|
|
|
L'église Saint-Patrice de Rouen
se présente comme une galerie de magnifiques vitraux. La
plupart sont du XVIe siècle, les autres, du XIXe, un dernier
est de Max
Ingrand. Comme les églises rouennaises de Saint-Vivien
et de Saint-Godard,
elle présente une nef centrale et deux bas-côtés.
À l'origine, elle était voûtée en bois.
Historiquement, le bâtiment a été précédé
de deux édifices. Au Xe siècle, l'emplacement qu'occupe
l'église actuelle était à l'extérieur
des murailles. Il abritait un oratoire déjà dédié
à Patrice, saint patron de l'Irlande. Un incendie ravagea
tout le quartier en 1228. La reconstruction fut l'occasion de repousser
le périmètre des murailles : la nouvelle église
fut dès lors érigée dans l'enceinte de la ville.
En 1535, Saint-Patrice fut entièrement rebâtie en style
gothique flamboyant. Le quartier aux alentours, bientôt habité
par de riches familles de notables rouennais, vit s'élever
de somptueux hôtels particuliers. Des membres du Parlement
de Normandie y avaient élu domicile. Les sources de financement
pour les vitraux ne manquèrent pas.
En 1562, Saint-Patrice est pillée par les huguenots. L'armée
royale d'Henri IV assiège la ville en novembre 1591 (jusqu'à
avril 1592). À cette occasion, des boulets de canon percent
le clocher (rappelons que l'édifice s'élève
tout près du rempart situé au nord). En 1648, d'importants
travaux l'agrandissent : chevet élargi ; érection
de la façade ouest sur la rue, et extension du bas-côté
sud jusqu'à la rue Saint-Patrice actuelle. Vers 1650, un
curé très actif, Pierre Chrétien, fonda,
dans des bâtiments tout à côté, une communauté
de prêtres (appelée séminaire), chargée,
entre autres, de l'instruction des enfants pauvres. Une partie de
l'église était réservée à ses
membres. La communauté fut dissoute en 1791. En 1854, les
Carmélites s'installèrent dans une partie de ces anciens
bâtiments. (Aujourd'hui, l'emplacement abrite une résidence
immobilière.) À la Révolution, l'église
est tout d'abord conservée dans la liste des églises
paroissiales de la ville - ce qui lui permettra de s'enrichir de
mobiliers venant d'établissements religieux supprimés.
Fermée en 1793, elle est ensuite occupée par la société
des théophilantropes et, en 1802, rendue au culte. Enfin,
au XIXe siècle, retour à l'architecture : le portail
ouest est complètement réaménagé par
l'architecte Eugène Barthélemy.
Encore plus que Saint-Vivien
et Saint-Godard,
l'église Saint-Patrice est véritablement cernée
par les vitraux Renaissance. Seule l'entrée au-dessus de
la tribune d'orgue en est dépourvue. C'est pourquoi, si vous
passez à Rouen,
une visite à Saint-Patrice s'impose. Cette page met l'accent
sur les vitraux du XVIe siècle de l'édifice, sans
prétendre à l'exhaustivité. Les numéros
des baies indiqués sont ceux du Corpus Vitrearum.
|
|
Vue d'ensemble de la nef et du chur de l'église Saint-Patrice. |
La façade de l'église est entourée de bâtiments.
C'est un ancien quartier huppé de Rouen
On remarque un petit campanile au sommet. |
La façade et le portail ont été fortement «repris»
au XIXe siècle par l'architecte Barthélemy.
Bas-relief et statues sont l'uvre d'Édouard Bonnet, XIXe
siècle). |
Statue d'une sainte sur le portail.
(uvre d'Édouard Bonnet, XIXe siècle) |
Extérieur.
Comme on le voit sur les photos, l'extérieur de l'église
Saint-Patrice aurait besoin d'une restauration. La pierre
grise, fortement marquée par la pollution, est à
cent lieues de la somme des beautés intérieures.
La façade possède une tour où les contreforts
se terminent par des chapiteaux corinthiens (indice du XVIIe
siècle). Le tympan du portail, réalisé
au XIXe siècle par Édouard Bonnet (dans le cadre
d'une restauration conduite par l'architecte Barthélémy),
possède un bas-relief illustrant deux épisodes
de la vie de saint Patrice, apôtre de l'Irlande au Ve
siècle.
Si vous passez à proximité, rentrez dans le
patio au nord et jetez un coup d'il à la suite
de modillons qui orne la corniche au-dessus des fenêtres
(voir photo à gauche).
|
|
Suite de modillons sur la corniche au-dessus des fenêtres
(côté nord). |
Élévations du côté nord (la voûte
date de 1875).
Les piliers s'arrêtent à une bague qui reçoit
la retombée des voûtes d'ogives.
Compte tenu des petites fenêtres hautes et des riches
verrières des bas-côtés,
la nef de l'église Saint-Patrice ne bénéficie
pas d'une grande luminosité. |
|
Le côté nord de l'église donne sur le patio
d'une résidence immobilière.
Vu de l'extérieur, il est difficile d'imaginer la richesse
artistique de Saint-Patrice. |
Le bas-relief du tympan au-dessus du portail illustre deux épisodes
de la vie de saint Patrice.
(uvre d'Édouard Bonnet, XIXe siècle ) |
Architecture
interne. L'église Saint-Patrice est
divisée en trois nefs. Sa disposition est identique
à celle des églises rouennaises de
Saint-Godard
et de Saint-Vivien.
Comme on le voit sur la photo ci-contre, le choix de
l'architecte du XVIe siècle fut de scander la
nef centrale de piliers ronds et de les surmonter d'une
simple bague. Il n'y a pas de chapiteau. Les arcs brisés
qui joignent ces piliers sont moulurés assez
simplement. Les retombées de la voûte descendent
jusqu'aux bagues. Les fenêtres du second niveau,
qui reçoivent des vitraux à thème
géométrique simple, sont de peu d'ampleur
: la corniche qui sépare les deux niveaux d'élévation
est placée très haut, c'est-à-dire
au niveau du sommet des voûtes des nefs latérales.
Ces nefs dégagent beaucoup d'espace, avec des
murs élevés pour accueillir une magnifique
verrière.
Il est intéressant de comparer la nef de Saint-Patrice
avec celle de l'église Saint-Éloi
(aujourd'hui temple protestant), élevée
à la même époque. À Saint-Éloi,
les piliers sont cannelés, ce qui rappelle les
temples romains et grecs, et ne dégage pas un
effet architectural très heureux.
|
|
|
Partie sud de l'église Saint-Patrice avec son absidiole baignée
par le soleil.
Les stalles, au premier plan, sont du XVIIe siècle.
L'absidiole a été ajoutée à l'église
en 1648 de façon à occuper l'espace jusqu'à la
rue. |
«La Rencontre d'Éliezer et Rebecca à la fontaine»
Détail d'un tableau de Maertens de Vos (1532-1603), actuellement
au
musée de Rouen. |
Au XVIe siècle, le chapitre
de Saint-Patrice commanda au peintre flamand Martin de
Vos huit panneaux illustrant l'histoire d'Éliezer et de
Rebecca. Six nous sont parvenus. Ils sont exposés au
musée
des Beaux-Arts de Rouen.
|
|
Plan de l'église Saint-Patrice. |
Vitrail du XIXe siècle
Scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament. |
Plan
et vitraux. L'église Saint-Patrice
possède une nef centrale avec deux bas-côtés.
Le tout d'égale longueur. Chacun des bas-côtés
est doublé de manière symétrique,
au niveau du chur, par une chapelle (de la Vierge
et de Saint-Joseph). Au premier niveau de l'élévation,
l'église possède une splendide verrière
qui fait toute sa richesse.
Le Corpus Vitrearum classe cette verrière
en trois parties : 1) les vitraux qui proviennent de
l'ancien édifice et qui sont datés du
XVe siècle et du début du XVIe ; 2) ceux
qui ont été réalisés aux
XVIe et XVIIe siècles pour l'église actuelle
; 3) les verrières, anciennes elles aussi, provenant
d'autres édifices. À ces trois groupes,
on peut ajouter des verrières des XIXe et XXe
siècles, comme la verrière de l'Eucharistie
de Max
Ingrand.
Cette page donne un très large aperçu
des vitraux de Saint-Patrice, anciens ou modernes. L'un
des plus beaux vitraux, celui du «Triomphe de
la croix», attribué à l'atelier
des Leprince est donné plus
bas.
|
|
Vitrail de SAINT LOUIS (baie 11), registre supérieur
(1585).
1) Saint Louis lave les pieds des pauvres qu'il reçoit
à sa table ; 2) Saint Louis part pour la croisade et
fait ses adieux à l'évêque de Paris ;
3) Saint Louis assiège la ville de Damiette en Égypte.
Ensemble du vitrail restauré par l'atelier Bernard vers
1850. |
«Les adieux de Rebecca à sa famille», Maertens
de Vos (1522-1603).
Ce tableau, avec les cinq autres de la suite, se trouvait initialement
dans l'église Saint-Patrice.
Les tableaux sont maintenant visibles au MUSÉE
DES BEAUX-ARTS de Rouen. |
LE CHUR
ET SES TROIS VERRIÈRES (baies 0, 1 et 2) |
|
Le chur de Saint-Patrice et ses trois verrières
de 1540. |
Vitrail de LA CRUCIFIXION (baie 0)
(réalisé vers 1540, modifié en 1745).
La partie centrale est donnée en gros plan,
plus
bas. |
Le baldaquin en bois doré au-dessus du chur. |
|
|
La chaire à prêcher
Elle est en bois sculpté, de style Renaissance, et
provient de l'ancien prieuré rouennais de Saint-Lô.
|
Allégorie de la Foi sur la cuve de la chaire à
prêcher. |
Vitrail de SAINT LOUIS (baie 11)
Vitrail offert par Louis Sandres,
bourgeois de Rouen, en 1585.
Restauré vers 1850. |
Vitrail de SAINT LOUIS (baie 11).
«Miracle de la tempête apaisée au retour
de Syrie»
et donatrice en prière, 1585. |
|
Vitrail
de la Crucifixion (baie 0). C'est le vitrail
de la baie centrale du chur et l'un des mieux
conservés de l'église. D'après
le Corpus, il a vraisemblablement été
offert vers 1540, comme les deux baies adjacentes
(baies 1 et 2), par la famille d'Anzeray et Jacques
Bordel, président au Parlement de Normandie.
Le Corpus Vitrearum indique : «déposée
en 1732, puis reposée en 1745 après modification
de la baie par la suppression de deux meneaux et complément
de panneaux.»
Au-dessus de la scène centrale, trône un
Christ du Jugement dernier, entouré de la Vierge
et de saint Jean-Baptiste. Les personnages sont accompagnés,
à droite et à gauche, des écus
armoriés des donateurs.
En bas, on retrouve les personnages traditionnels de
la Vierge et de saint Jean, ainsi que Marie-Madeleine,
difficilement reconnaissable. À noter le cavalier,
à droite, qui arbore une très belle pelisse
du XVIe siècle. L'ensemble a été
restauré, notamment en 1896 par l'atelier J.
Boulanger.
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Haute-Normandie,
CNRS Éditions, 2001.
|
|
|
Vitrail de LA CRUCIFIXION (baie 0)
Détail : Marie-Madeleine au pied de la croix. |
Les
trois verrières du chur (baies 0, 1 et
2).
Ces trois baies (dont celle de la Crucifixion) appartiennent
à la série des premières verrières
réalisées pour la nouvelle église,
c'est-à-dire dans les années 1540-1550
environ. Le Corpus précise que, en 1732,
Étienne Mazeline créa un nouveau maître-autel
adossé à un immense retable qui cachait
les baies du chur. On déposa donc les trois
vitraux des baies centrales, qui furent remplacés
par du verre incolore. En 1745, soit treize petites
années après, le retable de Mazeline n'intéressait
plus personne. On décida donc de le retirer et
de replacer les anciennes verrières (heureusement
conservées) dans les baies prévues pour
elles depuis l'origine.
Malheureusement, les meneaux des anciennes baies avaient
été supprimés. Il fallut donc compléter
les trois verrières par des bordures. Celles-ci
seront fabriquées dans un atelier parisien et
peints à l'émail sur un thème floral.
On ajouta aussi les écus armoriés des
donateurs qui avaient financé ce réajustement.
Parmi eux, on note Jean-Baptiste de la Rivière
Lesdo, premier président au Parlement de Normandie
et son épouse. Le Corpus nous apprend
aussi que, en 1778, le chur de Saint-Patrice reçut
un nouveau maître-autel à baldaquin, réalisé
par l'artiste Tierce. Ce maître-autel eut cette
fois la bonne idée de respecter pleinement la
visibilité sur les trois baies.
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Haute-Normandie,
CNRS Éditions, 2001.
|
|
Vitrail de LA CRUCIFIXION (baie 0)
Détail : Le cavalier «romain» au pied de
la croix.
L'artiste, pour représenter les méchants, a
pris soin de
maculer le visage de quelques verrues...
|
|
Partie centrale du chur de Saint-Patrice.
Le tableau central est accompagné, à gauche et à
droite, de deux bas-reliefs en stuc représentant la Descente
de croix et l'Adoration des bergers. |
Vitrail de LA CRUCIFIXION (baie 0)
Détail : Le Christ entre les deux larrons.
La tête du Christ a été restaurée
à la fin du XVIe siècle.
La tête du mauvais larron (à droite) a été
restaurée au XIXe siècle (comme les nuages). |
Vitrail
de la Passion (baie 1). Comme le vitrail
de la Crucifixion, il appartient à la série
des verrières réalisées pour la
nouvelle église (vers 1540-1550 environ). Le
carton a repris les scènes traditionnelles de
la Passion. Dans le tympan : l'Agonie du Christ au jardin
des Oliviers. Puis, le Baiser de Judas ; la Comparution
devant Pilate ; la Flagellation ; le Portement de croix
avec les donateurs. On note de très nombreux
verres gravés (dans les costumes, les chapeaux,
les colliers de chien, etc.). L'ensemble a été
restauré, notamment par J. Boulanger en 1896.
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Haute-Normandie,
CNRS Éditions, 2001.
|
|
|
Vitrail de LA CRUCIFIXION (baie 0), détail : l'architecture
derrière le Calvaire. |
VITRAIL
DE LA PASSION, baie 1 (vers 1540 et 1745) |
|
Vitrail de LA PASSION (baie 1), détail : le Portement
de croix. |
|
Vitrail de LA PASSION (baie 1), registre n° 3
Jésus comparaît devant Pilate. |
Vitrail de LA PASSION (baie 1), détail : le Baiser
de Judas. |
Vitrail de LA PASSION (baie 1), détail : les soldats
de Pilate
lors de la Comparution de Jésus. |
|
VITRAIL
DE LA VIE GLORIEUSE DU CHRIST, baie 2 |
|
Vitrail de LA VIE GLORIEUSE DU CHRIST (baie 2, vers 1540)
L'Apparition du Christ à sa mère. |
Vitrail
de la Vie glorieuse du Christ (baie 2). Troisième
et dernier vitrail du chur, de 4,20 mètres
de haut comme les baies 0 et 1. Comme les deux autres,
offerte au chapitre de l'église par la famille
d'Anzeray et Jacques Bordel, premier président
du Parlement de Normandie. Il est daté vers l'année
1540.
On retrouve les épisodes évangéliques
classiques : Apparition du Christ à Marie-Madeleine
; Repas d'Emmaüs (ci-dessous) ; Apparition du Christ
à sa mère (ci-dessus). Le tout est surmonté
d'une Résurrection accompagnée des écus
armoriés des financiers de l'ajustement de 1745
: André-Guy Duval de Bonneval, président
au Parlement de Normandie et sa femme, Marie Pellerin,
ainsi que les écus de la famille Brinon.
L'ensemble a été restauré, notamment
par J. Boulanger en 1896.
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Haute-Normandie,
CNRS Éditions, 2001.
|
|
Vitrail de LA VIE GLORIEUSE DU CHRIST (baie 2), détail
: le repas à Emmaüs (vers 1540). |
|
Le bas-côté nord et sa série de vitraux
du XVIe siècle. |
«««---
Vitrail de LA VIE GLORIEUSE DU CHRIST (baie 2)
Détail : 1'Apparition à Marie-Madeleine.
|
|
|
Vitrail
de l'Annonciation (baie 15). Ce vitrail,
daté de 1540, est un chef d'uvre de composition
: il s'inspire de la gravure de l'Annonciation par Marc-Antoine
Raimondi d'après Raphaël. Cliquez sur l'image
pour l'afficher en gros plan. La Vierge et l'ange Gabriel
se trouvent sur une loggia accolée à une
pièce principale et à une chambre dont
on voit l'encadrement de la porte. Le cadre est somptueux
: la pièce principale comprend un fauteuil et
un dressoir, lui-même orné de deux plats
d'étain. Le dossier du fauteuil est enrichi d'un
bas-relief en bois. Pour donner de la profondeur à
la scène, la lancette de gauche fait la part
belle au paysage : on y voit un chemin qui se perd dans
le lointain. Au soubassement, l'ordonnancement des donateurs
ne rend pas l'interprétation aisée. On
voit en effet, à gauche, une femme agenouillée
et sa fille, au centre un transi, et à droite
un homme vêtu de noir en oraison devant un prie-Dieu.
Qui sont réellement les donateurs? Sont-ce le
transi, la dame et sa fille? Le priant de droite est-il
le deuxième mari de la dame? Quant au tympan,
il illustre une Nativité dans les ruines d'un
palais antique.
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Haute-Normandie,
CNRS Éditions, 2001.
|
|
|
Vitrail de LA PASSION (baie 1)
Vers 1540. |
VITRAIL
: LA VIE GLORIEUSE DU CHRIST, baie 2 |
|
Vitrail de LA VIE GLORIEUSE DU CHRIST (baie 2)
Vers 1540. |
VITRAIL
DE L'ANNONCIATION, baie15 |
|
Vitrail de L'ANNONCIATION (baie 15), vers 1540.
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
Vitrail de L'ANNONCIATION, l'ange Gabriel. |
|
Vitrail de L'ANNONCIATION (baie 15)
Les donatrices en prière auprès du donateur représenté
sous l'aspect d'un transi.
À gauche, la Vierge se retourne vers l'ange annonciateur
---»»» |
|
|
VITRAIL DE SAINTE
BARBE, baie 19 (1540) |
|
Vitrail de SAINTE BARBE (baie 19)
Année 1540. |
Vitrail
de sainte Barbe (baie 19). Barbara est une sainte
du IIIe siècle que sa foi chrétienne a fait
haïr par son père. D'abord enfermée dans
une tour pour l'amener à renier le Christ, elle est
suppliciée, puis le gouverneur romain oblige son père
à la décapiter. Les scènes du martyre
de sainte Barbe, peintes sur des tableaux ou des vitraux,
sont toujours très suggestives. Voir à ce sujet
le vitrail de sainte Barbe à l'abbatiale
Saint-Ouen de Rouen.
La baie 15 de l'église Saint-Patrice est datée
de l'année 1540. Dans le tympan (voir ci-contre), la
jeune femme, à gauche, est dénudée et
flagellée ; à droite, elle est suspendue par
les pieds et écorchée. Le registre supérieur
de la verrière montre le supplice, que l'on qualifiera
de traditionnel, pour cette martyre : attachée contre
une colonne, les mains liées au-dessus de sa tête
(voir ci-dessous), les bourreaux lui brûlent les seins
(avant de les couper). Autour d'elle s'agite une foule de
soldats vêtus à l'antique. Dans le registre du
dessous, le propre père de Barbe, rendu furieux par
l'entêtement de sa fille, la décapite avec un
sabre. Le Corpus Vitrearum précise que la partie
du costume du père qui contient des rinceaux (au niveau
du poitrail) est en fait un bouche-trou.
|
|
Vitrail de SAINTE BARBE (baie 19), année 1540.
Détail : le Martyre de sainte Barbe (2e registre). |
Vitrail de SAINTE BARBE (baie 19), année 1540.
Détail : la Décollation de sainte Barbe par son père. |
VITRAIL DE SAINT
PATRICE, baie 21 |
|
Vitrail de SAINT PATRICE (baie 21), vers 1585 |
|
|
Vitrail de SAINT PATRICE, détail.
Saint Patrice dompte les bêtes malfaisantes. |
Vitrail de SAINT PATRICE (baie 21)
Détail : en oraison, saint Patrice a la révélation
du lieu de purgatoire. |
Vitrail
de saint Patrice. Le vitrail est ordonné
autour de la figure centrale : le saint dompte les bêtes
malfaisantes (voir ci-dessus). Le tympan est une partie intéressante
: le jeune Patrice, âgé de seize ans, est enlevé
par des brigands qui l'emmènent en Irlande. À
l'arrière-plan, le saint est menacé par les
brigands devant un paysage peint avec des émaux. En
Irlande, vendu comme esclave, le jeune garçon garde
les porcs. En songe, l'ange Victor lui révèle
l'endroit où git un trésor qui lui permettra
de racheter sa liberté (ci-dessous, au centre). Saint
Patrice est nommé évêque d'Irlande et
convertit Sesgnen et sa famille (ci-dessous, à droite).
Le fils de Sesgnen, Bénigne, prendra la suite de son
ministère. Enfin, on ne saurait quitter ce vitrail
sans un coup d'il sur le soubassement
et la nombreuse progéniture des donateurs : la donatrice
est accompagnée de ses quatre filles ; le donateur
est représenté avec ses six fils ; à
droite, un autre donateur, seul, est en prière.
Ce vitrail a été très restauré
au XVIIe ou au XVIIIe siècle, ainsi qu'en 1839 par
le peintre verrier You-Renaud.
Source : Corpus Vitrearum, les vitraux
de Haute-Normandie, CNRS
Éditions, 2001.
|
|
«««---
Vitrail de SAINT PATRICE, détail : le visage de Sesgnen
converti par saint Patrice. |
|
Vitrail de SAINT PATRICE, détail du tympan :
Patrice, âgé de seize ans, est emmené
en Irlande par des brigands.
|
Vitrail de SAINT PATRICE, détail :
Esclave d'un prince irlandais, Patrice garde les porcs.
L'ange Victor lui révèle l'existence d'un trésor.
|
Vitrail de SAINT PATRICE, détail :
Patrice, évêque d'Irlande, blesse au pied, par
mégarde,
le prince Vengus. Il le guérit d'un signe de croix.
|
|
Vitrail de SAINT PATRICE (baie 21)
Détail : les donateurs dans le soubassement.
À gauche, la donatrice et ses quatre filles ; au centre, le
donateur et ses six fils ; à droite, un donateur. |
VITRAIL DE JOB,
baie 23 (1570) |
|
Vitrail de JOB (baie 23)
Vers 1570 et XIXe siècle.
À DROITE ---»»»
Job apprend la mort de ses enfants dans l'incendie de sa maison.
|
Vitrail de JOB, détail : Job sur son tas de fumier (1570).
Le visage de Job est celui d'un homme totalement résigné
à subir les foudres divines sans se révolter. |
Vitrail
de Job (vers 1570 et XIXe siècle). Cette
grande verrière (4 mètres sur 1,8 mètre)
vient du bas-côté nord de la nef de l'église
Saint-Godard
à Rouen. Elle a été installée
à Saint-Patrice en 1802, initialement dans la baie
18. Le vitrail a été offert par Guillaume Martin
et son épouse.
Le tympan, qui représente une Trinité souffrante,
est du XIXe siècle. Au-dessous de la croix figure un
cartouche du XVIe siècle restauré, où
l'on peut lire : Cette vitre fut donnée à
pacque mil cinq cents soixante et dix par Guillé Martin.
Priez pour eulx.
Le premier registre de la verrière, panneau de gauche,
montre Job dans toute sa richesse, avec sa famille et ses
amis. Les deux autres panneaux illustrent les calamités
dont Dieu le frappe : pillage de sa maison et de ses biens
par la soldatesque, assassinat de ses bergers et de leurs
chiens ; enfin un messager lui annonce la mort de ses enfants
dans l'incendie qui a détruit sa maison.
Dans le registre inférieur (donné plus
bas), Job, réduit à la misère, subit
les railleries de sa femme. Couvert d'ulcères (image
ci-contre), il reçoit la visite de trois de ses amis.
Enfin, Dieu lui rend la prospérité et Job offre
un sacrifice d'action de grâces. On remarque qu'aucun
panneau n'illustre les tentations du démon. On voit
un très beau vitrail sur ce thème dans l'histoire
de Job à la cathédrale Saint-Pierre-Saint-Paul
à Troyes.
L'ensemble de ce vitrail de 1570 a bien sûr été
restauré.
Source : Corpus
Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie,
CNRS Éditions, 2001.
|
|
|
Vitrail de JOB, détail : la soldatesque tue les bergers et
les chiens de Job. |
Vitrail de JOB, détail : les amis de Job devant sa famille
(1570).
L'artiste a représenté des visages interrogateurs et
jaloux. |
Vitrail de JOB, registre du bas (1570).
1) Job, réduit à la misère, subit les railleries
de sa femme ; 2) Job reçoit la visite de trois amis ; 3) Job
retrouve la prospérité et offre un sacrifice d'action
de grâces. |
ABSIDIOLE SUD
ET CHAPELLE SAINT-JOSEPH |
|
Les deux autels du bas-côté sud, environnés de
vitraux, baignent dans la lumière.
À gauche, l'autel de la Passion ; à droite, l'autel
Saint-Joseph. |
L'autel Saint-Joseph dans l'absidiole sud.
Le vitrail central de la Résurrection est du XVIe siècle
avec des ajouts latéraux de Max Ingrand.
Les vitraux latéraux sont des créations du XIXe siècle. |
Vitrail de LA RÉSURRECTION, baie 8, détail :
Le Christ ressuscité et l'épouvante des gardes (vers
1535 et 1953)
À l'arrière-plan, apparition du Christ à Marie-Madeleine. |
VITRAIL DU PROCÈS
DE PARADIS, baie 12 (vers 1550 et vers 1860) |
|
Le PROCÈS DE PARADIS (baie 12).
Vitrail allégorique de la théologie de l'Incarnation.
Le bas du vitrail est une création des années
1860.
Toute la partie supérieure remonte aux années
1550.
|
Vitrail
du Procès de Paradis (baie 12, vers 1550 et vers
1860).
Ce vitrail date clairement de deux époques. La
partie basse est un ajout des années 1860. La
scène représente Marie-Madeleine répandant
du parfum sur les pieds du Christ.
La partie supérieure est beaucoup plus intéressante.
Datée aux alentours de 1550, la scène
principale illustre un thème assez rare dans
les vitraux Renaissance : le procès de paradis.
Nous suivons ici les explications données par
l'historienne Nadine-Josette Chaline (cf source) et
non pas par le Corpus Vitrearum dont le texte
n'est pas clair : «La Miséricorde
et la Paix se présentent devant le trône
de Dieu pour lui demander d'avoir pitié de l'humanité
entachée du Péché Originel, écrit
N.-J. Chaline, mais la Justice et la Vérité
s'y opposent. Dieu pardonnera si un Juste consent à
mourir pour racheter les hommes.» La Justice et
la Miséricorde cherchent ce Juste longuement,
mais en vain. Alors Dieu envoie son propre fils dans
les entrailles de Marie. Et les vertus sont réconciliées.
On voit une scène de Crucifixion, à droite,
au-dessus de la Miséricorde. Ce thème
est inspiré d'un chapitre des Méditations
de saint Bonaventure qui servait de prologue au Mystère
de la Passion joué à Rouen à
plusieurs reprises par la confrérie du même
nom.
On notera le riche décor d'architecture (pont
ou aqueduc romain au-dessus des Vertus) avec ville et
paysage à l'arrière-plan. Dans la partie
supérieure gauche, Moïse reçoit les
tables de la Loi, puis les porte au peuple juif ; au
centre, deux angelots, accompagnés de la colombe
du Saint-Esprit, couronnent la Justice et la Paix ;
à droite une Crucifixion dans un cercle de nuages.
Au tympan, deux anges souffleurs entourent le Christ
ressuscité au-dessus d'un soldat romain endormi.
Source : 1) Corpus Vitrearum,
les vitraux de Haute-Normandie ; 2)
Saint-Patrice et ses vitraux de N.-J. Chaline
et A. Gasperini (cahiers des Amis des Monuments Rouennais,
n°1).
|
|
Vitrail du PROCÈS DE PARADIS (baie 12)
Détail : La Justice et la Paix se réconcilient. |
|
Vitrail du PROCÈS DE PARADIS
La Vérité
et la Miséricorde ---»»»
|
|
|
Vitrail du PROCÈS DE PARADIS (baie 12)
Détail : La Résurrection au tympan.
|
Vitrail du PROCÈS DE PARADIS (baie 12)
Détail des scènes et des paysages au-dessus des
Vertus :
À gauche, deux angelots couronnent la Justice et la Paix
; à droite, une Crucifixion entourée d'angelots. |
|
VITRAIL DE LA
FEMME ADULTÈRE, baie 16 (1549 et vers 1570) |
|
Vitrail de LA FEMME ADULTÈRE (baie 16)
Au second plan, le temple de Jérusalem est représenté
par
un vaste édifice de style Renaisance. |
Vitrail de LA FEMME ADULTÈRE
Baie 16
Détail du registre supérieur : la femme adultère
devant ses accusateurs
et devant le Christ qui écrit sur le sol : «SI
QUIS SINE PECCATO EST,
IN EAM MITTAT LAPIDEM» (scène de la lancette gauche). |
Vitrail
de la femme adultère. Ce vitrail a
été offert
par l'avocat Nicole Leroux et son épouse Marie
Bunel en 1549. Jusqu'en 1802, il était à
l'église Saint-Godard
à Rouen. Le registre inférieur montre
la femme adultère face à ses accusateurs.
À gauche, le Christ, accroupi, écrit sur
le sol sa célèbre réplique : SI
QUIS SINE PECCATO EST, IN EAM MITTAT LAPIDEM. Au
registre supérieur, le Christ reste seul avec
la femme adultère tandis que les accusateurs
se retirent.
On remarquera la façon dont l'artiste a représenté
le temple de Jérusalem (voir à gauche)
: un grand édifice de style Renaissance avec
des galeries scandées de colonnes derrière
lesquelles passent de petits personnages. Au soubassement,
on trouve au centre la donatrice et ses six filles ;
à droite, le donateur et son fils. Le centre
du tympan est occupé par une belle Adoration
des mages très restaurée.
Source : Corpus Vitrearum.
|
|
Vitrail de LA FEMME ADULTÈRE, baie 16.
Détail : Le Christ écrit sur le sol sa fameuse
réplique. |
|
Vitrail de LA FEMME ADULTÈRE (baie 16), registre du bas :
Le Christ demeure seul avec la femme adultère (au centre) tandis
que les accusateurs se retirent (à droite).
Au soubassement, la donatrice est accompagnée de ses six filles.
À droite, le donateur et son fils. Tous sont agenouillés
devant un prie-Dieu. |
ABSIDIOLE NORD
ET AUTEL DE LA VIERGE |
|
Côté nord de l'église Saint-Patrice : l'autel
de la Vierge (caché par un pilier) et l'autel Saint-Fiacre
(à droite). |
Le bas-côté nord et l'autel Saint-Fiacre.
Le vitrail est celui du Triomphe de la Croix
(voir plus
bas). |
VITRAIL
DE SAINT FIACRE, baie 7 (1540) |
|
Vitrail de SAINT FIACRE, détail (1540) |
Vitrail
de saint Fiacre. Ce vitrail a été
offert par la confrérie des Épingliers
en 1540. Fiacre, à droite, défriche un
terrain, mais - miracle! - le travail se fait tout seul.
Une femme l'accuse de sorcellerie auprès de saint
Faron. À gauche, Fiacre s'assied sur un rocher.
Quand il se lève pour accueillir saint Faron,
le rocher garde l'empreinte de son corps, second miracle
qui prouve son innocence. Source : Corpus
Vitrearum.
|
|
Vitrail de LA NATIVITÉ ET DE L'ADORATION DES MAGES, baie
24 (début du XVIe siècle et XIXe siècle).
Ci-dessus, l'Adoration des mages, début du XVIe siècle
(tête de l'Enfant et du mage à droite refaites
au XIXe siècle). |
|
Vitrail de JOB et de LA VISITATION (baie 20)
Vers 1510.
Ce vitrail fait partie des quatre vitraux antérieurs
à la construction de l'église Saint-Patrice actuelle. |
Absidiole nord : l'autel de la Vierge.
La baie centrale accueille le vitrail de saint Fiacre.
Celle de droite, les grands personnages du XVe siècle.
|
«««---
À GAUCHE
La baie 24 est l'une des quatre verrières
antérieures à la construction de l'église
actuelle. |
|
|
VERRIÈRE
À GRANDS PERSONNAGES - XVe SIÈCLE (baie 5) |
|
Baie 5 à grands personnages
3e quart du XVe siècle.
Saint Fiacre, sainte Véronique
Saint Paterne, évêque d'Avranches & Piéta.
|
Saint Paterne, évêque d'Avranches, détail
(3e quart du XVe siècle). |
«Jésus chassant les marchands du temple»
Tableau anonyme, XVIIe siècle. |
|
Vitrail
des grands personnages (3e quart du XVe siècle).
Ce vitrail provient de l'ancienne église
Saint-Patrice. Pour son nouvel emplacement, on
y a adjoint, à l'époque, des bordures
Renaissance. Les personnages sont peints en grisaille
et jaune d'argent. Leurs étoffes, comme
l'arrière-plan, sont des damas ocre, vert,
bleu ou jaune. On trouve saint Fiacre et sa pelle,
sainte Véronique présentant le linge
où s'est dessinée la tête
du Christ, saint Paterne, évêque
d'Avranches et une Piéta. La verrière
a été restaurée en 1839 et
1949.
Source : Corpus Vitrearum.
|
|
Piéta, détail
Troisième quart du XVe siècle. |
|
|
Sainte Véronique montrant le linge imprégné.
Baie 5, 3e quart du XVe siècle. |
L'autel de la Vierge, détail.
La statue de la Vierge et l'Enfant, au centre, est accompagnée,
à gauche,
de sainte Anne et de Marie, et à droite de saint Jacques
le Majeur. |
|
VITRAIL DE SAINT
EUSTACHE, baie 13 |
|
Vitrail de SAINT EUSTACHE (baie 13).
Seul le tympan est du XVIe siècle.
Le reste est une copie réalisée au XIXe. |
Vitrail de SAINT EUSTACHE (baie 13). Détail : le Martyre de
saint Eustache (copie réalisée au XIXe siècle). |
Vitrail
de saint Eustache (baie 13). Dans cette verrière,
qui date de 1543, seul le tympan est authentique. Les deux
registres sont des copies réalisées au XIXe
siècle. Le martyre du saint est une copie d'un original
qui se trouve au Detroit Institute of Art. La vision miraculeuse,
au registre du haut, est inspirée d'une gravure de
Dürer. D'après le Corpus, c'est aussi une
copie, mais dont l'original a disparu. Au soubassement, on
voit les deux donateurs et les deux putti qui entourent le
cartouche daté de 1543.
Source : Corpus Vitrearum, les vitraux
de Haute-Normandie, CNRS
Éditions, 2001.
|
|
Vitrail de SAINT EUSTACHE. Détail : la vision de saint Eustache
(copie réalisée au XIXe siècle) |
VITRAIL DU TRIOMPHE
DE LA CROIX, baie 3 (vers 1540-1545) |
|
Baie 3 : Le Triomphe de la croix (vers 1540-1545)
|
Vitrail
du Triomphe de la croix. Ce vitrail, aussi
appelé du Triomphe de la loi de Grâce
ou de la Religion, est l'un des plus beaux de l'église
Saint-Patrice. Daté des années 1540-1545,
on n'a aucune certitude sur l'atelier qui l'a réalisé.
Est-ce celui de Jean Cousin? Est-ce celui des Leprince?
Le registre du bas a été très endommagé
en 1562, lors du saccage de l'église par les
huguenots (la partie inférieure manque). Il est
consacré au Péché et à la
Mort. Les lancettes font apparaître Adam et Ève
après la faute, Satan, la Mort (ous les traits
d'une vieille femme) et, enfin, la Chair représentée
par une femme luxueusement parée. Satan et la
Mort sont de la fin du XVIe siècle, tandis que
la tête et le buste de la Chair sont des bouche-trous
du début du XVIe. Au niveau technique, les arbres
du paradis, dans la lancette d'Adam et Ève, portent
des fruits incrustés en chef-d'uvre.
Le registre supérieur illustre la rédemption.
Au XIXe siècle, l'historien Baudry a transcrit
l'inscription du bas : «Cette vitre montre la
ruine du genre humain par son discours, par son péché
et sa résurrection par le secours du sauveur».
La source d'inspiration de ce registre est une uvre
de Savonarole, le triomphe de la croix. Ce registre
rappelle le vitrail
des Chars d'Engrand le Prince, visible à
l'église Sainte-Jeanne-d'Arc
de Rouen.
La Vierge conduit un char qui écrase le démon
et où se dresse, à l'arrière, son
fils crucifié, rédempteur des hommes.
Les vases au pied de la croix symbolisent les sacrements.
Le char est tiré par les vertus Amour et Obédience
brandissant les palmes de la victoire. Devant elles,
marchent Moïse, qui porte les tables de la Loi
et le serpent d'airain, son frère Aaron, qui
tient une verge, ainsi que cinq hébreux (dont
les têtes ont été restaurées).
Avant la Révolution, les têtes de lancette
affichaient les armoiries des donateurs. Ces symboles
de l'Ancien Régime ont été remplacés
par les monogrammes du Christ et de la Vierge. Au tympan,
le Christ, sur un char tiré par deux anges, triomphe
de la Mort écrasée par les roues.
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Haute-Normandie,
CNRS Éditions, 2001.
|
|
Satan dans le registre inférieur, détail. |
La Mort dans le registre inférieur, détail. |
|
Baie 3 : le Triomphe de la croix (vers 1540-1545), registre supérieur
Registre supérieur : le char triomphal, portant la Vierge et
le Crucifié, est tiré par les vertus Amour et Obédience,
précédées de Moïse, d'Aaron et de cinq Hébreux. |
|
DIVERS VITRAUX
ANCIENS ET MODERNES |
|
VITRAIL
DE MAX INGRAND, XXe siècle |
|
VITRAIL
DE SAINT JEAN-BAPTISTE, baie 26 |
|
Vitrail de L'EUCHARISTIE
Vitrail du XXe siècle, atelier Max
Ingrand. |
Vitrail de SAINT JEAN-BAPTISTE (baie 26) |
Vitrail de SAINT JEAN-BAPTISTE (registre médian) :
1) Saint Jean désigne Jésus comme étant
l'«Agneau de Dieu» ; 2) Baptême de Juifs ;
3) Panneau de la Manufacture de Sèvres au XIXe siècle
: la danse de Salomé. |
L'église
Saint-Patrice à la Révolution.
Dans les premiers mois de la Révolution, excepté
quelques pièces d'argenterie parties à
la fonte, l'église ne s'en sort pas trop mal.
Dès 1790, la carte des paroisses de la ville
est entièrement redessinée. De 37, on
passe à 13. Saint-Patrice est conservée
avec une superficie accrue. Au nord, elle est amputée
d'un territoire attribué dorénavant à
Saint-Romain. Au sud, elle s'étend largement
en récupérant le fief de plusieurs paroisses
supprimées (Saint-Pierre l'Honoré, Sainte-Croix-des-Pelletiers,
etc.). Mais la pomme de discorde va venir de la Constitution
civile du Clergé, votée en juillet 1790.
Le curé en place, l'abbé Heude, refuse
de prêter serment. Il est remplacé par
l'abbé Périer, jureur et ancien vicaire
de l'église Saint-André qui a été
supprimée. Le cardinal de la Rochefoucault, évêque
du diocèse, est parti en exil. Un évêque
constitutionnel prend sa place. La Communauté
des prêtres, créée au XVIIe siècle
par l'abbé Chrétien, doit se disperser.
Cependant l'abbé Heude, réfractaire, fait
de la résistance : il continue de célébrer
la messe et occupe la sacristie. De son côté,
l'abbé Périer entend faire valoir ses
droits et assurer sa charge. La confusion s'installe.
Au bout de quelques semaines, l'abbé Heude accepte
de se faire héberger chez un paroissien.
Une fois en possession de la sacristie, le nouveau curé
s'applique à récupérer une partie
du mobilier des églises supprimées : chaire
du prieuré Saint-Lô, lambris de Saint-Éloi,
autels, confessionnaux, etc. Mais l'ancien curé
n'a pas abdiqué complètement et continue
de dire la messe dans l'église. Alors, en février
1792, l'abbé Périer décide d'en
finir : la messe «réfractaire» ne
sera plus sonnée et elle ne pourra plus avoir
lieu le dimanche matin après 9h. De plus, il
instaure une taxe pour l'utilisation des cierges et
des ornements. L'abbé Heude ne peut que se résoudre
à dire la messe chez lui ou dans des chapelles
privées. Il n'hésite d'ailleurs pas à
baptiser. Dénoncé en juin 1792, il est
arrêté et emprisonné. Il sera libéré
au mois d'août suivant.
En septembre, nouvelle mesure anticléricale :
l'habit ecclésiastique est interdit à
tous les prêtres quels qu'ils soient. L'abbé
Heude choisit de partir en exil Outre-Manche.
L'année 1793 marque un nouveau durcissement de
la situation de tous les religieux. La Terreur frappe,
même si Rouen n'est pas Paris. En octobre, l'église
Saint-Patrice est pillée, puis fermée.
Le culte clandestin s'organise. La chute de Robespierre
en juillet 1794 ne change guère les choses. Il
faut attendre les premiers mois de l'année 1795
pour assister à un début de libéralisation.
Des églises rouennaises rouvrent. C'est le cas
de Saint-Patrice que l'abbé Périer ne
peut pas vraiment récupérer car l'évêque
constitutionnel Gratien s'y replie en attendant la réouverture
de la cathédrale. Ce qui sera fait en mai 1796.
La situation ne se simplifie pas pour autant : en 1798,
l'abbé doit partager son église avec un
nouveau mouvement (on dirait aujourd'hui une secte)
: les théophilanthropes. La cohabitation est
difficile même si les nouveaux venus se sont engagés
à ne rien déranger du mobilier. Cependant
ce nouveau culte crée des désordres, et
son peu de succès aboutit à sa disparition
en 1800.
Avec le Concordat, tout revient presque comme avant
: l'abbé Périer, honoré de sa nouvelle
fidélité à Rome, se retire à
Saint-Vincent et... l'abbé Heude, revenu d'Angleterre,
retrouve l'église Saint-Patrice.
Source : Saint-Patrice et ses
vitraux de N.-J. Chaline et A. Gasperini (Cahiers
des Amis des Monuments Rouennais, n°1)
|
|
|
Vitrail
de Saint Jean-Baptiste.
Ce vitrail date du début du XVIe siècle,
mis à part le registre du bas et le panneau de
droite du registre central (qui sont du XIXe siècle).
La Manufacture de Sèvres a créé
des compléments d'après les dessins d'A.-M.
Cabasson. On voit, ci-contre à gauche, du XIXe
siècle, la danse de Salomé (à la
place d'une décollation primitive). Toujours
à gauche, les deux panneaux du début du
XVIe siècle illustrent saint Jean-Baptiste désignant
le Christ comme étant l'Agneau de Dieu, ainsi
que le baptême de Juifs dans le Jourdain.
Un point intéressant est la donatrice et ses
enfants représentés comme disciples du
Précurseur dans le premier panneau. Dans la partie
ancienne, on note de nombreuses restaurations et des
bouche-trous.
Le vitrail de l'Ancien Testament
date de 1570. Il est inspiré des gravures des
Images de l'Ancien Testament d'Holbein.
Au registre du bas, trois scènes avec Moïse
: Moïse et le buisson ardent ; Moïse et le
bâton transformé en serpent ; la lutte
de Moïse contre un Égyptien qui avait roué
de coups un Hébreu.
Au registre supérieur, scènes de la vie
d'Abraham : Isaac va chercher des fagots pour le sacrifice
de son père, Abraham fait ses adieux à
Sarah ; Abraham reçoit de Dieu la promesse que
sa descendance égalera le nombre des étoiles
du ciel ; un ange vient réconforter Agar et son
fils Ismaël dans le désdert. L'ensemble
du vitrail a été assez restauré.
Source : Corpus Vitrearum (Hte-Normandie)
|
|
Vitrail de SAINT JEAN-BAPTISTE, tympan
Une scène rare : saint Jean est aux limbes pour
annoncer la venue du Rédempteur à Adam et Ève
ainsi qu'aux patriarches (grisaille et jaune d'argent) |
VITRAIL
DE L'ANCIEN TESTAMENT, baie 14 |
|
Vitrail de l'ANCIEN TESTAMENT, baie 14
Moïse et le bâton transformé en serpent. |
|
VITRAIL DE L'ANCIEN
TESTAMENT, baie 14 |
|
Vitrail de L'ANCIEN TESTAMENT
Baie 14, vers 1570. |
|
Lutte entre Moïse et l'Égyptien
qui avait roué de coups un Hébreu.
Vitrail de L'ANCIEN TESTAMENT
Baie 14, vers 1570. |
«««---
À gauche
Abraham reçoit de Dieu la promesse que sa descendance
sera aussi nombreuse que les étoiles du ciel.
Vitrail de L'ANCIEN TESTAMENT, baie 14, vers 1570.
(Les étoiles du ciel sont serties en chef-d'uvre.) |
|
|
VERRIÈRES
À GRANDS PERSONNAGES DANS L'AVANT-NEF NORD (baies 25
et 27) |
|
Le Christ en croix.
D'après l'historien Reneault (base Palissy), ce
tableau
du XVIIe siècle doit être attribué
à Pierre Mignard.
La base Palissy précise : «Il est probable
qu'elle vient, comme
d'autres toiles de Saint-Patrice, du dépôt d'objets d'art
qui se
trouvait à l'abbaye de Saint-Ouen, au lendemain de la
Révolution.» |
À DROITE ---»»»
Le vitrail de la baie 27 est enrichi
de quatre monogrammes de la Vierge («MA»).
|
|
|
Baie 27 à grands personnages, 1625 :
Vierge à l'Enfant et saint Jean-Baptiste. |
Vitraux
à grands personnages. L'église
Saint-Patrice est la seule église de Rouen à
posséder des verrières figurées
du XVIIe siècle, peintes en grisaille et jaune
d'argent. Ce sont les baies 25 de 1624 et 27 de 1625.
On y trouve, d'une part, une Vierge à l'Enfant
accompagnée de saint Jean-Baptiste, d'autre part
Jésus enfant portant le globe terrestre, et saint
Jacques le Majeur. Ces baies ont été assez
dégradées par le temps. Deux autres verrières
du même genre, réalisées par Pinaigrier,
ont disparu.
Source : Corpus Vitrearum,
les vitraux de Haute-Normandie,
CNRS Éditions, 2001.
|
|
Baie 27 : La Vierge à l'Enfant, détail.
Datée de 1625. |
|
«La Circoncision», École italienne, XVIIe
siècle. |
Baie 25 : saint Jacques le Majeur
Vitrail daté de 1624. |
|
|
«Comparution de Jésus devant Caïphe»
Tableau anonyme daté de la fin du XVIe ou du début
du XVIIe siècle (base Palissy). |
À DROITE ---»»»
Baie 25 : Jésus portant le globe terrestre, détail.
Vitrail daté de 1624. |
|
|
Scènes de la vie de la Vierge
Vitrail du XIXe siècle. |
L'orgue de tribune (XVIIe siècle). |
L'orgue
a été conçu par Claude de Villers (père
et fils) entre 1662 et 1666. À la suite d'un violent
orage, il a dû être réparé en 1690.
Le buffet, en bois sculpté, a été créé
en 1665. Point remarquable : le positif central est flanqué
de deux buffets adjacents.
|
|
La nef et l'orgue de tribune vus du chur. |
Documentation : «Saint-Patrice et ses
vitraux» de N.-J. Chaline et A. Gasperini (Cahiers des Amis
des Monuments Rouennais, n°1)
+ «Rouen aux 100 clochers» de François Lemoine
et Jacques Tanguy
+ «Corpus Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie»,
CNRS Éditions, 2001
+ «Églises de Rouen» par Édouard Naillon,
Éditions Defontaine, Rouen, 1941
+ «Dictionnaire des églises de France», éditions
Robert Laffont, 1968
+ «Laissez-vous conter les clochers de Rouen», brochure
de l'Office de tourisme de Rouen
+ Base Mobilier-Palissy, église Saint-Patrice. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|