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Page créée en mars 2024
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La Vierge à l'Enfant par Veyrassat, 1868
LE TRANSEPT

Voir le croisillon nord du transept et le récit de la grande affaire du XIXe siècle.

 

Page 1 : l'extérieur de l'édifice
Page 2 : la nef et ses chapelles

Page 4 : le chœur et la crypte romane
Page 5 : le déambulatoire et ses chapelles

La Crucifixion, détail : saint Jean, XIIIe siècle
LE CROISILLON SUD DU TRANSEPT

Le bras sud du transept sud, ses deux autels et les peintures murales des XVe et XIXe siècles.
Foisonnante décoration en gothique flamboyant sur l'élévation sud.

Le transept et ses croisillons, XIIIe siècle (1/2).
Le transept a été construit après l'achèvement des parties hautes de la nef. Les historiens, comme Jean Vallery-Radot et Jacques Thirion donnent la période 1260-1280.
Les croisillons nord et sud offrent quelques différences dans leur architecture et leur ornementation. Certes, ils ont chacun deux travées couvertes d'une voûte d'ogives quadripartite, ils ont le même type d'élévation à deux niveaux séparés par une coursière et la même grande baie riche d'un vitrail du XIXe siècle. Mais contrairement à la nef, la proportion donnée aux étages paraît plus équilibrée.
Les coursières abritent, au nord et au sud, des statuettes de la fin du XIIe siècle représentant les apôtres (avec une tête souvent refaite au XIXe siècle).
Entre les croisillons, le style diffère : au nord, la sobriété ; au sud, la profusion.
Au sud, on observe une construction richement ornée d'arcatures aveugles de différente taille, de rosaces, de polylobes, etc. (photos ci-dessus, ci-contre et plus bas). Le tout dans une disposition sans grand ordre. Sur le côté oriental de ce croisillon, deux niches peu profondes accueillent deux autels et leurs peintures murales des XIIIe et XIXe siècles (photo ci-dessous).
Au nord, le style rayonnant domine dans une disposition sobre et monumentale. Une grande chapelle baroque dédiée à saint Pierre, saint Léonard, saint Jérôme et saint Michel vient compléter l'arcature un peu froide qui orne le premier niveau de l'élévation.
Les grandes verrières des deux baies 117 au nord et 118 au sud reçoivent des créations du XIXe siècle (ateliers étienne Thevenot en 1845-48 et Nicolas Coffetier en 1873).
Pour donner un peu de chaleur à l'arcature rayonnante du bras nord, on y a disposé une suite de petits tableaux datés du milieu du XVIIe siècle et illustrant la Passion. à l'origine, payés par le chanoine trésorier de la cathédrale, ils ont été conçus pour orner la chapelle axiale.
Dix-huit de ces panneaux ont été sauvegardés à la Révolution, mais il n'en subsiste que douze. Au XIXe siècle, on leur rajouta une huile sur toile de la Présentation au temple. Le peintre Gabriel Herson, venu de Falaise et installé à Bayeux, reçut commande de ce programme.
L'historien Emmanuel Luis explique dans l'ouvrage de référence Bayeux, joyau du gothique normand, que ces petits tableaux ont été conçus, selon la pratique courante de l'âge classique, à partir de modèles gravés. En effet, les toiles des maîtres donnaient souvent lieu à un transfert sur gravure, ce qui permettait leur reproduction imprimée.
---»» Suite 2/2 à droite.


Croisillon sud : CHAPELLE SAINT-THOMAS BECKET ET SAINT-NICOLAS.
Les peintures sont du XIIIe siècle (restaurées), sauf
le meurtre de Thomas Becket qui est du XIXe siècle.

Élévation du transept sud.
La partie basse présente une profusion d'arcatures
de différente taille avec rosaces et polylobes.

Le transept et ses croisillons, XIIIe siècle (2/2).
---»» L'étude des styles montre que Gabriel Herson a puisé dans le maniérisme flamand de la fin du XVIe siècle (Couronnement de Marie), dans «l'art flamand plus en cours de Rubens» (Luis) comme on le voit aisément dans la Pentecôte, ou dans l'art français de l'époque (Nativité d'après la toile de Simon Vouet datée de 1638).
Enfin, dans le même bras nord du transept, la grande toile de la Résurrection est regardée par Emmanuel Luis comme «l'une des meilleures et des plus imposantes copies en Normandie de la toile de Carle Van Loo, dans le sens de la gravure de Salvador Carmona datée de 1755.»
Sa belle qualité d'exécution conduit l'historien à attribuer (sans justification historique) cette copie au peintre Joachim Rupallay (1713-1780), renommé à Bayeux.
Sources : 1) Congrès archéologique de France, 1974, article de Jacques Thirion ; 2) La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, 1922 ; 3) Bayeux, joyau du gothique normand, La Nuée Bleue, collection La Grâce d'une cathédrale, 2016.


Registre du haut : la Crucifixion, peinture murale du XIIIe siècle, restaurée.
Registre du bas : panneaux de la Vie de saint Nicolas (datés du XIVe siècle).

Baie 118 : vitrail de saints évêques de Bayeux par Nicolas Coffetier, 1873.

Le Père céleste présentant son fils.
Peinture murale du XIIIe siècle, restaurée.

Le Meurtre de Thomas Becket.
Peinture murale du XIXe siècle.
Le porte-croix de l'évêque porte effectivement une croix, un objet
qui n'est plus visible dans la même scène du tympan de la façade sud.

La Crucifixion, détail : Marie.
Peinture murale du XIIIe siècle, restaurée.

La Crucifixion, détail : saint Jean.
Peinture murale du XIIIe siècle, restaurée.

Saint Nicolas calme la tempête.
Peinture murale du XIIIe siècle, restaurée.

Baie 118, détail : saint martyr et saint-évêque.
(L'intervalle médian a été réduit.)
Atelier Nicolas Coffetier, 1873.
«««--- L'Annonciation
Peinture murale du XIIIe siècle, restaurée.

L'Annonciation, détail : l'archange Gabriel.
Peinture murale du XIIIe siècle, restaurée.

Épisode de la légende de saint Nicolas.
Peinture murale du XIVe siècle,
repeinte au XIXe siècle.

«««--- L'Annonciation, détail : la Vierge
Peinture murale du XIIIe siècle, restaurée.


Baie 118, détail : galerie de saints évêques et de saints martyrs de Bayeux.
Atelier de Nicolas Coffetier, 1873.

Bras sud du transept : vue en grand angle des parties hautes (XIIIe siècle).
Il faut remarquer la disposition un peu anarchique des arcatures sur les trois faces du bras.
Elle rappelle le foisonnement de décoration sur l'extérieur de la façade sud de ce même croisillon.
Statues d'apôtre dans le garde-corps
du bras sud du transept.
Fin du XIIe siècle.

La croisée du transept et le bras sud du transept.
Les quatre piles de la croisée sont plus blanches que le reste :
elles ont été entièrement reconstruites sous le Second Empire
avec de la pierre d'Aubigny, plus blanche
que la pierre d'Orival utilisée au Moyen Âge.

La grande affaire du XIXe siècle : peut-on consolider les piles de la croisée ou faut-il détruire la tour centrale ? (2/5)
---»» En février 1855 se tient à Paris une réunion sur la cathédrale avec les défenseurs des deux écoles, mais aucune décision n'est prise par le ministère.
Pis ! En mai 1855, un important claveau d'une arcade du chœur près de la croisée se détache, sans toutefois faire de victimes. Le chœur et une partie de la nef sont alors interdits au culte.
En juin, Eugène Viollet-le-Duc vient à Bayeux, examine les dégradations et déclare que l'écroulement de la cathédrale est imminent ! Il fait même un dessin de l'écroulement prévu ! Il faut démolir la tour centrale sans tarder.
Les Bayeusains ne renoncent pas et en appellent directement à l'Empereur. La commission qu'ils ont constituée est à Paris ce même mois de juin. Elle ne peut rencontrer Napoléon III, mais celui-ci lui fait savoir tout l'intérêt qu'il porte à cette affaire. Pourtant la décision de destruction est prise, approuvée par le Comité des Inspecteurs généraux.
Les opposants font alors appel à l'ingénieur de la marine, Jean-Baptiste Appolinaire Lebas qui avait érigé l'obélisque de la place de la Concorde en 1836. Venu à Bayeux, il se prononce pour la possibilité d'une reprise en sous-œuvre, mais n'en dit pas plus et ne veut se charger de rien.
Les travaux commencent le 1er août suivant. Le dôme du XVIIe siècle, érigé par Jacques Moussart, est démoli. Le premier étage, celui du XVe siècle, va suivre.
Pourtant le 26 août (le 30 selon Jean-François Belhoste dans son article pour L'homme et la matière, Picard, 2009), une dépêche ministérielle vient interrompre les travaux. Que s'est-il passé ? Tout simplement, un ingénieur, Eugène Flachat, a accepté d'intervenir concrètement sur le chantier.
---»» Suite 3/5 plus bas.

La grande affaire du XIXe siècle : peut-on consolider les piles de la croisée ou faut-il détruire la tour centrale ? (1/5)
Lors de l'époque romane, les piles de la croisée étaient moins massives que celles d'aujourd'hui et, selon Jean Vallery-Radot, elles ne pouvaient soutenir qu'une voûte charpentée.
Au XIIIe siècle, l'ensemble de l'édifice passe au gothique. Les piles de la croisée sont renforcées par une gaine de pierre enveloppée de colonnettes, selon le style gothique. Des retards multiples repoussent à la fin de la guerre de Cent Ans l'érection du premier étage de la tour centrale, qui sera bâti en gothique flamboyant. «Le second étage, surmonté d'un dôme de style classique, ne fut construit qu'au début du XVIIIe siècle (1714), sous l'épiscopat de François de Nesmond, par l'architecte Jacques Moussard», écrit François Neveux dans l'ouvrage Bayeux, joyau du gothique normand..
Vers 1850 (voir en page 1 à quoi ressemblait la tour à cette époque), il apparut à tous les experts que la tour centrale était trop lourde pour les piles de la croisée et le sol sur lequel elles reposaient. Les multiples lézardes devenaient inquiétantes.
Que fallait-il faire ? Supprimer la tour ? Abaisser sa hauteur ? Ou renforcer les piles et le sol ?
Victor Ruprich-Robert, nommé architecte diocésain de Bayeux en 1848 à l'âge de 28 ans, laissa ce problème de côté. Pour faciliter le suivi de la messe par les fidèles, il détruisit le jubé qui fermait le chœur. Ce bel élément d'architecture classique datait de 1714 et se trouvait entre les deux piles orientales de la croisée. Malheureusement, son retrait ne fit qu'aggraver la situation.
Les mesures mises en place, dont la pose d'étais, ne furent que des pis-aller. L'architecte se vit contraint de proposer la destruction de la partie supérieure de la tour, autrement dit le premier étage actuel et le dôme surmonté d'un lanternon. Le projet fut approuvé par le ministre de l'Instruction publique et des Cultes en 1853.
Aussitôt, tout ce que le département du Calvados comptait d'érudits, de prélats et de fervents catholiques protesta. Les architectes locaux eurent vite fait de repérer l'entourloupe montée par Paris : privilégier l'unité de style (avec une reconstruction ad hoc de la tour en tout gothique) au détriment d'éléments, certes d'époque et de style différents (gothique et classique), mais historiques... et qui faisaient la fierté de la ville. Pis ! Certains craignaient que l'état, faute de moyens, démolisse, mais ne reconstruise pas !
Janvier 1854 : Bayeux est en ébullition ; les commissions d'étude se multiplient, l'une d'entre elles proposant de consolider la tour ; les supplications auprès du ministère s'enchaînent.
Si l'on replace cette querelle dans l'Histoire de l'art, on constate que deux écoles s'affrontent. Initié par le roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (publié en 1831), l'art gothique est en faveur chez les architectes. Avec Viollet-le-Duc, une école du tout gothique se fait jour. Son objectif est d'imposer une unité de style. Elle n'hésite pas à demander la démolition de parties Renaissance ou classique dans les vieux monuments à majorité gothique.
L'école opposée privilégie le côté historique des constructions, même si des éléments architecturaux, visuellement disparates, heurtent le bon goût. On y trouve des gens au caractère provincial prononcé, comme Arcisse de Caumont, d'ailleurs natif de Bayeux.
---»» Suite 2/5 ci-dessous à gauche.


La clé de voûte de la croisée du transept.
Les dessins du XVe siècle ont été restaurés.

La clé de voûte de la croisée du transept, détail : des anges porteurs d'encens.
LE CROISILLON NORD DU TRANSEPT

Le bras nord du transept.
La suite d'arcatures de style rayonnant est plus dépouillée que dans le bras sud.

Le bras nord du transept avec la chapelle Saint-Pierre et le déambulatoire nord.
Dépouillement : au XIIIe siècle, toute l'élévation derrière la statue de la Vierge
jusqu'à la rosace sous la coursière a été laissée nue.

La Vierge à l'Enfant par Veyrassat, 1848.

CHAPELLE SAINT-PIERRE, SAINT-LÉONARD,
SAINT-JÉRÔME ET SAINT-MICHEL
.

La Résurrection, copie d'une toile de Carle Van Loo
attribuée à Joachim Rupalley, vers 1775.

Croisillon nord du transept : des petits tableaux du XVIIe siècle
sont disposés sous une arcature assez sobre, de style rayonnant.
TABLEAUX DE GABRIEL HERSON, milieu du XVIIe siècle (10 tableaux donnés ici sur les 12 exposés)

La Nativité (d'après une toile de Simon Vouet de 1638)

L'Assomption et le tombeau vide.

Le Couronnement de Marie.

La Passion : Jésus au jardin des Oliviers.

La grande affaire du XIXe siècle : peut-on consolider les piles de la croisée ou faut-il détruire la tour centrale ? (3/5)
---»» Eugène Flachat (1802-1873) est ingénieur en chef de la Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest. Spécialiste de la fonte, du fer et du rail, il a déjà bâti le pont d'Asnières et la grande halle en fers laminés de la gare Saint-Lazare. Flachat, connu de l'Empereur, ne manque pas de soutien. Michel Chevalier, ancien saint-simonien, venait de publier dans le Journal des débats, le 1er juin précédent, un article sur l'emploi du fer et de la fonte dans les constructions monumentales, y citait Eugène Flachat et proposait l'usage de piliers en fonte pour la restauration du Panthéon.
Dans son article rédigé pour le colloque de Noyon en 2006 (L'homme et la matière, Picard, 2009), Jean-François Belhoste écrit que l'affaire de la tour de la cathédrale de Bayeux est «le début, en fait, d'une approche en termes de résistance des matériaux» et donc «une étape dans l'évolution des rapports entre architectes et ingénieurs.»
On ne saurait mieux dire. Le 3 septembre, c'est carrément le transfert de responsabilités d'un architecte à un ingénieur qui est prononcé : Victor Ruprich-Robert est remercié ; Eugène Flachat, arrivé avec son équipe, prend sa place dans la conservation diocésaine de Bayeux.
Il y a avec lui plusieurs ingénieurs des Compagnies de Chemin de fer du Paris-Saint-Germain et du Midi. Parmi eux se trouvent quelques jeunes diplômés de l'école centrale des arts et manufactures spécialisés dans l'ingénierie ferroviaire (édouard Molinos, Henri de Dion, etc.). On note la présence d'émile Trélat, centralien et professeur de constructions civiles au Conservatoire des arts et métiers ; on remarque aussi celle de Charles Nepveu, ingénieur constructeur, spécialiste du fonçage à l'air comprimé. Bref, les grosses têtes de l'industrie du fer et de la fonte en France à cette époque.
Le 21 septembre, le diagnostic tombe : «tout le mal venait de la détérioration des quatre piliers qui soutenaient la tour et que les étayements réalisés, loin de soulager la charge, accroissaient les désordres.» Il faut reconnaître que, pour un néophyte, le dernier jugement ne coule pas de source...
---»» Suite 4/5 plus bas.

La grande affaire du XIXe siècle : peut-on consolider les piles de la croisée ou faut-il détruire la tour centrale ? (4/5)
---»» Il faut donc reprendre les piliers en sous-œuvre. Le 12 novembre, le ministère accepte le plan de reprise et de consolidation. La responsabilité du chantier est confiée à Henri de Dion. Il restera à Bayeux jusqu'à la fin des travaux en 1858.
Ordonnancement des tâches : les quatre piles de pierre de la croisée devant être retirées, il fallait un soutènement solide pour tenir la charge de la voûte et de la tour centrale évaluée autour de 3000 tonnes. Après avoir stabilisé la tour par un double ceinturage, on posa des tirants à la naissance des arcs de la croisée pour empêcher les mouvements des piliers. Puis, dans cinq trous-colonnes creusés autour de chaque pile jusqu'à la couche dure (env. six mètres de profondeur), on enfonça un tube de fonte de 1,20 m de diamètre que l'on remplit de béton. Ensuite, on put dresser le soutènement.
La science vint en renfort. Jean-François Belhoste note : «Le système d'échafaudage fit l'objet d'une étude scrupuleuse. On calcula les efforts auxquels ils seraient soumis [sic] une fois les piliers démontés, ce qui permit de déterminer la section des étais, leur inclinaison, la section des tirants en fer méplat posés pour maintenir leur tête. Un système de vérins permit enfin de soulever légèrement l'ensemble.»
Les quatre piles de la croisée purent enfin être démolies et reconstruites selon le même profil gothique. On fit le choix de la pierre d'Aubigny, une pierre calcaire plus dure que celle d'Orival utilisée au Moyen Âge pour l'essentiel du bâti de la cathédrale. C'était aussi une pierre plus blanche que la précédente.
---»» Suite 5/5 plus bas.


La Passion : Jésus outragé.

La Passion : Jésus flagellé.

La Passion : Véronique présente le visage de Jésus.

La Passion : Jésus est crucifié.

La Passion : la Résurrection du Christ.

La Pentecôte (inspirée de l'art flamand de Rubens).
Gabriel Herson, milieu du XVIIe siècle.

La grande affaire du XIXe siècle : peut-on consolider les piles de la croisée ou faut-il détruire la tour centrale ? (5/5)
---»» Dans un discours qu'il prononça en 1881 devant la Société des Antiquaires de Normandie, Victor Ruprich-Robert, mauvais perdant, pointa du doigt cette différence de blancheur, ce contraste «du plus fâcheux aspect». Pour sauver son honneur d'architecte, il déclara que son intention avait été de déposer le fameux premier étage de la tour en numérotant les pierres une par une afin de le reconstituer à l'identique après. Les historiens qui ont étudié de près le déroulement de cette affaire n'ont pas trouvé trace de cette idée hardie qui sous-entendait la consolidation du sous-sol...
C'est à l'occasion de la démolition des quatre piles gothiques qu'on découvrit, à l'intérieur de la pierre, les anciens piliers romans. Cette heureuse découverte allait nourrir les analyses des historiens médiévistes au cours des décennies suivantes.
Les travaux s'échelonnèrent de juillet 1856 à janvier 1858.

Le chantier de Bayeux fut clairement un chantier d'ingénieurs. Seule une carcasse de fer en tant que support temporaire mathématiquement conçu, pouvait supporter un effort de plusieurs milliers de tonnes.
Eugène Flachat fut regardé comme le sauveur de la cathédrale. Dans les faits, c'était plutôt à Henri de Dion, auteur de l'essentiel du projet, que l'on devait le succès de l'entreprise. Rappelons aussi qu'il était bien secondé : la Compagnie des Chemins de fer de l'Ouest avait mis à sa disposition l'élite de ses charpentiers et de ses chefs-maçons. Par la suite, Henri de Dion devint un expert en résistance des matériaux et mit au point de nouvelles méthodes de calcul pour les structures en arc.
Ainsi le premier étage de la tour centrale était sauvé. Mais il fallait remplacer le dôme du XVIIe siècle, détruit en août 1855. Après un inutile concours de projets, ce fut l'architecte diocésain Gabriel Crétin qui fut retenu. Il prévoyait un étage néogothique couronné d'un dôme métallique. L'ensemble fut terminé en 1868. C'est ce que l'on voit à l'heure actuelle.

La querelle de la tour était devenue une affaire nationale et l'Empereur lui-même s'y était intéressé. En août 1858, lors de l'inauguration de la ligne de chemin de fer Paris-Cherbourg, Napoléon III passa à Bayeux où il fut reçu en grande pompe par les autorités laïques et ecclésiastiques. Il visita la cathédrale, salué par un discours chaleureux de l'évêque. Puis, l'ingénieur Eugène Flachat lui expliqua les difficultés de l'entreprise et les éléments de sa réussite finale.
L'historien François Neveux relate : Flachat fut immédiatement fait officier de la Légion d'Honneur et l'évêque, chevalier du même ordre.
Sources : 1) L'homme et la matière, l'emploi du plomb et du fer dans l'architecture gothique, Actes du colloque de Noyon, nov. 2006, éditions Picard, article de Jean-François Belhoste ; 2) Bayeux, joyau du gothique normand, collection La Grâce d'une cathédrale, La Nuée Bleue, 2016, article de François Neveux.


Le bras nord du transept est en style gothique rayonnant.
Il est daté des années 1260-1280.

Statue de saint Pierre avec le Bon Pasteur
dans le soubassement (Henri Dupont, 1872).

Baie 117 : Vitrail d'une galerie d'évêques dans le bras nord du transept.
Atelier Étienne Thévenot, 1845-1848.

Baie 117 : Vitrail d'une galerie d'évêques dans le bras nord du transept, détail.
Atelier Étienne Thévenot, 1845-1848

Statue d'un apôtre dans le garde-corps
du bras nord du transept.
Fin du XIIe siècle.

Bras nord du transept : un apôtre (fin du XIIe siècle) dans le garde-corps de la coursière.

Statue d'un apôtre dans le garde-corps
du bras nord du transept.
Fin du XIIe siècle.


«««--- Bas-relief du Bon pasteur.
XIXe siècle.

Baie 117 : Vitrail d'une galerie d'évêques dans le bras nord du transept, détail.
Atelier Étienne Thévenot, 1845-1848

En faisant figurer des petits personnages dans les bordures,
l'atelier Thevenot a pastiché le style des verrières du XVe siècle.
La cathédrale Notre-Dame de Rouen possède un magnifique vitrail
réalisé en 1449-1450 selon cette règle artistique :
le vitrail des Saints-Innocents.
Voir l'extérieur de la cathédraleVoir la nef de la cathédraleVoir le chœur et la crypte de la cathédraleVoir le déambulatoire et ses chapelles

Documentation : «La cathédrale de Bayeux» de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920
+ «Bayeux, joyau du gothique normand», La Grâce d'une cathédrale, La Nuée Bleue, Place des Victoires, 2016
+ «L'architecture normande au Moyen Âge», Presses Universitaires de Caen,, articles de Maylis Baylé, 1997
+ «Congrès archéologique de France, 132e session, 1974, Bessin et Pays d'Auge», article de Jacques Thirion
+ «Congrès archéologique de France, 75e session, 1908, Caen», article de Louis Serbat
+ «L'homme et la matière, l'emploi du plomb et du fer dans l'architecture gothique», Actes du colloque de Noyon, nov. 2006, éd. Picard
+«La cathédrale Notre-Dame de Bayeux» de François Neveux, OREP éditions., 2007
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