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Cette page présente le déambulatoire
et les clés
de voûte qu'on trouve à proximité des trois
chapelles rayonnantes. On y trouvera aussi de nombreuses photos
sur ces trois chapelles dont les voûtes, d'un très
beau style Renaissance, sont passées à la postérité
par l'entremise d'Eugène Viollet-le-Duc et de son Dictionnaire
d'Architecture.
Les chapelles sont riches en vitraux. Ceux de la chapelle d'axe
sont des XVIe et XIXe siècles. C'est là que se trouve
le célèbre Repas
à Béthanie de la baie 5 attribué partiellement
au peintre verrier du XVIe siècle, Jean Courtois. La chapelle
nord, dédiée au Sacré-Cur, est ornée
de vitraux du XIXe siècle.
Enfin, plus intéressants encore, les vitraux de la chapelle
sud dédiée à saint Joseph sont du XVIe
siècle. On regardera avec intérêt le vitrail
de l'Incrédulité
de saint Thomas en baie 8. Il vaut à son auteur,
resté inconnu, d'être appelé par les historiens
d'art le Maître de l'Incrédulité de saint
Thomas.
Toutes les verrières de ces chapelles sont reproduites ici.
Les documents utilisés pour rédiger les encadrés
qui les décrivent sont : d'abord, le Corpus Vitrearum
sur les vitraux du Centre et des Pays de Loire paru en 1981 ; ensuite,
l'article de l'historien du vitrail Jean Lafond rédigé
pour le Congrès archéologique de France tenu
dans le Maine en 1961. La rédaction du Corpus Vitrearum
pour les vitraux de Notre-Dame-des-Marais s'inspire d'ailleurs fortement
de l'étude de Jean Lafond parue vingt ans plus tôt.
Cette page met aussi l'accent sur les paysages du XVIe siècle
peints en camaïeu bleu à l'arrière-plan
de scènes historiées ou de présentation de
donateurs. On en trouvera ici avec des châteaux, des maisons
et de la verdure (baies 0
et 10).
On trouvera aussi un dessin en camaïeu bleu de la Ferté-Bernard
en baie 3.
La baie
18 du Baiser de Judas, donnée en page
2, en propose un autre avec des soldats romains sous une arcade.
Enfin, dans la même page, le vitrail de la grande baie axiale
(baie
100) montre un paysage de moindre qualité artistique
derrière la croix de la Crucifixion.
Chapelle d'axe : donnée ci-dessous avec les verrières
0, 1,
2, 3,
4, 5,
et 6.
Chapelle
nord du Sacré-Cur et les verrières 7,
9 et 11.
Chapelle sud
de Saint-Joseph et les verrières 8,
10 et 12.
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3 / 3 : LES TROIS
CHAPELLES RAYONNANTES ET LEURS VITRAUX |
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La chapelle axiale et ses vitraux des XVIe et XIXe siècles. |
Plan de l'église : les trois chapelles rayonnantes. |
Le Père céleste à la clé pendante
orientale de la chapelle d'axe. |
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Chapelle
d'axe. Elle n'a pas l'ampleur de la chapelle d'axe
dédiée à la «Mère de Dieu»
de la cathédrale
d'Évreux et bâtie de 1461 à 1470 en
style entièrement gothique, mais sa longueur reste
quand même impressionnante, surtout vue de l'extérieur
(voir la photo
générale du côté sud en page
1). Quant à la griffe Renaissance de sa voûte,
elle mérite que le visiteur s'y attarde. Conformément
à la mode normande, la chapelle possède deux
travées et une abside.
Les trois chapelles rayonnantes de Notre-Dame-des-Marais ont
été élevées par Jérôme
Gouin et Jean Texier dans les années 1520,
puis bénies en 1529. La chapelle d'axe a été
vitrée en 1533 et 1534. Elle contient une remarquable
verrière du XVIe siècle : le Repas à
Béthanie (baie
5) attribuée partiellement à Jean Courtois.
Au XIXe siècle, les baies sans vitraux ont été
pourvues de verrières réalisées par la
Fabrique du Carmel du Mans.
Enfin, les trois chapelles rayonnantes ont acquis la célébrité
dans le monde de l'architecture. Eugène Viollet-le-Duc
a en effet consacré à leurs voûtes le
paragraphe «Plafonds de pierre portés par des
arcs» de l'article Construction de son Dictionnaire
de l'architecture. Viollet-le-Duc les a décrites
en des termes que rappelle Jean Lafond dans son étude
pour le Congrès archéologique de 1961
: «Ce sont des dalles sculptées en caissons à
l'intérieur, posées sur des claires-voies de
pierre portées par des arcs-ogives.». D'après
ce célèbre architecte, on était arrivé
à la limite du système gothique. Il loue d'ailleurs
les architectes de la Renaissance d'avoir su marier si habilement
le nouveau style avec l'ancien. En effet, dans les trois chapelles,
comme le remarque Jean Lafond, au milieu du décor italien,
«les organes essentiels de la voûte, ogives et
doubleaux, gardent les profils du XVe siècle.»
Du premier regard, le visiteur s'aperçoit que l'architecte
des années 1520 a multiplié les clés
pendantes pour obtenir une véritable nappe de «stalactites»
[Lafond]. À chaque caisson est accroché ce que
l'historien Camille Enlart, au début du XXe siècle,
appelait une «clé pendante à branches
rayonnantes» (voir photo en gros plan plus
bas). C'est le décor que l'on voyait dans la Grand'Chambre
du Parlement de Normandie au Palais de Justice de Rouen
avant qu'il ne disparaisse dans un incendie en 1944. (Signalons
que l'on trouve un plafond strié de clés pendantes,
de manière un peu similaire, à l'église
Saint-Pierre
de Caen).
Le concepteur de la voûte de la chapelle d'axe a su
user de variétés : à l'abside, les caissons
sont circulaires ; dans les deux travées adjacentes,
ils sont carrés.
Les trois clés pendantes centrales font assaut de virtuosité
; la plus orientale, qui est aussi la plus complexe, se termine
par le Père céleste portant le globe terrestre
et bénissant le fidèle de sa main droite qu'il
brandit. Cette attitude peu courante est illustrée
ci-contre.
En ce qui concerne les vitraux de la chapelle d'axe, les thèmes
d'origine étaient divers. On voyait notamment en baies
1 et 2 des scènes relatives aux légendes de
saint Julien et de saint Nicolas. Il semblerait que, dans
les années 1850, le chapitre de l'église ait
décidé de donner la primeur à la Vie
de la Vierge. Des commandes ont été passées
à la Fabrique du Carmel du Mans pour réaliser
une verrière de la Vierge associée à
ses litanies (baie
1) et une autre pour illustrer sa mort (baie
3). Les panneaux des légendes de saint Nicolas
et de saint Julien ont été relégués
dans la baie
12 de la chapelle
rayonnante Saint-Joseph.
Source : Congrès archéologique
de France, session tenue dans le Maine en 1961, article
sur l'église Notre-Dame et ses vitraux par Jean Lafond,
1961.
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BAIE 0 : LA DÉPLORATION
Troisième quart du XVIe siècle. |
Baie 0, détail : Nicodème.
Troisième quart du XVIe siècle. |
Nicodème
et Joseph d'Arimathie.
Selon les Écritures, ces personnages revêtent
une certaine importance car ils siègent tous
deux au Sanhédrin. On les voit toujours dans
les uvres en ronde-bosse illustrant la Mise
au tombeau. Ici, ils sont présents dans une
Déploration du Christ au pied de la croix,
une scène qui associe des saintes femmes. De
la sorte, la Déploration du vitrail joue
un peu le rôle d'une Mise au sépulcre.
Selon les règles très générales
de l'iconographie, Nicodème est représenté
imberbe, tandis que Joseph d'Arimathie porte une barbe.
Dans la baie
0, les deux notables juifs sont barbus. Alors, qui
est qui ? La seconde règle veut que Joseph d'Arimathie
se tienne à la tête du Christ et Nicodème,
à ses pieds. Dans le vitrail, Joseph apparaît
alors plus richement vêtu que son collègue
du Sanhédrin, mais cette différence sied
avec son rôle éminent de quémandeur
en droit d'être exaucé : selon les Évangiles,
c'est lui qui demande à Ponce Pilate le droit
de descendre le corps du mort et de s'occuper de sa
sépulture. À l'époque, ce n'était
pas banal : les corps des crucifiés, toujours
détachés par les soldats romains, filaient
à la fosse commune.
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Baie
0. La verrière de cette baie présente
une Déploration du Christ datée
du troisième quart du XVIe siècle.
La partie inférieure accueille quelques remplois,
notamment des têtes, ce qui ne nuit pas à
la lisibilité de la scène.
Derrière Marie-Madeleine et Joseph d'Arimathie,
le peintre verrier, qui reste inconnu, a enrichi son
décor d'une belle architecture en camaïeu
bleu (photos juste au-dessous).
Au tympan, le Père céleste, coiffé
de la tiare pontificale, est accompagné de deux
anges tenant les instruments de la Passion. Celui de
droite est du XIXe siècle.
À l'origine, la baie
0 recevait une Annonciation exécutée
en 1533 par Jean Courtois et dont les donateurs étaient
Claude de Lorraine et Antoinette de Bourbon. La Déploration
que l'on voit actuellement a été installée
dans cette baie en 1837, puis déposée
en 1883 pour laisser la place à une Immaculée-Conception
moderne. L'achat de la Déploration par
le musée parisien des Arts décoratifs
entraîna une protestation de l'abbé de
l'époque, Robert Charles.
La verrière, selon le Corpus, est revenue
à la Ferté-Bernard en 1931. Qu'est devenue
l'Annonciation ? Aucune information ne semble
disponible.
Source : Corpus Vitrearum.
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Baie 0, détail : Marie-Madeleine.
Troisième quart du XVIe siècle. |
Baie 0, détail : Joseph d'Arimathie
devant un paysage de château-fort en camaïeu bleu.
Troisième quart du XVIe siècle. |
La voûte Renaissance de la chapelle axiale
et ses trois clés pendantes. |
Baie 0, détail
: la Vierge ---»»»
Troisième quart du XVIe siècle. |
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Baie 0, détail : le Christ.
Troisième quart du XVIe siècle. |
Baie 0, détail : une sainte femme.
Troisième quart du XVIe siècle. |
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BAIE 1 : LA VIERGE ET SES LITANIES
par Eugène Hucher.
Fabrique du Carmel du Mans, 1858.
Tympan : François Delalande, vers 1533. |
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Baie
1. À l'origine, la verrière
de cette baie, datée aux alentours de l'année
1533, était l'uvre du peintre verrier
François Delalande. Les trois lancettes
contenaient des panneaux consacrés à
la légende de saint Nicolas, panneaux que
l'on peut voir depuis 1849 dans la baie
12. Les six soufflets et les deux écoinçons
du tympan sont toujours ceux de la verrière
d'origine.
Le tympan montre une amusante saynète du
XVIe siècle : sainte Geneviève se
tient entre un ange jouant du tympanon et un diable
(donné ci-contre) qui essaie d'éteindre
le cierge de la sainte. Dans la partie basse du
tympan, on peut voir deux écus armoriés
dont l'un porte les armes de la famille Verron.
Dans les têtes des lancettes, trois anges
jouent de la viole de gambe.
La scène principale représente la
Vierge et ses litanies, uvre
peinte par Eugène Hucher de la Fabrique
du Carmel du Mans en 1858. Source : Corpus
Vitrearum.
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Baie 1, détail : la Vierge.
Fabrique du Carmel du Mans, 1858. |
Baie
2. Cette verrière a subi une
transposition (comme celle de la baie
1). À l'origine, on y voyait un vitrail
de la Nativité, exécuté
en 1534 par Jean Courtois. Deux panneaux de cette
scène sont aujourd'hui conservés
dans la baie
23, près de la façade occidentale
de l'église. À la place, la Fabrique
du Carmel du Mans a réalisé en 1862
une Adoration des Bergers (est-ce par Eugène
Hucher?). Le tympan, attribué à
Jean Courtois est celui d'origine. Le soufflet
supérieur contient un lys dans un vase
blanc, disposé devant six candélabres
allumés.
Les écus armoriés de la famille
Heullant se trouvent dans les deux soufflets inférieurs.
Source : Corpus
Vitrearum.
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La chapelle axiale, sa voûte et ses verrières
historiées.
De gauche à droite, les verrières 3,
1, et
0. |
BAIE 3 : LA MORT DE LA VIERGE
1873, le tympan est de 1533. |
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Baie
3. Cette baie, à l'origine consacrée
à une légende de saint Julien datée
de 1533, était entièrement de la main
de François Delalande. Comme dans les
baies 1
et 2,
seul le tympan est resté en place. Les panneaux
relatifs à saint Julien sont à présent
dans la baie
12. Le tympan montre une scène intéressante
de saint Julien délivrant un enfant de l'étreinte
d'un serpent (donnée ci-contre) ainsi que quatre
anges musiciens dans les mouchettes (deux sont donnés
à droite).
Les trois lancettes, dominées de motifs de style
Renaissance, accueillent maintenant une illustration
de la Mort de la Vierge exécutée
par Édouard Rathouis de la Fabrique du
Carmel du Mans. Cette uvre est datée de
1873.
Source : Corpus Vitrearum.
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Baie 3, détail : La Vierge mourante est entourée
des apôtres.
Édouard Rathouis de la Fabrique du Carmel du Mans, 1873. |
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Baie 1, détail du tympan : un démon ailé
essaie d'éteindre le cierge de sainte Geneviève.
François Delalande, vers 1533. |
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BAIE 2 : L'ADORATION DES BERGERS
1862, le tympan est de 1534. |
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Baie 3, détail du tympan : saint Julien
délivre un enfant d'un serpent.
François Delalande, 1533. |
Baie 3, détail du tympan : Anges musiciens.
François Delalande, 1533. |
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BAIE 4 : LES LITANIES DE LA VIERGE
Verrière très restaurée en 1858, tympan
de 1534. |
Baie 4, détail du tympan : le Père céleste
(vers 1534). |
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Chapelle axiale : la voûte Renaissance de l'abside.
Les caissons sont ici de forme circulaire. |
Baie
4. Le vitrail de cette baie est censé
représenter la Vierge et ses litanies, mais la
Vierge en est absente ! Les donateurs, agenouillés
dans les registres du bas, sont ainsi en prière
devant des symboles, ce qui est peu conforme aux règles
de l'iconographie. Le vitrail d'origine, faussement
attribué au XIXe siècle à François
Delalande et dont en fait l'auteur reste inconnu, illustrait
bien la Vierge et ses litanies, mais il a été
restauré sans réflexion par Léopold
Charles en 1858. Celui-ci a cru de bon aloi de remplacer
la Vierge (qui occupait nécessairement la lancette
centrale) par quatre châteaux inspirés
des litanies mariales (Maison de Dieu, Tour de David,
Porte du Ciel et Temple de Dieu).
Dans la partie inférieure, toutes les donatrices
et une bonne part des donateurs sont issus de la restauration
de 1858, n'offrant ainsi plus guère d'intérêt
historique. Le seul point à regarder de près
est le très beau paysage de la Ferté-Bernard
peint en camaïeu bleu à l'arrière-plan
(et donné ci-dessous).
La partie droite a peut-être été
refaite en 1858, mais les deux autres peuvent être
datées sans rique de l'époque de sa création,
c'est-à-dire l'année 1534.
C'est la famille Le Boindre qui a offert cette verrière
vers 1534. Les écus armoriés des donateurs
sont présents dans les têtes de lancette.
Le tympan présente le Père céleste
tenant le globe terrestre, accompagné de deux
phylactères, de la Lune et d'étoiles.
Source : Corpus Vitrearum.
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Chapelle axiale : la clé pendante de l'abside se termine
par le Père céleste tenant le globe terrestre.
Voir le Père céleste en gros plan plus
haut. |
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Baie 4, détail : paysage en camaïeu bleu derrière
les donateurs.
Il représente la Ferté-Bernard. La partie droite a-t-elle
été créée en 1858? |
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BAIE 5 : LE REPAS DE BÉTHANIE
Jean Courtois, 1534
sauf les deux registres inférieurs qui sont de 1858. |
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Baie 5, détail : Jésus et deux convives.
Jean Courtois, 1534. |
Baie
5. La verrière de cette baie est l'une
des plus célèbres de l'église.
La totalité, à l'exception des deux registres
inférieurs, est due au pinceau de Jean Courtois
et datée de 1534. Il faut en plus rattacher
à 1534 le panneau du deuxième registre
où l'on voit un verre de vin rouge sur la table
(extrait donné à gauche). Pour l'historien
du vitrail Jean Lafond, la représentation de
ce verre (gravure en verre plaqué) constitue
une prouesse technique.
La partie inférieure du vitrail a été
restaurée par Chatel, un peintre verrier installé
à Mamers (qui est le chef-lieu de canton où
se situe la Ferté-Bernard). On pourra remarquer
dans l'extrait de la robe de Marie, donné à
droite, que Chatel savait parfaitement pasticher les
vitraux du XVIe siècle...
Cette baie représente le Repas à Béthanie
sur un fond d'architecture Renaissance. Selon les Évangiles,
Jésus était souvent invité dans
cette demeure où vivaient Lazare et ses deux
surs, Marthe et Marie. Béthanie est un
village non loin de Jérusalem. Dans la scène,
Marie s'apprête à répandre du parfum
sur les pieds du Christ.
Au tympan, le Christ en majesté est entouré
des symboles des Évangélistes. Les écus
armoriés de la famille Quélain figurent
dans le registre supérieur, à gauche et
à droite.
Sources : 1) Congrès
archéologique de France de 1961, article
de Jean Lafond sur l'église ; 2) Corpus
Vitrearum.
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Baie 5, détails
:
La robe de Marie de Béthanie (1858) ---»»»
«««--- Le verre de vin (1534) |
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Baie 5, détail : Marie de Béthanie
Peintre verrier Chatel, 1858. |
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Baie 5, détail : partie centrale de la verrière.
La partie supérieure de cet extrait de la baie est due à
Jean Courtois et date de 1534.
Le registre inférieur est de 1858, à l'exception du
panneau où l'on voit un verre de vin et qui est daté
aussi de 1534. |
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BAIE 6 : VIE DE SAINT JEAN-BAPTISTE
1534, restaurations-ajouts en 1858. |
Baie 6, détail : les donateurs.
Toutes les têtes sont de 1534, sauf une qui a été
refaite en 1858. |
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La voûte Renaissance de la chapelle axiale
et sa nappe de clés pendantes à branches rayonnantes. |
Baie
6. Cette verrière illustre trois épisodes
de la Vie de saint Jean-Baptiste. La Prédication
et le Baptême de Jésus sont de la
main du peintre verrier Chatel qui a restauré
et complété le vitrail en 1858. Le troisième
épisode est la Décollation du saint,
mais le panneau supérieur est, lui aussi, de
la main de Chatel.
Les parties qui viennent vraiment de la Renaissance
se situent au niveau des donateurs. Sur la gauche, toutes
les têtes, sauf une, sont d'époque. Sur
la droite, les têtes féminines ont été
refaites sans exception en 1858.
Les donateurs sont présentés par saint
Jacques le Majeur ; les donatrices, par saint Jean-Baptiste.
Les deux saints ont leurs jambes et leurs pieds refaits
en 1858. La tête de saint Jacques est, elle aussi,
de la même année.
Au tympan : trois écus armoriés. En haut,
les armes royales sont entourées du collier de
l'Ordre de Saint-Michel. Au-dessous, les armes de la
famille Quélain. Maistre Nicole Quélain,
président és enquêtes au parlement
de Paris (1533) (inscription en bas) est le donateur
du vitrail.
Source : Corpus Vitrearum.
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Baie 6, détail : saint Jean-Baptiste et l'agneau
1534. |
Baie 6, détail : le Christ est baptisé
par saint Jean (peintre verrier Chatel, 1858). |
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LE DÉAMBULATOIRE ET SES CLÉS
DE VOÛTE
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La voûte Renaissance de la chapelle du Sacré-Cur. |
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BAIE 7 : APPARITION DU SACRÉ-CUR
À MARGUERITE-MARIE ALACOQUE
Fabrique du Carmel du Mans
Années 1870. |
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La voûte Renaissance de la chapelle du Sacré-Cur
:
Fleurs, têtes d'angelot et buste de chérubin. |
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BAIE 9 : LA CRUCIFIXION
Fabrique du Carmel du Mans, 1876. |
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Baies
7 et 9. Les verrières de ces deux
baies (données à gauche et à droite)
sont des réalisations de la Fabrique du Carmel
du Mans dans les années 1870. L'Apparition
du Sacré-Cur est signée Eugène
Hucher ; la Crucifixion, Édouard Rathouis
et Eugène Hucher.
Le tympan de la baie 7 possède des vitraux datés
aux alentours de 1530. On y voit des anges tenant des
banderoles et des cartouches ; d'autres jouent de la
musique. Source : Corpus
Vitrearum.
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BAIE 11 : LES CONSÉCRATIONS AU SACRÉ-CUR
Années 1870.
Seul le panneau du centre en bas est du XVIe siècle.
Le tympan est daté des années 1530-1540, à
l'exception
du grand soufflet supérieur qui est du XIXe siècle. |
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Baie
11. Consacrée au Sacré-Cur,
la verrière de cette baie comporte neuf panneaux
assez hétéroclites. Dans son article pour
le Congrès archéologique de 1961,
l'historien Jean Lafond parle «des plus vilains
vitraux modernes de l'église».
L'observateur attentif repérera tout de suite
le seul panneau du XVIe siècle, daté plus
précisément des années 1530-1540
: celui qui est au centre du registre inférieur
(donné en gros plan ci-dessous). C'est un donateur,
dont la taille est disproportionnée par rapport
à celle du panneau, accompagné de deux
membres de sa famille.
Ces trois personnages sont présentés,
sur la droite, par un saint qui tient un bâton,
mais qui demeure presque totalement masqué à
cause de la perte du panneau adjacent. Est-ce saint
Jean-Baptiste ? Est-ce saint Jacques le Majeur ?
Jean Lafond note que le bariolage insolite de la robe
fait penser aux Suisses de la Garde vaticane peints
par Raphaël dans sa fresque du Miracle de Bolsène.
Mais s'agit-il vraiment d'un uniforme ? Enfin,
l'historien remarque, sur le plastron blanc de ce costume
tricolore, des chaînes d'or qui supportent des
couronnes d'or accompagnées, au-dessous, d'un
dauphin héraldique (détail donné
en gros plan plus
bas). Cette chaîne permettrait sûrement
d'identifier «cette figure pleine de caractère»
[Lafond].
Les panneaux du XIXe siècle ont été
réalisés dans les années 1870 par
Eugène Hucher et Édouard Rathouis, peintres
verriers de la Fabrique du Carmel du Mans.
Le pape Pie XI trône au centre des lancettes,
juste au-dessous du Sacré-Cur adoré
par deux anges. Le pape est peint les mains ouvertes
dans une attitude d'humilité, voire de résignation.
À l'époque de la création de ces
panneaux, le gouvernement italien s'est emparé
des États du pape et celui-ci, en réaction,
s'est enfermé dans le Vatican où il se
considère prisonnier. On sait que cette situation
ne prendra fin qu'avec les accords du Latran signés
en 1929 entre l'Église et Mussolini.
Le pape est entouré du palais du Vatican et d'une
vue partielle de l'église Notre-Dame-des-Marais
reproduite en page
1.
Notons enfin que, au tympan, seul le grand soufflet
supérieur est du XIXe siècle. Les anges
des deux autres soufflets, des deux mouchettes et des
écoinçons sont datés vers 1530-1540.
Sources : 1) Corpus
Vitrearum ; 2) Congrès archéologique
de France de 1961, article sur l'église Notre-Dame
et ses vitraux par Jean Lafond.
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Baie 11, détail : un donateur inconnu
Vers 1530-1540. |
«««--- Baie
11, détail : Le Vatican
Fabrique du Carmel du Mans
Années 1870.
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«Évêque et moine en prière»
Tableau anonyme du XVIIIe siècle. |
«La Vierge donnant un livre à une moniale»
Tableau anonyme du XVIIIe siècle. |
Baie 11, détail : les chaînes d'or du donateur
et le dauphin héraldique.
Ces marques permettraient-elles d'identifier ce personnage
qui reste actuellement inconnu ? |
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«9 juin 1872 : Première consécration du
diocèse
du Mans au Sacré-Cur de Jésus»
Fabrique du Carmel du Mans,
Années 1870. |
«16 juin 1875 : Consécration de l'Église
Universelle
au Sacré-Cur de Jésus»
Fabrique du Carmel du Mans,
Années 1870. |
«16 juin 1875 : Consécration du diocèse
du Mans
au Sacré-Cur de Jésus»
Fabrique du Carmel du Mans,
Années 1870. |
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LA CHAPELLE RAYONNANTE SUD DITE DE SAINT-JOSEPH
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Vierge à l'Enfant
dans sa niche Renaissance. |
Chapelle rayonnante de Saint-Joseph dans le déambulatoire
sud.
Les trois baies reçoivent des vitraux du XVIe siècle. |
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Chapelle
rayonnante Saint-Joseph.
Située dans la partie sud du déambulatoire
et construite dans les années 1530, c'est
la troisième chapelle ornée d'une
voûte
Renaissance. Ses caissons sont des quadrilatères
à branches rayonnantes rappelant ceux de
la chapelle
axiale. Sa clé
pendante centrale, qui ressemble aussi à
celle
de l'abside de la chapelle axiale, paraît
partiellement cassée (voir photo
plus bas).
L'intérêt ornemental de cette chapelle
réside dans la série de très
beaux bas-reliefs
de style Renaissance consacrés à
la Vierge. On en donne quelques-uns plus bas.
Ces bas-reliefs sont disposés sous la moulure
horizontale qui coupe les cinq pans de la chapelle
à mi-hauteur.
La piscine de la chapelle, également d'un
très beau style Renaissance, est donnée
ci-contre, avec, au-dessous, un agrandissement
de son ornementation italienne.
Enfin, contrairement à la chapelle
du Sacré-Cur, la chapelle Saint-Joseph
est riche de trois grandes baies du XVIe siècle.
La baie
8 accueille le célèbre vitrail
de l'Incrédulité de saint Thomas.
L'importance de cette uvre et l'impossibilité
de mettre un nom sur son auteur ont conduit les
historiens, selon une règle traditionnelle,
à l'attribuer au Maître de l'Incrédulité
de saint Thomas. Les baies 10
et 12
reçoivent des verrières composites
venant d'autres baies de l'église.
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La piscine Renaissance dans la chapelle Saint-Joseph. |
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Détail de la piscine avec ses ornementations Renaissance. |
Vierge à l'Enfant dans sa niche (XIXe siècle). |
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BAIE 8 : l'INCRÉDULITÉ DE SAINT THOMAS.
par un peintre inconnu et appelé par les historiens d'art
:
Le Maître de l'Incrédulité de saint Thomas.
Année 1540. |
Baie
8. Il s'y trouve l'une des principales verrières
de l'église et aussi l'une des plus belles, datée,
d'après l'inscription, de l'année 1540.
Son auteur, resté inconnu, a été
désigné sous l'appellation - traditionnelle
en histoire de l'art - de Maître de l'Incrédulité
de saint Thomas.
Par comparaison de style, les baies 16
et 18
dans le bas-côté sud du chur
lui sont attribuées.
Les donateurs de la baie 8 sont Thomas Heullant, bailli
de la Ferté-Bernard, et son épouse, Jeanne
Fleury.
La scène est assez simple : devant un double
portique, les apôtres s'interrogent sur la vérité
charnelle du Christ. Saint Thomas glisse deux doigts
dans la plaie provoquée par le coup de lance
du légionnaire Longin (extrait ci-dessous).
Dans la lancette de droite, deux têtes d'apôtre
ont été refaites au XVIe siècle.
Les autres sont de l'historien fertois Léopold
Charles. Selon Jean Lafond, dans son article pour le
Congrès archéologique de 1961,
celui-ci «a habilement restauré en 1851
cette verrière bien conservée dans l'ensemble».
Au tympan, deux anges, logés dans des mouchettes
(qui sont en fait des oculi), tiennent les écus
armoriés des donateurs. Trois autres mouchettes
sont ornées d'anges musiciens, sous le regard
du Père
céleste dans la mouchette supérieure.
L'attitude du Père céleste et le dessin
de ses mains laissent perplexe. Comme si le peintre
voulait lui faire dire : «Arrêtez de douter
; c'est bien mon Fils !»
Source : Corpus Vitrearum.
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Baie 8, détail : saint Thomas glisse deux doigts
dans la plaie du Christ.
Année 1540. |
Baie 8, détail : quatre apôtres (année
1540). |
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La voûte Renaissance de la chapelle rayonnante Saint-Joseph. |
Baie
10. La verrière hétéroclite
de cette baie se rattache à différentes
époques : XVe, XVIe, début du XVIIe et
XIXe siècle. Pour l'historien du vitrail Jean
Lafond, c'est vers 1850 qu'un vitrier a arrangé
les différents panneaux qui la composent.
On y trouve : des fragments de dais du XVe siècle
; deux panneaux d'une Passion du XVIe (Jésus
devant Caïphe et Ecce Homo) ; quatre
panneaux d'une Vie de la Vierge également du
XVIe (Circoncision,
Noces
de Cana, Visitation,
la
Vierge tissant dans le temple). À quoi
il faut ajouter deux
panneaux civils provenant de maisons de la Ferté-Bernard
(fin du XVe et début du XVIIe). Précisons
que les huit médaillons représentant des
têtes à l'antique sont datés du
XVIe siècle. Enfin, un dernier panneau assez
mutilé est une illustration de la Vie de saint
Julien : le saint abat un arbre sacré d'où
s'échappe un démon (registre du haut).
Au registre du bas et entourant un ange, deux donateurs
sont présentés, pour l'un,
par saint Jérôme accompagné de son
lion, pour l'autre, par un saint moine (ci-dessous).
Derrière eux, les deux beaux paysages champêtres
en camaïeu bleu sont reproduits en gros plan plus
bas (voir 1
et 2).
Parmi les trois soufflets du tympan, seuls les deux
médians sont d'origine (XVIe siècle).
Les deux anges musiciens qui les ornent sont surmontés
d'un remploi : l'écu armorié de la corporation
des tisserands.
Le seul élément du XXe siècle est
la tête de lancette centrale.
Sources : 1) Corpus
Vitrearum ; 2) Congrès archéologique
de France de 1961, article sur l'église Notre-Dame
et ses vitraux par Jean Lafond.
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Baie 10, détail : un donateur présenté
par un saint moine.
XVIe siècle.
Le paysage en camaïeu bleu est donné en gros plan
plus bas. |
Peinture du XVIe siècle
dans la chapelle Saint-Joseph :
Saint Julien guérissant un aveugle. |
Baie 10, détail : paysage en camaïeu bleu
derrière le donateur présenté par saint
Jérôme.
Voir plus
bas le paysage en camaïeu bleu derrière l'autre
donateur. |
La clé pendante Renaissance de la chapelle Saint-Joseph.
Il est possible que la clé centrale ait été
cassée. |
Les
arrière-plans en camaïeu bleu.
On ne saurait trop conseiller aux amateurs de vitraux
d'observer de près les paysages en arrière-plan
qui enjolivent les scènes. La baie
10 en propose deux, peints derrière les saints
qui introduisent les donateurs. Le camaïeu derrière
saint Jérôme illustre un village et un
château dont on distingue fort bien les tours
et la muraille (voir ci-dessus).
Celui qui apparaît derrière le saint moine
(ci-dessous) est encore plus précis dans son
tracé des maisons. Dans la partie droite, l'artiste
a même dessiné la double haie qui entoure
le chemin menant à la porte de la chaumière.
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Baie 10, détail : paysage en camaïeu bleu derrière
le saint moine présentant un donateur.
XVIe siècle. |
Baie 10, détail : Panneau Renaissance représentant
saint Gilles.
Rondel civil du début du XVIIe siècle.
Les quatre médaillons contenant des têtes
à l'antique sont datés du XVIe siècle. |
Baie 10, détail : Panneau Renaissance représentant
saint André.
Vitrail civil de la fin du XVe siècle.
Les quatre médaillons contenant des têtes
à l'antique sont datés du XVIe siècle. |
Baie 10, détail : la Vierge tissant
dans le temple et servie par un ange.
XVIe siècle. |
Baie 10, détail : saint Gilles dans un rondel.
Début du XVIIe siècle. |
La Maison de Dieu (chapelle Saint-Joseph).
Bas-relief illustrant les litanies de la Vierge (vers 1530).
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Baie 10, détail du tympan : deux anges musiciens.
XVIe siècle (vitraux d'origine). |
La Porte du Ciel (chapelle Saint-Joseph)
Bas-relief illustrant les litanies de la Vierge (vers 1530).
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Le temple de Dieu (chapelle Saint-Joseph).
Bas-relief illustrant les litanies de la Vierge Vers 1530. |
Baie 10, détail : les Noces de Cana.
XVIe siècle. |
Baie 10, détail : la Circoncision.
XVIe siècle. |
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BAIE 12 : VIES DE SAINT JULIEN ET DE SAINT NICOLAS
Les panneaux des lancettes sont
de François Delalande, année 1533.
À DROITE ---»»»
Baie 12, détail : saint Julien guérit un aveugle.
À l'arrière-plan, en camaïeu beige : baptême
du Defensor de la cité.
François Delalande, année 1533. |
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Baie
12. Une fois n'est pas coutume : le donateur
qui a payé l'assemblage de cette verrière,
réalisée en 1849 à partir d'une
série de panneaux de 1533 venant des baies 1
et 2,
s'est fait représenter dans la tête de
lancette centrale ! On voit que c'est un moine
(il s'appelle Thomas Cauvin) et ce fait rare mérite
d'être souligné. D'ordinaire, c'est un
vitrier qui se charge de la recomposition à la
demande du chapitre.
Les deux registres inférieurs affichent six panneaux
illustrant la Vie de saint Julien : guérison
d'un aveugle (donné ci-dessous, résurrection
d'un mort, repas avec ses compagnons Thuribe et
Pavace ; envoi
de Julien par le pape pour évangéliser
le Maine ; prédication
; exorcisme d'un possédé.
Dans les panneaux des registres supérieurs, six
scènes de la Vie de saint Nicolas : le
saint à l'école ; faisant l'aumône
; élu évêque de Myre ; faisant
décharger les bateaux de blé pour conjurer
la famine ; résurrection de trois écoliers
; apparition
à un homme et une femme.
Les panneaux de ces deux Vies ont été
réalisés par François Delalande
en 1533.
La scène du déchargement montre, de manière
fort instructive, deux cogges à la proue et à
la poupe surélevées. Voir à ce
sujet l'article sur le cogge
dans la section Histoire
navale de ce site.
Au tympan : deux écus armoriés, deux anges,
et, dans les deux soufflets centraux, la Vierge et l'Enfant-Jésus
(remplois de fragments du XVIe siècle).
Sources : 1) Corpus
Vitrearum ; 2) Congrès archéologique
de France de 1961, article sur l'église Notre-Dame
et ses vitraux par Jean Lafond.
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Baie 12, détail : Prédication de saint Julien.
François Delalande, année 1533. |
Baie 12, détail : saint Nicolas fait décharger
les bateaux de blé pour conjurer la famine.
Les navires sont des cogges
de la Renaissance.
François Delalande, année 1533. |
Baie 12, détail : saint Julien est envoyé évangéliser
le Maine.
François Delalande, année 1533. |
Baie 12, détail : saint Julien ressuscite un mort.
François Delalande, année 1533. |
Baie 12, détail : saint Nicolas apparaît
à un homme et une femme.
François Delalande, année 1533. |
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Documentation : brochure «Église
Notre-Dame-des-Marais» éditée par la Société
du Pays Fertois, 2007
+ Livret «laissez-vous conter l'église Notre-Dames-des-Marais»,
édité par le Pays d'Art et d'Histoire du Perche Sarthois,
2011
+ «Les Vitraux du Centre et des pays de la Loire», Corpus
Vitrearum, Éditions du CNRS, 1981
+ Congrès archéologique de France, session tenue dans
le Maine en 1961, article sur l'église Notre-Dame et ses vitraux
par Jean Lafond, 1961
+ «La Sarthe des origines à nos jours», Éditions
Bordessoules, 1983
+ «Arcisse de Caumont (1801-1873) érudit normand et fondateur
de l'archéologie française» édité
par la Société des antiquaires de Normandie, 2004.
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