|
|
La ville de Chaumont
avait au Moyen Âge un caractère commercial affirmé
de par sa présence au carrefour des routes reliant les Flandres
à la Bourgogne et l'Île-de-France à l'Alsace.
Cependant, son poids dans la pratique religieuse de la région
restait secondaire face à Langres, siège de l'évêque.
Des communautés religieuses ne viendront s'y installer qu'à
l'époque de la Contre-Réforme (XVIe siècle).
C'est pourquoi, au début du XIIIe siècle, l'église
Saint-Jean-Baptiste fut conçue comme l'église paroissiale
d'une ville de province de taille moyenne. Sa longueur intérieure
actuelle est de 55 mètres, sa largeur de 25 et la hauteur
de la nef sous voûte est de 18 mètres. De cette époque,
il nous reste la façade occidentale, assez austère,
la nef et les bas-côtés. La nef, élevée
selon les règles du gothique primitif (voir l'encadré
plus bas)
a été largement restaurée dans les années
1850 par l'architecte Boeswillwald, élève de Viollet-le-Duc.
Un homme compte dans l'histoire de l'église : Jean de
Montmirel (1409-1479). Ce chanoine de Langres,
natif de Chaumont, par ailleurs évêque de Vaison, secrétaire
du Concile de Bâle et référendaire du pape Sixte
IV à Rome, obtint du pape deux faveurs qui firent la fortune
de sa ville natale. La première érigea Saint-Jean-Baptiste
en collégiale (1474), la seconde (bulle de février
1475) concéda à perpétuité une indulgence
plénière à tous les pénitents qui viendraient
à la collégiale quand le jour de la Saint-Jean (solstice
d'été) tomberait un dimanche. Évidemment, les
foules suivirent. Le pèlerinage du Grand
Pardon de Chaumont était créé. Au début
du XVIe siècle, avec l'argent amassé, les chanoines
se lancèrent dans les grands travaux. Toute la partie est
(chur, transept, abside, déambulatoire et chapelles
rayonnantes) fut reconstruite, en respectant toutefois l'aspect
gothique de l'église. Ce qui nous vaut aujourd'hui d'admirer
de superbes balcons
de pierre sculptée dans le bras nord du transept, bras
qui resplendit d'un beau gothique flamboyant. En 1948, l'église
sera élevée au rang de basilique compte tenu de l'importance
des pèlerinages.
L'édifice est très riche en mobilier (retables, tableaux,
statues). On y trouve de nombreuses uvres du sculpteur chaumontais
Jean-Baptiste
Bouchardon (retable
de la chapelle du Rosaire, chaire
à prêcher, banc
d'uvre, dessin de la clôture du chur, Christ
en croix, statues diverses). Le point d'orgue de l'ornementation
de l'église est le Sépulcre
du tout début du XVIe siècle, une uvre qui est
abondamment illustrée et commentée dans cette page.
Un point reste toutefois en suspens. Bien qu'étant en Champagne,
région où foisonnaient les ateliers de maîtres
verriers au XVIe siècle, il n'y a aucune trace de vitraux
Renaissance dans l'édifice. Et la documentation existante
n'en fait nulle mention. Les vitraux en place sont tous du XIXe
ou du XXe siècle. Quoi qu'il en soit, pour tous les amateurs
de vieilles pierres, la basilique Saint-Jean-Baptiste de Chaumont
est une église qu'il faut prendre le temps de visiter car
la leçon d'Histoire y est vaste.
|
|
Vue d'ensemble de la nef de la basilique Saint-Jean-Baptiste
(sans les premières travées). |
La façade occidentale (XIIIe siècle) et le parvis. |
Le portail sud dit «portail Saint-Jean» est de style gothique
et date du XIVe siècle. |
Le portail de la façade occidentale remonte au XIIIe siècle.
Les deux vantaux de la porte sont du XVIIe siècle.
L'ancien tympan en pierre a été remplacé, au
XIXe siècle, par un bas-relief
en bois représentant le trétramorphe. |
Les parties
extérieures de la basilique sont remarquables.
Si le chevet est quasi inaccessible, les quatre portails (dont
deux au sud) présentent des styles architecturaux de
différentes époques. La grande façade
occidentale, d'aspect austère, est du XIIIe siècle.
Les deux tours sont totalement dissymétriques dans
le dessin de leurs fenêtres et - constat plus rare -
la partie centrale de la façade n'a ni rosace, ni pignon.
Les vantaux de la porte reçoivent des bas-reliefs du
XVIIe siècle.
Le portail Saint-Jean, au sud, est le plus bel ornement
extérieur. Daté du XIVe siècle, sa construction
est contemporaine de celle des chapelles d'enceinte de la
nef. À cette époque d'ailleurs, on entreprit
des réparations dans la basilique et, en 1342, le pape
(qui siégeait à Avignon) avait accordé
des indulgences à ceux qui financeraient les travaux.
Le portail Saint-Jean, qui possède trois travées,
s'incruste dans le côté sud. Il est dit «construit
dans uvre». Les arcatures sont ornées d'une
impressionnante dentelle de pierre, notamment celles situées
sous les voûtes. Par sa chaîne de délicats
festons trilobés, l'arc central du porche (photo ci-dessus)
invite à franchir la porte. Les deux arcs latéraux,
avec leur quadrilobe, ne sont pas en reste. Sous le porche,
les arcatures, séparées des murs, sont de la
même veine stylistique. Ce genre de prouesse architecturale
est exceptionnel.
Le tympan
raconte l'histoire de saint Jean-Baptiste, mais une bonne
partie en a été refaite au XIXe. Le véritable
élément d'origine (XIVe siècle) est la
statue mutilée de la Vierge
à l'Enfant accolée au trumeau. Enfin, les
portails des bras nord et sud du transept sont dignes d'intérêt.
Ils marquent le passage du gothique flamboyant (portail sud)
au style Renaissance (portail nord donné en photo plus
bas.). Dans ce dernier, les rameaux de vigne et les oiseaux
qui peuplent les ébrasements ont remplacé les
statues dressées sous leur dais.
Source : La Basilique Saint-Jean-Baptiste
de Chaumont, Parcours du
patrimoine.
|
|
Portail de la façade occidentale : détail des bas-reliefs
des vantaux (début du XVIIe siècle). |
Le portail Saint-Jean, sur le côté sud, est l'entrée
principale de la basilique. |
La Vierge à l'Enfant, statue mutilée du XIVe siècle,
sur le trumeau du portail Saint-Jean.
À gauche, détail des vantaux de la porte, refaits dans
les années 1840. |
Fleurs et anges en prière
dans les voussures du portail Saint-Jean
XIVe siècle. |
Scènes de la vie de saint Jean-Baptiste sur le fronton du portail
Saint-Jean
(fronton largement restauré au XIXe siècle). |
Le portail nord est de style Renaissance (XVIe siècle). |
Le Baptême du Christ sur le fronton du portail Saint-Jean.
(fonton largement restauré au XIXe siècle).
|
Maquette de la basilique : le bas-côté sud.
La tourelle d'escalier que l'on voit accolée à la tour
sud date du XVIe siècle. |
Maquette de la basilique : le chevet.
La proximité des maisons ne permet pas de voir le chevet de
la basilique tel que le montre cette maquette. |
L'ARCHITECTURE
INTÉRIEURE DE LA BASILIQIUE SAINT-JEAN-BAPTISTE |
|
La nef et l'élévation sud avec la chaire à prêcher. |
Statue de saint Jean-Baptiste
Pierre polychrome
(Statue réalisée en 1668 pour le chur de l'église?) |
L'architecture
de la nef. La nef de Saint-Jean-Baptiste nous vient
du XIIIe siècle (même si l'architecte
Boeswillwald l'a en partie reconstruite dans les années
1850, en suivant fidèlement l'aspect d'origine). Cette
nef correspond à celle d'une église paroissiale
d'une ville moyenne du XIIIe siècle : 28 m de longueur
et 18 de hauteur, élévation à deux niveaux.
La largeur du vaisseau central est de 6,60 m, tout juste supérieure
à celle des très larges bas-côtés
(6 mètres).
D'après les historiens, un point peu banal est à
prendre en compte dans l'architecture intérieure de
la nef : la rivalité entre Chaumont et Langres. Il
semble que le chapitre de Saint-Jean-Baptiste ait choisi comme
modèle la cathédrale de Sens (commencée
vers 1140 et considérée comme la première
cathédrale gothique), montrant par là qu'il
voulait se tourner vers le nord, vers la Champagne, et rejeter
toute attache et déférence envers l'évêché
de Langres, au sud, et sa cathédrale,
Saint-Mammès.
À une époque où les formes du gothique
évoluaient très vite, se référer
à Sens, c'était faire un choix architectural
archaïque. Ajoutons néanmoins que Saint-Mammès
s'était inspirée de la grande abbatiale romane
de Cluny et que l'esthétique de ce célèbre
monument était jugée démodée.
En effet, un point frappe dès l'entrée : les
voûtes sexpartites et l'alternance des supports (les
piliers) forts et faibles. Les photos ci-dessous et à
droite en donnent une illustration. La simplicité de
la voûte quadripartite s'impose partout (Chartres,
Reims, Troyes),
mais pas à Chaumont. La forme sexpartite s'accompagne
naturellement d'une alternance de piliers forts et faibles,
ce qui est bien visible au second niveau de l'élévation
: trois colonnes massives, ---»»» suite
ci-dessous.
|
|
Élévations du second niveau et voûte sexpartite. |
La voûte sexpartite de l'église Saint-Jean-Baptiste. |
---»»»
qui prolongent le pilier fort jusqu'à la retombée
de l'arc diagonal de la voûte, alternent avec
un groupe de trois minces colonnettes ou une simple
colonnette (photo ci-contre), l'un ou l'autre recevant
la retombée de la nervure intermédiaire,
au-dessus du pilier faible.
L'opposition fort-faible se voit nettement à
la circonférence des piles. L'élévation
dépouillée du second niveau donne un autre
témoignage de ce choix passéiste. Ce niveau
est dominé par une suite de baies étroites
et sans remplage (voir photo ci-dessus), typiques du
premier âge gothique (un âge qui s'est achevé
vers 1200-1210). Encore certaines fenêtres hautes
ont-elles été élargies postérieurement
pour éclairer un peu plus la nef.
L'achèvement de la nef doit se situer dans les
années 1240, à une époque où
l'alternance «pile forte-pile faible» jointe
à une voûte sexpartite était dépassée.
Comme, dans la nef de Saint-Jean-Baptiste, cette alternance
est beaucoup moins prononcée vers la façade
occidentale, les archéologues en ont déduit
que la nef avait été construite de l'est
vers l'ouest, ce qui est d'ailleurs conforme à
la pratique qui consistait à construire d'abord
le chur, puis de continuer vers l'ouest par les
travées de la nef.
Notons enfin que les chapelles latérales, peu
profondes, qui bordent les bas-côtés, datent
du XVIe siècle. Elles ont été construites
entre les culées des arcs-boutants de la nef
et très certainement financées par des
confréries, des nobles et de riches marchands
chaumontais.
Source : La Basilique
Saint-Jean-Baptiste de Chaumont,
Parcours du patrimoine.
|
|
L'élévation à deux niveaux de la nef
et l'alternance «pile forte-pile faible». |
|
Le château de Chaumont et la basilique Saint-Jean-Baptiste.
Vitrail en grisaille posé en 1901. |
Statue de sainte Barbe avec sa tour.
Bois polychrome du XVIIe siècle.
|
Plan de la basilique Saint-Jean-Baptiste. |
«Le Festin d'Hérode»
Anonyme lorrain, vers 1630. |
Saint Michel terrassant le dragon.
Tilleul polychrome et doré, 1686. |
Le plan.
Saint-Jean-Baptiste de Chaumont est une église sans
transept dont les périodes de construction et de reconstruction
peuvent être distinguées assez facilement sur
un plan. La façade occidentale, très sobre (dont
le portail ne sert pas d'entrée principale), et les
piles et arcs-boutants de la nef sont du début du XIIIe
siècle. Toute la partie transept, chur et chapelles
rayonnantes a été rebâtie au XVIe siècle
avec les gains du Grand
Pardon de Chaumont. Au niveau de la nef, les chapelles
latérales ont été construites entre les
culées des arcs-boutants au XIVe siècle, en
même temps que le beau portail sud.
Dans le déambulatoire, le chur et les chapelles
rayonnantes, on remarque, sur le plan ci-dessus, la présence
de dessins de voûtes très travaillés.
Enfin, la chapelle «des Baudricourt», dans le
bas-côté nord, a été construite
et aménagée par la fille d'un compagnon de Jeanne
d'Arc, Robert de Baudricourt, capitaine de Vaucouleurs, nommé
bailli de Chaumont en 1442 pour le remercier de l'aide qu'il
avait apportée à la Pucelle d'Orléans.
Cette chapelle a été détruite à
la Révolution. Seule la petite pièce abritant
le Sépulcre
nous est restée.
Source : La Basilique Saint-Jean-Baptiste
de Chaumont, Parcours du
patrimoine.
|
|
LES CHAPELLES
LATÉRALES NORD ET SUD DE LA NEF |
|
Le bas-côté sud vu depuis le transept avec le tableau
du Festin d'Hérode.
Sur la gauche, les chapelles latérales sud Saint-Honoré
et Sainte-Thérèse (XVIIe siècle). |
Réplique de la pierre tombale de Jean de Montmirel.
L'original est à Rome, en l'église Santa Maria del Popolo. |
|
Statue de saint Fiacre
Chapelle latérale Saint-Pierre et Saint-Paul
|
Le
Grand Pardon. Le chanoine de Langres, Jean
de Montmirel (1409-1479), était natif de
Chaumont. Entré au service du pape Sixte IV,
il en obtint deux faveurs pour sa ville natale.
La première en 1474 : l'église Saint-Jean-Baptiste
fut élevée au rang de collégiale,
le collège comprenait dix chanoines avec trésorier
et chantre, réunis autour d'un curé-doyen.
La seconde, grandiose et aux retombées financières
certaines, en février 1475 : une bulle papale
accordait une indulgence plénière à
tout fidèle qui visiterait la collégiale
le jour de la fête de la saint Jean-Baptiste quand
celle-ci tombait un dimanche. Compte tenu de la mentalité
de l'époque, cela revenait à remplir les
caisses de la collégiale. Mieux encore : en avril
1476, Louis XI permit la publication de la bulle papale
dans tout le royaume. Le résultat ne tarda pas
car, à la fin juin 1476, la Saint-Jean (voisine
du solstice d'été) tombait justement un
dimanche. Le Grand Pardon de Chaumont était né.
Il attira aussitôt les foules, non seulement pour
les indulgences, mais aussi pour les spectacles profanes.
La «Saint-Jean le dimanche» se rattachait
à un cycle de onze, six, cinq et six ans. Le
Grand Pardon s'interrompit pendant la période
révolutionnaire et reprit en 1804.
Les festivités populaires débutaient dès
le dimanche des Rameaux. Des gens déguisés
en diables avaient le droit de s'opposer au déroulement
de la procession et rançonnaient les passants.
D'autres diables, postés sur les balcons, lançaient
toute sorte de projectiles sur la foule. Le clergé
essaya de réprimer ce qu'il regardait comme des
abus, mais les Chaumontais s'y opposèrent. --»»
Suite à gauche
|
|
|
|
«Saint Sébastien soigné par sainte Irène»
Tableau de Jean Dalle (1750-1820). |
Statue de saint Yves.
Pierre polychrome, vers 1500. |
La Vierge en prière dans un vitrail de
la chapelle de la Nativité (XIXe siècle) |
Chapelle latérale nord Saint-Étienne et Saint-Laurent. |
Suite de chapelles latérales dans le bas-côté
nord.
Les chapelles latérales ont été construites au
début du XVIe siècle entre les culées des arcs-boutants
de la nef.
Le mur qui fermait le bas-côté était cassé
à mesure que l'on bâtissait les chapelles et le nouveau
mur se dressait entre les culées. |
«Le Martyre de saint Luce, pape» d'après Pierre
de Cortone.
Copie réalise dans la première moitié du XVIIe
siècle. |
|
«Saint Jean-Baptiste devant Antipas»,
Toile attribuée à Bénigne Lallier (1689-1763),
collaborateur de Jean-Baptiste Boucharchon. |
Statue de saint Fiacre
Chapelle latérale nord
Saint Étienne et Saint-Laurent. |
«««---
À GAUCHE
«L'Apparition du Christ à saint Ignace et à
saint François-Xavier»
Auteur anonyme. |
|
Le bas-côté sud avec l'entrée vers le déambulatoire.
La largeur des bas-côtés (6 mètres) est presque
aussi grande que celle de la nef (6,60 mètres). |
|
«Jésus et Jean-Baptiste
enfants», détail d'un vitrail du XIXe siècle
---»»» |
|
LA CHAIRE À
PRÊCHER ET LE BANC-D'UVRE DE JEAN-BAPTISTE BOUCHARDON |
|
|
|
LE TRANSEPT ET
SES CHAPELLES |
|
Vue d'ensemble du chur depuis le milieu du vaisseau central.
Les voûtes du chur et de la croisée sont
données en gros plan plus bas. |
--»» ne sont
rien par rapport à l'éclat décoratif
du triforium et surtout du bras nord du transept. Là,
l'exubérance est de règle (voir la grande
photo ci-dessous).
Au milieu de sculptures mêlant styles gothique
et Renaissance, les bâtisseurs du XVIe siècle
ont multiplié les créations originales
: balcons en surplomb assurant le passage du triforium,
magnifique escalier en vis à claire-voie (qui
copie un élément très à
la mode dans l'architecture civile de l'époque),
ou encore garde-corps ouvragé du triforium. Les
photos ci-dessous donnent des illustrations précises
du talent des sculpteurs chaumontais.
Source : La Basilique
Saint-Jean-Baptiste de Chaumont,
Parcours du patrimoine.
|
|
|
Le transept.
Aucun document ne permet de savoir à quoi ressemblait
le transept de l'église avant les importants travaux
du début du XVIe siècle (lancés avec
les sommes récoltées grâce au Grand Pardon
de Chaumont). Le but fut d'agrandir l'édifice, mais
en veillant au respect des proportions existantes et en s'imposant
une cohérence entre parties anciennes et parties nouvelles.
Le plan retenu par les bâtisseurs fut donc tout à
fait traditionnel, dans la ligne des édifices cultuels
depuis le XIIe siècle : transept et chur séparés,
déambulatoire enrichi de neuf chapelles dont cinq rayonnantes.
Pourtant, à la même époque, pour d'autres
églises, les maîtres d'uvre imaginaient
des structures beaucoup plus hardies (chevet plat, chapelles
rayonnantes dissymétriques, etc.). Pourquoi ce choix
à Chaumont? Dans la brochure de la Collection Parcours
du patrimoine, l'historien Pierre Sesmat y voit deux explications
possibles. La première vise à respecter la structure
des grands édifices à pèlerinage du Moyen
Âge afin de renforcer la légitimité du
Grand Pardon. La seconde est tout bonnement le choix d'un
modèle architectural parisien. En effet, les églises
flamboyantes parisiennes de cette époque suivaient
le style de la cathédrale Notre-Dame, c'est-à-dire
un chur entouré d'une ceinture de chapelles rayonnantes
symétriques.
Le chur et le transept de Saint-Jean-Baptiste possèdent
trois niveaux. Là encore, comme dans les choix architecturaux
de la nef (voir encadre plus
haut), cette option des bâtisseurs était,
au XVIe siècle, archaïque. Le modèle à
deux niveaux s'était imposé, offrant la possibilité
d'ouvrir d'imposantes fenêtres au-dessus des grandes
arcades afin de gagner en luminosité. À Chaumont,
le niveau intermédiaire sera un triforium, rendu aveugle
par la toiture en appentis au-dessus du déambulatoire.
Pourquoi ce choix à trois niveaux? Est-ce l'imitation
de modèles normands? Ou est-ce, plus simplement, coller
à la réalité des grandes cathédrales
du XIIIe siècle qui disposent souvent d'un triforium
aveugle? Si nous suivons Pierre Sesmat, cette seconde explication
prévaut certainement. Imiter les grandes, c'était
promouvoir le statut de la collégiale et assurer son
rôle de lieu de pèlerinage. C'était aussi
se donner des possibilités d'ornementation grandiose.
Le transept et le chur sont certes enrichis de très
belles voûtes (voir plus bas), mais celles-ci
--»» Suite à gauche.
|
|
Le chur et le transept nord vus depuis le transept sud.
On notera les panneaux du Chemin de croix qui ornent le soubassement
de la clôture. |
La voûte de la croisée du transept possède
neuf clés pendantes
qui surgissent au milieu d'un splendide dessin de nervures en
trèfle. |
«L'Éducation de la Vierge»
du peintre chaumontais Jean Dalle (1750-1820).
uvre de la fin du XVIIIe siècle.
|
Clés pendantes de la voûte
à la croisée du transept.
Les personnages qui ornaient les clés
ont vraisemblablement disparu
depuis longtemps. |
L'escalier en encorbellement
dans le transept nord ---»»» |
|
|
«La Décollation de saint Jean-Baptiste»,
toile signée Vaubert (XVIIe siècle). |
|
La présence de coquillages dans
les décorations de l'encorbellement
est la marque du style Renaissance. |
|
Le transept nord et sa féerie de pierre :
balcons en surplomb, escalier à vis et à claire-voie,
garde-corps ouvragé du triforium. (1ère moitié
du XVIe siècle). |
Le Christ dans une mandorle avec saint Pierre et saint Paul
(1952).
Vitrail de Roger-Calixte Poupard (1911-1977) dans le transept
nord. |
«Le Martyre de saint Hippolyte» dans le transept
sud
Tableau anonyme daté de 1549.
Les deux priants sur la droite sont les donateurs. C'est le
même couple que
l'on voit aux pieds de la statue du Christ de douleur donnée
plus bas. |
|
Le bas du transept nord et l'autel
Cette chapelle était le siège de la confrérie
de Saint-Éloi. |
Piéta du XVIe siècle. |
Saint Jean-Baptiste tenant l'agneau
au-dessus de la porte qui mène à l'étage
dans le bras nord du transept. |
|
Les
vitraux. La basilique Saint-Jean-Baptiste
a-t-elle jamais possédé des vitraux Renaissance?
Compte tenu de la proximité géographique
des ateliers troyens, c'est vraisemblable. Quoi qu'il
en soit, il n'en reste rien et les documents qui relatent
son histoire n'en font pas mention.
Les vitraux des chapelles latérales sont du XIXe
siècle et tout à fait conformes au pastiche
pratiqué à cette époque. Voir par
exemple plus
haut les trois saints sous leur dais. Plus originale,
la seconde chapelle Saint-Joseph est enrichie d'un vitrail
du XIXe, de l'atelier de Vincent-Larcher (1816-?),
montrant Jésus
travaillant avec son père et la Vierge filant
la quenouille. Ce thème iconographique classique
servait à glorifier le travail manuel. L'atelier
de Laurent-Louis Maréchal (1801-1887)
a réalisé les vitraux des personnages
sous dais dans la chapelle
du Rosaire et dans les quatre chapelles qui
l'entourent.
Enfin cinq verrières du XXe siècle bénéficient
d'une griffe plus moderne. Dans le transept, Roger-Calixte
Poupard (1911-1977) a réalisé deux
dessins très expressionnistes représentant
le Christ et saint Jean-Baptiste. Ces verrières
ont été inaugurées en 1952. Quant
à l'abside, elle rayonne de trois
beaux vitraux de Jacques Gruber (1870-1936).
Deux d'entre eux illustrent des épisodes de la
vie de saint Jean (le Baptême du Christ et la
Décollation). Le troisième est conçu
tout en symboles parce qu'il reçoit une scène
anachronique : saint Jean-Baptiste est debout à
côté de la croix, accompagné de
Marie-Madeleine. Jacques Gruber a immergé ses
trois scènes dans un abondant décor végétal,
très Art déco.
|
|
L'autel de la chapelle Sainte-Anne dans le transept sud
et ses beaux piliers torsadés de style Renaissance. |
Christ de douleur. Pierre polychrome, XVIe siècle,
dans le bras sud du transept. |
Le
Christ de douleur. Cette uvre typique
de la piété champenoise à la Renaissance
est dans un état remarquable (voir aussi le Christ
de Pitié de l'église Saint-Nizier
à Troyes).
Derrière la statue, un artiste a représenté
les instruments de la Passion (dessin daté de
1557 et dégagé en 1961 du badigeon qui
le recouvrait). Les priants aux pieds du Christ (qui
sont aussi ceux représentés sur la toile
du Martyre
de saint Laurent) auraient fait don de leur échoppe
à la fabrique de l'église pour permettre
la construction de la chapelle sud du transept. L'inscription
au-dessous de la statue se rapporte à l'édification
du chur de l'église de 1517 à 1543
(voir ci-contre). Source : La Basilique Saint-Jean
de Chaumont, Parcours du patrimoine.
|
|
|
«La tête de saint Jean-Baptiste est portée
à Salomé»
Toile considérée comme une copie d'une uvre
perdue d'Andrea Solario (1468-1524). Copie réalisée
vers 1550. |
Piéta du XVIe siècle
dans le transept nord, détail. |
Détail des beaux piliers torsadés
du retable de la chapelle Sainte-Anne. |
Christ de douleur, détail
XVIe siècle. |
|
|
|
«La Transfiguration»
Toile dans le transept sud. Auteur anonyme. |
«L'Annonciation»
Toile attribuée à Jean Tassel (vers 1508-1667) dans
le transept sud. |
Deux figures du Christ, détail
Vitrail de Roger-Calixte Poupard (1911-1977). |
LE CHUR
ET L'ABSIDE DE LA BASILIQUE SAINT-JEAN-BAPTISTE |
|
Vue d'ensemble du chur et de sa voûte avec clés
pendantes.
Autour du maître-autel, les piliers sont habillés
de lambris enrichis de médaillons.
Sur la gauche, l'ombellino (qui est toujours en forme de parasol)
indique que l'église
est une basilique (statut octroyé en 1948 compte tenu
des pèlerinages). |
L'un des deux anges adorateurs qui entourent
l'autel et créés par J.-B. Bouchardon. |
Lambris camouflant en partie
les piliers du chur et
apposés au XVIIIe siècle. |
À droite, deux
des trois vitraux de Jacques Gruber (1870-1936) dans l'abside
---»»»
Le Baptême de Jésus et la Crucifixion. |
|
|
L'abside
de la basilique est à trois niveaux.
En bas, une suite d'arcades à voussures massives
complétée d'une grille (peut-être
dessinée par J.-B. Bouchardon) ferme le chur.
Au niveau médian, le triforium aveugle est étrangement
renforcé d'un garde-corps sans charme (photo
ci-dessous), qui ressemble à un rail. L'effet
en est bien terne. Heureusement, juste au-dessus, la
série d'arcatures rehausse l'ensemble grâce
à des réseaux de pierre flamboyants de
style gothique, d'une grande variété.
Les trois verrières principales reçoivent
des vitraux
de Jacques Gruber (1870-1936), les autres sont en
verre blanc, assurant au chur une grande luminosité.
Un point est à noter autour du maître-autel
: le lambrissage des dix piliers (voir photo ci-dessous)
peut-être réalisé en 1764. Camoufler
partiellement les colonnes gothiques était une
pratique courante au XVIIIe siècle. Le mobilier
liturgique a été exécuté
par J.-B. Bouchardon vers 1710. Le retable que l'on
voit dans la chapelle
du rosaire était, à l'origine, le
maître-autel.
|
|
Le triforium aveugle au-dessus du chur avec son garde-corps.
On remarquera avec intérêt que les réseaux
flamboyants sous arcade sont tous différents. |
|
|
|
Le maître-autel en marbre date des années 1780.
L'orgue de chur, derrière l'autel, a été
fabriqué par les facteurs Jaquot et Didier en 1891. |
La voûte du chur et ses clés pendantes. |
Le Christ en croix à l'entrée du chur.
Cette uvre est peut-être de Jean-Baptiste Bouchardon. |
|
La Décollation de saint Jean-Baptiste
Vitrail de Jacques Gruber dans l'abside (et détail).
|
On reconnait ci-dessus la griffe de Jacques Gruber. |
|
|
LES CHAPELLES
DU DÉAMBULATOIRE |
|
|
|
Le déambulatoire sud
Chapelle Notre-Dame du Bon Secours et chapelle du Sacré-Cur. |
«La Nativité» attribué à Claude Deruet,
détail. |
L'autel de la chapelle Notre-Dame du Bon-Secours.
Le tableau du retable, «Dieu le Père adoré
par les sept anges», est attribué
à Alfred Giroux (1776-1848). Il fait référence
à un passage de l'Apocalypse. |
La Fuite en Égypte dans le fronton
du vitrail «Jésus enfant travaillant avec son père».
Vitrail de Louis-Germain Vincent-Larcher, XIXe siècle. |
Les médaillons
de droite proviennent vraisemblablement de saisies révolutionnaires
--»» |
|
|
Détail d'un tableau d'une Vierge à l'Enfant
dans la chapelle Sainte-Marguerite. |
Jésus enfant travaillant avec son père, détail.
Vitrail de Louis-Germain Vincent-Larcher, XIXe siècle. |
Le déambulatoire sud vu depuis la chapelle axiale.
On remarque, sur la gauche, une partie de la peinture murale
de la chapelle axiale (voir PLUS BAS). |
Médaillon dans la 2e chapelle Saint-Joseph : la
Vierge.
|
Médaillon dans la 2e chapelle Saint-Joseph : Jésus. |
|
|
Saint Antoine et sainte Françoise
Vitrail de l'atelier Maréchal (XIXe siècle). |
Sainte Colette et saint François
Vitrail de l'atelier Maréchal (XIXe siècle). |
Jésus travaillant avec son père, détail
Louis-Germain Vincent-Larcher, XIXe siècle |
La Crucifixion
Vitrail du XIXe siècle. |
LA CHAPELLE SAINT-NICOLAS
DANS LE DÉAMBULATOIRE NORD ET L'ARBRE DE JESSÉ |
|
L'Arbre de Jessé : Jessé endormi dans son fauteuil. |
|
|
La chapelle rayonnante Saint-Nicolas avec son Arbre de Jessé
et ses vitraux de l'atelier Louis-Laurent Maréchal (XIXe
siècle.) |
La tête de Goliath (redressée)
dans l'Arbre de Jessé. |
Vue d'ensemble de l'Arbre de Jessé. |
«««---
À GAUCHE
Le déambulatoire nord avec
la chapelle Saint-Nicolas
et l'Arbre de Jessé
sur son mur nord-ouest. |
|
|
Un roi de Juda dans l'arbre de Jessé. |
Saint Bernard et saint Louis
Vitrail XIXe siècle dans la chapelle Saint-Nicolas.
Atelier Laurent-Louis Maréchal, dit Maréchal de
Metz.. |
|
La Vierge et l'Enfant au sommet de l'Arbre de Jessé.
La tête de la Vierge a été refaite en 1861. |
Un roi de Juda dans l'arbre de Jessé.
C'est le roi qui arbore l'expression la plus rieuse. |
Le roi David et sa lyre dans l'arbre de Jessé. |
|
L'Arbre
de Jessé. Avec le Sépulcre,
l'Arbre de Jessé de la chapelle Saint-Nicolas
compte parmi les plus belles uvres d'art de la
basilique. Les spécialistes datent sa création
vers l'année 1530, peut-être - ajoute le
dépliant touristique de l'Office de tourisme
- par des sculpteurs rhénans. Il est rare à
cette époque de voir un Arbre sculpté
sur un pan de mur. On les voyait plutôt dans les
vitraux (voir celui de Sainte-Madeleine
à Troyes)
ou, au Moyen Âge, dans les voussures des portails,
comme celui de l'église Saint-Armel
à Plöermel.
L'Arbre de la basilique a bien sûr souffert du
temps (la tête de la Vierge a été
refaite en 1861). Néanmoins, son aspect permet
d'apprécier une sculpture de très grande
qualité. Un point est à noter : les douze
rois de Juda ont pratiquement tous le sourire aux lèvres
et semblent s'amuser. C'est particulièrement
vrai pour le roi barbu, portant un couvre-chef à
plumes, donné en gros plan à gauche. Seul
le prophète Isaïe, en bas à droite
de l'Arbre, qui rapporte la vision de Jessé sur
son phylactère, a l'air sérieux. À
part le roi David accompagné de sa lyre (photo
plus bas), aucune indication de roi n'est mentionnée.
Il n'est guère possible de savoir où se
trouvent Salomon, Manassé, Roboam, Joram, Asa,
etc.
Un dernier point doit être soulevé : les
iconoclastes protestants ont laissé cet Arbre
indemne lors des guerres de Religion. Sans doute parce
que les rois de Juda sont des figures bibliques (et
l'on sait que la foi de Luther commence par la Bible).
Un arbre similaire représentant des saints et
des saintes aurait sans doute été mutilé.
|
|
Sainte Thérèse et sainte Agnès
dans un vitrail XIXe siècle de la chapelle Saint-Nicolas.
Atelier Laurent-Louis Maréchal, dit Maréchal de
Metz.. |
|
Deux rois de Juda dans l'Arbre de Jessé. |
Deux rois de Juda (qui semblent en grande discussion) dans l'Arbre
de Jessé. |
LA CHAPELLE AXIALE
DU ROSAIRE ET LE RETABLE DE JEAN-BAPTISTE BOUCHARDON (1709) |
|
Le déambulatoire avec, à gauche, la chapelle du
Sacré-Cur et, au centre, la chapelle axiale. |
La chapelle d'axe est consacrée au Rosaire.
La confrérie du Rosaire était sous la tutelle
spirituelle des dominicains de Langres. |
La Vierge à l'Enfant de Jean-Baptiste Bouchardon. |
Jean-Baptiste dans le retable de J.-B. Bouchardon.
Le saint est représenté ici, très
juvénil, avec ses
trois attributs habituels : la peau de bête,
le bâton croisillonné et l'agneau. |
Dans la brochure
Itinéraire du Patrimoine consacrée
aux retables de J.-B. Bouchardon, on apprend que
le parement du soubassement du retable (donné
en
gros plan à droite) est à l'imitation
du cuir de
Cordoue. On pense ainsi que l'autel qui sert de
soubassement au retable lui est antérieur. |
|
|
Saint Matthieu, saint Jean et leurs attributs dans le
tympan.
Atelier de Laurent-Louis Maréchal (1801-1887). |
La porte du tabernacle est ornée de l'Agneau
et des instruments de la Passion. Le tabernacle
de la chapelle
de l'Hôpital reprendra le même dessin. |
Le parement du soubassement du retable serait du XVIIe
siècle. |
|
|
Le retable de Jean-Baptiste Bouchardon date de 1709.
Il est posé sur un bel autel du XVIIe siècle. |
La
chapelle du Rosaire. Avant d'être placée
sous la tutelle spirituelle des frères prêcheurs
(moines dominicains) de Langres, cette chapelle était
le siège de la corporation des maîtres
tailleurs. Les deux peintures murales de la Vierge
du Rosaire et de la Femme
de l'Apocalypse, sur les murs latéraux de
l'entrée, portent d'ailleurs leurs armoiries.
Ces peintures, à l'iconographie très riche,
sont datées respectivement de 1577 et de 1581.
On en donne de très larges extraits plus
bas.
L'autre point intéressant de la chapelle d'axe
est bien sûr l'ancien maître-autel de l'église,
créé en 1709 par Jean-Baptiste
Bouchardon (1667-1742). C'est une pièce magnifique,
malheureusement placée dans un endroit sombre
qui ne la met pas en valeur. Au centre, sous l'entablement,
trône une Vierge à l'Enfant, au visage
sérieux, entourée du saint patron de l'église,
représenté en éphèbe, et
de saint Edme.
Derrière le retable, on aperçoit un intéressant
vitrail de l'artiste bisontin Joseph Beyer (3e
quart du XIXe siècle), vitrail consacré
à la Vierge. Malheureusement, le retable l'obstrue
en grande partie.
|
|
La Vierge à l'Enfant, détail.
Retable de Jean-Baptiste Bouchardon (1709). |
Saint Jean dans le vitrail de
Laurent-Louis Maréchal (1801-1887). |
Saint Edme dans le retable, détail.
Edme était archevêque de Canterbéry. |
|
Saint Edme dans le retable
Statue de Jean-Baptiste Bouchardon. |
Saint Matthieu dans le vitrail de
Laurent-Louis Maréchal (1801-1887). |
|
|
LA CHAPELLE AXIALE
DU ROSAIRE : LES PEINTURES DU XVIe SIÈCLE |
|
La peinture de la VIERGE AU ROSAIRE est datée de 1577.
Mur latéral de l'entrée de la chapelle du Rosaire. |
La Vierge du Rosaire : la mandorle centrale est ornée des symboles
des litanies (1577).
On reconnaît la Tour de David, le Miroir de justice, la Rose
mystique, la Maison d'or, etc. |
La Vierge du Rosaire en gros plan (1577). |
Saint Luc et saint Marc. |
|
La Vierge du Rosaire : Partie supérieure de la peinture
(1577).
Assomption, Couronnement et Annonciation. |
La Vierge du Rosaire : partie gauche de la peinture (1577)
Crucifixion et Résurrection.
«««---
À GAUCHE
Saint Luc et saint Marc
Atelier de Laurent-Louis Maréchal (1801-1887).
|
À DROITE ---»»»
La Vierge du Rosaire : détail de la partie droite
(1577)
La Circoncision. |
|
Saint Marc dans le vitrail de
Laurent-Louis Maréchal (1801-1887) |
|
|
La peinture de l'APOCALYPSE est datée de 1581.
Mur latéral de l'entrée de la chapelle du Rosaire. |
L'archange saint Michel contre le dragon.
Peinture de l'Apocalypse (1581). |
Priants devant le mont des Vierges
Peinture de l'Apocalypse (1581) |
|
L'Apocalypse, détail : La Bête et ses adorateurs.
À DROITE ---»»»
La peinture de l'Apocalypse (1581)
Partie centrale : la femme (qui personnifie Babylone). |
|
|
Peinture de l'Apocalypse : la Bête (1581) |
Clé de voûte de la chapelle du Rosaire. |
Peinture de l'Apocalypse : Le Père céleste entouré
du Tétramorphe et des vieillards. |
Le déambulatoire sud vu depuis la chapelle d'axe.
À gauche, la clôture qui ferme le chur (début
du XVIIIe siècle) aurait été dessinée
par J.-B. Bouchardon. |
LE PSEUDO-RETABLE
DU BAS-CÔTÉ NORD ET LE SÉPULCRE |
|
Pseudo-retable à l'entrée du Sépulcre.
Il a été constitué vers 1803 après
la destruction de la chapelle des Beaudricourt. |
Jésus appuyé sur la croix
Statue en bois par Jean-Baptiste Bouchardon. |
Le
pseudo-retable dans le bas-côté
nord est un montage artistique remontant à l'année
1803. Au XVe siècle, la mort empêcha Geoffroy
de Saint-Belin, bailli de Chaumont, de concrétiser
par un sépulcre dans l'église Saint-Jean-Baptiste,
sa vénération pour la mort et la résurrection
du Christ. C'est donc sa femme, Marguerite de Baudricourt,
qui va lancer en 1471 la construction d'une chapelle
dont le sépulcre actuel faisait partie. En plus
du sépulcre, elle s'étendait sur les deux
premières travées du bas-côté
nord. Une fois entré dans la chapelle «des
Baudricourt», on pénétrait dans
le sépulcre par la porte basse que l'on voit
dans la photo ci-dessus, une porte surmontée
d'un relief de la Sainte Face (non présenté
dans cette page). La chapelle fut détruite à
la Révolution avec tout son décor. Ne
restait plus que la petite pièce basse recevant
le Sépulcre.
C'est pour combler le vide provoqué par cette
destruction que le pseudo-retable a été
constitué vers 1803. On a utilisé des
éléments - présentés par
les historiens - comme provenant certainement d'établissements
religieux supprimés quelques années plus
tôt. Les trois statues en bois (Christ appuyé
sur la croix, Christ en croix et Vierge
de douleur) proviendraient de l'abbaye cistercienne
de Longuay, à 25 km de Chaumont. Le Christ
appuyé sur la croix et la Vierge de douleur
sont d'ailleurs attribués à Jean-Baptiste
Bouchardon.
Source : La Basilique
Saint-Jean de Chaumont,
Parcours du patrimoine.
|
|
Vue d'ensemble du Sépulcre. |
Le
Sépulcre. C'est une très
belle uvre d'art qui remonterait au début
du XVIe siècle, confinée dans un
petit espace entièrement peint. On y retrouve
les personnages traditionnels de la Mise au tombeau,
ainsi que d'autres dont l'identité porte
à discussion. Les armoiries des familles
des donateurs (les Baudricourt, les Saint-Belin,
les Amboise) figurent à la retombée
des voûtes et sur les parois. Les deux clés
de voûte méritent attention : la
Justice et la Clémence, assises sur leur
trône, président au jugement des
âmes. Leurs vêtements s'opposent de
manière singulière : resserré
pour la Justice, ample pour la Clémence.
Le Sépulcre lui-même comprend le
Christ mort et dix personnages. Tous sont à
taille réelle. Comme pour l'Arbre
de Jessé, ils pourraient être
l'uvre d'artistes rhénans. Plusieurs
choses frappent dès le premier regard :
il y a trop de personnages ; ils sont sur deux
rangs et, enfin, Marie-Madeleine occupe la place
centrale, entre la Vierge soutenue par saint Jean
à sa gauche et une sainte femme à
sa droite. Ce dernier point, que l'on retrouve
dans des Mises au tombeau lorraines, s'explique
aisément : les pèlerins venaient
devant le Sépulcre le jour du Grand
Pardon pour faire pénitence, à
l'imitation de Marie-Madeleine. Sa position centrale
est donc dévotionnelle. Quant à
Nicodème et à Joseph d'Arimathie,
si ce sont bien eux à la tête et
au pied du tombeau, ils n'ont pas la posture habituelle
des porteurs de corps. D'où une petite
polémique entre historiens sur l'identité
des personnages.
Hélène Billat, dans la brochure
de la collection Parcours du Patrimoine,
se refuse à identifier les deux personnages
richement vêtus qui encadrent le tombeau
avec des acteurs cités par les
|
|
Le Christ dans le linceul.
Sépulcre du début du XVIe siècle.
|
|
Écritures. D'autres
y voient bel et bien Nicodème et Joseph d'Arimathie.
D'autres encore optent pour des donateurs en costume
d'époque. Même constat pour les saintes
femmes. Deux d'entre elles pourraient en effet être
Marguerite de Baudricourt et sa fille, Catherine de
Saint-Belin. La notice affichée dans l'église
donne une interprétation hardie qu'il est utile
de rapporter. Elle explique le nombre inhabituel des
personnages (dix) par la présence de deux programmes
iconographiques successifs : l'Ensevelissement, mené
par Marguerite de Baudricourt, puis l'Onction, menée
par ses deux enfants et successeurs, Catherine de Saint-Belin
et Jean d'Amboise (leur mère étant morte
en 1501). Ainsi le programme de l'Onction aurait
rejeté aux deux extrémités du second
rang les deux porteurs de corps traditionnels de l'Ensevelissement.
Ceci afin de laisser la place aux mêmes personnages,
mais cette fois en train de parfumer le cercueil avec
leurs vases d'aromates. Les personnages de la première
Mise au tombeau auraient été créés
à la charnière entre le XVe et le XVIe
siècle ; les personnages de l'Onction,
une dizaine d'années plus tard. Conséquence :
Joseph d'Arimathie et Nicodème seraient présents
deux fois. Cette interprétation, qui met aussi
en avant le style différent des sculptures pour
justifier les deux programmes, est séduisante.
Le problème est que Joseph d'Arimathie et Nicomède,
au second rang, n'ont absolument pas la posture des
fossoyeurs telle qu'on la connaît dans les Mises
au tombeau traditionnelles. Voir, par exemple, la magnifique
Mise au tombeau de la collégiale Saint-Denis
à Amboise.
Alors, qui est représenté à la
tête et au pied du tombeau? Est-ce Joseph d'Arimathie
et Nicodème qui jouent les parfumeurs ou bien
des donateurs grimés à l'antique? Il est
probable que les historiens n'auront jamais la réponse.
Nous laissons les internautes faire leur choix.
Toujours est-il que cette Mise au tombeau n'est pas,
et de loin, la plus belle que l'on puisse voir dans
les églises françaises. Certes, les personnages
arborent des expressions très travaillées
(douleur, tristesse, repentir, recueillement, etc.),
mais il n'y a aucun mouvement d'ensemble qui les lie
: les deux «fossoyeurs» sont absents et
les regards des personnages ne forment pas un tout logique.
Les statues donnent l'impression d'avoir été
simplement placées les unes à côté
des autres. Pis ! on pourrait même les intervertir
sans rien perdre de l'effet dévotionnel ! On
peut sans crainte ajouter que ce qui est présenté
comme un «groupe» sculpté ne dégage,
dans sa globalité, aucune force artistique. Les
Mises au tombeau du XVIe siècle de la collégiale
d'Amboise, de l'église
du Saint-Sépulcre
à Montdidier
dans la Somme, de l'église Saint-Nizier
à Troyes
ou encore de la cathédrale Saint-Maclou
à Pontoise
apparaissent comme des uvres autrement plus dynamiques
et plus soudées.
L'ensemble du Sépulcre de Chaumont a été
restauré en 1969.
Sources : 1) La Basilique
Saint-Jean-Baptiste de Chaumont,
Parcours du patrimoine 2) À la découverte
de Chaumont, brochure de l'Office de tourisme ; 3) Notice
d'information sur le Sépulcre affichée
dans l'église.
|
|
|
Vierge de douleur par Jean-Baptiste Bouchardon, détail.
Pseudo-retable à l'entrée du sépulcre. |
Le Christ en croix
Statue en bois dans le pseudo-retable à l'entrée
du sépulcre. |
La Justice sur son trône dans une clé de voûte du Sépulcre. |
La Clémence sur son trône dans une clé de voûte
du Sépulcre. |
Le visage très expressif du Christ mort. |
|
Nicodème (?) versant des aromates dans le linceul. |
La Vierge du Sépulcre. |
Le «Crucifix des Cinq Plaies».
Cette allégorie fait référence à
la prière que récitaient les fidèles pour
échapper à une mort soudaine. |
Joseph d'Arimathie (?) versant des aromathes dans le linceul. |
Marie-Madeleine pénitente. |
|
|
Saint Jean |
Sainte femme au turban |
Le Sépulcre et ses peintures murales. |
Deux anges présentent les armoiries de donateurs.
Peinture XVIe siècle sur un mur de la petite pièce
qui accueille le Sépulcre. |
|
Vue partielle du Sépulcre.
Est-ce bien Joseph d'Arimathie qui verse des aromates dans le cercueil
ou est-ce un donateur habillé à l'antique? |
Un angelot portant un des blasons de la famille des donateurs. |
Sous la retombée médiane des arcs d'ogives, deux
angelots tiennent un blason avec les armoiries des Baudricourt. |
Joseph d'Arimathie (?) |
Sainte femme à la toque |
Sainte femme à la toque à genoux |
|
|
La nef de la basilique vue du chur. |
L'orgue de tribune est un Cavaillé-Coll de 1872. Le buffet
est du XVIIIe siècle. |
L'orgue
de tribune. Le buffet date du XVIIIe siècle,
plutôt la seconde moitié car les archives départementales
de la Haute-Marne possèdent un dessin du buffet de
l'église, daté de 1766, et qui est fort semblable
à celui que l'on peut voir. Un premier instrument fut
fabriqué à la même époque. Hors
d'usage, c'est le facteur Aristide Cavaillé-Coll qui
en reconstruisit un en 1872, travail sûrement facilité
par la construction, quelques années auparavant, d'une
tribune en pierre par Boeswillwald. Une remise à neuf
fut achevée en 1983.
Source : La Basilique Saint-Jean-Baptiste
de Chaumont, Parcours du
patrimoine.
|
|
Documentation : La Basilique Saint-Jean-Baptiste
de Chaumont, Parcours du Partrimoine, Champagne-Ardenne
+ Les retables de Jean-Baptiste Bouchardon, Itinéraire du Patrimoine
+ Guide la France religieuse et mystique
de Maurice Colinon, éditions Tchou
+ À la découverte de Chaumont, brochure de l'Office
de tourisme de Chaumont
+ Dictionnaire des églises de France, éditions Robert
Laffont, 1971
+ Documentation affichée dans la basilique. |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|