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Si vous passez à Chartres,
après la visite de la cathédrale,
n'oubliez pas d'aller voir l'église Saint-Pierre. Elle se
situe en complément obligé de l'histoire du vitrail.
Sa nef est aussi claire que celle de la cathédrale est sombre.
Jusqu'à 1803, Saint-Pierre était l'église de
l'abbaye Saint-Père, connue au moins depuis le VIIe
siècle. Ses bâtiments conventuels, au sud, ont été
reconstruits au début du XVIIIe siècle. En 1803, l'église
Saint-Pierre est devenue paroissiale.
L'histoire architecturale de l'église est assez compliquée.
À l'ouest, subsiste une tour massive, de tradition carolingienne,
construite sans doute peu avant l'an mil. Une église ancienne
l'aurait accompagnée. Celle-ci fut rebâtie et agrandie
à la fin du XIe siècle. L'abside et le déambulatoire
datent du XIIe siècle ; la nef et les bas-côtés
sont du début du XIIIe. Après 1250, on reconstruisit
les parties hautes du chur, optant pour un triforium ajouré
qui apportait beaucoup de lumière.
L'intérêt de l'église Saint-Pierre réside
dans ses vitraux, postérieurs à ceux de la
cathédrale
et obéissant à un nouveau
style. Ceux du chur, sur les côtés, remontent
aux environs de 1260 ; ceux de l'abside,
aux environs de 1300. Enfin, les vitraux historiés dans les
parties hautes de la nef sont datés entre 1300 et 1315. Cette
page en donne un grand nombre d'extraits. Vous pouvez en admirer
des agrandissements dans la galerie
des vitraux.
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La nef et l'abside de l'église Saint-Pierre
Le triforium de la nef est aveugle. Celui de l'abside est ajouré.
Ce qui donne à l'abside une grande luminosité.
Quand cette photo a été prise (2012), les vitraux du
triforium du chur avaient été déposés.
Ils ont été remplacés par du verre cathédrale. |
Le chevet de Saint-Pierre
On est frappé par la minceur des arcs-boutants. |
Le côté nord de Saint-Pierre
La tourelle cylindrique sur la voûte du déambulatoire
date du milieu du XIVe siècle. |
Au sud de l'église, les bâtiments conventuels de l'abbaye
Saint-Père
ont été rebâtis au début du XVIIIe
siècle. |
Les
fouilles sous la tour.
Ces fouilles sont en fait des sondages archéologiques
au niveau de la salle basse du clocher-porche. Les archéo-logues
ont ainsi pu mettre au jour une structure de chauffe
qui pourrait être un vestige de moule à
cloche ainsi qu'une tombe de la fin du Moyen Âge
ou du début de l'époque moderne. Cette
tombe contenait six vases funéraires ; la défunte
portait une bague en alliage creux à un doigt
de la main droite. Enfin, dans le mortier du sol, on
a découvert la trace de carreaux de terre cuite
disposés en diagonale et faisant ressortir des
bandes parallèles.
Source : information affichée
dans la tour.
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Les fouilles archéologiques
à l'intérieur de la tour ouest |
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La tour ouest
(sans doute bâtie peu avant l'an mil) |
Portail roman sur le côté nord
C'est l'entrée de l'église. |
La
verrière de l'église Saint-Pierre
est en quelque sorte le complément de celle de
la cathédrale
Notre-Dame. En effet, les vitraux des deux églises
sont d'époque et de style différents.
La nef de la cathédrale baigne dans une pénombre
intense : les vitraux du XIIe siècle et de la
première moitié du XIIIe - à base
de rouge, de vert et de bleu - sont relativement opaques
et obstruent la lumière extérieure. Or,
dès le milieu du XIIIe siècle, s'amorce
en France une profonde révolution dans l'art
du vitrail avec l'apparition de la fenêtre
rayonnante, puis, vers le début du XIVe,
du jaune
d'argent, un sel qui va permettre de multiplier
les nuances et de travailler la grisaille. L'un des
buts de l'art gothique était d'élargir
la surface des verrières pour faire entrer la
lumière. Ainsi, la pénombre de la cathédrale
de Chartres va céder la place à un
renouveau stylistique, et la première église
à en profiter sera Saint-Urbain
à Troyes.
Les moines de l'abbaye Saint-Père suivront cet
exemple et choisiront eux aussi des grandes verrières
en verre blanc peint à la grisaille et espacé
par de grandes figurines. À Saint-Pierre de Chartres,
les verrières des parties hautes de la nef datent
des années 1300-1315 : elles se caractérisent
par une alternance de vitraux historiés et de
vitraux clairs avec grisaille et personnages.
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Élévations dans la nef
Les parties basses datent de la première moitié du XIIIe
siècle, les parties hautes sont d'après 1250. |
Vitrail à quatre personnages dans la nef
La Vierge à l'Enfant |
LE VITRAIL DES SCÈNES
DE LA VIE DE SAINT PIERRE ET DE SAINT PAUL (entre 1300 et
1315)
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Le modeste baptistère
près de l'entrée de l'église |
Vitrail des scènes de la vie de saint Pierre-Saint-Paul (entre
1300 et 1315)
Saint Paul et l'instrument de son supplice |
Vitrail des scènes de la vie de saint Pierre-Saint-Paul (entre
1300 et 1315)
Saint Paul, saint Pierre et le donateur en prière
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Vitrail des scènes de la vie de saint Pierre-Saint-Paul (entre
1300 et 1315)
Le Père Céleste bénissant saint Pierre
et saint Paul suppliciés
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Vitrail des scènes de la vie de saint Pierre-Saint-Paul (entre
1300 et 1315)
Dans cette scène, on peut apprécier le travail
du peintre verrier. sur les visages |
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Vitrail des scènes de la vie de saint Pierre-Saint-Paul
(entre 1300 et 1315)
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Le collatéral nord
(1ère moitié du XIIIe siècle) |
Clé de voûte dans le collatéral nord |
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VITRAUX À GRISAILLE
ET PERSONNAGES
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Vitrail de la nef à quatre personnages
Chaque colonne de personnages est entourée de deux grisailles.
Les religieux voulaient sans doute s'assurer que la nef recevrait
assez de lumière.
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Vitrail de la nef à quatre personnages (entre 1300 et 1315)
Ici, un apôtre lisant (saint Jean?) |
«««---
À GAUCHE
Élévations dans la nef. Les vitraux des bas-côtés sont
du XIXe siècle (voir un exemple ci-dessous) |
Vitrail à quatre personnages : saint Barnabé |
Le bas-côté sud
Au fond, la chapelle rayonnante Sainte-Anne
À DROITE ---»»»
Vitrail historié moderne à la manière médiévale
: scènes de la vie de Jésus
Cliquez sur l'image pour afficher les quatre vitraux du XIXe siècle
en gros plan. |
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Vitrail de la nef : un saint |
Les vitraux
du bas-côté nord de Saint-Pierre,
au nombre de quatre, sont du XIXe siècle. Les peintres
verriers se sont attachés à reproduire le style
du XIIe siècle. On trouve ainsi des scènes de
la Passion, de la Bible (voir ci-contre), de la vie de Jésus
et de la vie de Marie.
Il est intéressant de rapprocher ces vitraux de ceux
des chapelles rayonnantes de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul
à Troyes.
En effet, ces derniers sont - en théorie - du XIIIe
siècle, mais ils ont été tellement restaurés
au XIXe qu'on ne peut plus les considérer comme des
vitraux médiévaux à part entière.
En comparant les uns et les autres, il est intéressant
de constater que leur aspect est très similaire.
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Vitrail historié moderne (fin du XIXe siècle)
Scènes de la Bible, détail central |
Chapelle latérale Sainte-Soline
Tableau de la Piéta (auteur inconnu) |
La nef et le côté nord vus depuis le chur |
LE VITRAIL DES SCÈNES
DE LA VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE (entre 1300-1315)
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Vitrail des scènes de la vie de saint Jean-Baptiste (entre 1300
et 1315)
Le baptême de Jésus par Jean-Baptiste |
Vitrail des scènes de la vie de saint Jean-Baptiste (entre
1300 et 1315)
Le roi Hérode Antipas livre saint Jean-Baptiste à Hérodiade
C'est une scène de banquet où Salomé, fille
d'Hérodiade, s'emploie à exciter le roi par des
danses «lascives» (premier plan à droite)
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Voir l'histoire de la décollation
de Jean-Baptiste à la page de l'église
Saint-Jean-Baptiste
de Saint-Jean-d'Angély.
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Vitrail des scènes de la vie de saint Jean-Baptiste
(vers 1300-1315)
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Vitrail des scènes de la vie de saint Jean-Baptiste
(entre 1300 et 1315)
La décollation de saint Jean-Baptiste (partiel)
Cliquez sur l'image pour afficher en entier et en gros plan. |
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LA CHAPELLE LATÉRALE
SAINTE-SOLINE
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Chapelle latérale Sainte Soline
dans le bas-côté sud |
Statue de saint Gilduin (1948)
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Vitrail de sainte Soline
(Atelier Lorin, Chartres, XXe siècle) |
À DROITE ---»»»
Vitrail à grisaille et personnages dans la nef,
détail
Cliquez sur l'image pour afficher tout le vitrail. |
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Buste de l'évêque Fulbert (enterré dans l'église)
Sculpture de l'abbé Galopin (1960) |
Chapelle latérale Sainte Soline |
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Vitrail de la Vierge à l'Enfant
dans le déambulatoire gauche |
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LE VITRAIL DE LA PASSION
(entre 1300-1315)
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Vitrail de la Passion (entre 1300 et 1315)
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan. |
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Vitrail de la Passion (entre 1300 et 1315)
La Cène. On reconnaît saint Jean penché sur Jésus.
Cliquez sur l'image. |
Vitrail de la Passion (entre 1300 et 1315)
Saint Thomas met ses mains dans les plaies de Jésus.
Cliquez sur l'image. |
«««---
À GAUCHE
L'entrée dans Jérusalem (entre 1300 et 1315), détail
supérieur
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en entier et en
gros plan. |
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LE VITRAIL DES SCÈNES
DE LA VIE DE MARIE (entre 1300-1315)
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Vitrail des scènes de la vie de Marie
(vers 1300-1315)
Parties hautes de la nef
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en gros plan.
À DROITE ---»»»--»»»
Vitrail à grisaille colorée et quatre personnages
sous dais dans la nef
Cliquez sur l'image pour afficher le vitrail en gros plan. |
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Vitrail des scènes de la vie de Marie (vers 1300-1315)
L'Adoration des mages (partiel)
Cliquez sur le vitrail pour l'afficher en entier et en gros plan.
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Tableau «La Nativité»
Auteur inconnu |
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Vitrail de saint Louis (entre 1300 et 1315), détail
Cliquez sur l'image pour afficher le vitrail en gros plan. |
Vitrail XIXe siècle de la Vierge à l'Enfant (détail)
Le visage de la Vierge rappelle le style des icônes byzantines. |
LE DÉAMBULATOIRE ET
LES CHAPELLES RAYONNANTES
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Chapelle rayonnante Saint-Joseph
Déambulatoire nord |
Chapelle rayonnante Saint-Joseph
Statue d'un saint évêque |
Chapelle Saint-Joseph
Statue de saint Roch |
Chapelle axiale de Notre-Dame
La voûte peinte |
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Chapelle axiale Notre-Dame
De style roman, elle remonte à la deuxième moitié
du XIIe siècle.
Jusqu'à 1939, les chapelles rayonnantes recevaient les vitraux
de l'ancienne église Saint-Hilaire. Ils n'ont pas été
remontés après la guerre. |
Statue de la Vierge
Marbre de Carrare du sculpteur Bridan
Détail : le visage de la Vierge |
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Chapiteaux dans la chapelle Notre-Dame
«««--- À GAUCHE
Statue de la Vierge, marbre de Carrare du sculpteur Bridan |
Architecture.
Les parties basses du chur sont les éléments
les plus anciens de l'église Saint-Pierre. On édifia
ensuite l'abside et le déambulatoire sous la direction
du moine Hilduard. Les bâtisseurs eurent de la
chance : en 1165, on découvrit le tombeau de Gilduin,
diacre breton mort à l'abbaye Saint-Père et
- dit-on - en odeur de sainteté. Les dons des fidèles
affluèrent, ce qui permit de poursuivre la construction.
Source : Feuillet sur l'histoire
de l'église disponible dans la nef.
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LE CHUR ET SES VITRAUX
DU XIIIe SIÈCLE
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Le chur de l'église Saint-Pierre
Les vitraux du triforium sont, en théorie, ceux de l'ancienne
église Saint-Hilaire. Ils ont été déposés
temporairement.
On remarquera que les colonnes montantes sur dosseret ne sont pas
arrondies. Elles sont taillées en pilastres aux angles coupés.
Les parties hautes de la nef de la cathédrale
d'Évreux présentent la même caractéristique. |
L'abside et ses vitraux datés des environs de l'an 1300 |
Vitrail de l'abside (vers 1300)
Un apôtre
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Vitrail de l'abside (vers 1300)
Un saint évêque |
Vitrail de l'abside (vers 1300)
Un apôtre |
Les vitraux
de l'abside de l'église Saint-Pierre datent
des environs de l'an 1300. Ils ont fait la célébrité
de l'église et justifient à eux seuls une visite.
Leurs couleurs chatoyantes et variées - avec toutefois
une dominante bleue - irradient le chur d'une atmosphère
de beauté et de sérénité. Les
apôtres et les saints entourent le vitrail central.
Comme les autres, celui-ci est constitué de deux lancettes.
Au niveau supérieur, on y trouve une crucifixion
avec la Vierge et saint Jean ; à droite une Vierge
à l'Enfant. Au niveau inférieur : saint
Louis et saint Gilduin. C'est d'ailleurs l'une des premières
représentations de saint Louis dans un vitrail. Enfin,
saint Gilduin est regardé comme un bienfaiteur posthume
de l'église : la découverte de son tombeau en
1165 avait assuré aux bâtisseurs de l'édifice
assez de dons pour poursuivre les travaux de construction.
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Les vitraux de l'abside (vers 1300)
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Vitrail central de l'abside (vers 1300)
La Crucifixion (à gauche) et la Vierge (à droite) |
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Vitrail de l'abside (vers 1300)
Quatre apôtres |
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À GAUCHE
Vitrail de l'abside
Deux apôtres
(vers 1300) |
À DROITE ---»»»
Vitrail central de l'abside
Saint Louis et saint Gilduin
(vers 1300)
(C'est l'une des toutes premières
représentations de saint Louis
dans un vitrail)
Cliquez sur les images pour les
afficher en gros plan
dans la galerie des vitraux. |
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Le maître-autel de Saint-Pierre. |
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La nef vue depuis le chur. |
Vitrail de l'abside (vers 1300)
Un saint évêque. |
L'ARBRE DE JESSÉ DU
TRIFORIUM DE L'ÉGLISE SAINT-PIERRE
CENTRE INTERNATIONAL DU VITRAIL
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Vue d'ensemble de l'Arbre de Jessé du triforium de l'église
Saint-Pierre.
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Arbre de Jessé
Un roi de Juda.
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Arbre de Jessé, un roi de Juda. |
L'Arbre
de Jessé du triforium de l'église Saint-Pierre
Au Centre international du vitrail
de la ville de Chartres, on peut admirer un Arbre de
Jessé partiel qui a été retiré
du triforium de l'église en 1936. Lors de sa
restauration, on a cherché à mieux raccorder
les panneaux entre eux. Initialement, il y a quatre
panneaux. Trois d'entre eux sont dits «en forme
d'amortissement», c'est-à-dire qu'ils terminent
le vitrail en s'amenuisant progressivement. Les vitraux
bleus à gauche et à droite, sur le niveau
supérieur, ont été rajoutés
par les restaurateurs.
D'autres modifications ont été appliquées
: le bas de la Vierge a été rallongé ;
la tête du roi David est moderne ; l'épaule
d'un roi a été refaite.
Outre la Vierge à l'Enfant, l'Arbre de Jessé
montre quatre rois de Juda entiers et le buste de deux
autres. Le roi David est reconnaissable à
sa lyre. Le roi de droite, avec un casque et un sceptre
et qui pointe l'index, est peut-être Manassé.
Au centre, le roi à droite de David, dans sa
belle draperie rouge vif, est peut-être Salomon
Il est certain que cet Arbre possédait une rangée
inférieure où l'on devait voir Jessé
accompagné d'autres rois de Juda.
Source : Centre International du vitrail à
Chartres
Voir les explications sur l'historique de l'Arbre
de Jessé tel que l'a conçu l'abbé
Suger à la page de la basilique Saint-Denis
dans ce site.
Ailleurs dans le site, on pourra voir d'autres Arbres
de Jessé dans l'église Notre-Dame-la-Grande
à Poitiers,
l'église Saint-Pierre
à Dreux,
Saint-Nizier
à Troyes,
Notre-Dame
à Niort
et, bien sûr, admirer le chef-d'uvre d'Engrand
le Prince à l'église
Saint-Etienne de Beauvais
ou celui de Jean I Macadré à l'église
Sainte-Madeleine
à Troyes.
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Documentation : Feuillet disponible dans l'église
+ panneaux d'information |
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