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La construction de l'église Saint-Pierre
s'étale du XIIIe au XVIIe siècle. La plus grande partie,
celle qui est visible actuellement, a été bâtie
au XVe siècle, plus précisément après
la guerre de Cent Ans et les destructions dues au siège du
roi anglais Henri V en 1421. La reprise économique que connaît
alors la France permet d'agrandir et d'embellir l'église,
voire d'en refaire certaines parties : piliers du chur,
réfection de la nef, construction des huit chapelles
latérales, double
déambulatoire avec sept chapelles rayonnantes. Et partout,
l'inclusion de beaux vitraux. Plusieurs grandes familles drouaises
financèrent les travaux au début du règne de
Louis XII (année 1498).
Enfin, au XVIe siècle, on agrandit l'église avec la
construction des deux dernières travées et des tours.
La façade
date de 1524 ; elle illustre déjà l'art de la Renaissance.
Malheureusement, la tour sud (dite «Sainte-Anne») ne
sera jamais achevée. Au début du XVIIe siècle,
on ajoute le bras sud du transept qui accueillera l'orgue sous le
Second Empire.
La Révolution amène ses destructions (mobilier, statues,
sculptures). Saint-Pierre devient temple de la Raison ; le chur,
fabrique de salpêtre. L'église est rendue au culte
en 1802. Elle est classée Monument historique en 1841.
Hormis une magnifique collection de vitraux (XVIe et XIXe
siècles), l'église Saint-Pierre de Dreux
possède un splendide double déambulatoire qui
dégage une atmosphère proprement féerique.
Les sept chapelles rayonnantes (qui sont peu profondes) irradient
de leurs verrières multicolores ce lieu de cheminement, en
portant inévitablement le visiteur à un sentiment
d'admiration envers l'art religieux médiéval (voir
les deux grandes photos
plus bas).
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Vue d'ensemble de l'église Saint-Pierre de Dreux.
Aux arcades en arc brisé du premier niveau succède
un deuxième niveau de l'élévation qui, lui,
est simplifié à l'extrême. Une corniche sans
modillons en marque la séparation.
Au troisième niveau, des vitraux en verre blanc assurent
à l'édifice une grande luminosité.
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L'église vue du côté sud.
L'architecture du croisillon du XVIIe siècle («porte
des Morts») annonce déjà le classicisme.
La tour nord (dite «Saint-Vincent»), achevée en
1576, culmine à 36 mètres.
L'église fait 79 mètres de long.
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La façade occidentale date du début du XVIe siècle.
La tour sud (dite «Sainte Anne») n'a jamais été
terminée. |
Le plan de l'église
Les époques de construction sont cerclées en couleur. |

Les deux portails de la façade ouest (1524) portent l'influence
de la Renaissance. |

Les personnages des voussures ont
été soigneusement mutilés... |

Le transept nord. |

Le portail nord du XIIIe siècle est la partie la plus ancienne
de l'église.
Le tympan (très mutilé) représente le Jugement
dernier.
«««--- Le transept
nord. Non saillant (voir plan), il est entouré
d'une chapelle latérale et d'une chapelle absidiale.
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L'abside abrite des vitraux du XVIIIe
siècle. ---»»»
Ici, le vitrail central du chur : la Crucifixion
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La Crucifixion dans l'abside. |

Très beau bénitier représentant les saintes femmes
au Tombeau.
C'est un chapiteau roman du XIIe siècle qui a été
évidé. |

L'architecture du chur (fin XVe siècle) est assez sobre,
comme pour mieux faire ressortir la beauté des vitraux du déambulatoire. |

Le chur et l'abside.
Cette architecture date de la fin du XVe siècle
lorsque quelques riches familles drouaises
financèrent la reconstruction de l'église. |
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Vitrail dans le bras sud du transept
Le Sacrifice d'Abraham, détail (1607). |

Le bras sud du transept remonte au XVIIe siècle. |
L'ORGUE DE L'ÉGLISE SAINT-PIERRE |
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Le magnifique buffet d'orgue de Saint-Pierre de Dreux
dans le bras sud du transept date de 1614.
On pourra se reporter à l'orgue de tribune de l'église
Saint-Laurent
de Nogent-sur-Seine, de la même époque, qui lui ressemble
un peu. |
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Détail des sculptures. Cliquez sur l'image.
Tête de chérubin dans les sculptures du buffet. |
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L'orgue
de Saint-Pierre de Dreux possède un magnifique
buffet sculpté par un menuisier drouais, Toussaint
Fortier, en 1614, sur des dessins de Clément Métezeau.
L'orgue fut installé à son emplacement actuel
(bras sud du transept) en 1867. En même temps, on construisit
une sacristie au-dessous.
Les trois photos du haut et de droite donnent une idée
de la beauté de cet instrument.
Cliquez sur l'image du haut à droite pour voir le bas
du buffet en gros plan.
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Le côté nord de la nef avec sa suite de chapelles latérales
rajoutées entre les contreforts à la fin du XVe siècle.
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Tableau «La Madeleine au pied de Jésus», bras nord
du transept
Copie d'un tableau de Jean Jouvenet. |

Rosace de la façade occidentale (XIXe siècle).
Cliquez sur l'image pour l'afficher en gros plan. |
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Le roi
anglais Henry V Plantagenêt
Lors de la guerre de Cent Ans, ce roi a eu un rôle
très néfaste sur les églises de France,
plus précisément entre 1415 et 1422 (année
de sa mort). Comme Saint-Pierre à Dreux, l'église
Saint-Jean
à Caen
a souffert de graves destructions. Idem pour les édifices
de Pontoise.
Arrière-petit-fils d'Edouard III et fils d'Henry IV,
il monte sur le trône en 1413 et prétend assez
vite recouvrer ses possessions anglaises en France. A cette
époque, avec la politique sage de Charles V et la guérilla
systématique menée par Duguesclin, la guerre
de Cent Ans a tourné à l'avantage de la France.
Henry V envahit la Normandie en 1415, épopée
très risquée qui se termine par le désastre
français d'Azincourt. Il revient en 1417, prend Caen,
Falaise, puis Rouen.
Le traité de Troyes
suit en 1420. Il ouvre la voie du
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trône de France au roi
anglais. Profondément pieux, communiant tous les jours,
Henry V a marqué son règne d'atrocités
multiples, commises en France par ses troupes. Et bien souvent
sur son ordre. Brillant stratège dans ses campagnes,
il n'acceptait pas qu'une ville lui résistât
et la faisait mettre à sac quand il la prenait d'assaut
après un long siège (ex. Caen).
«Havoc», c'est-à-dire pillage, viols
et tueries étaient la règle.
Henri V fait polémique en Angleterre parmi les historiens.
Certains, comme Winston Churchill, voit en lui un grand roi
qui a fait beaucoup pour son pays. D'autres, comme Desmond
Seward, demandent qu'on n'oublie pas dans ses analyses, les
atrocités et ce qu'on appellerait aujourd'hui les «crimes
de guerre» commis par celui qui se définissait
comme le «fléau de Dieu».
Henry V mourut de la dysenterie à Vincennes en 1422.
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Chapelle Sainte-Philomène
Tableau «Sainte Philomène» par Émile Perrin,
1841.
«««---A GAUCHE
La très belle suite de chapelles latérales
dans le bas-côté sud (fin XVe siècle). |
LA CHAPELLE LATÉRALE SAINT-CRÉPIN
ET SAINT-CRÉPINIEN |
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Chapelle latérale Saint-Crépin et Saint-Crépinien. |

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Détail du vitrail du XVIe siècle.
Selon l'histoire, Crépin et Crépinien sont assis, les
mains
immobilisées dans des entraves. On leur enfonce de longues
alènes sous les ongles (mais ils ne ressentent aucune douleur).
«««--- À GAUCHE
Vitrail du XVIe siècle
Le martyre de saint Crépin et saint Crépinien. |

Le martyre de saint Crépin et saint Crépinien.
Détail du vitrail du XVIe siècle :
l'empereur Maximien et le préfet Rictiovarus.
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Le
Martyre de saint Crépin et saint Crépinien.
Ces deux personnages ne figurent pas dans La Légende
dorée de Jacques de Voragine. On trouve quelques
lignes sur leur vie dans l'ouvrage La Bible et les
saints publié chez Flammarion. La légende
fait naître les deux frères à Rome
dans une famille noble. Convertis au christianisme,
ils fuient la persécution de Dioclétien
et, vers 280, gagnent Soissons. Là ils se font
cordonniers et chaussent les pauvres gratuitement en
même temps qu'ils les gagnent à la foi
chrétienne. Arrêtés dans leur atelier
(voir la magnifique sculpture
Renaissance de l'arrestation des deux saints à
l'église Saint-Pantaléon
de Troyes),
ils sont livrés au préfet Rictiovarus.
La liste de leurs supplices, savamment composée
à l'époque médiévale, est
longue. Un panneau dans la chapelle en donne le détail,
qui est aussi le sujet du vitrail.
Après leur comparution, ils sont suspendus à
des potences et roués de coups. Puis ils sont
étendus sur une table et on découpe dans
leurs dos de longues lanières de peau. Ensuite,
étant assis, on enfonce de longues alènes
sous leurs ongles (panneau donné au-dessus).
Est-il besoin de préciser que, dans le récit
mythique, les deux saints ne ressentent jamais aucune
douleur? Puis ils sont précipités dans
l'Aisne avec une meule autour du cou, mais ils sortent,
indemnes, sur la rive opposée. Ensuite ils sont
jetés dans une cuve d'huile bouillante, mais
ne ressentent toujours rien. Alors qu'ils sortent du
chaudron et que deux anges apparaissent pour les protéger,
le préfet Rictiovarus, à bout de nerfs,
se jette lui-même dans la cuve.
Notons que, dans le vitrail, le panneau central du registre
du bas représente une Résurrection, tandis
que les deux panneaux adjacents sont des assemblages
de pièces hétéroclites dont l'interprétation
est presque impossible.
Voir le vitrail sur le martyre de saint Crépin
et saint Crépinien à l'église Saint-Étienne
d'Arcis-sur-Aube.
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Le martyre de saint Crépin et saint Crépinien.
Détail du vitrail du XVIe siècle :
les deux saints sont jetés dans une cuve d'huile bouillante.
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LA CHAPELLE LATÉRALE SAINTE-CLOTILDE |
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La chapelle Sainte-Clotilde.
Le dragon terrassé par saint Georges (XIXe siècle) dans
le vitrail. ---»»» |

Sainte Clotilde, patronne des musiciens, jouant de l'orgue.
Peintre inconnu. |

Vitrail du XIXe siècle dans la chapelle Sainte-Clotilde.
Il est consacré à plusieurs saints et saintes. |
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LA CHAPELLE LATÉRALE SAINTE-PHILOMÈNE |
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La chapelle Sainte-Philomène et son vitrail du XVIe siècle.
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Vitrail de l'Ascension (XVIe siècle), détail. |
La chapelle
Sainte-Philomène possède un beau
vitrail du XVIe siècle représentant l'Ascension
(dont la partie gauche était en restauration quand
les photos ont été prises). Ci-dessus, détail
des grisailles sur les visages des Apôtres. On notera
l'absence des auréoles. Le tableau de sainte Philomène
par Emile Perrin est donné plus
haut.
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LA CHAPELLE LATÉRALE SAINT-ÉTIENNE |
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La chapelle Saint-Étienne et son vitrail aux panneaux composites. |
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La chapelle Saint-Étienne
possède une copie d'un tableau de Charles Le Brun,
«Le martyre de saint Étienne» (photo de
gauche, de biais) et un vitrail, composition de panneaux de
provenance diverse.
CI-DESSUS, panneau extrait du vitrail montrant l'évasion
d'un homme aidé par des complices tandis que les gardes,
aux portes de la ville, ne voient rien. Cliquez sur l'image
pour afficher tout le vitrail.
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LA CHAPELLE LATÉRALE SAINT-FIACRE |
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La chapelle latérale Saint-Fiacre
et son beau vitrail du XVIe siècle
sur la vie de saint Fiacre. |

Le vitrail du XVIe siècle illustre
la légende de saint Fiacre
en neuf panneaux. |
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Selon la légende, Fiacre
est le fils d'un roi d'Ecosse. Attiré par la vie religieuse,
il refuse le mariage et s'embarque pour la France. A Meaux,
il rencontre l'évêque qui lui donne, comme ermitage,
tout ce qu'il pourra délimiter avec sa bêche
en un jour. Au premier coup, le sillon se forme tout seul...
Accusé d'être sorcier, il se justifie auprès
de l'évêque. Plus tard, il sauve deux enfants
qui se noyaient dans la Marne. Saint Fiacre est le patron
des jardiniers. CI-DESSUS, saint Fiacre s'embarque pour la
France. On notera la présence d'un cogge
en haut du panneau (XVIe siècle).
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LA CHAPELLE LATÉRALE SAINT-MARTIN |
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La chapelle Saint-Martin
et son vitrail du XVIe siècle : «Le Christ en croix». |
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La chapelle Saint-Martin est illuminée
par un très beau vitrail du XVIe siècle,
«Le Christ en croix» ---»»
CI-DESSUS, détail du vitrail : sainte Madeleine
au pied de la croix.
Cliquez sur une des images pour afficher le vitrail entier
et en gros plan.
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Le magnifique déambulatoire de Saint-Pierre (vu depuis le côté
sud).
De gauche à droite : la chapelle Sainte-Ève, la chapelle
de la Vierge
(et ses chaises dans le déambulatoire extérieur), puis
la chapelle du Sacré-Cur
Les vitraux historiés (XVIe et XIXe siècles) y créent
une atmosphère féerique, assez rare dans une
église. |

Le déambulatoire avec la chapelle de la Vierge à gauche
et la chapelle Sainte-Ève à droite (vu depuis le côté
nord). |
LA CHAPELLE AXIALE DE LA VIERGE |
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LA CHAPELLE ABSIDIALE DE L'ENFANT-JÉSUS |
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Chapelle de l'Enfant-Jésus et la partie gauche de la chapelle
Notre-Dame-de-Pitié.
Les vitraux de la chapelle de l'Enfant-Jésus sont signés Eugène
Moulin (XIXe siècle) :
«Scènes de l'Enfance du Christ» et «Vie des
saints». Cliquez sur les vitraux pour les afficher en gros plan. |

Vitrail «Vie des saints», XIXe siècle.
Saint Eugène distribuant des aumônes aux pauvres. |
LA CHAPELLE ABSIDIALE DU SACRÉ-CUR |
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Chapelle du Sacré-Cur.
Au centre, le vitrail de l'Arbre de Jessé (1877) |

Détail de l'Arbre de Jessé. Les Rois (1877). |

Arbre de Jessé (1877). |

Vie de Jésus (XIXe siècle). |
La chapelle du Sacré-Cur
contient des vitraux du XIXe siècle. Celui de gauche
vient rappeler la consécration de la ville de Dreux
au Sacré-Cur lors de la guerre de 1870. Celui
de droite illustre la Vie de Jésus. Enfin, celui
du centre est un Arbre de Jessé.
Le panneau affiché dans la chapelle du Sacré-Cur
indique que cet Arbre est l'uvre d'Eugène Moulin,
datée de 1877, et qu'il s'inspire d'un vitrail du XVIe
siècle de l'église de Saint-Georges-Motel dans
l'Eure. C'est contraire à ce qu'écrit Etienne
Madranges dans son ouvrage L'Arbre
de Jessé, de la racine à l'esprit
(Bibliothèque des Introuvables, 2007) selon qui cet
Arbre date du XVIe siècle et ressemble beaucoup à
celui de l'église de Le-Mesnil-Simon (même carton
d'origine). On préférera la version du panneau.
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Vie de Jésus (XIXe siècle) : la Samaritaine (détail). |
LA CHAPELLE ABSIDIALE NOTRE-DAME-DE-PITIÉ |
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La chapelle Notre-Dame-de-Pitié. |
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La chapelle Notre-Dame-de-Pitié
comprend deux vitraux du XIXe siècle consacrés
aux «mystères joyeux, douloureux et
glorieux du Rosaire», c'est-à-dire
à la Vie de la Vierge. ----»»»
L'autel en marbre est l'ancien maître-autel de
l'église.
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LA CHAPELLE ABSIDIALE SAINTE-ÈVE |
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Chapelle Sainte-Ève. |
La chapelle Sainte-Ève comprend
deux vitraux du XIXe siècle consacrés
à la vie de saints et de saintes : saint Urbain, sainte
Thérèse d'Avila, saint Benoît, sainte
Adèle et saint Louis.
L'autel vient de la chapelle du château de Crécy.
Il renferme les reliques de sainte Ève, patronne de
la ville de Dreux.
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Vie de saint Louis et de sainte Adèle.
Vitrail du XIXe siècle. |
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««--- À l'extrême
gauche,
Des prisonniers
sont délivrés à l'occasion de l'avènement
de saint Louis.
Vitrail du XIXe siècle.
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«--- Ci-contre,
Sainte Adèle
reçoit le voile des mains
du pape Alexandre II.
Vitrail du XIXe siècle.
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Le chur, la nef et le croisillon sud de Saint-Pierre de Dreux. |
Documentation : Brochure «Eglise Saint-Pierre
de Dreux» + panneaux affichés dans l'église. |
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