Accueil
  Histoire navale
  Céramique
  Bibliographie
  Les Grands Thèmes
  PATRIMOINE
  Châteaux, palais,
    églises, monuments
Est Ouest Sud-Ouest Nord IdF Sud-Est Centre-OuestCentre-Est
RÉGIONS


 Contact
Page créée en mars 2024
??
Voir l'extérieur de la cathédraleVoir la nef de la cathédraleVoir le transept de la cathédraleVoir le déambulatoire et ses chapelles
Tétragramme dans la grille axiale à l'entrée du chœur
LE CHŒUR ET LA CRYPTE ROMANE

Cette page donne des développements particuliers pour les éléments suivants :

L'ancien jubé du XVIIIe siècle, les stalles du XVIe, le maître-autel du XVIIIe siècle,
les grilles des XVIIe et XVIIIe, la crypte romane du XIe siècle.

 

Page 1 : l'extérieur de l'édifice
Page 2 : la nef et ses chapelles

Page 3 : le transept
Page 5 : le déambulatoire et ses chapelles

Chapiteau roman, le Christ ressuscité entouré par st Thomas et st Pierre
LE CHŒUR DU XIIIe SIÈCLE

Le chœur avec ses stalles du XVIe siècle et son autel de messe.
Au second plan à droite : l'actuelle chaise épiscopale est un simple fauteuil recouvert de velours rouge.
À l'arrière-plan, dans le sanctuaire : le maître-autel du XVIIIe siècle.

Le majestueux chœur de la cathédrale de Bayeux est à trois niveaux d'élévation.
XIIIe siècle.

Remise en cause de la datation du chœur.
Traditionnellement, la période donnée pour la construction du chœur de la cathédrale est de 1230-1245. Cette datation a été remise en cause récemment par l'historienne Katrin Brockhaus dans l'ouvrage de référence Bayeux, joyau du gothique normand paru en 2016.
En effet, une récente analyse dendrochronologique de la charpente du déambulatoire a montré que le bois venait d'arbres abattus en 1224-1225 et que ceux utilisés pour le vaisseau central l'avaient été en 1228. Il faut rappeler que les charpentiers de l'époque utilisaient toujours le bois à l'état vert, c'est-à-dire sitôt coupé. Il n'y a donc pas de délai notable entre la coupe et l'utilisation. La voûte d'un déambulatoire ne pouvant évidemment s'élever qu'après ou simultanément à l'élévation de la structure du chœur, Katrin Brockhaus propose une datation antérieure d'une vingtaine d'années à la datation traditionnelle. L'érection du chœur a donc dû commencer dans la décennie 1210 et être achevée à la fin de la décennie 1220.
Source : Bayeux, joyau du gothique normand, La Nuée Bleue, coll. La Grâce d'une cathédrale, 2016.


Les arcades en tiers-point du deuxième niveau dans l'abside.
Que donnerait ce décor avec des vitraux à la place des pierres au deuxième niveau ?

Ornementation florale dans les écoinçons du deuxième niveau de l'abside.

Les médaillons du deuxième niveau du chœur.
Le visiteur de la cathédrale ne doit pas passer dans le déambulatoire (l'entrée du chœur est partout barrée par des grilles) sans regarder attentivement les médaillons du XIIIe siècle qui ornent les écoinçons des arcades du deuxième niveau.
Tantôt ils sont purement décoratifs avec un bas-relief floral ou bien avec un mélange de feuillages et d'animaux fantastiques, tantôt ils représentent d'intéressantes saynètes. à droite, ci-dessus, un homme tenant une bourse est tourmenté par deux démons. Il a souvent été identifié à Judas.
Les deux médaillons donnés ci-dessous sont inspirées des légendes de saint Vigor et de saint Loup. Les évêques tiennent chacun en laisse un monstre qui ravage la contrée. Dans le but, sans doute, de le précipiter dans une rivière proche pour le faire périr. Jean Vallery-Radot écrit à ce sujet : «Cette allégorie, qui se retrouve dans maint diocèse de France, est transparente : c'est la figure du christianisme vainqueur du paganisme.»
Dans la photo au-dessous, Adam et ève sont tentés par le Malin autour de l'arbre de la Connaissance. Enfin, à côté, une scène étrange : un moine ou un saint est béni par un ange ailé porteur du nimbe crucifère. Dans l'iconographie, cet attribut est réservé au Christ. D'où la perplexité des historiens.
Source : La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920.


Médaillons dans le chœur : saint Vigor et saint Loup tiennent chacun en laisse un animal fabuleux.

Médaillons dans le chœur :
À gauche, Adam et Ève autour de l'arbre de la Connaissance ;
À droite, un scène étrange : un ange ailé et au nimbe crucifère bénit un moine.

Le chœur de la cathédrale.
Le chœur de la cathédrale de Bayeux a été abondamment loué par les historiens. Contrastant avec les deux niveaux d'élévation de la nef, le chœur du XIIIe siècle en possède trois, distribués dans une remarquable harmonie des proportions.
Si la nef est une reconstruction partielle à partir d'un premier étage roman, le chœur, en revanche, est une reconstruction complète.
Une question doit arrêter le visiteur : l'impression de beauté et d'équilibre de ce chœur serait-elle la même si le deuxième niveau était vitré ? Il est probable qu'il serait encore plus beau. En privilégiant la pierre, l'architecte a visiblement fait le choix de la solidité.

Premier niveau : c'est une suite de grandes arcades en tiers-point qui se resserrent dans le rond-point. Les piles de ce rond-point ont été cannelées à l'antique au XVIIIe siècle. Les écoinçons reçoivent des roses qui sont en fait des médaillons sculptés en creux.
Au deuxième niveau : une arcature en tiers-point abritant des baies jumelées (et là aussi resserrées dans l'abside). Les écoinçons sont ornés d'un pittoresque médaillon dans les élévations nord et sud, et de branches de feuillages dans l'abside. Un triforium court à sa base.
Au troisième niveau : de hautes baies vitrées jusqu'à la voûte. Un étroit passage se glisse là-encore à leur base. Les voûtains du chœur arborent des fresques du XIIIe siècle représentant les évêques de Bayeux en buste (fresques restaurées au XIXe siècle).
En faisant référence aux arcs aigus richement moulurés, à l'abondance du décor sculpté, bref au souci de ne laisser aucune surface nue, l'historien Louis Serbat en 1908 pour le Congrès archéologique de France a pu écrire que le chœur de la cathédrale était «un modèle achevé du style gothique normand».

En 1922, Jean Vallery-Radot a décrit le chœur en termes qui ont fait école : «Ni tâtonnement, ni maladresse dans cette construction parfaite de proportions et d'équilibre. Le maître de l'œuvre était un ingénieur savant épris de la froide beauté des raisonnements géométriques. La sobriété du chœur le prouve. Dans les médaillons qui accostent les arcades à intervalles réguliers, dans les subdivisions du triforium dont tous les arcs ont été tracés avec la même ouverture de compas, dans les quatre-lobes et les trèfles, qui s'élargissent ou s'étirent en longueur selon la dimension des écoinçons à ajouter, aucune place n'a été laissée à la fantaisie. Nous sommes ici en présence d'un style savant, d'une maturité précoce. L'artiste est doublé d'un calculateur réfléchi, qui ne s'écarte à aucun prix du projet tracé, au préalable, au compas.»
Sources : 1) La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920 ; 2) Congrès archéologique de France, tenu à Caen en 1908, article de Louis Serbat.


Élévation des deuxième et troisième niveaux du chœur.

Médaillon du XIIIe siècle : un homme tenant une bourse
est tourmenté par deux démons. Est-ce Judas ?

Médaillon du XIIIe siècle : un animal fantastique
tient une proie dans sa gueule.

Maquette du jubé construit en 1714 et détruit en 1851.
La maquette a été financée par l'Association des amis de la cathédrale.

L'ancien jubé du XVIIIe siècle.
En 1700, Monseigneur François de Nesmond, évêque de Bayeux, fait construire un jubé de pierre de style classique et de belle élégance. Ce jubé ferme complètement le chœur et empêche évidemment les fidèles de suivre visuellement le service divin.
C'est pour cette raison que, sous la responsabilité de l'architecte diocésain Victor Ruprich-Robert, il a été détruit en 1851.
L'Association des amis de la cathédrale a financé la maquette de ce jubé, maquette donnée ci-dessus.
Le jubé s'organise en trois parties. L'ouverture centrale, fermée par une grille, est bordée de deux massifs avec niche et colonnes en marbre noir. L'ensemble est surmonté d'un garde-corps de style classique. Au centre, l'immense Christ en croix devait impressionner les fidèles durant l'office...
Le premier jubé de la cathédrale date du XIIIe siècle. Après les dégradations des guerres de Religion, un second fut construit en 1578.
Sources : 1) note dans la cathédrale ; 2) Bayeux, joyau du gothique normand, La Nuée bleue, collection La Grâce d'une cathédrale, 2016.

LES STALLES DU XVIe SIÈCLE

L'élévation nord du chœur avec les stalles et l'orgue de chœur du facteur Cavaillé-Coll.
La cathèdre actuelle se résume au simple fauteuil rouge à accoudoirs que l'on voit à droite.

La cathédrale à la Révolution.
L'historien Louis Réau relate les dégradations subies par la cathédrale durant la Révolution :
«Vouée au culte de la Raison, puis de l'Être suprême, la cathédrale de Bayeux subit pendant dix ans de multiples outrages. La couverture de plomb de la nef fut, comme de juste, envoyée à la fonte. Les objets mobiliers servant au culte furent déclarés «effets nationaux». Sur l'autel adossé au jubé, on remplaça le saint sacrement par les bustes de Brutus, de Jean-Jacques Rousseau et de deux martyrs de la Révolution : Marat et Lepeletier de Saint-Fargeau. Des amphithéâtres destinés au public furent dressés entre les piliers de la nef avec les débris des retables qui ornaient les autels des chapelles.
On décida en outre d'abattre les croix qui surmontaient les clochers. Celle de la tour centrale, dont on avait scié la traverse en ne laissant que la haste, fut coiffée d'un bonnet phrygien en fer-blanc.»
La célèbre tapisserie de Bayeux fut gravement menacée :
«Des volontaires ayant besoin de bâches pour couvrir un chariot à bagages, voulurent s'en emparer. Quelques mois plus tard, à l'occasion de la fête de la déesse Raison, un vandale proposa de la découper en morceaux pour orner le "char civique".»
Source : Histoire du vandalisme de Louis Réau, Robert Laffont, 1994.

Les stalles du chœur (1589).
En 1562, les iconoclastes huguenots cassèrent les stalles créées au Moyen Âge. Les stalles que l'on peut voir à l'heure actuelle, datées de l'année 1589, sont l'œuvre d'un menuisier de Caen, Jacques Lefebvre. Elles sont de style Renaissance, mais un style déjà avancé, déjà «alourdi sous l'exubérance de la décoration», écrit Jean Vallery-Radot en 1922. Le maniérisme pointe son nez dans la sculpture.
Au milieu d'entrelacs et de rinceaux, les dossiers et les jouées sont enrichis de têtes d'angelots, tandis que les accoudoirs des extrémités reçoivent des lions. Le sculpteur s'est vraisemblablement inspiré d'estampes tirées de l'école de Fontainebleau.
Sur la photo ci-contre à gauche, on voit que les stalles sont littéralement coupées en deux blocs par l'une des piles massives du chœur. Il en est de même du côté opposé.
Explication : à leur création, les stalles étaient complètes. Elles s'élevaient plus à l'ouest et davantage vers le centre du chœur, donc en avant des piliers. Une partie d'entre elles, dressées contre le jubé, faisaient face au maître-autel.
En 1853, l'architecte diocésain Victor Ruprich-Robert décida de détruire le jubé construit en 1700. Il fallut évidemment évacuer les stalles qu'on avait continué à poser contre le jubé dans les dernières versions de stalles qu'on avait bâties. Les stalles du nord et du sud furent déplacées dans les premières travées du chœur (là où elles sont aujourd'hui) et reculées vers les piliers. Ce qui obligea le menuisier de Bayeux en charge du travail à fractionner les hautes-stalles.
C'est lors de ces transformations aussi que le trône épiscopal situé au sud, daté de 1681, fut remanié et enrichi par le sculpteur Pierre Hotin. Pour faire bonne mesure, on créa en 1869 un pendant, sur le côté nord : un large siège destiné au grand-chantre vint terminer l'aide nord des stalles. Il fut construit avec des éléments des stalles récupérées.
Une autre ancienne cathèdre (ou chaise épiscopale) se trouve près du chœur. Construite pour Monseigneur de Rochechouart et très dépouillée, elle date de la fin du XVIIIe siècle.
Quant à la cathèdre contemporaine, elle est très humble. C'est le simple fauteuil de velours rouge que l'on voit à droite et de profil sur la photo ci-contre.
Il n'est pas possible au visiteur d'entrer dans le chœur. Les détails de ces stalles ne peuvent donc être vus qu'au téléobjectif ou avec une paire de jumelles.
Dans son article sur les stalles de Bayeux (Bayeux, joyau du gothique normand), l'historien Étienne Faisant écrit que ces dernières «constituent un témoin unique, au plan local, d'un courant décoratif à son apogée» et qu'«elles nous renseignent sur la façon dont cette esthétique s'est répandue sur l'ensemble du royaume.»
Sources : 1) Bayeux, joyau du gothique normand, La Nuée Bleue, collection La Grâce d'une cathédrale, 2016 ; La cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920.


Les dossiers des hautes-stalles au nord.

Lion en rond-bosse et angelot sur une jouée,
1589.

«««--- Le dossier du siège du grand-chantre, détail.
Ce siège a été créé par Louis Hamel en 1869
comme pendant de la cathédre de
Monseigneur Jean Badré située au sud.

Détail des stalles de 1589.
On notera les étranges pieds, vaguement en forme de griffes.

La cathèdre de Monseigneur de Rochechouart date de la fin du XVIIIe siècle.
Elle se situe du côté nord, à proximité du maître-autel.

Terme au visage féminin,
1589.

Le lutrin est un aigle en bois doré.
Les quatre heuriers sont modernes. ---»»»
Leur style s'inspire de celui des stalles.

L'année d'origine de ce siège épiscopal est 1681.
Après de multiples adjonctions et restaurations,
il a été transformé en cathédre vers 1860.
Il porte les armes de Monseigneur Jean Badré.

Le siège épiscopal de 1681 vu de côté.
Le sculpteur Pierre Hotin l'a complété dans les années 1850
à l'occasion de la destruction du jubé et
de la redisposition générale des stalles.

Les stalles du côté nord.

Détail d'un heurier.

Le chœur vu depuis la croisée.
Sur la droite, l'humble fauteuil rouge est tout simplement la chaise épiscopale actuelle.
PEINTURES SUR LA VOÛTE DU CHŒUR :
LES ÉVÊQUES GEREBOLBUS ET MANUEUS, XIIIe SIÈCLE

Les faisceaux de colonnettes du chœur et les chapiteaux
ont été reconstruits dans les années 1850.
LE MAÎTRE-AUTEL DU XVIIIe SIÈCLE

Le maître-autel est daté de 1771.
Il est l'œuvre de Jacques Adam, Philippe de Caffiéri et Pierre-François Carpentier.
Au second plan, les piles du rond-point ont été cannelées au XVIIIe siècle à la mode
antique. C'était malheureusement une habitude assez courante dans les églises à déambulatoire.

Le maître-autel du XVIIIe siècle.
Parmi tous les éléments qui sont venus orner le chœur au XVIIIe siècle, le superbe maître-autel est sans doute le plus digne d'intérêt. Fermeture du chœur oblige, une paire de jumelles est nécessaire pour l'admirer dans ses détails.
En 1770, Louis-Emmanuel de Cugnac profite de sa double fonction de vicaire général du diocèse de Bayeux et de chanoine honoraire de la cathédrale Notre-Dame de Paris pour rassembler les compétences d'un trio d'artistes parisiens de premier rang : Jacques Adam, sculpteur marbrier du roi ; le bronzier Philippe Caffiéri l'aîné, «fondeur et ciseleur du Roy» ; le doreur Pierre-François Carpentier. Leur tâche est de construire le maître-autel avec toute sa garniture.
Philippe Caffiéri réalisa les ornements du soubassement, mais surtout la croix et les six chandeliers que l'on voit sur l'autel. Leur intérêt est à la fois artistique et historique. En effet, le fondeur parisien, de par la commande, était prié de reproduire à l'identique la garniture du maître-autel de la cathédrale de Paris. Cette dernière garniture ayant été victime du vandalisme révolutionnaire, c'est vers celle de Bayeux que les historiens se tournent à présent pour savoir à quoi ressemblait celle de la capitale.
Le travail de Caffieri est très sophistiqué. La photo ci-dessus à droite montre deux angelots à la base du crucifix. Celui du haut recueille le sang du Christ. «Le second contemple avec tristesse l'Agneau, symbole de son sacrifice, couché sur le livre aux sept sceaux de l'Apocalypse», écrit l'historien Yves Lescroart dans l'ouvrage Bayeux, joyau du gothique normand.
Pour la porte du tabernacle, le thème retenu est celui de l'Assomption.
La base des chandeliers reçoit des têtes de chérubins, tandis que les pieds sont en pattes de lion. Sur les trois chandeliers de gauche, le profil du Christ crucifié se répète trois fois. Lui répond, trois fois, le visage de la Vierge, vu lui aussi de profil, sur les trois chandeliers de droite.
Au soubassement de l'autel, le médaillon ovale affiche saint Exupère vu de profil et coiffé de sa mitre. Il est accompagné de deux belles guirlandes et de coquilles. Ces ornements sont aussi dus à Philippe Caffiéri.
Yves Lescroart rapporte que les bronzes de Caffiéri ont frôlé la disparition. S'ils échappèrent à un premier pillage en 1792, ils furent dégradés l'année suivante. La Société des amis de la Constitution lorgnait sur ce beau matériel, mais il put être mis en sûreté à la sacristie de la cathédrale, en quelque sorte protégé par la Commission des arts, créée à Bayeux en 1794. Les bronzes ne furent replacés sur l'autel qu'en 1800.
Source : Bayeux, joyau du gothique normand, La Nuée Bleue, collection La Grâce d'une cathédrale, 2016.


Garniture du maître-autel par Caffiéri : au centre, les angelots recueillent le sang du Christ.
Sur la tabernacle, la Vierge s'élève lors de son Assomption.

Le chœur et l'abside vus depuis la croisée.
LES GRILLES DU CHŒUR (XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES)

Grille de l'entrée axiale, détail.
Années 1770.

Soubassement d'une grille des années 1770.

Grille des années 1680 dans le déambulatoire.
Les deux panneaux se terminent par des palmettes très épanouies.
Il n'y a pas d'armoiries contrairement aux grilles du XVIIIe siècle.
L'autel de messe à la croisée et le chœur ---»»»

Les grilles du chœur.
Ces grilles, d'une grande beauté, présentent un bel exemple de l'art de la ferronnerie aux XVIIe et XVIIIe siècles.
En 1682, une première commande de quatre grilles est passée. Le visiteur peut les repérer facilement : elles n'ont pas d'armoiries à leur sommet, mais se terminent par des «palmettes-fleurons épanouis», selon l'expression Kcénia Naoumenko dans Bayeux, joyau du gothique normand.
Leur soubassement comprend des volutes amples, «assemblées par des anneaux moulurés» (Naoumenko). Voir photo plus bas.
En 1772, le doyen du chapitre, Jean-Jacques de Baudios de Castéja, offre à la cathédrale cinq grilles pour la dernière travée droite et le rond-point. Elles sont armoriées en l'honneur du donateur (photo ci-dessous). Ces armoiries, bien sûr effacées à la Révolution, ont été rétablies.
Le style de ces grilles du XVIIIe siècle diffère notablement de celui des précédentes. Les volutes y sont plus ramassées et les coquilles s'y multiplient. En comparaison, les grilles du XVIIe siècle ont l'air beaucoup plus sobres.
La grille axiale, des années 1770, présente une partie haute impressionnante de virtuosité (donnée ci-contre). Le triangle divin, orné du tétragramme, est entouré de têtes de séraphins dans une allégorie du soleil. Au sommet : une somptueuse couronne constituée d'une guirlande de fleurs et de gerbes dorées disposées en rayons.
La juxtaposition de ces grilles permet de se faire une idée assez précise de l'évolution de l'art de la ferronnerie du XVIIe au XVIIIe siècle : le rôle de simple clôture cède de plus en plus la place à l'ornementation et au décor pur.
Source : Bayeux, joyau du gothique normand, La Nuée Bleue, collection La Grâce d'une cathédrale, 2016, article de Kcénia Naoumenko.


Partie haute d'une grille des années 1770
avec les armoiries du donateur et doyen du chapitre, Jean-Jacques de Biaudos de Castéja.

Baie 200 : vitrail axial réalisé par Bouchard en 1834.
Ce vitrail au troisième niveau de l'abside est une composition moderne mêlant
fragments médiévaux et créations du XIXe siècle.
«««--- Baie 200 : vitrail des XIIIe et XVe siècles avec inscription «BOUCHARD 1834».

Baie 200, le vitrail axial.
C'est une composition hybrique réalisée par le verrier Bouchard en 1834 pour remplacer la Crucifixion d'origine. Dans l'ouvrage Bayeux, joyau du gothique normand, l'historienne du vitrail Martine Callias Bey explique que l'atelier où travaille ce verrier «compose des panneaux dits "anciens", en réalité constitués de fragments authentiques de diverses provenances et complétés par des verres modernes.»
Ainsi, la verrière de la baie 200 (ci-contre à gauche) affiche une grande figure d'évêque entourée d'une double bordure. La bordure extérieure, faite de crochets et d'un filet perlé, remonte au XIIIe siècle, tandis que la bordure interne (un entrelacs rouge et bleu) est une création du XIXe.
Quant aux panneaux centraux qui définissent le personnage de l'évêque, Martine Callias Bey rappelle que Louis Grodecki a montré qu'ils provenaient de la cathédrale de Soissons.
Dans la partie basse, l'écu au-dessous de l'évêque est rattaché au XIIIe siècle, tout comme le panneau rectangulaire au-dessous (qui est surmonté de l'inscription «BOUCHARD 1834»).
Dans cette même partie basse, trois des panneaux latéraux à grisaille avec fermaillets circulaires et filets perlés sont datés aussi du XIIIe siècle.
Source : Bayeux, joyau du gothique normand, La Nuée Bleue, collection La Grâce d'une cathédrale, 2016, article de Martine Callias Bey.

LA CRYPTE ROMANE DU XIe SIÈCLE

Vue d'ensemble de la crypte romane du XIe siècle située sous le chœur de la cathédrale.
Des chapiteaux romans y sont exposés, comme celui à droite sur la photo.

Entrée de la crypte sous une arcature du XIIIe siècle
dans le déambulatoire nord.

La crypte de la cathédrale (1/2).
Située sous le chœur, la crypte date de la première moitié du XIe siècle, l'époque du style roman. Sa présence se justifie architecturalement. Le terrain où s'élève la cathédrale est en pente descendante vers le chevet. Il faut donc une crypte pour rehausser le chœur au niveau de la nef. Les historiens n'ont aucun élément permettant de croire qu'on y a exposé des reliques. Elle est heureusement en accès libre.
De forme rectangulaire, elle comporte deux rangées de colonnes soutenant une voûte d'arêtes. L'ensemble définit une petite nef principale (où se dresse un autel) et deux bas-côtés. Les colonnes romanes sont décorées de chapiteaux arborant volutes et feuilles d'acanthe.
Au XIIIe siècle, lors de la construction du chœur gothique, cette crype a été murée, puis oubliée pendant un siècle et demi. En 1412, on l'a redécouverte par hasard quand il a fallu creuser la tombe de l'évêque Jean de Boissey qui occupa le trône épiscopal de 1408 à 1412. Une peinture murale du XVe siècle le montre en prière devant une petite table (voir plus bas).
L'intérêt artistique de la crypte est double : la Conservation y a déposé deux très beaux chapiteaux romans découverts dans la croisée du transept lors de la reconstruction de la tour centrale au XIXe siècle. On y voit l'Incrédulité de saint Thomas et le Christ accueillant un défunt.
Après 1412, les artistes bayeusains du XVe siècle ont décoré les voûtains de peintures murales. Une troupe d'anges musiciens en ocre jaune sur fond ocre rouge est venue égayer un lieu à l'aspect sans doute un peu morne et délavé. ---»» Suite 2/2 plus bas.


La crypte vue depuis le haut de l'escalier sud.

Un ange avec un orgue portatif
au-dessus d'un chapiteau roman.

Le Christ ressuscité entouré par saint Thomas et saint Pierre.
Ce pourrait être aussi une illustration de
l'«Incrédulité de saint Thomas»
(qui pointe un doigt vers le Christ).

Un ange musicien avec grelots et tambourin.

Un ange musicien avec un rebec.

Un ange musicien avec une double-flûte.

Un ange musicien avec un luth
et un ange en prière.

Chapiteau roman du XIe siècle.

La crypte de la cathédrale (2/2).
---»» Trois peintures murales représentent des apôtres : saint Paul, saint Simon et saint Jude.
Sur le mur nord se trouve l'enfeu de Gervais de Larchamp, sous-doyen du chapitre (vers 1405-1445). Vêtu d'un habit capitulaire, il est présenté à la Vierge et à l'Enfant par l'archange saint Michel.
«C'est une des cryptes les plus étendues et les mieux conservées de nos grands édifices du moyen âge», écrivait l'abbé Jean-Jacques Bourassié en 1880 dans son ouvrage sur les plus belles cathédrales de France. Ajoutons que toutes les peintures murales de la crypte ont fait l'objet d'une restauration en 1974.
Source : Bayeux, joyau du gothique normand, La Nuée Bleue, collection La Grâce d'une cathédrale, 2016.


La crypte vue depuis l'autel.
Les deux escaliers d'accès sont visibles à l'arrière-plan.

L'enfeu de Gervais de Larchamp, XVe siècle.
Le sous-doyen du chapitre est présenté à la Vierge et à l'Enfant par saint Michel.
À la voûte : une image de la Trinité entourée d'anges.

Enfeu de Gervais de Larchamp, détail :
Vierge à l'Enfant,
XVe siècle.

L'évêque Jean de Boissey en prière près d'une grande baie ouverte au sud.
Peinture du XVe siècle.
Derrière la grille à droite on aperçoit des éléments des chapelles rayonnantes du déambulatoire.

La crypte romane vue depuis l'arrière de l'autel.

Chapiteau roman.

Chapiteau roman.

Enfeu de Gervais de Larchamp, détail :
le donateur est présenté par saint Michel.

Saint Paul.
Peinture murale du XVe siècle.

Saint Simon et saint Jude.
Peinture murale du XVe siècle.

Saint Simon, détail.
Peinture murale du XVe siècle.

Quand le soleil brille, la lumière se glisse par les baies ouvertes au sud (qui donnent sur le déambulatoire) et éclaire toute la crypte.
Voir l'extérieur de la cathédraleVoir la nef de la cathédraleVoir le transept de la cathédraleVoir le déambulatoire et ses chapelles

Documentation : «La cathédrale de Bayeux» de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années 1920
+ «Bayeux, joyau du gothique normand», La Grâce d'une cathédrale, La Nuée Bleue, Place des Victoires, 2016
+ «L'architecture normande au Moyen Âge», Presses Universitaires de Caen,, articles de Maylis Baylé, 1997
+ «Congrès archéologique de France, 132e session, 1974, Bessin et Pays d'Auge», article de Jacques Thirion
+ «Congrès archéologique de France, 75e session, 1908, Caen», article de Louis Serbat
+ «L'homme et la matière, l'emploi du plomb et du fer dans l'architecture gothique», Actes du colloque de Noyon, nov. 2006, éd. Picard
+«La cathédrale Notre-Dame de Bayeux» de François Neveux, OREP éditions., 2007
PATRIMOINE CARTE PATRIMOINE LISTE Retourner en HAUT DE PAGE