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Voir la nef
gothique (second niveau de la nef), les chapelles
latérales, le grand
orgue et l'historique
de vitraux.
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Page
1 : l'extérieur de l'édifice
Page
3 : le transept
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Page
4 : le chur et la crypte romane
Page
5 : le déambulatoire et ses chapelles
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PREMIER NIVEAU
DE LA NEF : L'ART ROMAN (XIIe SIÈCLE) |
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Le côté nord de la nef vu depuis la croisée : art roman
au premier niveau, art gothique au second.
L'arc en plein cintre qui jouxte le transept (à droite sur
la photo) a été détruit et refait en 1855 lors
de la réfection du carré du transept.
Le massif sculpté au-dessus de l'arcade (au centre de la photo)
correspond à l'ancienne tribune de l'orgue du XIIIe siècle
(détruit en 1562 lors des guerres de Religion). |
L'architecture
romane et gothique de la nef (1/2).
La nef de la cathédrale de Bayeux
est arrivée presque intacte du Moyen Âge.
Dès l'entrée, le fort contraste entre,
d'une part, l'aspect sophistiqué, un peu lourd
du premier niveau et, d'autre part, la légèreté
tout autant que l'élégance du second ne
peut que frapper le visiteur.
Le premier niveau, daté du XIIe siècle,
est roman.
Devant les incertitudes qui entourent les événements
historiques de cette époque, Jacques Thirion,
pour le Congrès archéologique de France
de 1974, mentionne que cette date du milieu du XIIe
siècle est purement conventionnelle.
L'incendie de 1105, déclenché par Henri
Ier Beauclerc lorsqu'il mit le siège à
Bayeux,
détruisit une partie de la ville et de la cathédrale.
Pour Jacques Thirion, il y a tout lieu de croire que,
pour des raisons plus politiques que religieuses (calmer
le clergé et la population), le roi ( 1135)
se dépêcha d'entreprendre la restauration
de l'édifice. Notre historien retient donc l'intervalle
des années 1110 et 1130 pour la construction
du premier niveau de la nef.
Il n'y a donc pas lieu d'attendre l'épiscopat
de Philippe d'Harcourt au milieu du XIIe siècle,
comme le font d'autres historiens, pour voir l'édifice
rebâti. Ce n'est d'ailleurs qu'à l'époque
moderne que ce prélat s'est vu attribuer - à
tort - la gloire de la reconstruction.
L'exubérante nef romane contient trois éléments
principaux (photo ci-contre). D'abord, «tout le
nu du mur est couvert d'une décoration méplate
figurant des vanneries, des entrelacs, des petits disques»,
écrit Louis Serbat pour le Congrès
archéologique de 1908. Deuxièmement,
le bas des écoinçons se termine par des
arcs en mitre ornés de petits bas-reliefs parfois
étonnants. Enfin, des rouleaux s'accrochent aux
grandes arcades avec «frettes crénelées,
têtes plates, bâtons brisés, dents
de scie, etc.» (Jacques Thirion). Voir plus
bas l'exemple d'une rangée de têtes
dans une voussure romane.
En 1160, un nouvel incendie va ouvrir l'ère
gothique de la cathédrale et conduire à
l'élévation du grandiose second niveau
de la nef.
L'évêque Philippe d'Harcourt s'éteint
en 1163 et n'a pas le temps de s'occuper de la reconstruction.
C'est son successeur, l'évêque Henri de
Beaumont, en poste de 1165 à 1205, qui va prendre
toutes les mesures utiles à cette fin.
D'abord le financement. Jacques Thirion écrit
: «il assigna à la fabrique les revenus
des prébendes des chanoines pendant l'année
qui suivait la mort des titulaires ou leur entrée
en religion et ordonna que tout nouveau chanoine s'engageât
à respecter cette prescription.»
De Beaumont rétablit une ancienne confrérie
de charité pour faciliter les dons et «accorda
des privilèges et des indulgences à ceux
qui chaque année pendant cinq ans donneraient
six deniers pour subvenir aux travaux.»
---»» Suite 2/2
plus bas.
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Un évêque avec sa crosse
dans un écoinçon du XIIe siècle. |
Un saint bénissant
dans un écoinçon du XIIe siècle.
Saint Vigor, évêque de Bayeux
au VIe siècle ? |
|
L'art roman dans toute sa préciosité.
Ici, un détail de l'arcature avec un bas-relief dans
l'écoinçon. |
Un exemple de l'ornementation du mur roman, XIIe siècle. |
|
Détail d'une voussure romane dans une arcade de la nef. |
Un homme tenant sa barbe
dans un écoinçon du XIIe siècle. |
Singe et bateleur
dans un écoinçon du XIIe siècle. |
|
Un lion fabuleux excité par une chimère
dans un écoinçon du XIIe siècle.
|
Une
influence extrême-orientale dans l'art roman
?
Les beautés romanes de la cathédrale
accusent à présent leurs neuf siècles
d'âge et font l'originalité de l'édifice.
Parmi elles, les bas-reliefs des arcs en mitre
ont suscité l'attention des historiens
de l'art.
On en donne ici sept exemples, le huitième,
la Vierge
à l'Enfant, étant un pastiche
du XIXe siècle.
On trouve ainsi deux
prélats (ci-dessus), un
homme tenant sa barbe, un
bateleur et son singe, un
animal fantastique se mordant la queue, etc.
Il faut s'arrêter sur l'un des plus beaux
: celui du lion
excité par une chimère. Des
historiens y ont vu une influence extrême-orientale,
opinion renforcée par le visage vu de profil
du bateleur
avec son singe, un visage, écrit Vallery-Radot
en 1922, qui «semble bien plutôt de
race hindoue que normande.» Faut-il y voir,
ajoute-t-il, «des emprunts à l'art
de ces lointains pays qui s'expliqueraient par
l'intermédiaire d'ivoires sculptés
ou de bronzes ayant servi de modèles»
?
La question se pose en effet. En 1908, l'historien
Louis Serbat écrivait : «Au Moyen
Âge, l'église de Bayeux,
ses inventaires en font foi, possédait
plusieurs coffrets d'ivoires orientaux. L'un d'entre
eux a dû servir de modèle au sculpteur.»
En 1974, Jacques Thirion, pour le Congrès
archéologique de France, élargit
encore la question en écrivant que ces
reliefs «ont fait évoquer tout à
tour les mirages de l'art scandinave, le monde
irrationnel de l'enluminure irlandaise, des apports
hypothétiques de l'Inde ou de la Chine
à la faveur des grandes voies maritimes.»
Il le reconnaît lui-même : il est
impossible d'obtenir une explication claire de
l'origine de certaines figurines de ces reliefs.
|
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Animal fantastique mordant sa queue
dans un écoinçon du XIIe siècle.
|
Vierge à l'Enfant
dans un écoinçon du XIXe siècle,
Pastiche d'art roman. |
Deux
clés de voûte romanes oubliées
---»»
Les deux clés de voûte données
à droite sont souvent oubliées dans
la description de la cathédrale. Elles
appartiennent à l'âge roman et se
trouvent dans le bas-côté sud.
|
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Art roman : un évêque tenant sa crosse
dans une clé de voûte du bas-côté sud. |
Art roman : une fleur ou un oiseau
dans une clé de voûte du bas-côté sud. |
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Plan de la cathédrale Notre-Dame de Bayeux. |
La chaire à prêcher de l'ébéniste Jean-Louis Mangin,
1786. |
Chemin de croix, station III :
Jésus tombe pour la première fois.
uvre contemporaine. |
Chemin de croix, station XIV :
Jésus est mis au tombeau.
uvre contemporaine. |
|
Chaire à prêcher, détail : les angelots en stuc de l'abat-son.
Le médaillon représente le Christ de l'Ascension. |
Chaire à prêcher, détail : la cuve néo-classique
et son bas-relief. |
|
|
La
chaire à prêcher de 1786.
uvre de l'ébéniste bayeusain Jean-Louis
Mangin, elle offre le contraste d'un abat-son baroque
et d'une cuve néo-classique.
L'abat-son est surmonté d'un globe où
est assise une allégorie de la Religion qui brandit
une croix. Sous l'abat-son de plâtre, des angelots
présentent un médaillon où trône
le Christ de l'Ascension.
Les révolutionnaires ont épargné
l'allégorie car, à la hampe, ils accrochèrent
un bonnet phrygien. L'allégorie devint la déesse
de la Raison.
En revanche, la cuve fut vandalisée. Les bas-reliefs
des faces latérales furent bûchés.
Il ne reste plus, sur le panneau central, que la figure
de la Foi sur une nuée.
Toutefois le décor classique des encadrements,
les feuillages, les torsades et les bas-reliefs de roses
subsistent.
Source : Bayeux, joyau
du gothique normand, La Nuée Bleue, 2016..
|
|
Chaire à prêcher, détail : allégorie de la religion au-dessus
de l'abat-son. |
«««---
Détail de l'abat-son : des angelots présentent
le Christ de l'Ascension dans un médaillon. |
|
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SECOND NIVEAU
DE LA NEF : L'ART GOTHIQUE (XIIIe SIÈCLE) |
|
L'élévation nord de la nef avec la tribune de l'orgue
médiéval détruit en 1562. |
Les tirants métalliques d'une fenêtre à
claire-voie
dans l'étage gothique de la nef. |
Les tirants métalliques.
Les architectes du Moyen Âge connaissaient bien
l'avantage qu'ils pouvaient tirer de la pierre armée.
Conscients que les parties les plus élégantes
d'un édifice en pierre sont souvent aussi les
plus fragiles, ils n'hésitaient pas à
renforcer les constructions de tirants métalliques
intelligemment placés.
La photo ci-dessus montre l'emplacement et le nombre
impressionnant de ces tirants de fer dans une fenêtre
à claire-voie de l'étage gothique de la
cathédrale.
On sait que les derniers siècles ont parfois
méprisé les constructeurs médiévaux
et leur usage du fer. Ainsi, à la cathédrale
Saint-Pierre de Beauvais, des architectes ont pensé
que ces tirants étaient des ajouts inutiles introduits
à l'époque classique. Il n'en était
rien. En, en 1970, on a ôté les tirants
extérieurs entre les arcs-boutants du chevet.
La force des vents leur a fait regagner leur place au
plus vite...
|
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L'architecture
romane et gothique de la nef (2/2).
---»» Dans un premier temps, le premier
niveau roman de la nef fut renforcé. Les voûtes
d'arêtes des bas-côtés furent transformées
en voûtes d'ogives. Ensuite, entre 1230 et 1245,
un nouveau chur fut élevé (cette
datation a été remise en cause récemment).
Puis on refit la dernière travée de la
nef (qui a d'ailleurs été restituée
en pastiche roman en 1857 à l'occasion de la
réfection du carré du transept). Enfin,
entre 1245 et 1255 environ, ce fut le tour du
second niveau de la nef. Cette chronologie, retenue
en 1974 par Jacques Thirion, découle des documents
connus. De plus, la promulgation d'indulgences papales
en 1243, 1244 et 1254, pour assurer le financement des
travaux, renforce cette thèse.
Cependant, au terme d'une comparaison avec la cathédrale
d'Évreux et d'autres monuments du Calvados,
l"historienne Katrin Brockhaus dans l'ouvrage de
référence Bayeux, joyau du gothique
normand (collection La Grâce d'une cathédrale,
2016), préfère dater le début
des travaux des années 1230.
Le second étage de la nef est gothique.
Le point de départ de cet étage se repère
aisément : c'est la frise de quatre-feuilles,
caractéristique de l'art gothique normand, qui
accompagne la coursière. Louis Serbat, pour le
Congrès archéologique de 1908,
parle d'un bandeau normand : une ligne de quatre-feuilles
surmontée d'un rang de feuillages réguliers
interrompu par des consoles ; au-dessus, deux moulures.
On aboutit ainsi à un discret garde-corps d'arcs
trilobés qui longe la coursière. Les passages
de circulation de cette dernière sont creusés
dans la masse des colonnettes à chaque changement
de travée.
L'un des points les plus remarquables de cette élévation
est la présence, dans chaque haute baie, d'une
très élégante claire-voie. Cette
élégance se matérialise au centre
de la baie par une fine colonnette en délit.
L'étage gothique se présente en fait comme
une immense et haute claire-voie, une «cage de
verre», lit-on parfois. Rien ne s'oppose au passage
de la lumière et la présence de la coursière
se remarque à peine.
La cathédrale Notre-Dame de Paris, note Jean
Vallery-Radot dans son étude de la cathédrale
de Bayeux
en 1922, ne connaît pas cette prouesse. Le «plein»
du triforium réduit la hauteur des grandes baies,
ce qui obscurcit la nef. Jugeant de cet unique étage
gothique bayeusain, Jean Vallery-Radot ajoute : «Pour
arriver à ce résultat, il avait fallu
étudier, avec un art consommé, la résistance
des voûtes et leur contrebutement. Les architectes
normands, logiciens achevés, sont en avance,
à date égale, sur leurs confrères
d'Ile-de-France.»
La légèreté étudiée
de l'étage gothique équilibre de façon
très heureuse l'exubérance de l'ornementation
de l'étage roman. La clarté qui inonde
la nef aide d'ailleurs à la réussite de
ce mariage car les grandes baies ne comportent actuellement
aucun vitrail coloré. Il n'en était vraisemblablement
pas ainsi au Moyen Âge.
Dans son ouvrage sur la cathédrale paru chez
Orep Éditions, l'historien médiéviste
François Neveux n'hésite d'ailleurs pas
à qualifier de «génial» l'architecte
du XIIIe siècle qui a conçu le gothique
des parties hautes.
Conséquence de cet apport gothique : on ne sait
pas comment se présentaient les deux niveaux
supérieurs romans - on sait qu'il y en avait
deux. Il nous en reste néanmoins quelques vestiges
au niveau des grandes arcades.
Ceci permet à Katrin Brockaus de souligner une
caractéristique «très insolite»
de Notre-Dame de Bayeux.
Faisant référence aux bas-reliefs romans
au centre des écoinçons, elle remarque
en effet qu'il n'était plus possible d'y installer
des colonnes montantes pour lier le bas avec le haut
et souligner la succession des travées. Elle
ajoute : «Un tel mur de grandes arcades ne se
rencontre dans aucun autre bâtiment d'une certaine
importance dans l'architecture romane normande, où
seules des églises secondaires non voûtées
comportent un vaisseau central dépourvu d'éléments
délimitant les travées.»
Reconnaissons que l'absence de colonnes montantes depuis
le sol jusqu'aux retombées des voûtes compte,
pour une part essentielle, dans la beauté de
la nef de la cathédrale.
Sources : 1) Congrès
archéologique de France, 1974, article de
Jacques Thirion ; 2) La cathédrale de Bayeux
de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens Éditeur,
1922 ; 3) Congrès archéologique de
France, 1908, article de Louis Serbat ; 4) Bayeux,
joyau du gothique normand, La Nuée Bleue,
2016.
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Tête d'homme entourée de deux têtes d'animaux
fantastiques. |
TROIS CONSOLES GOTHIQUES DE
LA COURSIÈRE (XIIIe SIÈCLE)
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L'élévation nord et l'orgue de tribune vus depuis la croisée.
La grande largeur de la nef fait que la cassure de l'élévation
en deux niveaux ne crée pas de sensation d'oppression. |
LES CHAPELLES
LATÉRALES DE LA NEF, ORNEMENTATION ET VITRAUX |
|
Le bas-côté nord vu depuis le bras nord du transept.
Le terrain est en pente descendante depuis la façade
vers le chevet :
il faut descendre un escalier pour gagner le transept. |
Suite de chapelles latérales dans le bas-côté
sud.
Les colonnes à la retombée des voûtes du
bas-côté sont du XIIe siècle.
Les colonnes plus fines de l'arcade d'entrée de la
chapelle (à petits chapiteaux) sont du XIIIe siècle. |
Sainte Philomène.
Son culte fut très répandu au XIXe siècle.
Huile sur toile de Théodelinde Dubouché (1809-1863),
devenue plus tard Mère Marie-Thérèse du
Sacré-Cur, fondatrice
à Paris de l'Institut de l'Adoration Réparatrice.
Pie X la déclara Vénérable en 1913.
Chapelle Saint-Hilaire, Saint-Contest et Sainte-Honorine. |
|
|
Les
chapelles latérales de la nef.
Selon le principe classique de construction d'une cathédrale,
à ses débuts la nef de Notre-Dame de Bayeux
fut élevée sans chapelles. Sa voûte
était soutenue par une simple rangée d'arcs-boutants
à volée qui s'appuyait sur les bas-côtés.
À Bayeux,
les chapelles latérales de la nef furent élevées
entre le troisième quart du XIIIe siècle
et l'an 1350 environ selon un processus bien répandu
: évidement des murs gouttereaux du bas-côté
; construction des murs de séparation entre les
chapelles ; fermeture des espaces ainsi créés
par des murs ajourés d'une grande fenêtre
où s'intercale une seconde rangée d'arcs-boutants
à volée. Cette seconde rangée est
indispensable pour évacuer les eaux de pluie.
Mais elle peut aussi s'imposer pour des raisons esthétiques.
En général, la construction de ces chapelles
est financée par les chanoines du chapitre, par
l'évêque ou par de riches familles de la
ville. Les donateurs doivent aussi pourvoir au mobilier
et aux instruments du culte car ces chapelles servent
avant tout aux messes privées. Elles sont une
marque de prestige social.
À Bayeux, les chapelles latérales de la
nef sont éclairées par des vitraux du
XIXe siècle. Un de leurs côtés est
parfois revêtu d'une ancienne peinture murale.
Celle de la chapelle
Saint-Julien et Saint-Exupère a d'ailleurs été
découverte récemment à l'occasion
du retrait d'un retable. Elle est datée des XIIIe-XIVe
siècles.
Toutes les verrières des chapelles de la nef
sont données dans cette page, souvent accompagnées
de gros plan.
|
|
CHAPELLE SAINT-PIERRE, SAINTE-TRINITIÉ et NOTRE-DAME
de Bonne Nouvelle
dans le bas-côté nord.
Le retable baroque et les sculptures sont de Jean-Louis Mangin,
XVIIIe siècle. |
Retable baroque, détail :
les bas-reliefs de J.L. Mangin
sur les colonnettes, XVIIIe siècle. |
Les
vitraux de la cathédrale (1/4).
Avec la Champagne, la Normandie est la terre d'élection
des vitraux de l'époque Renaissance en
France. S'il y en a eu dans la cathédrale,
ils ont disparu depuis longtemps. Tout comme ceux
de l'âge médiéval. Les anciens
vitraux de Notre-Dame de Bayeux ont été
méticuleusement détruits en 1562
par les iconoclastes des guerres de Religion.
Les rares fragments qui nous restent permettent
aux historiens de dresser les thèmes de
cette vitrerie. Ils étaient en fait semblables
à ceux des grandes cathédrales :
la Vie du Christ, la Vie de la Vierge, les apôtres,
la Passion, les saints locaux, etc.
De plus, comme l'édifice possédait
un nombre impressionnant de reliques (Exupère,
Antonin, Regnobert, Loup, Vigor, fragments de
la Vraie Croix, etc.), on imagine aisément
l'aspect des chapelles latérales avec reliquaires,
peintures murales et vitraux.
Dans l'ouvrage Bayeux, joyau du gothique normand
(La Nuée Bleue), l'historienne du vitrail
Martine Callias Bey rapporte qu'on trouvait encore
en 1705 un cortège de saints prélats
bayeusains dans les vitraux des hautes baies de
la nef.
---»» Suite 2/4
ci-dessous.
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Baie 19, détail : le chef de saint Loup.
Vers 1260.
Voir la
totalité du vitrail de saint Loup en page 5.
|
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Baie 19, détail : le chef de saint Exupère.
Vers 1260.
Voir la
totalité du vitrail de saint Exupère en page 5.
|
Les
vitraux de la cathédrale (2/4).
---»» Ces hautes fenêtres ayant
été érigées vers 1255,
les vitraux qu'elles abritaient sont à
dater aux alentours de l'année 1260. Parmi
eux, deux saints seulement, Loup et Exupère,
sont parvenus jusqu'à nous. Depuis 1954,
ces lancettes sont exposées dans la baie
19 de la chapelle
Saint-Vincent (déambulatoire nord).
Les chefs de saint
Loup et de saint
Exupère sont donnés dans cette
page.
Dans la chapelle voisine dédiée
à sainte Catherine, de petits fragments
de la même époque ont été
insérés dans le vitrail de la baie
17. Deux d'entre eux sont donnés à
la page
5.
Ajoutons que d'importants fragments d'une grande
verrière mariale du XIIIe siècle
se trouvent cachés derrière le grand
orgue de la façade.
La vitrerie d'origine a énormément
souffert pendant la guerre de Cent Ans et les
guerres de Religion. Les huguenots prirent plaisir
à casser les vitraux. De plus, en 1598,
un violent orage brisa presque toutes les vitres
de l'édifice.
En 1760, le chapitre décida de restaurer
les 87 verrières anciennes, qui furent
donc déposées. Du verre blanc les
remplaça. En réalité, cédant
à la mode du temps, il s'agissait plus
de permettre à la lumière du jour
d'éclairer la cathédrale que de
restaurer quoi que ce soit.
---»» Suite 3/4
ci-dessous.
|
|
|
Les
vitraux de la cathédrale (3/4).
---»» Survint la Révolution et le
temps passa. En 1809, on détruisit ce qui restait
des vitraux du transept et on déposa dans la
bibliothèque du chapitre les quelques panneaux
anciens de la nef qui s'y trouvaient encore. Ils ne
sortirent de la bibliothèque qu'en... 1984.
Un dernier vitrail ancien subsiste dans la cathédrale,
mais à l'état de fragments reconstitués:
le vitrail
axial de l'abside (baie 200). Remplaçant
une ancienne Crucifixion, l'atelier Bouchard fut sollicité
en 1834 pour bâtir une verrière axiale
avec des fragments anciens des XIIIe et XVe siècles.
On y voit une figure d'évêque ornée
(ci-contre) d'une double bordure.
En 1839, l'abbé Thomine-Desmazures voulut redonner
à la cathédrale une vitrerie digne de
son rang. Il rassembla autour de lui quelques artistes
locaux afin de créer un atelier de verriers...
qui ne réalisa qu'un seul vitrail : celui de
la vie saint Contest, septième évêque
du diocèse. Le vitrail est visible dans la baie
44 (chapelle Saint-Hilaire). À cette époque,
le renouveau du vitrail en France n'en est qu'à
ses débuts. Ce vitrail est l'un des premiers
vitraux dits «archéologiques» de
Normandie.
En 1841, Prosper Mérimée, inspecteur
général des Monuments historiques, passe
à Bayeux.
Il n'apprécie pas le vitrail de la baie 44, mais
veut néanmoins encourager ses réalisateurs
à persévérer. Il écrit :
«On vient de placer dans la cathédrale
de Bayeux
une verrière de la façon de l'abbé
Thomine et de Mr E. Forrestier [architecte dans le groupe
réuni par l'abbé]. Pour une verrière
de province, cela n'est vraiment pas mal, mails ils
ne comprennent rien à l'harmonie des couleurs.
C'est un pastiche prétentieux et criard des vitraux
du XIIIe siècle, quelque chose qui ressemble
fort aux vignettes à deux sous en tête
des complaintes qui se vendent au pont neuf. Comme essai
de gens qui n'avaient [déchirure du cachet]
ni maîtres ni pratique, cela est certainement
très remarquable et mérite peut-être
d'être encouragé.»
L'atelier de l'abbé Thomine fut éphémère.
Il ferma assez vite ses portes par manque de subventions.
Au XIXe siècle, l'art du vitrail progressa dans
toute la France. En particulier l'art de pasticher le
vitrail gothique. À la cathédrale de Bayeux,
quatre ateliers se partagèrent les commandes
jusqu'en 1901. Leur mission fut de vitrer les baies
des chapelles et les hautes baies du transept.
Si l'architecture de la cathédrale offre une
belle uniformité dans la nef et dans le chur,
on ne peut pas en dire autant des vitraux du XIXe siècle
! C'est un melting-pot de styles dû au crayon
de multiples cartonniers, ceci même au sein d'un
même atelier. Aucun prélat n'a imposé
un style unique. C'est pourquoi la cathédrale
de Bayeux
offre un magnifique panorama des premiers âges
du vitrail archéologique en France, riche d'une
grande diversité. Tous ces vitraux sont donnés
dans cette page et dans celle des
chapelles du chur.
---»» Suite 4/4
plus bas.
|
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«««---
Baie 200, détail : le chef de l'évêque
(fragments des XIIIe et XVe siècles reconstitués
en 1834).
Voir le vitrail en entier à la page
4. |
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Peinture murale du XIVe siècle
dans la chapelle Saint-Martin-des-Vicaires. |
Baie 18 (vitrail du D-Day en Normandie), détail. |
Les
vitraux de la cathédrale (4/4).
---»» Furent sollicités : l'atelier
clermontois d'Étienne Hormidas Thevenot
qui intervint de 1842 à 1848 (chapelles et bras
nord du transept), puis l'atelier parisien de Nicolas
Coffetier entre 1873 et 1875 (chapelles et bras
sud du transept).
En 1887, c'est un autre atelier parisien, celui d'Eugène
Oudinot qui orna des baies dans la chapelle
axiale. En 1901, l'atelier bayeusain de Louis-Léon
Mazuet est chargé des verrières de
la chapelle Saint-Michel et de compléter par
des litanies celles de la chapelle
axiale. Deux verrières (baies 21
et 23),
du XIXe siècle elles aussi, ne sont pas attribuées.
Toutes les verrières du XIXe siècle s'insèrent
dans un climat religieux où triomphe l'ultramontanisme
de la seconde moitié du siècle. Mise à
part la baie de la vie de saint Vigor (baie 42)
réalisée par l'atelier Thevenot en style
néo-XVe siècle, elles relèvent
toutes du style néogothique utilisé au
XIXe.
Dernier ajout en 1989 : il commémore le Débarquement
allié en Normandie du 6 juin 1944 (baie
18). Le Christ tient l'Alpha et l'Omega accompagné
des blasons des Forces alliées. Réalisé
par l'atelier Mayel, à Honfleur, il a
été offert par la reine-mère d'Angleterre.
En 2024, des vitraux modernes pour le transept
sont en préparation.
Source : Bayeux, joyau
du gothique normand, La Grâce d'une cathédrale,
La Nuée Bleue, Place des Victoires, 2016,
article de Martine Callias Bey.
|
|
«Le Retour d'Égypte», copie d'après
la gravure d'un tableau perdu de Jacques Stella. |
«««---
Baie 42 : Vie de saint Vigor
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848.
Ce vitrail du XIXe sièce est le seul créé
dans le style néo-XVe siècle.
Tous les autres sont de style néogothique. |
|
Tableau : La Vierge devant un abbé en prière (XVIIe siècle?). |
|
«L'Adoration des Mages» d'après une gravure
d'un tableau de Rubens. |
CHAPELLE SAINT-ANTONIN ET SAINTE-CROIX dans le
bas-côté nord. |
|
Baie 23, détail : scène de la Vie
de saint Antonin. |
Baie 23, détail : scène de la Vie
de saint Antonin. |
«««---
Souvenir des Morts de la Grande Guerre. |
|
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|
|
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|
Baie 42, détail : Le comte de Balyle chute pour
avoir usurpé
un champ de l'évêqe de Bayeux.
Vitrail de la Vie de saint Vigor
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848. |
Baie 42, détail : Le serpent est jeté à la mer.
Vitrail de la Vie de saint Vigor
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848. |
Baie 23 : six scènes de la Vie de saint Antonin.
Atelier inconnu, XIXe siècle. |
Chapelle Saint-Sébastien, Saint-Gerbold et Sainte-Radegonde.
L'autel est du XIXe siècle ;
les peintures murales médiévales de cet autel
ont été fortement restaurées au XIXe siècle. |
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Baie 34 : Vie de sainte Radegonde.
Atelier de Nicolas Coffetier, 1873. |
Chapelle Saint-Pierre, Sainte-Trinité et Notre-Dame de Bonne
Nouvelle.
Ce retable baroque (début du XVIIe siècle) évoque
les litanies de la Vierge sous forme de rébus. |
Baie 36 : Vie de saint Exupère
Atelier Étienne Thévenot, 1845-1848. |
Chapelle Saint-Julien
et Saint-Exupère ---»»»
Au registre supérieur : la résurrection
de Lazare avec un Christ bénissant.
Au registre inférieur : une Crucifixion.
Le Christ est entouré de saint Jean et de la Vierge
accompagnée
des Saintes Femmes (données en gros plan plus
bas).
Deux évêques se tiennent à gauche
et à droite, peut-être
saint Exupère et saint Julien. |
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Baie 44 : Vie de saint Contest
Chapelle Saint-Hilaire, Saint-Contest et Sainte-Honoraire
Atelier Duval, Yvory et Panchet-Bellerose, 1839.
Premier et unique vitrail créé par cet atelier
«de fortune» en 1839.
Voir plus haut
le texte peu flatteur de Prosper Mérimée en 1841
sur cette uvre. |
VIE DE SAINT CONTEST
(VIe siècle)
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Lecture de gauche à droite.
Rangée du haut :
1) Contest, tout jeune Bayeusain, se confie à
saint Manvieu, évêque de Bayeux.
2) Contest se retire à Blay près de Bayeux
pour se livrer à la prière.
3) Dans sa cellule, Contest chasse le démon avec
son étole. Ce dernier a pris l'apparence d'un
géant.
4) Contest annonce la pénitence à ceux
qui le visite dans sa retraite.
Rangée du bas :
5) Contest, dont la foi et la sainteté sont reconnus,
est élu évêque de Bayeux.
6) Contest convertit deux courtisanes.
7) Contest fait jaillir une source d'un rocher.
8) En 1162, ses reliques sont transférées
à Fécamp.
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Chapelle Saint-Julien et Saint-Exupère
Détail de la peinture murale : le Christ bénissant,
Fin du XIIIe siècle ou XIVe siècle. |
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Baie 34, Vie de sainte Radegonde, détail : sainte Radegonde
s'enfuit de la cour.
Atelier de Nicolas Coffetier, 1873. |
SAINTE RADEGONDE,
REINE DE FRANCE
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Le vitrail de la baie 34 retrace
la vie de sainte Radegonde, reine de France, moniale
et abbesse
de Sainte-Croix de Poitiers. Il a été
réalisé par l'atelier de Nicolas Coffetier
en 1873.
Voir l'église Sainte-Radegonde
de Poitiers.
Le vitrail se lit de gauche à droite en commençant
par le bas.
Premier niveau :
1) Naissance de Radegonde à Erfurt en Thuringe
en 518.
2) Prisonnière de Clotaire Ier, elle est élevée,
à l'âge de dix ans, au château d'Athiers,
près d'Amiens.
3) Baptême de Radegonde.
4) Saint Médard, évêque de Noyon,
l'invite à épouser Clotaire.
Deuxième niveau :
5) Radegonde accepte d'épouser Clotaire, mais
préfère consacrer son temps à prier
dans son oratoire.
6) Elle fait des aumônes et soigne des malades.
7) Radegonde chasse les démons.
8) Après l'assassinat de son frère par
Clotaire, elle s'enfuit de la cour.
Troisième niveau :
9) Radegonde est arrêtée et ramenée
à Soissons. Clotaire l'autorise à rentrer
dans un monastère.
10) Saint Médard lui donne l'habit de diaconesse.
11) Son époux, Clotaire, l'autorise à
faire bâtir le monastère de Sainte-Croix
à Poitiers.
12) Radegonde voit apparaître le Christ. Il lui
annonce sa fin prochaine.
Radegonde s'éteint le 12 août 587.
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Baie 34, Vie de sainte Radegonde, détail :
le baptême de sainte Radegonde.
Atelier de Nicolas Coffetier, 1873. |
Baie 34, Vie de sainte Radegonde, détail :
sainte Radegonde fait construire un monastère.
Atelier de Nicolas Coffetier, 1873. |
CHAPELLE SAINT-JULIEN ET SAINT-EXUPÈRE
dans le bas-côté sud.
Vitrail de la Vie de saint Exupère par l'atelier Étienne
Thévenot. |
Chapelle Saint-Julien et Saint-Exupère. Cette peinture murale
a été découverte en 2014 en retirant un
ancien retable et un tableau. |
Baie 36 : Vie de saint Exupère, détail de deux
lancettes
Atelier ÉtienneThevenot, 1845-1848
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«Saint Jean Baptiste»
Auteur inconnu, 4e quart du XVIIIe siècle. |
Baie 21 : Hélène, Marie, Jean et Macarius
Atelier inconnu. |
«Saint Jérôme»
Huile sur toile, auteur inconnu. |
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Baie 21, détail : Jean et Macarius.
(L'intervalle central a été réduit pour
la mise en page.) |
«La Nativité»
Huile sur toile, auteur inconnu. |
«««---
Chapelle Saint-Julien et Saint-Exupère
Détail de la peinture murale : les Saintes Femmes,
Fin du XIIIe siècle ou XIVe siècle. |
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Baie 25 : Vie de saint Regnobert.
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848. |
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Baie 25 : Vie de saint Regnobert, détail.
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848. |
Baie 25 : Vie de saint Regnobert, détail.
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848. |
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«Saint Charles Borromée donnant la communion aux
pestiférés de Milan»
Huile sur toile, d'après Pierre Migard, XVIIIe siècle. |
«Tête de saint Jean-Baptiste»
Huile sur toile, auteur inconnu, XVIIIe siècle. |
Saint
Manvieu.
C'est un saint dont on ne sait pas grand-chose.
Il est donné dans l'histoire de la ville
comme le sixième évêque de
Bayeux,
de 470 à 480. Saint Contest, que Manvieu
aurait encouragé dans la voie monacale,
lui aurait succédé au siège
épiscopal.
Il faut laisser au registre hagiographique les
huit scènes représentées
par Étienne Thevenot dans le vitrail à
gauche, illustrant la vie de ce saint.
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«««---
Baie 46 : Vie de saint Manvieu.
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848. |
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Baie 46 : Vie de saint Manvieu, détail.
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848. |
Baie 46 : Vie de saint Manvieu, détail.
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848. |
Baie 46 : Vie de saint Manvieu, détail.
Atelier Étienne Thevenot, 1845-1848. |
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L'AVANT-NEF, LA
TRIBUNE ET LES GRANDES ORGUES |
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L'architecture, typiquement normande, de l'avant-nef du XIIIe
siècle
contient les portes de communication avec les tours. |
L'architecture de l'avant-nef : le tympan de la porte donnant
sur la tour nord. |
Les grandes orgue de la cathédrale de Bayeux. |
«««---
L'écusson sous l'orgue de tribune a été
dégradé.
Il représentait les armes du chapitre :
de gueules à l'aigle d'or à deux têtes
au vol abaissé. |
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Vue d'ensemble de la nef depuis la croisée du transept. |
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Documentation : «La cathédrale
de Bayeux» de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens Éditeur,
1922
+ «Bayeux, joyau du gothique normand», La Grâce
d'une cathédrale, La Nuée Bleue, Place des Victoires,
2016
+ «L'architecture normande au Moyen Âge», Presses
Universitaires de Caen,, articles de Maylis Baylé, 1997
+ «Congrès archéologique de France, 132e session,
1974, Bessin et Pays d'Auge», article de Jacques Thirion
+ «Congrès archéologique de France, 75e session,
1908, Caen», article de Louis Serbat
+ «L'homme et la matière, l'emploi du plomb et du fer
dans l'architecture gothique», Actes du colloque de Noyon, nov.
2006, Éd. Picard
+«La cathédrale Notre-Dame de Bayeux» de François
Neveux, OREP Éditions., 2007 |
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