Accueil
 Histoire navale
 Céramique
 Bibliographie
 Les Grands Thèmes
  PATRIMOINE
  Châteaux, palais,
    Églises, monuments
Est Ouest Sud-Ouest Nord IdF Sud-Est Centre-OuestCentre-Est
RÉGIONS


 Contact
Page créée en nov. 2024
??
Saint Dominique dans un vitrail d'Émile Thibaud, détail

Au XVIIe siècle, après plusieurs révoltes, Bordeaux subit la défiance du pouvoir royal. Louis XIV veut museler cette ville frondeuse, jadis anglaise, en faisant agrandir le château Tompette car ses canons intimident les insurgés potentiels. Conséquence : la rancœur sourd dans le cœur des Bordelais et s'oppose à l'érection de monuments civils et d'églises. Le clergé séculier, proche du peuple, souffre avec lui et «a assez à faire pour lutter péniblement contre l'effondrement continu de ses églises ogivales», écrit l'abbé Brun dans Les églises de Bordeaux (1953). Seuls les Jésuites et les ordres réguliers continuent à construire : les Jésuites, avec l'église Saint-Paul ; les Chartreux, avec Saint-Bruno ; les Dominicains (aussi appelés Jacobins), avec Notre-Dame.
L'histoire de Notre-Dame commence au XIIIe siècle. Un couvent dominicain et sa chapelle s'étalent sur un vaste terrain (allées de Tourny actuelles). En 1678, Louis XIV fait raser le quartier pour agrandir le château Trompette et dégager ses abords. Un vaste lot de trois cents maisons est détruit ; avec lui, tout le couvent des Jacobins. Toutefois, ceux-ci reçoivent l'autorisation de bâtir un nouveau monastère sur un terrain qu'ils possèdent non loin. Et qu'ils agrandissent par l'achat d'un jardin et d'une maison à démolir (où va d'ailleurs s'élever la nouvelle chapelle).
Les travaux commencent en 1684. L'architecte choisi par les moines est celui du roi en Guyenne, Pierre Michel, seigneur du Plessy qui a bien sûr la confiance des Pouvoirs publics. Dans Bordeaux à l'âge classique (1997), l'historien Christian Taillard souligne l'importance de ce choix : l'endroit est sensible et le ministère de la Guerre veille ; il faut donc rassurer l'Autorité...
À la mort de du Plessy, en 1693, le père dominicain Jean Fontaine assure le suivi des travaux. En 1700, Louis XIV autorise la construction de la voûte, mais à la condition que son épaisseur soit légère : il faut empêcher l'installation d'un canon qui viendrait renforcer une action séditieuse (voire tirer sur le château Trompette !). La voûte ne dépassera donc pas un demi-pied, soit environ 16 centimètres. La coupole du chœur s'effondrera partiellement en 1971, sans doute, aux yeux des architectes, à cause de cette faible épaisseur.
Le financement des travaux est assuré par l'indemnité due aux religieux pour la destruction de leur précédent couvent.
Le clocher (presque invisible depuis la place du Chapelet où donne la façade) est terminé en 1696 ; l'église, dédicacée à saint Dominique, est achevée en 1707. La décoration se fait plus lentement. Pour orner les retables des chapelles, le frère dominicain Jean André peint une série de toiles illustrant l'histoire de l'Ordre.
Pendant la Révolution, l'église devient temple de la Raison, puis temple de l'Être suprême. Rendue au culte après le Concordat de 1802, elle fait office, pour un temps, de cathédrale car Saint-André, trop dégradée, est impropre au culte. L'église, devenue, paroissiale, est désormais placée sous le patronage de Notre-Dame.
En 1874, le peintre Romain Cazes réalisera, pour le chœur, trois grandes toiles illustrant la vie de la Vierge et, en 1875, dans la chapelle Notre-Dame du Rosaire, une Vierge Marie portée par les anges.
L'Église Notre-Dame, par son architecture et son ornementation, incarne l'expression religieuse du XVIIIe siècle. Elle demeure, confie l'abbé Brun, l'édifice religieux le plus intéressant de l'époque classique.
En 1861, Charles Marionneau, dans sa Description des œuvres d'art des édifices de Bordeaux, l'oppose à Sainte-Croix. Elles sont toutes deux des œuvres monastiques, mais «peignent, écrit-il, des civilisations bien distinctes» : à Sainte-Croix, un style un peu brutal, des lignes sévères où «des sujets, empruntés aux passions les plus vives, terrifiaient le peuple et devaient paralyser quelquefois le bras démolisseur d'un Normand» ; à Notre-Dame, avec ses élégants angelots qui voltigent sur la façade et sur le tabernacle de l'autel, tout est «grâce mondaine».
Contrairement à l'habitude, le chœur de l'église Notre-Dame pointe vers l'ouest : l'église est dite «occidentée». Les termes nord et sud de cette page correspondent aux orientations liturgiques.

«La Vierge portée par les anges», tableau de Romain Cazes, détail

La nef et le chœur de Notre-Dame vus depuis l'entrée de l'église.
Avec une nef de 15 mètres de large, l'église a pu faire office de cathédrale, juste après la Révolution, quand Saint-André était impropre au culte.
ASPECT EXTÉRIEUR DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME

La façade baroque de l'église Notre-Dame comprend deux niveaux avec statues au premier et médaillons au second.

Bas-relief d'angelots
terminant l'aile gauche.

La façade de l'église Notre-Dame (1/2).
L'église Notre-Dame est engoncée dans les immeubles environnants. Son clocher est pratiquement invisible ; ses côtés nord et sud ainsi que son chevet sont inaccessibles. Il reste la façade qui, en compensation, offre une magnifique ornementation baroque.
Pour Christian Taillard dans Bordeaux à l'âge classique (1997), la source d'inspiration de la façade est claire : il s'agit de celle de la chapelle du noviciat des jésuites à Paris (aujourd'hui église Saint-Paul-Saint-Louis) dans ses deuxième et troisième niveaux. «Le résultat est d'une qualité très supérieure à ce qui avait été jusque-là réalisé au XVIIe siècle à Bordeaux», écrit l'historien.
Dans la partie centrale, les statues et les colonnes corinthiennes répondent au bas-relief au-dessus de la porte. Cette partie se prolonge, au nord et au sud, par des élévations latérales en recul, moins ornées. Celles-ci sont terminées par d'étonnants trophées peuplés d'angelots (ci-contre, à gauche et à droite) manipulant les instruments de la liturgie. Ces bas-reliefs sont peut-être inspirés, écrit l'abbé Brun dans Les églises de Bordeaux (1953), des trophées de la chapelle royale de Versailles.
Fidèle à l'art baroque, la jonction entre la partie centrale et les ailes se fait par des murs courbes abritant chacun une niche où loge une statue. Une large frise de rinceaux enrichis d'animaux fantastiques surmonte le premier niveau. Au-dessus d'un entablement en saillie se dresse le second niveau, limité à la partie centrale, qui prolonge l'ornementation du premier dans ses parties planes et courbes.
Le fronton surbaissé qui termine l'élévation reçoit une très sobre croix (voir la façade vue de face).
Aux statues et au bas-relief du premier niveau s'associent les médaillons du second. Le bas-relief au-dessus de la porte, dû à Jean Berquin, date de la construction de l'église. Saint Dominique (ci-dessous) reçoit, des mains de la Vierge, le chapelet du Rosaire qui prend ici la forme d'une brassée de roses. À noter que Catherine de Sienne (qui se joint généralement à saint Dominique) est absente.
---»» Suite 2/2 plus bas.


Bas-relief au-dessus de la porte : la remise à saint Dominique du Rosaire (qui prend ici la forme d'une brassée de roses).
Œuvre de Jean Berquin, XVIIe siècle.

Bas-relief d'angelots
terminant l'aile droite.

Le second niveau de la façade avec son vitrail central dédié à la Vierge (vitrail donné plus bas).
Médaillons : à gauche, le pape dominicain saint Pie V ; à droite, le pape dominicain Benoît XI.

Saint Augustin
par Edmond Prévost, 1865.

Saint Jérôme
par Edmond Prévost, 1865.

La façade baroque de l'église Notre-Dame
Fin du XVIIe - début du XVIIIe siècle.
À l'origine, les niches du premier niveau étaient vides.
Des statues n'y ont été placées qu'en 1865.

Une grande frise à rinceaux sépare les deux niveaux de la façade.
On y trouve des animaux fantastiques.

La façade de l'église Notre-Dame (2/2).
---»» Les statues du premier niveau ne sont venues habiter les niches - laissées vides jusque-là - qu'au XIXe siècle : en 1865, le cardinal-archevêque Donnet demanda au sculpteur bordelais Edmond Prévôt de ciseler quatre docteurs de l'Église. On a ainsi de gauche à droite : saint Thomas d'Aquin ; saint Augustin ; saint Jérôme et saint Grégoire le Grand.
Au second niveau, les grandes figures de l'Ordre des dominicains ornent les médaillons. De gauche à droite : saint Albert le Grand, évêque de Ratisbonne ; saint Pie V ; Benoît XI et saint Antonin, archevêque de Florence. La partie centrale de ce second niveau reçoit une grande fenêtre encadrée par une épaisse moulure à feuillage. Son vitrail de 1860, signé de l'atelier Hurtel et représentant la Vierge Marie, ne mérite guère d'éloges (voir plus bas).
Cette façade baroque dégage une unité très harmonieuse et produit une impression de mouvement ascensionnel (sans doute dû à la seule élévation, au second niveau, de la partie centrale).


À droite de l'église se trouve la Chambre régionale des Comptes d'Aquitaine (dans la cour Mably).
Ces bâtiments sont ceux de l'ancien couvent des Dominicains.
Jusque vers 1950, ils abritaient le musée lapidaire et la Bibliothèque municipale.
En 1886, cette façade a été entièrement remaniée.

La porte qui ouvre vers la cour Mably est surmontée d'un imposant bas-relief (XIXe siècle).
LA NEF DE L'ÉGLISE NOTRE-DAME

Élévation de la nef. Ici le côté sud (au sens liturgique).
Les piliers, grossis de pilastres corinthiens, sont surmontés d'une large corniche, puis de grandes fenêtres logées dans les lunettes de la voûte.
La forte lumière apparente qui vient des hautes fenêtres éclaire la nef. En revanche, les chapelles latérales sont plongées dans la pénombre (voir le commentaire sur les vitraux).

Les balcons de l'avant-nef.
À l'arrière-plan, la chapelle des Fonts.

Saint Dominique,
fondateur de l'Ordre des Dominicains en 1216.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.

Architecture intérieure.
Longue de 60 mètres, l'église Notre-Dame illustre à la perfection l'art baroque du XVIIIe siècle dans son aspect religieux.
L'élévation est à deux niveaux. En partie basse, les sept arcades sont séparées par des piliers où sont plaqués des pilastres corinthiens. En partie haute, des grandes fenêtres logent dans des lunettes qui percent une voûte en berceau.
Les deux niveaux de l'élévation sont reliés par une corniche saillante décorée de denticules. Elle est surmontée d'un garde-corps de style Louis XIV qui vient sécuriser une galerie de circulation.
La nef est bordée d'une suite de chapelles latérales que les grandes fenêtres, enrichies de vitraux figurés assez opaques, laissent dans la pénombre.
Notons que l'avant-nef (photo ci-contre à gauche) est coiffée d'une suite d'élégants balcons disposés sur des arcs en surplomb et sur des trompes. Ces balcons prolongent la tribune d'orgue.


Le Christ en croix au-dessus du banc d'œuvre, détail.

Les vitraux de l'église (1/3).
Comme les photos de cette page le montrent, les quatorze vitraux de la nef, au second niveau de l'élévation, sont extrêmement colorés et opaques.
Illustrant des saints et des martyrs, ce sont des créations du peintre verrier Émile Thibaud de Clermont-Ferrand en 1848-1849.
En 1861, Charles Marionneau dans sa Description des œuvres d'art des édifices de Bordeaux est très négatif à leur sujet. Il écrit : «Quatorze fenêtres cintrées éclairent ou pour mieux dire devraient éclairer la nef et les chapelles des bas-côtés, car des vitraux fortement colorés, que n'admettait pas le style de l'église, ont tellement assombri cet édifice, le privent tellement de lumière, que plusieurs tableaux très remarquables, qui décorent les chapelles latérales, sont aujourd'hui complètement annihilés.»
Comment se présentaient les vitraux avant Émile Thibaud ? Il faut croire qu'ils suivaient les règles de l'art baroque, c'est-à-dire du verre blanc orné d'une frange dorée à rinceaux comme le sont ceux de l'église baroque Saint-Roch à Paris.
Marionneau ajoute qu'il «repousse» ces vitraux «comme ayant altéré l'unité d'un monument dont la construction et l'ameublement avaient été raisonnés jusque dans les moindres détails, et qui nous offraient un type complet de l'architecture religieuse au XVIIIe siècle.»
---»» Suite 2/3 plus bas.


Plan de l'église Notre-Dame.

Sainte Agnès.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.

La chaire à prêcher.
La chaire de Notre-Dame est regardée comme l'une des plus belles de Bordeaux. Datée de 1743, elle est antérieure de dix ans à celle de la basilique Saint-Michel qui lui ressemble beaucoup. Ses panneaux galbés en marbre rouge dans une structure en acajou ne sont pas enrichis de têtes d'angelots comme à Saint-Michel. Pour l'abbé Brun (Les églises de Bordeaux, 1953), cette sobriété la rend plus noble.
En revanche, ce même abbé n'apprécie pas l'«énorme» abat-voix qui semble «écraser» la chaire. Illustrant l'Assomption de Marie, cette sculpture de 1806 est due au ciseau du sculpteur piémontais Fioranzo Bonino.
Le précédent abat-voix, écrit Charles Marionneau dans sa Description des œuvres d'art des édifices de Bordeaux, représentait saint Thomas d'Aquin. Il a été brisé à la Révolution. Il ne s'est pas trouvé à l'époque, explique-t-il, un paroissien assez subtil pour détourner le fanatisme destructeur des révolutionnaires et l'empêcher de malfaire. (La chaire de Saint-Michel, quant à elle, a subsisté.)


Sainte Catherine d'Alexandrie.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.

Les vitraux de l'église (2/3).
---»» L'historien conclut son analyse avec une ironie désabusée : «En enlevant les vitraux incolores que l'architecte dominicain avait pensé devoir apposer pour ne point nuire aux œuvres du frère J. André, écrit-il, et pour se conformer au style de l'époque, le Conseil de fabrique a suivi l'exemple des anciennes administrations paroissiales qui faisaient murer des croisées absidales pour ériger un autel d'ordre dorique ou corinthien dans une église du XIIIe siècle.»
En 1953, l'abbé Brun ressasse la même antienne. Il écrit à son tour : «Il est bien fâcheux qu'au XIXe siècle, une fabrique bien intentionnée, mais de peu de goût, ait dénaturé l'intérieur de l'église et l'ait plongée dans une déplaisante obscurité en bouchant les quatorze fenêtres par des vitraux lourdement colorés (1847-1848).» ---»» Suite 3/3 à droite.


Saint Vincent de Paul.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.

Sainte Élisabeth de Hongrie, détail.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.

La chaire à prêcher (1743) est l'une des plus belles de Bordeaux.

L'abat-voix de la chaire à prêcher représente l'Assomption de Marie.
Datée de 1806, elle est due au ciseau de Fioranzo Bonino.

Saint Louis, détail.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.

Les vitraux de l'église (3/3).
---»» Comme Charles Marionneau un siècle plus tôt, l'abbé Brun leur reproche d'avoir «rompu l'unité de style sans ajouter à son cachet.»
On constatera que l'encadrement, très fourni, des vitraux d'Émile Thibault est de deux types : des entrelacs rouges, bleus ou blancs, ou bien des rondelles florales sur un fond à dominante verte.
L'église parisienne de Saint-Vincent de Paul, construite au XIXe siècle, souffre de cette même pénombre, mais à un point plus prononcé encore.


Le banc d'œuvre et les chapelles latérales sud.

Le banc d'œuvre.
Il a été réalisé en 1839 sur les dessins de l'architecte bordelais Pierre-Alexandre Poitevin Le panneau central abrite un bas-relief de l'Assomption.
Rappelons que le banc d'œuvre est un ensemble de sièges situés en face de la chaire et réservés aux membres de la Fabrique de l'église. Ces paroissiens (appelés marguilliers), souvent fortunés, gèrent le temporel de l'église, alors que le Chapitre, qui rassemble des chanoines, gère l'aspect religieux (comme l'ordonnance des messes). Colbert était marguillier de l'église Saint-Germain-des-Prés à Paris.


L'Assomption dans le banc d'œuvre. ---»»»

LES CHAPELLES LATÉRALES NORD

La chapelle des Fonts et sa magnifique grille.
La grille a été réalisée sous le Second Empire par le maître serrurier
bordelais Faget. La Fabrique exigea qu'elle fût réalisée à l'imitation des grilles du chœur.

Chapelle nord Saint-Thomas d'Aquin.

Sainte Thérèse d'Avila.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.

Chapelle nord Saint-Pierre-Martyr.
Le tableau de frère André (1718) représente Pierre de Vérone, prieur dominicain
du couvent de San Marco à Florence, assassiné sur la route de Côme à Milan en 1252.

Sainte Cécile, détail.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.

Saint François de Sales, détail.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.

Le Baptême du Christ.
Ronde-bosse au-dessus du portique de la chapelle des Fonts.

«Les Pèlerins d'Emmaüs»
Daté de 1834, c'est un tableau de Pierre-Alexandre Poitevin, ancien
architecte de la ville et ancien fabricien de la paroisse.

«Saint Thomas d'Aquin»
Tableau du frère André, 1714.
Chapelle Saint-Thomas d'Aquin.

Chapelle nord du Sacré-Cœur.

«Le Sacré-Cœur»
Tableau de Vincenzo Pasqualoni, vers 1876.
Chapelle du Sacré-Cœur.
Au premier plan, l'ange de la Charité donne l'Hostie à un pèlerin agenouillé sur un globe terrestre, tandis que l'ange de la Foi lui présente le calice.
LES CHAPELLES LATÉRALES SUD

Chapelle latérale sud Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus.
Cette chapelle a été créée en 1925, après la canonisation de la carmélite de Lisieux.

«Sainte-Thérèse au pied de la Vierge»
Tableau, dans le style Art déco, de François-Maurice Roganneau, 1928.
Roganneau a été Premier grand prix de Rome en 1928.
Chapelle Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus.

Chapelle latérale sud Sainte-Catherine de Sienne.
Le tableau de frère André représente la sainte
recevant les stigmates de la Passion.

Chapelle latérale sud Saint-Louis.
Cette chapelle a reçu sa dédicace
sous le règne de Louis XVIII.

«Saint Louis adorant la sainte Couronne», 1815.
Tableau de Raymond Quinsac-Monvoisin (1790-1870).

«««--- «Sainte Catherine de Sienne recevant les stigmates».
Ce tableau de frère André date de 1716. Charles Marionneau en donne l'explication. Après la messe, Catherine de Sienne s'est retirée dans un coin de la salle pour y faire son action de grâce. Trouvant cet acte de piété bien long, son confesseur et plusieurs de ses compagnes s'approchent d'elle et la trouvent ravie, la face prosternée contre terre. Catherine s'agenouille alors et étend ses bras en forme de croix, sa face jetant un «admirable éclat». Restant longtemps dans cette posture, elle finit par tomber évanouie. Revenue à elle, elle déclare à son confesseur qu'elle porte sur son corps les sacrés stigmates de Jésus-Christ. Source : Vies et actions mémorables des saintes et bienheureuses filles du premier et tiers-ordre du glorieux patriarche saint Dominique par le révérend-père Jean de Saint-Marc, 1636 (cité par Charles Marionneau).


«La Vierge»
Tableau de Louis Eugène Philadelphe Martineau, 1861.
Chapelle Notre-Dame de Guadalupe.

La chapelle sud Notre-Dame de Guadalupe
a été créée sous le Second Empire.
On notera les remarquables peintures en trompe-l'œil.

Sainte Jeanne de France.
Vitrail de l'atelier Émile Thibaud, 1848-1849.
SIX TABLEAUX DE FRÈRE ANDRÉ

Six tableaux de frère André sont situés dans l'avant-chœur
(trois au nord et trois au sud).

Frère André (ou Jean-André).
Ce moine dominicain (1662-1753) est un peintre peu connu. Entré dans l'Ordre à 17 ans, son talent fut rapidement reconnu puisque, pour parfaire son art, il fut envoyé en Italie et reçut, à Rome, les leçons de Carlo Maratta. À son retour en France, il devint l'élève du peintre Jean-Baptiste Jouvenet. «L'humilité religieuse du frère André a nui beaucoup à sa réputation», écrit Charles Marionneau en 1861 dans sa Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de Bordeaux. Et il ajoute : «il refusa d'entrer à l'Académie, sa modestie lui faisant croire que cette dignité ne concorderait pas avec son état.»
Ses tableaux - toujours à thème religieux - ont été en grande partie détruits à la Révolution. L'église Notre-Dame en possède onze, ce qui est exceptionnel. Neuf sont visibles dans les bas-côtés.
Frère André n'est certes pas un artiste de premier plan, mais son œuvre «décèle pourtant, écrit l'abbé Brun en 1953 dans Les église de Bordeaux, une main habile, un métier honnête, un véritable sens de la composition.»
L'examen des tableaux conduit Charles Marionneau à distinguer deux périodes dans son style : la première, de 1712 à 1718, quand il subit l'influence des écoles italiennes au travers de Carlo Maratta ; la seconde, plus proche de l'école française, englobe les œuvres exécutées de 1720 à 1751, trahissant sa proximité avec Jean-Baptiste Jouvenet et Charles de la Fosse.
Le frère André s'éteint à Paris en 1753 à l'âge de 91 ans. Il aurait, dit-on, peint jusqu'aux derniers instants de sa vie.
Les six tableaux regroupés ici (et dont la photo ci-contre donne une idée de la taille) se trouvent dans les bas-côtés nord et sud, juste avant les deux chapelles absidiales. Les autres toiles ornent les chapelles latérales.


«Sainte Rose de Lima recevant l'Enfant-Jésus»
Tableau de frère André, 1734.
Rose de Lima fut la première sainte du Nouveau Monde et devint la patronne des jardiniers.

«Saint Dominique reçoit le Rosaire de l'Enfant-Jésus»
Tableau de frère André, 1712.

«Sainte Rose de Lima recevant l'Enfant-Jésus», détail : la Vierge.
Tableau de frère André, 1734.

«Saint Pie V : vision de Lépante» de frère André.
En 1861, à propos de ce tableau, Charles Marionneau, dans sa Description des œuvres d'art des édifices de Bordeaux, cite un extrait de la Vie des hommes illustres de l'ordre de saint Dominique écrite par le père Touron. On donne ici cet extrait complet :
«Les anciens auteurs de la vie de ce saint pape nous apprennent que le jour même de la bataille [Lépante, le 7 octobre 1571] et la nuit précédente, il redoubla la ferveur de ses prières pour implorer les secours du ciel, et commanda qu'on fît la même chose dans toute la ville, particulièrement dans l'église de la Minerve, --»»


«Saint Pie V : vision de la victoire de Lépante»
Tableau de frère André, 1733.

«Saint Pie V : vision de la victoire de Lépante», détail.
Tableau de frère André 1733.

---»» où les fidèles s'assemblaient pour la solennité du Rosaire ; et que dans le temps du combat, pendant qu'il traitait de quelques affaires dans son consistoire, il quitta brusquement les cardinaux, ouvrit la fenêtre, y demeura quelque temps les yeux élevés vers le ciel ; et qu'ayant ensuite fermé la fenêtre, il dit à quelques cardinaux qu'il ne s'agissait plus de parler d'affaires, mais de rendre grâces à Dieu pour la victoire qu'il venait d'accorder aux chrétiens.
«Peu de jours après, un courrier arrivait à Rome, confirmant la victoire que Pie V avait annoncée par inspiration divine.»


«L'Annonciation»
Tableau de frère André, 1735.

«L'Annonciation», détail.
Tableau de frère André, 1735.

L'avant-chœur et
l'entrée dans le bas-côté sud
(direction prise au sens liturgique).

La série d'œils-de-bœuf a pour effet d'alléger,
de façon très heureuse, la structure de l'édifice, en
particulier celle des larges bas-côtés.

«Saint Hyacinthe traversant les eaux du Dniepr»
Tableau de frère André, 1731.

«Saint Raymond de Pénafort traversant la Méditerranée»
Tableau de frère André, 1732.
LE CHŒUR ET LES DEUX CHAPELLES ABSIDIALES NORD ET SUD

Le chœur baroque et coloré de l'église Notre-Dame est éclairé
par l'oculus situé en haut de la voûte qui surmonte le chœur (voir la photo du haut).
À l'abside, trois toiles de Roman Cazes, datées de 1874 illustrent la vie de la Vierge :
La Présentation au temple ; la Vierge au pied de la croix ; la Visitation.

Le chœur de l'église Notre-Dame.
Le chœur représente le point d'orgue artistique de l'église. Trois tableaux de Romain Cazes, datés de 1874, illustrant la Vie de la Vierge, surplombent une boiserie en courbe d'où se détache, en avant-plan, un très bel autel réalisé en 1751 par le sculpteur avignonnais Jean-Baptiste II Péru. (Son oncle était dominicain dans la cité pontificale.) L'autel est en marbre blanc veiné et contient des incrustations de jaspe de Sicile. Ce maître-autel est regardé comme l'une des œuvres les plus remarquables de l'art chrétien du XVIIIe siècle, lit-on dans le livret sur l'église rédigé par la paroisse.
Notons que l'abbé Brun, en 1953 dans Les Églises de Bordeaux, ne donne aucun nom d'artiste ayant créé cet autel. Avant lui, Charles Marionneau, en 1861, dans sa Description des œuvres d'art des édifices de Bordeaux, ne cite nullement Jean-Baptiste II Péru. Il donne simplement les noms gravés en différents endroits de l'œuvre ou qui sont lisibles sur des petites plaques fixées sur le marbre. On lit ainsi : «Joseph Besserie et Caldaguez pour la partie purement décorative, et Antoine Coudert pour la statuaire», écrit Charles Marionneau. Il s'agit vraisemblablement, souligne Christian Taillard en 1997 dans Bordeaux à l'âge classique, des exécutants et non des concepteurs.
Sur l'autel, deux anges adorateurs, agenouillés et priant les mains jointes, entourent un groupe d'angelots qui égrènent un rosaire. «Ils sont assemblés, écrit l'abbé Brun, avec un art de la composition vraiment exquis, qui a toute la délicatesse d'un Boucher ou d'un Fragonard.» Cet aspect profane dans le sanctuaire d'une chapelle dominicaine n'a rien d'étonnant. Ce n'est autre, rappelle Charles Marionneau, que l'expression, «d'une façon bien vraie», de l'esprit religieux du XVIIIe siècle à une époque où règne «en maîtresse absolue, l'école pompeuse et mythologique des Coustou.»
En 1997, Christian Taillard est plus critique. «Ce groupe de chérubins, écrit-il, évoque les amours mutins et insoucieux de Boucher et exprime une sensibilité religieuse gaie mais bien superficielle.» Il y voit l'expression d'une «religion de boudoir des abbés de cour». C'est là, ajoute-t-il, l'un des deux pôles de la sensibilité religieuse du XVIIIe siècle, l'autre pôle étant plus sérieux et sincère.
L'autel de messe (que l'on voit au centre juste derrière la balustrade qui sert d'autel de communion) est une ancienne crédence exécutée par le sculpteur Lamargue en 1837 sur un dessin de l'architecte Pierre-Alexandre Poitevin.
Au nord et au sud, le chœur est clôturé par les magnifiques grilles en fer forgé du maître serrurier bordelais Jean Moreau. Elles furent achevées en 1781. Charles Marionneau, nous apprend que ces portes étaient autrefois placées parallèlement au maître-autel et qu'elles séparaient le sanctuaire et le chœur des moines. Chacun des deux portiques est surmonté d'une ronde-bosse en tôle de fer dorée à l'or fin. Ces rondes-bosses illustrent l'Ascension et l'Assomption. Sur les vantaux, des médaillons ovales sont ornés, en bas-relief, des évangélistes et de leurs symboles.
La haute voûte qui surmonte le chœur inonde de lumière ce bel ensemble baroque grâce à un oculus placé à son sommet (voir la photo plus haut).


Une élégante ronde-bosse d'angelots, à la façon de Boucher
et de Fragonard, surmonte le tabernacle du maître-autel.

L'Assomption de la Vierge surmonte la grille qui ferme le chœur à gauche.

«Déposition de croix»
Tableau de Romain Cazes, 1874, à l'abside.

L'Ascension du Christ surmonte la grille qui ferme le chœur à droite.

Chapelle Notre-Dame du Rosaire.
Située à gauche du chœur, c'est la chapelle absidiale nord au sens liturgique et sud au sens géographique.
La brochure Église Notre-Dame, Bordeaux réalisée par la Paroisse indique que cette chapelle a reçu, en 1885, un nouveau décor dû en grande partie aux frères Bonnet. La photo ci-contre à droite en donne un aperçu. Les anges au-dessus de la niche (ci-dessous) sont l'œuvre du sculpteur Louis Fournier.
À droite, entre deux revêtements muraux à dominante rouge, le peintre Romain Cazes a réalisé en 1875 une Assomption de la Vierge soutenue par les anges. Huit curés de la paroisse Notre-Dame ont été inhumés dans cette chapelle entre 1814 et 1961.


Statue de la Vierge à l'Enfant.
Chapelle absidiale Notre-Dame du Rosaire.

«La Vierge portée par les anges»
Tableau de Romain Cazes, 1875.

Le maître-autel en marbre blanc
est l'œuvre de Jean-Baptiste II Péru, 1751.
Au premier plan, l'autel de messe est une ancienne crédence datée de 1837.

Deux magnifiques grilles clôturent le chœur au nord et au sud. Ici, la grille nord (au sens liturgique).
Œuvres du maître serrurier bordelais Jean Moreau (1781).

L'Évangéliste Marc et son lion
dans un médaillon de la grille nord.
Œuvre de Jean Moreau, 1781.

Un ange adorateur sur le maître-autel.

«La Visitation»
Tableau de Romain Cazes, 1874, à l'abside.

Le chœur et la grille de clôture à gauche.
Le maître-autel et l'autel de messe sont ici bien distincts.

La chapelle absidiale nord est dédiée à Notre-Dame du Rosaire.
Sur le mur, à droite, le tableau de Romain Cazes : La Vierge portée par les anges.

La chapelle absidiale sud est dédiée à saint Joseph.

Chapelle Saint-Joseph.
C'est la chapelle absidiale située à droite du chœur. Elle a été restaurée en 1832.
Dans sa main droite, Joseph tient la règle des charpentiers ; dans sa main gauche, le lys de l'époux. L'intrados (difficilement visible) comprend une scène de la mort de Joseph.
Dans le tympan du retable, le Père céleste (photo ci-dessous), posant sa main gauche sur l'univers, donne, de sa main droite, la lumière au monde.


Tympan du retable de la chapelle saint-Joseph
Le Père céleste bénissant (ou donnant la lumière au monde).
Sa main gauche est posée sur un globe symbolisant l'univers.
L'ORGUE DE TRIBUNE

L'orgue de tribune du facteur Schmit (1781) a été reconstruite par la maison Pesce au début des années 1980.
La tribune se prolonge au nord et au sud par d'élégants balcons.

L'orgue de tribune (1/2).
Dès l'église Notre-Dame achevée, on y place un orgue construit en 1663 par Jean Haou (ou Haon). L'instrument vient de la chapelle de l'ancien couvent des Dominicains, rasée, sur ordre de Louis XIV, avec trois cents maisons pour faire place nette devant le Château Trompette.
En 1781, le chapitre décide de faire édifier un nouvel orgue. Un facteur d'orgue itinérant, un certain Schmit, d'origine allemande, est choisi pour créer l'instrument qui suivra les règles les plus modernes.
Le buffet, quant à lui, est conçu et réalisé par l'atelier de menuiserie et de sculpture que les Frères Prêcheurs entretenaient dans le couvent. On a donc l'habitude d'attribuer cette œuvre au frère Dominique Durel, responsable de l'atelier à l'époque.
Le roi David, jouant de la harpe, est entouré de sainte Cécile, patronne des musiciens, et vraisemblablement de Polymnie, la muse des hymnes sacrés. Des angelots musiciens se tiennent au sommet de toutes les autres tourelles. Le chef d'orchestre est un petit ange dressé sur la tourelle centrale du positif. Il tient à la main la partition et la baguette du chef.
---»» Suite 2/2 à droite.


Polymnie (?) jouant de la lyre
sur la tourelle droite.

Saint-Cécile
sur la tourelle gauche.

Le roi David sur la tourelle centrale de l'orgue.

Deux atlantes identiques
soutiennent les tourelles latérales.

L'orgue de tribune (2/2).
---»» À la Révolution, l'église, devenue temple de la Raison, puis temple de l'Être suprême, est utilisée pour les festivités. L'orgue ne subit aucun dommage.
Différents travaux et ajouts seront réalisés tout au long du XIXe siècle, mais ils respecteront tous l'orgue de Schmit.
Au début du XXe siècle, la maison Puget modifie l'étendue des claviers. Entre 1958 et 1969, le facteur Beuchet-Debierre procède à une reconstruction majeure : l'orgue s'oriente désormais vers le style néoclassique.
En 1971, la voûte du chœur s'effondre partiellement. L'église sera fermée pendant dix ans. C'est à cette occasion que la maison Pesce reconstruira l'orgue, mais conservera la majorité de la tuyauterie existante.
Source : Église Notre-Dame Bordeaux édité par l'association Les Amis d'Ars et Fides Bordeaux


Les angelots musiciens sur le buffet de l'orgue.
Au premier plan (sommet de la tourelle centrale du positif), un petit ange tient dans ses mains la partition et la baguette.
Tous ces personnages ont été ciselés par l'atelier de menuiserie et de sculpture du couvent des Dominicains au XVIIIe siècle.

Sainte Cécile et des angelots musiciens sur le buffet de l'orgue.

Angelot souffleur de trompette.

Angelot jouant du violon.

Le vitrail de la façade est consacré à la Vierge.
Atelier Hutrel, 1860.

Le vitrail de la façade.
Ce vitrail, daté de 1860, est postérieur à tous ceux créés par l'atelier Émile Thibaud (dans les années 1848-1849).
Conformément à la dédicace de l'église depuis 1802, il est consacré à la Vierge.
On ne peut pas dire que le cartonnier se soit inspiré d'une madone de Raphaël ! Qui a bien pu servir de modèle ? Il est rare de trouver un visage de Marie d'où toute beauté est absente. Situé derrière l'orgue, il faut examiner le vitrail avec attention pour percevoir vraiment les traits de la Vierge.


La nef de l'église Notre-Dame vue depuis le chœur.

Documentation : «Église Notre-Dame, Bordeaux», brochure éditée par la Paroisse (Père Jean Rouet et membres de l'Accueil)
+ «Les églises de Bordeaux» de l'abbé Pierre Brun, éditions Delmas, 1953
+ «Bordeaux à l'âge classique» de Christian Taillard, éditions Mollat, 1997
+ «Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de Bordeaux» de Charles Marionneau, 1861.
PATRIMOINE CARTE PATRIMOINE LISTE Retourner en HAUT DE PAGE