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Page créée en juil. 2023
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Voir le transept et ses vitrauxVoir le chœur de la cathédraleVoir les chapelles du déambulatoireVoir la chapelle de la Mère de Dieu et ses vitraux
La Vierge donnant un scapulaire à saint Simon Stock, détail

Avant la Révolution, la ville d'Évreux comptait huit églises paroissiales, dix chapelles et six monastères. Les XIXe et XXe siècles auront été fatals aux édifices religieux, notamment la seconde guerre mondiale : il ne reste actuellement plus que la cathédrale Notre-Dame et l'église Saint-Taurin.
Au cours des âges, la cathédrale a connu les vicissitudes issues de la rivalité entre les rois de France et les ducs de Normandie, devenus rois d'Angleterre. L'édifice est mentionné pour la première fois en 912 dans la Chronique de Guillaume de Jumièges. Vraisemblablement reconstruit au XIe siècle, il est incendié en 1119 par Henri Ier Beauclerc, roi d'Angleterre. L'église est reconstruite en style roman entre 1125 et 1140 (il nous en reste les grandes arcades de la nef).
En 1195, le roi Jean sans Terre, voulant montrer qu'il savait être impitoyable avec les Français, se couvre de félonie en faisant assassiner trois cents ébroïciens qu'il avait invités à un banquet dans la ville. Philippe Auguste réplique et fait incendier Évreux. Richard Cœur de Lion, revenu de captivité, reprend la ville, mais le roi de France s'en empare en 1198 et la fait à nouveau incendier.
Dans les années 1230-1240, la nef de la cathédrale est reconstruite en gothique rayonnant par Gauthier de Varinfroy. Puis, dédaignant le transept, c'est le chœur qui est à son tour rebâti selon une large structure qui englobe l'ancienne. Les travaux s'achèvent au début du XIVe siècle. Le nouveau chœur est maintenant ceinturé par un déambulatoire enrichi de chapelles. Dans les décennies 1310-1320, on élève une série de chapelles entre les arcs-boutants de la nef. C'est toujours le style du gothique rayonnant qui domine.
Lors de la guerre de Cent Ans, la cathédrale est brûlée en 1356. Elle ne sera restaurée que sous Louis XI, plus d'un siècle après, avec l'ajout d'une vaste chapelle axiale, dite de la mère de Dieu. Au début du XVIe siècle, l'architecte Jean Cossart termine la splendide façade du croisillon nord et son portail, tandis qu'une nouvelle flèche se dresse au-dessus de la tour-lanterne. Cette flèche est une merveille de charpenterie recouverte de plomb et peinte de bandes bleues et blanches. Elle va rester dans l'Histoire sous le nom de clocher d'argent. Puis la tour sud de la façade occidentale est restaurée. Enfin, au XVIIe, c'est la tour nord de cette même façade qui est achevée.
À la Révolution, la cathédrale subit quelques dommages : martèlement du tympan de la façade nord ; destruction des statues ; une partie du mobilier est vendue aux enchères ; plusieurs pièces du trésor sont fondues. L'édifice, laissé sans entretien, se dégrade. Durant les années 1870, l'architecte Darcy entreprend une vaste restauration aux résultats largement décriés (voir l'encadré sur l'architecture extérieure).
En 1940, l'aviation allemande se charge de sa part de destructions : le 11 juin, la cathédrale est la proie des flammes. L'incendie détruit - entre autres - le splendide buffet d'orgue du XVIIIe siècle et le clocher d'argent. Enfin, en août 1983, un ouragan endommage une partie de la verrière du chœur.
La taille imposante de la cathédrale d'Évreux (108 mètres de long) suffit pour que les périls qu'elle a traversés ajoutés aux transformations de style (roman --» gothique rayonnant --» gothique flamboyant) créent des zones d'ombre dans son histoire. Ce qui provoque des désaccords entre historiens. On pourra ainsi voir plus bas le problème posé par la nature incertaine de la voûte de la nef romane. Le passage de rayonnant à flamboyant du fenestrage des chapelles de la nef (voir plus bas) a également suscité des commentaires.
Au Moyen Âge, Évreux n'était pas une ville riche. Un chantier aussi important que celui de la cathédrale se heurta à un manque chronique de fonds. À de multiples reprises, l'évêque d'Évreux dut en appeler à la promulgation d'indulgences papales pour provoquer les dons et faire avancer les travaux (voir le financement de l'édifice en page 2).
Le règne de Louis XI marque une différence heureuse : Notre-Dame put bénéficier des libéralités du souverain qui lui attribua une partie de la gabelle perçue en Normandie.
La cathédrale Notre-Dame d'Évreux est riche de très nombreux vitraux : elle a conservé toute sa vitrerie du XIVe siècle et, à ce titre, possède la plus belle collection en France. On peut même y suivre l'historique du vitrail du XIIIe au XVe siècle. Les cinq pages qui sont consacrées à l'édifice dans ce site s'étendent très largement sur cette richesse artistique avec de très nombreuses photographies.

La Vierge de l'Annonciation dans la baie 129, détail

Page 1 : l'extérieur, la nef et ses chapelles latérales
Page 2 : le transept et ses vitraux
Page 3 : le chœur et les vitraux de ses fenêtres hautes

Page 4 : le déambulatoire et ses chapelles
Page 5 : la chapelle de la Mère de Dieu

Vue générale de la cathédrale d'Evreux
Vue générale de la cathédrale d'Évreux.
La nef, assez étroite, date de l'époque romane. La hauteur sous voûte est de 21,75 mètres.
Les incendies vengeresses ordonnées par Philippe Auguste (décennie 1190) n'ont pas dégradé le premier niveau d'élévation.
Les deux autres niveaux de la nef ont été reconstruits dans la première moitié du XIIIe siècle.
L'EXTÉRIEUR DE LA CATHÉDRALE NOTRE-DAME

La façade occidentale de la cathédrale vue depuis la rivière Iton.
La tour sud (la moins haute) a été remaniée au XVIe siècle dans le style Henri II.
La tour nord a été achevée au XVIIe siècle.
La beauté extérieure de la cathédrale est en fait
concentrée dans la façade du bras nord du transept.

Rose de la façade occidentale.

Portail de la façade occidentale.
Avant la Révolution, loin d'être décharné, ce portail était orné de sept statues.

Architecture extérieure (2/2).
---»» Le projet de Denis Darcy prévoyait de s'attaquer aussi aux voûtes et aux pinacles du chœur et du transept. Étroitement surveillé cette fois, il dut se contenter d'une simple restauration...
Si vous êtes devant la cathédrale d'Évreux, ne manquez pas d'aller observer cette étrangeté médiévale conçue par un ignorant du XIXe siècle : des gargouilles nichées dans des dais ! Photo plus bas.
Heureusement, le temps n'a pas ôté les petites sculptures gothiques qui ornent l'arc des baies de la nef au nord et au sud. On y trouve des animaux fantastiques (photos plus bas). Différence notable entre le nord et le sud : les baies nord sont prolongées par un imposant gâble triangulaire (voir photo) que l'on ne retrouve pas dans les baies sud.
Chevet. Bien que restauré régulièrement au cours des âges, le chevet a dans l'ensemble gardé son aspect du XIIIe siècle. Avec ses garde-corps, ses arcs-boutants, ses clochetons, ses pinacles flamboyants, le chevet ressemble à «une sorte de forêt de pierre» pour reprendre l'expression d'Annick Gosse-Kischinewski. À l'origine, les arcs-boutants du chevet étaient à double volée. Il y avait donc deux arcs dans le prolongement l'un de l'autre et ils se rejoignaient dans une culée intermédiaire (ce qui devait rendre la «forêt de pierre» encore plus touffue). Sous Louis XI, l'arc extérieur a été fondu avec les deux culées auxquelles il s'accrochait, ce qui augmente la part de la maçonnerie et diminue l'élégance de l'ensemble. Voir la photo plus bas.
Sources : 1) La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat, Les Colporteurs, 1997 ; 2) Haute-Normandie gothique d'Yves Bottineau-Fuchs, Éditions Picard, 2001 ; 3) Les plus belles cathédrales de France de l'abbé J.-J. Bourassé, Alfred Mame et Fils Éditeurs, 1880.


Le sommet de la tour sud de la façade ouest et son garde-corps.

Les garde-corps.
Il est parfois utile de regarder avec une paire de jumelles les multiples garde-corps d'une cathédrale : ceux qui enserrent le sommet des tours ou la base de ses voûtes ; ou encore ceux qui couronnent les chapelles extérieures. On s'aperçoit parfois que les architectes ont créé des dessins différents dans les grandes parties du monument, comme pour mieux séparer ces parties visuellement.
Une grande église médiévale étant rarement élevée par un seul architecte, chaque intervenant aura voulu mettre sa griffe. À la cathédrale d'Évreux, chaque partie de l'édifice a un dessin propre pour son garde-corps.
Ci-dessus, celui de la tour sud (qui possède deux dessins différents) a été complété après la destruction due à l'incendie du 11 juin 1940.


Vue d'ensemble de la cathédrale Notre-Dame.
Sur la droite, le palais épiscopal.

Architecture extérieure (1/2).
Quand on regarde la cathédrale depuis le nord ou le sud, ce qui l'étonne, c'est la grande différence de hauteur entre la nef et le chœur. Ces éléments correspondent en fait à des époques de construction différentes.
Façade ouest. On a l'habitude de juger la beauté d'une cathédrale par sa façade occidentale. Mais, pour celle d'Évreux, le critère n'est pas correct. Érigée entre la fin du XVIe siècle et le milieu du XVIIe par différents architectes, elle manque cruellement d'homogénéité : trois étages à la tour nord ; cinq à la tour sud ; larges pilastres ; colonnettes simples ou doubles et un réseau de niches vides. La façade est présentée comme un mélange de styles Renaissance et classique... qu'il n'est pas évident de reconnaître. Quel serait l'effet produit avec des statues ? Il faudrait un dessin conçu par ordinateur pour le savoir. Ce que l'on voit donne l'impression d'être l'esquisse d'une façade en devenir. Seul le beau dessin de la rose ouest (ci-dessous à gauche) essaie de racheter l'ensemble.
Façade nord. Elle termine le bras du transept et c'est aussi l'élément le plus intéressant de la partie extérieure (voir photo). L'élévation est en gothique flamboyant. Érigée par Jean Cossart au tout début du XVIe siècle, elle présente, à la base, un grand portail (dont la Révolution a martelé le tympan), puis une succession de balcons et de gâbles ainsi qu'une grande rose. Les deux tourelles à six pans qui l'encadrent, gorgées de niches, de dais et de consoles gothiques, abritent les escaliers. Elles sont surmontées de lanternons dressés sur encorbellement. Ces parties hautes ont été très décorées par les sculpteurs sur pierre (voir un exemple plus bas). Il est dommage que, depuis le sol, on ne voie rien ! Les vantaux des portes sont du XVIe siècle.
La superposition des arcatures rend cette façade très élégante. Les pignons qui prolongent le portail et la rose invitent l'observateur à lever les yeux vers le ciel pour admirer, tout en haut, le clocher d'argent, nom que l'Histoire a donné à la flèche qui domine la tour-lanterne. Jean Cossard a créé une façade avec un puissant effet de verticalité et qui est considérée, à juste titre, comme l'une des plus belles de France.
Une des caractéristiques de cette façade est que le sommet du gâble qui surmonte le portail empiète sur la base de la rose. On retrouve un dessin similaire dans deux édifices rouennais : la façade ouest de Saint-Ouen et les bras nord et sud de la cathédrale Notre-Dame.
Ces éléments architecturaux n'ont toutefois pas suffi à donner à la cathédrale d'Évreux une place bien à elle au sein des monuments remarquables de France. En 1880, dans son ouvrage Les plus belles cathédrales de France, l'abbé Bourassé, en faisant référence à l'équipe de dessinateurs du baron Taylor, s'en désole : «Les auteurs des Vues pittoresques et romantiques de l'ancienne France, écrit-il, n'y ont rien vu qui la distingue des constructions du même genre et de la même époque, et ont négligé de nous en donner une description étendue. C'est un oubli injuste que nous ne pouvons expliquer.» Pour sa part, le prélat attribue à la cathédrale un «rang honorable».
Nefs nord et sud. Les élévations du premier niveau avec leurs contreforts ont été refaites au XIXe siècle. Pour les historiens, c'est l'exemple de restaurations à ne pas faire (!) Déjà, à l'époque, conscients de voir une véritable hérésie architecturale souiller l'édifice, les contemporains ont tenté de s'y opposer, mais rien n'y a fait.
Examinons les faits.
Sous le Consulat, la cathédrale se trouve dans un état de délabrement pitoyable. Des restaurations sont entreprises grâce aux fonds gouvernementaux : parties basses des tours ; clocher ; portail nord ; garde-corps et pinacles au-dessus des chapelles ; reprises des voûtes ; reprise des terrasses autour du chœur.
En 1871, un petit bloc de mortier et de pierre, posé en 1806, se détache et tombe dans la nef. Ce petit incident va être à l'origine de «travaux catastrophiques», selon l'expression d'Yves Bottineau-Fuchs dans son livre Haute-Normandie gothique. La cathédrale a beau avoir été classée parmi les Monuments historiques en 1862, l'architecte diocésain (un certain Denis Darcy) soumet en 1872 un projet de restauration des voûtes, des arcs-boutants et de la couverture des bas-côtés qui correspond plutôt à une reconstruction complète ! Darcy veut supprimer les arcs-boutants médiévaux à double volée pour les remplacer par un arc à simple volée terminé par une culée massive (voir la photo plus bas). Pour cela, il faut démolir les voûtes médiévales des bas-côtés !
Des voix s'élèvent pour s'opposer à ce projet destructeur, ce qui pousse le ministre à demander un nouvel examen. Malheureusement, Darcy, soutenu par Viollet-le-Duc, obtient gain de cause. En août 1874, les démolisseurs entrent en action. Et l'incompétence de Darcy éclate au grand jour. «Les nouveaux arcs sont non seulement grêles, mais réalisés dans un calcaire jaunâtre qui jure considérablement avec la blanche pierre de Vernon», écrit Annick Gosse-Kischinewski dans l'ouvrage La cathédrale d'Évreux.
Le pire est à venir : Darcy ne connaît pas grand-chose aux symboles de l'architecture médiévale. Son système de «double pinacle» exhibe des gargouilles placées sous des dais. Ce qui est vu comme un scandale ! Une gargouille sous un dais ! Annick Gosse-Kischinewski cite un extrait de la Note sur la cathédrale d'Évreux rédigée à l'époque par l'abbé Pierre-François Lebeurier. Celui-ci écrit : «Au-dessus de chacune des gargouilles, cet architecte a eu l'idée monstrueuse de placer un dais comme on en met sur les têtes des saints... Tout le monde sait que dans le symbolisme religieux du Moyen Âge, les gargouilles représentent le démon et ses instruments... Mais qu'importe le symbolisme à un architecte diocésain ? Il se croit assez puissant pour canoniser la bête immonde, et les saintes gargouilles d'Évreux sont en train de devenir légendaires.»
---»» Suite 2/2 ci-dessous à gauche.


Tour nord de la façade occidentale : les doubles colonnes alternent avec des niches vides.
Début du XVIIe siècle.

Côté nord de la cathédrale d'Évreux : bras du transept, nef, tour occidentale.
Datée de 1504, la façade en gothique flamboyant est l'œuvre de l'architecte Jean Cossart.
Elle est considérée comme l'une des plus belles de France.
Lithographie du XIXe siècle.
On remarquera le clocher octogonal sur la tour sud de la façade occidentale.
Ce clocher a été détruit en 1940. Jugé disgracieux, il n'a pas été reconstruit.

Le beffroi qui surmonte le «Gros Pierre» a un petit air florentin.

Le beffroi du «Gros Pierre».
La tour nord, appelée le Gros Pierre, est l'œuvre de l'architecte parisien, François Galopin. Achevée vers 1631, elle présente trois étages séparés par de larges entablements (voir photo de la façade ouest, plus haut). La verticalité de la tour est très fortement prononcée par les pilastres et les colonnes qui relient les entablements.
Le beffroi (ci-contre) qui surmonte le dernier étage n'est pas banal : avec son dôme, il distille une petite atmosphère florentine ! Le premier niveau, de plan carré, percé de larges baies, abrite les cloches de la cathédrale. Le second, de forme polygonale, est ouvert de quatre lancettes. Le dôme qui le surmonte se termine par un lanternon.
Le beffroi que l'on observe n'a plus une pierre qui vienne de la Renaissance. L'incendie de juin 1940 a fait subir de gros dégâts à la tour nord. Ses parties supérieures se sont effondrées. Le beffroi a été reconstruit selon les plans disponibles et les photographies. Ce n'est qu'en 1969 que la restauration du Gros Pierre a été achevée.


Détail d'une étonnante suite de modillons sur la tour sud
de la façade occidentale, achevée vers 1573.

Le CLOCHER D'ARGENT
Il culmine à 78 mètres.
Comme le beffroi qui surmonte le Gros Pierre, la flèche de la tour-lanterne est moderne. Détruite lors de l'incendie de juin 1940,
elle a été entièrement reconstruite après la guerre.
La flèche est surmontée d'un beau coq doré qui sert de girouette.

La façade nord de la cathédrale d'Évreux.
Photo prise avant la restauration des années 2010-2020.

Tourelle de la façade nord de la cathédrale : lanternon sommital et encorbellement
La façade nord a été érigée au tout début du XVIe siècle.
Ici, le garde-corps de l'encorbellement est tréflé.

Tourelle de la façade nord de la cathédrale : détails des sculptures en gothique flamboyant au niveau de l'encorbellement.
Depuis le sol, il faut une paire de jumelles pour admirer cette ornementation.

La rose de la façade nord est l'œuvre de Jean Cossart au début du XVIe siècle.

La tour-lanterne ---»»» Toute la structure au-dessus de la baie gothique, détruite en 1940, a été refaite à partir des plans de la restauration du XIXe siècle et d'anciennes photographies.
Des pédicules surmontés d'une statue accompagnent les baies du dernier étage de cette tour. Ces statues ont été détruites (ou décapitées) en 1793 par un dénommé Thibault, un révolutionnaire dont l'Histoire a retenu le nom.
Au-dessus de la tour-lanterne s'élève le clocher d'argent.


Partie haute de la tour-lanterne.
On remarquera le dessin du garde-corps à la naissance de la flèche.

Le portail nord de la cathédrale d'Évreux
Toile d'Henri Shäfer (1833-1916)
Musée d'Histoire, d'Art et d'Archéologie d'Évreux.

Un des deux vantaux des portes de la façade nord.
Moitié supérieure, XVIe siècle.
Les panneaux ont perdu leurs bas-reliefs à la Révolution.

Élévations nord de la nef.
Les baies du premier niveau sont prolongées chacune d'un imposant gâble
que l'on ne retrouve pas sur les baies du côté sud.

On ne le voit qu'avec une paire de jumelles : la girouette
au sommet de la tour-lanterne est un beau coq doré stylisé.

Rose sur le bras sud du transept.

Partie sud de la cathédrale : tour occidentale, nef et bras sud du transept.
Les baies du premier niveau de la nef ne sont pas prolongées par un gâble triangulaire comme celles du côté nord.
Il faut consacrer un peu de son temps de visite à regarder les animaux fantastiques qui ornent l'arc des baies au premier niveau.
Six exemples de sculptures gothiques sur les baies du premier niveau de la nef


«««--- Côté sud de la nef, détail.
Conçues par l'architecte Darcy, les modifications des voûtes
des bas-côtés et des contreforts firent scandale en 1874.

Des gargouilles sous des dais !
Avec la destruction des voûtes médiévales des bas-côtés, cette interprétation de l'architecte Darcy
du symbolisme médiéval fit scandale en 1874 :
les dais sont réservés aux saints ; les
gargouilles, représentant le Mal, n'y ont pas droit.

Les architectes n'ont pas à imposer leur système. Pour son projet, l'architecte Darcy était soutenu par Viollet-le-Duc, créateur d'un système de restauration totalement remis en cause au XXe siècle. À l'époque de cette «restauration», de nombreuses voix s'étaient déjà élevées - en opposition totale à la pensée de Viollet-le-Duc - contre ce qui était regardé comme un saccage de la cathédrale d'Évreux.
En 1874, l'archéologue Léon Palustre rappela dans une chronique (citée par Annick Gosse Kischinewsky dans La cathédrale d'Évreux, 1997) qu'un architecte doit respecter l'édifice qu'il est chargé de conserver et, en aucun cas, ne chercher à imprimer sa marque par des modifications personnelles. C'était clairement prendre position contre Viollet-le-Duc. En 1875, Léon Palustre prit la suite d'Arcisse de Caumont à la direction de la Société française d'Archéologie.


La cathédrale Notre-Dame d'Évreux vue du chevet.
Au premier plan : la chapelle de la Mère de Dieu érigée sous Louis XI.

Le chevet de la cathédrale d'Évreux et sa «forêt de pierre».
La chapelle de la Mère de Dieu est cachée par l'arbre de gauche.

Le chevet et son système d'arcs-boutants refait sous Louis XI (1461-1483).

Une volée d'arc-boutant du chevet rajoutée sous Louis XI.
Étonnante façon de fixer un arc-boutant
pour consolider une élévation !

La seconde volée ajoutée sous Louis XI.
Sous Louis XI, les architectes supprimèrent les doubles volées des arcs-boutants du chevet au profit d'une paire de volées simples. Après avoir créé une forte culée en amalgamant les deux culées qui recevaient l'arc extérieur, il a fallu rajouter une volée au niveau du triforium pour consolider l'élévation (ce que montre la photo au-dessus). On ne peut qu'être étonné par la façon brutale dont cette volée vient reposer sur la galerie de pierre !
Dans son ouvrage La Cathédrale d'Évreux (1997), Annick Gosse-Kischinewski écrit à ce sujet : «De cette forte culée, les architectes du XVe siècle ont fait jaillir un arc-boutant supplémentaire destiné à épauler l'étage du triforium, créant ainsi une double batterie. Ce nouvel arc, dont la tête s'ajoute d'un motif flamboyant, s'appuie sur le mur gouttereau par l'intermédiaire d'un léger encorbellement décoré de feuillages et de courtes arcatures trilobées aux moulures aiguës.»
Elle ne dit rien de la volée qui vient écraser la frise trilobée qui serpente au bas des hautes fenêtres...


Vue de la cathédrale d'Évreux ---»»»
Georges Anquetin
Huile sur toile, début du XXe siècle.

Les lys de la chapelle de la Mère de Dieu ---»»»
Les révolutionnaires de 1793 se sont appliqués à effacer ou marteler les symboles royaux et toutes les armoiries de la noblesse partout où ils les trouvaient. La cathédrale Notre-Dame semble faire exception à la règle. Dans l'ouvrage La cathédrale d'Évreux (1997), l'historienne du vitrail Françoise Gatouillat écrit à propos des verrières de l'édifice que «les nombreuses armoiries qui y sont conservées prouvent que nul n'a essayé d'y effacer les marques de "l'ancienne tyrannie".» Comme à Chartres, peut-être n'y eut-il pas au sein de la population ébroïcienne le moindre excité susceptible d'entraîner derrière lui d'autres casseurs.
Toujours est-il que le tympan des cinq baies du chœur de la chapelle de la Mère de Dieu affiche un grand lys royal en son centre. Le tympan des quatre grandes autres baies en affiche trois. Rien ne les a détruits à la Révolution. Faut-il mettre cette sauvegarde au crédit d'une population paisible ou bien considérer que ces lys, bien visibles, étaient architecturalement indestructibles ?


Le remplage des baies du chœur de la chapelle
de la Mère de Dieu arborent un lys royal.
Et trois lys sur les quatre baies
plus larges des côtés nor det sud.

La chapelle de la Mère de Dieu.
Avant le règne de Louis XI, la chapelle d'axe devait avoir la même forme que ses voisines, c'est-à-dire peu profonde et à cinq pans dont trois vitrés.
Louis XI, qui avait pris la cathédrale d'Évreux sous son aile, ouvrit sa cassette pour les derniers travaux. Il fit construire une nouvelle chapelle d'axe conçue comme une longue proéminence à neuf baies. L'épisode étant historiquement bien renseigné, on sait que la construction eut lieu entre 1465 et 1469.
Cette chapelle a conservé de très beaux vitraux du XVe siècle qui sont abondamment détaillés en page 5.

LA NEF ET SES BAS-CÔTÉS NORD ET SUD

Les arcades de la nef sont romanes, tout comme les chapiteaux.
Au XIIe siècle, la construction de cette nef s'est faite d'est en ouest.
À droite (travées les plus anciennes), la mouluration de l'arc est simple ; elle s'enrichit dans les travées de gauche.

Architecture de la nef (1/2).
La nef de la cathédrale d'Évreux est à la fois romane et gothique. En 1880, dans Les plus belles cathédrales de France, l'abbé Bourassé écrivait que les piliers et les arcades appartenaient à l'époque romano-byzantine, mais ce qualificatif n'a pas été repris depuis par les historiens qui se contentent simplement de «roman».
L'édifice est incendié en 1119 par le roi d'Angleterre et duc de Normandie Henri Ier Beauclerc (1068-1135), puis reconstruit en style roman entre 1125 et 1140. Philippe Auguste l'incendie à son tour en 1194, ruinant les parties hautes qui sont entièrement rebâties au siècle suivant.
Les grandes arcades de la nef sont donc les seuls éléments romans de la cathédrale. On retrouve l'arc en plein cintre et les chapiteaux, créés d'ailleurs selon l'esprit normand : pas de scène à personnages illustrant la vie de saints, mais des bonnes grosses feuilles plates, des godrons ou des motifs géométriques. Dans la partie ouest de la nef, certains chapiteaux sont enrichis de masques grimaçants.
Par quoi était couverte cette nef romane au XIIe siècle ? Une charpente en berceau ? Une voûte d'ogives, innovation des précurseurs de l'art gothique naissant ? Voir l'encadré ci-dessous.
---»» Suite 2/2 ci-dessous.


La chaire à prêcher est du XVIIe siècle.
L'abat-son est moderne.
CHAPITEAUX ROMANS DANS LA NEF
La croisée du transept
La croisée du transept
La croisée du transept

Le plan de la cathédrale Notre-Dame d'Évreux.

Architecture de la nef 2/2).
---»» Pour restaurer la nef, il fallait réunir des fonds importants. Les travaux ne commencèrent pas avant les années 1230-1240. C'est le maître maçon Gautier de Varinfroy, déjà en charge du chantier de la cathédrale de Meaux, qui en reçut la responsabilité. Celui-ci utilisa la structure romane en place et la prolongea de deux niveaux : un triforium aveugle et un étage de grandes fenêtres se hissant jusqu'à la voûte quadripartite. Le style usité est le gothique rayonnant, bien visible dans le remplage du tympan des verrières.
Notons que Gautier de Varinfroy a mis en pratique deux principes originaux (voir photo ci-dessous) : 1) l'absence de tailloir sur tous les chapiteaux des deuxième et troisième niveaux, ce qui donne un aspect un peu fragile à sa construction ; 2) l'aplatissement de la colonne sur dosseret qui monte depuis la pile romane pour la transformer en un pilastre aux angles coupés. Le passage de l'un à l'autre est adroitement caché par une épaisse bague au niveau du triforium.
Anne Gosse-Kischinewski fait remarquer que cette forme en pilastre aux angles coupés ne se voit, dans l'art gothique, que dans le chœur de l'église Saint-Pierre à Chartres (où elle est pratiquée du haut en bas de l'élévation). De plus, au niveau artistique, l'historienne ajoute que «cet artifice permet de ne pas avoir de forts reliefs sur une trop étroite nef romane».
Sources : La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat, Les Colporteurs, 1997 ; 2) Haute-Normandie gothique d'Yves Bottineau-Fuchs, Éditions Picard, 2001.


La cuve de la chaire à prêcher
par le moine Guillaume de la Tremblaye, 1675.
De gauche à droite : la prédication de saint Jean-Baptiste ;
le Christ envoie ses apôtres en mission ;
la prédication de saint Étienne.

Cinq chérubins supportent la cuve de la chaire à prêcher.

La chaire à prêcher du XVIIe siècle.
Originaire de l'église abbatiale du Bec-Hellouin (alors en démolition), elle a été ramenée à la cathédrale par l'évêque d'Évreux, Mgr Bourlier, et installée officiellement dans la nef en 1812.
Payée 700 livres par le prieur des Anciens de l'abbaye, la chaire a été sculptée par Guillaume de la Tremblaye en 1675. Ce moine était à la fois artiste et architecte puisqu'on lui doit le cloître du monastère du Bec-Hellouin et les bâtiments conventuels de l'abbaye Saint-Étienne à Caen.
La cuve, soutenue par cinq chérubins, est ornée de cinq panneaux. On y voit les prédications de saint Jean-Baptiste et de saint Étienne encadrant l'envoi des apôtres en mission par le Christ (photo ci-contre). Les deux autres panneaux représentent Moïse et saint Paul.
Source : La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat.


Chemin de croix
Station XII : Jésus meurt sur la croix.

La cuve de la chaire à prêcher :
Le Christ envoie les apôtres en mission, détail.
Œuvre de Guillaume de la Tremblay, 1675.

La cuve de la chaire à prêcher :
La prédication de saint Étienne, détail.
Œuvre de Guillaume de la Tremblay, 1675.

La voûte quadripartite de la nef vue de la croisée du transept.
Les cordons moulurés qui enserrent le triforium et les colonnettes agissent
comme deux fines cordelettes qui parcourent la nef à deux hauteurs différentes.

Élévations sud de la nef.
Au-dessus des grandes arcades romanes, triforium aveugle et grandes fenêtres sont en gothique rayonnant.

Un dilemme architectural : comment était couverte la nef romane : par la pierre ou le bois ?
Quand les historiens exposent l'histoire de la cathédrale d'Évreux, ils avancent la plupart du temps que la nef romane était voûtée d'ogives, donc en pierre. L'argument général en est donné par Yves Bottineau-Fuchs dans l'ouvrage Haute-Normandie gothique (Picard, 2001) : «Du côté de la nef, écrit-il, une colonne engagée, flanquée de colonnettes placées en biais, monte recevoir les retombées de la voûte. Une telle disposition conduit à penser que l'édifice du XIIe siècle était déjà voûté d'ogives.» De son côté, en 1997, Annick Gosse-Kischinewski écrit à propos de la nouvelle cathédrale romane : «Les chants qui fêtèrent la résurrection de ce bel édifice vers 1160 ne devaient pas longtemps résonner sous les voûtes de pierre.» En effet, les luttes franco-anglaises de la fin du siècle vont le détruire.
Auparavant, en 1980, pour le Congrès archéologique de France tenu en Haute-Normandie, l'historien Francis Salet avait mis en doute cette thèse en pointant du doigt la fragilité de l'argument. De ces colonnettes qui montent jusqu'à la base du triforium on ne peut en toute rigueur déduire aucune continuité jusqu'à une éventuelle voûte.
Revoyons les événements. La construction de l'édifice roman fait suite à la condamnation par le pape, en 1120, d'Henri Ier Beauclerc, roi d'Angleterre et duc de Normandie, et de l'évêque Audin qui avaient fait incendier la cathédrale d'Évreux. À la fin du même siècle, Jean sans Terre se rend coupable de félonie en faisant massacrer trois cents Français lors d'un banquet donné à Évreux. Philippe Auguste réagit avec rigueur : il démantèle les murailles d'Évreux et met le feu à la ville. Revenu de captivité, Richard Cœur de Lion reprend son trône et la ville. Philippe revient en 1198 et la brûle à nouveau. Richard meurt l'année suivante. Jean sans Terre lui succède. Finalement, le traité du Goulet scelle l'arrêt des combats entre Jean et le roi de France. Mais les églises ont beaucoup souffert. La cathédrale doit être rebâtie. On sait que les grandes arcades romanes de la nef ont résisté. La reconstruction, dirigée par Gauthier de Varinfroy, repartira donc du triforium, aux alentours de l'année 1230.
Constat : le premier niveau roman de l'élévation, toujours en place, a été épargné par le feu. Qu'y avait-il au-dessus ?
Plusieurs possibilités se présentent : 1) un triforium et un troisième niveau d'élévation soutenant une voûte ogivale (en pierre) ; 2) la même chose sans triforium ; 3) un triforium sur lequel s'appuie une voûte en berceau charpentée ; 4) la même chose sans triforium. Question supplémentaire : s'il y avait une voûte charpentée, était-elle définitive ou provisoire (en attendant les fonds pour achever le couvrement de la nef) ?
Les archives de l'évêché ayant été détruites lors de l'incendie de la ville en avril 1356, on ne sait rien de l'existence d'un triforium et de la nature de la voûte. Il faut donc se contenter de ce que l'on voit.
Constat : lorsqu'on prévoit de couvrir une nef par une voûte d'ogives, on termine les colonnettes montantes par une coupure oblique sur laquelle viendra s'appuyer l'ogive, elle-même coupée obliquement. L'église Saint-Valentin à Jumièges, dont le couvrement en pierre n'a jamais été réalisé, montre ce qu'est une coupure oblique.
On sait que le chœur de la cathédrale romane d'Évreux était voûté en pierre. Est-ce suffisant pour penser que celui de la nef l'était aussi ? Car, dans la nef, les colonnettes montantes n'aboutissent pas à des coupes obliques au niveau du triforium. Une question immédiate se pose : pourquoi aurait-on pris la peine de sculpter des colonnettes dans les blocs de pierre, au côté de la colonne principale de chaque pilier, si l'on avait décidé de couvrir la nef par une charpente ? L'historien Francis Salet, qui défend l'absence de voûte d'ogives, s'arrête sur l'épaisseur des colonnettes : étant plus minces que leurs voisines, elles ne peuvent correspondre à des éléments récepteurs de la poussée des ogives. Argument étrange puisque c'est précisément ce que Gautier de Varinfroy va faire !
Francis Salet met aussi en avant un autre schéma : à l'image de la cathédrale anglaise de Durham, Notre-Dame d'Évreux aurait eu un chœur voûté (en pierre) et une nef charpentée. Ainsi seul le bois de la charpente aurait brûlé lors des raids punitifs de Philippe Auguste. Autre idée retenue par l'historien : «il se peut, écrit-il, qu'une charpente ait clos à titre provisoire le volume du grand vaisseau au-dessus des grandes arcades, ou plus haut, sans qu'aient été mis en place tous les éléments de structure définitifs.» Quant à supposer que le feu ait tant dégradé les pierres d'un éventuel triforium qu'il aurait ensuite fallu raser pour la reconstruction, rien ne le prouve.
En 1997, dans l'ouvrage La cathédrale d'Évreux, Anne Gosse-Kischinewski défend le point de vue de la voûte ogivale en avançant des arguments plus construits. «L'examen des piles révèle un point intéressant d'architecture, écrit-elle, car les piliers romans sont toujours conçus de manière fonctionnelle : une colonne ou colonnette correspond toujours à une retombée d'arc.» Ainsi, l'arc doubleau de la voûte vient reposer sur la «colonne engagée sur dosseret» qu'on peut aussi appelée «pilastre aux angles coupés» (voir photo ci-contre). Anne Gosse-Kischinewski poursuit à propos de cette colonne engagée sur dosseret : «Elle est flanquée de colonnettes, placées en biais, qui ne peuvent être destinés qu'à la retombée des branches d'ogives. La présence de ces colonnettes prouve que, dès sa conception, la cathédrale romane avait été dotée d'un voûtement sur croisées d'ogives.» Cette dernière phrase paraît illogique. Si l'on parle de conception, on parle de ce qui est prévu et non pas réalisé. Il aurait fallu écrire : «...lors de sa conception, la cathédrale romane avait été prévue avec un voûtement sur croisée d'ogives.» Ce qui semble d'ailleurs exact.
L'historienne ajoute : «Les réfections après les incendies de la fin du XIIe siècle ont fait disparaître le système primitif, mais en suivant la ligne de cette colonnette on constate qu'elle correspond parfaitement au voûtement gothique actuel.» En fait, rien ne prouve que le système primitif ait disparu dans l'incendie. Peut-être n'avait-il tout simplement pas encore été élevé, ce qui rejoint une des hypothèses de Francis Salet
On regardera avec intérêt la photo ci-contre. Les libellés indiquent comment les ogives retombent sur l'élévation : 1) l'arc-doubleau retombe sur le pilastre à pans coupés ; 2) le rouleau mineur adjacent à l'arc-doubleau retombe sur le dosseret où s'appuie la colonne montante principale ; 3) l'ogive retombe sur la colonnette externe.
Conclusion : on peut se convaincre que la nef de la cathédrale romane était bien prévue avec une voûte d'ogives. Au moment des deux incendies de la fin du XIIe siècle, cette voûte était-elle construite ? On ne sait pas. Y avait-il un triforium (évidemment en pierre) ? On ne sait pas. Comme le feu a épargné les grandes arcades du premier niveau et qu'il n'y a aucune trace de coupe oblique à la naissance du triforium, on pourrait avancer l'hypothèse suivante : le premier niveau, qui n'avait pas encore reçu son triforium, était couvert provisoirement d'une voûte charpentée (peut-être en berceau). Le feu aurait consumé le bois et épargné la pierre.
Sources : 1) Congrès archéologique de France, 138e session, 1980, Évrecin, Lieuvin, Pays d'Ouche, article de Francis Salet ; 2) La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat.


Les retombées de la voûte ogivale.

La photo de l'élévation sud de la nef, donnée juste au-dessus,
apporte un complément utile à cette photo de la voûte.

Le triforium conçu par Gauthier de Varinfroy.
Les quatre arcades d'une travée sont réunies par groupe de deux.
Tout au long de la nef, le triforium est encadré, en haut et en bas,
par une moulure saillante assez simple.

Architecture des bas-côtés de la nef.
Le caractère roman initial des bas-côtés a quasiment disparu. Le style gothique les a envahis lors de deux transformations majeures.
Au XIVe siècle d'abord, c'est la construction de chapelles entre les arcs-boutants et leurs culées. De fines colonnes gothiques, décorées de chapiteaux floraux, viennent ouvrir ces chapelles sur les bas-côtés (photo ci-dessous). Quant aux larges baies à remplage qui les éclairent, elles sont en gothique flamboyant à la suite du refenestrage du XVIe siècle.
La seconde transformation, à la fin du XVe siècle, a consisté à couvrir les bas-côtés d'une voûte sur croisées d'ogives à pénétration. On y trouve encore quelques clés pendantes de style gothique flamboyant.


Le bas-côté nord et les entrées des chapelles latérales.
Les ogives de la voûte des bas-côtés retombent en pénétration
sur les piles des chapelles et les piles de la nef.
Au premier plan : la chapelle Saint-Nicolas.

Calvaire du XVIIIe siècle : la Vierge.

Calvaire du XVIIIe siècle : saint Jean l'apôtre.
«««--- Le bas-côté sud.
Au premier plan, un Calvaire en terre cuite du XVIIIe siècle avec
le Christ en croix, la Vierge et saint Jean.

Cette porte Renaissance se dresse dans le bas-côté nord.
Malheureusement, elle n'est pas d'époque.
Détruite par les bombardements de 1940, elle a été
entièrement rebâtie après la guerre.
CLÉS PENDANTES GOTHIQUE FLAMBOYANT

Le bas-côté nord est fermé à l'ouest par une porte Renaissance,
détruite en 1940, et entièrement reconstruite après la guerre.
L'aspect roman initial a disparu à la suite de la construction
des chapelles latérales et du voûtement en croisée d'ogives.
LES CHAPELLES LATÉRALES DE LA NEF ET LEURS VITRAUX

Chapelle Saint-Nicolas.
Clôture en bois de l'époque Renaissance (1510-1520).
La verrière (baie 41) est du XIXe siècle. C'est un pastiche du XIIIe siècle.

Panneau de la baie 34 : Les Noces de Cana ou Le Repas à Emmaüs.
Troisième quart du XIIIe siècle.
Chapelle de la Bonne-Mort.
Panneau de la baie 38 : La Nativité, détail. ---»»»
Troisième quart du XIIIe siècle.
Chapelle de l'Annonciation.

«««--- Chapelle latérale nord Saint-Nicolas.
Ainsi se présentent les chapelles latérales nord et sud de la nef : une boiserie ancienne ferme l'espace qui contient autel, statue(s), tableau(x) ou dessin(s). L'ensemble est éclairé par une large baie qui laisse passer beaucoup de lumière. Sur le côté sud, on trouve des vitraux du XIIIe siècle, les plus anciens de la cathédrale.
Parmi les dix chapelles de la nef, trois seulement ont une clôture intéressante : Saint-Nicolas (donnée ci-contre), Saint-André et la chapelle des Fonts (non donnée dans cette page).
Le style des sculptures de Saint-Nicolas fait dater sa clôture des premières années de la Renaissance, plus précisément du règne de François Ier (1515-1547).
La clôture de la chapelle Saint-André présente un très beau tympan où trône une Vierge à l'Enfant sur un croissant de lune. Anne Gosse-Kischinewski précise que cette image (que l'on retrouve dans plusieurs tympans des baies de la nef) «était gravée au XVIe siècle sur les méreaux, jetons de présence des chanoines au chapitre». On sait que les chapelles latérales des églises étaient très souvent construites plusieurs décennies après l'élévation de la nef et de ses bas-côtés, et sur financement privé. Une inscription au revers de la clôture (invisible pour le visiteur) indique que le chanoine Charles «Drouin demande un de Profondis à tous les prêtres qui disent la messe dans cette chapelle». Ce chanoine est vraisemblablement le donateur de la clôture et peut-être le financier de la chapelle tout entière.
Source : La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat.


Retable anonyme représentant le Christ et les apôtres.
XVIIe siècle
Chapelle Saint-André.

La clôture de la chapelle Saint-André.

Les vitraux des chapelles latérales de la nef.
Hormis quelques recréations du XIXe siècle, les vitraux des chapelles de la nef remontent à la seconde moitié au XIIIe et sont encore disposés selon les normes artistiques de cette époque. Pour le Corpus Vitrearum (Les Vitraux de Haute-Normandie, CNRS, 2000), «les vingt-cinq scènes conservées, traitées à petite échelle, devaient être, comme aujourd'hui, disposées en litre dans des grisailles à bordures colorées.» Nota : la litre est le nom donné à la bande horizontale qui abrite la suite des petits panneaux historiés.
Le Corpus Vitrearum précise à propos des vitraux de la nef de la cathédrale : «Les sujets, isolés dans de petites niches aux tracés variés, composaient à l'origine des suites iconographiques, parmi lesquelles, l'Enfance du Christ, sa Passion, des séries d'apôtres et quelques verrières hagiographiques.»
Évidemment, depuis le XIIIe siècle, de nombreuses restaurations et modifications ont eu lieu. L'agencement de ces panneaux a très largement changé. Aujourd'hui, il est en plein désordre et associe des échelles et des encadrements différents.
Pour l'historienne Françoise Gatouillat, ces vitraux proviennent essentiellement des bas-côtés de la nef à l'époque où les chapelles n'existaient pas. Il y aurait donc eu un transfert : quand une chapelle était créée, on récupérait les vitraux qui ornaient le pan de mur le long du bas-côté, puis on abattait ce pan de mur et on réinstallait les vitraux dans le nouveau pan de mur bâti un peu plus loin, entre les contreforts. L'espace créé recevait ensuite un couvrement voûté. La chapelle, une fois meublée, pouvait être bénie.
C'est à la même époque qu'on construisait un vaste chœur en gothique rayonnant pour remplacer le chœur roman jugé trop petit. Il est probable que des verrières de ce chœur roman ont été transférées vers des baies des nouvelles chapelles.
Plusieurs extraits de ces panneaux du XIIIe siècle sont donnés dans cette page.
Sources : 1) Corpus Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie, CNRS Éditions, 2000 ; 2) La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat.


Baie 34 : Les panneaux de la litre.
Troisième quart du XIIIe siècle.
De gauche à droite : Saint Philippe, Calvaire, Noces de Cana (ou Repas à Emmaüs), apôtre, Vierge à l'Enfant.

Chapelle Saint-André.
Vierge à l'Enfant sur un croissant de lune.
1ère moitié du XVIe siècle.

«La Vierge remettant un scapulaire à saint Simon Stock»
Chapelle Notre-Dame du Mont-Carmel.

Marie-Madeleine
XVIIe siècle ?
Chapelle Saint-Nicolas.

Chapelle sud Sainte-Anne : le retable
avec le tableau d'après Jean Jouvenet.

L'Éducation de la Vierge
(d'après Jean Jouvenet, XVIIIe siècle).

Panneau de la baie 38 : la Fuite en Égypte.
Troisième quart du XIIIe siècle.
Chapelle sud de l'Annonciation.

Panneau de la baie 36 :
Hérode ordonne le massacre des Innocents, détail.

Sainte Clotilde, reine de France, détail.
Chapelle nord Saint-Aquilin.

Panneau de la baie 38 : la Fuite en Égypte, détail.
Troisième quart du XIIIe siècle.
Chapelle sud de l'Annonciation.

Chanoine (donateur?) en prière devant son prie-Dieu (XVe siècle?).
Ce vitrail isolé (baie 45) se trouve dans la petite salle (fermée) au rez-de-chaussée de la tour nord.
Il n'est pas référencé dans le Corpus Vitrearum. Sa pose doit être récente.

Panneau de la baie 36 : Hérode ordonne le massacre des Innocents.
Troisième quart du XIIIe siècle.
Chapelle sud Sainte-Anne.

«Les Pèlerins d'Emmaüs»
Tableau anonyme dans la chapelle nord Saint-Aquilin.

Chapelle nord saint-Sébastien et son retable.

Panneau de la baie 40 : saint Laurent sur son gril.
Troisième quart du XIIIe siècle.
Chapelle sud des Saints-Anges.

Panneau de la baie 38 : l'Annonciation, détail.
Troisième quart du XIIIe siècle.

Le refenestrage des baies des chapelles de la nef.
Au XIVe siècle, des chapelles sont venues s'insérer entre les arcs-boutants, au nord et au sud de la nef. Ces ajouts architecturaux sont d'ordinaire financés par des confréries, des chanoines du chapitre ou par de riches familles de la ville souhaitant disposer d'un lieu de culte privé. Pour un marchand ou un échevin, posséder sa chapelle dans la cathédrale est une marque de prestige social indéniable.
Ces chapelles ont été bâties selon le style de l'époque : le gothique rayonnant. On y voit de «fines ogives soulignées d'un filet, retombant par l'intermédiaire de chapiteaux à deux rangs de feuillages sur de minces colonnettes à bases sans scotie placées dans les angles», écrit l'historien Francis Salet pour le Congrès archéologique de France de 1980. Quant au remplage des baies, il devait être à base de cercles et de petites roses comme on le voit dans les fenêtres hautes du chœur. Il faut écrire devait être car ce remplage, au siècle suivant, est passé en style flamboyant, un style où les soufflets et les mouchettes imitent le mouvement de la flamme d'une bougie.
À propos du remplage, «on a dit qu'il avait seul été refait pour sacrifier aux modes du XVe siècle», écrit encore Francis Salet qui remet totalement en cause cette idée. En fait, une observation attentive montre que c'est tout le mur gouttereau qui ferme la chapelle qui a été rebâti. Les indices s'accumulent : le soubassement a été remonté depuis le sol et, surtout, l'empilement des pierres de ce mur (photo ci-contre) marque un décrochement manifeste avec celui des colonnettes soutenant les ogives et celui du mur séparant les chapelles, bref que les assises respectives de ces élévations ne correspondent pas. Les murs gouttereaux ont dont été intégralement refaits. De plus, à l'extérieur, les culées des arcs-boutants ont été modifiées (forme en éperon, assise calée sur celle du nouveau mur, gâble flamboyant).
Exécuté sur dix chapelles, ce travail a été nécessairement long et coûteux. Avant de casser le mur, il fallait évidemment mettre la voûte sur cintre - ce qui n'était pas une petite affaire -, puis reconstruire.
Quant aux chapelles du déambulatoire, créées au XIIIe siècle en même temps que le chœur, le remplage de leurs baies est aussi passé du rayonnant au flamboyant, mais au prix d'un travail allégé : le mur de soubassement a été respecté tout comme les culées-contreforts à l'extérieur.
Pourquoi tous ces travaux au XVe siècle ? Francis Salet écarte la nécessité de restaurer des dégradations après une guerre. Si cela avait été le cas, pourquoi refaire uniquement les fenêtres basses ? Et pourquoi refaire le soubassement dans la nef et pas dans le chœur ?
Sa conclusion est que ces travaux compliqués et dispendieux émanent de la volonté de l'évêque et du chapitre d'adapter, quoi qu'il en coûte, le style des chapelles au goût du siècle : le gothique flamboyant. De plus, on a cherché à unifier le style du premier niveau de l'élévation avec celui du portail du bras nord du transept (qu'il était prévu de construire en gothique flamboyant) et avec celui de la chapelle de la Mère de Dieu. Ce qui répond, étrangement et par anticipation, au souci moderne de l'unité du style. «Il n'en reste pas moins, écrit l'historien, que l'entreprise n'était pas raisonnable parce qu'onéreuse et sans doute inutile.» Remarquons que, à cette époque, le chapitre des chanoines n'était pas désargenté.
Le Congrès archéologique de France tenu en 1889 à Évreux souligne cette unité de style. Le court article sur la cathédrale écrit à cette occasion par Émile Travers, membre du comité permanent de la Société Française d'Archéologie, cite une remarque de l'abbé Porée, inspecteur de la Société pour l'Eure : l'intérieur de l'édifice présente «un caractère d'ensemble qui fait grand honneur aux architectes chargés, à de longs intervalles, d'en poursuivre l'achèvement.» Émile Travers fait remarquer, quant à lui, que «tous les modes de construction ont été employés dans cet édifice ; mais les raccords ont été faits avec soin, et rien ne choque désagréablement l'œil dans cet assemblage de styles divers, comme cela a lieu si souvent ailleurs.»
Sources : 1) Congrès archéologique de France, 138e session, 1980, Évrecin, Lieuvin, Pays d'Ouche, article de Francis Salet sur la cathédrale Notre-Dame d'Évreux ; 2) Congrès archéologique de France, 56e session, 1889, tenue à, Évreux

LE DÉCROCHEMENT DU MUR GOUTTEREAU DES CHAPELLES DE LA NEF

Chapelle nord Saint-Sébastien.

Chapelle sud des Saints-Anges.

Chapelle sud des Saints-Anges, le retable.

Baie 35 dans la chapelle nord Saint-Aquilin ---»»»
C'est la seule verrière du XVIe siècle de la cathédrale.
Elle est datée vers 1520 sauf les deux lancettes latérales qui sont du XIXe.
Tympan : le Père céleste et douze anges tenant les instruments de la Passion.

Une verrière illustrant la charité de saint Martin et
datée aux alentours de 1500 se trouve en baie 22
dans la chapelle Sainte-Catherine du déambulatoire sud.
CHAPELLE SAINT-AQUILIN - BAIE 35 (1520 et XIXe siècle)
«Notre-Dame des Anges», auteur inconnu.
Chapelle sud des Saints-Anges.

Tympan de la baie 35, détail : un ange.
Vers 1520.
Chapelle nord Saint-Aquilin.

Baie 35, détail : saint Léonard loué
par un prisonnier qu'il vient de libérer.
Vers 1520.
Chapelle nord Saint-Aquilin.

Baie 35, détail ( (vers 1520 et XIXe siècle).
Chapelle nord Saint-Aquilin.
Lancettes du bas de gauche à droite : 1) Hérode commande la massacre des Innocents (en grande partie du milieu du XIXe siècle) ;
2) un saint (Rémi? René ?) coiffé d'une barette avec une donatrice agenouillée (et restaurée) à ses pieds ;
3) saint Léonard loué par un prisonnier qu'il vient de libérer ;
4) saint Aquilin et un chanoine (donateur?), panneau restauré ;
5) saint Georges combattant le dragon (XIXe siècle).

«L'Annonciation »
Chapelle sud de l'Annonciation.

Baie 38, détail :
le donateur Jean de Meulent.
Troisième quart du XIIIe siècle.
Chapelle sud de l'Annonciation.

La Fuite en Égypte ---»»»
La lancette d'Hérode commandant le massacre des Innocents dans la baie 35 contient de nombreuses parties refaites au XIXe siècle, notamment la tête d'Hérode.
À droite, en regardant le roi, se trouve une scène en camaïeu de bleu illustrant la Fuite en Égype (ci-contre, à droite). Est-ce un ajout du XIXe siècle ou un dessin authentique du XVIe ?
Le style des visages de Marie et de Joseph ne correspond pas vraiment à la griffe du XVIe, mais semble au contraire très actuels. Est-ce néanmoins suffisant pour rattacher le dessin au XIXe siècle ?


Baie 35, détail : Hérode commandant le massacre des Innocents
Grisaille de la Fuite en Égypte (XIXe siècle ?)
Chapelle nord Saint-Aquilin.
LES VERRIÈRES HAUTES DE LA NEF

Les verrières hautes de la nef (1/3).
Ces verrières s'intègrent dans un épisode des plus intéressant de l'histoire du vitrail. À l'époque romane, les vitraux, très colorés, laissaient peu passer la lumière. Notons que les historiens n'ont aucune donnée sur d'éventuels problèmes oculaires causés par cette pénombre, surtout quand il faut lire un parchemin à la lumière des bougies...
Toujours est-il que, après le milieu du XIIIe siècle, les goûts, s'adaptant aux changements de style architectural, privilégient la lumière. Les verres blancs ornés de formes géométriques ou de motifs végétaux stylisés se multiplient. Ce n'était pas une grande nouveauté ornementale car les abbayes cisterciennes privilégiaient déjà une vitrerie incolore.
Pour l'historienne du vitrail Françoise Gatouillat, il n'est pas impossible que l'ensemble des fenêtres hautes de la nef de la cathédrale, au XIIIe siècle, corresponde à ce schéma (voir deux exemples en baies 133 et 127 ci-contre), apportant ainsi de la clarté dans le vaisseau central. Elle y apporte néanmoins un bémol : ces grisailles accueillent parfois un ou deux petits panneaux historiés. C'est le cas des baies 125 et 133 : on y voit des prêtres en train de célébrer la messe ou bien des donateurs agenouillés devant la Vierge à l'Enfant.
La baie 127, offerte par Pierre Beaublé, archidiacre d'Ouche, datée d'avant l'année 1400, présente une physionomie semblable, quoique les deux panneaux soient plus grands. On y trouve une Annonciation et le donateur présenté par saint Pierre. Ces verrières dites «mixtes» - et qui permettent aux donateurs du vitrail de s'y afficher - vont se répandre dans le royaume.
Au cours du temps, les verrières ont bien sûr été partiellement restaurées. La verrière de la baie 127 affiche le visage de la Vierge de l'Annonciation non retouché et celui de l'apôtre Pierre refait en totalité au XIXe siècle. Les différences de graphisme sautent aux yeux.
Lors des siècles suivants, d'importantes modifications vont bouleverser les verrières hautes de l'édifice, leur composition et leur ordonnancement. On sait que trois de ces verrières, au sud, correspondaient initialement aux «verrières royales». On appelle ainsi les verrières offertes par Charles VI, le comte de Navarre et sa sœur, la reine Blanche de Navarre. Ces verrières ont été recomposées, au XXe siècle, dans les vitraux du chœur (baies 209 et 210).
---»» Suite 2/3 plus bas.


Baie 133, détail : deux prêtres célèbrent la messe.
Milieu du XIIIe siècle.
Vitraux peu restaurés.

Baie 127, détail : Annonciation.
Avant 1400.
(Bonne conservation du panneau.)
On remarquera la présence de deux apôtres sur le dais.

Baie 133 : détail de l'ornementation. Avant 1400.

Baie 125, détail : la Vierge à l'Enfant.
Vers 1320.
Vitrail restauré, utilisation du jaune d'argent.

Vitrail de la baie 133. Avant 1400.

Baie 127, détail : le donateur Pierre Beaublé
présenté par saint Pierre.
Avant 1400 (scène très restaurée).

Baie 127 : détail de l'ornementation. Avant 1400.
Ce genre de vitrail, généralisé dans les hautes fenêtres,
permettait à la lumière du jour d'éclairer la nef.

Vitrail de la baie 125.
Vers 1320.
Le tympan est daté vers 1400.
Baie 125, détail : donateurs devant la Vierge.
Vers 1320.
La tête du priant de gauche a été restaurée.

Baie 127, le tympan.
Il affiche les armes du donateur, Pierre Beaublé.

Pierre Beaublé fut archidiacre d'Ouche, professeur de droit à l'Université de Paris, conseiller du roi Charles V, puis de Charles VI, puis du prince Louis d'Orléans.
En 1400, Pierre Beaublé était nommé évêque d'Uzès. Il sera nommé évêque de Sées en 1405.


Vitrail de la baie 127.
Avant 1400.

Baie 127, détail : la Vierge de l'Annonciation.
Avant 1400.
«««--- Baie 127 : saint Pierre présentant Pierre Beaublé.
Tête refaite au XIXe siècle.

Les verrières hautes de la nef (2/3).
---»» À la suite de donations, deux autres verrières ont pris la place des vitraux blancs à motifs géométriques posés à l'origine. On les trouve dans les baies 129 (ci-contre) et 130.
La baie 129 est datée des années 1410. Les historiens du vitrail Louis Grodecki et Jean Lafond l'attribuent à un atelier parisien. Elle a été offerte par l'évêque Guillaume de Cantiers pour célébrer sa nomination à l'évêché d'Évreux en 1400. L'inscription EN L'HONNEUR DE SON JOYEUX AVENEMENT figure d'ailleurs à la base des lancettes. Le prélat est présenté à Marie par sainte Catherine, tandis qu'à côté un laïc est présenté par l'archange Gabriel à la Vierge de l'Annonciation. Ce laïc est vraisemblablement Jean de la Ferté-Fresnel, maréchal de Normandie, dont les armoiries se trouvent dans l'écu au-dessous. Jean de la Ferté aurait donc été co-donateur de ce vitrail.
Il y a peut-être deux autres co-donateurs : l'amiral de France Renault de Trie dont l'écu de la quatrième lancette reprend les armoiries et un personnage non reconnu dont l'écu se trouve au bas de la seconde lancette.
Cette verrière est étrangement conçue : le dessin donne l'impression d'être écrasé par un grillage noir. Néanmoins, elle donne un bon exemple du nouveau style qui envahit tous les genres de peintures aux alentours de l'an 1400. La couleur est de plus en plus proscrite, «peut-être sous l'influence du vitrail civil qui devait obligatoirement être clair», écrit Jean Lafond en 1958 dans Le Vitrail Français. Il poursuit pour décrire ce style nouveau : «(...) des personnages vivent dans des "tabernacles" de pierre blanche devant des courtines de damas au-dessus desquelles les parois et les voûtes sont correctement représentées. Le pinceau du peintre s'est partout attaché à serrer de près la vérité aussi bien dans le rendu des étoffes que dans le tracé des visages qui, manifestement, cherche la ressemblance et la trouve.»
Dans la baie 129, les personnages (vêtements et visages) suivent la nouvelle règle : ils sont dessinés au sein d'un subtil camaïeu de blanc légèrement grisé, le tout rehaussé d'un peu de jaune d'argent. Dans cette baie, on remarque le rouge profond de la garnache de La Ferté-Fresnel qui se détache violemment. Cette «tache» sombre a son utilité : elle sert de point d'accroche à un ensemble qui courrait le risque de paraître fade.
Au-dessus des scènes, le fond bleu ou vert des niches apporte l'indispensable équilibre chromatique. «Les visages, où les traits sont simplifiés à l'extrême, écrit encore Jean Lafond, témoignent d'une technique magistrale qui multiplie, d'autre part, les coupes difficiles et les pièces serties en "chef-d'œuvre")». Dans la baie 129, les hauts dais (ou «tabernacles») sont très travaillés, reproduisant des voûtes ogivales dans leur partie basse.
Pour illustrer ce nouveau style, Jean Lafond prend un autre exemple à la cathédrale Saint-Étienne de Bourges : la verrière de la famille Trousseau, réalisée vers 1400-1405 (baie 27). Le tracé des visages suit bien la nouvelle mode, mais pas les vêtements qui sont pour la plupart colorés. En revanche, toujours à la cathédrale de Bourges, la baie 30 qui abrite la verrière des Quatre Saints (vers 1405-1415) colle beaucoup mieux à la définition du nouveau style. Les personnages y sont d'ailleurs laissés dans une grisaille rehaussée d'or, sans qu'un seul ait un vêtement coloré. Et le vitrail paraît un peu fade.... ---»» Suite 3/3 plus bas.


Baie 129 : La Vierge à l'Enfant, détail.
1413-1418.

Vitrail de la baie 129.
Date de création donnée par le Corpus Vitrearum : «1413-1418 ?»
L'évêque donateur est mort en 1418, ce qui peut faire de ce millésime une année butoir.
Tympan ; armes de France dans l'oculus ; armes de Bourgogne dans les deux trilobes.

Ce vitrail illustre la nouvelle mode : des personnages sous de hauts dais,
le tout dessiné en traits fins.

Baie 129 : les deux scènes historiées.
À gauche, l'évêque Guillaume de Cantiers présenté à la Vierge par sainte Catherine ;
À droite, Jean de la Ferté-Fresnel, maréchal de France, présenté à la Vierge de l'Annonciation par l'archange Gabriel.
Vers 1413-1418 ?

Baie 129 : L'archange Gabriel, détail.
Vers 1413-1418 ?

Baie 129 : L'évêque Guillaume de Cantiers, détail.
Ce visage - trop parfait - n'a-t-il pas été repris au XIXe siècle ?

Baie 129 : Sainte catherine, détail.
Vers 1413-1418 ?

Baie 129 : L'évêque Guillaume de Cantiers
est présenté à la Vierge par sainte Catherine.

Nouveau procédé adopté après 1400 :
les personnages finement dessinés sont rehaussés de jaune d'argent.


Le nouveau style : le tracé des visages décrit par Louis Grodecki.
L'historien de l'architecture et du vitrail Louis Grodecki décrit comme suit le profilé des visages du nouveau style qui envahit l'art de peindre aux alentours de l'année 1400. Parlant de la Vierge à l'Enfant de la baie 207 de la cathédrale d'Évreux, il porte un commentaire qui est tout à fait valable pour les visages de la baie 129 :
«Le modelé de grisaille est pratiquement absent, tant il est discret et léger ; c'est par le trait seul, qui souligne les sourcils, les yeux, les lignes du nez et de la bouche, que le visage est caractérisé et rendu expressif. Les adjonctions de jaune à l'argent dans les chevelures ne valent point par leur tache colorée et font penser à la technique des miniaturistes, qui dessinent souvent les contours des visages en traits colorés.»
Source : Le Moyen Âge retrouvé de Louis Grodecki, Flammarion, 1991, article : Les verrières d'Évreux.



Baie 129 : détail du tabernacle de la quatrième lancette.

Le jaune d'argent.
Dans l'art du vitrail, le jaune d'argent, ou jaune d'application, est un mélange de sels d'argent (chlorure, sulfure, iodure, oxyde d'argent, etc.) et d'un cément (ocre ou argile calcinée). Aux premiers âges des vitraux européens, ce mélange était inconnu, pourtant ce n'est pas une trouvaille médiévale. Le procédé était pratiqué par des céramistes égyptiens et mozarabes dès les premiers siècles du Moyen Âge. Il aura sûrement été transmis à la faveur des nombreuses relations commerciales entre les pôles économiques méditerranéens.
Avant le jaune d'argent, les vitraux affichaient des couleurs rouge, bleue et verte, comme les célèbres verrières de la cathédrale de Chartres. Ce nouveau sel apparaît en Occident au début du XIVe siècle et enclenche une révolution dans l'art du vitrail. Jusque-là le verre était teint dans la masse, puis découpé. Le verrier assemblait les morceaux au sein d'un réseau de plombs. Le jaune d'argent modifie la pratique : il s'applique facilement au revers d'une pièce avant cuisson. On ne crée pas un verre teinté de jaune d'argent dans la masse, on applique sur le verre le mélange de sels d'argent avec un pinceau.
Le procédé donne accès à une palette supplémentaire de couleurs : les teintes obtenues varient selon que l'on utilise du chlorure d'argent et de l'ocre (jaune clair) ou du sulfure d'argent et de l'ocre (jaune orangé). Sur un verre bleu, il donne du vert. La baie 19 dans la chapelle du Rosaire du déambulatoire de la cathédrale offre l'exemple d'un beau damas aux perroquets verts obtenu avec ce procédé.
En outre, à la même époque, la qualité des verres s’améliore. Plus fins, plus réguliers, plus limpides, ils vont permettre aux verrières de s’éclaircir grâce à l’utilisation de verres incolores et de grandir en beauté.
Dans son Histoire du vitrail publiée en 1896, le peintre-verrier Louis Ottin détaille la procédure utilisée au Moyen Âge : «On couvre les endroits qu'on désire voir devenir jaunes d'une légère couche d'ocre mélangée de chlorure d'argent. Après la cuisson, on enlève l'ocre qui est devenue rouge, et la teinte jaune s'est développée ou pour mieux dire incorporée dans le verre à sa place.»
Le jaune d'argent est idéal pour colorer les chevelures, les bijoux, les couronnes, les sceptres - tout ce qui est jaune ou blond dans la réalité - ainsi que certains éléments architecturaux (vitreries ornementales et grisaille décorative).
Notons d'ailleurs que les cheveux des femmes, et ceux de la Vierge en particulier, sont souvent rehaussés de cette manière, alors que, chez les hommes, une chevelure jaune est synonyme de jeunesse. Il en est ainsi pour saint Jean, les enfants et les angelots. En revanche, les cheveux du Christ, notamment dans les vitraux illustrant sa Vie publique, sont laissés bruns. La baie 15 dans la chapelle du Rosaire en donne toutefois un contre-exemple : la chevelure du Christ crucifié et sa couronne d'épines y sont légèrement rehaussées de sels d'argent. Ce peut être aussi le cas pour les représentations du Christ de pitié ou du Christ en gloire.
Pour certains passionnés de vitraux, la plus belle et la plus célèbre verrière de la cathédrale d'Évreux se trouve dans la chapelle Saint-Louis, située dans le déambulatoire nord. Au début du XIVe siècle, en effet, un maître verrier de la ville, en charge de la vitrerie de cette chapelle, fut le premier à utiliser les sels d'argent. En dépit de son coût élevé, ce procédé ouvrait une telle gamme de couleurs supplémentaires qu'il se diffusa rapidement dans le royaume. Á Évreux, le jaune d'argent mis au point par ce maître verrier a donné une teinte qui est restée dans l'Histoire sous l'appellation de jaune d'Évreux.

Les verrières hautes de la nef (3/3).
---»» Le vitrail de la baie 130 répond également aux normes du style des années 1400. Succédant à Guillaume de Cantiers, le nouvel évêque d'Évreux, Paul Capranica, offrit la verrière de cette baie vers 1420. On le voit, agenouillé et de petite taille dans le soubassement, où il se tient en face d'un écu avec ses armoiries, tandis que saint Laurent et saint Vincent se dressent au-dessus. Les deux martyrs sont dessinés au trait fin et rehaussés d'or. Leurs tuniques sont colorées en bleu pour l'un, en vert pour l'autre. Vincent porte trois épées ; Laurent, le gril de son supplice.
À noter, la présence d'anges musiciens dans les hauts dais, dont le dessin est lui aussi rehaussé de jaune d'argent. Cette baie, démembrée au XIXe siècle, a été recomposée depuis.
Sources : 1) La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat ; 2) Corpus Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie, CNRS Éditions, 2000 ; 3) Le Vitrail Français, éditions Mondes, 1958.


Baie 130 : saint Vincent tenant trois épées, détail.
Vers 1425.

Baie 130 : dais avec un ange musicien ---»»»
dessiné au trait fin et rehaussé de jaune d'argent.

Baie 130 : saint Laurent tenant son gril, détail.
Vers 1425.
Baie 130 offerte vers 1420-1425
par l'évêque Paul Capranica à la cathédrale d'Évreux.

La fin tragique de Guillaume de Cantiers.
L'ouvrage La cathédrale d'Évreux rapporte un fait historique relaté par le moine bénédictin et érudit Bernard de Montfaucon au XVIIIe siècle.
En 1418 à Paris, lors de la lutte entre les Bourguignons et les Armagnacs, le seigneur de L'Isle-Adam, partisan de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, souleva le peuple de la capitale. Les émeutiers s'en allèrent arrêter tous les membres du Conseil du Roi et les enfermèrent. Par peur de les voir s'enfuir, on les massacra. Parmi eux se trouvaient Guillaume de Cantiers, évêque d'Évreux, les évêques de Coutances, de Bayeux, de Senlis, de Saintes, l'archevêque de Sens, le connétable d'Armagnac et d'autres gens de marque.
Source : La cathédrale d'Évreux d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat.
On ne peut s'empêcher de rappeler un précédent. 1418, c'est trois ans après 1415 et la sinistre défaite française d'Azincourt. Au cours de cette bataille, environ deux cents chevaliers français se rendirent aux Anglais du roi Henry V. Pour être sûr que personne ne l'attaquerait sur ses arrières, le roi anglais perpétra un crime de guerre : le massacre systématique de ces deux cents chevaliers.


Baie 130, détail du soubassement : les armoiries de Paul Capranica.
Vers 1425.

Comment a-t-on découvert le jaune d'argent ?
Il existe à ce sujet une tradition, voire une légende, que le peintre verrier clermontois Émile Thibaud rapporte dans son traité de peinture sur verre paru en 1842.
Il écrit : «L'ordre des dominicains de Bologne possédait au XVe siècle un religieux très connu, sinon par ses ouvrages, au moins par son éminente piété, le bienheureux Jacques l'Allemand, ainsi nommé parce qu'il était né à Ulm en Allemagne. L'obéissance à la règle fut sa vertu principale. L'historien de sa vie remarque qu'un jour ayant commencé sa cuisson, il fut obligé de l'abandonner avant son achèvement, pour obéir à son supérieur qui l'envoyait à la quête ; mais il fut agréablement surpris au défournement, de trouver ses pièces de verre si bien recuites, que jamais il n'avait eu pareil succès.
C'est à lui que la tradition attribue la découverte du jaune par l'argent. Ce religieux étant occupé à enfourner l'ouvrage qu'il avait peint, laissa tomber par mégarde un bouton d'argent d'une de ses manches parmi la chaux qui servait à stratifier son verre, une partie de ce bouton étant entrée en fusion, le métal teignit en jaune le verre sur lequel il reposait.»
Et Émile Thibaud conclut : «Nous respecterons, sans chercher à en détruire le merveilleux, la tradition de ces faits, du reste fort probables.»
Source : Considérations historiques et critiques sur les vitraux anciens et modernes et sur la peinture sur verre par Émile Thibaud de l'Académie de Clermont et de la Commission départementale pour la Conservation des Monuments, année 1842.


Baie 130, détail du soubassement : l'évêque Paul Capranica,
donateur de la verrière. Vers 1425.
LE GRAND ORGUE DU XXIe SIÈCLE

Le grand orgue.
Il a été mis en place en 2004-2005. Très moderne, il constitue un spectacle à lui tout seul !
La cathédrale Notre-Dame d'Évreux a possédé un grand orgue dès le XVIe siècle. Au XVIIIe, le facteur Jean Baptiste Nicolas Lefebvre l'a restauré et enrichi. En 1874, la tuyauterie fut démontée à fin de restauration, mais celle-ci n'a jamais eu lieu.
Seul le buffet restait en place. Le bombardement du 11 juin 1940 le fit disparaître dans les flammes. La cathédrale ne disposait plus alors que d'un orgue de chœur construit en 1841 par le facteur John Abbey.
Après la dernière guerre, il était prévu que l'État verse les fonds pour la construction d'un nouveau grand orgue. Comme le projet n'avançait pas, la paroisse acheta à Delft (Pays-Bas) l'orgue d'une église vouée à la démolition. L'instrument fut installé en 1974 et resta en place jusqu'en 2000. Cette année-là, racheté par une paroisse espagnole, il fut démonté.
Le grand orgue actuel est dû au facteur Pascal Quoirin. Son design atypique privilégie les lignes verticales en conformité avec l'élancement de la nef.
Pour le facteur d'orgue, il n'était pas question de bâtir un instrument dédié aux musiques des XVIIIe et XIXe siècles. Au contraire, la musique contemporaine pour orgue, très riche, devait y avoir toute sa place.
L'orgue, de 53 jeux, fut inauguré en automne 2007.
Source : Panneau d'information dans la cathédrale Notre-Dame.


Le nouvel orgue de 2006 avec ses panneaux
««--- fermés           ouverts --»»

La nef de la cathédrale Notre-Dame d'Évreux vue depuis le chœur.
Voir le transept et ses vitrauxVoir le chœur de la cathédraleVoir les chapelles du déambulatoireVoir la chapelle de la Mère de Dieu et ses vitraux
Documentation : Livret et panneaux dans la cathédrale
+ «Congrès archéologique de France, Évrecin, Lieuvin, Pays d'Ouche», Société française d'archéologie, Paris 1984
+ «Congrès archéologique de France tenu à Évreux en 1889», article Émile Travers
+ «La cathédrale d'Évreux» d'Annick Gosse-Kischinewski et Françoise Gatouillat, Les Colporteurs, 1997
+ «Haute-Normandie gothique» d'Yves Bottineau-Fuchs, Éditions Picard, 2001
+ «Les plus belles cathédrales de France» de l'abbé J.-J. Bourassé, Alfred Mame et Fils Éditeurs, 1880
+ «L'architecture normande au Moyen Âge», Presses Universitaires de Caen, éditions Charles Corlet, 1997
+ «Évreux, la légende des pierres» d'Annick Gosse-Kischinewski, Froment Glatigny Éditeurs, 1988
+ «Corpus Vitrearum, les vitraux de Haute-Normandie», CNRS Éditions, 2000
+ «Le vitrail du Triomphe de la Vierge d'Évreux et Louis XI» de Gary B. Blumenshine, Annales de Normandie, 40e année n° 3-4
+ «Le Vitrail Français», éditions Mondes, 1958
+ «Le Moyen Âge retrouvé» de Louis Grodecki, Flammarion, 1991, article : Les verrières d'Évreux.
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