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Le quartier historique de Rouen, celui
que visitent les touristes, est assez réduit. Au XVIIIe siècle,
la ville s'est étendue au sud, sur la rive droite (églises
Saint-Sever
et Saint-Clément). Au XIXe, ce sont les quartiers ouest qui
se sont énormément développés avec l'implantation
d'usines et l'aménagement du port. Au niveau cultuel, les
habitants ne disposaient que des églises Sainte-Madeleine
et Saint-Gervais
et, à la fin du XIXe siècle, elles étaient
bien éloignées des maisons les plus récentes
construites à l'ouest. C'est pourquoi le curé de la
Madeleine
décida de faire bâtir un nouvel édifice religieux
au cur de ces nouveaux quartiers. L'archevêque de Rouen
chargea le vicaire de Saint-Gervais
de s'occuper de la maîtrise d'uvre. C'est à Lucien
Lefort (1856-1916), à l'époque architecte en chef
de la Seine-Inférieure, que l'on doit les plans de la nouvelle
église. Elle est conçue selon les règles du
style roman de la fin du XIe siècle, c'est-à-dire
une époque où la mutation vers le gothique se dessine,
par le déambulatoire et les voûtes d'ogives notamment.
La basilique du Sacré-Cur est une très belle
église, à la conception originale. Bâtie entre
deux routes, sur un terrain en trapèze, sa nef étroite
débouche sur un large transept et un vaste chur. Un
beau triforium parcourt toute la longueur de l'édifice. Des
fenêtres allongées en plein cintre éclairent
la nef, ce qui contraste avec les chapelles rayonnantes du déambulatoire,
plus basses, éclairées par des fenêtres en arcades
enrichies des vitraux de l'atelier rouennais Moïse.
L'architecte a fait du bon travail : déambuler autour du
chur permet réellement de goûter à un
parfum roman mâtiné de gothique, un charme original
pour une église construite de 1890 à 1912 ! Terminons
en ajoutant que l'église du Sacré-Cur a été
consacrée au titre de basilique mineure le 30 mai
1918.
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Vue d'ensemble de la basilique du Sacré-Cur à
Rouen. |
La façade est orientée à l'est.
Le clocher culmine à 55 mètres.
À DROITE ---»»»
Le tympan du portail reçoit une mosaïque d'Albert
Polart (1912) :
deux paons s'abreuvent à la Fontaine de vie. |
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Vue d'ensemble de la basilique. |
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L'élévation gauche de la nef et son
triforium.
On voit sur cette photo la caractéristique
architecturale de l'église : un triforium
largement
ouvert et reposant sur les voûtes en berceau
qui surplombent les bas-côtés.
Ce triforium fait le tour complet de l'intérieur
de l'édifice. |
Saint Paul, détail
Vitrail dans l'abside
vers 1900. |
Monument aux soldats morts pour la France
par André Lefort (1920). |
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Les Pèlerins d'Emmaüs
Vitrail de l'atelier Moïse (vers 1900). |
Les mosaïques de la chaire à prêcher
:
1) Saint Paul prêchant aux Athéniens
2) Saint Martin de Tours abat les arbres
sacrés en Gaule
uvres d'Albert Polart. |
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Statue du Sacré-Cur sur la façade
due à M. Tirant. |
Le clocher a été achevé en 1912. |
Le plan de la basilique du Sacré-Cur est fort
peu banal. L'architecte a dû composer avec
le tracé des rues adjacentes.
On se reportera avec intérêt à l'église
Saint-Augustin
à Paris, construite elle aussi sur un terrain en trapèze. |
Mosaïque de la chaire à prêcher :
Le Christ Semeur de la Bonne Nouvelle
uvre d'Albert Polart. |
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La chaire à prêcher (fin du XIXe siècle)
et ses panneaux en mosaïque d'Albert Polart. |
Élévations dans le chur et vue sur le transept
droit. |
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Monument aux soldats morts pour la France (guerre de 14-18),
détail
par André Lefort, 1920. |
Sainte Geneviève exhortant les Parisiens à la
lutte
Atelier Moïse, Rouen, vers 1900.
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Sainte Jeanne d'Arc appelée par les voix
Atelier Moïse, Rouen, vers 1900. |
Les vitraux
de la basilique du Sacré-Cur
illustrent bien sûr des scènes traditionnelles
de l'iconographie catholique : la vie de la Vierge,
la vie de l'Enfant Jésus et des épisodes
de saints français illustres. La plupart ont
été réalisés par l'atelier
rouennais Gustave Moïse dans les années
1890-1910. Les quatre verrières de l'abside qui
entourent le vitrail
central posé en 1991 (Apparition de Jésus
à sainte Marguerite-Marie) sont dues à
l'atelier Boulanger. On constate en effet que
le style est légèrement différent
de ceux de l'atelier Moïse.
Toutefois certains vitraux relatent des scènes
originales : saint
Joseph taillant dans l'écorce d'un gros morceau
de tronc d'arbre ; la Vierge
portant une cruche sur la tête ; le Bon
Pasteur portant un casque colonial. Enfin le vitrail
du Sacré-Cur,
dédié au commerce et à l'industrie,
expose deux belles scènes de la ville de Rouen
vers l'année 1900, dignes de retenir l'attention
des historiens : une vue du port et une vue des usines
du quartier ouest. S'il est intéressé
par l'iconographie et l'histoire de Rouen, le visiteur
de la basilique ne devra pas négliger les vitraux.
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LE TRANSEPT DE
LA BASILIQUE DU SACRÉ-CUR |
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Le transept gauche avec sa grande verrière de la Crucifixion
et la fresque de Paul-Hippolyte Flandrin (1856-1921). |
«Le Don de l'Eucharistie», détail
Fresque de Paul-Hippolyte Flandrin (1856-1921). |
La grande verrière de la Nativité
dans le transept droit.
Atelier Moïse, vers 1900. |
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LE CHUR
DE LA BASILIQUE DU SACRÉ-CUR |
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Vue d'ensemble du chur.
Le maître-autel est dominé par une statue du Sacré-Cur
en marbre blanc (à gauche) due à Eugène Bénet
(1903).
Les arcades en plein cintre qui ceinturent le chur et le transept
possèdent des écoinçons ornés de beaux
bas-reliefs illustrant des symboles du catholicisme. |
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Vue d'ensemble du transept gauche et du chur. |
Sainte-Marie Madeleine au pied de la croix.
Vitrail de l'abside droite
(Atelier Boulanger, Rouen) |
La Vierge, saint Jean et une sainte femme.
Vitrail de l'abside droite
(Atelier Boulanger, Rouen) |
La partie haute du chur.
Le vitrail central est contemporain. Il illustre une apparition
du Christ à sainte Marguerite-Marie
selon le modèle visible à la chapelle du Couvent
des Surs de la Visitation à Paray-le-Monial. |
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Statue du Sacré-Cur au centre de l'abside
par Eugène Bénet. |
L'orgue de chur
Fin du XIXe siècle. |
Jésus et les quatre évangélistes dans le
sous-bassement du maître-autel.
Bronze doré, uvre d'Alphonse Guilloux. |
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Ce beau vitrail présente quatre saints locaux qui
ont marqué l'histoire religieuse de la Normandie :
SAINT OUEN, SAINT VANDRILLE
SAINTE HILDEMARQUE
(première supérieure de l'abbaye
de Fécamp)
et SAINT VANINGUE
Vitrail de l'atelier Gustave Moïse, Rouen, 1903 . |
LE DÉAMBULATOIRE
ET LES CHAPELLES RAYONNANTES |
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Le déambulatoire gauche et les chapelles Saint-Fiacre et Saint-Joseph. |
La chapelle rayonnante Saint-Joseph et ses quatre vitraux de la Sainte
Famille. |
Saint Joseph artisan. |
Jésus charpentier. |
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Jésus aide son père. |
La Vierge à la cruche. |
Quatre vitraux du tout
début du XXe siècle sur la vie de la Sainte Famille
(atelier Gustave Moïse, Rouen, vers 1900). |
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La Sainte
Famille. Le vitrail de droite représente
vraisemblablement la Vierge portant une cruche sur la tête
(scène habituelle au Proche-Orient à l'époque
de Jésus). Néanmoins ce vitrail est fort peu
courant. L'auteur du carton a-t-il dû obtenir un accord
express de l'évêché avant de traduire
son projet en vitrail? L'histoire ne le dit pas. Concernant
ces attitudes peu banales de la Vierge, on se reportera à
un autre vitrail du XIXe siècle, représentant
la Sainte Famille, à l'église Notre-Dame-la-Riche
à Tours.
On y voit la Vierge en train d'applaudir, toute fière,
les prouesses du jeune Jésus ouvrier.
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Vitrail du Sacré-Cur
consacré au Commerce et à l'Industrie 1901. |
Saint Jacques le Majeur
Vitrail de l'atelier Moïse, vers 1890. |
Statue de sainte Rose de Lima
Art populaire. |
Statue de saint Fiacre
Chapelle Saint-Fiacre. |
À DROITE ---»»»
Chapelle rayonnante de la Vierge
Les quatre vitraux principaux sont reproduits ci-dessous.
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Le port de Rouen
Vitrail du Sacré-Cur.
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Les usines de Rouen
Vitrail du Sacré-Cur . |
Le vitrail
du Sacré-Cur, donné
à gauche et que l'on peut voir dans
la chapelle Saint-Joseph et des travailleurs,
a été offert par Mesdemoiselles
Marie-Louise et Henriette Hesse en 1901.
Dans le panneau central, le phylactère
du haut porte la mention «Union fraternelle
du Commerce et de l'Industrie» ; celui
du bas porte la devise «Tout par le
Sacré-Cur». Ajoutons
que le cur a été dessiné
selon les indications données par
sainte Marguerite-Marie.
Ce vitrail est consacré à
l'industrie rouennaise de la fin du XIXe
et du début du XXe siècle,
une industrie qui s'est amplement développée
dans le quartier ouest de la ville - là
où se trouve l'église - en
bénéficiant de la présence
du port. L'histoire ne dit pas qui étaient
les demoiselles Hesse (sans doute des membres
d'une grande famille industrielle de la
ville). Dans les panneaux du haut et du
bas de ce très beau vitrail, deux
médaillons représentent des
scènes instructives pour les historiens
: une vue du port de Rouen vers 1900 et
une vue des usines rouennaises.
Le thème de la glorification du travail
apparaît encore dans cette même
chapelle Saint-Joseph, au niveau du maître-autel
: Tirant a réalisé un bas-relief
dans le soubassement qui illustre Jésus
bénissant le Commerce et l'Industrie
(voir ci-dessous
à droite).
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Chapelle Saint-Baptiste-de-la-Salle. |
Le Bon Pasteur (avec un casque colonial !)
Atelier Moïse, Rouen, vers 1900. |
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Statue de saint Jean-Baptiste-de-la-Salle
Fin du XIXe siècle. |
Saint Stanislas Kostka (?), détail. |
Qui
est le saint mystérieux,
portant l'Enfant-Jésus dans ses bras,
donné ci-dessus? Il n'y a pas de
nom sur le socle et le visage poupin ne
correspond guère à celui d'Antoine
de Padoue, nom qui vient à l'esprit
quand l'Enfant-Jésus est porté
dans les bras. C'est bien sûr la piste
iconographique à suivre. Est-ce saint
Stanislas Kostka? Né à
Rostow en 1550, Stanislas devient novice
jésuite et part pour Rome où
il meurt à dix-huit ans. Il est représenté
en costume de la Compagnie de Jésus
ou en pèlerin. Le personnage de la
statue porte le surplis, vêtement
de chur traditionnel des clercs
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---»»» et
des laïcs qui servent la messe (comme
les enfants de chur). Stanislas Kostka
est donc une réponse plausible.
Saint Félix de Cantalice Porri?
Frère mineur capucin né en
1515 et mort à Rome en 1587, cet
ouvrier agricole reçoit d'un ange
l'ordre d'entrer au couvent. Il restera
quêteur à Rome pendant quarante
ans. À cette époque, où
la Contre-Réforme bat son plein,
il sera proche de Philippe de Néri
et de Charles de Borromée. Félix
est d'ordinaire représenté
avec le costume de l'ordre, parfois avec
une besace sur l'épaule gauche. Il
n'y a pas de raison de le sculpter en jouvenceau
et en surplis. Est-ce Conrad d'Offida?
Né en 1241 à Offida (Italie),
frère mineur entré chez les
Franciscains et mort à Bastia en
1306, Conrad sera très actif dans
le mouvement spirituel de l'ordre. Il est
représenté avec le costume
de franciscain et son iconographie est proche
de celle de saint Antoine de Padoue. Il
n'y a pas de raison non plus de le sculpter
jeune et en surplis.
De ces quatre saints que l'iconographie
associe avec l'Enfant-Jésus porté
dans les bras, Stanislas Kostka, parce que
mort à dix-huit ans, paraît
le seul choix possible. Il est étrange
que le sculpteur n'ait pas gravé
de nom sur le socle. Voulait-on proposer
une énigme aux prélats et
aux fidèles du futur?
Source : Dictionnaire
iconographique des saints
de Bernard Berthod et Élisabeth Hardouin-Fugier
aux Éditions de l'Amateur.
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Maître-autel en pierre et bronze doré
Chapelle Saint-Joseph et des travailleurs
Fin du XIXe siècle. |
«Jésus bénissant le Commerce et l'Industrie»
par Tirant
Bas-relief de l'autel Saint-Joseph. |
Le déambulatoire |
Épisode de la vie de saint Antoine de Padoue
Le miracle de la mule (atelier Moïse, Rouen, vers
1900)
Voir le récit du miracle à l'église
Saint-Antoine-de-Padoue
au Chesnay, près de Versailles. |
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LES VITRAUX DE
LA CHAPELLE DE LA VIERGE, atelier Moïse, vers 1900 |
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Jésus parmi les docteurs de la Loi
Vitrail de gauche |
Jésus parmi les docteurs de la loi
Vitrail de droite |
L'Annonciation :
La Vierge |
L'Annonciation :
L'Archange Gabriel |
Chapelle rayonnante Saint-Fiacre, des maraîchers et des
fleuristes. |
Jésus au jardin des Oliviers ou «vitrail de l'agonie»
Atelier Moïse, Rouen, vers 1900. |
L'Assomption
Atelier Moïse, Rouen, vers 1900. |
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Saint Dominique reçoit le Rosaire
Vitrail de l'atelier Moïse, Rouen, vers 1900. |
Piéta en face de la chapelle axiale. |
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Saint Filleul
XVe évêque de Rouen. |
Le déambulatoire droit.
Mis à part les moellons sur les murs, l'atmosphère médiévale
du style roman est assez bien rendue. |
Jeanne d'Arc. |
La nef et la tribune d'orgue vus du chur. |
Documentation : «Églises de Rouen»
d'Edgard Naillon, éditions Defontaine, Rouen, 1941
+ «Histoire de Rouen» d'Henry Decaëns, éditions
Jean-Paul Gisserot
+ feuillets descriptifs sur la basilique consultables dans l'église |
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