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La cathédrale de Bayeux
est un édifice qui se rattache à la fois à l'art roman
et à l'art gothique. C'est l'une des grandes cathédrales
de Normandie et la seule qui ait passé l'écueil de la seconde guerre
mondiale sans aucun dommage.
Une cathédrale romane fut érigée au XIe siècle
et dédicacée en 1077 en présence de Guillaume
le Conquérant et de son épouse, la reine Mathilde.
De cet édifice, tout ne s'est pas perdu puisque son plan
a servi de canevas à la cathédrale actuelle. Il affichait
des dimensions imposantes : longueur de 80 ou 90 mètres ;
large nef de six travées ; large transept ; chur profond
bordé de bas-côtés. Odon de Conteville (1049-1097),
frère utérin de Guillaume le Bâtard (et futur
Conquérant), semble en avoir assuré la construction
de bout en bout. Ayant pris une part importante dans l'expédition
anglaise, Odon reçut le comté de Kent en récompense,
ce qui lui apporta sans aucun doute les finances nécessaires
pour élever un monument de cette taille.
Un incendie détruisit la cathédrale romane trente ans plus tard.
Il nous en reste aujourd'hui la crypte
et la structure des tours de la façade occidentale. De même,
on retrouva à cette occasion la trace de tribunes au-dessus
des bas-côtés de la nef
et de ceux du chur.
La cathédrale romane devait vraiment être imposante.
Après l'incendie, on reconstruisit. En 1160, nouvel incendie.
Il fallut à nouveau reconstruire. Cependant, le style architectural
avait évolué. L'art roman avait cédé
la place au premier art gothique qui, à son tour, allait
évoluer.
Résultat : la cathédrale de Bayeux,
que l'on a rebâtie en grandiose, date du XIIIe siècle
pour sa plus grande partie. C'est un édifice gothique normand
mêlant le gothique rayonnant et le gothique flamboyant.
Pour en assurer le financement, plusieurs bulles pontificales accordèrent
des indulgences en 1243, 1244 et 1254.
Tandis que les portails romans de la façade
ouest étaient enrobés d'un placage gothique, l'architecte opta
pour une nef
à deux niveaux d'élévation. Le premier a conservé l'ancien
étage roman ; le second, de style gothique, présente une suite de
grandes baies qui donne à l'édifice un impressionnant aspect
de cage de verre.
Complétée et agrandie après la guerre de Cent Ans, la cathédrale
subit les foudres des guerres de Religion. En 1562, les iconoclastes
détruisirent les vitraux,
le mobilier et bien des statues. Le trésor médiéval fut entièrement
pillé et détruit, de même que l'orgue.
À la Révolution, la Constituante lança en 1790
un processus de réunion des paroisses dans toute la France
avec, pour conséquence, le changement de statut, la vente
ou la destruction de centaines d'églises. À Bayeux,
la paroisse cathédrale fut la seule paroisse conservée
avec, toutefois, trois succursales : Saint-Jean, Saint-Patrice et
Saint-Loup. L'évêque en place refusa de prêter
serment à la Constitution civile du Clergé, comme
d'ailleurs l'immense majorité des curés de son diocèse.
Il quittera la France pour Jersey en mai 1791. Claude Fauchet, évêque
constitutionnel, aux idées en accord avec la Révolution,
fut élu au siège épiscopal. Il mourra sur l'échafaud,
avec les Girondins, en octobre 1793.
Début 1793, la cathédrale est profanée ; l'autel, souillé. En novembre,
le culte de la Raison est proclamé. À Bayeux,
la cathédrale en devient le temple. En décembre, le chur
et ses bas-côtés sont transformés en grenier à blé
(ce qui les protégera jusqu'à la fin de la tourmente). En
mai 1794, la Convention reconnaît l'existence de l'Être
suprême. On porte cette inscription sur la porte principale
de la cathédrale ; elle sera effacée l'année suivante. (À
l'église
d'Houdan dans les Yvelines, le texte, inscrit sur un linteau
de la façade, est toujours en place.) Avec le Concordat,
les limites du diocèse sont redéfinies. Il perd des territoires
du côté de la Manche et de l'Orne, mais gagne tout le territoire
de Lisieux. En fait, il est presque calqué sur le département du
Calvados.
La cathédrale ne fut vraiment achevée que sous le Second Empire
car, dans les années 1850, un problème architectural remua la ville
: conserver ou non la tour
centrale qui menaçait de s'écrouler (voir l'histoire
en page
3). Les baies des chapelles et des grandes façades du
transept
reçurent une nouvelle parure de vitraux.
Par chance, les combats de juin 1944 la laissèrent intacte
(voir plus bas).
Les fouilles menées sous le Second Empire mirent à
jour d'importants restes romans, trace du glorieux passé
de la cathédrale au XIIe siècle et des époques
antérieures. Combinées à l'originalité
de la construction du siècle suivant, l'historien Jean Vallery-Radot
a pu écrire en 1922 que «cet édifice occupe
une place de premier ordre dans l'histoire de l'évolution
du style gothique normand au XIIIe siècle.»
Cette page 1 est consacrée à l'aspect extérieur
de l'édifice.
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Page
2 : la nef et ses chapelles
Page
3 : le transept
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Page
4 : le chur et la crypte romane
Page
5 : le déambulatoire et ses chapelles
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La cathédrale de Bayeux : vue d'ensemble depuis le haut de
l'escalier qui surplombe la nef.
Le premier niveau d'élévation est roman (XIIe siècle)
; le second, gothique (XIIIe siècle). |
L'EXTÉRIEUR DE
LA CATHÉDRALE |
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La cathédrale de Bayeux vue du chevet.
C'est la première vue de l'édifice qui s'impose aux
visiteurs.
En effet, l'artère touristique qui mène à la cathédrale débouche
sur le chevet et non sur la façade occidentale. |
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La façade occidentale de la cathédrale de Bayeux
conserve une structure romane.
Au-dessus du portail central : la galerie des évêques. |
Les étages supérieurs de la tour sud sont de
style typiquement roman.
Ici, cinq ouvertures en plein cintre ornent l'élévation
au-dessous de la flèche.
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Les quatre évangélistes et leurs symboles
ornent le toit des lucarnes.
En bas, le lion de saint Marc
En haut, le taureau ailé (?) de saint Luc.
Des observations récentes
ont conclu à la présence des quatre évangélistes
et de leurs symboles au sommet des toits en bâtière
des hautes lucarnes.
Ces sculptures, que personne ne voit, ont-elles été
confiées à un apprenti ?
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Les
pyramides ne sont pas semblables.
Les deux différences entre les pyramides qui
terminent les tours s'observent avec une paire de jumelles
ou un téléobjectif.
Au nord (ci-contre à droite), la pyramide est
couverte d'une alternance de panneaux d'écailles
et d'assises de pierre, des «bandes striées
et des dentelures carrées», écrit
l'historien Louis Serbat en 1908 pour le Congrès
archéologique de France. Au sud, il n'y a
pas de panneau d'écailles.
D'autre part, la corniche (située juste sous
la naissance de la flèche) est différente
: au sud, c'est une suite de petites arcades subdivisées
avec parfois des masques ; au nord, c'est une suite
simplifiée de consoles droites, dépouillées
de tout ornement (voir photos plus
bas).
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Pourquoi
la ville de Bayeux est-elle restée intacte en
juin 1944 ? (1/2)
Bayeux
était dans le secteur britannique du Débarquement.
Une fois prise, les Anglais en firent une ville-hôpital.
Certes, mais avant ?
Située à sept kilomètres de la
Manche et directement menacée par les soldats
alliés débarquant sur Gold Beach,
la garnison allemande aurait dû logiquement être
placée en état d'alerte dès le
6 juin au matin et mettre en place les dispositions
défensives pour interdire l'accès de la
ville à l'ennemi (points fortifiés, mitrailleuses
dans les carrefours, etc.).
On lit sur le site www.bayeuxmuseum.com que la
majeure partie de la garnison allemande avait quitté
la ville dès le 6 juin. Pourquoi ? Ce point reste
obscur. Est-ce seulement parce que le général
Marcks, commandant le 84e corps allemand (qui faisait
face aux troupes anglaises), avait donné la priorité
à Caen,
une cité qui devait être protégée
par un solide rideau défensif ? ---»»
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La
façade occidentale de la cathédrale.
Deux tours massives enserrent une partie centrale plutôt
étroite. Même si la façade mêle
les styles roman et gothique, sa structure et son aspect
général restent romans. En témoignent
les gros contreforts à larmiers (dressés
après l'incendie de 1105) qui s'élèvent
le long des tours. En témoignent aussi les fenêtres
en plein cintre des étages supérieurs
de ces tours.
Au milieu du XIIIe siècle, le style gothique
s'épanouit. De ce siècle datent les flèches
(quasiment identiques) qui surmontent les tours. Date
aussi la suite des cinq portails, littéralement
plaqués sur les portails romans et qui cachent
l'ancienne base de la façade. Celui du centre
a été totalement transformé en
1778. Le tympan a été percé d'un
oculus.
Le portail central est surmonté d'une petite
terrasse bordée d'un beau garde-corps à cercles
jointifs avec, au-dessus, une grande verrière en tiers-point
de style gothique rayonnant. Cette dernière est malheureusement
cachée en grande partie, à l'intérieur, par le
grand orgue
de tribune.
Une élégante galerie
d'évêques se dresse sous le grand pignon
terminal. La photo ci-contre date de l'année
2009. D'autres photos de cette page datent de 2018,
une époque où les statues avaient été
descendues dans la
salle basse de la tour nord. En effet, une photo
plus bas montre une galerie vide.
Voir les commentaires sur les statues,
les portails
et les tympans.
Source : La cathédrale
de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur,
années 1920.
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Élévation romane de la façade : la tour sud. |
Passage du plan carré au plan octogonal au niveau de
la flèche de la tour nord.
Des tourelles d'angle et de hautes lucarnes
à toit en bâtière ornent la base de la flèche. |
Pourquoi
la ville de Bayeux est-elle restée intacte en
juin 1944 ? (2/2)
---»» Dès le 6 juin, la batterie
côtière de Longues-sur-Mer (juste au nord de Bayeux)
a été prise sans combattre par les Britanniques. Était-ce suffisant pour abandonner la ville ?
Ce qui restait de la garnison allemande fut également fait prisonnier sans combat. On s'en étonne.
Autre possibilité : le commandant de la garnison
allemande de Bayeux
n'aurait pas été une tête brûlée et aurait décidé de retirer ses troupes, prétextant une impossibilité de défendre la ville sans disposer de renforts...
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Art roman : la corniche au-dessous de la flèche nord
est une simple succession de petites consoles droites et nues. |
Art roman : la corniche au-dessous de la flèche sud
est une suite de petites arcades subdivisées, ornée de masques et
de petites sculptures. |
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Écoinçon au-dessus du portail central : un clerc à genoux (sans
doute un donateur). |
Les
statues de la façade
(d'après un article de La Manche Libre
de décembre 2009).
La galerie dite des évêques accueille
dix statues monumentales de deux mètres de haut
pesant chacune environ 500 kilogrammes. Pour des raisons
de sécurité, elles ont été déposées
dans la salle
basse de la tour nord. Un lent programme de restauration
est prévu : une à deux statues par an.
L'ensemble ne regagnera la façade qu'après
une possible restauration de cette dernière.
Les statues présentent de multiples désordres. Jérôme
Beaunay, architecte des Bâtiments de France et conservateur
de la cathédrale, se confie à La Manche Libre
: «Les fixations métalliques sont oxydées, les
pierres et les sculptures sont fissurées et érodées
par le vent, la pluie et l’usure du temps. La galerie
sera purgée et sécurisée.»
Notons que dans son ouvrage La cathédrale
de Bayeux publié dans les années 1920,
Jean Vallery-Radot indique que la plupart des têtes
ont été refaites en 1845.
Les façades des grandes cathédrales françaises
présentent en général une galerie
de rois, de prophètes, de saints du Nouveau Testament,
voire de saints locaux. Celle de Bayeux est la seule
qui soit ornée d'une galerie d'évêques. Les historiens
ne savent d'ailleurs pas si ce sont bien là les
titulaires historiques de l'évêché
bayeusain.
Quelle époque leur donner ? Le style des drapés
fait penser à la fin du XIIIe siècle, indique
l'architecte Jérôme Beaunay qui ajoute : «cette
iconographie particulière illustre certainement une
volonté religieuse et politique affichée d’affirmation
du pouvoir épiscopal sur la cité et le diocèse.»
Source : www.lamanchelibre.fr.
Article de Christelle Fouque du 2 décembre 2009
: Bayeux : les évêques de la cathédrale livrent leurs
mystères.
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«««--- Élévation
centrale de la façade occidentale. |
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La galerie des évêques est datée de la fin du XIIIe siècle.
Les statues ont été déposées pour être
restaurées. En 2024, elles n'ont toujours pas regagné leur
place. |
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Statues de la galerie
des évêques
dans la salle basse de la tour Nord.
Fin du XIIIe siècle. |
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LES CINQ PORTAILS
DE LA FAÇADE OCCIDENTALE |
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Les cinq portails du XIIIe siècle de la façade occidentale.
En 1778, le portail central a été transformé
(avec un oculus à la place du tympan). |
Portail central : le Christ en bas-relief
sur un vantail de la porte,
XVIIIe siècle ? |
Les cinq
portails de la façade.
érigés au XIIIe siècle et de style gothique,
ces portails masquent la base romane de la façade.
Des gâbles pointus terminent les deux portails latéraux
au nord et au sud. L'architecte de l'époque s'est attaché
à orner ces gâbles d'une élégante
rose entourée de quatre petites ouvertures circulaires.
On remarquera que tous les dessins sont différents.
Transformé en 1778, le portail central n'a plus de
tympan sculpté, plus d'anges dans les voussures, plus
de statues-colonnes dans les embrasures. En 1562, les iconoclastes
ont d'ailleurs brisé les statues.
Les vantaux de la double porte de bois, vraisemblablement
du XVIIIe siècle, présente le Christ et la Vierge
en bas-relief.
Trois portails servent à l'entrée dans la cathédrale.
Les deux portails des extrémités ont un rôle
purement décoratif.
Dans les deux portails qui jouxtent le portail central, on
remarquera que la porte n'est pas centrée. Ceci s'explique
par la présence, en arrière-plan, d'un fort
contrefort roman qui descend du haut de la tour jusqu'au sol
et qui fait saillie. L'architecte de l'âge gothique
a caché ce contrefort par une étroite niche
qui prend appui sur une fine colonne et qui est surmontée
d'un dais.
Le point le plus intéressant de cette suite de portails
se trouve dans les deux tympans historiés des portails
secondaires qui donnent accès aux salles basses des
tours. Le temps les a bien dégradés, mais on
y trouve encore des saynètes pleines de sens.
Sources : 1) La
cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri
Laurens éditeur, années 1920 ; 2) La cathédrale
de Bayeux de François Neveux, Orep éditions,
2007.
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Portail central : la Vierge en bas-relief
sur un vantail de la porte,
XVIIIe siècle ? |
PORTAIL NORD :
LE TYMPAN DE LA PASSION |
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Portail secondaire nord : les voussures et le tympan de la Passion.
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Le
tympan de la Passion (XIIIe siècle).
Sculpté au XIIIe siècle, le tympan de
la Passion est en meilleur état que son pendant
de droite, celui du Jugement
Dernier.
Le registre du bas est constitué de la Cène
et du Lavement des pieds (donné ci-contre). Au-dessus
se trouvent le Baiser de Judas, partie intégrante
de l'Arrestation au jardin des Oliviers, puis la Flagellation
et le Portement de croix (ci-dessous à droite).
Les registres supérieurs montrent la Crucifixion.
Jésus crucifié est entouré de la
Vierge, de saint Jean et des saintes femmes. Au-dessus,
le Père céleste en majesté.
De part et d'autre du Père, Jacques Thirion,
pour le Congrès archéologique de France
en 1974, remarque deux autels : un grand calice est
posé sur l'un ; les tables de la Loi sont disposées
sur l'autre.
Les voussures accueillent des hommes et des femmes qu'il
est difficile d'identifier. Six portent une couronne
sur la tête. S'agit-il des rois de la Bible ?
La part de la restauration semble peu importante. Huit
figures assises ont été refaites par Hotin
en 1889.
Sources : 1) La cathédrale
de Bayeux, Congrès archéologique
de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974 ; 2) La
cathédrale de Bayeux de Jean Vallery-Radot,
Henri Laurens éditeur, années 1920.
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Tympan de la Passion
XIIIe siècle.
Pour Jacques Thirion (Congrès archéologique
de France, 1974),
les différences de style montrent que les deux registres
du bas sont l'uvre de deux sculpteurs différents.
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Au
premier registre : la Cène.
Malgré l'état dégradé de
la pierre, l'historien Jacques Thirion donne en 1974
pour le Congrès archéologique de France
une description fouillée de la Cène (photo
donnée ci-dessous).
On lit sous sa plume :
«Les attitudes des apôtres à table
sont mouvementées et le sculpteur s'est ingénié
à les diversifier : l'un tient une coupe, d'autres
relèvent la tête, d'autres, accoudés,
semblent converser avec vivacité ; la nappe drapée
avec soin est rythmée par des retombées
en volutes auxquelles correspondent, sous la table,
les groupes de pieds des convives et les volutes de
leurs tuniques. L'attitude de saint Jean renversé
sur la poitrine du Christ trahit son émotion.
Pour éviter une longue tablée un peu monotone,
l'artiste l'a accostée sur la droite de deux
groupes d'apôtres debout, en train de bavarder.
Afin de couronner la colonnette qui s'élance
à droite de la porte, un groupe d'apôtres
fait habilement saillie au-dessus, à la manière
des figures d'un trumeau.»
Source : La cathédrale
de Bayeux, Congrès archéologique
de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974.
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Ornementation florale
sous le tympan de la Passion ---»»» |
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Femme menaçante dans une gargouille de la façade ouest. |
La Passion, détail : le Lavement des pieds. |
Au
premier registre : le Lavement des pieds.
L'historien Jacques Thirion, pour le Congrès
archéologique de France de 1974, décrit
cette saynète d'une façon très
précise :
«La scène du Lavement des pieds est particulièrement
charmante, avec des personnages infléchis, aux
têtes souriantes, encadrées de mèches
bouclées, penchés sur le Christ avec admiration,
tandis que quelques disciples près de l'angle,
manifestent leur émoi comme des élèves
prêts à chahuter, les coudes collés
au corps, les bras et les mains relevés avec
une certaine préciosité. La multiplicité
des plis, parfois réduits à des sortes
de hachures, suggèrent des draperies souples,
mais les corps sont robustes, voire trapus, avec des
épaules trop larges, des têtes rondes et
un peu fortes.»
Source : La cathédrale
de Bayeux, Congrès archéologique
de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974.
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La Passion, détail : Flagellation et Portement de croix. |
Au
deuxième registre : le Portement de croix.
Dans cette saynète à deux personnages,
Jacques Thirion pour le Congrès archéologique
de France de 1974 voit «un élan plein
de vérité de Marie, éperdue de
douleur derrière le Christ chargé de sa
croix.»
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La Passion, détail : la Cène (XIIIe siècle). |
PORTAIL SUD :
LE TYMPAN DU JUGEMENT DERNIER |
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Portail secondaire sud : les voussures et le tympan du Jugement
dernier. |
Le
tympan du portail central a disparu.
À l'évidence, le portail central possédait
aussi un tympan sculpté (qui a été
détruit au XVIIIe siècle). Pour Jacques
Thirion, il est fort probable qu'il représentait
la Glorification de la Vierge à qui la
cathédrale était dédiée.
Une statue de la Vierge devait aussi se dresser au trumeau.
La cathédrale de Reims
offre d'ailleurs ce tryptique : la Crucifixion sur la
porte nord, le Couronnement de la Vierge au centre et
le Jugement dernier sur la porte sud.
Source : La cathédrale
de Bayeux, Congrès archéologique de
France, Bessin et Pays d'Auge, 1974.
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Voussures du Jugement dernier, détail.
Les statuettes de la partie supérieure ont été
refaites au XIXe siècle.
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Le tympan
du Jugement dernier (1/2).
Traditionnellement parmi les bas-reliefs illustrant le Nouveau
Testament, les représentations du Jugement dernier
sont les plus intéressantes. La séparation entre
les Justes et les damnés, la gueule du Léviathan
(qui symbolise la porte de l'Enfer), les supplices infligés
aux méchants portent toujours la griffe d'une époque,
les volontés d'un chapitre de chanoines ou la vision
personnelle d'un évêque. On peut aussi y trouver
l'expression de la foi du sculpteur quand il est laissé
libre dans son travail, une fois le thème de la sculpture
imposé.
Le Jugement dernier de la cathédrale de Bayeux
ne déroge pas à la règle, en dépit
des nombreuses dégradations qui l'accablent.
Les deux registres du bas offrent deux scènes de résurrection
des morts sortant de leur tombeau.
Au premier registre, les morts sont des damnés.
«Les défunts, écrit l'historien Jacques
Thirion pour le Congrès archéologique de
France en 1974, sortent tout habillés de leurs
tombeaux ; ils enjambent leur sarcophage ou se tiennent debout,
serrés les uns contre les autres, avec des gestes qui
miment la supplication ou la stupeur.» Au centre du
registre, une porte, gardée par un diable, symbolise
l'entrée de l'Enfer. Selon Jacques Thirion, cette porte
est une restauration moderne. Des démons
portent des damnés sur leurs épaules, sans doute
pour les contraindre à entrer dans le royaume infernal.
La partie droite du registre du bas illustre l'Enfer et ses
supplices. Malheureusement, la pierre est très dégradée.
Au deuxième registre, les ressuscités sont des
élus.
Sur la gauche, deux niveaux de sarcophages s'ouvrent. Au centre,
des ressuscités, déjà debout, «se
dressent sur toute la hauteur du registre, écrit Jacques
Thirion, en levant la tête vers le ciel, avec des expressions
de reconnaissance et de joie.» À droite, d'autres
ressuscités gesticulent.
Jacque Thirion conclut ainsi : «Avec des moyens très
différents et une verve un peu vulgaire, les sculpteurs
de Bayeux
ont réussi à donner à la scène
dans son ensemble une impression de grouillement, d'affolement,
d'incohérence, propre à évoquer ce moment
terrible.»
Au troisième registre, la procession
des élus se dirige vers la gauche où s'élève
une espèce de construction gothique à trois
arcades, vraisemblablement le symbole de la Jérusalem
céleste. Jacques Thirion y voit le décor typique
des constructions normandes de la seconde moitié du
XIIIe siècle. ---»» Suite 2/2
plus bas.
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Le tympan du Jugement dernier
XIIIe siècle.
Dans les deux registres inférieurs : les ressucités sortent de leurs
tombeaux ;
Registre du bas : ils sont attendus en Enfer ;
Au-dessus : la procession des élus ;
Registre du haut : le Christ siège en majesté. |
Le Jugement dernier : les deux registres inférieurs.
Les morts sortent de leurs tombeaux. Une partie d'entre eux est accompagnée
en Enfer par des démons qui les portent sur leurs épaules.
Au registre du bas, au centre, un diable garde la porte de l'Enfer. |
Le Jugement dernier, détail :
La porte de l'Enfer est gardée par un diable. |
Le Jugement dernier, détail :
Des démons portent des damnés sur leurs épaules.
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Quelle
date donnée aux deux tympans de la façade
ouest (1/2) ?
En 1974, pour le Congrès archéologique
de France, l'historien Jacques Thirion exprime son
désaccord sur «l'extrême fin du XIIIe
siècle» donnée par Jean Vallery-Radot
dans son ouvrage sur la cathédrale paru en 1922.
Deux éléments fondent son désaccord
et le poussent à donner la date un peu plus ancienne
de «1260-1270» : d'une part, les gâbles
pleins qui surmontent les tympans et, d'autre part,
les figures des tympans ainsi que les bandeaux simplifiés
qui séparent les registres.
Jacques Thirion prend pour référence stylistique quelques-uns
des portails des cathédrales de Bourges
et de Rouen.
Auxquels il rajoute dans une moindre mesure ceux de
la cathédrale
de Poitiers. À
Saint-Étienne de Bourges, les gâbles
des trois portails sud de la façade ouest sont
pleins (dont le gâble du grand portail central).
Ils relèvent de la période 1230-1250. En revanche à
Rouen,
les gâbles des portails des Libraires
et de la Calende
sont ajourés, voire finement ciselés, et relèvent de
la fin du XIIIe siècle et du tout début du XIVe.
Pour ce qui est de la séparation des registres,
à Bayeux,
elle n'est qu'un simple bandeau orné de feuillages.
Le gros plan de la
Cène donné plus haut montre une rangée
de feuilles d'érables posées côte
à côte. Au tympan
du Jugement dernier, ce sont des feuillages à
crochets. Cette ornementation que l'on qualifiera d'«un
peu primitive» ne correspond pas au style adopté
à la fin du XIIIe siècle. La séparation
des registres dans le tympan de l'histoire
de Thomas Becket, une uvre datée des
années 1280, est plus élaborée.
---»» Suite 2/2
à droite.
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Voussure du tympan du Jugement dernier :
un ange sonne l'heure du Jugement. |
Une gargouille avec console représentant
deux hommes assis qui conversent
(façade occidentale). |
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Le
tympan du Jugement dernier (2/2).
---»» Au registre du haut, le Christ siège
en majesté, entouré de deux anges aux
ailes déployées et de deux personnages
agenouillés. Jacques Thirion les identifie à
la Vierge et à saint Jean.
Les voussures accueillent des anges qui sonnent de la
trompette et des personnages barbus qui sont, à
l'origine, peut-être des apôtres. Une grande
partie de ces statuettes, notamment celles de droite,
à été refaite.
Sources : 1) La cathédrale
de Bayeux, Congrès archéologique
de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974, article
de Jacques Thirion ; 2) La cathédrale de Bayeux
de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur,
années 1920.
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Le Jugement dernier, détail : les morts sortent de leurs tombeaux.
Ces ressuscités semblent destinés à l'Enfer. |
Le Jugement dernier, détail : les morts sortent de leurs tombeaux.
Ces ressuscités sont des élus, destinés
à entrer au Paradis. |
Quelle
date donnée aux deux tympans de la façade
ouest (2/2) ?
---»» Enfin, une comparaison stylistique
des statuettes des voussures et de leurs dais, mais
également des personnages des tympans entre Bayeux
et Rouen
montre à Bayeux
un manque de préciosité, d'élégance
dans les drapés, un «manque d'épaisseur»
(Thirion), indiquant une période antérieure
aux années 1281-1302 donnée aux portails
de Rouen.
Jacques Thirion propose donc pour les deux tympans une
datation aux alentours des années 1260-1270.
Source : La cathédrale
de Bayeux, Congrès archéologique
de France, Bessin et Pays d'Auge, 1974, article
sur la cathédrale de Jacques Thirion.
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Statue d'un animal fantastique
sur un arc-boutant.
««--- Gargouille avec un chien
en guise de console. |
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Le Jugement dernier, détail : la procession des élus est surmontée
du Christ entouré d'anges et
de deux personnages agenouillés que l'historien Jacques Thirion identifie
à la Vierge et à saint Jean. |
LE CÔTÉ SUD DE
LA CATHÉDRALE |
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Le côté sud de la cathédrale de Bayeux dans une
lithographie de G.A. Dumarais, XXe siècle. |
Le côté
sud de la cathédrale.
Avec son monumental bras du transept, ses statues et bas-reliefs,
l'aile sud de la cathédrale est plus belle que l'aile
nord. «On ne saurait s'en étonner, écrit
Jean Vallery-Radot, ce côté de la cathédrale
donnant sur la ville, alors que le côté septentrional
s'élevait en bordure du cloître, hors de la vue
du public.» Au Moyen Âge d'ailleurs on ne pouvait
pas contourner la cathédrale par le nord.
Aujourd'hui, le cloître a fait place à trois
bâtiments : la sacristie, la bibliothèque du chapitre
et la salle du chapitre. Depuis le passage Flachat, on peut
observer l'aile nord, mais ces trois derniers bâtiments
bouchent la vue...
La lithographie ci-contre est une vue d'artiste datée
des années 1950. On peut la trouver dans les magasins
de souvenirs de la ville.
Le joli portail en arc surbaissé correspond à
l'entrée de l'Hôtel du Doyen. C'est maintenent
un portail bien simplifié. Les maisons au premier plan
sont beaucoup plus resserrées et le muret est moins
long. L'espace entre la cathédrale et l'hôtel
du Doyen est occupé par un espace vert.
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Un espace vert borde aujourd'hui le côté sud du transept
et du chevet. |
Des fouilles archéologiques ont mis à jour des vestiges
du rempart gallo-romain.
Une partie du résultat de ces fouilles est exposée
sous des verrières au côté sud de la cathédrale. |
Le côté sud : suite d'arcs-boutants en style gothique
flamboyant
et fenêtres des chapelles terminées par des gâbles. |
REMPLAGE GOTHIQUE DES
FENÊTRES DES CHAPELLES SUD DE LA NEF |
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Le
remplage des fenêtres.
Les amateurs de vitraux aiment contempler, à
l'intérieur des églises, le travail des
maîtres verriers. Ils savent que, dans le tympan
de ces vitraux, les dessins s'insèrent parfois
dans de très beaux remplages.
Ils savent aussi que le contraste de lumière
masque toujours la beauté gothique de ces tympans
et qu'il faut donc se tenir à l'extérieur
de l'édifice pour apprécier leur diversité
géométrique et saluer l'imagination de
leurs créateurs. Notons qu'à Bayeux les
remplages ont été restaurés maintes
fois, donc cette diversité peut tout à
fait être l'uvre du XIXe siècle,
désireux de réinstaurer un goût
gothique qui se serait perdu.
On donne ici cinq exemples de remplage ornant les fenêtres
des chapelles du côté sud.
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Le
toit des chapelles.
Au début du XIXe siècle, on construisit
des terrasses en granit pour couvrir les bas-côtés
et les chapelles latérales. À l'origine,
il y avait un toit en pavillon, ce qui assurait vraisemblablement
une plus belle transition entre le premier niveau et
les grandes baies. Mais ces aspects sont invisibles
pour le visiteur...
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Sur le côté sud, un portail latéral de deux arcs
en tiers-point donne accès à la nef.
Il comprend deux petites travées voûtées d'ogives.
Style gothique premier : fin du XIIe siècle, début du
XIIIe. |
Sculpture d'une tête d'homme. |
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Les deux portes du portail latéral sud.
«««---
Portail latéral sud : chapiteau gothique
du pilier central. |
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Portail latéral sud : les frises à thème floral au-dessus
des portes
Style gothique premier : fin du XIIe siècle, début du
XIIIe. |
LA TOUR CENTRALE
ET SON ORNEMENTATION FLAMBOYANTE |
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La tour centrale culmine à plus de 80 mètres.
La partie octogone en gothique flamboyant est à deux étages.
Le premier est du XVe siècle ; le second, des années
1850-1860,
tout comme le dôme, le lanternon et la flèche. |
La
tour centrale de la cathédrale.
Cette tour, dans son ancienne physionomie, a tenu en
haleine la ville de Bayeux
dans les années 1850. Il s'agissait soit de la détruire
(à cause de supports trop faibles dans la croisée),
soit de la reconstruire en consolidant ses supports.
L'encadré
à ce sujet est en page 3.
Depuis 1868 la tour présente donc un nouvel aspect.
Le premier niveau est assuré par un massif rectangulaire
du XIVe siècle orné d'une suite
d'arcs trilobés. Voir le gros plan plus
bas. Juste au-dessus : un rang de quatre-lobes dominé
par une corniche de bouquets de chardons isolés.
Cette corniche
accueille des masques et, aux quatre coins, des anges
tenant un écusson avec armoiries.
Au-dessus de la corniche s'élève la structure
octogone du XVe siècle. Le garde-corps
de style flamboyant concrétise la transition
du rectangulaire à la forme octogonale.
Ce premier étage octogone, bâti vers 1470,
est ajouré de hautes baies dont le remplage est
renforcé par un meneau transversal. L'ornementation
flamboyante est omniprésente : baies en tiers-point
encadrées d'arcs en accolade, épis de
faîtage, anges et lions porteurs d'écussons.
Voir le gros plan plus
bas.
L'historien Louis Serbat, pour le Congrès
archéologique de France en 1908, précise
que, la tour n'allant pas plus haut, cet étage
fut couronné en 1483 d'une couverture de plomb.
Cette dernière, après l'incendie de 1676,
fut remplacée par «une sorte de coupole
classique».
Enfin, au-dessus d'un garde-corps aveugle s'élève
le second étage octogone, uvre néo-gothique
flamboyant des années 1850 réalisée
par l'architecte Gabriel Crétin. Voir plus
bas cette ornementation prise au téléobjectif.
Le cahier des charges de l'architecte incluait aussi
une terminaison par un dôme de cuivre, un lanternon
et une flèche.
À la base du lanternon terminal a été
créée une étroite plate-forme que
le personnel spécialisé peut gagner par
un escalier en spirale à jour. Par temps clair,
on aperçoit la mer qui n'est qu'à sept
kilomètres.
La tour centrale n'a jamais fait l'unanimité.
Ainsi, Jean Vallery-Radot y voit une fausse note : les
architectes contemporains ont rajouté une surélévation
maladroite. La tour centrale «n'est plus à
l'échelle du monument qu'elle écrase de
hauteur excessive.»
Sources : 1) La cathédrale
de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur,
années 1920 ; 2) Congrès archéologique
de France de 1908, article de Louis Serbat.
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Le soubassement rectangulaire, qui soutient les deux étages
octogones, date du XIVe siècle.
Il est orné d'une haute arcature trilobée.
Le garde-corps flamboyant introduit les étages du XVe
siècle et postérieurs. |
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Le soubassement est orné d'une suite d'arcs trilobés,
puis d'un rang de quatre-lobes.
Au-dessus, une corniche de bouquets de chardons isolés reçoit
des masques et des anges portant écussons.
À partir de cette corniche commencent les travaux du XVe siècle. |
Les premier étage octogone de la tour centrale exhibe
une impressionnante succession d'écussons portant armoiries.
Ici, l'écusson à fleurs de lys est porté par
deux moines, tandis qu'un lion héraldique
tient un écusson à deux fasces, armoiries de l'évêque
Louis d'Harcourt. |
Les deux étages octogones de la tour centrale sont en gothique
flamboyant.
Dans les baies du premier étage, la présence d'un
meneau transversal renforce la structure. |
Détail de l'ornementation gothique flamboyant du premier
étage octogone.
À gauche, un écusson aux lys, à droite l'écusson
à deux fasces de Louis d'Harcourt.
Au centre, ces mêmes écussons, mais de taille réduite,
sont tenus par des lions héraldiques. |
Le second étage octogone de la tour centrale est magistralement
orné.
Il a été érigé au-dessus du premier étage
médiéval dans les années 1860. |
LE CROISILLON
SUD ET LE PORTAIL DU DOYEN |
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Une monumentale élévation termine le croisillon
sud du transept.
Fin du XIIIe siècle. |
Le
tympan de l'histoire de Thomas Becket.
Dans son ouvrage sur la cathédrale de Bayeux,
Jean Vallery-Radot rappelle que, à peine quatre
ans après l'assassinat de 1170, le poète
Garnier de Pont-Saint-Maxence avait composé une
description en vers de ce drame. Son uvre donna
lieu à de nombreuses biographies, dont une en
français. L'historien ajoute : «Il est
probable que le sculpteur de notre tympan s'est inspiré,
en suivant les indications d'un clerc, d'une de ces
vies illustrées.»
La scène du bas (qui se lit de droite à
gauche) représente sans aucun doute la fameuse
assemblée de Northampton en 1164. Henri II Plantagenêt
y convoqua le prélat et, sur leur désaccord,
l'abreuva d'injures et le chassa. (L'archevêque
Thomas bataillait sans cesse pour que l'église
d'Angleterre ne subît plus la férule du
roi.) Le personnage tout à droite, les jambes
croisées, serait Henri II.
Le reste du registre illustre les nombreuses réconciliations
plus ou moins factices (dont l'une à Bayeux)
survenues entre les deux adversaires.
Après de longues années d'exil, l'archevêque
traversa la Manche pour Cantorbéry. C'est le
sujet du second registre : on y voit une nef suivie
d'une chevauchée. La scène de droite est
celle de l'assassinat.
Le prélat, à genoux, va succomber sous
les coups de ses meurtriers en présence du porte-croix.
Le scène du haut illustre la pénitence
publique du roi sur le tombeau du saint en 1174.
Source : La cathédrale
de Bayeux de Jean Vallery-Radot, années 1920.
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Le
croisillon sud.
L'élévation qui termine le croisillon
sud du transept a fière allure (photo ci-contre).
Elle est harmonieuse ; ses étages s'équilibrent
parfaitement. Dotée d'un riche décor inspiré
de la façade occidentale, cette élévation
monumentale remonte à la fin du XIIIe siècle.
Le premier niveau constitue le portail du Doyen.
Les trois voussures qui encadrent le tympan retombent
sur des embrasures privées de leurs statues depuis
longtemps. Un élégant trilobe surmonte
chaque porte.
Détail remarquable : dans les écoinçons,
aucun espace n'est perdu pour l'ornementation. Les roses,
les trèfles, les polylobes s'y enrichissent les
uns les autres dans les moindres recoins (photo ci-dessous).
Le tympan illustre l'histoire de
Thomas Becket et de son assassinat en 1170.
Au-dessus du portail, un garde-corps à arcature
trilobée assure la liaison entre la partie basse
de l'élévation et l'imposante verrière
à six lancettes qui éclaire le transept.
À nouveau, dans les écoinçons qui
accompagnent cette verrière, aucun espace n'est
perdu pour les roses.
Au troisième niveau, la galerie sous arcades,
entourée de deux tourelles ajourées, devait
recevoir jadis des statues. Quant au pignon qui la surmonte,
quatre roses remplissent tout son espace avec élégance.
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Le portail du Doyen accueille un tympan qui illustre l'histoire
de Thomas Becket.
On remarquera le souci de l'architecte de ne laisser aucun vide
dans les écoinçons.
Un trilobe feuillagé surmonte chaque porte.
Fin du XIIIe siècle. |
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LE TYMPAN DE L'HISTOIRE
DE THOMAS BECKET |
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Le tympan du portail du Doyen illustre l'histoire de Thomas
Becket.
Les registres sont séparés non par des bandeaux
comme dans les tympans de la façade,
mais par une série d'arcades tréflées,
signant ainsi une époque postérieure. |
L'histoire de Thomas Becket, détail : l'archevêque traverse
la Manche pour gagner Cantorbery. |
L'histoire de Thomas Becket, détail : avec ses fidèles,
l'évêque chevauche vers Cantorbery. |
L'histoire de Thomas Becket, détail : l'assassinat. |
Thomas Becket assassiné.
Le prélat est à genoux dans sa cathédrale,
devant un autel. Il est sur le point de tomber sous
les coups de deux chevaliers normands dont l'Histoire
a retenu les noms : Guillaume de Traci et Renaud, fils
de l'Ours.
L'unique témoin du drame est Edward Grim, le
porte-croix du prélat. Les autres protagonistes
ont fui.
Pour Jean Vallery-Radot, le sculpteur n'a pas oublié
de faire porter au porte-croix l'insigne de sa fonction,
une croix. Mais les dégradations de la pierre
l'ont fait disparaître. Voir la même
scène peinte au XIXe siècle dans le
bras sud du transept.
Source : La cathédrale
de Bayeux de Jean Vallery-Radot.
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L'histoire de Thomas Becket : la pénitence publique du roi. |
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Portail du Doyen, détail : les voussures de l'archivolte. |
Une gargouille à forme humaine sur le côté
sud. |
Console à tête humaine et dais gothiques sur le
côté sud.
Il s'agit ici d'une culée du premier rang (XIIe siècle). |
Console en forme d'ange ailé sur le côté sud. |
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LE CHEVET DE LA
CATHÉDRALE |
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La cathédrale de Bayeux vue du chevet (La «Normandie
illustrée», 1850).
Le dôme de la tour centrale visible sur ce dessin a été
démoli sous le Second Empire. |
Le
chevet de la cathédrale (2/2).
---»» Au deuxième niveau, les contreforts
sont ornés de statues représentant la
Vierge, des évêques et des saints. Six
sont données ci-dessous. Elles étaient
vraisemblablement situées trop haut pour être
la proie des iconoclastes. Ce sont maintenant des copies
du XIXe siècle.
Il faut noter aussi les deux tourelles à clochetons
qui marquent la naissance de l'abside. Elles donnent
au chevet de la cathédrale un caractère purement régional.
On retrouve ces deux tourelles au chur de Saint-Étienne
de Caen.
Source : La cathédrale
de Bayeux de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur,
années 1920.
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Le
chevet de la cathédrale (1/2).
Le magnifique chevet en gothique normand de la cathédrale
de Bayeux
est en général la première vue
que l'on a de l'édifice. C'est l'image d'un véritable
chef-d'uvre architectural érigé
dans les années 1220-1240, âge du style
gothique primitif.
Une chose étonne immédiatement : ce sont les chapelles
rayonnantes que l'on ne remarque pas parce qu'elles
sont engoncées dans un ensemble sans saillie, mise à
part la chapelle axiale. Tout est masqué y compris les
culées des arcs-boutants ! L'architecte a pris pour
modèle le chevet de Saint-Étienne
de Caen, réalisé plus de trente ans auparavant.
La suite de chapelles est ornée, dans sa partie
basse, d'une arcature aveugle. Un garde-corps tréflé,
aveugle lui aussi, ceinture le haut de ces chapelles.
Le toit est à simple pan.
---»» Suite 2/2
plus bas.
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Un évêque tenant sa crosse. |
Un évêque tenant un ciboire. |
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Au chevet, les statues dans les contreforts des arcs-boutants
ont été remplacées par des copies au XIXe siècle. |
Vierge à l'Enfant. |
Une sainte debout sur un masque d'animal. |
Une sainte tenant la palme du martyre. |
Vierge à l'Enfant. |
Les grandes baies de la chapelle axiale et la statue d'une Vierge
à l'enfant sous son dais. |
Un évêque debout sur un chien. |
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Documentation : «La cathédrale
de Bayeux» de Jean Vallery-Radot, Henri Laurens éditeur,
années 1920
+ «Bayeux, joyau du gothique normand», La Grâce
d'une cathédrale, La Nuée Bleue, Place des Victoires,
2016
+ «L'architecture normande au Moyen Âge», Presses
Universitaires de Caen,, articles de Maylis Baylé, 1997
+ «Congrès archéologique de France, 132e session,
1974, Bessin et Pays d'Auge», article de Jacques Thirion
+ «Congrès archéologique de France, 75e session,
1908, Caen», article de Louis Serbat
+ «L'homme et la matière, l'emploi du plomb et du fer
dans l'architecture gothique», Actes du colloque de Noyon, nov.
2006, éd. Picard
+«La cathédrale Notre-Dame de Bayeux» de François
Neveux, OREP éditions., 2007 |
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