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Page créée en juil. 2023
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Voir l'extérieur et la nef de  la cathédraleVoir le chœur de la cathédraleVoir les chapelles du déambulatoireVoir la chapelle de la Mère de Dieu et ses vitraux
Saint André dans la baie 120, détail
LE TRANSEPT ET LA TOUR LANTERNE
Le cerf ailé

Cette page présente successivement :
   1) le croisillon sud et ses vitraux ;
   2) le croisillon nord et ses vitraux ;
   3) la tour-lanterne à la croisée du transept.

Voir la présentation générale des vitraux du transept.
Voir l'histoire du financement de la (longue) construction de la cathédrale et des fréquents recours aux indugences.

LE CROISILLON SUD DU TRANSEPT


La croisée et le croisillon sud du transept.

Croisillon sud : vitraux des baies 120 et 220.

Le croisillon sud du transept.
Compte tenu des circonstances historiques de la construction, les élévations sud, est et ouest du croisillon sud présentent deux homogénéités séparées. Ce qui répond d'ailleurs à la simple logique.
À l'est, l'élévation qui joint le chœur et le bras sud possède un triforium semblable à celui du chœur. Elle est donc datée de la seconde moitié du XIVe siècle, époque où le chœur est achevé.
À l'ouest, la comparaison des formes des soufflets des arcatures de la galerie sud avec celles du triforium occidental du bras sud conduit les historiens à dater tout ce secteur, très homogène, de la fin du règne de Louis XI (†1483). Toutefois, des considérations très techniques portent à penser que la travée qui surmonte l'entrée dans le bas-côté sud pourrait être de la première moitié du XVe siècle (baies 124 et 224).
L'élévation sud n'est pas aussi sophistiquée que celle du nord. Le dessin de la rose du Paradis (baie 220) y est plus simple que celui de son vis-à-vis, la rose du Jugement dernier (baie 219). De même, les deux portes qui donnent accès au cloître et, de là, au palais épiscopal (devenu le musée d'Art, Histoire et Archéologie d'Évreux), sont surmontées d'une modeste ornementation en accolade entourée de pignons flamboyants (photo à droite). Dans le bras sud, la paroisse a installé une statue de Notre-Dame de Lourdes et un petit espace de dévotion.


Bras sud du transept : espace de dévotion
dédié à Notre-Dame de Lourdes.

Baie 120, détail : Jacques le Mineur.
Vers 1475-1480.

Croisillon sud : les portes surmontées d'arcs
en accolade donnent accès au cloître.

Baie 120. Le vitrail de cette baie (ci-dessous), daté des années 1475-1480, présente une suite de huit apôtres munis de leurs emblèmes, debout dans des niches aux dais relevés de jaune d'argent. Les quatre autres apôtres figurent dans la baie opposée, n° 119. De gauche à droite : Jacques le Majeur, Pierre, André, Jean, Philippe, Barthélemy, Jacques le Mineur et Thomas.
Cette verrière a été partiellement détruite par la grêle en 1983. L'atelier J.-P. Tisserand en a assuré la restauration en 1994. La verrière a été reposée doublée d'une vitre extérieure.
Source : Corpus Vitrearum.


Baie 120 (galerie de la rose sud) : Huit apôtres debout devant des tentures damassées.
De gauche à droite : Jacques le Majeur, Pierre, André, Jean, Philippe, Barthélemy, Jacques le Mineur et Thomas.
Les quatre apôtres manquants figurent dans la galerie de la baie 119 qui fait face à la baie 120 dans le bras nord.
Verrière exécutée vers 1475-1480.

Baie 120 : Jacques le Majeur, détail.
«««--- Barthélemy et son couteau.
Vers 1475-1480.

Le financement de la construction et le rôle des indulgences (1/4).
Après l'incendie de la cathédrale dans les années 1190, il fallut reconstruire l'édifice. Cette tâche s'est étalée sur trois siècles, principalement à cause d'un manque criant de moyens financiers. Il ne se trouvait pas à Évreux de riches marchands (comme à Saint-Nicolas-de-Port) capables, par leurs dons, de faire avancer un chantier de cette importance. Le chapitre ne jouissait pas non plus de droits sur des terres aussi étendues que celles du chapitre de Notre-Dame de Paris. Dans la capitale, en effet, les chanoines trouvèrent normal, vers 1250, de taxer au maximum les deux mille serfs de leurs domaines parisiens, forçant Blanche de Castille à intervenir en faveur des paysans. C'est pourquoi, dans l'histoire de Notre-Dame d'Évreux, avant que la générosité de Louis XI ne pourvoit à tout, on trouve assez souvent la présence d'indulgences papales. ---»» Suite 2/4 plus bas.

Les vitraux du transept.
Ils datent de l'élévation de la structure architecturale, c'est-à-dire des années 1470-1480. Certains n'ont été mis en place que dans les années 1510.
Les historiens sont peu renseignés sur les ateliers de maîtres verriers qui les ont conçus, souvent en étroite collaboration avec le chapitre de la cathédrale. Toutefois la verrière de la baie 120 (galerie de huit apôtres) au-dessous de la rose du Paradis, cette même rose (baie 220) et la rose du Jugement dernier (baie 219) sont attribuées par le Corpus Vitrearum à «l'atelier principal» de la chapelle de la Mère de Dieu.
Une partie de ces verrières est constituée de panneaux circulaires enfermant des monogrammes du Christ, de la Vierge, mais aussi ceux du roi Louis XI, de son épouse la reine Charlotte de Savoie et du dauphin Charles. Souvent ces monogrammes sont accompagnés d'une rangée de soleils. La baie 224 en est un exemple.
Les œuvres les plus intéressantes sont sans conteste les deux verrières historiées de la rose du Paradis (baie 220) au sud et la rose du Jugement dernier (baie 219) au nord. Vu leur hauteur, une paire de jumelles (ou un téléobjectif) est indispensable.
Les verrières 120 et 220, dans le bras sud du transept, ont été endommagées lors d'un orage de grêle en 1983, puis restaurées en 1994-1995.


Baie 120 : André et sa croix, détail.
Vers 1475-1480.

L'élévation sud du transept et son ornementation flamboyante (vers 1470).

Identité des profils (voir les flèches jaunes).
L'identité des soufflets des arcades des verrières basses dans l'élévation sud et dans l'élévation ouest du bras sud conduisent les historiens à réunir les deux élévations dans une même période de construction : la fin du règne de Louis XI († 1483).


Croisillon sud, élévation ouest : la claire-voie de la baie 122).

Baie 220 : la Rose du Paradis ou Rose du Couronnement de la Vierge.
Vers 1470-1480.

Le financement de la construction et le rôle des indulgences (2/4).
---»» Rappelons brièvement le principe des indulgences. Pour un chrétien, il y a deux sortes de péchés.
Le premier est aussi le plus simple : l'offense à Dieu par la violation d'une règle établie par l'Église sans qu'autrui y soit mêlé. Exemple : manger de la viande ou du beurre pendant le Carême.
Le second se partage en deux fautes distinctes : d'abord une nuisance à autrui (vous insultez votre voisin, vous le volez, vous le rouez de coups, etc.). Vous avez nui à autrui, mais également à Dieu en violant ses lois qui exigent - entre autres - de respecter son prochain. Vous devez donc obtenir deux pardons : d'abord celui de votre voisin (les modalités du pardon étant alors d'ordre privé), puis le pardon de Dieu, c'est-à-dire de l'Église. C'est à ce second stade, et pas avant, qu'intervient l'indulgence.
Le Dictionnaire critique de théologie (PUF, 2016) cite le pape Paul VI qui écrit en 1965 : «L'indulgence est la remise devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée (...)» Effacée signifiant pardonnée par la victime.
Les historiens font terminer le «beau XIIIe siècle» (selon l'appellation traditionnelle) à la mort de Louis IX, en 1270. Au cours de ce siècle, l'économie du royaume de France se développe. Bourgeois et marchands s'enrichissent, mais veulent aussi faire leur salut, ce qui signifie appliquer les règles de l'Église et «compenser par des aumônes les péchés liés à leur mode de vie», écrit Marie-Luce Septsault dans son ouvrage Le beau XIIIe siècle (Atlande, 2021). Les indulgences (dont la plupart viennent racheter un péché simple) sont décidées par le pape et obtiennent l'adhésion de toutes les couches de la société. Payer pour avoir le droit de manger du beurre pendant le Carême est un principe tout à fait admis. ---»» Suite 3/4 à droite.

Baie 220. Cette grande verrière de 6,50 mètres de diamètre est appelée Rose du Paradis ou encore Rose du Couronnement de la Vierge. Offerte par Louis XI et le chapitre de la cathédrale (vers 1470-1480), elle est due à un atelier inconnu qui est également à l'origine des vitraux de la chapelle de la Mère de Dieu, d'où son nom d'«atelier principal de la chapelle axiale».
La scène qui domine la rose (tout en haut) est celle du couronnement de la Vierge. La rose affiche des apôtres, des saints et des saintes, un saint pape (Clément?), un évêque (Taurin?)
L'œuvre, qui était jugée bien conservée après une restauration entre 1883 et 1886, a été cassée en partie par la grêle en 1983. L'atelier J.-P. Tisserand en a assuré la restauration en 1994-1995. La verrière a été reposée en 1996, doublée d'une vitre extérieure.
Source : Corpus Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie, CNRS, 2001.


Baie 220 : la Rose du Paradis, détail.
Vers 1470-1480.

Baie 220 : la Rose du Paradis ou Rose du Couronnement de la Vierge, détail.
Vers 1470-1480.
En haut, de gauche à droite : Couronnement de la Vierge, Marie-Salomé et ses fils ;
En bas : saint Jean l'Évangéliste, saint Jean-Baptiste, une sainte, et côte à côte saint Barthélemy et saint Paul (?)
Tout en bas : un saint évêque (Taurin?)

Le financement de la construction et le rôle des indulgences (3/4).
---»» Retour à Évreux. Après l'affrontement entre Philippe Auguste et l'Angleterre qui s'est soldé par le double incendie de la cathédrale en 1195 et 1198, l'édifice est en ruine. En 1201, Robert de Roye, conseiller du roi, est nommé évêque du diocèse. Voulant reconstruire sa cathédrale et conscient de la pauvreté sur ses terres, il s'adresse au pape Innocent III pour faire bénéficier les ébroïciens d'indulgences. Ce qui est accepté en février 1202. Les fonds recueillis sont toutefois insuffisants. Ce n'est que vingt ans plus tard, avec l'arrivée de Gautier de Varinfroy, que les travaux pourront démarrer.
De 1244 à 1256, Louis IX étant roi de France, l'évêque d'Évreux, Jean de La Cour d'Aubergenville sollicite à nouveau l'aide du pape Innocent IV. En 1246, une bulle attribue des indulgences aux fidèles qui donnent pour la reconstruction. À cette époque, les travaux de la nef, qui a été voûtée de pierre, sont terminés. On démarre la construction d'un nouveau chœur gothique qui va englober le chœur roman. Ce dernier, conservé pour les offices, sera démoli après l'achèvement du nouveau.
Philippe IV le Bel s'éteint en 1314. Son fils aîné, Louis X le Hutin, monte sur le trône et meurt en 1316. Son frère Philippe V le Long lui succède. En avril 1317, le pape Jean XXII renouvelle les indulgences.
Les aléas de la guerre de Cent Ans meurtrissent la cathédrale (la ville est incendiée en 1356). Malgré les bienfaits de Charles V, en 1396 l'édifice est jugé délabré, les étais défigurent l'ancien transept roman et les piles de la croisée menacent de s'effondrer. Les ressources, toujours insuffisantes sans coup de pouce papal, ne permettent pas d'engager des travaux. Pis, l'époque traverse une crise avec la lutte entre Bourguignons et Armagnacs.
---»» Suite 4/4 plus bas.


Élévation du bras sud du transept à l'est avec les baies 116 et 118.
Au-dessus, les baies 216 (avec la Vierge et Louis XI) et 218.

La voûte du croisillon sud du transept. ---»»»

Baie 216 : les six lancettes d'écus avec la Vierge à l'Enfant et le roi Louis XI.
Vers 1470-1475.
 

Baie 216, détail : la Vierge et l'Enfant.
Vers 1470-1475.

Baie 122, détail : le Christ dans un rondel.
Vers 1470-1475.
Baie 122, détail ---»»»
un aigle nourrissant ses petits dans un rondel.
Vers 1470-1475.

Baie 216. Cette verrière, datée des années 1470-1475, a été offerte en ex-voto par le roi Louis XI après la naissance de son fils Charles en 1470.
On en donne ci-dessus les six lancettes ornées d'écus couronnés aux armes de France, aux armes de la reine Charlotte de Savoie et aux armes du dauphin.
La partie centrale, bien conservée, est la plus intéressante. Louis XI est agenouillé devant un prie-Dieu, au pied de la Vierge qui tient l'Enfant-Jésus dans son bras gauche. Le sol où se tient la Vierge est dallé ; elle-même repose sur un croissant de lune. L'artiste a choisi d'opposer le Ciel et la Terre dans les teintes des damas à l'arrière-plan : la Vierge est peinte sur un fond lumineux, le roi, sur un fond vert.
La préciosité des bordures végétales est remarquable.


Baie 216, détail : Louis XI. Il a offert la verrière en ex-voto
après la naissance de son fils Charles (futur roi Charles VIII).
Vers 1470-1475.

Le financement de la construction et le rôle des indulgences (4/4).
---»» Des temps plus calmes arrivent enfin avec l'occupation anglaise de 1418, Henry V étant roi d'Angleterre. Celui-ci meurt en 1422. Son fils, Henry VI, est âgé de deux ans. Le duc de Bedford, frère du défunt roi, assure la régence et gère les régions françaises occupées. Il sera le grand adversaire de Jeanne d'Arc.
À Évreux, en septembre 1423, l'évêque Paul Capranica adresse, comme ses prédécesseurs, une supplique à Rome pour bénéficier d'indulgences. La réponse n'arrive que quatre ans plus tard, alors que l'évêque doit quitter Évreux pour un nouveau siège en Bénévent. En 1431, le légat pontifical accorde cent jours d'indulgences aux fidèles qui adresseront des dons pour la cathédrale. Le résultat des dons n'est pas connu. Étaient-ils suffisants pour lancer la reconstruction du transept ?
Toujours est-il que les fonds continuent à manquer. En 1447, nouvelle bulle d'indulgences accordée par le pape Eugène V. Ce dernier, qui suit le chantier de près grâce à des rapports envoyés par les chanoines, est irrité par l'incompétence des architectes, responsables de travaux mal faits et qui n'avancent pas. Comme suite à la bulle, le chapitre de la cathédrale étend la zone des indulgences à tout l'archevêché.
Viennent ensuite les donations des rois. Pour Charles VII, c'est probable, mais pas certain. En revanche, son fils Louis XI, pris d'une vraie dévotion pour Notre-Dame d'Évreux, va ouvrir sa cassette et attribuer à la cathédrale, en 1465, une part des fonds issus des gabelles : dix deniers tournois sur chaque minot de sel vendu dans toute la Normandie. Consentie pour six ans, cette allocation sera renouvelée en 1469, 1475 et 1481.
Le 30 août 1483, jour de la mort du roi, la cathédrale est pratiquement achevée. Il reste à terminer la façade du croisillon nord du transept et à reprendre la façade occidentale. Ce qui réclame encore des fonds importants. Anne de Beaujeu, fille de Louis XI et régente, gère le royaume avec son époux Pierre de Beaujeu. Et le destin frappe encore. Dès le 22 septembre, «une ordonnance du Grand Conseil annule toutes les libéralités et aliénations faites sur les revenus dus à l'État», écrit Annick Gosse-Kischinewski dans La cathédrale d'Évreux. C'en est fini des subventions du Prince ! L'évêque Raoul du Fou, en place de 1479 à 1511, n'a pas d'autre choix que de quémander encore une fois des indulgences à Rome. On sait que le pape Jules II y a répondu favorablement, mais il est monté sur le trône de saint Pierre en 1503. Que s'est-il passé entre 1483 et 1503 ? Y a-t-il eu des demandes adressées au très décrié Alexandre VI Borgia, pape de 1492 à 1503 ? Raoul du Fou s'y est-il opposé pour une raison morale ?
L'intervention de Jules II semble être la dernière venue de Rome. On note ensuite une aide de Louis XII, roi de 1498-1515, d'un montant de deux cents livres en 1508 pour continuer la façade du croisillon nord. En 1604, Henri IV, de passage à Évreux, promet trois mille livres à prendre sur son épargne. Le don ne se concrétisera qu'en 1609 par l'attribution, pendant douze ans, d'une partie des fonds tirés de la gabelle : cinq sols par minot de sel vendu au grenier d'Évreux et à la chambre de Conches.
La reconstruction de la façade occidentale traîne en longueur. Son achèvement, en 1631, est dû à un fond de plus de trente mille livres légué en 1626 par François Martin, chapelain et secrétaire de l'évêque.
Par la suite, selon les sources, il semble que les revenus du chapitre ont pris le relais.
Sources : La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat, Les Colporteurs, 1997 ; Haute-Normandie gothique d'Yves Bottineau-Fuchs, éditions Picard, 2001.


Baie 216, détail : la Vierge et l'Enfant.
Vers 1470-1475.

Baie 216, détail : Louis XI devant la Vierge.
Vers 1470-1475.

Baie 216, détail :
bordure végétale
du panneau de Louis XI.

Baie 216, détail :
bordure végétale
du panneau de la Vierge.

Baie 224 : Verrière emblématique de Louis XI (avec tympan partiel).
En bas : cerfs ailés (armoiries de Charles VI) ; au-dessus ; écus de France armoriés avec fleur de lys ou chiffre royal ;
Au-dessus : monogrammes du Christ et de la Vierge, surmontés d'une rangée de soleils.
Vers 1470-1475.

Baie 224, détail : cerf ailé (armoiries de Charles VI).

Baie 224, détail : écu aux armes de France couronnées.

Baie 224, détail : cerf ailé.

LE CROISILLON NORD DU TRANSEPT (Architecte JEAN COSSART)


Baie 215, détail :
l'empereur Octavien.
Vers 1490-1500 et 1511-1515.
Voir plus bas.

Le croisillon nord
du transept ---»»»

Le pan de mur vide entre les
arcatures au-dessus des portes
a-t-il jamais reçu des statues ?


Le pignon nord créé par Jean Cossart et achevé avant 1517.
On notera le dessin original du garde-corps de la rose.

Le croisillon nord du transept.
La première travée de ce croisillon (celle qui jouxte la croisée) répond peu ou prou aux mêmes exigences que la première travée du croisillon sud. Elle est datée des dernières décennies du XVe siècle.
La travée remarquable dans le croisillon nord est celle qui intègre le pignon. C'est le talentueux architecte Jean Cossart qui l'a réalisée (et achevée avant 1517) ainsi que toute la façade externe du pignon nord.
Jean Cossart a repris le style flamboyant du croisillon sud, mais en l'embellissant. On s'en aperçoit tout de suite par la série d'arcatures fort peu banale qui supporte treize consoles, au-dessus des deux portes de l'entrée nord (photo ci-contre). Ces consoles vont en s'inclinant vers la droite et la gauche. Le visiteur curieux remarquera aussi la présence de treize dais juste au-dessus, sous la galerie des arcades tréflées. Il est pratiquement évident que les statues du Christ, au centre, et des douze apôtres avaient été prévues. Comme on ne voit aucune marque sur le mur entre les consoles et les dais, on en déduit qu'elles n'ont jamais été posées. Qu'en auraient fait les révolutionnaires ?
Pour le garde-corps de la rose, Jean Cossart a introduit une belle originalité : il ne ressemble à rien, mais paraît très moderne ! Voir la photo du pignon nord ci-dessous. Laissant libre cours à son ingéniosité et son envie du beau, l'architecte a enrichi le pourtour de la rose d'une dentelle de choux sculptés.
La baie de la rose nord est plus grande, plus complexe et plus ajourée que celle au sud. «La rose nord offre un parfait exemple de cet art de la fin du Moyen Âge, comparable aux roses de Sens ou de Beauvais», écrit Annick Gosse-Kischinewski dans La cathédrale d'Évreux. On se reportera donc avec intérêt aux roses de Martin Chambiges à la cathédrale Saint-Étienne de Sens et à la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais, deux roses complexes qui sont de la même époque.


Porte Renaissance dans le bras nord du transept.

Bras nord : les choux frisés autour de la rose de Jean Cossart.

Baie 219, détail : les démons s'emparent des damnés.
Vers 1480-14900 et 1511-1515.

Baie 219. La verrière de cette rose s'inscrit dans une structure gothique recherchée, expression du savoir de Jean Cossart. Le dessin est nettement plus riche que celui de la baie 220 qui lui fait face. La rose 219 part de dix rayons qui s'épanouissent à partir d'un trilobe central. Suivent trois cercles de vingt ajours. Les écoinçons du bas (la rose 220 n'en a pas) sont garnis de soufflets et de mouchettes.
Cette verrière, datée des années 1480-1490, a été réalisée par l'«atelier principal de la chapelle axiale» et posée vers 1511-1515. La moitié supérieure abrite la cour céleste, le Christ-Juge trônant au centre. On reconnaît des figures de l'Ancien et du Nouveau Testament dont quelques apôtres, Ève et David. Dans la partie centrale de la rose, dix séraphins appellent au Jugement. La partie inférieure présentent les âmes des morts : à gauche, les élus ; à droite, les damnés saisis par les démons.
La verrière a été restaurée vers 1887 et à nouveau, en 1909, après un orage de grêle.
Source : Corpus Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie, CNRS, 2001.

Baie 219 : la rose du JUGEMENT DERNIER
Vers 1480-14900 et 1511-1515.

Baie 119 (galerie de la rose nord) : quatre apôtres alternent avec quatre Docteurs de l'Église.
De gauche à droite : Augustin, Mathias, Ambroise, Jude, Jérôme, Simon, Grégoire et Matthieu.
Vers 1490-1500 et 1511-1515.
 

Baie 119. Elle contient quatre apôtres (ceux qui ne sont pas dans la baie 120 qui lui fait face) qui alternent avec quatre Docteurs de l'Église. Exécutée «au plus tard vers 1490» [Corpus Vitrearum], elle a été posée entre 1511 et 1515.
Les personnages sont accompagnés de phylactères. Ceux des apôtres portent un article du Credo ; ceux des Docteurs, une inscription nominative.
La verrière est jugée bien conservée par le Corpus Vitrearum. Elle a été restaurée en 1887, puis en 1909.
Source : Corpus Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie, CNRS, 2001.


Baie 119 : saint Jude, détail.
Vers 1490 et 1511-1515.

Baie 215.
Datée des années 1490-1500, la verrière de cette baie, située au-dessus de l'entrée dans le déambulatoire nord, représente six prophètes et héros de l'Ancien Testament sous de hauts dais relevés de jaune d'argent. Au-dessus de leurs têtes, les phylactères ont l'air de tourbillonner dans le vent (photo ci-dessous).
De gauche à droite : Jérémie, Sophonie, Job, Moïse, David et «Octavien». Ce dernier est en fait l'empereur Auguste. Selon la tradition, Auguste, qui cherchait à savoir s'il devait être divinisé, aurait été témoin de l'apparition dans le ciel de la Vierge et de l'Enfant-Jésus. La sibylle de Tibur, qui se trouvait à côté de lui, lui annonça que l'Enfant qu'il voyait serait plus grand que lui. ---»» Suite à droite.


Arcatures au-dessus des portes nord : une série de treize dais surmonte la série des arcatures.

Bras nord : la suite des treize arcatures flamboyantes au-dessus des portes.

Bras nord : arcatures flamboyantes au-dessus des portes, détail.

Baie 215.
---»» Voir à ce sujet le tableau de la sibylle de Tibur au musée des Beaux-Arts de Dijon. La verrière de la baie 215 a été restaurée à trois reprises aux XIXe et XXe siècles.
Source : Corpus Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie, CNRS, 2001.


Bras nord : arcatures flamboyantes au-dessus des portes, détail.

Baie 215, détail : galerie des six prophètes et héros de l'Ancien Testament.
À droite : l'empereur Auguste (représenté avec les prophètes en raison de la révélation
qui lui est faite de l'avènement du Christ par la sibylle de Tibur).
Verrière exécutée vers 1490-1500 et posée vers 1511-1515.

Baie 215 : le roi David.
Vers 1490-1500 et 1511-1515.

Baie 215 : le prophète Jérémie ---»»»
Vers 1490-1500 et 1511-1515.

Bras nord du transept : l'entrée dans le déambulatoire.
La baie 215 se trouve juste au-dessus de la galerie
qui abrite la baie 115 (sur la photo : au-dessus de l'arcade).

LA TOUR-LANTERNE À LA CROISÉE DU TRANSEPT


Le transept : les bras nord et sud, la croisée et les piliers centraux.

La tour lanterne à la croisée (1/2).
Bâtir une tour lanterne à la croisée du transept est une tradition normande. La cathédrale de Rouen en possède une très élégante, éclairée par seize fenêtres. Tour lanterne aussi à Lisieux, Jumièges, Coutances et Fécamp. De plus, on sait que la cathédrale romane d'Évreux en avait une. C'est une bonne façon d'éclairer la croisée. Au XVe siècle, l'idée a été reprise par les architectes.
Les quatre grandes piles qui soutiennent la tour lanterne portent à commentaire. La photo, prise en grand angle, et donnée ci-dessus montre bien les différences.
À l'ouest, du côté de la nef (le haut de la photo), l'architecte a conservé les deux piles romanes jusqu'au liseré haut de chapiteaux qu'il a lui-même rajouté. Ce liseré lui permet de cacher adroitement une discontinuité dans l'élévation des colonnettes, partie rajoutée au XVe siècle. Cette discontinuité est bien visible dans la seconde photo à droite.
Au-dessous, le liseré bas de chapiteaux n'est autre que la suite romane du liseré qui court sous le triforium de la nef.
À l'est, du côté du chœur (le bas de la photo), on ne voit nul liseré de chapiteaux : les piles nues montent jusqu'à la tour lanterne. «Le noyau roman a été totalement rhabillé au XVe siècle en une surface murale aux arêtes vives qui file d'un seul jet jusqu'au voûtement», écrit Annick Gosse-Kischinewski dans La cathédrale d'Évreux.
De la sorte, les piles orientales de la croisée se fondent avec l'archivolte de la grande arcade. On se demande d'ailleurs pour quelle raison l'architecte a pris ce parti dépouillé. Pourquoi ne pas avoir inséré au moins le liseré du haut ? On pourrait répondre que, dans son esprit, ce devait être deux lisérés ou rien du tout...
Notons que dans les élévations du chœur, les liserés entourent le triforium (comme dans la nef) et il y en a aussi à la retombée des voûtes. ---»» Suite 2/2 à droite.


Un réseau de nervures flamboyantes tracées en triangle
recouvre les quatre pans inclinés qui
aboutissent à l'octogone de la tour lanterne.

Le liseré haut, inséré, à l'ouest, par l'architecte, permet
de transformer sans heurt l'aspect des colonnettes montantes.

Une frise basse de choux sculptés souligne l'octogone au niveau des triangles de nervures.

La tour lanterne de la croisée voit un plan carré passer à un octogone.
Au niveau des fenêtres, on remarque qu'une sur deux est aveugle.

Une frise haute de choux sculptés sépare les deux niveaux de la tour lanterne.
Elle fait pendant à la frise de choux qui surmonte le premier octogone.

La tour lanterne à la croisée (2/2).
---»» Le point le plus intéressant de la tour lanterne est sans aucun doute le subtil passage de la croisée du plan carré au plan octogonal (photo ci-contre). L'architecte pouvait simplement utiliser des pans inclinés entre les quatre arcades situées aux points cardinaux, mais, comme l'écrit Annick Gosse-Kischinewski, cet aspect n'aurait guère été esthétique. L'astuce a été de plaquer sur ces parois inclinées «un réseau de nervures flamboyantes semblables à celles que l'on trouve dans les fenêtres hautes du transept», précise l'historienne.
Ces réseaux sont surmontés d'une frise de feuilles de choux sculptées (dite ici frise basse) bien mise en évidence par les deux moulures saillantes qui l'encadrent.
Huit fenêtres de style flamboyant ornent le premier niveau de la lanterne et ferment la galerie de circulation. Le second niveau est séparé du premier par une seconde frise de choux sculptés (frise haute), plus large que la précédente. Bien soulignée elle aussi par une double moulure, elle est surmontée d'un garde-corps qui est une suite d'arcades trilobées (photo ci-dessus).
Il faut noter un détail étonnant : ce second niveau est ouvert de huit groupes de fenêtres, des groupes qui sont alternativement ouverts ou fermés, ce que montre bien la photo à gauche. S'agissait-il de renforcer le voûtement ?
«Cette magnifique tour lanterne, construite avant 1475, écrit Annick Gosse-Kischinewski, est sans conteste l'œuvre majeure offerte par le roi Louis XI.»
Source : La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat, Les Colporteurs, 1997.

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Documentation : Livret et panneaux dans la cathédrale
+ «Congrès archéologique de France, Évrecin, Lieuvin, Pays d'Ouche», Société française d'archéologie, Paris 1984
+ «Congrès archéologique de France tenu à Évreux en 1889», article Émile Travers
+ «La cathédrale d'Évreux» d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat, Les Colporteurs, 1997
+ «Haute-Normandie gothique» d'Yves Bottineau-Fuchs, Éditions Picard, 2001
+ «Les plus belles cathédrales de France» de l'abbé J.-J. Bourassé, Alfred Mame et Fils Éditeurs, 1880
+ «L'architecture normande au Moyen Âge», Presses Universitaires de Caen, éditions Charles Corlet, 1997
+ «Évreux, la légende des pierres» d'Annick Gosse-Kischinewski, Froment Glatigny Éditeurs, 1988
+ «Corpus Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie», CNRS Éditions, 2000
+ «Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Évreux et Louis XI» de Gary B. Blumenshine, Annales de Normandie, 40e année n° 3-4
+ «Le Vitrail Français», éditions Mondes, 1958.
+ «Le Moyen Âge retrouvé» de Louis Grodecki, Flammarion, 1991, article : Les verrières d'Évreux.
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