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Cette page donne des développements
particuliers pour les éléments suivants :
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L'ancien
jubé du XVIIIe siècle, les stalles
du XVIe, le maître-autel
du XVIIIe siècle,
les grilles
des XVIIe et XVIIIe, la crypte
romane du XIe siècle.
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Page
1 : l'extérieur de l'édifice
Page
2 : la nef et ses chapelles
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Page
3 : le transept
Page
5 : le déambulatoire et ses chapelles
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Le chur avec ses stalles du XVIe siècle et son autel de messe.
Au second plan à droite : l'actuelle chaise épiscopale est un simple fauteuil recouvert de velours rouge.
À l'arrière-plan, dans le sanctuaire : le maître-autel du XVIIIe siècle. |
Le majestueux chœur de la cathédrale de Bayeux est à
trois niveaux d'élévation.
XIIIe siècle. |
Remise
en cause de la datation du chur.
Traditionnellement, la période donnée
pour la construction du chur de la cathédrale
est de 1230-1245. Cette datation a été
remise en cause récemment par l'historienne Katrin
Brockhaus dans l'ouvrage de référence
Bayeux, joyau du gothique normand paru en 2016.
En effet, une récente analyse dendrochronologique
de la charpente du déambulatoire a montré
que le bois venait d'arbres abattus en 1224-1225 et
que ceux utilisés pour le vaisseau central l'avaient
été en 1228. Il faut rappeler que les
charpentiers de l'époque utilisaient toujours
le bois à l'état vert, c'est-à-dire
sitôt coupé. Il n'y a donc pas de délai
notable entre la coupe et l'utilisation. La voûte
d'un déambulatoire ne pouvant évidemment
s'élever qu'après ou simultanément
à l'élévation de la structure du
chur, Katrin Brockhaus propose une datation antérieure
d'une vingtaine d'années à la datation
traditionnelle. L'érection du chur a donc
dû commencer dans la décennie 1210 et être
achevée à la fin de la décennie
1220.
Source : Bayeux, joyau
du gothique normand, La Nuée Bleue, coll.
La Grâce d'une cathédrale, 2016.
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Les arcades en tiers-point du deuxième niveau dans l'abside.
Que donnerait ce décor avec des vitraux à la place
des pierres au deuxième niveau ? |
Ornementation florale dans les écoinçons du deuxième
niveau de l'abside. |
Les
médaillons du deuxième niveau du chur.
Le visiteur de la cathédrale ne doit pas passer
dans le déambulatoire (l'entrée du chur
est partout barrée par des grilles) sans regarder
attentivement les médaillons du XIIIe siècle
qui ornent les écoinçons des arcades du
deuxième niveau.
Tantôt ils sont purement décoratifs avec
un bas-relief floral ou bien avec un mélange
de feuillages et d'animaux fantastiques, tantôt
ils représentent d'intéressantes saynètes.
à droite, ci-dessus, un homme tenant une bourse
est tourmenté par deux démons. Il a souvent
été identifié à Judas.
Les deux médaillons donnés ci-dessous
sont inspirées des légendes de saint Vigor
et de saint Loup. Les évêques tiennent
chacun en laisse un monstre qui ravage la contrée.
Dans le but, sans doute, de le précipiter dans
une rivière proche pour le faire périr.
Jean Vallery-Radot écrit à ce sujet :
«Cette allégorie, qui se retrouve dans
maint diocèse de France, est transparente : c'est
la figure du christianisme vainqueur du paganisme.»
Dans la photo au-dessous, Adam et ève sont tentés
par le Malin autour de l'arbre de la Connaissance. Enfin,
à côté, une scène étrange : un moine ou un saint est béni par un ange ailé
porteur du nimbe crucifère. Dans l'iconographie,
cet attribut est réservé au Christ. D'où la perplexité des historiens.
Source : La cathédrale
de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur,
années 1920.
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Médaillons dans le chur : saint Vigor et saint Loup tiennent
chacun en laisse un animal fabuleux. |
Médaillons dans le chur :
À gauche, Adam et Ève autour de l'arbre de la Connaissance ;
À droite, un scène étrange : un ange ailé et au nimbe crucifère bénit un moine. |
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Le
chur de la cathédrale.
Le chur de la cathédrale de Bayeux
a été abondamment loué par les
historiens. Contrastant avec les deux niveaux d'élévation
de la nef,
le chur du XIIIe siècle en possède
trois, distribués dans une remarquable harmonie
des proportions.
Si la nef
est une reconstruction partielle à partir d'un
premier étage roman, le chur, en revanche,
est une reconstruction complète.
Une question doit arrêter le visiteur : l'impression
de beauté et d'équilibre de ce chur
serait-elle la même si le deuxième niveau
était vitré ? Il est probable qu'il serait
encore plus beau. En privilégiant la pierre,
l'architecte a visiblement fait le choix de la solidité.
Premier niveau : c'est une suite de grandes arcades
en tiers-point qui se resserrent dans le rond-point.
Les piles de ce rond-point ont été cannelées
à l'antique au XVIIIe siècle. Les écoinçons
reçoivent des roses qui sont en fait des médaillons
sculptés en creux.
Au deuxième niveau : une arcature en tiers-point
abritant des baies jumelées (et là aussi
resserrées dans l'abside). Les écoinçons
sont ornés d'un pittoresque médaillon
dans les élévations nord et sud, et de
branches de feuillages dans l'abside. Un triforium court
à sa base.
Au troisième niveau : de hautes baies vitrées
jusqu'à la voûte. Un étroit passage
se glisse là-encore à leur base. Les voûtains
du chur arborent des fresques du XIIIe siècle
représentant les évêques de Bayeux
en buste (fresques restaurées au XIXe siècle).
En faisant référence aux arcs aigus richement
moulurés, à l'abondance du décor
sculpté, bref au souci de ne laisser aucune surface
nue, l'historien Louis Serbat en 1908 pour le Congrès
archéologique de France a pu écrire
que le chur de la cathédrale était
«un modèle achevé du style gothique
normand».
En 1922, Jean Vallery-Radot a décrit le chur
en termes qui ont fait école : «Ni tâtonnement,
ni maladresse dans cette construction parfaite de proportions
et d'équilibre. Le maître de l'uvre
était un ingénieur savant épris
de la froide beauté des raisonnements géométriques.
La sobriété du chur le prouve. Dans
les médaillons qui accostent les arcades à
intervalles réguliers, dans les subdivisions
du triforium dont tous les arcs ont été
tracés avec la même ouverture de compas,
dans les quatre-lobes et les trèfles, qui s'élargissent
ou s'étirent en longueur selon la dimension des
écoinçons à ajouter, aucune place
n'a été laissée à la fantaisie.
Nous sommes ici en présence d'un style savant,
d'une maturité précoce. L'artiste est
doublé d'un calculateur réfléchi,
qui ne s'écarte à aucun prix du projet
tracé, au préalable, au compas.»
Sources : 1) La cathédrale
de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur,
années 1920 ; 2) Congrès archéologique
de France, tenu à Caen en 1908, article de
Louis Serbat.
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Élévation des deuxième et troisième niveaux
du chur. |
Médaillon du XIIIe siècle : un homme tenant une bourse
est tourmenté par deux démons. Est-ce Judas ? |
Médaillon du XIIIe siècle : un animal fantastique
tient une proie dans sa gueule. |
Maquette du jubé construit en 1714 et détruit en 1851.
La maquette a été financée par l'Association des amis de
la cathédrale. |
L'ancien
jubé du XVIIIe siècle.
En 1700, Monseigneur François de Nesmond, évêque
de Bayeux,
fait construire un jubé de pierre de style classique
et de belle élégance. Ce jubé ferme
complètement le chur et empêche évidemment
les fidèles de suivre visuellement le service
divin.
C'est pour cette raison que, sous la responsabilité
de l'architecte diocésain Victor Ruprich-Robert,
il a été détruit en 1851.
L'Association des amis de la cathédrale
a financé la maquette de ce jubé, maquette
donnée ci-dessus.
Le jubé s'organise en trois parties. L'ouverture
centrale, fermée par une grille, est bordée
de deux massifs avec niche et colonnes en marbre noir.
L'ensemble est surmonté d'un garde-corps de style
classique. Au centre, l'immense Christ en croix devait
impressionner les fidèles durant l'office...
Le premier jubé de la cathédrale date
du XIIIe siècle. Après les dégradations
des guerres de Religion, un second fut construit en
1578.
Sources : 1) note dans
la cathédrale ; 2) Bayeux, joyau du gothique
normand, La Nuée bleue, collection La
Grâce d'une cathédrale, 2016.
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LES STALLES DU
XVIe SIÈCLE |
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L'élévation nord du chur avec les stalles et l'orgue
de chœur du facteur Cavaillé-Coll.
La cathèdre actuelle se résume au simple fauteuil
rouge à accoudoirs que l'on voit à droite. |
La
cathédrale à la Révolution.
L'historien Louis Réau relate les dégradations
subies par la cathédrale durant la Révolution
:
«Vouée au culte de la Raison, puis de l'Être
suprême, la cathédrale de Bayeux subit
pendant dix ans de multiples outrages. La couverture
de plomb de la nef fut, comme de juste, envoyée
à la fonte. Les objets mobiliers servant au culte
furent déclarés «effets nationaux».
Sur l'autel adossé au jubé, on remplaça
le saint sacrement par les bustes de Brutus, de Jean-Jacques
Rousseau et de deux martyrs de la Révolution
: Marat et Lepeletier de Saint-Fargeau. Des amphithéâtres
destinés au public furent dressés entre
les piliers de la nef avec les débris des retables
qui ornaient les autels des chapelles.
On décida en outre d'abattre les croix qui surmontaient
les clochers. Celle de la tour centrale, dont on avait
scié la traverse en ne laissant que la haste,
fut coiffée d'un bonnet phrygien en fer-blanc.»
La célèbre tapisserie de Bayeux fut gravement
menacée :
«Des volontaires ayant besoin de bâches
pour couvrir un chariot à bagages, voulurent s'en emparer.
Quelques mois plus tard, à l'occasion de la fête
de la déesse Raison, un vandale proposa de la découper
en morceaux pour orner le "char civique".»
Source : Histoire du
vandalisme de Louis Réau, Robert Laffont,
1994.
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Les
stalles du chur (1589).
En 1562, les iconoclastes huguenots cassèrent
les stalles créées au Moyen Âge.
Les stalles que l'on peut voir à l'heure actuelle,
datées de l'année 1589, sont l'uvre
d'un menuisier de Caen,
Jacques Lefebvre. Elles sont de style Renaissance, mais
un style déjà avancé, déjà
«alourdi sous l'exubérance de la décoration»,
écrit Jean Vallery-Radot en 1922. Le maniérisme
pointe son nez dans la sculpture.
Au milieu d'entrelacs et de rinceaux, les dossiers et
les jouées sont enrichis de têtes d'angelots,
tandis que les accoudoirs des extrémités
reçoivent des lions. Le sculpteur s'est vraisemblablement
inspiré d'estampes tirées de l'école
de Fontainebleau.
Sur la photo ci-contre à gauche, on voit que
les stalles sont littéralement coupées
en deux blocs par l'une des piles massives du chur.
Il en est de même du côté opposé.
Explication : à leur création, les stalles
étaient complètes. Elles s'élevaient
plus à l'ouest et davantage vers le centre du
chur, donc en avant des piliers. Une partie d'entre
elles, dressées contre le jubé, faisaient
face au maître-autel.
En 1853, l'architecte diocésain Victor Ruprich-Robert
décida de détruire le jubé construit
en 1700. Il fallut évidemment évacuer
les stalles qu'on avait continué à poser
contre le jubé dans les dernières versions
de stalles qu'on avait bâties. Les stalles du
nord et du sud furent déplacées dans les
premières travées du chur (là où elles sont aujourd'hui) et reculées
vers les piliers. Ce qui obligea le menuisier de Bayeux
en charge du travail à fractionner les hautes-stalles.
C'est lors de ces transformations aussi que le trône
épiscopal situé au sud, daté
de 1681, fut remanié et enrichi par le sculpteur
Pierre Hotin. Pour faire bonne mesure, on créa
en 1869 un pendant, sur le côté nord :
un large siège destiné au grand-chantre
vint terminer l'aide nord des stalles. Il fut construit
avec des éléments des stalles récupérées.
Une autre ancienne cathèdre (ou chaise épiscopale)
se trouve près du chur. Construite pour
Monseigneur de Rochechouart et très dépouillée,
elle date de la fin du XVIIIe siècle.
Quant à la cathèdre contemporaine, elle
est très humble. C'est le simple fauteuil de
velours rouge que l'on voit à droite et de profil
sur la photo ci-contre.
Il n'est pas possible au visiteur d'entrer dans le chur.
Les détails de ces stalles ne peuvent donc être
vus qu'au téléobjectif ou avec une paire
de jumelles.
Dans son article sur les stalles de Bayeux
(Bayeux, joyau du gothique normand), l'historien
Étienne Faisant écrit que ces dernières
«constituent un témoin unique, au plan
local, d'un courant décoratif à son apogée»
et qu'«elles nous renseignent sur la façon
dont cette esthétique s'est répandue sur
l'ensemble du royaume.»
Sources : 1) Bayeux,
joyau du gothique normand, La Nuée Bleue,
collection La Grâce d'une cathédrale,
2016 ; La cathédrale de Bayeux de Jean
Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur, années
1920.
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Les dossiers des hautes-stalles au nord. |
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Lion en rond-bosse et angelot sur une jouée,
1589.
«««---
Le dossier du siège du grand-chantre, détail.
Ce siège a été créé
par Louis Hamel en 1869
comme pendant de la cathédre de
Monseigneur Jean Badré située au sud. |
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Détail des stalles de 1589.
On notera les étranges pieds, vaguement en forme
de griffes. |
La cathèdre de Monseigneur de Rochechouart date
de la fin du XVIIIe siècle.
Elle se situe du côté nord, à proximité
du maître-autel. |
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Terme au visage féminin,
1589. |
Le lutrin est un aigle en bois doré. |
Les quatre heuriers
sont modernes. ---»»»
Leur style s'inspire de celui des stalles. |
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L'année d'origine de ce siège épiscopal
est 1681.
Après de multiples adjonctions et restaurations,
il a été transformé en cathédre
vers 1860.
Il porte les armes de Monseigneur Jean Badré. |
Le siège épiscopal de 1681 vu de côté.
Le sculpteur Pierre Hotin l'a complété dans les
années 1850
à l'occasion de la destruction du jubé
et
de la redisposition générale des stalles. |
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Les stalles du côté nord.
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Détail d'un heurier. |
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Le chur vu depuis la croisée.
Sur la droite, l'humble fauteuil rouge est tout simplement la chaise
épiscopale actuelle. |
PEINTURES SUR LA VOÛTE DU CHUR :
LES ÉVÊQUES GEREBOLBUS ET MANUEUS, XIIIe SIÈCLE |
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Les faisceaux de colonnettes du chur et les chapiteaux
ont été reconstruits dans les années 1850. |
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LE MAÎTRE-AUTEL
DU XVIIIe SIÈCLE |
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Le maître-autel est daté de 1771.
Il est l'uvre de Jacques Adam, Philippe de Caffiéri et
Pierre-François Carpentier.
Au second plan, les piles du rond-point ont été cannelées au
XVIIIe siècle à la mode
antique. C'était malheureusement une habitude assez courante
dans les églises à déambulatoire. |
Le
maître-autel du XVIIIe siècle.
Parmi tous les éléments qui sont venus
orner le chur au XVIIIe siècle, le superbe
maître-autel est sans doute le plus digne d'intérêt.
Fermeture du chur oblige, une paire de jumelles
est nécessaire pour l'admirer dans ses détails.
En 1770, Louis-Emmanuel de Cugnac profite de sa double
fonction de vicaire général du diocèse
de Bayeux
et de chanoine honoraire de la cathédrale
Notre-Dame de Paris pour rassembler les compétences
d'un trio d'artistes parisiens de premier rang : Jacques
Adam, sculpteur marbrier du roi ; le bronzier Philippe
Caffiéri l'aîné, «fondeur
et ciseleur du Roy» ; le doreur Pierre-François
Carpentier. Leur tâche est de construire le
maître-autel avec toute sa garniture.
Philippe Caffiéri réalisa les ornements
du soubassement, mais surtout la croix et les six chandeliers
que l'on voit sur l'autel. Leur intérêt
est à la fois artistique et historique. En effet,
le fondeur parisien, de par la commande, était
prié de reproduire à l'identique la garniture
du maître-autel de la cathédrale
de Paris. Cette dernière garniture ayant
été victime du vandalisme révolutionnaire,
c'est vers celle de Bayeux
que les historiens se tournent à présent
pour savoir à quoi ressemblait celle de la capitale.
Le travail de Caffieri est très sophistiqué.
La photo
ci-dessus à droite montre deux angelots à
la base du crucifix. Celui du haut recueille le sang
du Christ. «Le second contemple avec tristesse
l'Agneau, symbole de son sacrifice, couché sur
le livre aux sept sceaux de l'Apocalypse», écrit
l'historien Yves Lescroart dans l'ouvrage Bayeux,
joyau du gothique normand.
Pour la porte du tabernacle, le thème retenu
est celui de l'Assomption.
La base des chandeliers reçoit des têtes
de chérubins, tandis que les pieds sont en pattes
de lion. Sur les trois chandeliers de gauche, le profil
du Christ crucifié se répète trois
fois. Lui répond, trois fois, le visage de la
Vierge, vu lui aussi de profil, sur les trois chandeliers
de droite.
Au soubassement de l'autel, le médaillon ovale
affiche saint Exupère vu de profil et coiffé
de sa mitre. Il est accompagné de deux belles
guirlandes et de coquilles. Ces ornements sont aussi
dus à Philippe Caffiéri.
Yves Lescroart rapporte que les bronzes de Caffiéri
ont frôlé la disparition. S'ils échappèrent
à un premier pillage en 1792, ils furent dégradés
l'année suivante. La Société des
amis de la Constitution lorgnait sur ce beau matériel,
mais il put être mis en sûreté à
la sacristie de la cathédrale, en quelque sorte
protégé par la Commission des arts, créée
à Bayeux
en 1794. Les bronzes ne furent replacés sur l'autel
qu'en 1800.
Source : Bayeux, joyau
du gothique normand, La Nuée Bleue, collection
La Grâce d'une cathédrale, 2016.
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Garniture du maître-autel par Caffiéri : au centre,
les angelots recueillent le sang du Christ.
Sur la tabernacle, la Vierge s'élève lors de son Assomption. |
Le chur et l'abside vus depuis la croisée. |
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LES GRILLES DU
CHUR (XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES) |
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Grille de l'entrée axiale, détail.
Années 1770. |
Soubassement d'une grille des années 1770. |
Grille des années 1680 dans le déambulatoire.
Les deux panneaux se terminent par des palmettes très
épanouies.
Il n'y a pas d'armoiries contrairement aux grilles du XVIIIe
siècle. |
L'autel de messe à
la croisée et le chœur ---»»» |
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Les
grilles du chur.
Ces grilles, d'une grande beauté, présentent
un bel exemple de l'art de la ferronnerie aux XVIIe
et XVIIIe siècles.
En 1682, une première commande de quatre
grilles est passée. Le visiteur peut les repérer
facilement : elles n'ont pas d'armoiries à leur
sommet, mais se terminent par des «palmettes-fleurons
épanouis», selon l'expression Kcénia
Naoumenko dans Bayeux, joyau du gothique normand.
Leur soubassement comprend des volutes amples, «assemblées
par des anneaux moulurés» (Naoumenko).
Voir photo plus
bas.
En 1772, le doyen du chapitre, Jean-Jacques de
Baudios de Castéja, offre à la cathédrale
cinq grilles pour la dernière travée droite
et le rond-point. Elles sont armoriées en l'honneur
du donateur (photo ci-dessous). Ces armoiries, bien
sûr effacées à la Révolution,
ont été rétablies.
Le style de ces grilles du XVIIIe siècle diffère
notablement de celui des précédentes.
Les volutes y sont plus ramassées et les coquilles
s'y multiplient. En comparaison, les grilles du XVIIe
siècle ont l'air beaucoup plus sobres.
La grille axiale, des années 1770, présente
une partie haute impressionnante de virtuosité
(donnée ci-contre). Le triangle divin, orné
du tétragramme, est entouré de têtes
de séraphins dans une allégorie du soleil.
Au sommet : une somptueuse couronne constituée
d'une guirlande de fleurs et de gerbes dorées
disposées en rayons.
La juxtaposition de ces grilles permet de se faire une
idée assez précise de l'évolution
de l'art de la ferronnerie du XVIIe au XVIIIe siècle
: le rôle de simple clôture cède
de plus en plus la place à l'ornementation et
au décor pur.
Source : Bayeux, joyau
du gothique normand, La Nuée Bleue, collection
La Grâce d'une cathédrale, 2016,
article de Kcénia Naoumenko.
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Partie haute d'une grille des années 1770
avec les armoiries du donateur et doyen du chapitre, Jean-Jacques
de Biaudos de Castéja. |
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Baie 200 : vitrail axial réalisé par Bouchard
en 1834.
Ce vitrail au troisième niveau de l'abside est une composition
moderne mêlant
fragments médiévaux et créations du XIXe
siècle. |
«««---
Baie 200 : vitrail des XIIIe et XVe siècles avec
inscription «BOUCHARD 1834». |
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Baie
200, le vitrail axial.
C'est une composition hybrique réalisée
par le verrier Bouchard en 1834 pour remplacer la Crucifixion
d'origine. Dans l'ouvrage Bayeux,
joyau du gothique normand, l'historienne
du vitrail Martine Callias Bey explique que l'atelier
où travaille ce verrier «compose des panneaux
dits "anciens", en réalité constitués
de fragments authentiques de diverses provenances et
complétés par des verres modernes.»
Ainsi, la verrière de la baie 200 (ci-contre
à gauche) affiche une grande figure d'évêque
entourée d'une double bordure. La bordure extérieure,
faite de crochets et d'un filet perlé, remonte
au XIIIe siècle, tandis que la bordure interne
(un entrelacs rouge et bleu) est une création
du XIXe.
Quant aux panneaux centraux qui définissent le
personnage de l'évêque, Martine Callias
Bey rappelle que Louis Grodecki a montré qu'ils
provenaient de la cathédrale de Soissons.
Dans la partie basse, l'écu au-dessous de l'évêque
est rattaché au XIIIe siècle, tout comme
le panneau rectangulaire au-dessous (qui est surmonté
de l'inscription «BOUCHARD 1834»).
Dans cette même partie basse, trois des panneaux
latéraux à grisaille avec fermaillets
circulaires et filets perlés sont datés
aussi du XIIIe siècle.
Source : Bayeux, joyau
du gothique normand, La Nuée Bleue, collection
La Grâce d'une cathédrale, 2016,
article de Martine Callias Bey.
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LA CRYPTE ROMANE DU XIe SIÈCLE |
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Vue d'ensemble de la crypte romane du XIe siècle située sous
le chur de la cathédrale.
Des chapiteaux romans y sont exposés, comme celui à
droite sur la photo. |
Entrée de la crypte sous une arcature du XIIIe siècle
dans le déambulatoire nord. |
La
crypte de la cathédrale (1/2).
Située sous le chur, la crypte date de
la première moitié du XIe siècle,
l'époque du style roman. Sa présence se
justifie architecturalement. Le terrain où s'élève
la cathédrale est en pente descendante vers le
chevet. Il faut donc une crypte pour rehausser le chur
au niveau de la nef. Les historiens n'ont aucun élément
permettant de croire qu'on y a exposé des reliques.
Elle est heureusement en accès libre.
De forme rectangulaire, elle comporte deux rangées
de colonnes soutenant une voûte d'arêtes.
L'ensemble définit une petite nef principale
(où se dresse un autel) et deux bas-côtés.
Les colonnes romanes sont décorées de
chapiteaux arborant volutes et feuilles d'acanthe.
Au XIIIe siècle, lors de la construction du chur
gothique, cette crype a été murée,
puis oubliée pendant un siècle et demi.
En 1412, on l'a redécouverte par hasard quand
il a fallu creuser la tombe de l'évêque
Jean de Boissey qui occupa le trône épiscopal
de 1408 à 1412. Une peinture murale du XVe siècle
le montre en prière devant une petite table (voir
plus
bas).
L'intérêt artistique de la crypte est double
: la Conservation y a déposé deux très
beaux chapiteaux romans découverts dans la croisée
du transept lors de la reconstruction de la tour centrale
au XIXe siècle. On y voit l'Incrédulité
de saint Thomas et le Christ accueillant un défunt.
Après 1412, les artistes bayeusains du XVe siècle
ont décoré les voûtains de peintures
murales. Une troupe d'anges musiciens en ocre jaune
sur fond ocre rouge est venue égayer un lieu
à l'aspect sans doute un peu morne et délavé.
---»» Suite 2/2
plus bas.
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La crypte vue depuis le haut de l'escalier sud. |
Un ange avec un orgue portatif
au-dessus d'un chapiteau roman. |
Le Christ ressuscité entouré par saint Thomas et
saint Pierre.
Ce pourrait être aussi une illustration de
l'«Incrédulité de saint Thomas»
(qui pointe un doigt vers le Christ). |
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Un ange musicien avec grelots et tambourin. |
Un ange musicien avec un rebec. |
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La crypte vue depuis l'autel.
Les deux escaliers d'accès sont visibles à
l'arrière-plan. |
L'enfeu de Gervais de Larchamp, XVe siècle.
Le sous-doyen du chapitre est présenté à
la Vierge et à l'Enfant par saint Michel.
À la voûte : une image de la Trinité entourée d'anges. |
Enfeu de Gervais de Larchamp, détail :
Vierge à l'Enfant, XVe siècle. |
L'évêque Jean de Boissey en prière près
d'une grande baie ouverte au sud.
Peinture du XVe siècle.
Derrière la grille à droite on aperçoit
des éléments des chapelles rayonnantes du
déambulatoire. |
La crypte romane vue depuis l'arrière de l'autel. |
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Chapiteau roman. |
Chapiteau roman. |
Enfeu de Gervais de Larchamp, détail :
le donateur est présenté par saint Michel. |
Saint Paul.
Peinture murale du XVe siècle. |
Saint Simon et saint Jude.
Peinture murale du XVe siècle. |
Saint Simon, détail.
Peinture murale du XVe siècle. |
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Quand le soleil brille, la lumière se glisse par les
baies ouvertes au sud (qui donnent sur le déambulatoire)
et éclaire toute la crypte. |
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Documentation : «La cathédrale
de Bayeux» de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur,
années 1920
+ «Bayeux, joyau du gothique normand», La Grâce
d'une cathédrale, La Nuée Bleue, Place des Victoires,
2016
+ «L'architecture normande au Moyen Âge», Presses
Universitaires de Caen,, articles de Maylis Baylé, 1997
+ «Congrès archéologique de France, 132e session,
1974, Bessin et Pays d'Auge», article de Jacques Thirion
+ «Congrès archéologique de France, 75e session,
1908, Caen», article de Louis Serbat
+ «L'homme et la matière, l'emploi du plomb et du fer
dans l'architecture gothique», Actes du colloque de Noyon, nov.
2006, éd. Picard
+«La cathédrale Notre-Dame de Bayeux» de François
Neveux, OREP éditions., 2007 |
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