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Pour ceux qui aiment les vieilles pierres,
le château de Vitré est une forteresse incontournable
de la Bretagne. La silhouette actuelle remonte au début du
XVe siècle quand Guy XII de Laval-Montmorency (1412)
était baron de Vitré. Le Châtelet
d'entrée et la tour
Saint-Laurent sont alors édifiés. Vingt ans plus
tard, ce sera la tour de la Madeleine. Le baron Guy XV (1501)
entreprend l'aménagement des habitations existantes ainsi
que la construction du logis seigneurial au nord-ouest. Finalement,
c'est le baron Guy XVI, gouverneur de Bretagne, qui apportera, entre
1526 et 1531, la dernière touche au château. Elle sera
de style Renaissance et prendra la forme d'une absidiole
de tuffeau accrochée en nid d'abeille à la tour de
l'Oratoire. Guy XVI s'entourera d'une cour brillante.
Vitré se situe aux marches de la Bretagne. La ville était
donc un point défensif important face à des attaques
venues de l'est, c'est-à-dire du royaume de France. En réalité,
le rôle défensif était assez symbolique et l'on
sait que la Bretagne fut acquise à la France par alliance
matrimoniale. Il faut plutôt prêter à la forteresse
un rôle d'ostentation et un symbole de pouvoir. Au cours du
XVIIe siècle, le château est abandonné et se
dégrade. Rappelons que la Révocation de l'Édit
de Nantes en 1684 chasse l'importante communauté protestante
du pays de Vitré, affaiblissant le commerce et l'artisanat.
Au XIXe siècle, la partie nord du château devient prison.
Elle fait place au casernement d'un régiment d'infanterie
entre 1867 et 1877. Le château de Vitré est classé
monument historique en 1872 et connaît plusieurs campagnes
de restauration. Le musée s'y installe en 1877. Enfin, un
Hôtel de Ville, de style néo-gothique, remplace le
logis seigneurial juste avant la première guerre mondiale.
Les photos des salles du musée qui sont données dans
cette page datent de l'année 2013. En 2019, le site officiel
du château montre des photos avec des salles réaménagées
et enrichies de mobiliers et d'uvres d'art.
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Le château de Vitré vu depuis le nord. |
La tour Saint-Laurent et le fossé. |
La tour Saint-Laurent possède quatre étages. |
Tour semi-circulaire.
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Le Châtelet et la tour Saint-Laurent vus depuis la place du
château.
Le Châtelet existait dès le XIIIe siècle. À
la fin du XIVe, il a été aménagé en un
logis confortable avec quatre étages d'appartements. |
Le pont-levis du Châtelet. |
Le logis à l'arrière du Châtelet. |
La tour de l'Oratoire et son absidiole en nid d'abeille. |
L'Hôtel de ville de Vitré. |
L'Hôtel
de Ville, de style néo-gothique, a
été bâti entre 1902 et 1912, à
l'emplacement du logis seigneurial nord-ouest. Évidemment,
cet endroit ne se visite pas. Ceux qui aiment les vieilles
pierres ne peuvent que déplorer cette manie de
l'Administration française de récupérer
à son profit tout ou partie des châteaux
anciens. On retrouve le même phénomène
à Châteaubriand (le château abrite
la sous-préfecture), à Chambéry
(préfecture) ou encore à Châteauroux
: le château Raoul (érigé au Xe
siècle) abrite la demeure privée du préfet
!
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Le chemin de ronde. |
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Les bas-reliefs Renaissance de l'absidiole de la Tour de l'Oratoire.
Sur le tuffeau sculpté de la partie centrale, on reconnaît
les armes de Guy XVI de Laval.
Ce bas-relief regorge des ornementations typiques de la Renaissance
: anges, putti, grotesques, rinceaux, etc. |
Aspect de la cour intérieure. |
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Le château de Vitré et l'église Saint-Martin. |
QUELQUES VUES DE L'INTÉRIEUR DU CHÂTEAU
DE VITRÉ
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Absidiole de la Tour de l'Oratoire. |
Vierge à l'Enfant, fin du XVIe siècle
Terre cuite, anciennement polychromée. |
Vitrail dans l'absidiole, détail. |
Vierge à l'Enfant, fin du XVIe siécle, détail. |
L'absidiole
de la Tour de l'Oratoire a été construite
à l'initiative du baron de Vitré, Guy XVI de
Laval, entre 1526 et 1531. Sculpté dans le tuffeau,
c'est l'un des premiers édifices Renaissance de Bretagne
(voir plus
haut). En 1737, mal en point, la tour semi-circulaire
qui accueille l'oratoire est reconstruite dans un corps de
maçonnerie carré. La dernière restauration
date de 2011.
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Écusson dans un vitrail contemporain de l'Oratoire. |
Écusson dans un vitrail contemporain de l'Oratoire. |
Une salle du château
La porte d'Adam et Ève se trouve sur la droite. |
La Porte d'Adam et Ève.
Elle a été montée au château en 1914. |
BAS-RELIEFS
SUR LA PORTE D'ADAM ET ÈVE (vers 1500) |
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Adam croque la pomme de la Connaissance. |
Le serpent tentateur s'enroule
autour du tronc. |
Ève croque la pomme de la Connaissance. |
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Le Père Céleste. |
Adam croquant la pomme. |
Le serpent tentateur.
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Ève croquant la pomme. |
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La salle du château avec la porte d'Adam et Ève. |
Ostensoir de P. Poussielgue-Rusand,
détail. |
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Ostensoir de la paroisse
Notre-Dame de Vitré.
uvre de P. Poussielgue-Rusand
(1847-1891). |
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À GAUCHE
Françoise Céleste de Boiséon-Coëtquen,
Duchesse de Duras
Anonyme, Huile sur toile, vers 1765. |
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À GAUCHE
Redingote et gilet à la française (soie, toile et
broderies de soie)
Vers 1760 (époque Louis XV). |
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Redingote et gilet à la française, détail. |
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La
porte d'Adam et Ève. Cette porte,
sculptée dans le gré de Vitré et
datée aux alentours de 1600, vient de la maison
d'un marchand de la ville. Elle était située
au fond d'une cour. En 1914, elle a été
rachetée par un antiquaire et remontée
dans cette salle du musée.
La porte est encadrée par deux colonnes en spirale
reliées à leur sommet par une élégante
accolade. Son attrait artistique réside dans
la présence d'un Arbre du Bien et du Mal
sculpté à son sommet : le Malin, représenté
selon la tradition sous la forme d'un serpent, s'enroule
autour d'un tronc. Sa face surgit de l'Arbre de la Connaissance
au centre d'un bouquet de feuillages. À gauche
et à droite, Adam et Ève croquent la pomme.
La note affichée dans le musée précise
que le style de l'uvre étant assez maladroit,
il faut voir là le travail d'un tailleur de pierre,
plutôt que celui d'un sculpteur.
Il est intéressant de rapprocher cette sculpture
d'un vitrail du XVe siècle de la cathédrale
Saint-Étienne de Bourges : le vitrail
de l'Assomption. Dans les quatre lancettes de ce
vitrail se tiennent les apôtres. C'est dans les
têtes de lancette que l'on voit une scène
similaire à celle de la porte du château
de Vitré : Adam et Ève, qui se tiennent
de part et d'autre du serpent enroulé sur son
tronc, croquent la pomme. Mais la scène est enrichie
de la présence du Père céleste
qui observe Adam et Ève d'un il soupçonneux.
On donne ci-contre la représentation réduite
des quatre personnages.
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Lit à la polonaise,
Acajou et toile de Jouy, vers 1780. Époque Louis XVI. |
Dalmatique (soie, toile et broderies de soie), vers 1767
Époque Louis XV. |
Dalmatique, détail. |
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Fragments du tombeau de Guy X de Vitré. |
Fragment du tombeau de Guy X, détail. |
Saint Pierre (fragment du tombeau de Guy X). |
La
cheminée Renaissance, datée
de 1583, ornait à l'origine la grande salle d'une
maison à porche située rue de la Poterie.
À la fin du XIXe siècle, elle est acquise
par la ville de Vitré et gagne la tour Saint-Laurent
du château (où elle se trouve actuellement).
Cette cheminée, sculptée dans le gré
et qui n'a rien à envier aux meilleures réalisations
des châteaux royaux du Val-de-Loire, est l'uvre
d'André Bonnecamp (1616). Le couple de
commanditaires, Lucas Royer et Françoise Gouverneur
était marchands d'Outre-mer. Par la présence
de cette uvre raffinée dans son logis,
il a voulu afficher sa réussite sociale et financière
aux yeux de ses visiteurs. Le niveau artistique est
extrêmement relevé (voir ci-dessous). Les
détails abondent, notamment dans les broderies
et les fraises tuyautées que mari et femme portent
autour du cou. Lucas Royer tient une bourse dans la
main droite, rappelant que sa fortune vient du commerce.
Le couple est mis en scène dans un environnement
axé sur les loisirs musicaux, apanage des classes
aisées.
Source : panneau dans le
musée.
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Apparition du Christ à Marie-Madeleine
(Fragment du tombeau de Guy X).
Voir à l'église Notre-Dame
de Vitré
trois bas-reliefs de saints venant de ce tombeau
et disposés dans le soubassement d'un autel latéral. |
Fragments
du tombeau de Guy X. Le baron Guy X de Vitré,
né en 1295, appartient à la famille des
Laval-Montmorency. Pendant la guerre de Succession de
Bretagne (1341-1364), il prend le parti pro-français
de Charles de Blois et meurt à la bataille de
la Roche-Derrien en 1347.
Un tombeau lui fut élevé au début
du XVe siècle dans le chur de la Collégiale
de la Madeleine. Le tombeau est détruit à
la Révolution, mais des fragments sont cachés
dans la muraille de la Collégiale. Ils seront
découverts en 1859 lors de la destruction de
l'édifice. Quelques-uns de ces fragments iront
orner un soubassement d'autel à l'église
Notre-Dame
de la ville ; les autres enrichiront les collections
du musée du château.
Les fragments sont en pierre calcaire dite de Bernay
en Champagne. Les saints protecteurs du défunt,
debout sous des arcatures, garnissaient les parois latérales
du tombeau. Un petit côté accueillait l'écusson
des armes des Laval tenu par deux anges ; l'autre illustrait
l'apparition du Christ à Marie-Madeleine. Les
personnages se caractérisent par un impressionnant
drapé de leurs vêtements, reflet de l'influence
artistique des Valois, du duc de Berry et de l'école
mancelle.
Source : panneau affiché
dans le musée.
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Salle du château de Vitré avec cheminée
Renaissance, 1583. |
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Françoise Gouverneur
Cheminée Renaissance, détail. |
Lucas Royer
Cheminée Renaissance, détail. |
Cheminée Renaissance, détail. |
Cheminée Renaissance, détail. |
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Cheminée Renaissance, détail. |
Cheminée Renaissance, détail de la corniche supérieure. |
Salle du château de Vitré avec cheminée
Renaissance et tapisserie, 1583. |
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Rencontre d'Alexandre et de Roxane.
Tapisserie des Flandres, XVIe siècle, laine et soie. |
CI-DESSUS & À DROITE :
Nef de Sainte-Ursule par Théophile Laurent, Lyon, vers 1889. |
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Salle avec cheminée. |
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Dalmatique et manipule.
Tissu moiré blanc et broderies de soies polychromes.
Vers 1850-1860. |
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Retable de la Vie du Christ et de la Vierge daté de 1544. |
Le retable
de la Vie du Christ et de la Vierge contient trente-deux
scènes Il est daté de 1544 L'Église est
en effervescence depuis le début du siècle :
Luther demande que l'opposition idéologique entre catholiques
et protestants soit mise à plat et discutée
lors d'un concile. Il faudra vingt ans pour le réunir
à Trente en 1545. Et sa séance de clôture
aura lieu dix-huit ans plus tard. Loin de réconcilier
les deux partis, le Concile de Trente aboutira à officialiser
les sujets de total désaccord entre les deux religions.
Cependant l'esprit de la Contre-Réforme s'était
emparé des artistes depuis longtemps : il fallait marquer
son opposition aux idées réformées. Les
protestants rejetaient la Vierge et les saints ? Alors il
fallait mettre l'accent sur ces thèmes, les illustrer
et les exposer dans les églises. C'est le sens recherché
dans ce retable où le rôle de la Vierge est mis
en exergue, notamment dans le panneau de gauche. On y voit
les thèmes classiques de la vie de la Vierge : Mariage,
Annonciation, Visitation, etc. Le message du retable est clair :
les vies du Christ et de sa mère forment un tout indissociable.
Sur les deux volets de fermeture figure une scène de
saint Jean-Baptiste prêchant dans le désert.
Parmi la foule se tient le commanditaire.
Ces trente-deux plaques d'émaux ne sont pas une uvre
d'un haut niveau artistique. Les émailleurs les plus
connus de l'époque (Léonard Limosin ou Pierre
Reymond) faisaient beaucoup mieux. Voir la page sur les émaux
du musée du Louvre dans ce site. Le retable a en
effet été commandé par un certain Jehan
Bricier qui ne disposait sûrement pas d'importants moyens
financiers. Il en a fait don à la paroisse Notre-Dame
de Vitré à Noël 1544 où l'on pouvait
le voir jusqu'à une date récente. Cette uvre
s'inscrit ainsi dans une série d'ouvrages accessibles
à tous.
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Le Baptême du Christ. |
La Cène. |
Ecce Homo. |
Volet de fermeture.
Il représente la moitié de la scène
de saint Jean-Baptiste prêchant
dans le désert.
Le commanditaire du retable,
Jehan Bricier, est au premier plan.
Ce retable était autrefois exposé
à l'église Notre-Dame
de Vitré. |
La Descente de Jésus aux limbes. |
La Descente de croix. |
La Résurrection. |
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Épis de faîtage vitréens en plomb, XVIe
et XVIIe siècles. |
Les
épis de faîtage étaient
déjà utilisés par les Romains -
on les appelle des antéfixes - pour stabiliser
les couvrements des bâtiments et les rendre étanches.
Ils étaient en terre cuite. Au Moyen Âge,
ce principe a survécu et s'est traduit par un
foisonnement d'ornementations sur le toit des maisons.
Le matériau retenu était le plomb (à
partir du XVe siècle) pour les couvertures en
ardoise et la terre cuite pour celles en tuile. L'épi
de faîtage affiche évidemment le statut
social du propriétaire du logis, parfois son
métier. Parmi les épis en plomb exposés
au musée du château de Vitré, il
en est un qui est une véritable uvre d'art
: un homme en armure, d'une hauteur d'1,70 mètre,
donné à droite. Cet épi surmontait
la toiture de l'hôtel particulier Ringues de la
Troussannais à Vitré. Source :
panneau dans le musée.
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Épi de faîtage vitréen en plomb. |
Homme en armure et casqué
Épi de faîtage vitréen en plomb. |
Le chemin de ronde. |
Couleuvrine, vers 1500, bronze sur affût en bois. |
Le Châtelet et la tour Saint-Laurent. |
Documentation : «Laissez-vous conter le
château de Vitré», feuillet de la visite
+ panneaux affichés dans les salles du musée. |
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