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Page créée en juin 2015
Le roi David dans l'Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue

L'église Saint-Godard de Rouen est inondée du reflet coloré de ses vitraux Renaissance et XIXe siècle. Édifice moins connu que la cathédrale, Saint-Ouen ou Saint-Maclou, sa verrière recèle néanmoins quelques trésors comme l'Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue ou le vitrail de la vie de saint Romain, deux œuvres admirées dès leur installation.
Profitant de la faiblesse de Jean sans Terre, Philippe Auguste s'empara de la Normandie dès 1204. Il fit construire aussitôt, sur la colline Bouvreuil, un château fort dont il ne reste plus que le donjon, connu aujourd'hui sous le nom de Tour Jeanne d'Arc. L'église Saint-Godard de l'époque se dressait non loin : elle deviendra la paroisse du pouvoir royal. Profitant de la présence du château et des officiers assurant les fonctions administratives, le quartier s'enrichit.
L'église que nous voyons aujourd'hui date essentiellement des XVe et XVIe siècles. Elle a bien sûr pris la suite d'édifices antérieurs dont l'un fut détruit dans un incendie en 1248. Sa tour carrée sur la façade ouest, de style Renaissance - et d'ailleurs restée inachevée - est du début du XVIIe siècle. En 1562, Saint-Godard est mise à sac par les huguenots.
À la Révolution, lors du redécoupage des paroisses, elle reste église paroissiale. Sous la Terreur, elle est fermée. Mais, au Concordat, elle n'est plus dans la liste des paroisses de Rouen. Ses vitraux sont dispersés. Sans entretien, elle se dégrade rapidement. Elle redevient paroisse en 1806 grâce à l'action énergique de l'abbé Chefdeville, mais en tant que succursale de l'église Saint-Romain seulement. Elle recouvre pleinement son rang en 1829.
Cette page donne un très large aperçu des vitraux de l'église, notamment ceux du XVIe siècle. L'histoire des vitraux de Saint-Godard, financés la plupart du temps par les habitants du quartier Bouvreuil, un quartier aisé, est donnée plus bas.

La Vierge à l'Enfant dans l'Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue
Vue d'ensemble de l'église Saint-Godard
Vue d'ensemble de l'église Saint-Godard.
Vue d'ensemble de l'église Saint-Godard
Vue d'ensemble de l'église Saint-Godard avec sa tour Renaissance.
Portail occidental
Portail occidental.
Sculpture gothique
Sculpture gothique
à base d'animaux, de feuilles
et de fruits dans l'archivolte
du portail occidental.

Le clocher de Saint-Godard. Au début du XVIIe siècle, le clocher de l'église menaçait ruine. La paroisse adopta alors le projet d'un architecte local, François La Chausse. Il consistait à ériger une tour de style classique, avec pilastres et balustrade, sur la vieille église gothique. Au-dessus, l'architecte avait prévu, non pas une flèche comme l'écrivent François Lemoine et Jacques Tanguy dans Rouen aux 100 clochers, mais une sorte de pyramide qui vraisemblablement n'a jamais été construite. La tour du projet initial a été bâtie en 1612. Sources : La construction des églises paroissiales, du XVe au XVIIIe siècle. In : Revue d'histoire de l'Église de France, tome 73, n°190, année 1987 et Dictionnaire des églises de France, éditions Robert Laffont.

Vue d'ensemble avec l'aile sud
Vue d'ensemble avec l'aile sud.
La porte latérale sud
Une sainte dans sa niche
Une sainte dans sa niche
sur le portail occidental.
Les armoiries sur la porte en bois de la façade occidentale
Les armoiries sur la porte en bois de la façade occidentale
sont celles de Louis de Brézé, grand sénéchal de Normandie et
époux de Diane de Poitiers (la porte a été restaurée en 1902).
Le chevet de l'église Saint-Godard avec les grandes verrières  Renaissance
Le chevet de l'église Saint-Godard avec les grandes verrières Renaissance.
«««--- À GAUCHE
Portail latéral sud : la porte gothique reproduit une succession de vitraux avec lancettes et tympans !
Le portail latéral sud et sa belle porte gothique
Le portail latéral sud et sa belle porte gothique.
Il donnait autrefois sur le cimetière qui s'étendait
jusqu'à l'église Saint-Laurent (musée Secq des Tournelles).
Une sainte dans une niche
Une sainte dans une niche
du portail occidental.
Le portail latéral nord
Le portail latéral nord.
Dais sculptés dans l'archivolte
Dais sculptés dans l'archivolte
du portail latéral nord.
«««--- À GAUCHE
La partie supérieure de la porte
gothique reproduit la disposition
des vitraux avec lancettes
et tympans (voir au-dessus)
La nef et le bas-côté sud baignent dans la lumière colorée  des vitraux Renaissance et XIXe siècle.
La nef et le bas-côté sud baignent dans la lumière colorée des vitraux Renaissance et XIXe siècle.
Vitrail de Saint-Jean-Baptiste
Vitrail de Saint-Jean-Baptiste.
Atelier Jules-Gaspard Gsell, 1865.

Architecture. La suite d'arcades brisées, à moulure prismatique, qui sépare la nef des bas-côtés donne à l'église un aspect «temple romain» très séduisant. Saint-Godard, avec ses trois vaisseaux voûtés en berceau, peut être assimilée à une église halle. Il n'y a aucune chapelle latérale.

PROCLAMATION DU DOGME DE L'IMMACULÉE CONCEPTION
Vitrail de la Proclamation du dogme de l'Immaculée Conception
Vitrail de la Proclamation du dogme de l'Immaculée Conception
Atelier Jules-Gaspard Gsell, 1867.

Les vitraux de Saint-Godard. Ils s'imposent à l'œil dès qu'on entre dans l'édifice puisqu'ils ceinturent toute la nef et le chœur. Contrairement aux églises rouennaises de Saint-Patrice, Saint-Romain et Sainte-Jeanne d'Arc, Saint-Godard compte actuellement peu de vitraux Renaissance : quatre en tout. Tous les autres sont du XIXe siècle. Parmi ces derniers, on en trouve quelques-uns d'assez originaux comme le vitrail des Mères ou encore le vitrail de la Musique. On donne ci-contre un autre vitrail du XIXe siècle, large et riche, qui mérite d'y jeter un œil : la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par le pape Pie IX en 1854.
Initialement, les verrières Renaissance de Saint-Godard dépendent étroitement des reconstructions des bas-côtés (afin de les élargir) : le bas-côté au nord, de 1527 à 1529 ; celui au sud en 1534. Peu de verrières sont restées à la même place. Des peintres verriers ont d'ailleurs été payés pour déposer les vitraux et les reposer dans les nouveaux collatéraux, une fois ceux-ci bâtis. Ces vitraux ont alors avoisiné de nouvelles créations. L'Arbre de Jessé et le vitrail de la vie de Marie ont ainsi été déposés, restaurés, puis remontés dans leurs nouveaux emplacements par un célèbre peintre verrier du Rouen de l'époque, Michel Bezoche.
La plus grande partie de la verrière initiale de Saint-Godard date des années 1525-1550. Malheureusement, bien des vitraux ont disparu. Comme dit plus haut, il nous en reste quatre, dont le grand Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue. Deux autres vitraux, initialement dans le bas-côté nord, la Femme adultère (de 1549) et l'histoire de Job (de 1570) sont aujourd'hui conservés à l'église Saint-Patrice. La plupart de ces œuvres ont été offertes par les paroissiens de Saint-Godard.
Les vitraux ont souffert des intempéries et des hommes : sac de la ville de Rouen par les huguenots en 1562 ; siège de la ville par les troupes d'Henri IV en 1591 (des canons sont installés dans le cimetière voisin) ; grêle en 1682. Mais on sait, par les comptes de la fabrique, que les restaurations étaient à chaque fois menées à bien. Il y avait de quoi : l'admiration des contemporains pour les vitraux de l'église ne faiblissait pas, en particulier pour leur couleur rouge. On prétendait que c'étaient les plus beaux de France. Pour vanter un bon vin, on disait qu'il était de la couleur des vitres de Saint-Godard. L'Arbre de Jessé et le vitrail de la vie de saint Romain étaient les plus admirés. Pendant la Révolution, l'église souffre peu. Mais le Concordat de 1802 ne la compte pas comme église concordataire et elle doit fermer. Ses vitraux sont alors attribués à Saint-Patrice et à l'ancienne abbatiale Saint-Ouen ; les baies sont bouchées de plâtre ; l'édifice est transformé en grange, rapporte le Corpus Vitrearum. L'opération ne se fit pas sans perte : des vitraux disparurent dans les magasins de Saint-Ouen. En 1806, Saint-Godard est rendue au culte. Les vitraux peuvent y être remontés. L'Arbre de Jessé, la vie de saint Romain et quelques dizaines de panneaux qui n'avaient pas été réemployés retrouvent leur place. L'église a néanmois perdu une douzaine de verrières.
Après des réparations entreprises par You-Renaud en 1826-1827, il faut attendre l'année 1852 pour voir la mise en place d'une réelle politique de restauration et d'enrichissement de la verrière de ---»»»

Vitrail de la Proclamation du dogme de l'Immaculée Conception par le pape  Pie IX en 1854, registre du bas
Vitrail de la Proclamation du dogme de l'Immaculée Conception
par le pape Pie IX en 1854, registre inférieur.
Sur le thème de la proclamation papale, voir la verrière de «Pie IX proclamant saint Joseph patron de l'Église Universelle» à l'église Saint-Rémi de Troyes.
Le bas-côté sud et l'orgue de tribune
Le bas-côté sud et l'orgue de tribune.
Le vitrail de la Proclamation du dogme de l'Immaculée Conception se trouve
sur la façade occidentale (à gauche de l'orgue sur la photo).
Vitrail de Saint Vincent de Paul, registre du haut
Vitrail de Saint Vincent de Paul, registre supérieur :
Saint Vincent prend la place d'un galérien.
Vitrail de Saint Charles Borromée, registre supérieur
Vitrail de Saint Charles Borromée, registre supérieur.
Charles Borromée, cardinal de Milan, assiste les victimes de la peste (vitrail du XIXe siècle)
Le Christ en croix
Le Christ en croix
sur la poutre de Gloire.
Chacun des trois vaisseaux est couvert d'une voûte en bois plâtré, en berceau brisé
Chacun des trois vaisseaux est couvert d'une voûte en bois plâtré, en berceau brisé. Elles sont du XVIIe siècle.
La nef et ses pittoresques arcades
La nef et ses pittoresques arcades
Vitrail de saint François d'Assise, registre supérieur (XIXe siècle)
Vitrail de saint François d'Assise, registre supérieur (XIXe siècle).
Vitrail de Marie Madeleine, registre inférieur (XIXe siècle)
Vitrail de Marie Madeleine, registre inférieur (XIXe siècle).
Vitrail du Baptême de Clovis avec sainte Jeanne d'Arc,
Vitrail du Baptême de Clovis avec sainte Jeanne d'Arc,
saint Rémi et saint Louis (XIXe siècle).
Vitrail XIXe siècle : Jésus s'écarte de la foule sur la barque (partiel)
Vitrail XIXe siècle : Jésus s'écarte de la foule sur la barque (partiel).
Chemin de Croix
Chemin de Croix
Jésus tombe sous le poids de la croix.
Œuvre de Philippe Zacharie, 1903 (?)
Vitrail de la Conversion de Saint Paul, registre inférieur
Vitrail de la Conversion de Saint Paul, registre inférieur
(XIXe siècle).
Vitrail du Baptême de Clovis
Vitrail du Baptême de Clovis
Un démon dans le tympan (XIXe siècle).

Les vitraux de Saint-Godard (suite et fin).
---»»» Saint-Godard. En 1852, les trois baies de l'abside sont les premières à recevoir des verrières neuves, œuvres conjointes du peintre d'histoire Pierre-Jules Jollivet et du peintre verrier Pierre-Charles Marquis. Puis suivent deux verrières des bas-côtés offertes par la ville de Rouen. L'atelier du peintre verrier Jules-Gaspard Gsell est alors mis à contribution : c'est à lui que la ville confie la restauration, ainsi que la création des pièces nouvelles. Le dernier vitrail venu enrichir l'église sera, en 1867, la proclamation du dogme de l'Immaculée Conception. Le Corpus Vitrearum nous apprend qu'une partie en a été présentée à l'Exposition universelle de Paris la même année.
En 1918, après la percée allemande, les vitraux Renaissance de Saint-Godard sont déposés. Ils sont remis en état et remontés en 1921-1922. Nouvelle déposition de ces mêmes vitraux en 1939 et envoi au donjon de Niort. Quant aux vitraux du XIXe siècle, tous restés en place, certains vont beaucoup souffrir des bombardements. Alors que les vitraux Renaissance sont restaurés à Niort par Jean-Jacques Gruber, puis reposés en 1948, les vitraux du XIXe siècle vont attendre les dernières décennies du XXe pour être réparés.
Nota : les numéros des baies indiquées sur les vitraux Renaissance sont ceux du Corpus Vitrearum.
Source : Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001.

VITRAIL DES MÈRES (XIXe siècle)
Le bas-côté sud et sa voûte en berceau
Le bas-côté sud et sa voûte en berceau.
On voit, sur cette photo, que les vitraux constituent l'ornementation essentielle de l'église.
Vitrail des Mères
Vitrail des Mères.
Anne et Marie, Sainte Ursule, Blanche de Castille et saint Louis
La Naissance de Marie, Moïse sauvé des eaux
Vitrail des Mères, registre inférieur
Vitrail des Mères, registre inférieur :
Sainte Anne donne naissance à la Vierge, à gauche. À droite : Moïse sauvé des eaux devant une fille de Pharaon très fière.
VITRAIL DE LA MUSIQUE (XIXe siècle)
Chemin de Croix, station V
Chemin de Croix, station V :
Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa croix.
Vitrail de la Musique (XIXe siècle), registre inférieur
Vitrail de la Musique (XIXe siècle), registre du bas.
Sainte Cécile joue de l'orgue devant la Vierge et l'Enfant.
Vitrail de la musique, XIXe siècle
Vitrail de la musique, XIXe siècle.
Vitrail de la Procession des reliques de saint Romain
Vitrail de la Procession des reliques de saint Romain.
Dans le registre supérieur, un condamné à mort est gracié
à l'occasion de la fête de saint Romain.
Vitrail de la musique (XIXe siècle), registre supérieur
Vitrail de la musique (XIXe siècle), registre du haut.
À gauche, David joue de la lyre. À droite, un chœur d'enfants.
Retable de style Renaissance
Retable de style Renaissance
avec bas-relief (moderne) du Sacré-Cœur.
Vitrail du XIXe siècle : Saint Prétextat assassiné par Frédégonde
À DROITE ---»»»
Vitrail du XIXe siècle : Saint Prétextat assassiné par Frédégonde
Vitrail Saint Prétextat assassiné par Frédégonde (XIXe siècle), registre inférieur
Saint Prétextat assassiné par un agent de Frédégonde, reine de Neustrie, le jour de Pâques 586 en plein office.
Vitrail du XIXe siècle, registre du bas.
LE CHŒUR DE L'ÉGLISE SAINT-GODARD
L'abside et sa verrière de 1852 (cartons de Jollivet, verrière  exécutée par Marquis)
L'abside et sa verrière de 1852 (cartons de Jollivet, verrière exécutée par Marquis).
De gauche à droite : vie de saint Godard ; Gloire du Christ ; vie de saint Laurent.
À DROITE ---»»»
VITRAIL DE LA GLOIRE DU CHRIST, carton de Pierre-Jules Jollivet, peintre verrier Pierre-Charles Marquis (1852).
Vitrail central de l'abside : la Gloire du Christ, 1852
Vitrail central de l'abside : la Gloire du Christ, 1852.
Cette scène rappelle les triomphes païens, chers à l'esprit de la Renaissance.
Vitrail de la Gloire du Christ, carton de J. Jolivet
Peinture murale dans le chœur par Le Hénaff, XIXe siècle
Peinture murale dans le chœur par Le Hénaff, XIXe siècle :
Le Christ transmet le sacerdoce à ses disciples.
Le chœur liturgique entouré d'arcades et d'une ceinture de vitraux Renaissance
Le chœur liturgique entouré d'arcades et d'une ceinture de vitraux Renaissance
et XIXe siècle dégage une exceptionnelle sensation de beauté.
L'omniprésence des vitraux rappelle l'atmosphère des églises de Troyes, comme Sainte-Madeleine ou Saint-Nicolas.
Vitrail de saint Laurent dans le chœur
Vitrail de saint Laurent dans le chœur.
Carton de P.-J. Jollivet et peintre verrier P.-C. Marquis.
Le lutrin dans le chœur
Le lutrin dans le chœur.
Vitrail de saint Godard et du Concile d'Orléans de 511, registre supérieur
Vitrail de saint Godard et du Concile d'Orléans de 511, registre du haut.
Saint Godard sacre saint Lô, futur évêque de Coutances (?)
Vitrail de saint Laurent, diacre romain (registre médian)
Vitrail de saint Laurent, diacre romain (registre médian).
Saint Laurent comparaît devant l'usurpateur Decius, assassin de l'empereur (chrétien) Philippe.

Mises à part les quatre verrières Renaissance, les vitraux des trois baies de l'abside sont les premiers du XIXe siècle à avoir enrichi l'église Saint-Godard. Ils sont l'œuvre conjointe du peintre d'histoire Pierre-Jules Jollivet et du peintre verrier Pierre-Charles Marquis. Installés en 1852, ils seront suivis, à partir de 1857, de nombreux autres, confiés presque en totalité à l'atelier de Jules-Gaspard Gsell. Cette page donne un large extrait des vitraux XIXe siècle et un exposé de chacun des vitraux Renaissance.
Source : Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001.

LES CHAPELLES ABSIDIALES ET LEURS VITRAUX RENAISSANCE
L'AUTEL DE LA VIERGE (Absidiale sud)
Autel de la Vierge (sud) avec l'Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue
Autel de la Vierge (sud) avec l'Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue
Sur la droite, le tombeau du XVIIe siècle avec les deux priants.

Vitrail de l'Arbre de Jessé (1506). L'Arbre de Jessé de l'église Saint-Godard, œuvre d'Arnoult de Nimègue, n'est pas le plus bel arbre présenté dans ce site (voir celui de Sainte-Madeleine à Troyes et celui de Saint-Étienne à Beauvais), mais c'est sans aucun doute le plus grand. D'une hauteur de plus de dix mètres, d'une largeur de quatre, il illumine depuis cinq siècles l'autel de la Vierge dans l'absidiale sud. Ses couleurs chatoyantes firent l'admiration des hommes de la Renaissance. Les historiens sont sûrs de sa paternité puisque le nom Arnoult figure sur le galon du col d'un prophète dans le registre inférieur (l'agrandissement est donné plus bas).
Le vitrail a été offert par Robert de la Marre et ses enfants : l'inscription se trouve au centre du soubassement, dont les autres parties sont dues à l'atelier Laurent-Gsell en 1863.
Malheureusement pour l'identification des rois, l'auteur n'a pas inscrit un seul nom des rois de Juda dans le vitrail. On est donc obligé de se contenter du minimum : Jessé est assis au centre du premier registre avec la racine de l'arbre au-dessus de sa tête ; au-dessus de lui, David joue de la lyre ; et encore au-dessus, au centre du registre supérieur, la Vierge tient l'Enfant sur son bras. Pour Salomon, on peut supposer qu'il s'agit du beau roi, tout vêtu de jaune d'argent, à droite de David, mais ce n'est qu'une hypothèse. Tous les rois tiennent un sceptre. Où sont les Manassé, les Roboam, les Josaphat, les Asa? Mystère.
Au niveau de l'aspect artistique du vitrail, on constate l'importance de la sanguine dans le dessin des rois, ainsi que du jaune d'argent pour l'éclat des costumes (robes ou cuirasses). Si la verrière est peu restaurée, en revanche la peinture est très dégradée. On ne peut que regretter que les visages aient énormément soufferts de l'usure du temps ou des restaurations. Pas un seul n'est réellement beau. Celui de la Vierge est acceptable.
Source : Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001.

Statue de la Vierge à l'Enfant
Statue de la Vierge à l'Enfant.
Autel de la Vierge.
L'Arbre de Jessé de 1506
L'Arbre de Jessé de 1506.
Le roi DAVID jouant de la lyre.
À DROITE ---»»»
«Esther et Judith» sur l'autel de la Vierge.
Peinture murale de Le Hénaff, XIXe siècle.
Peinture d'un ange en prière par Le Hénaff
Peinture d'un ange en prière par Le Hénaff.
Autel de la Vierge.
La signature d'Arnoult de Nimègue
La signature d'Arnoult de Nimègue figure sur
le galon du col d'un prophète dans le registre
inférieur de l'Arbre de Jessé.
«Esther et Judith» sur l'autel de la Vierge
Les deux priants représentant Charles et Pierre Becdelièvre
Les deux priants représentant Charles et Pierre Becdelièvre
sont tournés vers la Vierge à l'Enfant (Autel de la Vierge).

Les priants de marbre blanc (XVIIe siècle). Celui de gauche, colonel sous Louis XIII, est Charles Becdelièvre. Celui de droite, Pierre Becdelièvre, était président de la Chambre des Aydes de Normandie sous Louis XIV. Il est sculpté ici en robe avec rabat. À lire les sources, il est difficile de savoir si le premier est marquis d'Hocqueville et de Quevilly ou si les titres de marquis se partagent entre l'un et l'autre : Hocqueville pour Charles, Quevilly pour Pierre. Ou encore, si les deux portaient les deux titres de marquis.
Source : Églises de Rouen d'Edgard Naillon, éditions Defontaine, 1941.

L'ARBRE DE JESSÉ D'ARNOULT DE NIMÈGUE (1506)
L'Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue, 1506 (Baie 4)
L'Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue, 1506 (Baie 4).
L'Arbre de Jessé, détail : Jessé assis
L'Arbre de Jessé, détail : JESSÉ assis.
La racine de l'arbre est représentée
au-dessus de sa tête.
L'Arbre de Jessé : un prophète
L'Arbre de Jessé : un prophète.
Sur le galon de son col, on voit la signature :
«SIGN ARN», voir plus haut.
Statue de sainte Cécile dans l'absidiole droite
Statue de sainte Cécile (absidiole droite).
La Vierge à l'Enfant dans l'Arbre de Jessé
La Vierge à l'Enfant dans l'Arbre de Jessé.
L'Arbre de Jessé : un roi de Juda
L'Arbre de Jessé : un roi de Juda
et sa magnifique cuirasse réalisée au jaune d'argent.
Il est dommage que le visage ne soit pas de la même qualité.
Le roi à côté de David dans le registre supérieur,  Salomon ?
Le roi à côté de David dans le registre supérieur, SALOMON ?
L'Arbre de Jessé : deux rois de Juda dans le registre supérieur
L'Arbre de Jessé : deux rois de Juda dans le registre supérieur.
Statue de saint Nicolas
Statue de saint Nicolas
dans l'autel de la Vierge.
L'Arbre de Jessé, un prophète dans le registre inférieur
À DROITE ---»»»
L'Arbre de Jessé, un prophète Jérémie (?) dans le registre inférieur.
La luxueuse robe d'un prophète dans le registre inférieur  de l'Arbre
La luxueuse robe d'un prophète dans le registre inférieur de l'Arbre.
«««--- À GAUCHE
L'habit magnifique de ce roi, dessiné au jaune d'argent, pourrait faire
penser qu'il s'agit de Salomon. Mais il n'y a aucune inscription.
Là encore, le visage est totalement dégradé.
Vitrail de l'Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue, partie basse du registre supérieur
Vitrail de l'Arbre de Jessé d'Arnoult de Nimègue, partie basse du registre supérieur.
Au centre, le roi David joue de la lyre. À droite, Salomon (?) richement vêtu, et trois autre rois de Juda.
AUTEL SAINT-JOSEPH (Absidiale nord)
L'autel Saint-Joseph et le vitrail de la vie de saint Romain (vers  1500-1510)
L'autel Saint-Joseph et le vitrail de la vie de saint Romain (vers 1500-1510).
Fragment d'une apparition à saint Hubert dans le tympan (vers  1530)
Fragment d'une apparition à saint Hubert dans le tympan du vitrail de Saint Romain (vers 1530) .
VITRAIL DE LA VIE SAINT ROMAIN (1540)
Saint Romain, aidé d'un condamné à mort, capture la  gargouille.
Saint Romain, aidé d'un condamné à mort, capture la gargouille.
Vitrail de la vie de saint Romain (vers 1500-1510).

Vitrail de la vie de saint Romain. Comme l'Arbre de Jessé, ce vitrail, de même taille, a été grandement admiré à son époque. Il a été offert en 1540 par Richard le Caron. Avec le phénomène des déposes-reposes, la disposition primitive (et exacte) n'a pas été conservée. Dans le quatrième registre (celui du haut), saint Romain capture la gargouille, aidé d'un condamné à mort, seule personne de la ville qui ait accepté de suivre l'évêque dans cette chasse périlleuse. (La scène est donnée ci-dessus.) Romain a réussi à passer son étole autour du cou de la bête. Le condamné peut ainsi la ramener en ville pour qu'elle y soit brûlée vive. L'évêque libéra ensuite le condamné pour le remercier de son courage. L'histoire rapporte alors que, apprenant ce haut fait dans tous ses détails, le roi Dagobert permit au chapitre de la cathédrale de délivrer un criminel tous les ans, le jour de l'Ascension. Dans son Histoire de Rouen, Henry Decaëns écrit : «Cette légende, qui ne semble pas antérieure au XIVe siècle, a sans doute été créée pour donner un fondement au droit de grâce qu'exerçait le chapitre et que le Parlement lui contestait.» De la sorte, du moins, Romain fut choisi comme saint patron de la ville. Mentionnons en passant que ce droit de grâce fut sans cesse combattu d'un côté et, de l'autre, âprement défendu par les Rouennais au cours des siècles.
Le miracle du saint qui arrête la crue de la Seine (photo ci-dessous) se trouve dans le troisième registre, tandis que la scène légendaire où le roi Dagobert confère au chapitre le privilège de la fierte (droit de gracier un condamné une fois l'an) est reproduite dans le deuxième registre (scène donnée plus bas). Le Corpus Vitrearum nous apprend que le panneau montrant Dagobert sur son trône est une création des ateliers Laurent-Gsell au XIXe siècle. Pour ce faire, les verriers ont suivi les originaux conservés au département des Objets d'Art du musée du Louvre.
Enfin, le premier registre, reproduit en grand format ci-après, illustre deux scènes. Dans celle de gauche, le condamné absout «lève la fierte», c'est-à-dire : remercie le chapitre, se repend, promet de s'amender et d'observer désormais les commandements de Dieu ; il reçoit un pécule pour repartir du bon pied. Dans celle de droite, le condamné absout assiste à une messe d'action de grâce. Notons, nous dit le Corpus Vitrearum, que les panneaux inférieurs de tout ce registre trahissent la griffe du XIX siècle dans maints endroits. On ne sait pas si l'atelier Laurent-Gsell est l'auteur de ces restaurations.
Le tympan de cette grande verrière n'a rien à voir avec la vie de saint Romain. Il a été recréé en 1806 quand le vitrail a repris sa place dans l'église, alors rouverte au culte. Les restaurateurs ont utilisé des panneaux divers et des vestiges d'anciennes verrières de Saint-Godard rendus à l'église. On a ainsi des fragments de l'histoire de Job et de la légende de saint Hubert (ci-contre). On y voit aussi le donateur et ses trois enfants dans un paysage.
Pour le Corpus Vitrearum , la verrière, dans l'ensemble, est assez bien conservée.
Sources : Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001 + Histoire de Rouen d'Henry Decaëns, éditions Jean-Paul Gisserot.

Vitrail de la Vie de Saint Romain, 1540 (Baie 3)
Vitrail de la Vie de Saint Romain, 1540 (Baie 3).
Vitrail de la vie de saint Romain (1540) : saint Romain arrête la  crue de la Seine
Vitrail de la vie de saint Romain (1540) : saint Romain arrête la crue de la Seine.
Le bas–côté nord avec l'autel Saint–Joseph et la grande verrière de la vie de saint Romain datée de 1540
Le bas-côté nord avec l'autel Saint-Joseph et la grande verrière de la vie de saint Romain datée de 1540.
Vitrail de la vie de saint Romain (1540), totalité du registre inférieur
Vitrail de la vie de saint Romain (1540), totalité du registre inférieur.
À gauche, le condamné absout lève la fierte. À droite, il assiste à une messe d'action de grâce.
À part dans quelques endroits, la rangée inférieure porte la marque du XIXe siècle.
Vitrail de la vie de saint Romain : le roi Dagobert accorde le privilège de la fierte au chapitre de la cathédrale
Vitrail de la vie de saint Romain : le roi Dagobert accorde le privilège de la fierte au chapitre de la cathédrale.
Le panneau de droite (Dagobert sur son trône) est une création des ateliers Laurent-Gsell au XIXe siècle.
VITRAIL DES APPARITIONS DU CHRIST APRÈS SA MORT (vers 1500-1510 et vers 1860-1865)
Vitrail des Apparitions évangéliques de Jésus, registre médian
Vitrail des Apparitions évangéliques de Jésus, registre médian.
De gauche à droite : Noli me tangere, Apparition aux pèlerins d'Emmaüs, Apparition du Christ aux apôtres.
Le dernier panneau est l'œuvre de l'atelier Laurent-Gsell, vers 1860-1865.

Vitrail des Apparitions du Christ après sa mort. Ce vitrail date de 1500-1510, mais il compte des panneaux restaurés, voire carrément refaits vers 1860-1865 par l'atelier Laurent-Gsell. Parmi les panneaux peu touchés par les restaurations, on note un Noli me tangere, une apparition à Emmaüs (registre ci-dessus) et une apparition du Christ à sa mère. Les apparitions du Christ aux saintes femmes et à saint Pierre réfugié dans une grotte sont, quant à elles, très restaurées. De même que l'apparition sur les bords du lac de Tibériade. Les trois autres sont de Laurent-Gsell. Cette verrière a été déplacée et recomposée vers 1860-1865.
Source : Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001.

VITRAIL DE LA VIE DE MARIE (vers 1506 et vers 1860-1865)
Vitrail de la vie de Marie, registre médian
Vitrail de la vie de Marie, registre médian.
De gauche à droite : Rencontre à la Porte dorée, Visitation, Naissance de la Vierge.
VITRAIL DES APPARITIONS DU CHRIST APRÈS SA MORT
Vitrail des Apparitions évangéliques de Jésus (vers 1500-1510), Baie  5
Vitrail des Apparitions évangéliques de Jésus (vers 1500-1510), Baie 5.
Vitrail des Apparitions évangéliques de Jésus
Vitrail des Apparitions évangéliques de Jésus.
Détail : Apparition sur les bords du lac de Tibériade (vers 1506).

L'utilisation de bouche-trous est criante sur ce panneau. La position
de la tête du pêcheur aux manches rouges n'est pas naturelle.
La tête du Christ a été restaurée.
Vitrail de la vie de Marie (vers 1506 et vers 1860-1865), Baie 6
Vitrail de la vie de Marie (vers 1506 et vers 1860-1865), Baie 6.

Le vitrail de saint Louis. L'église Saint-Godard possède un cinquième vitrail ayant une partie du XVIe siècle. Il est donné ci-contre : saint Louis se tient entre saint Thomas d'Aquin et saint Guillaume. Saint Louis, qui porte le collier de saint Michel et tient le sceptre et la main de justice, est du premier quart du XVIe siècle. Source : Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001.

Vitrail de la vie de Marie, registre inférieur
Vitrail de la vie de Marie, registre inférieur.
De gauche à droite : Marie est avertie par un ange de sa mort prochaine ; Annonciation (avec soubassement moderne) ;
Adoration des mages. On notera la présence des deux donateurs dans le bas du panneau de gauche.

Le vitrail de la vie de Marie. Comme le vitrail des Apparitions du Christ après sa mort, ce vitrail a été beaucoup restauré, des têtes ont été refaites, des bouche-trous utilisés. L'atelier Laurent-Gsell a entièrement créé trois des neuf panneaux : la Rencontre à la Porte dorée, la Visitation (d'après la scène de l'église de Ferrières-en-Gâtinais) et la Naissance de la Vierge. Parmi les panneaux qui nous viennent du XVIe siècle, on trouve une scène intéressante où un ange avertit Marie de sa mort prochaine. Les deux donateurs (un homme et une femme) sont représentés au pied du lit. La photo ci-dessus donne trois des plus belles scènes Renaissance de cette verrière.
Source : Les vitraux de Haute-Normandie, Corpus Vitrearum, CNRS Éditions, 2001.

Vitrail de saint Thomas d'Aquin, saint Louis et saint Guillaume d'Auvergne
Vitrail de saint Thomas d'Aquin, saint Louis et saint Guillaume d'Auvergne, Baie 15.
(Saint Louis, au centre, est du premier quart du XVIe siècle).
La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chœur
La nef et l'orgue de tribune vus depuis le chœur.
L'orgue de tribune
À DROITE ---»»»
L'orgue de tribune est un Cavaillé-Coll inauguré en 1884 par l'organiste et
compositeur Charles-Marie Widor. L'acoustique est réputée remarquable.

Documentation : «Rouen au 100 clochers» de François Lemoine et Jacques Tanguy, éditions PTC
+ dépliant disponible dans l'église Saint-Godard + Dictionnaire des églises de France aux éditions Robert Laffont, 1968
+ «Églises de Rouen» d'Edgard Naillon», éditions Defontaine, 1941
+ «Les vitraux de Haute-Normandie», Corpus Vitrearum, 2001
+ «Histoire de Rouen» d'Henry Decaëns, éditions Jean-Paul Gisserot
+ «La construction des églises paroissiales, du XVe au XVIIIe siècle» dans la Revue d'histoire de l'Église de France, tome 73, n°190, année 1987.
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