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L'origine de l'église Saint-Sauveur,
autrefois appelée Notre-Dame-de-Froide-Rue, est obscure.
Si l'on fait abstraction des récits plus ou moins légendaires,
la première mention de l'église n’est pas antérieure au milieu
du XIIe siècle. On la trouve en effet citée dans une
bulle du pape Eugène III, vers 1152-1153, à l'occasion de
la confirmation des biens de la cathédrale
de Bayeux.
Les élévations de pierres, les voûtes en bois
et les baies à remplage, associées sans logique visible,
ne facilitent pas son étude archéologique. Pas plus
que son clocher typiquement normand. Depuis le XIXe siècle,
les historiens ont trébuché sur la chronologie de
sa construction. Toutefois, en 2015, Étienne Faisant, du
centre André Chastel, en a proposé un déroulement
logique tiré de ses recherches dans les archives et d'une
observation minutieuse de la pierre.
Tout semble partir du XIIe siècle avec une chapelle romane
de trois travées. Devenue église paroissiale au début
du XIVe siècle, elle est reconstruite et acquiert un cimetière
à l'est géographique (plan
1). Le clocher actuel est rattaché à cette période,
juste après l'érection de celui de Saint-Pierre
en face duquel il apparaît comme une version simplifiée.
À la fin du XIVe, une seconde nef, aujourd'hui appelée
nef Saint-Eustache, est bâtie à la place du
cimetière, tandis qu'un grand arc est percé pour relier
les deux bâtiments accolés (plan
2). Chacun d'eux possède sa voûte en bois et son
chevet plat. L'ensemble s'apparente à une église-halle.
Au tout début du XVIe siècle, l'édifice s'agrandit
par une extension au nord géographique (plan
3). Il s'enrichit d'un jubé et d'un beau porche
gothique, aujourd'hui délabré. Au sud, le chevet
plat est transformé en abside à trois pans de type
gothique. Vers le milieu du XVIe, c'est l'autre chevet qui devient
abside à trois pans, mais de type Renaissance. Voir plus
bas le long développement proposé sur l'historique
de la construction.
En 1562, détruisant jubé et orgue, les protestants
saccagent l'église qui est ensuite restaurée. Le XVIIIe
siècle est celui des réparations multiples (clocher,
pavage du sol, bancs installés dans la nef, nouvelles cloches).
À la Révolution, le panorama religieux de Caen
est bouleversé : les treize paroisses de la ville sont réduites
à sept. Celle de Notre-Dame-de-Froide-Rue disparaît.
Une partie est rattachée à l'église Saint-Étienne.
L'édifice devient magasin pour les équipages de l'armée.
Avec le Concordat, le schéma paroissial caennais est réorganisé
: en 1803, Notre-Dame-de-Froide-Rue devient l'église Saint-Sauveur,
centre cultuel d'une paroisse retrouvée.
En passant à Caen, si vous flânez dans la rue Saint-Pierre,
ne manquez pas d'entrer dans Saint-Sauveur. Les deux nefs accolées
constituent une caractéristique assez rare pour en justifier
la visite. Vous y trouverez un monde de vieilles pierres à
l'historique complexe, enrichi des beaux vitraux
de Max Ingrand. L'atmosphère qui s'en dégage vous
étonnera.
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Vue d'ensemble de la double nef de l'église Saint-Sauveur. |
L'église Saint-Sauveur vue depuis la rue Saint-Pierre.
La nef «nord» et son abside Renaissance sont au
premier plan. |
Le chevet à deux absides de l'église Saint-Sauveur.
À gauche, l'abside gothique «sud» (vers 1500)
; à droite, l'abside «nord» (vers 1540). |
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Le clocher est très proche de celui de l'église
Saint-Pierre
:
grandes lancettes surmontées de quatre clochetons et
d'une flèche. |
Fenêtre Renaissance dans la nef «nord». |
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Frise et remplage d'une baie gothique dans l'abside «sud». |
Architecture
extérieure.
Trois éléments méritent l'attention :
le porche gothique donné ci-dessous, les deux absides
et le clocher.
Se voyant de loin, le clocher
est l'élément extérieur le plus caractéristique
de l'édifice. il reprend en de nombreux points celui
de l'église Saint-Pierre.
Chaque face présente deux hautes lancettes encastrées
en forte saillie dans une arcade riche de nombreuses colonnettes.
Au-dessus, quatre clochetons hexagonaux sont ceinturés
par un gardecorps. L'imposante flèche repose sur un
tambour.
Si les absides ont pu être saccagées par les
protestants et les révolutionnaires, elles ont aussi
subi les outrages du temps. Les statues ont disparu des consoles
depuis longtemps ; les dais sont rongés par les intempéries.
Quant à la frise qui court sous le toit, ses figurines
sont presque méconnaissables. À coté
du remplage flamboyant de l'abside gothique sud, l'élément
intéressant de l'abside nord est sa griffe Renaissance
bien visible dans les panneaux de pierre de son soubassement
(photo ci-dessus).
Dans son article pour le Congrès archéologique
de France tenu à Caen en 1908, l'historien Louis
Serbat attribue, pour une grande part, cette abside à
Hector Sohier, auteur attesté de l'abside de l'église
Saint-Pierre.
Cependant, aucun document ne confirme cette thèse,
ce que rappelle l'historien Étienne Faisant dans son
étude approfondie de 2015. En 1889, Eugène de
Beaurepaire, secrétaire général de la
Société archéologique, avançait
déjà cette même idée avec assurance.
Le porche gothique (photo ci-dessous) se trouve dans la rue
Froide. Il est pratiqué dans l'épaisseur du
mur. Sa petite voûte d'ogives est à double lierne.
Au centre d'un tympan nu trône le reste mutilé
de ce qui était sûrement une statue de la Vierge.
Les statuettes de l'unique voussure de l'archivolte ont disparu,
comme celles de la grande arcade. Un triste état pour
un porche gothique qui, bien que petit, ne devait pas manquer
de charme.
Sources : 1) Congrès
archéologique de France tenu à Caen en 1908,
article de Louis Serbat ; 2) L’église Notre-Dame-de-Froide-Rue
(aujourd'hui Saint-Sauveur à Caen) par Étienne
Faisant, Les Annales de Normandie, 2015.
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Porche gothique sur le rue Froide (nef «sud»). |
Rue Froide : fenêtre gothique et escalier à vis
conduisant à l'ancien jubé. |
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Vantail de la porte gothique
(Début du XVIe siècle). |
Ce reste de pierre sur le tympan
devait être une statue de la Vierge. |
Escalier
(1/2). Quel est cet étrange
escalier coincé entre deux pans de murs
sur le côté «nord» (photo
à gauche) ? Lors du Congrès
archéologique de France tenu à
Caen
en 1883, Eugène de Beaurepaire, dans son
article Promenade à Caen, note sommairement :
«C'est au XVe siècle notamment qu'appartient
le charmant escalier que l'on aperçoit
du côté de la rue Froide et qui a
donné lieu à tant de suppositions.»
En 1908, toujours pour le Congrès archéologique
de France, l'historien Louis Serbat rédige
une analyse plus riche de l'église Saint-Sauveur
et s'interroge. L'escalier est tournant : sa révolution
est indiquée par la décoration extérieure
en spirale. La partie supérieure, vitrée
en 1908, mais fermée aujourd'hui par un
grillage, est surmontée d'un dais très
travaillé. Ce dais s'abrite sous un arc
dentelé qui joint les deux murs et «sert
de pont à la corniche du toit» [Serbat].
À quoi servait cette tourelle ? À
l'intérieur de l'église, il n'y
a qu'un mur nu où est accroché un
grand
Christ en croix. Aucune marque ou correspondance
ne subsiste dans la pierre. Était-ce un
escalier conduisant à une chaire ?
Il monte trop haut. Était-ce une monstrance
pour exposer le Saint Sacrement ou une relique ?
Dans ce cas, pourquoi la partie ouverte continue-t-elle
de tourner avec l'escalier ? N'était-il
pas plus noble de créer une niche adéquate
?
Lors du même Congrès, l'historien
Henri Prentout avance des preuves en faveur de
la monstrance. Il cite un large extrait d'un document
de 1493, découvert par ses soins dans le
Tabellionage de Caen.
Ce texte officialise la donation en faveur de
l'église Notre-Dame de Froide Rue d'un
«très noble et précieux tableau»
contenant des reliques de saints. Cette donation
est faite par «maistre Richard de Verdun,
procureur en l'audience de la chancellerie de
France, garde du scel aux obligations de la vicomté
de Caen, et dame Martine, son espouse.»
---»» Suite 2/2 ci-dessous.
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Détail de l'archivolte du porche gothique.
Si le temps peut être à l'origine de la dégradation
générale de la pierre, l'absence de tête
est-elle due aux saccages des guerres de Religion ? |
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Escalier (2/2).
Outre une donation en argent pour l'«augmentation»
et la décoration de l'église, l'acte mentionne
- et c'est le plus important - la présentation du tableau
«aux curé et chappellains tresoriers et paroissiens
d'icelle» par Jehan le Sens, écuyer, seigneur
de Reviers. Henri Prentout nous apprend que Jehan le Sens
était un noble qui logeait dans la Froide-Rue où
s'élevait son hôtel et qui était receveur
et sénéchal de Monseigneur Charles d'Orléans.
L'acte est ensuite très clair : les donateurs ont le
désir de voir leurs parents et amis associés
aux prières et aux bienfaits de l'église ; ils
veulent que le tableau soit porté en procession autour
ou dans l'église lors des grandes fêtes et des
solennités dédiées à la Vierge,
solennités que l'on fera suivre le lendemain par la
sonnerie des cloches. Comme de coutume, la donation précise
les sommes allouées aux membres du clergé tenus
de respecter les termes de ce contrat.
En 1576-1577, c'est-à-dire près d'un siècle
plus tard, cette marche et cette monstrance avaient toujours
lieu car sa rémunération figure encore dans
le compte des trésoriers.
Ce compte du XVIe siècle parle d'ailleurs de procession
du Verdun. Henri Prentout écrit alors en guise
de conclusion : «N'est-il pas évident que c'est
bien du reliquaire donné par Richard de Verdun qu'il
s'agit? C'est lui que l'on promène en procession, et
on appelle aussi le Verdun la monstrance qui l'abrite
et où on se rend en procession.» Et il en déduit
que la partie supérieure de l'escalier était
la monstrance du tableau...
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C'est aller bien vite en besogne.
De l'acte de tabellionage de 1493, on ne peut que conclure
qu'il s'agit d'une courte procession autour de l'église
ou dans l'église d'un tableau dont on ignore la taille.
Rien n'est dit sur une exposition prolongée vers l'extérieur
de l'édifice. Aucun lien logique ne peut donc être
établi entre le Verdun (en admettant qu'il s'agisse
bien du tableau) et ce curieux escalier de la rue Froide.
Henri Prentout, dont le zèle étonne, s'emballe
un peu vite. De plus, si la partie supérieure de cette
architecture énigmatique était bien une monstrance,
le tableau aux reliques ne devait pas être bien large !
Pourquoi faire tout ce remue-ménage pour une si petite
chose, sans doute indigne du rang du donateur ?
La fonction de cet escalier est restée en suspens jusqu'en
2015. Cette année-là, dans une nouvelle analyse
très détaillée de l'église, l'historien
Étienne Faisant donna enfin une réponse convaincante.
Faisant état de la présence attestée
d'un jubé, érigé au début du XVIe
siècle à l'est du clocher, dans la nef «sud»,
il écrit : «(...) le seul trumeau sur lequel
il [le jubé] a pu venir s’appuyer est celui où se trouve
le mystérieux escalier. Il n’y a donc aucun doute : cette
vis permettait de monter sur le jubé.» Tout simplement.
Et l'ouverture observée dans sa partie haute servait
à l'éclairer. Étienne Faisant signale
d'ailleurs que cette hypothèse avait été
formulée avant 1914 par André Adam, ancien vicaire
de l'église.
Sources : 1) Congrès
archéologiques de France tenus à Caen en
1883 et 1908 ; 2) L’église Notre-Dame-de-Froide-Rue à Caen
par Étienne Faisant, Annales de Normandie, 2015.
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HISTORIQUE DE
LA CONSTRUCTION |
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Plan 1 : l'église romane primitive. |
Historique
de la construction : proposition d'Étienne Faisant
en 2015 (1/5).
Préliminaire : Comme on le voit sur le plan ci-contre,
l'église Saint-Sauveur, anciennement Notre-Dame-de-Froide-Rue,
a ses deux absides en direction du «sud - sud-est»
géographique. La norme pour une église est d'avoir
son chur, et donc son abside, dirigés vers l'est,
vers l'orient. C'est-à-dire qu'elle est «orientée».
Dans le cas opposé, elle est dite «occidentée»,
mais ce terme est rarement employé. Dans le cas des
orientations non traditionnelles, les spécialistes
de l'art religieux conviennent d'utiliser les directions dites
«liturgiques». Ce qui veut dire que l'église
est quand même considérée comme «orientée».
C'est pourquoi ici la nef qui dirige sa façade vers
l'est sera appelée nef nord, et l'autre, nef
sud. Dans cet historique, quand les directions suivront
les points cardinaux, elles seront systématiquement
qualifiées de «géographiques».
Comme l'écrivait l'historien Aristide Joly en 1874,
l'église Saint-Sauveur est «pleine d'étrangetés».
Bâtir la chronologie de sa construction relève
du parcours du combattant. En l'étudiant de près,
Joly pensait que la nef nord, la seule qui paraît érigée
selon un plan, était historiquement la première
( XIVe siècle) et que le clocher, en tant que tour
indépendante, venait se coller à son côté
sud. L'autre nef, apparemment sans grand ordre architectural,
aurait été ajoutée par petits bouts,
au hasard de la disponibilité des terrains adjacents.
Cette version a été acceptée pendant
plus d'un siècle. Et ceci en dépit d'une constatation
étrange sur le coin sud : un élément
d'architecture semblait se rattacher à la fin du XIIIe
siècle ou au tout début du XIVe !
Mais, dans ce même coin sud, l'observation récente
d'un reste d'arcature attribuée au XIIe siècle
a remis en question le schéma général
de la construction. En 2015, les choses se sont précisées.
Grâce à de nouveaux documents d'archives et en
étudiant de près les reprises de maçonnerie,
les décrochements dans la pierre et autres raccords
et jointures, l'historien Étienne Faisant, du
centre André Chastel, a proposé une chronologie
nouvelle et assez convaincante de toute la construction. Ce
document, paru dans les Annales de Normandie, est utilisé
ici pour la rédaction de cet historique.
La première étape, au XIIe siècle,
est une petite église romane sans cimetière,
sans doute une simple chapelle, sur le côté sud,
approximativement de 17 mètres sur 9 mètres.
On lui adjoignit par la suite un clocher (plan 1 ci-contre)
à l'ouest, moins imposant que le clocher actuel, avec
un escalier extérieur flanqué sur le côté
est géographique. On voit d'ailleurs encore deux petites
fenêtres obstruées de ce premier clocher, orientées
vers l'ouest géographique (voir photo plus
bas). Pour entrer dans l'édifice, on passait vraisemblablement
par un portail situé à la base du clocher, donnant
sur la rue Froide. Une entrée au nord géographique
n'était pas possible puisque le terrain n'appartenait
pas au chapitre de l'église. On observe le même
genre d'ouverture à l'église Saint-Pierre.
---»» Suite 2/5 ci-dessous.
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Historique
de la construction : proposition d'Étienne Faisant
en 2015 (2/5).
---»» À ce stade de son analyse,
Étienne Faisant conclut que cette nef a été
plus tard entièrement reconstruite, clocher inclus
- et d'un seul tenant. Ne voyant aucune trace de raccords
dans l'abside actuelle, il en déduit que le chevet
de cette petite église de trois travées,
dédiée à la Vierge, était
plat (comme le seront au XIIIe siècle ceux de
Saint-Pierre
et de Saint-Étienne-le-Vieux).
La deuxième étape est donc la reconstruction
de l'église, «sans doute dans la première
moitié du XIVe siècle, avant le siège de Caen par les
Anglais en 1346», écrit l'historien. Plus
précisément, le roi Philippe VI de Valois
signe en 1329 une lettre patente autorisant l'«église
paroissiale» Notre-Dame-de-Froide-Rue à
Caen
à acquérir un terrain pour y établir
un cimetière. De cela, il découle que,
partant d'une possible chapelle, l'édifice était
devenu église paroissiale qui se devait de posséder
son cimetière et qu'une reconstruction était
en cours.
L'édifice sera voûté de pierre et
surmonté d'un clocher normand traditionnel. Étienne
Faisant situe ces importants travaux au début
des années 1320. Le clocher actuel daterait donc
de cette époque. Celui-ci s'inspire d'ailleurs
fortement de celui de Saint-Pierre,
terminé au tout début du XIVe siècle.
Dans son ouvrage général Caen, Architecture & Histoire
paru en 2008 aux éditions Corlet, Philippe Lenglart
pose la question qui arrêtait les spécialistes
depuis longtemps : «la tour de Saint-Sauveur annonce-t-elle
celle de Saint-Pierre ou en est-elle une réplique?»
En 2015, Étienne Faisant replace le problème
dans le cadre de la chronologie qu'il propose et répond
: «La tour de Notre-Dame s’inspire donc manifestement
de celle de Saint-Pierre,
dont les niveaux supérieurs furent commencés sous l’administration
du trésorier Nicole Langlois, mort en 1317.» Au
demeurant, l'historien Lefèvre-Pontalis avait
déjà pris parti dans ce sens dans son
article général sur les clochers du Calvados
rédigé à l'occasion du Congrès
archéologique de France tenu à Caen
en 1908.
Terminons l'étape 2 en citant Étienne
Faisant à propos de ce fameux cimetière
autorisé par Philippe VI et, selon la lettre
patente, établi sur une propriété
achetée à la censive de l'hôpial
de Caen
: «La date exacte de l’achat de ce cimetière n’est
pas connue, mais elle peut être située vers 1320. Si
rien ne l’atteste formellement, il semble alors logique
de considérer que la création de ce cimetière a pu faire
partie d’un réaménagement global et que la reconstruction
de l’église a pu également être entreprise à cette époque.»
Cela fait beaucoup de suppositions, mais, les étapes
1 et 2 mises bout à bout, l'ensemble offre l'avantage
d'une logique certaine, appuyée par de nombreuses
marques dans la pierre.
La troisième étape est la construction
de la nef nord à la place de la plus grande
partie du cimetière (plan 2 à droite).
Cette «nef», appelée aujourd'hui
nef Saint-Eustache, possédait cinq travées
et doit être regardée comme un très
large collatéral. Les documents de l'époque
parlent d'une «aile». Cette aile avait même
hauteur que la nef principale et se terminait vraisemblablement
à l'est par un chevet plat. De la sorte, l'ensemble
affichait un aspect d'église-halle. ---»»
Suite 3/5 ci-dessous.
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Plan 2 : construction de la seconde nef.
À partir de 1380, la nef nord est bâtie à
la place de l'ancien cimetière.
Au nord géographique subsistent des terrains et des maisons
qui seront bientôt achetés par le chapitre. |
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Plan 3 : Extension vers l'ouest géographique
doublée d'aménagements dans les nefs.
Jubé avec son escalier à vis, pont pour accéder
au clocher,
et au sud : abside gothique à trois pans et
nouveau mur gouttereau dans le prolongement
des contreforts du clocher. |
Historique
de la construction : proposition d'Étienne Faisant
en 2015 (3/5).
---»» Dans sa partie nord (liturgique), on observe
une suite de chapelles
latérales très peu saillantes. Des colonnettes
interrompues sont accolées aux murs qui séparent
ces chapelles. On avait donc le projet de bâtir une
voûte en pierre, mais il a été abandonné.
Pour l'accès au clocher, on détruisit l'escalier
situé au nord-est, remplacé par un nouveau dans
le coin nord-ouest, tandis que des ouvertures étaient
pratiquées dans l'ancien mur gouttereau de la nef principale,
au nord, pour faire communiquer les deux vaisseaux..
Aux XIVe et XVe siècles, trois anciennes églises
de Caen,
aujourd'hui disparues, reprenaient ce schéma d'un grand
collatéral opérant comme une seconde nef sans
maître-autel. Cette disposition pittoresque s'observe
encore en France. On peut en voir une à l'église
Saint-André
à Joigny
en Bourgogne (où le grand collatéral nord a
été construit au XVIe siècle). En revanche,
la double nef de l'église Saint-Porchaire
à Poitiers
possède une fonction différente : l'une est
pour les moines ; l'autre, pour les fidèles.
Quand eut lieu l'extension de cette troisième étape ?
Aucun document ne l'indique. Mais, chronologiquement, la fabrique
de l'église devait d'abord acquérir un terrain
pour y établir son nouveau cimetière. Ce qui
fut fait en novembre 1382 par l'achat d'une parcelle où
se trouvait une vieille bâtisse à détruire
(maison D + terrain sur les plans 1 et 2). La construction
de la nef nord aurait donc démarré dans les
années 1380 et, pour Étienne Faisant, elle fut
lente. Il date l'élévation des chapelles latérales,
au nord, du début du XVe siècle. Comme le chevet
voisin, le nouveau chevet était plat
La quatrième étape eut lieu dans le courant
du XVe siècle. On décida d'ouvrir un large
espace entre les deux nefs, sans pile ni support, donc
sans couvrement lourd. À cette fin, la voûte de pierre,
posée au début du XIVe siècle dans la nef sud, fut
détruite au profit d'une voûte de bois en berceau brisé.
Étienne Faisant observe que les trois arcs qui communiquent
entre les deux nefs ont un profil prismatique propre au XVe
siècle et sont vraisemblablement issus d'une même
campagne de travaux. Le grand
arc oriental qui unit l'espace des deux nefs est une des
curiosités de l'église. L'arc
adjacent est nettement plus bas : le mur soutient le clocher
et doit garder sa robustesse.
Ajoutons ici une remarque qui tempère cette chronologie
: on ne peut pas avoir créé l'arc occidental
entre les deux nefs (le troisième arc) avant l'extension
de l'église vers l'ouest géographique...
La cinquième étape est l'extension
de l'édifice vers l'ouest géographique à
partir de 1496, une extension sans doute exigée par
l'accroissement démographique. La fabrique avait bénéficié
d'une donation en 1467. Alain Guyon, seigneur de Villiers
et grand écuyer de France, avait offert un terrain
dans les «prés de la Boucherie». On y établirait
le nouveau cimetière de l'église (le troisième
!), libérant ainsi l'espace à l'ouest de l'édifice.
Mais, comme le plan 2 le montre, ce n'était pas suffisant
pour réaliser l'extension prévue sur les deux
nefs. C'est pourquoi en 1496, la fabrique acquit la maison
qui jouxtait l'église à l'ouest (maison C
sur les plans 1 et 2).
En ajoutant à cet espace la partie du premier cimetière
qui n'avait pas été utilisée pour la
nef nord, la fabrique put adjoindre deux travées supplémentaires
à son église. On comprend, à la lecture
du texte d'Étienne Faisant, que la volonté des
fabriciens était d'ouvrir largement ce nouveau mur
occidental par des baies vitrées au nord et au sud.
Mais deux maisons bouchaient l'horizon. Au sud, le curé
de l'église était propriétaire de la
petite bâtisse (maison A sur les plans). Il l'offrit
à la fabrique qui put ainsi la faire détruire.
De la sorte, l'horizon se dégageait partiellement et
on put insérer une grande rose dans l'élévation.
Côté nord, il y avait un petit recul devant le
vitrail prévu, mais jugé insuffisant. La fabrique
passa alors un arrangement avec le propriétaire de
la maison qui barrait la lumière (maison B sur
les plans). Pour donner du jour à la grande
verrière, celui-ci donna l'autorisation de faire
modifier la toiture de sa demeure en échange d'une
place de banc et d'une sépulture contre l’un des piliers qui
soutient la tour. ---»» Suite 4/5 ci-dessous.
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Historique
de la construction : proposition d'Étienne Faisant
en 2015 (4/5).
---»» Dans ce nouvel espace, la liaison
entre les deux nefs fut assurée par un nouvel
arc, que l'on put construire assez ample puisqu'il ne
soutenait pas le clocher (photo ci-contre). Quant à
l'escalier, situé au nord-ouest, qui menait au
clocher, il fut détruit et remplacé par
un dispositif original : un nouvel escalier, construit
dans l'élévation nord de l'église
rejoignait le premier étage du clocher par un
pont de bois qui enjambait toute la nef nord (voir plan
3 ci-dessus).
Selon les sources, ce pont de style gothique était
encore en place en 1847. En revanche, Prosper Mérimée,
inspecteur général des Monuments historiques,
qui est de passage à Caen en juin 1841, n'en
parle pas dans sa lettre à Ludovic Vitet, président
de la Commission. L'écrivain voyageur
ne s'en cache pas : il pensait qu'Arcisse de Caumont
(natif de Caen et père de l'archéologie
française) avait converti sa ville «jusqu'aux
marchandes d'huitres» à l'amour de l'art,
mais il dut déchanter. Lassé de la «sauvagerie»
et du «vandalisme» qu'il a trouvés
dans la ville, il n'est sans doute pas rentré
dans l'église Saint-Sauveur, sinon il est probable
qu'il aurait laissé à la postérité
une appréciation sur ce pont de bois du XVe siècle.
Cette extension vers l'ouest s'accompagna d'autres travaux
assez importants qui furent achevés vers 1510
ou un peu après. À la fin du XVe siècle,
les dommages de la guerre de Cent Ans se sont estompés
depuis une trentaine d'années ; le commerce a
repris ; les marchands s'enrichissent. Et, manifestement,
la générosité des donateurs alimente
les financements.
Deux portes furent créées dans la travée
qui s'étend le plus à l'ouest : au nord,
on perça un portail assez chiche (qui existe
toujours) ; au sud, sur la rue Froide, on érigea
un beau portail
gothique avec trumeau, archivolte et sculptures.
Il est aujourd'hui bien délabré, mais
il nous reste la menuiserie des vantaux.
L'ancien portail situé sous le clocher fut bouché
et remplacé par une verrière à
remplage flamboyant.
Autre modification, plus étonnante (mais l'argent
ne devait pas manquer) : un nouveau mur gouttereau sur
la rue Froide, entre le clocher et le chevet, fut construit
dans le prolongement des contreforts du clocher en empiétant
de plus d'un mètre sur la rue. Il faut croire
que le terrain était propriété
de l'église... Quand on abattit l'ancien mur,
on créa deux
grands arcs qui abritèrent chacun une chapelle
latérale. ---»» Suite 5/5.
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La façade occidentale avec sa tribune de bois.
Le grand arc qui sépare les deux nefs date du milieu
du XVIe siècle.
La tribune de bois a été installée en 1808,
sans doute pour répondre à l'afflux
des fidèles pendant les cérémonies. |
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Vue d'ensemble des deux churs avec leurs verrières
de l'atelier Max Ingrand.
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Plan 4 : plan actuel de l'église Saint-Sauveur. |
Historique
de la construction : proposition d'Étienne Faisant
en 2015 (5/5).
---»» À tout cela, on ajouta un jubé
dans la nef sud et, pour y monter, on inséra un escalier
en vis dans le nouveau mur gouttereau qui s'élève
le long de la rue Froide. Voir le texte
sur l'énigme posée aux historiens par cet escalier.
Ajoutons que le jubé fut détruit lors du saccage
de l'église par les protestants en 1562 et reconstruit
à partir de 1577. Pour Étienne Faisant, ce jubé
subsista jusqu'à la Révolution.
La logique veut que ce soit aussi à cette époque,
et dans le prolongement des travaux du nouveau mur gouttereau,
que l'on transforme, au sud, le chevet plat en une abside
gothique à trois pans. Étienne Faisant place
ces travaux dans les années 1510. Chaque pan se compose
d'une grande lancette et d'une petite verrière basse.
Ces fenêtres sont ornées aujourd'hui d'une vitrerie
créée par l'atelier Max Ingrand.
Les trois fenêtres basses avaient-elles une utilité
particulière ? En 1940, un article dans le Bulletin
de la Société des antiquaires de Normandie émit
l'idée que ces lieux étroits servaient de logettes
à des reclus volontaires. Certes, la rue Saint-Pierre
est très animée et, pour leur nourriture, les
reclus dépendaient totalement de la générosité
des passants. Mais un reclus vit dans la solitude et le refus
du monde. Dès lors pourquoi une fenêtre aussi
large et un aussi beau remplage ? Enfin, vivre isolé
du monde, ce n'est pas faire du compagnonnage à trois,
même si chacun est séparé des autres par
une cloison de pierre. Il semble qu'il y ait eu confusion,
dans des documents anciens, entre les logettes de reclus
et les boutiques de marchands dressées devant l'abside
(boutiques appelées loges) et dont la présence
est attestée dès 1559. Comme l'écrit
Étienne Faisant, cette idée de reclus, que rien
ne vient confirmer, doit être écartée.
Il peut s'agir, comme il le suggère encore, d'une ancienne
sacristie. Les loges seront détruites en 1873.
La sixième et ultime étape intervient
dans les années 1540. C'est la transformation du
chevet nord en une abside à trois pans, fortement
inspirée de celle de l'église Saint-Pierre.
Cette abside est abusivement appelée «abside
Saint-Eustache». En effet, un document de la fin du
XVIe siècle, cité par Étienne Faisant,
nous apprend qu'un autel dédié à ce saint
se trouvait dans une chapelle latérale nord et qu'il
avait été «rapproché» du
maître-autel et placé dans le nouvel hémicycle.
C'était donc une chapelle et non pas un chur
baignant dans une abside Renaissance. Qui a réalisé
cette abside ? En 1883, dans son article Promenade dans
Caen rédigé pour le Congrès archéologique
de France, Eugène de Beaurepaire, secrétaire
général de la Société archéologique,
avance sans sourciller le nom d'Hector Sohier, auteur attesté
de l'abside de l'église Saint-Pierre.
Mais, pour l'église Saint-Sauveur, aucun document ne
le confirme. Prudent, Étienne Faisant se contente donc
du minimum : la chapelle Saint-Eustache «fut élevée
sous la direction d’un architecte qui n’avait pas dirigé le
chantier de Saint-Pierre,
mais qui s’est simplement inspiré de différents motifs qu’il
avait pu y voir.»
Sources : 1) L’église
Notre-Dame-de-Froide-Rue (aujourd'hui Saint-Sauveur à
Caen) par Étienne Faisant, Les Annales de Normandie,
2015 ; 2) Caen, Architecture et Histoire par Philippe
Lenglart, 2008.
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LA NEF Ouest (SUD
LITURGIQUE) |
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La nef gothique «sud» vue depuis l'entrée
sur la rue Froide. |
Architecture
intérieure des deux nefs (1/2).
L'église n'a qu'un seul niveau d'élévation.
Les deux voûtes en berceau dégagent beaucoup
d'espace en hauteur et les grandes baies à remplage
flamboyant apportent l'indispensable lumière.
L'élément architectural le plus intéressant
est évidemment le grand
arc de séparation (ou de liaison) entre les
deux nefs. Percé au début du XVe siècle
dans l'ex-mur gouttereau de la nef «sud»,
ses moulures prismatiques se retrouvent dans les deux
autres arcs de séparation. Le visiteur attentif
remarquera la faible hauteur des arcs sous les quatre
murs porteurs du clocher. Compte tenu du poids que ces
murs ont à soutenir, il ne faut pas en briser
la robustesse.
Le long des élévations «nord»
et «sud» s'aligne une série de chapelles
latérales, parfois larges, mais toujours très
peu profondes. Dans quelques-unes d'entre elles, on
voit d'ailleurs encore la piscine (photo plus
bas). (Rappelons que, dans les vieilles églises,
la piscine était un petit vide creusé
dans la pierre où l'officiant se purifiait les
mains après l'offertoire.) La superficie dévolue
à l'église était réduite
et la population de la paroisse, comme l'indiquent d'anciens
documents, s'accroissait au fil des siècles.
Le chapitre devait veiller à pouvoir accueillir
tout le monde lors des cérémonies. Donc
pas de chapelle un peu profonde qui aurait obligatoirement
réduit l'espace disponible pour la nef.
Une tribune
de bois, datée de 1808, s'élève
le long de la façade occidentale. Selon un arrest
notable du Parlement de Normandie de 1749, cité
par Étienne Faisant dans son étude parue
dans les Annales de Normandie en 2015, il y avait
auparavant à cet endroit un banc de la Conférie
de la Charité. ---»» Suite 2/2
plus bas.
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Nef gothique au «Sud» : Élévation
et chapelles latérales.
La baie de gauche est décentrée par rapport à
l'arcature qui la reçoit. Même chose pour la baie
du milieu. |
Chapelle latérale.
Le statut de chapelle se reconnaît à la présence
d'une piscine (flèche). |
Nef gothique : l'une des arcades qui soutiennent le clocher. |
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«L'Éducation de la Vierge»
Statue de pierre attribuée à Guillaume Brodon,
XVIIe siècle. |
Copie de «La Transfiguration» de Raphaël
XVIIIe siècle ? |
Statue de saint Joachim sur son pied gothique. |
Reste de frise florale gothique
près de la statue de saint Joachim. |
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Vitrail contemporain de l'atelier Max Ingrand. |
«L'Éducation de la Vierge»
Statue de pierre attribuée à Guillaume Brodon,
XVIIe siècle, détail. |
Chapelle latérale Saint-Joseph dans la nef gothique. |
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«La Fuite en Égypte», tableau de Louis Dorigny
(1654-1742). |
Les voûtes d'ogives sous le clocher avec l'ouverture pour
le passage des cordes.
Les deux petites fenêtres sur la droite (en direction
de l'ouest géographique)
datent vraisemblablement d'un premier clocher, moins imposant
que le clocher actuel. |
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L'abside de la nef gothique (XVe siècle).
Des historiens ont émis l'idée que les trois fenêtres
basses
correspondaient à des logettes pour reclus volontaires. |
La Vierge dans «la Fuite en Égypte»
de Louis Dorigny (1654-1742), détail. |
Le maître-autel de la nef gothique et son soubassement sculpté
datent de 1875. |
Abside de la nef gothique : les statues des quatre évangélistes
(Marc, Jean, Luc et Matthieu) accompagnent la vitrerie de Max Ingrand.
Seule une photo avec un flash doux permet de saisir à la fois
les statues et les vitraux.
Voir la verrière
NORD dans les mêmes conditions de photographie. |
Statue de Saint Marc
dans l'abside gothique. |
Vitraux de Max Ingrand dans l'abside gothique.
De gauche à droite : Nativité, Résurrection,
Jésus au jardin des Oliviers
Statue de Saint Matthieu dans l'abside gothique ---»»» |
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Les
vitraux de Max Ingrand.
Dans les années 1950 et 1960, cet
atelier parisien, à la griffe si caractéristique,
fut souvent sollicité pour vitrer une église,
totalement ou partiellement. Le style de ses verrières
historiées, parfois jugé un peu enfantin,
a fait polémique et bien des historiens du vitrail
ne l'aiment pas. Ainsi, le gros ouvrage Vitrail,
Ve-XXIe siècle, paru aux éditions
du Patrimoine en 2014 se contente tout juste de mentionner
l'existence de cet atelier sans y adjoindre le moindre
exemple de ses créations.
Max Ingrand (1908-1969) créait lui-même
tous les dessins des vitraux de son atelier. Mais, à
force de les voir dans les églises, de les comparer,
de les scruter de près dans les photographies,
on peut penser qu'il était peut-être plus
doué pour les grandes verrières que pour
les petites. Ses réalisations de 1953 pour les
petites fenêtres de l'église parisienne
de Saint-Pierre-de-Montmartre
ont été dénigrées par le
clergé : on jugeait (à bon droit d'ailleurs)
qu'ils cassaient l'atmosphère romane de ce lieu
du XIIe siècle. En revanche, les grands vitraux
historiés pour l'église Saint-Sauveur,
présentés dans cette page, sont remarquables
dans leur conception abstraite et leur assemblage de
plans. C'est notamment le cas pour les trois épisodes
de la Vie
de la Vierge dans l'abside Renaissance. Ils sont
peut-être parmi les plus beaux sortis de cet atelier.
Cependant, les opposants verront toujours dans les visages
un regrettable aspect «bande dessinée pour
enfant». Voir un exemple plus
bas dans un extrait de la Dormition.
La cathédrale
Notre-Dame de Rouen
présente une belle et imposante verrière
de Max Ingrand sur le thème des moissons dans
la chapelle
Sainte-Colombe. Enfin, tout le style de cet artiste
se retrouve dans l'immense vitrerie circulaire qui décore
majestueusement l'église moderne de Saint-Pierre
à Yvetôt, en Haute-Normandie. On pourra
d'ailleurs y lire un long développement sur la
polémique Ingrand dans les années 1950-60.
À l'église Saint-Sauveur, les vitraux
Max Ingrand des deux absides sont séparés
par d'anciennes statues d'anges ou d'évangélistes,
toutes placées sous des dais magnifiques. Mais
l'orientation de l'église pose problème
aux visiteurs car ces absides sont pratiquement plein
sud. Autrement dit, si le temps est nuageux, l'intérieur
de l'édifice est sombre et la pénombre
empêche d'admirer en même temps les statues
et les vitraux. Si le temps est clair, le fort contre-jour
rend les statues quasiment invisibles... On donne ici
des photos
obtenues avec un flash doux, seul moyen de capter l'ensemble
et de l'apprécier... sur un écran d'ordinateur.
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La Résurrection, partiel (Max Ingrand). |
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Les Anges musiciens de la Nativité (Max Ingrand). |
La Nativité (Max Ingrand). |
Jésus au jardin des Oliviers, partiel (Max Ingrand). |
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Chemin de croix
station I :
Jésus est condamné.
«««---
À GAUCHE
La nef gothique vue
depuis le chur de la nef «Nord».
Le grand arc de jonction entre
les deux nefs est une des curiosités
de l'église Saint-Sauveur.
À droite, l'arc de jonction médian
est plus modeste : il faut soutenir
l'imposant clocher. |
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LA NEF Est (NORD
LITURGIQUE) |
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Vue d'ensemble de la nef de la fin du XIVe siècle et de son
abside Renaissance refaite au XVIe siècle. |
Dais de style Renaissance près de l'abside «Nord». |
Monument funéraire avec tête de mort sur le mur d'une
chapelle latérale. |
Élévation du côté «Nord»
et ses chapelles peu saillantes.
Les colonnettes s'arrêtent brutalement : la voûte
en pierre
prévue n'a pas été construite.
«La Pentecôte»
---»»»
Tableau anonyme
XVIIIe siècle ?
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Architecture
intérieure des deux nefs (2/2).
---»» Étienne Faisant rappelle en
note l'importance de la démographie de la paroisse
: «L’édifice demeurait encore cependant trop petit
au XVIIIe siècle puisque l’on ne pouvait pas alors
trouver la liberté du passage dans l’ordre des Processions,
et qu’il falloit se frayer dans l’église même, une route
oblique pour y pouvoir marcher avec décence et sûreté
[arrest de 1749], si bien qu’il fallut au début du XIXe
siècle aménager à l’ouest une grande tribune.»
C'est vraisemblablement aussi pour cette raison, comme
le souligne en note l'historien, qu'au XVIIIe siècle
on installa des bancs dans une petite tribune élevée
à hauteur de la quatrième travée
du mur gouttereau nord.
Dans les deux absides, les grandes
verrières de Max Ingrand brillent de mille
feux. Au sud, la verrière, moins large que celle
du nord, se présente en deux niveaux. Les trois
petites baies à remplage de la partie inférieure
ont longtemps intrigué les historiens. Certains
y ont vu des logettes médiévales pour
reclus volontaires. Si cette hypothèse doit être
écartée (voir la cinquième
partie de l'historique de la construction), il n'en
reste pas moins que l'utilité de ces baies n'a
pas reçu de réponse ferme.
Quand on additionne tous ses éléments
architecturaux, souvent étonnants, parfois bizarres
ou mystérieux, l'église Saint-Sauveur,
comme l'écrivait Eugène de Beaurepaire
en 1883 dans Promenade à Caen, est bien
«l'une des constructions les plus étranges
que l'on puisse rencontrer». Ceux qui aiment l'architecture
apprécieront l'immense arc entre les deux nefs.
Ceux qui aiment l'Histoire y trouveront des traces tangibles
de l'impact de l'accroissement démographique
d'une paroisse au cours des siècles.
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Élévation du côté «nord». |
Vitrail à thème floral de l'atelier Max Ingrand. |
Cet arc de jonction entre les deux nefs a été
construit
volontairement bas car le mur doit être assez robuste
pour soutenir le clocher. |
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Vue d'ensemble de la nef depuis l'entrée dans la nef «nord». |
Porte en accolade du XIVe siècle
dans l'élévation «nord». |
Abside Renaissance de la nef «nord» : les statues d'anges
sous leur dais Renaissance accompagnent la vitrerie de Max Ingrand.
Comme pour l'abside gothique au «Sud», seule une photo
avec un flash doux permet de saisir à la fois les statues et
les vitraux.
Voir la verrière
SUD dans les mêmes conditions de photographie. |
L'archange Gabriel sous son dais dans l'abside Renaissance. |
L'archange Michel et sa lance. |
Vitrail de la Dormition, détail (atelier Max Ingrand). |
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Vitrail de l'Assomption, détail (atelier Max Ingrand). |
Vue d'ensemble des deux nefs depuis l'abside «Sud». |
«««---
Frise typique du style Renaissance dans l'abside «nord»,
refaite au XVIe siècle. |
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Vitraux de Max Ingrand dans l'abside Renaissance.
De gauche à droite : l'Annonciation, l'Assomption et la Dormition. |
Culot avec bonhomme accroupi
dans une tombée d'arcade
sur le côté «nord». |
Vue d'ensemble de la nef du XIVe siècle. |
Vitrail de l'Annonciation, détail (atelier Max Ingrand). |
Vitrail de la Dormition, détail (atelier Max Ingrand). |
Vue d'ensemble des deux nefs depuis l'autel de messe.
Au début du XVIe siècle, pour que la grande verrière
de la paroi occidentale
reçoive assez de lumière, il a fallu modifier la toiture
de la maison d'en face. |
Documentation : Congrès archéologique
de France tenu à Caen en 1883
+ Congrès archéologique de France tenu à Caen
en 1908, article de Louis Serbat
+ «L’église Notre-Dame-de-Froide-Rue (aujourd'hui
Saint-Sauveur à Caen)» par Étienne Faisant, Les
Annales de Normandie, 2015
+ «Caen, Architecture & Histoire» par Philippe Lenglart,
éditions Charles Corlet, 2008
+ «Statistique monumentale du Calvados», tome 1, Arcisse
de Caumont, réédition de 2018
+ «Dictionnaire des églises de France», éditions
Robert Laffont, 1968
+ «La naissance des Monuments Historiques, correspondance de
Prosper Mérimée avec Ludovic Vitet», éditions
du CTHS,1988. |
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