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La cathédrale d'Évreux
a connu bien des malheurs : ceux issus de la rivalité entre
les rois de France et les ducs de Normandie devenus rois d'Angleterre.
L'édifice est mentionné pour la première fois
en 912 dans la Chronique de Guillaume de Jumièges. Vraisemblablement
reconstruit au XIe siècle, il est incendié par Henri
Ier Beaucler, roi d'Angleterre en 1119. L'église, reconstruite
entre 1125 et 1140 (il nous en reste les grandes arcades de la nef),
fut incendiée par Philippe Auguste en 1194 dans sa lutte
contre Richard Cur de Lion.
La guerre de Cent Ans ne l'épargne pas : elle est brûlée
en 1356. Elle ne sera restaurée que sous Louis XI, plus d'un
siècle après. (La superbe chapelle de la mère
de Dieu date de cette époque.) Au XVIe siècle, Jean
Cossart ajoute la splendide façade du croisillon nord et
son portail. Puis la tour sud est restaurée. Enfin, au XVIIe,
la tour nord est achevée.
En 1940, l'aviation allemande se charge de sa part de destructions
: le 11 juin, la cathédrale est la proie des flammes. L'incendie
détruit - entre autres - le splendide buffet d'orgue du XVIIIe
siècle. Enfin, en août 1983, un ouragan endommage une
partie de la verrière du chur.
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Vue générale de la nef de la cathédrale d'Évreux
Les piliers de la nef datent de la reconstruction de la première
moitié du XIIe siècle. Les arcades sont en plein cintre,
le style est roman. |

La cathédrale vue de l'Iton
La tour sud (la plus courte) a été remaniée au
XVIe dans le style Henri II.
La tour nord a été achevée au XVIIe siècle. |

Lithographie du XIXe siècle
La façade du croisillon nord en gothique flamboyant date de
1504. Elle est l'uvre de l'architecte Jean Cossart. C'est l'une
des plus belles de France. |

La cathédrale d'Évreux possède une très
belle verrière : dans le chur, dans la chapelle axiale
de la Mère de Dieu et dans les chapelles
rayonnantes autour du déambulatoire.
Ci-dessus : un détail de la verrière de la chapelle
absidiale Saint-Louis : Saint Martin coupe son manteau (XIVe siècle)
.
«««--- A GAUCHE
La flèche de Notre-Dame culmine à 75m de
hauteur. Elle a été reconstruite après
la seconde guerre mondiale. |

Vue du cloître qui jouxte le croisillon sud et qui conduit à
l'entrée du musée
d'Histoire, d'Art et d'Archéologie d'Évreux.
Le style du cloître est du gothique flamboyant du XVIe siècle.
À DROITE, le chevet de Notre-Dame avec la proéminente
chapelle axiale de la Mère de Dieu ---»»»
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Le bas-côté sud est roman.
Au premier plan, un Calvaire en terre cuite
du XVIIIe siècle (le Christ en croix,
Marie et saint Jean)
Vue intérieure de la tour lanterne ---»»»
à la croisée du transept (gothique flamboyant)
La tour lanterne a été édifiée sous les
règnes de Charles VII et Louis XII et achevée en 1475.
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Le bas-côté nord présente ses massifs piliers
romans. |

Élévations dans la nef sur le côté sud
Au premier niveau, des arcades romanes en plein cintre
(1ère moitié du XIIe siècle).
Parties hautes (refaites après l'incendie de 1194) : un triforium
aveugle, de grandes fenêtres en verre blanc et la voûte
d'ogives. |
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Le déambulatoire et ses treize chapelles qui s'ouvrent sur
le chur
Comme on le voit ci-dessus, la
cathédrale d'Évreux possède des chapelles
rayonnantes fermées par de remarquables
clôtures de bois du XVIe siècle. C'est un très
beau travail d'ébénisterie qui représente
des personnages, des animaux ou encore les vertus cardinales.
On remarquera le style des vitraux des chapelles. Ce sont
des verres blancs ornés d'un bref motif décoratif
que l'on a enrichi, ça et là, de petits panneaux
historiés. Ceux-ci datent des XIIIe, XIVe ou XVe siècles.
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La chapelle du Trésor est fermée par une clôture
de fer aménagée sous Louis XI. |

Reliquaire dans le Trésor de la cathédrale
L'essentiel du Trésor a été fondu à la
Révolution. |

La clôture Renaissance de la chapelle de l'Immaculée
Conception dans le déambulatoire
Bas-relief au-dessus de la porte : Samson porte deux colonnes du temple
de Gaza. Bustes à l'antique dans
les médaillons de la base. Vitraux : panneaux historiés
du XIVe siècle. |

Petits panneaux du XIIIe siècle dans la verrière de
la chapelle Saint-Louis.
A gauche, Geoffroy de Bar, évêque d'Évreux, est
agenouillé au pied d'une
Vierge à l'Enfant. A droite, un chanoine est béni par
un évêque. |
L'art
du vitrail. Le jaune d'argent est un mélange
de sels d'argent (chlorure, sulfure, iodure, oxyde d'argent,
etc.) et d'un cément (ocre ou argile calcinée).
Historiquement, ce mélange était inconnu pour
la composition des premiers vitraux, qui rassemblaient essentiellement
des couleurs rouge, bleue et verte. Ce nouveau sel apparaît
en Occident au tout début du XIVe siècle et
entraîne avec lui une révolution dans l'art du
vitrail et de la peinture sur verre. Comme il s'applique facilement
au revers d'une pièce avant cuisson, on peut désormais
ajouter la couleur jaune sur le verre sans être obligé
de souder des pièces différentes par du plomb.
Le procédé donne accès à une palette
supplémentaire de couleurs : les teintes obtenues varient
selon que l'on utilise du chlorure d'argent et de l'ocre (jaune
clair) ou du sulfure d'argent et de l'ocre (jaune orangé).
Sur un verre bleu, il donne du vert.
Notons en outre que, à la même époque, la qualité
des verres s’améliore. Plus fins, plus réguliers,
plus limpides, ils vont permettre aux verrières de
s’éclaircir grâce à l’utilisation de verres incolores
et... de grandir en beauté.
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Le jaune d'argent est idéal
pour colorer les chevelures, les bijoux, les couronnes, les
sceptres - tout ce qui est jaune ou blond dans la réalité
- ainsi que certains éléments architecturaux
(vitreries ornementales et grisaille décorative rehaussée
de jaune d'argent).
Pour certains passionnés de vitraux, la plus belle
(et la plus célèbre) verrière de la cathédrale
d'Évreux se situe dans la chapelle Saint-Louis
(la quatrième chapelle dans le déambulatoire
nord). Au début du XIVe siècle, un maître
verrier de la ville utilisa la nouvelle couleur à base
de sels d'argent qu'on venait d'inventer. Comme tout nouveau
procédé (utilisant de plus un métal précieux),
il était coûteux. Mais la gamme supplémentaire
de couleurs qu'il autorisait lui assura une diffusion rapide
dans toute la France. Á Évreux, la qualité
du jaune d'argent utilisé par ce maître verrier
a fait que le jaune d'Évreux est passé
à la postérité.
Dans la galerie des vitraux, vous pouvez voir l'ensemble
de la verrière de la chapelle Saint-Louis ainsi que
les célèbres petits panneaux
historiés en gros plan.
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Le chur de la cathédrale d'Évreux avec ses grands
piliers fasciculés en arc brisé est de style gothique
rayonnant.
Il a été achevé en 1310 sous le règne
de Philippe IV le Bel. Les grilles qui ferment le sanctuaire datent
de Louis XV.
Le vitrail du centre est l'Arbre de Jessé dans la chapelle
axiale de la Mère de Dieu. |
Comment
a-t-on découvert le jaune d'argent ? Les
historiens du vitrail n'ont aucune certitude, mais il subsiste
une tradition que le peintre verrier clermontois Émile
Thibaud rapporte dans son traité de peinture sur
verre paru en 1842.
Il écrit : «L'ordre des dominicains de Bologne
possédait au XVe siècle un religieux très
connu, sinon par ses ouvrages, au moins par son éminente
piété, le bienheureux Jacques l'Allemand,
ainsi nommé parce qu'il était né à
Ulm en Allemagne. L'obéissance à la règle
fut sa vertu principale. L'historien de sa vie remarque qu'un
jour ayant commencé sa cuisson, il fut obligé
de l'abandonner avant son achèvement, pour obéir
à son supérieur qui l'envoyait à la quête
; mais il fut agréablement surpris au défournement,
de trouver ses pièces de verre si bien recuites, que
jamais il n'avait eu pareil succès.
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C'est à lui que la tradition
attribue la découverte du jaune par l'argent. Ce religieux
étant occupé à enfourner l'ouvrage qu'il
avait peint, laissa tomber par mégarde un bouton d'argent
d'une de ses manches parmi la chaux qui servait à stratifier
son verre, une partie de ce bouton étant entrée
en fusion, le métal teignit en jaune le verre sur lequel
il reposait.»
Et Émile Thibaud conclut : «Nous respecterons,
sans chercher à en détruire le merveilleux,
la tradition de ces faits, du reste fort probables.»
Source : Considérations
historiques et critiques sur les vitraux anciens et modernes
et sur la peinture sur verre par Émile Thibaud
de l'Académie de Clermont et de la Commission départementale
pour la Conservation des Monuments, année 1842.
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Partie supérieure de l'abside (en gothique rayonnant)
La verrière du chur date du XIVe siècle
AU CENTRE ---»»»
Le vitrail de la baie centrale du chur a été
offert par l'évêque Jean du Pré (1328-1333).
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Vitrail de la baie centrale du chur
«Vierge à l'Enfant et saint Jean-Baptiste»
Cliquez sur l'image. |

Magnifique tableau de Gian Antonio Guardi,
«Le Christ apparaissant aux pèlerins d'Emmaüs»
Ce tableau est exposé temporairement dans la cathédrale. |

Aspect du second niveau du chur. |
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Détail de la grille qui donne accès au déambulatoire
sud.
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«««--- À GAUCHE,
l'accès sud au déambulatoire est
fermé par une superbe grille en fer forgé réalisée
au XVIIIe siècle.
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À DROITE ---»»»
La chaire a été sculptée par le moine
Guillaume de la
Tremblaye en 1675. Elle est installée dans la cathédrale
depuis 1811.
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La chapelle axiale de la Mère de Dieu et son atmosphère
féerique |
La chapelle
de la Mère de Dieu a été construite
de 1461 à 1470 grâce aux libéralités
du roi Louis XI. D'anciens évêques d'Évreux
sont enterrés dans le caveau au-dessous de l'autel.
Les vitraux de cette chapelle datent bien sûr du XVe
siècle. Ils relatent la vie
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de la Vierge et la vie de Jésus.
Ils sont entièrement reproduits dans la galerie
des vitraux.
Prenez un peu de temps pour les regarder. Ils sont affichés
en deux tailles. Certains ont une superbe grisaille.
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LA CHAPELLE DE LA MÈRE
DE DIEU |
CI-DESSUS, Piéta du XVIIe siècle
en bois polychrome
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«««--- À GAUCHE,
Statue de la Vierge à l'Enfant du XVe siècle
en bois polychrome
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À DROITE, Arbre de Jessé
derrière la statue de la Vierge ---»»»
Cliquez sur l'image pour afficher l'Arbre de Jessé
en gros plan.
Voir ci-dessous à gauche le vitrail du haut en gros
plan et le commentaire.
Voir à la cathédrale Saint-Denis,
au nord de Paris, le commentaire sur l'Arbre de Jessé.
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Arbre de Jessé, détail : La Vierge et les rois de Juda |

Étonnant vitrail de la Trinité dans le tympan de l'Arbre de Jessé !
Partie haute : on voit bien le Père céleste, le visage du Christ mort et la Colombe.
Mais quel arrangement dans la partie basse ! C'est la
mini jupe d'une midinette avec sa taille de guêpe et sa chute de reins très engageante !
Est-ce le résultat d'une restauration audacieuse ?
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Voir un peu plus haut le vitrail entier de l'Arbre
de Jessé
Voir l'Arbre
de Jessé en grand format dans la galerie des vitraux |

La Rose du Paradis
Cette célèbre rosace du XVIe siècle est dans
le croisillon sud.
Elle représente le couronnement de la Vierge.
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan.
«««--- À GAUCHE, vue du transept sud (on
remarquera son étroitesse) avec
sa porte surmontée d'une sculpture en gothique flamboyant.
Le vitrail du haut est la rose du Paradis. Il domine une galerie d'apôtres
et de Pères de l'Église (début du XVIe siècle)
- voir ci-dessous. |

Vitrail du croisillon sud : apôtres et Pères de l'Église
en costume Renaissance, début XVIe siècle |

Transept nord, somptueuse sculpture de pierre en style flamboyant
au-dessus de deux portes jumelées |

«Sainte Anne et la Vierge enfant», toile d'après
Jean
Jouvenet (XVIIIe siècle) et classée aux Monuments Historiques |

Magnifique retable en bois sculpté du XVIIe siècle
dans la chapelle Sainte-Anne dans la nef
Tableau : «Sainte Anne et la Vierge enfant»,
toile d'après Jean Jouvenet (XVIIIe siècle)
A DROITE, exemple de vitrail dans les chapelles latérales
---»»»
Ils sont enrichis de petits panneaux historiés
des XIIIe ou XIVe siècles.
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L'orgue de tribune - très moderne - tel qu'on le voit en 2010
dans la cathédrale
«««--- À GAUCHE, chapelle des Saints-Anges,
tableau «Notre-Dame des Anges», auteur inconnu. |

La nef de Notre-Dame vue depuis le chœur (en 2022). |
Documentation : Brochure disponible dans la
cathédrale |
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