur
dans le tympan
de la baie 108. |
Baie 108 - Le Mariage de la Vierge : Joseph (à droite)
reconnaissable
à son bâton fleuri. Derrière lui, les prétendants
évincés. |
Baie 108 - Le Mariage de la Vierge : à gauche, le grand
prêtre
invite la Vierge à prendre la main du prétendant
choisi ;
derrière, Anne en prière est consolée par
une femme. |
|
CÔTÉ SUD - BAIE 106 - VIERGE DE PITIÉ
(vers 1530) |
|
Baie 106 - LA VIERGE DE PITIÉ.
Détail : Jérusalem dans la lancette 5 ---»»» |
Baie
106 - Vierge de Pitié.
Cette verrière, au dessin très
équilibré, est attribuée à
Berthin Duval aidé de Robert Godeville.
Elle est datée aux alentours de l'année
1530.
Au-delà de la scène traditionnelle de
la Vierge éplorée sur le corps de son
Fils, l'intérêt de la verrière repose
dans la présence des donateurs. Certes,
ils sont agenouillés, mais ils sont à
la même échelle que les personnages bibliques
et participent donc totalement à la scène,
un honneur assez rare, qui plus est dans une Déploration.
Le comte d'Alençon étant le donateur,
a-t-il eu ce privilège de droit ?
À gauche, le Christ mort est adoré par
Marie
de Chamaillart, épouse du comte, et ses trois
filles (dont deux ont des têtes refaites).
Elles sont au pied de Philippe d'Alençon, évêque
de Lyon. À droite, le dominicain Charles d'Alençon,
tout de blanc vêtu, présente Pierre
d'Alençon, comte d'Alençon,
lui aussi en adoration devant le Christ.
Dans le soubassement sont inclus les blasons des donateurs
: les Alençon et les Chamaillart. En arrière-plan,
la scène est complétée par les
croix du Golgotha où sont encore attachés
les deux larrons. Sur la droite, l'artiste a peint à
la sanguine une magnifique représentation de
Jérusalem qui complète celle, plus modeste,
qu'on voit à côté du visage de Marie.
Si l'habit
bicolore de la Vierge est sans éclat, il n'en
est pas de même de ceux de Marie-Madeleine
et de Philippe d'Alençon. Tous deux portent une
superbe robe damassée en jaune d'argent sur verre
jaune. Ces robes sont à moitié masquées
par une tunique rouge, mais en montrent suffisamment
pour faire l'admiration de l'observateur. Les robes
des donatrices sont plus modestement dessinées
«à la grisaille en ton local» [Corpus].
Le tympan affiche une image singulière : dans
sa partie supérieure, quatre
anges portent les instruments de la Passion, debout
devant sur une balustrade assez chiche. On les prendrait
presque pour quatre matelots appuyés au bastingage
de leur navire et observant la scène de loin
!
La verrière a été «assez
restaurée» [Corpus] par Socard et
du Basty vers 1906-1907.
Source : Les vitraux
de Basse-Normandie, Corpus Vitrearum, 2006.
|
|
|
|
Baie 106 - La Vierge de pitié, partie basse. |
Baie 106 - La Vierge de pitié : la donatrice Marie de Chamaillart
et ses trois filles.
On remarquera la magnifique tunique de l'évêque Philippe
d'Alençon : du jaune d'argent sur verre jaune. |
Baie 106 - La Vierge de pitié, détail.
Jérusalem est représenté derrière à
la sanguine
et en camaïeu bleu. |
Baie 106 - La Vierge de pitié : Marie-Madeleine et Pierre d'Alençon,
comte d'Alençon.
Comme Philippe d'Alençon, Marie-Madeleine porte une belle robe
damassée en jaune d'argent sur verre jaune. |
Baie 106 - La Vierge de pitié : les anges porteurs des instruments
de la Passion dans le tympan. |
CÔTÉ SUD - BAIE 104 - ANNONCIATION
ET VISITATION (1531) |
|
Baie 104 - ANNONCIATION ET VISITATION. |
Baie
104 - Annonciation et Visitation.
Cette verrière est attribuée à
Berthin Duval pour le compte des trésoriers
de l'église. Datée de 1531, elle
se compose de deux scènes distinctes bénéficiant
chacune d'un arrière-plan architectural. Ce vitrail
est très restauré.
À gauche, la Vierge, enceinte et en robe bleue,
rend visite à sa cousine Élisabeth, debout
en face d'elle. Elle pose sa main sur le ventre de sa
cousine (avec une main très mal restituée).
Élisabeth fait la même chose sur Marie.
La personne derrière la Vierge est présentée
par la littérature comme étant l'une de
ses surs. Elle est vêtue d'une robe lie-de-vin
et coiffée d'une guimpe en tissu blanc. La scène
est dans la maison d'Élisabeth.
À droite, la scène de l'Annonciation est
sans charme. L'ange «tient un lys à la
main et accompagne le rayonnement de l'Esprit-Saint»
[Corpus]. La Vierge est assise sous une arcade,
devant une tenture rouge. Le peintre s'est inspiré
d'une estampe de Marc-Antoine Raimondi d'après
Raphaël, datée des années 1520-1525.
Dominant les deux scènes, le Père céleste
apparaît dans une nuée, accompagné
d'angelots.
Dans les mouchettes du tympan, les anges musiciens jouent
de la flûte, du chalumeau, de la harpe ou du luth.
Le soubassement, peint à la grisaille, est une
suite de pavés ornés de cornes d'abondance
et de palmettes.
L'Annonciation a été très
restaurée par le peintre Laurent en 1847, notamment
le costume de l'archange. Dans les deux scènes,
les têtes de la Vierge ont été refaites.
Il en est de même au tympan pour la presque totalité
des têtes d'angelots.
Source : Les vitraux
de Basse-Normandie, Corpus Vitrearum, 2006.
|
|
Baie 104-La Vierge de l'Annonciation
et ses mains hors de proportion. |
Baie 104-Angelots adorateurs
peints au jaune d'argent. |
Baie 104 - Ange jouant du luth. |
|
Baie 104 - Annonciation et Visitation, partie basse. |
CÔTÉ SUD - BAIE 102 - DORMITION ET
ASSOMPTION (1531 et moderne) |
|
Baie 102 - DORMITION ET ASSOMPTION. |
Baie
102 - Dormition et Assomption.
Cette verrière, datée de 1531, est attribuée
à Pierre Fourmentin. À l'origine, le
tympan illustrait le thème de l'Assomption puisque
l'on conserve le marché passé entre les trésoriers
et le verrier. Dans son article pour le Congrès
archéologique de France tenu dans l'Orne en 1953,
Louis Grodecki écrit que ce vitrail a dû être
gravement endommagé par le feu lors de l'incendie de
1744 dû à la foudre.
Comme on le voit ci-contre, le tympan, entièrement
refait, accueille à présent une population d'anges
musiciens qui ne présente pas un grand intérêt
dans le cadre de l'histoire du vitrail français.
Quoi qu'il en soit, l'ensemble de la verrière a été
très restauré : une première fois après
l'incendie de 1744, une deuxième fois en 1844-1845
par l'atelier Laurent, et enfin en 1906 par Emmanuel-Charles
Daumont-Tournel.
La scène intéressante est évidemment
la Dormition. Elle se situe dans une pièce fermée
par un plafond aux riches tentures rehaussées d'un
entablement de style Renaissance. La Vierge repose sur son
lit funéraire, entourée des apôtres. Il
est aisé de voir, dans le gros
plan ci-dessous, que la plupart des têtes ne sont
pas du XVIe siècle. La scène est encadrée
par deux arcades ouvertes. Au premier plan, les piliers qui
les ferment reçoivent des sculptures de motifs Renaissance
relevés au jaune d'argent. Au soubassement, deux angelots
accompagnent un cartouche où est peint un verset du
Nouveau Testament.
Deux personnages retiennent l'attention. Par chance, ils ne
semblent pas avoir été très restaurés.
C'est d'abord l'apôtre debout à l'arrière
du lit et près de saint Jean. Il porte un magnifique
costume damassé en jaune d'argent sur fond jaune. Le
goupillon et le seau qu'il tient dans ses mains sont nécessaires
à l'aspersion du corps de la Vierge. Pour le Corpus
Vitrearum, sa tête a été refaite au
XVIIe ou au XVIIIe siècle. Quant à saint Jean,
le plus jeune des douze, il est bien sûr reconnaissable
à sa tête, refaite elle aussi.
C'est ensuite le personnage agenouillé au premier plan,
en robe rouge, qui porte des besicles.
La présence de cet ustensile, rare dans les vitraux
de la Renaissance, mérite d'être soulignée.
Par son geste de la main droite, cet homme semble ajuster
ses lunettes pour regarder l'apôtre assis en face de
lui. Avec un livre ouvert sur les genoux, celui-ci est probablement
un évangéliste.
La lancette 6 sur la droite montre un apôtre isolé
qui assiste à l'Assomption et qui récupère
la ceinture de la Vierge (ce qui n'empêchait nullement
le maître verrier de peindre une grande Assomption dans
le tympan). Qui est cet apôtre ? Le Corpus Vitrearum
parle de saint Pierre. La note de présentation du vitrail
dans la basilique parle de saint Thomas.
Ce site propose d'autres exemples de besicles dans
les vitraux Renaissance. Un cas similaire à la baie
102 (il s'agit aussi d'une Dormition) se présente
dans un vitrail de l'église Notre-Dame
à Villeneuve-sur-Yonne : un apôtre lit avec des
besicles au pied du lit funéraire de la Vierge. Saint
Materne, représenté en pied dans un vitrail
du chevet de la basilique Saint-Nicolas
à Saint-Nicolas-de-Port, tient des besicles à
la main. Enfin, saint Marc, dans un vitrail des années
1480-1490 de la basilique Saint-Sauveur
de Dinan,
lit un ouvrage en s'aidant lui aussi de besicles.
Sources : 1) Les vitraux de
Basse-Normandie, Corpus Vitrearum, 2006 ; 2) Congrès
archéologique de France, Orne, 1953, article de
Louis Grodecki sur l'église.
|
|
Baie 102 - Dormition et Assomption, partie basse. |
Baie 102 - Dormition et Assomption : les apôtres entourent
Marie. |
Baie 102 - Dormition et Assomption : Les anges dans le tympan
entièrement refait après l'incendie de 1744. |
|
Baie 102 - Dormition et Assomption : un apôtre avec des
besicles. |
Baie 102 - Un apôtre et sa superbe tunique au jaune d'argent. |
|
|
Documentation : Les vitraux de Basse-Normandie,
Corpus Vitrearum, 2006
+ «Congrès archéologique de France»
tenu dans l'Orne en 1953, article de Louis Grodecki sur l'église
Notre-Dame. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|